Couple : (chibi) RyoPi /!\ Shonen-Ai + Lemon
Note : Bonne année à toutes! J'espère que 2011 vous apportera plein de bonnes choses. Ma première fic de 2011...hehe...une nouvelle année, c'est un nouveau départ, non ? Ryo & Pi aussi ont eu un départ. Le voici le voilà ! (en beaucoup (trop) de pages, oui, désolée) Enjoy ^^
Note² : Je saiiiis ._. Pi et Ryo ont pas passé leur audition ensemble ! Par contre, Ryo et Uchi, si ! Mais j'ai modifié la réalité, ça m'arrangeait ^^ Je saiiiiis ._. Pi est entré à la Johnny's à 11 ans. MAIS LA C'EST L'AUDITION :O Ensuite … Je saiiiiis pas ._. si Ueda & Uchi & Maru & cie ont été envoyé à Hawaii en même temps que les deux zozo, mais eux y ont été envoyé ensemble, c'est le principal ne ? … Bon en fait j'ai fait avec mes maigres connaissances, en m'inspirant de photos, de faits plus ou moins réels, et euh...de mon imagination ^^ Ne faites pas attention aux détails & riez de bon coeur ne m'en voulez pas ne ? On s'en fout, c'est une fic O/
Note 3 : (que de notes...) Quoi ? Ryo & Pi sont immatures ? Mais des garçons de 10 à 14 ans j'en connais pas mal, et je peux vous dire que Ryo et Pi sont très en avances sur leur âge en fait ! On s'en fout de leur puérilité, c'est plus moe comme ça ! Ah au fait, la partie 3 de ma PiJun arrive bientôt. ^^ (je saiiis c'est plus Noël u_u') Quoi ? Kamepi ? J'ai cru entendre KamePi ? Hein ? Un chapitre 6 ? O_O Où ça ? *pense sérieusement à s'y remettre* Bon allez on y go parce que là ça commence à faire long. ENJOY !
Un début à tout
J'avais alors 10 ans. Je me trouvais seul, perdu, parmi tout un tas d'autres gosses, avec ma mère qui gardait une main posée sur mon épaule à mes côtés, qui attendaient, sagement, comme toutes ces autres femmes un peu partout. La salle était grande et luxueuse, et plutôt que de me concentrer, je regardais tout autours de moi. Au fond, des enfants de mon âge, certains légèrement plus vieux peut-être, discutaient avec des hommes et des femmes, et un homme d'âge mur en particulier, se détachait du lot. Il avait une voix grave et sérieuse et des yeux cachés derrière d'épaisses lunettes noires. Son front était barré d'une ride, marque de vieillesse, et ses cheveux gris recouvraient de part et d'autres son crâne. Parmi les enfants autours de lui, il y en avait un, surtout, qui retint mon attention. Tous avaient au moins une dizaine d'année, un peu plus souvent, il n'était pas rare de voir des jeunes de douze ou treize ans, mais lui, il ne semblait pas dépasser la barre des six ou sept ans, avec ses joues toutes rondes, son mètre cinquante maximum et ses cheveux tout emmêlés. J'ai ricané.
_Quoi ? m'a demandé ma mère.
Je lui ai indiqué l'avorton du doigt.
_Un bébé, j'ai dit, on dirait un bébé ! Le pauvre y va arriver à rien.
_Dis pas ça Tomo, a-t-elle murmuré, les gens évoluent.
_Oui ben pas lui.
Je le regardais en souriant bêtement, je me disais que j'avais vraiment mes chances si il était face à moi. Et puis il a tourné la tête et son regard froid et sombre, qui pourtant brillait, d'excitation sans doute, s'est posé sur moi. Il m'a toisé longuement, comme si je n'étais pour lui pas plus qu'un microbe, qu'une mouche, une poussière qu'il aurait balayé du dos de la main, je me sentais écrasé par le poids de son regard, et bien que je ressente l'envie soudaine et violente de le frapper de toutes mes forces, je ne trouvais même pas le courage de dire un mot. J'ai tourné la tête, fuyant, me protégeant de ce regard qui me scrutait, et il en a finalement fait de même. Mon coeur battait à tout rompre, j'avais l'impression d'avoir été sali par ce regard, je n'allais pas le laisser faire son fier comme ça.
_Il fait trop peur, j'ai murmuré de ma voix d'enfant, je l'aime déjà pas lui...
Plusieurs mois plus tard, beaucoup de mois plus tard, voir une année plus tard, il était en face de moi. Je plissais les yeux, mes narines frémissaient, et mes cheveux embrouillaient mon regard, car le vent marin les emmêlaient. Nous étions tous les deux à Hawaï, nous avions été envoyés sur la même plage, parmi tout un tas d'autres enfants ayant les mêmes buts que nous, ou tout du moins, dont les parents avaient les mêmes buts que les nôtres.
_Salut, il m'a lancé après un long silence, moi c'est Nishikido Ryo.
Il n'avait pas la voix effrayante à laquelle je m'attendais. Non, son timbre était aiguë comme celui d'un enfant, mais cependant, sa voix était tout de même un peu cassée, un peu rauque, comme si elle avait déjà été utilisée des années auparavant. Au moins, elle sortait de l'ordinaire.
_Yamashita Tomohisa, j'ai dit.
_Oui je sais, on m'a parlé de toi parce qu'il paraît que tu vas aller loin mais j'y crois pas.
Je n'ai pas répondu. Il faisait une tête de moins que moi, voir plus, j'aurai pu le casser à une main, et il me disait des choses pareils ? À mon tour de le prendre de haut.
_Pourquoi tu me fixes ? Et pourquoi tu me fixais la dernière fois ? il a demandé.
_Parce que tu ressembles à un gosse.
_J'en suis un.
_Non mais à un gosse de 6 ans.
_J'en ai onze et demi.
_HAHAHA !
J'ai explosé de rire tant cela me paraissait impossible. Mais il semblait on ne peut plus sérieux. Six mois de plus que moi ? Beuuuh laissez-moi rire !
_T'es vraiment tout petit !
