Dans cette nouvelle fic, c'est un peu différent d'habituellement, dans le sens où ça ne colle absolument pas à la réalité, mis à part pour les caractères (enfin comme d'hab, j'essaie de me rapprocher de certains traits, mais même là ça va être compliqué quand même en fait XD). On va juste dire que ça se passe avant la création de L'Arc, donc début des années 90...
Je voudrais également signaler que le thème de base de cette fic, la... disons 'situation' dans laquelle sont les personnages, je me suis aperçue que quelqu'un l'avait déjà fait : il s'agit d'un OS posté il y a quelques temps sur ce site. Malgré tout, en ce qui concerne ma fic, même si le premier chapitre pourra y faire penser, le développement sera différent d'où le fait que je l'ai finalement postée, mais je tenais quand même à signaler ce fait :) (et merci Ayunie pour tes bons conseils :) )
Voilà, trève de blabla, je vous laisse avec le premier chapitre, qui est plus une présentation du contexte et du protagoniste :)
L'étourdi
Il y a des hommes qui n'ont en soi rien d'exceptionnels : pas d'yeux d'une couleur particulièrement belle, pas de grande taille élancée, pas non plus de charisme étouffant... Mais pourtant, qui a dit que ces hommes là n'étaient pas attirants ? Il suffit qu'une jolie teinte noisette soit ancrée dans leurs prunelles, que leurs jambes fassent pâlir de jalousie bien des femmes et que leur sourire soit des plus charmeurs. Il n'y a pas besoin de chercher la perfection, ce qui est plus simple mais craquant est beaucoup mieux. C'est sans doute ce qui expliquait le petit succès de Tetsuya, plus communément appellé Tetsu. Il ne faisait rien pour cela, pourtant. Mais qu'y a-t-il de plus attirant qu'une solide dose de timidité et de naïveté sincères ? Que ce soit à son travail où ici même, il n'était pas rare que quelqu'un se montre régulièrement intéressé. Il n'était pas non plus le Dom Juan du coin, mais pas l'illustre inconnu non plus.
Ce soir, il venait justement d'en repousser un. La vérité pousse tout de même à dire que dans un bar le soir, il y a parfois de tels cas que finalement, tout le monde se fait acoster au moins une fois. Les habitués récoltent le double. Tetsu est un habitué. Ce bar, c'est Ryo qui le tient. C'est un ami, ils se connaîssent depuis... Ils n'en savent même plus rien, tant cela commence à remonter. Ryo est un peu plus âgé que Tetsu, mais il a déjà repris l'affaire familiale. C'est son bar, même si on ne le dirait pas, vue son attitude décontractée au comptoir. Et là, Tetsu est simplement jaloux. Ryo est ce à quoi il aspire : il avait un but, il a travaillé pour cela et aujourd'hui, il y est arrivé. Tetsu, lui, en est à un point qui arrive à la plupart des gens à un moment donné, lorsque leur vie fait du 'sur place' : il attend que quelque chose lui arrive. N'importe quoi.
Ca va pas, toi ? Demanda Ryo tout en nettoyant le comptoir autour de lui.
Hm ? Si si, impeccable.
Moui...
C'est rien, je me suis pris la tête avec mes parents quand je les ai appellé tout à l'heure, c'est tout...
Toujours la même rengaine ? « Musicien, c'est pas un vrai métier », etc... ?
T'as tout compris, soupira Tetsu.
Ca leur passera, tu sais.
Tu parles. Ca ne leur passera que si je leur prouve que je peux y arriver. Et à ce rythme, j'aurais des cheveux blanc avant que ça se fasse.
Mais enfin Tetsuya-kun, tu as quoi, 20 ans ? Bon, 21, rectifia-t-il lorsque Tetsu le fusilla du regard. Là, tu bosses pour amasser de l'argent, c'est normal. C'est pas ce que tu rêves de faire, mais t'as pas le choix. Tu suis la bonne voie.
Merci.
A ton service. Je te resers quelque chose ?
Oh non, je vais rentrer... J'ai une journée difficile demain, on fait l'inventaire.
