Titre : Hopeless dream.
Auteur : Rukyoshû & Black Cherry.
Base : Ryûji (ゾロ) & Yomi (ナイトメア).

Hopeless dream – I

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Six heures quarante-huit, mardi matin.
Comme tous les autres jours, il se réveilla en toussant de plus en plus fort, jusqu'à ce que sa main ne se couvre de sang et que sa respiration ne se mette à siffler. Alors, seulement, sa toux se calma et il put se rallonger dans son lit pour récupérer doucement en essuyant d'un mouchoir la tâche carmine qui s'étalait sur sa paume. Il ne savait plus précisément quand avait commencé cette habitude matinale ; un an, peut-être deux. Aucun médecin n'avait trouvé une quelconque anomalie. Ni virus, ni bactéries. Il n'avait pas de cancer, n'était en manque de rien et aucune maladie n'avait été détectée. Selon la médecine, il était en parfaite santé. Se redressant doucement, il eut un sourire ironique. Sans doute était-ce ce trop plein de santé qui le faisait mincir toujours davantage et cracher du sang tous les matins…
Il descendit finalement prendre un petit déjeuner, composé d'un jus de fruit et d'un petit pain au chocolat, et ses cachets habituels. Maladie inconnue équivalait à toutes sortes de médicaments aux noms savants qu'il n'était pas capable de retenir. Puis il retourna à l'étage pour prendre une douche. Il fit une halte dans sa chambre, s'asseyant sur son lit pour reprendre son souffle, avant d'attraper un boxer, un jean façon usée et un t-shirt noir sur lequel une espèce d'animal étrange était dessiné en blanc. Il se prépara calmement, profitant de l'eau chaude pendant de longues minutes, avant de recoiffer ses cheveux d'un châtain plus ou moins foncé selon les mèches. Il s'observa un instant avec une petite moue. Malgré sa perte évidente de poids, il avait toujours les rondeurs de l'enfance sur ses joues, comme pour lui rappeler qu'il n'avait que seize ans. Haussant finalement les épaules, ses grands yeux bruns se posèrent une dernière fois sur son reflet avant qu'il n'attrape ses affaires de cours et rejoigne sa mère au rez-de-chaussée.
« M'man, je vais être en retard. »
« J'arrive, fiston. »
Il grimaça, enfila une veste en jean et un blouson, un bonnet et une écharpe. Il n'était qu'en novembre, mais la température était glaciale et il n'avait pas particulièrement envie d'attraper la crève. Sa mère sortit finalement de son bureau, lui ébouriffa les cheveux, enfila son manteau et attrapa les clefs.
Une fois à quelques mètres du lycée, la voiture s'arrêta et il embrassa sa mère avant de descendre de voiture. Enfonçant ses mains dans ses poches, il en sortit son iPod, qu'il mit rapidement en route, et se dirigea lentement vers le grand bâtiment. Encore une journée de cours particulièrement pénible qui commençait…