_Je suis peut-être petit, a-t-il sifflé en contrôlant la colère qui tremblait dans sa voix, mais on m'a dit que j'allais devenir très connu, on m'a dit que j'étais déjà hyper fort et doué et tout, et je suis sûr que j'ai eu plus d'amoureuses que toi et que j'en aurai toujours plus en grandissant !
Mes joues se sont violemment empourprées.
_Qu'est-ce que t'en sais ! j'ai hurlé, sous l'effet de la colère.
_Je le sais c'est tout !
_Moi Takizawa-sempai m'a dit que j'étais le plus mignon et que j'étais super doué !
_Mais Takizawa dit ça à tout le monde, t'es stupide !
_Ben non parce qu'à moi il m'a dit que c'était vraiment vrai et puis c'est celui qui dit qui l'est !
_Nan c'est pas vrai, t'es qu'un gamin en plus parce que si je dis que t'es bête c'est que t'es bête !
_Nan ! Tu dis n'importe quoi et puis je sais que je suis mieux que toi !
_Débile ! J'ai eu cinq amoureuses !
_J'EN AI EU SIX !
_C'est pas vrai t'es qu'un sale menteur !
_Nan je mens pas !
Bien sur que je mentais. Je n'allais tout de même pas perdre face à lui.
_Si tu mens ! Tu mens tu mens tu mens !
Je lui ai donné un violent coup de poing sur l'épaule. Enfin, de la violence d'un enfant de onze ans...
_Tu veux te battre ?
Son ton était soudainement devenu sérieux et sa voix plus grave qu'à l'ordinaire, alors qu'il semblait bouillonner d'une colère que je n'avais jamais vu émaner de personne, même pas de mon propre père.
_Ouais bas vas-y, frappe, dis-je en tachant de paraître sur de moi.
Il m'a frappé une première fois, dans le ventre, mais j'ai riposté en lui tordant le bras, alors son deuxième bras est venu se cogner contre ma joue et je suis tombé par terre, sous le choc.
_Mais ça fait mal !
Sans même m'écouter, il m'a giflé une deuxième fois, et j'ai crié de rage.
_T'es vraiment nul ! Je te déteste !
_Tant mieux parce que moi aussi !
_Tomo-chan ! Tomo-chan qu'est-ce qui se passe ?
_Takizawa-sempaaai ! Nishikitruc y fait rien qu'à m'embêter !
_C'est pas Nishikitruc c'est NihikiDO imbécile, a crié ledit Nishikido.
_Mais oui, il est méchant, allez viens avec moi, t'as la joue toute rouge, m'a dit mon sempai en me tirant par le bras. Nishikido-kun, du respect pour ses ainés !
J'ai alors éclaté de rire et le teint de Ryo a pris une couleur rouge vive, au moins aussi rouge que ma soeur quand je lui avais caché sa crème solaire.
_JE SUIS PLUS GRAND QUE LUI !
Takizawa n'eut pas l'air troublé et il continua, sans même s'excuser.
_Eh bien alors, on t'a jamais appris qu'il fallait pas s'en prendre aux plus petits que soi ?
_C'est lui qui a commencé.
_Non c'est pas vrai c'est lui !
_Non c'est lui !
_C'est lui !
J'avoue que je ne savais même plus de qui était la faute, mais dans les moments comme ça, on ne réfléchit pas. Il m'a tiré la langue, j'ai explosé, toujours pendu au bras de Tackey:
_Tu m'énerves !
Lui il a rigolé.
_J'adore t'embêter ! ~
_Eh ben moi je te déteste, j'espère que je vais plus jamais te revoir !
Toujours est-il que le lendemain, c'est impatient et inquiet de ne pas le voir que je guettais l'arrivée de mon nouvel ennemi. Nos sempais ne nous avaient pas séparés, malgré la dispute, aussi nous sommes nous de nouveau retrouvés ensemble sur la plage, en maillot de bain, attendant sagement que quelqu'un nous dise ce que l'on devait faire. On ne parlait même pas, on savait très bien que sinon, ça se terminerait en bagarre. On ne se regardait pas non plus, pour les mêmes raisons. Mais on restait quand même ensemble, parce qu'on avait l'impression de se connaître, et que c'est toujours mieux d'être avec quelqu'un qu'on connaît. Un autre est arrivé, un jour, tout surexcité. Il parlait vite et je n'ai même pas compris ce qu'il disait, si ce n'est quelques mots, par-ci par-là.
_Moi c'est Maruyama, Maruyama Ryuhei, disait-il, pourquoi vous restez qu'à deux ? Pourquoi vous venez pas avec nous ? Venez avec nous plutôt que de rester dans votre coin, bah venez !
Mais Ryo lui a jeté un regard méchant et a parlé pour nous deux :
_Ben non, on est mieux à deux, va-t-en.
_Mais vous avez pas l'air amis pourtant, pourquoi vous restez à deux ? Pourquoi vous restez à deux si vous vous amusez pas ? Faut s'amuser dans la vie !
_Eh ben là ma vie tu es en train de la gâcher, tu me fais de l'ombre. Psshiiit !
Il a fait un brusque mouvement de la main et j'ai rigolé.
_Et puis si je reste avec lui, a-t-il rajouté en souriant, eh ben je peux le frapper plus facilement.
J'ai rigolé encore, mais moins cette fois, parce qu'il est marrant mais il fait mal, Ryo.
_Bon ben comme vous voulez, a-t-il dit tout penaud en haussant les épaules.
Il est reparti en courant.
_Eh Shô-chan, criait-il, on va dans l'eau ! On va dans l'eau, ne Shô-chan ?
Ils se sont jetés dans la mer tous les deux, et ils se sont éclaboussés, ils se sont poussés. Ils se jetaient dans les vagues et puis ils ressortaient d'un coup, avec des coquillages plein les mains, et du sable plein les cheveux, les joues rougies et ivres de bonheur. Je voulais me baigner, moi aussi !
_J'ai envie d'aller dans l'eau, ai-je murmuré.
_Eh ben va les rejoindre, a simplement dit Ryo qui s'amusait à se recouvrir de sable.
Je l'ai regardé, et j'ai hésité un peu.