On te revoit demain soir ?
Si je ne suis pas trop crevé, oui. Mais n'y comptes pas trop.
Ok. A la prochaine, alors !
Salut !
La vie au magasin était bien. Un bon job pour un étudiant. Enfin, ex-étudiant, s'il vous plaît. Collègues sympas -enfin majoritairement-, patron cool, clients... Euh... Enfin ça dépendait des jours... Mais vraiment, c'était plus sympa que l'usine de toute façon. Simplement, Tetsu aurait pu trouver le meilleur job du monde, ça ne serait pas encore assez bien. Quand on fait quelque chose tout en ne rêvant que d'une autre, pas moyen d'être vraiment satisfait. Ryo avait raison, il suivait le cursus normal sans doute, mais voilà... Il avait le sentiment que plus le temps passait, plus son rêve... n'avait l'air de n'être que cela, justement.
Il était littéralement crevé. Il avait mal dormi cette nuit et qui plus est, le boulot avait été fatiguant aujourd'hui. Rejoindre son lit semblait être la meilleure des idées... Seulement, il avait la fâcheuse habitude d'être dans la lune assez souvent. L'étourderie, ça le connaîssait bien. Et donc il s'aperçut un peu tard qu'il s'était trompé et qu'il passait par un quartier que la morale réprouvait. Presque un vrai décor de film, d'ailleurs, entre les gens qui avaient l'air d'avoir un gramme dans chaque oreille et ceux qui alpaguaient les passants pour leur proposer des activités que Tetsu imaginait sans peine... Passants qui, il faut le dire, avait clairement l'air d'être au courant et de venir par ici volontairement, bien entendu. Sauf lui.
C'est bien ma veine... Je savais que ce quartier craignait, mais alors là...
Tant qu'à avoir traversé une rue, autant suivre la deuxième. Rebrousser chemin et refaire le tour du pâté de maisons juste pour éviter 3 alcooliques, quelques clochards et des prostitué(e)s, ça aurait été... Sans doute plus sage, oui. Lourd, très certainement. Mais plus sage.
Salut, lança tout à coup quelqu'un qui se trouvait assis sous un porche.
Salut. Euh non en fait, je ne fais que passer... sempressa de dire Tetsu.
Oh ? Dommage. Tu es plutôt mignon.
C'est gentil. Bon et bien bonne soirée.
Toi aussi mon mignon, et traînes pas trop, si tu veux mon avis.
Merci du conseil !
Un peu, qu'il n'allait pas traîner. Il allait même franchement embrayer sec et passer la seconde, oui ! Ca craignait vraiment... Ce n'était même pas tant les prostitué(e)s qui le gênaient, finalement... Mais plus encore leurs clients ou clientes. Ces personnes que l'on jurerait au-dessus de tout soupçon, souvent l'anneau à l'annulaire... Sans parler des vieux libidineux... Eux par contre, ils lui faisaient vraiment pitié. Il arriva au bout de la rue... qui s'averra être un cul-de-sac. Enfin presque. A gauche, le chemin qu'il avait prévu d'emprunter, était bouché par les travaux. A droite, là comme ça, il ne voyait pas trop où cela pouvait mener... Il soupira tout ne rélféchissant. Pourquoi était-il venu sans sa voiture, déjà ? Ah oui... L'essence coûte cher...
Merde alors ! Avec ces travaux, y a pas moyen de passer ! Grogna-t-il devant un échaffaudage comme s'il attendait des excuses de sa part.
Perdu ?
Tetsu sursauta. Il n'était pas plus poule mouillée qu'un autre, mais enfin replaçons le contexte deux secondes : une ruelle sombre, pas franchement bien fréquentée à peine 20 mètres plus bas encore, la soirée bien avancée et il cherchait le moyen de passer... Cette voix sortie de nulle part -bon, de derrière lui, mais ça revenait au même- avait eu son petit effet sur ses nerfs. Il se retourna et perçut une silhouette à quelques mètres de lui... Il n'en distinguait rien sinon les contours et pour être franc, ça n'était pas tellement fait pour le rassurer.
