Bonjour,

C'est avec un immense plaisir, et une certaine émotion que je vous livre ici le premier missing moment de l'entre-deux de « Destination ailleurs » et « Welcome home ». J'espère de tout cœur qu'il vous plaira, et commencera peu à peu à répondre à certaines questions que vous vous posez peut-être.

J'ai pour ma part véritablement adoré l'écrire, il me tenait à cœur et je ne suis pas trop mécontente du résultat. J'espère en tout cas qu'il vous parlera et saura vous toucher…

D'autres suivront, bien sûr, en parallèle de la publication de « Welcome home. » Pour information, ils ne suivront pas forcément un ordre chronologique… Ce sera alors à vous d'essayer de resituer à peu près à quel moment ces moments pourront se situer (encore que, à mon sens, ne pas pouvoir les dater précisément n'empêche en rien de les comprendre ni de les apprécier).

Je vous laisse dès à présent découvrir ce texte, et vous remercie de nouveau pour tout l'intérêt que vous portez à ces fics, ça me touche et m'encourage !

Disclaimer : la plupart des personnages et lieux cités sont à J.K. Rowling.

Rating : K

Bonne lecture : )


Sur tous les toits du monde

Comme à chaque fois qu'elle venait lui rendre visite, Hermione accélérait le pas dès qu'elle tournait à l'angle du dernier couloir avant sa chambre. Même les jours où elle était fatiguée, même ceux où elle n'avait pas trop le moral ou même quand elle était préoccupée par mille autres petites choses, elle se sentait ragaillardie en arrivant à cet embranchement.

Pourtant, un hôpital n'était pas, et de loin, l'endroit le plus joyeux qui existait. Même si, la jeune fille devait bien le concéder, par rapport aux hôpitaux moldus, Ste Mangouste avait ce petit je ne sais quoi qui l'émerveillait toujours. La magie dans l'air, bien sûr. Et puis cette décoration toujours un peu loufoque, ou décalée… Sans compter les créatures parfois étonnantes que l'on croisait de temps à autre…

Et puis, oui, toujours, cette magie, dans l'air. Qui flottait autour d'elle, qui lui piquetait doucement la peau, comme chaque fois qu'elle entrait dans un lieu appartenant au monde sorcier. Ces petits frissons, quasi imperceptibles avec le temps, qui la traversaient pourtant encore chaque fois : oui, elle aimait ça.

Venir à Ste Mangouste l'amenait à ressentir chaque fois ces mêmes sensations, toujours un peu déconcertantes et enthousiasmantes à la fois. Même si, bien sûr, son sourire se fanait parfois un peu rapidement au détour des couloirs blancs… Même si son regard se détournait parfois avec pudeur et chagrin quand elle croisait un blessé dont la vue lui était alors insoutenable…

Mais même dans ces instants un peu difficiles, Hermione savait que, quel que soit son état d'esprit, ses pas s'accélèreraient d'eux-mêmes dès qu'elle tournerait à cet angle, là, juste après la plante à Pipaillon et le tableau mouvant de la farandole des farfadets de Cornouailles. Elle savait qu'elle courrait presque, préparant déjà le « bonjour » enjoué qu'elle lancerait à son ami, espérant ne pas le surprendre au milieu d'une sieste. Espérant lui provoquer un sourire franc et spontané, comme s'il était surpris qu'elle vienne lui rendre visite, elle qui venait presque tous les jours…

Pourtant, cette fois, alors même qu'elle parcourait avec rapidité les quelques mètres qui menaient jusqu'à la porte de la chambre 301, elle ralentit l'allure. Devant la porte, dans le couloir alors presque désert à cette heure si matinale, elle aperçut un visage bien connu en pleine discussion avec un des médicomages de l'hôpital.

Envolé, le sourire d'anticipation. Non pas que Hermione soit réellement surprise de trouver Draco Malefoy devant la chambre de Harry -non, avec le temps, cela faisait partie de ces choses naturelles, presque évidentes tant elles sont devenues familières.

Qu'un pli soucieux barre le front altier du jeune homme ne l'alarmait pas non plus particulièrement. Elle savait que plus les jours passaient, plus le sorcier blond avait hâte d'arracher Harry à cet endroit, de le ramener auprès de lui, un peu égoïstement. C'était compréhensible, bien sûr prévisible -après deux mois à venir ici presque quotidiennement, elle-même avait ce désir au cœur qui l'étreignait de plus en plus avidement.