_Non, non, je reste avec toi.
_Comme tu veux.
J'ai plongé moi aussi mes mains dans le sable brûlant, je l'envoyais en l'air comme des confettis et il retombait en petite pluie sur le sol. Je ramassais les coquillages et m'amusais à faire des constructions avec, Nishikido me regardait en rigolant lorsque je faisais tomber ma tour de coquillages, alors il s'est mis à la tache lui aussi, concentré à l'extrême, saisissait les petits objets pour les mettre les uns sur les autres un à un, sans les faire tomber. Le soleil nous dardait de ses rayons et on avait chaud, mais comme on ne nous disait pas de faire quelque chose en particulier, alors on ne faisait rien, on s'amusait juste, on écoutait la mer et le vent, et les mouettes qui nous regardaient haut dans le ciel. C'est la première fois que j'entendais le rire de Ryo et ça m'a fait tout drôle, alors je me suis arrêté et je me suis retourné vers lui.
_Nishikido-kun ?
_Hm ?
_Pourquoi tu souris jamais ?
_Parce que tu m'énerves.
_Non mais sérieusement ! Tu sais pas sourire ?
_Hein ? Dis pas n'importe quoi ! Bien sur que je sais sourire ! T'es bête, je sais forcément sourire ! Et puis c'est aussi pour ça qu'ils disent que j'ai du talent !
_Eh bah souris alors.
Je me suis demandé s'il allait réussi à sourire sans raison particulière, je lui ai dit ; « Te force pas si rien te fait sourire » parce que on me forçait souvent moi, quand je devais faire des photos. Mais il m'a dit qu'il pouvait sourire pour tout et pour rien parce que tout était amusant. Et alors il a souri, et ça m'a fait encore plus tout drôle.
_Ah bah oui, c'est mieux, t'es plus mignon quand tu souris.
_Héhéhé...
_Mais t'as quand même l'air bête.
_EH ! Ah ! T'es méchant ! T'es pas sympa, c'est méchant, c'est méchant !
Et alors il m'a frappé sur l'épaule, plusieurs fois, faut croire que je l'avais énervé, mais moi bizarrement, ça me faisait rigoler. Quand il eût fini, qu'il s'est enfin calmé, et que, boudeur, il s'est reconcentré sur ses coquillages, j'ai proposé :
_On va se baigner maintenant ?
_Nan, il a dit en me tirant la langue.
Il m'a tourné le dos et il est parti bouder dans son coin. Mais comme je le suivais partout, et que je refusais de le lâcher, il s'est résigné et on est retourné tous les deux à notre tour de coquillages, comme si de rien n'était.
Quelques jours plus tard, on nous habillait, on nous déshabillait, on nous photographiait, on nous faisait faire des châteaux de sable... on avait mille raisons de s'amuser, mais tout ça restait du travail, il fallait rester concentrer, nous n'étions plus des enfants à partir de ce jour, disaient-ils. Mais Takizawa-sempai, lui, m'a dit que c'était pas vrai, qu'on lui avait dit ça aussi mais qu'à 15 ans il se sentait toujours très gamin. Ça m'a fait rigoler, parce que c'est vrai, Takizawa au fond, c'était un grand enfant qui s'entourait d'enfants encore plus petits pour se sentir un peu plus grand. En tout cas, tout le monde était jaloux parce qu'il s'occupait presque toujours de moi, uniquement de moi, notre cher leader. On était dans la ville, parce que le studio était loin de la plage, et on prenait des photos pour des magazines où nous allions apparaître. On était tous très excités, et l'idée de savoir qu'on allait aussi bientôt tourner un clip nous emballait encore plus. On prenait déjà nos pommeaux de douches pour des micros, imitant nos sempai qu'on avait vu à la télé, se pavanant dans nos maillots de bain comme si nous étions des mannequins, alors qu'en fait, nos maillots, ils étaient moches, et Ryo était épatant de vérité lorsqu'il faisait semblant de dire je t'aime à son publique imaginaire. Finalement, comme on était morts de froid après nos baignades et nos douches, et qu'il commençait à être un peu tard, on a mis des des pulls et ils nous ont demandé de les suivre bien sagement jusqu'au prochain studio. Comme d'habitude, Ryo et moi, on était tout au fond, en dernier, et on avançait en traînant un peu, commentant tout ce qu'on voyait autours de nous, et comment on s'imaginait plus tard. Et puis alors que je m'inventais une villa pour moi tout seul et une limousine noire, il m'a pris la main. Au début je n'ai rien dit, j'ai juste regardé ses doigts qui enserraient les miens, et lui continuait de marcher le plus naturellement du monde, comme si cela était normal. Ça ne me gênait pas en fait, puisque j'avais déjà donné la main à mes amoureuses à l'école, sauf que là c'était Ryo. Et qu'en plus il était plus vieux que moi, et c'était un garçon, et pas une jolie fille, alors c'était moins rigolo, comprenez-moi... Donc j'ai essayé de me dégager, mais il a serré sa main encore plus fort, toujours sans me regarder. J'ai tourné la tête vers lui, tirant de toutes mes forces pour qu'il me lâche, mais lui se contentait de me tenir en me regardant d'un regard empli de méchanceté, si cruel qu'il aurait pu vouloir dire : « Si tu lâches ma main je te casse le bras » D'ailleurs c'est bien ce qu'il a failli faire, il m'a pris le bras et me l'a retourné dans tous les sens. J'ai grimacé et j'ai gémi de douleur, ça faisait mal, si bien que j'ai commencé à me demander s'il ne faisait pas ça juste pour m'embêter. Finalement, je l'ai laissé faire, et on a encore marché un peu main dans la main, mais je continuais de pleurnicher et je nous ralentissais encore plus. Alors il a soupiré et il m'a lâché, enfonçant sa main dans sa poche.
_Pourquoi tu me frappes tout le temps, ai-je gémis, ça fait mal !
_C'est parce que j'aime bien t'embêter.
_J'avais remarqué ! Mais pourquoi tu m'embêtes ?
_Parce que..j'aime bien embêter les gens que j'aime bien.