Euh... Non, pas vraiment. Je vais contourner par là... lança-t-il en montrant bêtement la rue barrée.
C'est inaccessible, en fait, expliqua la voix, amusée -sans doute la personne se disait-elle qu'il était ivre ou complètement crétin-. Tu devrais aller de l'autre côté, plutôt, ajouta-t-il en pointant son bras vers cette rue dégagée que Tetsu s'était tâté à emprunter. Tu récupéreras la rue principale au bout de... disons une centaine de mètres. Sur la gauche.
Ah, merci c'est gentil.
A ton service.
Tetsu emprunta le chemin désigné et effectivement, il ne mit pas longtemps à s'y retrouver. Encore 5 bonnes minutes de marche et ça y est, son lit serait à portée de main... Sauf qu'il s'arrêta net en plein milieu du trottoir, pris d'un doute tout à coup. Il porta ses mains à ses poches de pantalon... puis de sa veste... Et il gémit :
Ah non... Mes clefs... Mes clefs !
L'étourderie, c'est le genre de caractéristique qui amuse énormément les autres. Cela les fait rire, et il y en a même que cela fait craquer, il paraît. Mais franchement, pour celui qui en est affublé, c'est une vraie tare qui a de quoi lasser, à force. Ce n'est pas grand chose, mais dans le genre agaçant, cela se place dans le top 5... Tetsu sortit immédiatement son portable pour appeler Ryo, priant pour qu'il lui annonce une bonne nouvelle...
Allo ? Ryo ? Oui c'est moi... Par pitié, dis-moi que tu as trouvé quelque chose qui est à moi !
Tes clefs ? Tranquillement sur le comptoir, et maintenant dans ma poche.
Génial ! Je reviens les chercher !
A tout de suite, l'étourdi !
Et on revient sur ses pas, et on se refait le chemin en sens inverse dans la joie et la bonne humeur. Fort heureusement, Tetsu n'était pas quelqu'un de colérique. Son ami Ken, lui, aurait probablement poussé une gueulante au beau milieu de la rue... Penser cela fit sourire Tetsu, ce qui le détendit un peu. Comme il emprunta le chemin habituel cette fois, il fut plus rapidement -et plus sûrement, aussi- arrivé jusqu'au bar. Au comptoir, son ami agitait son trousseau de clefs en souriant :
Alors ? Un jour, tu oublieras ta tête, tu sais ?
J'ai eu de la chance que ce soit toi qui les ait trouvé, fit Tetsu en s'en emparant, soulagé.
Un vieille habitude, comme tu oublies souvent quelque chose... Je passe tout de suite à ta place, après ton départ.
Tu es une mère pour moi.
Tu veux que je fasse des cauchemars, c'est ça ?! Allez tiens, je t'invite.
Bon, mais vite alors.
Tetsu prit place à une table pas loin, comme il n'était de toute façon pas motivé à reprendre tout de suite le chemin pour la troisième fois... Et il apprécia avec un plaisir certain le verre servi par Ryo. Le suivant également. Et comme on dit dans ces cas là : quelques heures et quelques verres bien tassés plus tard, Tetsu ouvrit un oeil peu décidé sur ce bar, en plein jour cette fois. Il grogna en ébouriffant ses cheveux :
Ohhhhh... J'ai l'impression qu'un éléphant s'est assis sur ma tête.
Tu ne serais plus là pour en parler !
Hein ? Oh... Bonjour.
Le soleil filtrait par endroits, mais vers le bar c'était encore bien sombre. Visiblement, quelqu'un se tenait derrière et vu le bruit qu'il entendait, Tetsu en conclut qu'il balayait. Sûrement l'homme de ménage ou un serveur qui nettoyait. Il ne le distinguait pas et de toute façon, même par un temps bien dégagé, ça n'aurait rien changé : il y voyait flou. Il avait perdu ses lentilles de contact dans la bataille, apparement. Et tout ce dont il se rappellait, c'était ces verres avec Ryo, et aussi qu'il avait bien rigolé. A part ça... La suite n'était pas difficile à deviner : ils s'étaient simplement endormi là comme des trous, et le dernier serveur les avait laissé là. Tout cela, Tetsu n'y pensa que plus tard, lorsque son cerveau se remit enfin en marche. Pour l'heure, remplir les blancs n'était pas sa priorité... C'était plutôt d'ouvrir les yeux correctement...