Que le médicomage qui s'était fait alpagué par le tenace Malefoy semble mal à l'aise et tente d'esquiver aussi diplomatiquement que possible les questions pressantes de l'autre n'était pas réellement une nouveauté pour la jeune femme. Elle-même, et Ron, et Ginny, et tant d'autres, avait tant harcelé ces pauvres sorciers qui tentaient juste de faire leur métier, qu'elle ne comptait plus les silences gênés et les haussements d'épaules impuissants qu'ils avaient tous obtenus en réponse…

Mais que Draco Malefoy soit en colère… Ca, c'était assurément nouveau.

Balayant comme elle le pouvait la vague d'angoisse qui était venue lui caresser le ventre, Hermione pressa le pas, rejoignant rapidement les deux sorciers. En l'apercevant, le médicomage sembla osciller un instant entre l'anxiété (« Oh non, pas une autre personne pour m'embêter ! ») et le soulagement (« Ouf, sauvé… »). Il sembla finalement opter pour la deuxième solution… et s'enfuit sans attendre son reste.

Après avoir regardé partir le médicomage, déconcerté, Draco finit par se retourner, et aperçut à son tour la jeune fille.

« Granger… » lança-t-il froidement du bout des lèvres, tout en fixant obstinément un point derrière elle -en l'occurrence la plante à pipaillons- pour ne surtout pas croiser son regard.

La jeune fille brune s'arrêta à trois pas de lui, et lâcha un soupir légèrement agacé :

« Draco… Il serait peut-être temps que tu m'appelles par mon prénom. Tu ne crois pas ? »

« Non, je ne crois pas. » répliqua le blond d'un air buté, avant de croiser les bras, se fermant un peu plus.

Hermione l'observa, ressentant plus de pitié et de tristesse pour son ancien ennemi qu'elle ne l'aurait cru possible. Ses réactions vives et froides lui faisaient toujours autant de mal, mais elle les surmontait en s'accrochant très fort à cette certitude qu'elle s'était imprimée au cœur depuis qu'elle avait vu Draco au chevet de Harry, un soir où, pour une fois, elle n'avait pas eu la force ni l'énergie de ressentir cet enthousiasme inaltérable en venant rendre visite à son ami.

Elle avait juste aperçu, dans l'entrebâillement de la porte, à l'heure où les dernières visites aux malades commencent à se terminer, Draco tenir la main d'un Harry profondément endormi sous l'effet des sédatifs. Ce n'était pas grand-chose, en apparence. Un jeune homme tenait dans sa main celle de celui à qui il tient.

Ca n'aurait pas été grand-chose, si elle n'était pas déjà passée rapidement tôt le matin, craignant de n'avoir pas le temps le soir : Draco était déjà là, dans la même position qu'en ce soir de fin d'été.

Il n'avait pas bougé de la journée.

Et là, ce jour précis, Hermione Granger s'était faite la promesse de ne jamais douter. Ni de l'attachement de Draco envers Harry, ni de son bon cœur.

Et encore moins du sentiment de solitude qui devait étreindre l'ancien Serpentard.

Qui s'accrochait comme il le pouvait à la dernière personne qui le rattachait encore au monde, à l'avenir. Cette même personne qui ce jour de fin d'été ne s'était pas réveillée, même une seule seconde, et n'avait jamais su, même pas senti, combien Draco avait tenu fort dans la sienne sa main froide…

Depuis, Hermione essayait de ménager comme elle le pouvait le blond. Quand ils se croisaient dans les couloirs de Ste Mangouste, elle le saluait toujours d'un sourire franc et enthousiaste, et ne s'offusquait jamais des sautes d'humeur du jeune homme -qui pouvait aussi bien l'ignorer ou l'envoyer promener, que prendre quelques minutes pour bavarder avec elle.

Mais cette fois, elle ne voulait pas prendre le temps de prendre des gants avec lui. Elle se battrait plus tard pour gagner une petite place dans le cœur de celui qui avait fait de celui de Harry son royaume et son trésor.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle alors un peu abruptement, en désignant du menton la porte entrouverte de la chambre 301. « Un souci avec Harry ? » fit-elle, tout en se penchant pour apercevoir le lit de son ami dans la pénombre de la pièce.

« Te fatigue pas, il est pas là. » marmonna l'autre en retour, en enfonçant les mains dans les poches de son pantalon, l'air toujours renfrogné.