J'ai réfléchi un instant pour être sur de comprendre.
_Alooors...tu m'aimes bien ?
_Bah, t'es marrant.
_Alors on est copains ?
_Oui.
_Les meilleurs ?
_D'accord.
J'ai attrapé sa main tendue et on a couru pour rejoindre le reste du groupe.
Depuis, tous les jours, qu'on tourne le clip ou pas, qu'on travaille ou pas, on ne se lâchait plus. Les autres enfants ne nous intéressaient absolument pas, et à part notre leader Takizawa-kun qui venait souvent nous embêter, on profitait de notre tranquillité. Un après-midi, alors qu'il faisait plus chaud que jamais, j'en ai eu marre du sable, des courses, des jeux de pirates, des craies sur le bitume, des petites voitures et des bavardages alors j'ai dit à Ryo ; « Que tu le veuilles ou non, je vais dans l'eau. » J'ai marché d'un pas résigné jusqu'à la mer, et lui est resté assis par terre un moment, interdit. Puis il s'est relevé, et a crié : « Attends ! » J'allais lui dire que ne l'attendais pas, mais il a souri et m'a dit :
_On fait la course !
Et comme j'étais, et suis du genre à détester perdre, je n'ai pas pu dire non. On a tracé un trait dans le sable, ce serait le départ, et c'était à celui qui allait le plus loin dans l'eau sans tomber. On a choisi un coin de la mer où il n'y avait pas de monde, car Ryo qui n'aimait pas trop les gens quand il ne les connaissait pas, avait envie qu'on reste juste à deux. J'ai donné le top départ et on est parti en courant, face au vent qui nous frappait au visage et qui rejetait nos cheveux dans tous les sens, et on riait déjà aux éclats, en manquant de s'écrouler à chaque pas, lorsque nos pieds s'enfonçaient dans le sable. Enfin, on a vu devant nous se dessiner la tentante et attirante mer, qui brillait en dessous du soleil, qui nous appelait, nous attirait en léchant le sable juste à quelques mètres de nous, en murmurant un bruit qui mêlé au souffle du vent, était très agréable. Alors on a encore plus accéléré, surtout moi, et enfin mes pieds se sont enfoncés dans l'eau froide et salée, et j'ai crié de stupeur et de plaisir en même temps, j'ai couru encore et à côté de moi, Ryo peinait lui aussi à ne pas tomber, riant aux éclats et fermant les yeux pour ne pas se recevoir l'eau dans le visage, et puis finalement, alors qu'il allait tomber, il s'est accroché à moi par réflexe et on est tombé tous les deux têtes la première. On s'est tout de suite relevé, l'eau m'arrivait au genou, et presque à la hanche pour Ryo, et on a éclaté de rire.
_J'allais gagner, ai-je dit, j'allais gagner et tu m'as poussé !
_Mais j'ai pas fait exprès !
_Si, je suis sûr que t'as fait exprès, tricheur !
Alors pour me venger et parce que j'en crevais d'envie, j'ai tapé un gros coup dans l'eau et ai éclaboussé le visage de Ryo qui cria puis resta stupéfait un instant, avant d'éclater de rire et de me pousser dans la mer. Je me suis relevé aussitôt, j'ai couru pour lui échapper alors que je me faisais éclabousser de toutes parts, me protégeant les yeux parce que le sel, ça pique, mais à chaque fois il réussissait à me faire tomber, et un peu effrayé par lui quand même, je me contentais de l'éclabousser et de lui jeter du sable, je lui en ai même mis dans les cheveux, et comme ils étaient plutôt longs, c'était rigolo car on pouvait s'amuser à lui faire des coiffures bizarres, on lui mettait des coquillages et des algues, qu'il mettait ensuite sur ma tête, et on se pavanait ainsi avec nos superbes coiffes, avant que l'un de nous ne recommence à éclabousser l'autre et que notre bataille reprenne. Comme je l'appelais « Ryo-chan », il était tout étonné, parce que c'est le nom que lui donnait surtout sa famille, même si maintenant, tout le monde l'appelle comme ça, alors il m'a appelé Tomo-chan, et on était très fier de nos nouveaux noms, s'appelant pour la moindre occasion, juste histoire de rigoler en entendant l'autre nous appeler ainsi. Et puis à ce moment là, alors que je me disais que les bleus qui recouvraient mon corps avaient enfin une signification, un garçon est arrivé devant moi. Il avait les cheveux courts et un peu blonds, il était plus grand que moi, en âge, et nous faisions à peu près la même taille.
_Salut, m'a-t-il lancé, moi c'est Ueda Tatsuya.
_Ah ! Bonjour, je suis Yamashita Tomohisa !
_Dites, pourquoi vous restez toujours ensemble ?
_Parce qu'on est les meilleurs ennemis, a lancé Ryo au loin, qui se rinçait les cheveux.
J'ai rigolé.
_Ouais, et comme ça, ai-je ajouté, on...enfin il peut me frapper plus facilement !
La réponse sembla plaire à Ueda qui sourit et me demanda :
_Je peux jouer avec vous ?
J'allais dire oui de la tête, parce que ça me semblait évident, mais soudain, Ryo est apparu entre nous deux, les poings sur les hanches.
_Nan, a-t-il dit clairement.
_Eh ? Mais pourquoi !
_Parce que ya que moi qui ait le droit de jouer avec Tomo.
_Quoi ! Moi aussi je veux jouer avec Tomo c'est pas juste !
_Déjà tu l'appelles pas par son prénom ! a-t-il crié.
_Je l'appelle comme je veux, il est pas à toi !
_Ben...si, a dit Ryo comme si c'était la chose la plus évidente du monde. Dégage.
Ueda a viré rouge et l'a regardé méchamment.
_Pf, t'es vraiment débile, a-t-il craché.
_Va-t-en ! Si jamais t'essaies encore de me le voler je te casse la tête !
_Non mais tu te prends pour qui le bébé ?
_J'ai même pas envie de me disputer avec toi, va-t-en.
_Tu veux vraiment que...
