Titre : Fleur du Carnage
Auteur : Melhuiwen
Rating : M (18 ans et plus) – scène de sexe explicite.
Pairing : HP/DM – relation homosexuelle.
Disclaimer : L'univers d'Harry Potter appartient à J.K.R. Aucune violation de copyright attentée.
Résumé : [« Vous voulez dire que c'est l'amour qui a fait germer la fleur ? »... « Promets moi que tu ne me laisseras pas te regarder mourir. »
Partie : 1/3
N/A : Bonjour,
Une petite fic en trois parties. Rassurez-vous, elles sont toutes écrites, et la suite sera postée sous peu.
Je tiens à préciser que cette histoire ne prend pas en compte le tome 7 parce que celui-là, vraiment, je vais faire semblant de ne pas l'avoir lu.
Autre chose, cette fic n'est pas classée dans la catgorie tragédie pour rien. Donc, euh, je suis méchante, et si vous êtes à la recherche d'une happy end peut-être que vous devriez allez lire autre chose.
Ah oui, pour finir ! Le titre est emprunté à une chanson de la B.O. de Kill Bill. Elle s'appelle The Flower of Carnage et je l'ai écoutée en boucle en écrivant. A écouter :o)
Et maintenant, enjoy :o)
I – La Sentence.
C'était l'été.
L'air stagnait dans la pièce enfumée. Pas de fenêtres. Seulement de hautes étagères qui escaladaient les murs jusqu'au plafond, surchargées d'ouvrages anciens aux reliures passées. Au centre de l'espace , un imposant bureau, vide de tout objet à l'exception d'un cendrier de verre, finement ouvragé. Un homme y déposa son cigare éteint. Il fixa ensuite son regard étrangement opaque sur l'un des deux jeunes hommes assis face à lui. Le visage de son vis-à-vis resta impassible. Il attendait. Il était patient. Son compagnon, en revanche, l'était un peu moins.
"Alors ?" La voix, tranchante, sembla briser l'atmosphère oppressante en mille morceaux. "Vous avez trouvé quelque chose ?"
Un hochement de tête. L'homme était vieux, déjà. La cataracte dévorait ses paupières, ses doigts fins, tâchés d'âge, tremblaient sans discontinuité alors qu'il portait de nouveau son cigare à ses lèvres, l'allumant d'une simple aspiration.
"On peut dire ça comme ça. J'ai trouvé une explication. Du moins, si je ne me suis pas induit en erreur en suivant la piste que j'ai suivie. Auquel cas, mon diagnostique serait bien entendu faussé, et il faudrait tout recommencer. Cependant, j'ose me vanter de m'être très rarement trompé... Et je ne crois pas que ce cas-ci fasse exception."
Pause. Le vieil homme inspira une longue bouffée de tabac, prenant son temps avant de l'expirer, par le nez. Il scrutait à présent le jeune homme qui avait pris la parole. Ce dernier semblait mécontent. Impatient, peut-être... Ou inquiet. Les traits marqués de l'exigeance propre à quelqu'un qui ne se voyait jamais rien refuser. Il dardait le vieux sorcier d'un regard pénétrant derrière ses mèches de cheveux d'un blond lunaire.
"Bien. Je ne vais pas vous laisser patienter plus longtemps."
Un sourire sans joie étira les lèvres de l'Erudit. Avec une lenteur calculée, l'homme leva sa courte baguette, taillée dans un bois sombre qui devait être de l'ében, et attira jusqu'à lui un épais grimoire logé en haut d'un rayonnage. Un nuage de poussière s'éleva de l'imposant volume lorsqu'il aterrit sur le bureau avec un bruit mat. Harry toussa. Draco resta impassible. Il observait à présent le livre, le visage ombragé.
"Ceci", entama le vieil homme, "est un très ancien ouvrage, d'une rareté... Et bien, rare, si j'ose dire. Je crois avoir trouvé la cause de votre trouble dans l'une de ses pages," poursuivit-il en fixant Harry.
