Angel of Mine

« Qu'est-ce que tu dessines ? »

Yukino leva la tête et eut un immense sourire. C'était sa grande sœur qui se tenait au-dessus d'elle – rien d'étonnant à ce qu'elle soit plus grande, puisque Yukino s'allongeait toujours sur le ventre pour dessiner.

« C'est notre famille » répondit la cadette avec fierté.

« Oh ! Je peux voir ? »

Yukino n'hésita qu'un court instant, même si son dessin n'était pas terminé. Elle savait que Sorano ne se sentirait pas vexée devant le manque de talent évident de sa sœur.

L'aînée des deux filles saisit la feuille de papier coloriée et la contempla avec autant de gravité qu'un critique professionnel devant une toile de peintre.

« C'est très bien » décréta-elle. « Mais c'est quoi les petits cœurs autour de papa et maman ? »

Yukino sentit ses joues tourner au rouge.

« C'est pour montrer qu'ils s'aiment ! »

« Ah ! Et moi, pourquoi j'ai des ailes ? »

« C'est parce que t'es un ange ! »

Sorano dévisagea sa sœur cadette avec stupéfaction.

« Mais non. Si j'étais un ange, je vivrais au Ciel, c'est le pasteur qui l'a dit » dit-elle avec autorité.

Yukino ne se démonta guère.

« Mais tu viens du Ciel. Sorano, ça veut bien dire ça, non ? »

« Si » reconnut l'aînée qui se sentait de plus en plus gênée.

« Et tu es belle » renchérit la plus jeune, « comme les anges sur les vitraux de l'église. »

« Yuki ! Arrête… »

« Et tu es gentille comme un ange ! »

A ce point-là, Sorano ne discutait plus, elle était devenue d'un rose plus que vif.

« Mais je ne suis quand même pas un ange » hasarda-t-elle encore d'une toute petite voix.

Yukino lui adressa son sourire le plus radieux.

« Si ! Tu es mon ange ! »

A cela, quelle réponse existait-il, à part prendre la fillette dans ses bras ? Et c'est exactement ce que fit Sorano.

« Et ben si je suis un ange, toi aussi, d'abord » affirma-t-elle.

Là, ce fut au tour de Yukino de rosir.

« Mais… »

« Non, on est des anges toutes les deux ou rien du tout. On est sœurs, alors on partage tout ! »

Yukino rendit les armes, sentant un frisson de bonheur courir sur son dos.

« Oki. On partagera toujours tout ! »

Pour ceux qui lisent les scans, vous aurez compris le clin d'oeil...