Il a pas pu finir sa phrase, Ryo venait de cracher à ses pieds. C'était très vilain, mais j'ai trouvé ça trop classe. Il lui a tourné le dos. Ueda est parti en courant et n'est plus jamais venu nous revoir, il ne nous regardait même plus. Ryo m'a souri et a passé une main dans mes cheveux, le plus naturellement du monde.
_Pourquoi tu l'as pas tout simplement frappé ?
_Parce que je veux pas me salir les mains, a-t-il répondu.
J'ai décidé de ne pas lui reparler du « Tomo est à moi » parce qu'au fond, c'est vrai qu'on était les meilleurs amis, et puis comme il me semblait tout faible et sans défense, là, à me sourire bêtement, eh bien j'en ai profité pour le pousser dans l'eau.
Et on s'est battu de nouveau.
Ils ne nous restaient plus beaucoup de jour sur cette plage, on allait bientôt repartir à Tokyo, et alors qu'on discutait du dernier tome de One Piece qui était sorti, on a remarqué qu'il y avait quelqu'un qui restait vraiment toujours tout seul. Certains pensaient que rester juste à deux, c'était triste, moi je trouvais ça génial, mais tout seul, ça me faisait de la peine. Ryo et moi l'avons regardé et la première chose qu'on s'est dit c'est : « Pourquoi ya une fille ici ? » Au fond on savait bien que c'était en garçon, mais il semblait tellement gracieux, tellement délicat, avec ses cheveux mi-longs et ses sourires doux ! Il n'était pas vraiment seul en fait, parce que tout le monde lui parlait, intrigué par ce jeune garçon beau et amical, mais ensuite, il se détachait du groupe et retourner dans son coin. Alors bien sur, nous aussi, on a finis par devenir curieux. Ryo a dit qu'il avait très envie de lui parler, donc je l'ai suivi, le tenant par la main (c'était une habitude qu'on avait prise...bonne ou mauvaise, allez savoir, mais on l'avait prise). On s'est arrêté tous les deux devant lui et il a doucement relevé la tête, écartant une mèche de ses cheveux pour mieux nous voir. Il nous fit un grand sourire. Un sourire si beau et si doux que j'en ai eu mal au ventre, et que j'étais jaloux, un instant. Il n'était pas particulièrement beau, je veux dire, pas plus que moi ou Ryo, mais il avait un sourire qui faisait chaud au coeur. Il est resté assis, la tête levé, et il nous a parlé, là aussi, d'une voix douce et agréable :
_Salut. J'm'appelle Uchi Hiroki.
Avant même que j'ai pu dire un mot, il s'empressait de dire, d'une voix rapide :
_Salut-moi-c'est-Nishikido-Ryo !
Uchi a paru surpris un instant et il a relevé les sourcils, et il a rigolé. Je me suis présenté aussi.
_Bon, ben, enchanté.
Alors Ryo, qui ne l'avait toujours pas lâché du regard, lui a dit que c'était triste d'être tout seul, et que si il avait envie, il pouvait venir jouer avec nous. J'étais un peu énervé qu'il ne me demande pas mon avis, mais en même temps ça ne me gênait pas, il avait l'air gentil. Il a dit d'accord, s'est levé, et à partir de ce jour on est resté tous les trois.
Enfin, tous les trois...
Uchi disait quelque chose, Ryo approuvait de toutes ses forces et en rajoutait une louche. Uchi faisait quelque chose, Ryo disait que c'était génial et le faisait aussi. Uchi souriait, Ryo souriait, Uchi faisait la tête, Ryo faisait la tête. Ils passaient tous leur temps à discuter énergiquement de choses que je ne comprenais pas, dans un dialecte que je ne comprenais pas, car ils venaient tout deux du même coin. Ils avait les mêmes goûts, et Ryo passait son temps à le dévorer du regard, ses grands yeux tout ouverts, tout attentifs et tout brillants. Il l'admirait, souriait dès qu'il apparaissait. Et jamais il ne le frappait. Jamais il ne posait la main sur lui.
En fait, il m'avait complètement oublié.
Nous ne sommes plus à la plage, nous ne sommes plus avec Uchi, nous ne sommes plus tout le temps ensemble car Ryo habite plutôt loin et qu'il est occupé, et que quand il sort, c'est pour voir Uchi. Je suis assis sur mon canapé, j'ai onze ans et demi. En un an, mon ami a déjà décroché un rôle dans un drama, et je le regarde sur ma télé, sans prendre vraiment l'histoire en compte. C'est vrai qu'il joue bien, pour un enfant de douze ans. Bon, d'accord, donc il ne mentait pas quand il disait qu'il avait du talent. Je sirote mon soda et je me plonge confortablement dans mes pensées, m'enivrant de mes souvenirs de sable chaud, de soleil et de « Meilleur ami Ryo ».
Et le lendemain, j'ai rendez-vous à l'agence. Et lui aussi. Enfin. Je ne l'ai pas vu depuis plusieurs mois, et quand j'entre dans la salle, je n'ai même pas le temps de dire bonjour qu'il me saute au cou, m'étranglant presque, mais à force, j'ai l'habitude qu'il me fasse mal.
_GYAAAAH TOMO-CHAAAN !
_Ryo-chan, lâche-moi, dis-je en rigolant.
Il se force à me rendre ma liberté, et par la même occasion, mon souffle. Je le regarde de haut en bas, un sourire satisfait sur le visage.
_T'est toujours aussi p'tit.
_T'es toujours aussi chiant.
Il me frappe sur l'épaule. Je suis content, finalement, rien n'a changé. Il est là, « Meilleur ami Ryo ».
Quelques semaines plus tard, sa mère vient nous chercher, tous les deux, à l'agence. Ryo-chan est presque tout le temps à Osaka avec sa famille, mais ils ont un appartement à Tokyo aussi, c'est plus pratique étant donné que Ryo a toujours beaucoup de boulot à l'agence. En fait, c'est ses grands-parents qui sont restés dans le Kansai. Ce soir je vais dormir chez lui, mais d'abord on passe par chez moi prendre des affaires, et manger quelque chose parce qu'on meurt de faim. On entre dans la voiture et je salue une femme aux longs cheveux noirs, petite, fine, et tellement élégante que j'en reste bouche bée, et que j'en oublie son fort et désagréable accent du kansai. De sa voix douce elle me salue, je lui marmonne les salutations et les « enchanté » habituels, puis m'assoie derrière, alors que Nishikido prend place devant, sans même dire un mot à sa mère.
