Mise sur pause
Michel a beaucoup de choses à faire : protéger le Paradis contre les Léviathans, punir les anges qui ont fait des bêtises ou s'occuper des récriminations en sont quelques unes.
Mais de temps en temps, il va voir Raphaël pour lui parler de sa journée. Ou il va voir Lucifer et l'écoute lui raconter sa journée. Ou il va voir Métatron pour l'écouter vaguement se plaindre de ses élèves qui lui manquent de respect, l'accusent d'avoir une tête de pervers et peux-tu croire qu'Uriel a osé dire que j'avais une voix soporifique ?
Michel laisse tomber sa carapace de terreur, pendant ces moments-là. Il laisse ses émotions sortir – il s'autorise à râler, rouler des yeux, compatir et conseiller.
C'est sa façon de se détendre.
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Lucifer a une réputation à tenir : celle de l'Etoile du Matin, l'ange superbe, un poil snobinard, et aux réflexions meurtrières.
Mais parfois, il va interroger Inias sur la façon dont il se débrouille à l'école, et il en profite pour prendre Samandriel sur ses genoux. Il donne à Anna et Rachel des conseils sur la psychologie masculine. Il s'installe sur le canapé de son salon avec Gabriel pour l'observer dessiner des caricatures ou des portraits de ses frères et sœurs.
Lucifer arrête de prendre ses distances et ne fait plus semblant de se moquer de tout. Il s'autorise à n'être qu'un grand frère – à prendre soin de ses cadets.
C'est sa façon de se détendre.
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Raphaël est toujours disponible quand on le demande : pour écouter les malheurs de qui veut vider son cœur, pour consoler, pour s'occuper des autres.
Mais un jour ou deux par mois, Raphaël n'est plus disponible. Il va à la bibliothèque pour lire sans être interrompu. Il va se promener sur Terre pour voir comment le nouveau monde se développe. Il confectionne des petits objets, répare un jouet cassé, range des affaires ou fait tout simplement la sieste.
Raphaël s'autorise à oublier qu'il n'est pas seul dans l'Univers. Il se donne un moment de calme – un moment où quelqu'un d'autre que lui veille sur sa famille sans que ça provoque une catastrophe.
C'est sa façon de se détendre.
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Gabriel est sans arrêt en mouvement : en train de jouer un vilain tour à une de ses têtes de Turc, en train de courir porter un message ou répandre une nouvelle, en train de fourrer son nez là où il n'en a pas le droit.
Mais de manière imprévisible, Gabriel se pose dans un coin pour observer. Il regarde les animaux et les phénomènes terrestres aller et venir. Il écoute ses frères et sœurs chanter, discuter ou se prendre le bec. Il regarde sa famille s'activer, s'amuser, tout simplement vivre et être en paix.
Gabriel se permet d'arrêter son agitation perpétuelle. Il arrête d'être un acteur pour se glisser dans le rôle du spectateur – pour s'assurer que même sans lui, le monde continue à tourner.
C'est sa façon de se détendre.