NDA : Une volonté de remanier la présentation de toutes mes fics m'anime :)

La Bataille

Je m'appuye contre le mur, épuisée, l'arc glissant de mes mains tachées de sang. Dehors, à travers les murs du château, j'entends encore les cris, les rugissements, le bruit du métal…

Encore une attaque desesperée, je ne les compte déjà plus.

Tout comme les morts, d'ailleurs.

Voilà trois jours que dure le siège. Trois jours, dont chaque seconde semble durer une éternité. Vide… Tout semble vide…

Il y eut la peur. Puis, la rage. Puis, la douleur.

Passées. Réduites en cendres par le feu, emportees par les rafales de vent, évanouies dans le silence précedant chaque combat meurtrier. Il ne reste plus qu'un froid glacial envahissant peu à peu chaque fibre de mon corps…

Mais l'âme résiste encore.

- Melear !

Les voix ne resonnent plus dans le silence mort.

- Je suis là, père…

Il apparaît derrière moi. Etrange de le voir se déplacer si lourdement. Même pour un elfe il est difficile de passer inaperçu en armure…

- Nous avons réussi à percer la lignée. Les ennemis ont reculé.

Il rejette en arrière ses longs cheveux blonds, autrefois brillants, comme de l'or, maintenant emmelés et ternis. Pendant un instant, je me suis même demandée s'ils n'étaient pas en train de blanchir, comme ceux des Mortels. Il est aussi épuisé que nous tous, je le vois à travers son masque de pierre. La lourde responsabilité pèse sur lui de plus en plus. Lui et lui seul serait coupable de la défaite. De la mort de centaines de personnes, parties une fois de plus sur le chemin de la guerre incontournable, sous les étendards de celui qui ne croit pas à la victoire…

- Nous devons tout de même rester vigilants…

Je le regarde droit dans les yeux.

- Je me chargerai de la défence en cas de necessité. Allez prendre un peu de repos. Vous aussi en avez besoin.

Contrairement à son habitude, il ne dit rien. Et je crois savoir à quoi il pense. Nous avons si souvent les mêmes pensées.

Quelqu'un nous manque sous les cîmes brûlantes des arbres, au coeur des combats.

Mon frère.

Il aurait du être là, avec nous, pour tenir, attaquer, esperer, repousser les ennemis… Mais il est parti, et se bat maintenant loin de sa terre natale, dans une bataille désesperée contre l'Ombre elle-même.

Loin de nous.

Loin de là, ou l'on avait le plus besoin de lui.

Je m'assieds sur une marche, ferme les yeux, et, comme n'attendant que ce moment, il apparaît devant moi. Ancienne vision, souvenir que je n'ai jamais pu me pardonner. Jamais.

- Melear… - il soupira.

- Je viens avec vous.

- Pas question. La route est trop dangereuse.

- Je viens.

- Ecoute, - il prit mes mains dans les siennes. La traversée de Hithaeglir a déjà faite bien des morts, et on ne sait qui pourrait-on rencontrer en chemin.

- Je sais me battre.

- Je ne veux pas risquer ta vie.

- Tout comme moi - la tienne.

- Tu crois que ta présence pourrait changer quelque chose ?

- Le prisonnier s'est échappé à cause de moi, c'est injuste que père t'envoie toi, payer mes erreurs !

- Nous sommes tous coupables. Et puis…Melion, Tinwiel, leur diras-tu la même chose? Taurenloth est morte en leur donnant vie, et maintenant c'est leur père qui est tombé en défendant Aradhlynd, ils sont orfelins ! Ils ont besoin de toi, Melear, tu ne peux pas les abandonner.

Je baissai la tête.

- Laisse-moi au moins t'accompagner jusqu'à la frontière. Je n'irais pas plus loin.

Il soupira ànouveau.

- Comme tu voudras...

Mes ongles s'enfoncent dans la paume de mes mains.

Pourquoi, pourquoi es-tu parti ? Pourquoi n'es-tu pas retourne là où l'on t'attendait ?

Il ne pourrait repondre. « Un devoir » , c'est ainsi qu'il avait dit. Mais proteger sa terre natale n'est-il pas un devoir aussi ?

Pourquoi l'ai-je laisse partir ?