_Bon, Tomohisa-kun, j'ai ton adresse mais tu pourras m'indiquer où est ta maison quand on sera dans ton quartier ? Moi et l'orientation...
_Ah, pas de problèmes madame.
_Je vous dépose chez toi, je fais une course et je passe vous reprendre vers dix-huit heures, d'accord ? Dix-huit heures. Ok ?
_C'est bon, on peut se débrouiller, grogna Ryo.
_Non je ne crois pas non.
_On est plus des enfants !
_Si. Vous êtes encore très immatures.
_Surtout Yamashita-kun, moui.
_Eh bien je n'en sais rien, mais d'apparence il fait beaucoup plus mature. En fait, on dirait qu'il a plusieurs années de plus que toi !
Ryo lui répondit du plus classe et élégant des « GNA GNA GNAAA... » et se mura dans le silence, avant de finalement annoncer d'une voix forte :
_Moi plus tard je serai tellement beau qu'ils vont me demander de tout le temps me mettre torse nu sur cette scène pour faire crier les filles et puis vous, vous rigolerez beaucoup moins !
_J'en doute pas Ryo-chan, j'en doute pas...
_Hola mais attends Ryo-chan, je lui dis, si toi tu deviens ça, moi, qu'est-ce que je vais devenir ? Ils vont me demander de me ramener tout nu sur scène tu crois ?
_Oh toi Tomo, chut.
Sa mère et moi éclatons de rire, Ryo lui, a boudé jusqu'à ce qu'on arrive devant chez moi. La voiture s'est arrêtée devant ma porte, et je me suis précipité à l'extérieur. On a fait de grands signes à notre conductrice, qui reviendrait nous chercher dans une heure et demi environ, et puis on est rentré.
_Tadaimaaa !
Aucun « okaeri » ne m'a répondu, comme je m'y attendais. J'ai soupiré et j'ai fait signe à Ryo de me suivre jusqu'au salon.
_Tadaima ?
La télé était allumée, et ma mère somnolait sur le canapé, emmitouflée dans une couverture.
_J'aurai du m'en douter. Maman ? ...Maaa...man ? MAMAN ?
J'ai pris une profonde inspiration, et derrière moi, mon meilleur ami s'est bouché les oreilles.
_MAAAAAAMAAAAAAAAAAAN !
Elle a violemment sursauté et s'est retournée vers moi.
_Hein ? Que...Oh ! Tomo-chan okaeri... et...tu...tu es ?
_Maman, je t'ai prévenu pour te dire qu'il passait à la maison... C'est Nishikido Ryo...
_Ah mais oui ! Mais c'est le petit que j'ai vu à la télé l'aut' fois !
Il a fait comme s'il n'avait pas entendu le mot petit et s'est incliné poliment, balbutiant les formules de politesse et les remerciements habituels.
_Maman, ai-je continué d'un ton un peu irrité, je vais dormir chez lui ce soir tu te rappelles ?
_Tu vas...ah mais oui, tu me l'avais dit ! Très bien. Eh ben...D'accord. Ils te ramènent demain ?
_Pour midi, oui. On peut goûter ici ?
Elle s'est retournée vers la télé et nous a fait dos, désignant le frigo d'un geste mou du bras.
_Bien sur. Servez-vous.
Je voyais bien que Ryo avait l'air un peu mal à l'aise, alors je me suis empressé de le tirer par le bras pour l'emmener jusqu'à la cuisine, et pendant que je cherchais des boissons dans le frigo il m'a demandé, d'un ton un peu hésitant :
_Il est pas là ton père ?
_Il est parti.
_Au travail ?
_Non, il est parti.
_Ah...Je vois...il est...
J'ai haussé les épaules.
_Non, juste parti.
_Ah...
Il avait l'air de plus en plus embarrassé, alors j'ai vite sorti du jus et des tartines.
_Manger ?
Un grand sourire est apparu sur son visage.
_Manger !
On a dévoré tous les paquets de gâteaux, on a fini la bouteille de jus de fruit, on avait du chocolat plein les doigts et du sucre partout sur le visage. On parlait et on rigolait la bouche pleine, si bien qu'il y avait plein de miettes sur la table, et je me suis moqué de Ryo qui s'est étranglé avec son biscuit en rigolant, et qui en a mis partout. Bon, je me suis fait frapper, mais c'est pas grave parce que j'adore quand même me moquer de lui. Surtout que dans ce genre de moments il devient tout rouge et il tourne la tête et il tape du poing et du pied comme si ça allait changer quelque chose, alors que pas du tout, mais au moins c'est rigolo. Finalement, je lui ai fait visité la maison et on a mis tous mes mangas par terre pour faire un totem indien avec. Mais il s'est écroulé et on a eu tellement peur qu'il nous tombe sur la tête qu'on a hurlé et qu'on a dévalé les escaliers pour se réfugier dans le salon. Et à ce moment là, on a frappé à la porte. C'était la mère de Ryo. On est allé lui ouvrir, j'ai pris mon sac et j'ai dit au revoir à ma mère, avant même qu'elle n'ait le temps de vouloir saluer la mère de mon ami. Mais avant que je ferme la porte, elle m'a lancé :
_Eh mais...le Ryo, c'est pas celui qu'on a vu à l'audition et que t'as dit ne plus jamais vouloir revoir ? Celui qui ressemblait à un...
_Bon j'y vais maman bonne soirée au revoiiiiir !
J'ai claqué la porte juste à temps, Ryo avait l'air un peu en colère mais il ne m'a pas posé de questions. De toute façon, lui aussi il me détestait au début. Et encore plus que je ne le haïssais, à mon avis. Finalement on est monté dans sa voiture, et on a roulé en écoutant les derniers tubes de nos sempai à la radio.