Un frisson imperceptible parcourut le jeune homme. Il percevait les effluves de magie noire dégagées par le livre, au centre du bureau, avec une intensité presque entêtante. Quoi qu'il contienne, il n'y avait aucun doute sur sa nature. Il jeta un coup d'oeil à sa droite. Draco ne lui rendit pas son regard mais posa sa paume chaude sur le dos de sa propre main, glacée, qui serrait avec force l'accoudoir de son fauteuil.
"Et bien ? Qu'avez-vous appris ?"
Draco grinçait intérieurement des dents. Ce vieillard semblait s'apprêter à leur annoncer l'apocalypse, et pire encore, s'en réjouir. Il ressera sa prise sur la main d'Harry et se redressa dans son siège. Son dos était baigné de sueur sous la lourde étoffe de sa robe.
"Hmmm... L'Ecume des jours... Connaissez-vous ce célèbre roman français ? Une terrible histoire... Une tragédie sans précédent..."
Le vieil homme paraissait à présent en pleine réflexion, le regard vague, son index gauche caressant distraitement sa fine moustache avec un tremblement imperceptible.
"Le rapport ?" Draco, les sourcils froncés, n'avait pas tenté de masquer le mépris dans sa voix.
Il haïssait cet homme qui allait les faire souffrir ; son regard laiteux, sa voix mielleuse et l'odeur de mort qui émanait de sa personne. L'envie le démangeait de réduire cette parodie d'être humain à un amas sanglotant, de lui faire goûter la douleur, qu'il chasse de ses lèvres ce sourire tremblant qui semblait les narguer. Mais Draco avait conscience de ne pas être en position de force. Cet individu sénile semblait détenir une explication à la maladie de son amant, et l'importance de ces informations surpassait tout le reste. Rien ne comptait, à part trouver trouver un moyen de le soigner, de retenir la vie qui s'enfuyait lentement de ce corps qu'il vénérait. Absolument rien.
Harry, lui, avait la gorge sèche. Il connaissait bien ce roman. Cette histoire d'amour parfaite qui subissait un terrible drame. La maladie. Incurable. Il avait déjà compris. L'Erudit, qui l'observait, eut un nouveau sourire dont la joie malsaine donna la nausée au jeune homme.
"Le rapport... Laissez-moi tout d'abord vous rafraîchir la mémoire. Il s'avère que, dans ce récit d'une troublante beauté, une jeune femme contracte une sinistre maladie, bien que cela contribue à rajouter au poétique de l'oeuvre. Cette maladie... Un nénuphar lui pousse dans le poumon, si je me souviens bien. La plante pompe la vie de la demoiselle pour croître, se répandant peu à peu dans son organisme. Celle-ci souffre d'autant plus terriblement que pour freiner le développement de ce mal, elle doit restreindre sa consommation d'eau. Une gorgée par jour, il me semble..."
L'Erudit marqua une pause, dont Draco profita pour intervenir.
"En quoi la fiction sortie de l'esprit d'un moldu nous ramène-t-elle à notre problème ? Vous vous égarez, vieillard."
Le vieil homme ne releva pas l'insulte, se contentant de tirer une nouvelle bouffée de son cigare, jusque là oublié, avant de poursuivre.
"Votre compagnon a été touché par une malédiction. Tel le nénuphar dans la poitrine de Chloé, un mal croît en lui. Un mal parasite, qui se nourrit de ses forces vitales. Ce mal est le fruit d'un maléfice vieux de plusieurs siècles, qui fut très en vogue pendant un temps."
Tout en parlant, il avait ouvert le grimoire et en faisait défiler les pages. Lorsqu'il eut trouvé celle qu'il cherchait, il retourna l'ouvrage et le fit glisser jusqu'à ses vis-à-vis.
"Voyez. La Fleur du Carnage."
Il passa un index jauni par le tabac sur l'encre passée.
"C'est une sorcière qui a inventé ce sort, pour se venger du départ de son amant. Elle l'a maudit, en le condamnant à mort s'il venait à éprouver des sentiments amoureux envers une autre femme."