Hermione tourna un regard interrogatif vers son interlocuteur, mais celui-ci restait toujours muet. Elle laissa passer une autre minute de silence, et trois elfes de maison affairés, dont les petits bras malingres s'ornaient d'un brassard barré d'une croix rouge. Mais ce jour, la patience de la brunette semblait assez limitée, elle qui était pourtant arrivée d'excellente humeur à Ste Mangouste :

« Bon, où est-il, alors ? »

« Qu'est-ce que j'en sais moi ! » s'écria alors brusquement le blond, sortant de sa bouderie pour laisser éclater sa colère. Il darda un regard glacial vers elle, tremblant toutefois du feu d'une colère et d'une angoisse sans doute trop longtemps contenues : « Ou plutôt si, je sais… Mais je peux pas, là, Granger… Ca me bouffe ! Il n'en fait qu'à sa tête… Il a pas compris, depuis le temps, que ça sert à rien… » Sa voix s'étrangla, et il détourna la tête vers les grandes fenêtres, qui laissait entrer la lumière pleine de cette magnifique journée. C'est d'une voix cassée et tremblante qu'il ajouta : « J'ai pas la force aujourd'hui, de le rejoindre. »

« Oh… » murmura alors Hermione, comprenant enfin. « Il est là-bas, n'est-ce pas ? »

Draco leva les yeux au ciel en esquissant un sourire amer, et hocha la tête affirmativement.

La jeune sorcière remonta alors son sac à main sur son épaule, et tapota doucement le dos de Draco, en lui glissant doucement :

« Je vais y aller, ne t'en fais pas. Va donc boire un café, je te retrouve tout à l'heure. »

« Tu parles… Je serai peut-être parti. » répliqua-t-il, cinglant et distant.

Mais cette fois la brune ne s'en formalisa pas. Car elle savait bien que quand elle repasserait par ici plus tard, et ce, quelle que soit l'heure, il serait encore là.

Elle le laissa donc gérer sa peine et sa fatigue comme il le pouvait, et s'engagea dans le couloir d'où elle était venue, se dirigeant vers les grands escaliers.

Quand, quelques instants plus tard, elle ouvrit une porte blanche métallique estampillée d'un « Réservé au personnel et aux créatures volantes de grande envergure », Hermione fut accueillie par une violente bourrasque de vent. Elle poussa un petit cri de surprise et retint comme elle le put ses cheveux qui virevoltèrent de façon désordonnée autour de sa tête. Elle frissonna sous la caresse fraîche du vent qui s'engouffra sous son pull de coton léger, mais ne put retenir un sourire spontané quand elle sentit le soleil lui réchauffer doucement le corps en même temps.

Elle balaya du regard le toit de l'hôpital, vide à cette heure. Aucun atterrissage d'urgence d'hippogriffe ou de sombral transportant un malade n'était prévu ce jour, a priori. Mettant sa main en visière pour se protéger de la forte luminosité de cette fin d'été, elle regarda plus attentivement autour d'elle. Enfin, elle le vit.

Il lui tournait le dos, assis à même le sol. La tête levée vers le ciel, il paraissait scruter l'horizon avec une attention soutenue. Rien qu'à son attitude, figée mais patiente, Hermione devina que Harry était là depuis un bon moment. Elle frissonna à cette idée, car même si la journée était belle, le vent soufflait le plus souvent en rafales sur le toit élevé du bâtiment sorcier.

La jeune fille brune s'approcha rapidement de son ami. Si celui-ci l'entendit arriver, il n'en montra rien, ne bougea pas. Elle s'accroupit derrière lui, et ôta le large foulard qu'elle portait en venant pour recouvrir les épaules de Harry. A ce geste, il ramena davantage ses genoux contre lui, et esquissa un petit sourire à l'attention de son amie -même s'il ne la regarda pas pour autant.

« Bonjour Hermione. »

« Bonjour Harry. Je peux m'asseoir ? » demanda-t-elle doucement.

Il l'invita d'un geste à prendre place, et elle s'installa à côté de lui. Ils restèrent tous deux un moment silencieux, profitant d'une accalmie du vent. Quand celui-ci souffla à nouveau, Harry dût retenir d'une main son châle pour ne pas qu'il s'envole.