Quand nous sommes enfin arrivés devant chez lui, la nuit était déjà tombée et la rue lugubre que nous devions traverser pour rentrer me paraissait le plus terrible des obstacles. Seulement on ne peut pas dire, à onze ans et demi, qu'on a encore peur du noir, parce que franchement, c'est la honte. Et puis si je l'avais dit, si j'avais esquissé le moindre petit signe de frayeur, Ryo se serait moqué de moi.
_Bon allez, a-t-il lancé d'une voix forte. On y va !
Il est passé le premier, les poings serrés, l'air décidé, et moi je me suis rapproché un peu de sa mère, tremblant.
_Tu as peur du noir ? m'a-t-elle soufflé.
_Oui...mais le dites pas ou il va se moquer de moi.
Elle a rigolé, de ce genre de rire franc typiquement « Kansai » que j'avais toujours voulu entendre.
_Je ne crois pas non ! Ryo fait son fier pour t'impressionner mais il est mort de trouille.
Allez savoir pourquoi ça m'a rendu très heureux.
On est rentré dans sa maison, et la première chose qu'on a senti, c'est une délicieuse odeur de ramen.
_J'espère que ça vous va...
Mes yeux se sont illuminés. J'adorais ça les ramens !
_Ramen, ramen ramen, chantonnait Ryo. Ramen, yeah ! Et au fait, a-t-il dit en se retournant vers sa mère. Ils sont où, tous ?
_Ta petite soeur est partie dormir chez son amie Risa-chan, ton frère est sorti...va savoir où, et l'affreux est en train de se préparer pour allez voir … (elle prit une voix grave et gémissante) Manoru-chaaaaaan.
_L'affreux emmerde la famille Nishikido, cria alors une voix.
La porte s'ouvrit en grand et un Ryo de vingt-deux ans est alors apparu en train de se brosser les cheveux, une cigarette coincée entre les lèvres, une chaussure dans la main et l'autre au pied.
_Je t'ai demandé de ne pas fumer dans cette maison, s'est énervée la mère de Ryo.
_Je fais ce que je veux de ma vie.
_Tu es encore chez moi !
_Mais je pars dans trois mois, a-t-il soupiré.
_Eh bien pendant ces trois mois, interdiction de fumer !
Il a encore soupiré, grognant tout bas quelques injures, et a écrasé sa cigarette dans un cendrier que lui tendait sa mère, avant de se tourner vers nous.
_Eh ben aniki, jsuis déçu, je pensais que les Johnny's ramenaient que des filles à la maison !
_Je suis un junior, a grommelé Ryo.
_Pas une raison ! Tu comptes être le plus populaire de nous trois hein ? Eh ben c'est pas gagné !
_T'es juste un sale jaloux parce que je vais devenir célèbre ! NA !
Il a attrapé Ryo par le cou et par les jambes et l'a balancé sur son dos comme un sac à patates.
_Viens là sale bête !
_Gyaaah ! Aaah ! Aaah ! Oni-san lâche-moi ! Laisse moi partir, au secours ! A l'aide !
Mon ami se débattait furieusement, riant et donnant des coups de pieds dans le dos de son frère, qui le faisait tournoyer, le jetait sur le canapé et l'attrapait de nouveau, le pendant la tête en bas.
_Répète un peu que jsuis jaloux !
_T'es jaloux ! T'es jaloux !
_Tu vas voir toi !
_AAAAH A l'aide ! Hahaha, à l'aide !
Le père est alors apparu. Il portait un jean délavé et un peu déchiré, un simple tee-shirt, il avait les cheveux de jais et les yeux sombres et brillants de ses fils. Il avait cette peau un peu bronzée, ridée, qu'ont tous les hommes de cet âge, et il souriait d'un air fatigué, sa voix était autoritaire.
_C'est pas un peu finis ce boucan ?
_Ah ! Oto-san ! Dé...désolé ! Tout est de la faute de Ryo-chan !
_C'est pas vrai c'est lui !
_Je m'en fiche complètement de savoir à qui est la faute, vous vous calmez, a-t-il dit simplement.
Le plus grand a déposé son petit frère sur le sol et a ébouriffé ses cheveux. Ryo lui a tiré la langue. Toujours très classe le Ryo.
_Bonjour et bienvenu ici Yamashita-kun, a-t-il continué. Très heureux de te rencontrer enfin. Ryo-chan nous parle souvent de toi.
Les joues de Ryo se sont empourprées.
_On s'en fout de ça papa, a-t-il grogné.
Je n'ai même pas relevé, j'étais trop ébloui.
_Monsieur, ai-je bredouillé, vous êtes trop cool !
Il a ricané. Il semblait bien fier de lui et a passé une main dans mes cheveux.
_J'espère que je serai aussi cool que vous plus tard, ai-je rajouté.
_Chérie, on l'adopte ?
_Oh oui ! ai-je crié, enthousiaste.
_Oui mais non, a-t-elle dit en riant, allez, à table.
On s'est assis autours de la table, et Ryo a essuyé le baiser bruyant que son frère avait collé sur sa joue en rigolant avant de partir. On a englouti nos pattes et bu le bouillon d'une seule traite, se brûlant la gorge au passage. On a avalé les morceaux de viande sans même les mâcher, et puis on a attendu en se regardant d'un regard entendu. C'était bien bon, mais nous, on attendait qu'une chose.
_Allez-y, allez-y, ont soupiré les parents.
_Merci ! Merci pour le repas c'était très bon !
On a monté les escaliers quatre à quatre et on s'est enfermé dans sa chambre.
Sa chambre était immense. Il n'avait pas un futon mais un grand lit avec pleins d'oreillers. Son armoire débordait de mangas et de CD et des affiches des Beatles tapissaient chaque recoin de ses murs. Il s'est dirigé vers une guitare au fond de la pièce, qu'il a caressé amoureusement du bout des doigts.
_Quand je serai grand, a-t-il dit les yeux remplis d'étoiles, je deviendrai un super musicien est un grand acteur ! Et la plus aimée des idoles ! Les filles dans la rue crieront : Nishikido-kun ! Nishikido-kun ! Tu verras.
J'ai souri.