Il regarda le bâtiment principal d'un air sceptique, mais haussa les épaules en se disant que c'était peut-être la saison et le temps qui le rendaient aussi gris. Yomi n'était pas un fana des couleurs mais, comme sûrement beaucoup de gens, la vue d'une bâtisse sombre sous un lit de nuages de la même teinte n'était pas spécialement réjouissante. Il espérait grandement que l'intérieur serait mieux, même s'il ne se faisait pas d'illusions. Un lycée restait un lycée après tout. Il n'était pas particulièrement difficile, il était là pour étudier avant tout, pas pour se morfondre sur la couleur des murs.
D'un pas soutenu, il traversa la cour pour se rendre directement au niveau du secrétariat, afin de savoir dans quelle classe on l'avait envoyé. Arriver en cours d'année n'était pas toujours des plus simples, mais bon, il n'avait pas eu trop le choix. Ce n'était pas lui qui décidait des mutations surprises de ses parents. Tout ce qu'il espérait, c'était réussir à reprendre le rythme scolaire en milieu inconnu. Au mois de novembre, la plupart des élèves devait se connaître, peut-être qu'il aurait un peu plus de mal à s'intégrer. C'était idiot, mais c'était comme ça. Une fois les petits groupes d'amis constitués, en général, il était moins évident de se lier avec eux, comme si le groupe était un enclos qu'on refermait ensuite à clef pour éviter toute intrusion. Enfin, il verrait bien. Pour le moment, on lui demandait de s'asseoir afin de lui expliquer brièvement le mode de fonctionnement de l'école.
On ne fume pas dans l'enceinte du lycée, pas d'alcool non plus, pas le droit d'introduire quelqu'un d'extérieur, bref, les banalités habituelles. Yomi approuva d'un signe de tête à chaque fois, convaincu qu'un minimum de politesse de sa part ne tuerait personne, puis on lui donna son carnet, son emploi du temps et quelques autres feuilles administratives. Les passeports de sa bonne conduite, hourra.
Classe de 1e3, selon le planning, il commençait par un cours de philo au deuxième étage. Il trouva assez facilement, les salles étant assez ordonnées et après avoir ouvert la porte, s'engagea dans son premier lieu de cours. Il n'y avait pas encore beaucoup de monde, alors il s'approcha de la première personne qui intercepta son regard, près de la fenêtre. Il espérait qu'il pourrait lui en apprendre un peu plus sur la manière de fonctionner de la classe.
Posant délicatement son sac sur la table à côté du jeune homme châtain, Yomi l'observa un instant. Il semblait plongé dans sa musique et dans ses pensées, mais il tenta quand même le coup, et fit un petit signe de la main pour attirer son attention en souriant. Yomi détestait être accosté sans sourire…

S'étant finalement installé à sa table habituelle sans ôter pour autant ses écouteurs, il avait plongé son regard par la fenêtre et admirait les nuages gris sombre danser dans le ciel. Les quelques élèves déjà présents ne faisaient pas attention à lui. Pour eux, il était certain qu'il n'existait pas. Sans doute même ne connaissaient-ils pas son nom. Mais peu importait finalement, il n'était pas là pour se faire des amis, juste pour travailler. Soupirant, il se retint de dessiner un petit visage triste dans la buée qu'il venait de créer sur la vitre. Il n'arrivait pas à se souvenir de la chaleur provoquée par une étreinte amicale, ni même de ce qu'on pouvait ressentir à voir quelqu'un nous sourire sincèrement. Quand une main s'agita près de lui, il sursauta brusquement et manqua de se fracasser le coude contre la table. Se tournant vers le nouveau venu, il ôta un de ses écouteurs et se figea en plein dans son mouvement en voyant le sourire qui illuminait son visage inconnu.
« Je… je peux… Euh… Tu disais quelque chose ? Bafouilla-t-il. »
Il ne le connaissait pas, c'était une certitude. Des cheveux châtain foncé, de grands yeux marron, des joues aussi rondes que les siennes, son camarade ne semblait pas méchant. Mais peut-être cachait-il bien son jeu…

Le sourire de Yomi s'agrandit. Pour quelqu'un qui vient de manquer de faire une crise cardiaque, l'autre élève semblait plutôt tolérant à son égard.
« Non, sourit-il. Je voulais juste savoir… Je suis nouveau, alors tu pourrais m'expliquer un peu comment ça se passe les cours tout ça ? Et désolé, je voulais pas te faire peur, mais comme tu semblais ailleurs, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te parler. »

Il le regarda un instant avant de hocher la tête.
« Euh… Si tu veux garder tes chances de te faire des amis… Tu ne devrais pas rester avec moi. »
Autant le prévenir tout de suite, il ne voulait pas se sentir coupable de l'entourage restreint du nouvel élève qui, somme toute, semblait assez agréable.

Yomi haussa un sourcil, puis s'assit finalement sur la place à côté de son interlocuteur. Sûrement libre, après une évidente déduction.
« Belle entrée en matière, mais tu devras trouver autre chose pour me faire peur. Des amis, j'en ai déjà, et qu'ils soient ici ou ailleurs ne change rien. Mais je peux toujours demander mes renseignements à quelqu'un d'autre, si tu préfères que je te laisse tranquille. »

« Non… non, c'est pas pour moi. Je… Enfin, ça me gêne pas, c'était surtout pour toi, répliqua-t-il. »
Il éteignit sa musique pour pouvoir parler plus convenablement.
« Tu veux savoir quoi, exactement ? demanda-t-il ensuite. »

« Cette place est libre ? demanda-t-il en désignant la chaise sur laquelle il était assis. »
Il préférait savoir, juste par acquis de conscience, même s'il se doutait qu'elle serait probablement sienne désormais.