Salut, continua l'autre, goguenard. Ou je me trompe, ou tu as la gueule de bois du siècle.
J'aurais aimé que vous vous trompiez... gémit Tetsu en se massant les tempes. Où on est ? Ajouta-t-il pour être sûr, comme il n'y voyait pas grand chose.
Tiens, rétorqua l'employé en éclatant de rire, on me l'avait encore jamais faite, celle-là. Sacré trou de mémoire !
Ah oui... Où est Ryo ?
Sous la douche... Il n'est pas plus frais que toi.
On s'est endormis là ?
Vous avez picolé comme des trous apparement, et c'est l'un des serveurs qui a fermé le bar. Ryo lui a dit que c'était bon, vous avez dû continuer sur votre lancée et voilà, c'est comme ça que je vous ai trouvé ce matin en arrivant.
Ce matin ? Mais il est quelle heure ?
6h.
Oh non ! Non, non je dois être dans une heure au boulot ! Se rappella Tetsu.
C'est loin ?
Oui, assez. Et je dois rentrer me changer aussi...
T'y seras pas, conclut simplement l'autre.
Merci de l'encouragement. Mais dis... On s'est pas déjà rencontrés ?
Finalement, la voix lui disait quelque chose. Enfin pas tant son timbre, mais plutôt ce côté très moqueur que l'on sentait dans les intonations... Cela lui rappellait vaguement quelque chose, mais quoi ? L'autre s'approcha, en l'observant sans doute pour vérifier, et la seule chose que Tetsu perçut dans le brouillard qui persistait à rester devant ses yeux, c'était qu'il était plus petit que lui.
Je ne crois pas, conclut l'autre.
Vous me dites quelque chose... vaguement...
Alors j'espère que nous ne nous sommes jamais vus, vraiment, fit-il en riant. Parce que si tu te souviens de moi juste 'vaguement', ça va me vexer.
Euh...
Tu ne devais pas y aller ?
Ah oui, merde ! Vous pourriez prévenir Ryo que je...
T'inquiètes pas, je lui dirai. Mais tu vas rentrer chez toi comme ça, alors que tu ne vois pas à deux mètres devant toi ? T'es myope comme une taupe !
J'ai pas trop le choix...
Très bien. Vas sur le trottoir et ne bouges pas, je t'appelle un taxi. T'as de l'argent ?
Oui...
Vas-y. Je te l'envoie.
Merci !
Après s'être allègrement cogné le genou dans une table ou deux, Tetsu gagna la sortie -heureusement qu'il connaîssait bien l'endroit- en se disant qu'il devrait quand même prendre ses lunettes avec lui en sortant, au cas où... Il entendit derrière lui l'employé mort de rire à chaque fois qu'il se cognait. Ca, sa sortie manquait de panache... Mais franchement, si jamais il n'était pas là à 7h tapantes, son patron deviendrait une vraie plaie...
A l'intérieur, Ryo apparut frais et dispo, quelques minutes plus tard. Il jeta un coup d'oeil à sa montre pour se mettre au courant, et il constata ensuite :
Il est parti ?
Ton ami ? Répondit le jeune homme. Oui, il y a deux minutes...
Pourquoi tu rigoles ?
C'est un sacré numéro. Tu l'as trouvé où, celui-là ?
Ca fait un bail qu'on se connaît, tu sais...
Il est marrant. Il ne le fait pas exprès en plus, c'est ça qui est drôle, ajouta-t-il avec un petit rire.
Ouais... Bon, je te laisse t'occuper de tout ça ? Fit Ryo en embrassant la salle du regard.
C'est parti !