Au bout d'un moment, le jeune homme reprit de lui-même :

« Je l'attends, tu sais. »

« Je sais, oui. » Hermione ferma les yeux, profitant un moment de la sensation pleine et apaisante des rayons du soleil chauffant sa peau. Tout était si calme ici, pour eux deux, loin de tout. Elle aurait pu y rester des heures. Elle comprenait pourquoi Harry s'y réfugiait même si, au fond, elle savait qu'il ne montait pas ici régulièrement simplement pour apprécier la vue et prendre un bain de soleil. Elle ajouta alors, d'une voix douce pour ne pas le brusquer, mais ferme afin de le raisonner : « Mais tu sais, n'est-ce pas, qu'elle ne viendra pas ? »

Il haussa les épaules, en signe d'ignorance. Ce geste énerva son amie, mais elle ravala son éclat de colère, qui n'aurait sans doute aidé aucun d'entre eux et elle reprit patiemment :

« Harry… Je sais que c'est difficile mais ça fait près de deux mois, maintenant. Il faut accepter la réalité… » Elle sentit sa gorge se serrer quand il posa sur elle son regard doux et bienveillant, presque indulgent comme s'il l'excusait de dire n'importe quoi.

Tous deux savaient bien pourtant que la jeune fille avait raison. Mais cela n'empêchait pas Harry de s'accrocher encore un peu à son fol espoir… la revoir…

Il tourna de nouveau la tête vers le ciel, et laissa son regard se perdre très loin, par-dessus les toits colorés des immeubles environnants, par-dessus les cimes vertes des grands arbres, par-dessus même les nuages blancs s'étiolant sous la chaleur de cet été qui s'en allait…

« Je crois que je serai capable de grimper inlassablement sur tous les toits du monde, jusqu'au plus haut qui soit, pour la guetter… Pour attendre son retour… »

Hermione fixa son ami non sans une certaine appréhension. Elle savait qu'il avait encore toute sa lucidité, et qu'il ne s'attendait pas réellement à un miracle. Il avait juste besoin de temps pour accepter l'idée, et cela, la jeune sorcière le concevait parfaitement. Mais elle connaissait également l'extrême entêtement de son ami, et craignait qu'il ne mette réellement en application ce qu'il venait de dire.

Et s'il passait trop de temps assis sur les toits du monde, guettant l'impossible, il finirait par ne plus jamais pouvoir remettre les pieds sur terre, un jour.

De cela aussi, elle en était persuadée.

Sentant une présence derrière elle, elle se retourna sans bruit, et ne fut finalement pas étonnée en voyant Draco, adossé à la porte par laquelle elle était arrivée. Il posa sur elle un regard que, même vingt mètres plus loin, Hermione perçut comme inquiet.

Inquiet, et fatigué.

Déjà tant de fois que le blond avait retrouvé son compagnon assis sur ce toit, ces dernières semaines. S'il avait jusque-là fait preuve de patience, de compassion et d'une grande compréhension, le jeune homme commençait à ne plus savoir ni comment réconforter, ni comment raisonner son petit ami.

Et ce fut peut-être finalement cette lassitude proche de l'abandon qui se dégagea alors de Malefoy qui donna à la brune cette impulsion subite. Elle reporta son attention sur Harry, dont le regard rêveur n'avait pas quitté les cieux, et elle s'exclama avec cet entrain qu'elle ressentait chaque fois qu'elle arrivait à cet angle du couloir blanc, en apercevant la plante à Pipaillon et le tableau mouvant de la farandole des farfadets de Cornouailles.

« Mais Harry… Si tu ne l'as toujours pas revue, depuis tout ce temps, c'est parce que tu t'y prends mal ! »

« Comment ça ? » demanda le brun en posant sur elle un regard effaré, et si plein de cette confiance propre aux enfants en même temps.

« Mais oui… » poursuivit la jeune fille, qui devinait sans avoir besoin de se retourner l'expression d'effarement que devait avoir Draco lui-même en cet instant, se demandant sûrement si elle ne perdait pas elle aussi la raison. Mais jamais, au contraire, elle n'avait eu autant d'assurance dans la voix que quand elle affirma à son meilleur ami, presque sur le ton de la confidence, dans un grand sourire : « Si tu veux revoir Hedwige, c'est cette nuit qu'il faudra revenir. »

« Ha bon… » souffla Harry, semblant aussi heureux que bouleversé par ce que venait de lui promettre son amie.