Il hocha la tête.
« Elle l'est toujours. Généralement, les places restent les mêmes, avec les quelques variations dues aux couples qui se font et se défont entre les différents élèves de la classe et aux changements de salle. »

« D'accord, alors je me mettrai là si ma présence ne t'indispose pas déjà, sourit-il. »
Et ça lui éviterait de prendre la place de quelqu'un d'autre.
« Comment tu t'appelles ? Moi c'est Yomi, fit-il en lui tendant la main. »

« Ryûji, répondit-il en lui serrant timidement la main. »

« Comment se déroulent les cours en général ? demanda-t-il ensuite en récupérant doucement sa main. Pas trop gonflants j'espère… »
Même s'il ne fallait pas rêver.

« Le professeur de mathématiques aime beaucoup envoyer les élèves au tableau pour corriger les exercices les plus complexes. Celui d'anglais fait souvent des dictées. »
Il se mordilla la lèvre.
« Je ne sais pas si je réponds à ta question. »
Il n'était pas habitué à ce qu'on lui adresse la parole.
« Sinon, les cours ne sont pas particulièrement barbants si on y accorde un minimum d'intérêt. »

« D'accord. Merci, sourit-il une nouvelle fois en commençant à sortir ses affaires de son sac. »
Ryûji ne semblait pas quelqu'un de très assuré, autant essayer de le mettre à l'aise le plus vite possible.

Rangeant calmement son iPod dans son sac, il en sortit son cahier de philosophie et sa trousse en se retenant de replonger dans la contemplation du ciel par la fenêtre. Son nouveau camarade avait peut-être d'autres questions et il aurait été impoli de ne pas être prêt à y répondre. Appuyant son menton sur ses bras repliés à même la table, il observa le mur avec un regard vide, se perdant lentement dans ses pensées. Yomi avait mal choisi pour se faire un nouveau camarade de classe. Ryûji savait que si son corps continuait de se dégrader ainsi, il ne tarderait plus à être trop affaibli pour venir au lycée et le nouveau devrait essayer de trouver une autre personne pour se lier d'amitié, en espérant que les élèves de la classe ne lui porteraient pas rigueur d'avoir tenté de se lier à un mourant.

Yomi sortit son cahier du début d'année, ne sachant pas vraiment si les deux écoles avaient suivi le même programme, mais il verrait bien. De toute façon, ce n'était que de la philosophie, tout se faisait généralement dans la tête, et pas dans un cahier. Les seuls mots qu'il avait employé en philosophie, il avait dû les écrire longuement et consciencieusement pendant ses heures de devoir surveillé. Son ancien professeur lui avait dit que quatre heures d'épreuve étaient bien trop insuffisantes pour établir correctement sa réflexion. Huit heures auraient été plus appropriées. Mais bien sûr… Yomi n'était pas réellement le genre à se poser des questions existentielles, c'était peut-être pour ça qu'il n'éprouvait pas grand intérêt pour la matière.
« Vous en êtes où dans le programme ? demanda-t-il en perçant le silence qui s'était établi entre lui et son voisin. »
Ryûji n'était vraiment pas quelqu'un de bavard. Ça lui changerait d'avoir un voisin calme…

Se tournant vers Yomi en sursautant légèrement, il se redressa pour ouvrir son cahier.
« Nous venons de commencer le conscient et le subconscient, le Moi, le Ça et le Surmoi. En somme, nous débutons Freud, répondit-il en lui tendant son cours. »
C'était très particulier d'avoir un voisin qui posait des questions. Ça lui changerait du silence.