Je relève la tête. Mon pere me regarde avec une expression attristée.

Je repete, avec une voix dépourvue d'émotions:

- Allez vous reposer…

- Melear… - il s'accroupit près de moi et me regarde dans les yeux avec cette expression si particulière que je ne vis qu'une seule fois dans ma vie, ce jour maudit lorsque ma mère était partie pour toujours.

- Fais attention à toi. Et… Ne t'accuse pas de l'avoir laissé partir. Tu… tu n'y es pour rien. C'est moi et moi seul qu'il faut blâmer pour cela.

Il me serre soudain dans ses bras.

- Fais attention à toi.

Il se relève et s'en va d'un pas vif.

J'appuie ma tête contre le mur en le regardant disparaître derrière la porte.

- Vous m'avez demandé, père ?

Il leve la tête.

- Les émissaires sont revenus. Legolas n'est pas avec eux.

Je sens le froid envahir mon corps àses mots.

- Ils ont apporté ceci.

Mon père me tend une feuille. En le regardant, je demeure un instant frappée par l'expression figée de son visage, derrière laquelle, je le sait, se cache une profonde douleur.

Je m'attends au pire.

Je baisse les yeux sur la lettre et reconnais l'écriture fine de mon frère.

Le sens des mots ne semble pas atteindre ma concience.

«Père,

Pardonnez-moi de la peine que je vous cause par cette lettre qui vous parviendra lorsque jeserais déjà en chemin vers le Sud.

Un Conseil fut réuni par le seigneur Elrond, d'importants propos furent tenus sur le Mal se répandant sur le monde.

Nous apprîmes ainsi, que Sauron, le Seigneur Noir, prépare une guerre pour assujettir les peuples libres d'Ennor, s'alliant avec le traître Curunir 'Lan. Tous deux sont en quête de l'Anneau Unique du Pouvoir qui rendra le Mal plus puissant que jamais. Nous fumes très surpris d'apprendre que le Perian Bilbon Saquet, compagnon des Nains venus à Taur-e-Ndaedelos il y a des années, et le prisonnier échappé à notre garde en furent les possesseurs, ce qui alourdit encore plus le poids sur ma conscience. Tout cela vous sera conté par Randìr et Faroth qui eux aussi étaient présents.

Il a édécidé de détruire l'Anneau, et une Communauté fut constituée pour accompagner Frodon, le Porteur, dans le pays du Mal, car ce n'est que -bas qu'il pourra être détruit. Je me suis porté volontaire. Je ne pourrais expliquer clairement les raisons de cet acte, si ce n'est que je me sens concerné par le futur de cet Anneau, et ma conscience ne pourrait s'apaiser si je ne fais pas tout mon possible afin d'aider à le détruire.

Nous partons demain à l'aube.

Pardonnez-moi d'abandonner la Forêt Noire en une période si difficile, mais je ne puis échapper à ce que je concidère maintenant comme mon devoir.

Puisse la grâce des Valar vous protéger, vous et Melear, des dangers à venir.

Legolas »

Beaucoup ont dit alors qu'il nous a abandonné.

Je ne peux le juger. Pour beaucoup de choses, mais pas pour ça. Qu'aurais-je fait, moi, Melear Thranduiliel, si c'était moi qui aurait à choisir où mourir, ici ou là-bas ?

Déchiré entre deux guerres… Entre la maison, et ceux qui lui sont en un instant devenus chers… On ne peut pas le juger.

Mais son absence crée un vide énorme.

Pendant les attaques, une seule pensée tourne dans ma tête, un murmure sans fin, une éternelle prière…

Qu'il revienne…

J'ai perdu ma mère, ma soeur, mes amis sont tombés en défendant la cité, ne me prenez pas aussi mon frère !

Qu'il revienne, que je puisse le voir, une derniere fois, lui demander pardon, pardon pour tout…

Même si le monde sombre dans l'Ombre, disparait dans les flots…

Je dois rester forte.

Je reste seule, il n'est plus à mes côtés.

Je prendrais sa place. Je me battrais pour ma terre, afin de venger ceux qui ont déjà donné leur vie pour elle, et proteger ceux qui un jour la feront revivre...

Que mes flèches deviennent une malédiction, que mon épée devienne un bouclier.

Je me battrais jusqu'au bout.