Draco se figea.
"Vous voulez dire que c'est l'amour qui a fait germer la fleur ?"
Un sourire édenté lui répondit.
"Je ne comprends pas. Nous sommes ensemble depuis plusieurs années, et la santé d'Harry a commencé à se dégrader il y a environ un an, seulement. Pourquoi cela a-t-il pris si longtemps ?"
"Question pertinente, jeune homme."
Draco pinça les lèvres. Harry, silencieux, eût une grimace. Son amant lui broyait la main.
"La sorcière ne voulait pas empêcher l'homme d'avoir des aventures, ni d'éprouver de l'affection pour une autre femme. Elle voulait le faire souffrir. Et quoi de mieux pour ça que de lui laisser le temps de rencontrer son âme soeur, si je puis m'exprimer ainsi, d'en tomber profondément amoureux, et de goûter au bonheur indicible de la vie à ses côtés, avant de tout lui ravir le temps d'une lente agonie ? Quelle douleur plus terrible, en effet, que celle d'avoir connu la plénitude et de se la voir arracher, graduellement, par une terrible maladie semblant être le fruit du hasard ? Ainsi, le sortilège met du temps à se développer, et sa croissance est d'une extrême lenteur. Mais, une fois que la fleur a commencé à pousser, elle ne s'arrête jamais, à l'image du véritable amour qui ne saurait s'éteindre, malgré le défilement des années."
L'homme referma le grimoire d'un coup sec, et observa longuement Harry, attendant clairement qu'il prenne la parole.
"Pas de remède ? Si je me souviens bien, dans L'Ecume des jours, les fleurs tuent le nénuphar... La seule raison pour laquelle la jeune fille meurt, c'est qu'ils n'ont plus d'argent pour en acheter. Nous avons beaucoup de fleurs, au Manoir."
La faible tentative d'humour de son amant noua la gorge de Draco. Sa voix avait quelque chose de l'espoir qui ne persiste que par peur d'avouer la défaite. Déjà vaincu.
L'Erudit secoua doucement la tête.
"Malheureusement, l'analogie s'arrête à ce que je vous ai conté. Il n'y a pas d'antidote à ce sortilège. Toutes les personnes qui en ont été victimes en sont mortes... Vous êtes, j'en ai bien peur, condamné."
Un lourd silence s'abbatit dans la pièce. L'Erudit tirait de petites bouffées sur son cigare, patient.
"N'est-ce pas ironique," finit par murmurer Harry, "que Voldemort ait finalement trouvé le moyen de m'atteindre, par-delà sa propre mort, en retournant sa propre faiblesse contre moi ?"
"Le Seigneur des Ténèbres était indéniablement brillant. Et il ne manquait pas d'un certain sens de l'humour, s'il n'est pas trop -"
"Taisez-vous."
Dans un froissement de tissu, Draco s'était levé. Il toisait à présent le vieil homme de toute sa hauteur, une condescendance sans limite déformant les traits harmonieux de son visage.
"Ne vous repaissez pas du malheur d'autrui, vieillard. Vous pourriez être amené à le regretter."
"Draco..."
Le murmure, las, freina le jeune homme blond dans son élan. Il tourna la tête vers son mari, qui se leva à son tour. Ils échangèrent un regard, inconscients de la puissante aura qui les entourait, et qui provoqua un mouvement de recul chez le vieil homme.
"Combien de temps ?" Demanda Harry.
"Ho, plusieurs années. Cinq, peut-être dix. Les derniers mois, vous les passerez probablement alité. La fleur aspirera jusqu'à la dernière parcelle de vos forces."
Le jeune homme hocha la tête.
"Nous allons prendre congé. Merci de nous avoir reçus."
"Merci à vous pour votre générosité, Mes Seigneurs. Ce fut un plaisir de traiter avec vous."