« Merci, sourit-il. »
Ça pouvait être intéressant. Il suffisait que son nouveau professeur le soit aussi, songea-t-il en feuilletant les cours. Yomi avait maintes fois eu l'occasion de constater qu'un bon cours mal enseigné devenait particulièrement désastreux.
« Le prof est comment ? demanda-t-il à tout hasard. »
Il préférait savoir à quoi s'en tenir et s'il devait dès lors se mettre à réviser tout seul avec des livres. Ce n'était pas le mieux, mais bon, ce serait toujours plus efficace qu'un mauvais enseignement.

« C'est une femme assez jeune qui est plutôt intéressante. Enfin, à mon sens, elle l'est mais tu la trouveras peut-être ennuyeuse. »
Il n'était pas difficile, tout ce qui ne ressemblait pas à de la médecine était attrayant.

« OK, alors je verrai bien. En général, on écrit beaucoup, ou c'est surtout de la réflexion à l'oral ? »
Il avait toujours un peu de mal à retenir dans ces conditions, les idées n'étant généralement pas aussi fixes qu'une phrase écrite.

« Un peu des deux. Mais les réflexions faites à l'oral sont faciles à prendre en note et rejoignent souvent ce qu'elle demande de noter. »
Du moins, n'ayant aucune distraction, il arrivait à suivre le cours avec attention et à écrire énormément sans devoir se dépêcher outre mesure.

« Tant mieux. Au pire, je recopierai sur toi, fit-il avec un petit sourire en le regardant. »
Ce n'était pas son genre d'y aller avec des pincettes, même s'il prenait tout de même toujours grand soin à respecter la politesse.

« Hm, ça ne me dérange pas. J'espère que tu arriveras à me relire. »
Non pas qu'il écrivait mal, mais son écriture était fine et petite, ressemblant davantage à celle d'un gamin qu'à celle d'un adolescent. Si tant est qu'il y ait un type de calligraphie précis selon l'âge…

« Au pire je te demanderai, c'est pas grave. »
Après tout, pour le peu de feuilles qu'il avait sous la main, il arrivait à lire correctement. Quelques mots étaient un peu brouillons, écrits certainement sous un trait un peu plus rapide, mais il arrivait à les traduire en fonction du contexte.
« Pourquoi les autres n'approchent pas de toi ? demanda-t-il alors sur le ton de la conversation, sans quitter les cours des yeux. »

Il se raidit légèrement, tentant cependant de ne rien laisser paraître.
« Ils doivent avoir peur. »
En réalité, il n'en avait aucune idée. Il n'avait jamais cherché à savoir pourquoi personne ne l'avait plus approché depuis qu'il était dans ce lycée. Il devait sans doute dégager de mauvaises ondes.

« Personnellement, je ne te trouve pas si terrifiant, mais c'est peut-être juste moi. »
Ou alors c'était les autres qui étaient bizarres.

« Hm. »
Mais il ne s'était pas encore évanoui en plein cours, n'avait pas toussé à en cracher du sang ni fait une crise de spasmophilie devant lui. Ce qui était somme toute assez effrayant. Il aurait d'ailleurs compris que ses camarades ne l'approchent plus après l'avoir vu dans cet état mais ils n'avaient jamais cherché à l'accoster, même sans savoir qu'il était malade.

« Tu as peut-être un pouvoir caché qui les effraie, qui sait. »
Yomi ne se sentait pourtant pas particulièrement menacé. Mais après tout, il ne connaissait Ryûji que depuis quelques minutes. C'était peu pour apprendre à connaître quelqu'un.

« Peut-être bien. »
Il aurait sans doute dû lui dire la vérité, lui apprendre qu'il était malade, mais il ne s'en sentit pas le courage. Pour la première fois on ne l'ignorait pas. Yomi le voyait, lui parlait et lui souriait, ce qui ne lui était plus arrivé depuis un nombre de mois conséquent. Le brouhaha de la salle s'amplifia soudainement, indiquant l'arrivée des autres élèves et du professeur. Ryûji se tassa légèrement sur son siège en attrapant son stylo, sentant les regards converger vers eux et les murmures s'élever sans soucis de discrétion. Le fait que quelqu'un soit à côté de lui, un nouveau qui plus est, attirait forcément les interrogations.