Quelques heures plus tard, quand à l'église quatre rues plus loin sonnèrent 23 heures, Hermione et Harry étaient toujours assis au même endroit. Draco, lui, avait effectué quelques allers-retours à la machine à café magique du rez-de-chaussée de Ste Mangouste entretemps. Mais comme les deux autres, il était au rendez-vous cette nuit-là.

Quand le dernier coup sonna à l'église, l'ombre de Hermione s'agita un peu, quittant sa paisible et patiente immobilité. Elle pointa du doigt un coin de ciel noir dégagé, entre deux nuages, et murmura :

« Là, Harry… Regarde. La voilà. » Il y avait de la douceur et de la solennité dans sa voix. Il y avait de la magie et de cette incomparable bienveillance maternelle dans ses gestes, quand elle pencha la tête doucement vers Harry, quand de son autre main elle effleura son épaule.

Et il y avait tant de confiance, d'abandon et d'espoir dans la façon dont Harry leva les yeux au ciel, suivant avec docilité la direction qu'indiquait son amie, tant d'application, presque de dévotion dans sa façon de scruter le noir de ce ciel d'encre…

Que Draco, dans le silence de cette nuit, pleura doucement, sentant quelque chose se briser en lui. La dernière part d'innocence qui lui restait, peut-être.

Le dernier espoir de revoir le lendemain encore de l'espérance dans les yeux verts qu'il chérissait tant.

Car il savait très bien que plus jamais Harry n'entendrait ce bruissement d'ailes si familier… Il savait pertinemment que plus jamais il ne tendrait le bras pour y accueillir ce petit corps chaud et duveteux…

Il le savait, mais alors, que faisait Hermione ? Elle aussi le savait bien, et pourtant elle avait cette nuit la folie d'entretenir les illusions de Harry ! A quoi jouait-elle, bon sang ?

Draco sentit sa gorge se serrer, mais il essuya précipitamment ses larmes, et tendit le cou vers le ciel lui aussi, décidant dans un sursaut de folie de faire confiance, peut-être pleinement pour la première fois, à cette jeune femme pourtant si rationnelle le reste du temps.

Après tout, peut-être avait-elle raison, encore une fois…

Après avoir cherché désespérément dans les cieux sans rien voir, Harry demanda, d'un filet de voix implorant et pourtant déjà sur le point de s'éteindre :

« Je ne vois rien, Hermione… Je ne la vois pas… »

La main de l'ancienne Gryffondor s'enlaçant étroitement aux doigts du brun, et elle insista, tendant un peu plus son index.

« Chut, Harry… Là, regarde. Regarde bien. Tu ne vois pas comme elle est belle ? » La pression sur les doigts enlacés s'accentua, et sa voix se voila légèrement quand elle ajouta, plus bas : « Elle est là, avec tous les autres… Tous ceux qu'on pensait avoir perdus… Ils sont là, Harry. »

Et enfin, Harry comprit. Et la vit. Et les vit tous. Brillant dans le ciel, autant de petits points lumineux, certains étincelant faiblement, d'autres avec plus d'intensité. Ils étaient là. Ils avaient toujours été là, au fond. Brillants chaque nuit au-dessus de sa tête, sans qu'il ne s'en rende compte. Sans qu'il ne sache les voir.

Balayant d'un large regard le ciel étoilé, enfin dégagé des derniers nuages qui l'obscurcissaient encore, Harry sentit un sourire se dessiner, incontrôlable, sur ses lèvres, tandis qu'il goûtait le sel de ses larmes, coulant enfin, libératrices.

« Tu as raison, Hermione. Elle est belle. Elle est si belle… » Il sentit un poids quitter ses épaules, son cœur, et s'autorisa enfin à dire au-revoir à celle qu'il avait tant cherchée alors qu'elle était sous ses yeux depuis si longtemps. « Hedwige a toujours été la plus belle. »

Vingt mètres derrière eux, Draco laissait lui aussi couler cette fois librement ses larmes, et sentit également un poids quitter son estomac. Il s'assit par terre, se laissant glisser au sol pour s'adosser à la porte métallique. La nuit promettait d'être longue, et un peu fraîche aussi.

Mais qu'importe.

C'était une belle nuit pour profiter de la fin de l'été.

Une belle nuit pour dire au-revoir aux absents.

Et une belle nuit pour réaliser que Hermione Granger était une amie précieuse.

La meilleure, sans doute.