Sur un dernier regard froid de Draco, ils tournèrent le dos au vieillard. L'Erudit regarda le couple traverser la pièce en direction de la sortie, le bruit de leurs pas étouffé par les épais tapis recouvrant le sol. A la vue de leurs jeunes vies, si puissantes et si fragiles, une imposante bouffée de jalousie et d'ivresse l'envahit. Parfois, rien ne lui semblait plus juste que l'injustice.
Harry ferma la porte d'un geste calme, le regard ancré dans celui de Draco, qui le fixait avec une intensité déchirante. Sans un mot, il prit ses deux mains dans les siennes et les fit transplaner.
Une seconde plus tard, ils apparaissaient dans le petit salon où ils passaient le plus clair de leur temps. Après un instant d'immobilité, Draco se libéra de la prise d'Harry. Il marcha lentement vers le placard à liqueur, se servit un verre qu'il but en une seule gorgée, observa un instant le dépôt rouge laissé par l'alcool au fond du récipient.
Harry, resté au même endroit, attendait. Il attendait le cri inhumain qui déchira soudain l'air, vite suivi par un bruit de verre brisé, et un autre encore, et encore un autre. Calmement, Harry se dirigea vers un fauteuil, dans lequel il s'assit. Avec une boule au creux du ventre, il observa son amant laisser libre court à ses émotions. Les râles d'agonie, la cassure des objets, le déchirement des tissus, il assista à la mise en pièce du décor et un froid glacé s'infiltra dans ses veines. Il savait que Draco ne faisait que rendre à l'image de son esprit torturé l'environnement trop parfait qui les entourait. Que l'exutoire à sa terreur était sa violence. L'expérience lui avait appris qu'il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre que ça passe. Alors Harry attendait, malade d'impuissance, s'efforçant de rester stoïque face aux vagues de détresse qui émanaient de son amant.
Un elfe de maison, alerté par le bruit, pénétra dans la pièce d'un air affolé.
"Maître, maître... Que se passe-t-il ?"
Harry le congédia d'un geste de la main. Il y aurait un temps pour tout remettre en ordre. Plus tard.
Draco tempêtait. Aveuglé par la rage, il cassa, brisa, déchira, jusqu'à se retrouver meurtri et en sueur, jusqu'à ce que le seul meuble encore intact dans la pièce fut le fauteil sur lequel Harry était assis, l'observant sans mot dire. Lorsqu'il croisa ce regard trop vert, trop haï, trop aimé, Draco cessa d'hurler. Son mari était d'une pâleur mortelle, les lèvres bleuies par ce traître de froid qui le rongeait en permanence, malgré la chaleur étouffante de l'été. D'une pensée, Draco fit se fermer toutes les fenêtres avec fracas et, en quelques pas, faisant fi des débris de porcelaine et de verre sur lesquels il marchait, il vint se tenir face à son mari.
"Harry..."
Draco s'effondra à genoux aux pieds du fauteuil, enfouit son visage dans la riche étoffe de la robe de son époux, s'accrochant au tissu de toutes ses forces, comme pour s'accrocher à sa présence.
"Ho, Harry..."
Le jeune homme en question passa les doigts dans les fins cheveux blonds reposant sur ses genoux. La pièce innondée de lumière leur donnait un aspect presque blanc. Il aimait tellement ces cheveux. Ils formaient un magnifique contraste avec l'expression toujours orageuse du visage de Draco. Ils étaient doux, illuminaient son regard dur. Un jour Draco lui avait confié, dans un murmure, qu'il les détestait de le faire paraître plus gentil qu'il ne l'était. Harry avait ri. Draco n'avait jamais l'air gentil. Sombre, fier, puissant, torturé et même complètement fou, oui. Mais gentil, non. Et c'était très bien comme ça.
"Draco..."
"Je ne te laisserai pas mourir."
"Je sais."
"Promets-moi que tu ne me laisseras pas te regarder mourir."
"Draco..."
"Promets-le, Harry. Promets-le."
"Je te le promets. Tout ira bien."
Tout commentaire est apprécié :o)
La suite dans quelques jours...