Aussitôt, et sans faire aucunement attention aux murmures des autres élèves, Yomi se leva pour se diriger vers le bureau du professeur. La jeune femme lui lança un regard interrogateur, mais il lui expliqua rapidement la situation, comme quoi il était nouveau, assis à côté de Ryûji, et qu'il comptait faire de nombreux efforts pour s'adapter au rythme de l'école. Ceci fait, le professeur ajouta son nom sur la liste, puis il retourna à sa place, toujours aussi impassible. Ce ne fut qu'une fois assis à côté de son nouveau voisin qu'il lui lança un sourire rassurant.

Ryûji eut une moue perplexe. Peut-être que Yomi était réellement différent des autres. Lui rendant un demi-sourire, il fut soulagé que le cours débute directement. Il se plongea entièrement dans ce qu'il fut dit et ignora avec un peu plus de facilité les regards des autres. Il n'avait pas envie d'être le centre d'intérêt, l'étant déjà suffisamment lors de ses moments de faiblesse. Il espérait que ses camarades finiraient par s'y faire et retrouveraient leurs anciens comportements.

Finalement, le cours se révéla intéressant aux yeux de Yomi. Il n'osa pas trop prendre la parole, préférant se consacrer à sa prise de notes. Il participerait les cours suivants, quand il aurait une idée plus précise de l'ambiance de classe. Elle semblait normale, a priori, bien que son attention soit toutefois dérangée par moments par des chuchotis plus ou moins discrets des autres élèves. Visiblement, Ryûji semblait être une espèce de tête de turc, ou l'animal rare de la classe. Qu'importe, il lui paraissait plutôt sympathique, bien qu'assez renfermé. Mais ça ne le dérangeait pas, il parlerait pour deux.
L'heure se passa calmement, ce ne fut qu'à la fin, quand la sonnerie leur annonça la liberté, que les choses changèrent. L'animation revint parmi les élèves, mais ce n'était pas une animation habituelle. C'était plus tendu et précis que ça, mais Yomi n'arrivait pas à cerner le sentiment qui le parcourait maintenant.

Rangeant calmement ses affaires, il remit ensuite blouson, écharpe et bonnet et attendit que Yomi ait fini avant de se diriger vers la prochaine salle de cours. Ses camarades avaient le même comportement que d'ordinaire mais il sentait pourtant qu'il y avait quelque chose de différent. Une ambiance oppressante régnait autour d'eux, comme pour les prévenir d'un danger. Ryûji se mordilla la lèvre inférieure en signe de nervosité et, pas moins d'une minute après leur sortie de classe, un autre élève lui lançait une boule de papier au visage en ricanant.
« Alors, le macchabée, s'exclama-t-on d'une voix agonisante, tu t'es fait un nouvel ami ? Tu l'as prévenu que t'étais un cracheur de sang ? »
« Et que tu t'évanouissais en classe et n'importe quand ? enchaîna un second. »
« Parce que je le plains quand même de t'avoir comme voisin ! reprit le premier. »
« C'est clair, se moqua-t-on avant d'imiter la mort de quelqu'un. Tu lui as dit que t'allais crever bientôt ?! »
Il y eut un grand éclat de rire général et Ryûji serra les dents pour ne pas verser de larmes avant de partir en courant. Pourquoi rester un instant de plus dans un endroit où il n'était pas le bienvenu ? Pourquoi imposer une présence dérangeante et morbide à des personnes qui ne comprenaient pas ce qu'il pouvait ressentir ? La vue brouillée, il trébucha dans les escaliers et se retint de justesse à la rambarde avant de reprendre sa course. Son corps épuisé ne put cependant pas suivre le rythme bien longtemps et il s'accroupit finalement derrière un arbre du parc face au lycée. Se recroquevillant en serrant ses genoux entre ses bras, cachant son visage dans son écharpe, il sentit son cœur battre au ralenti et un goût de sang emplir sa bouche. Peut-être qu'il allait mourir là au final. Ce ne serait pas plus mal…

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A suivre...

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Déclaration de fin : Aux vues du nombre de pages, nous avons décidé de séparer ce OS en chapitres =)