Elle était seule dans la clairière. Les yeux fermés, étendue sur le dos, elle repensait aux moments qu'elle avait passés dans ses bras. Périodes de bonheur entre deux batailles.
Insensible au vent froid qui lui fouettait le corps, elle souriait. Elle n'avait jamais dit à personne ses sentiments pour lui, même pas à ces amis. De toute façon, ils ne la croiraient pas. Ils pensaient qu'il était du mauvais côté. Pourtant, elle savait bien que ce n'était pas vrai. Ne lui avait-il pas dit justement la veille qu'il l'aimait? Que pour rien au monde il ne la blesserait? Il ne serait pas capable de lui faire du mal, elle en était persuadée. Il lui disait la vérité, elle y croyait dur comme fer. Pourtant… Où allait-il toute ces fois où il partait en vitesse? Que faisait-il lorsqu'il lui disait qu'il ne pouvait la voir, sans lui donner d'autres informations?
Non, se reprit-elle. Je dois lui faire confiance.
Dans cet univers où la guerre régnait, elle se disait que l'humanité était perdue si la confiance n'existait plus. Néanmoins… Comment savoir à qui faire confiance si on ne sait pas qui est l'ennemi? Des hommes sous des masques, voilà tout ce qu'elle savait. Son sourire s'effaça de son visage. Elle livrait une guerre sans merci contre des ennemis inconnus. Par contre, eux en savait beaucoup a leur sujet. Elle se refusait de croire qu'un espion était parmi eux. Mais pourtant… Ils semblaient toujours frapper lorsqu'il n'y avait aucune chance de résistance. Ça la rendait folle.
Soudain, un craquement résonna dans le silence. Elle ouvrit les yeux brusquement. Se releva et se retourna. Il n'y avait aucun mouvement. Sans avertissement, une ombre se précipita sur elle. Elle évita le coup de justesse en roulant par terre. Pourtant, une autre silhouette arrivait, puis encore une autre. Elle était encerclée, mais elle ne se laissait pas faire. Se précipitant sur un de ses assaillants, elle nota au passage qu'ils étaient tous masqués. Elle frappa, évita des coups, se défendis du mieux qu'elle pu. Alors qu'elle envoyait un coup de pied a l'un de ses agresseurs, elle remarqua ses yeux. Des yeux qu'elle aurait reconnus n'importe où, n'importe quand. D'un bleu gris, ils étaient uniques. S'étaient ses yeux. Les yeux de l'homme qu'elle aimait.
Non! S'écria-t-elle.
Ça ne pouvait pas être lui. Ça ne pouvait pas être lui l'espion. Il lui avait dit qu'il l'aimait! Il lui avait mentit. Depuis tout ce temps il était de leur côté. Ses amis avaient raison. Mais elle ne pouvait tout simplement pas y croire.
Sous le choc, elle cessa complètement de se battre. Elle senti à peine que deux bras l'enfermait pour la retenir. Tout ce qu'elle voyait était les yeux. Elle ne réagissait plus. C'est alors qu'il parla, de sa voix tellement belle, mais qui était tellement dure maintenant.
Attacher la. Il ne faut pas qu'elle nous échappe.
Plus aucun doute, c'était bien lui.
Alors qu'on la trainait de force dans la forêt, elle ne pouvait détacher ses yeux de la silhouette de son amour. Alors qu'elle s'apprêtait à détourner la tête, il la regarda dans les yeux. Elle y chercha une trace, même infime, de l'amour et de la passion qu'elle y avait vue quelques jours auparavant. Mais son regard était froid et dur comme la glace. Elle senti son cœur se briser en mille miettes. Alors une larme, une seule, roula le long de sa joue pour aller s'écraser contre ses lèvres.
C'est fini, fut la seule chose à la quelle elle fut en mesure de penser.