_Sauf si je te dépasse avant ?
_Tu seras jamais mon leader en rien Tomo-chan !
_On verra ça...
J'ai désigné sa guitare du doigt :
_Tu sais en jouer ?
_Ben...vite fait.
Il s'est assis sur son lit et a empoigné l'instrument un peu trop grand pour lui. Il s'est concentré quelques secondes, et ses doigts se sont posés sur les cordes, faisant ainsi débuter une mélodie un peu simplifiée d'une chanson que je ne connaissais que trop bien. J'ai fredonné avec lui les deux seuls mots que je connaissais quand le refrain est arrivé.
_Hey, Jude...lalalalaa !
Il a chanté aussi, et puis il est devenu tout rouge et a posé sa guitare par terre.
_Bon, on arrête !
_Ryo-chan, ai-je demandé curieux, pourquoi tu rougis tout le temps ?
_Pourquoi tu poses des questions connes ?
Il m'a frappé. Tout le vexe dis donc, me suis-je dit.
_On fait quoi ?
_Ben, je sais pas, on est chez toi …
_Bon. Ben euh. Bah. Hum. Si on se mettait en pyjama, déjà ?
_Oui !
J'ai attrapé mon sac, j'ai sorti les vêtements et on s'est retourné. Je sais pas trop pourquoi on faisait les pudiques alors qu'à l'agence, on prenait nos douches tous ensembles parfois, mais bon. Quand je fus enfin prêt, je me suis retourné. Ryo me faisait toujours dos, et semblait pester sur ses vêtements.
_Ça va ?
_Raaah non ! Qui est l'imbécile qui a...j'arrive pas à...raah !
_T'énerves pas...
Un peu exaspéré, je suis allé jusqu'à lui.
_Laisse, tu fais pire que mieux, lui ai-je dit.
J'ai boutonné sa chemise bouton par bouton, avec une adresse étonnante, et il m'a regardé sans rien dire, puis un léger sourire est apparu sur ses lèvres.
_Mais c'est que tu te sers bien de tes mains dis donc...
Je ne sais pas où il avait appris à faire des insinuations pareils à douze ans mais moi, je ne l'ai pas comprise.
_Euh, merci, j'ai répondu un peu embarrassé quand même.
_Bon ! On regarde un DVD ? Ou non ! On joue avec les soldats ? Ou les voitures ? Ou les deux !
_Et après tu dis que t'es pas un gamin, ai-je soufflé en rigolant.
_Allez ! Ce sera marrant !
_Oui, oui, si tu veux...
_Je veux !
Il s'est précipité jusqu'à une grande caisse cachée en dessous de son lit et il a fouillé dedans, pour en sortir divers jouets un peu vieux, un peu abîmés, ou parfois flambants neufs, qu'il a étalé sur le sol, devant moi. D'abord, on a pris les indiens et les cow-boys, Ryo il prenait les cow-boys et moi les indiens, et comme les cow-boys ils avaient des pistolets et que Ryo il avait monté une super stratégie, c'est lui qui a gagné, sauf que moi ça m'énervait et je trouvais pas ça juste, et puis je suis mauvais joueur, alors bim, dans la tête de Ryo les indiens, et bim sur ma tête son poing. Donc on a arrêté de jouer parce que c'était pas marrant, et on a plutôt fait une grande famille avec tous les bonhommes, sauf que la famille était trop heureuse pour nous, donc on les a tous posés joliment sur la couverture, on a chacun prit un bout, et on a tous secoué en hurlant : « TREMBLEMENT DE TEEERRE ! » Tous les jouets ont été projetés sur le sol et sur les murs, yen a même un qui a perdu son bras, et ça par contre, c'était franchement marrant. Ensuite, on s'est mis sous la couverture, et on a joué avec les voitures. Au début on voulait faire des courses mais on était persuadé qu'on allait encore se battre pour savoir qui gagnait alors on a décidé de faire des accidents, ou d'essayer de faire rouler les voitures jusqu'au chien qui était surpris et partait en courant et en aboyant dans toute la maison. Il était un peu pathétique son chien... finalement, comme il faisait bien chaud dans son lit, on y est resté, et on a attrapé quelques mangas de sa bibliothèque, en faisant des figures d'une extrême complexité pour ne pas tomber du lit ni faire s'écrouler tous les livres sur le sol. On a longuement débattu sur un sujet de la plus grande importance : est-ce que Zoro est mieux que Sanji ? Parce que Zoro, il a pleins d'épées, mais Sanji lui, il a plein d'amoureuses. Mais Zoro, lui, il est hyper classe, quoi que Sanji se bat vraiment très très bien aussi, sauf que Zoro il est beau. Mais Sanji aussi il est beau, beau comme un Johnny's, et en plus il fait bien à manger ! Mais Zoro est plus courageux ! Alors on en est arrivé à la conclusion que Luffy était définitivement le meilleur, et puis Nami aussi, parce qu'elle est jolie et qu'elle a des gros seins. On a continué de parler de tout et de rien. Nishikido veut arrêter l'école. Moi je voudrais continuer mes études. Je sais pas ce que je veux faire, mais j'ai pas envie de m'arrêter dès que j'aurai un diplôme, contrairement à lui qui veut se consacrer uniquement à la musique, et rien d'autres. Il m'a demandé si j'avais des frères et soeurs. J'ai une petite soeur, oui, mais elle m'énerve. Elle est gentille hein, mais énervante. Finalement, au bout de deux longues heures, on s'est endormi. Il s'est endormi sur moi, alors j'ai essayé de rester éveillé encore un peu pour profiter. Parce que j'aime bien Ryo quand il dort. Il est mignon.
On s'est réveillé avec pleins de bonnes choses à manger et un magnifique soleil. Juste quelques nuages venaient entacher le ciel bleu, et un doux vent estival soufflait sur la ville. On est rapidement sorti avec son ballon pour faire un foot, et soudain, il s'est arrêté.
_Qu'est-ce qu'il se passe ?
Sans même me répondre, il me désigna du doigt une fille qui devait avoir notre âge, peut-être un tout petit peu moins, qui était assise dans l'herbe, contre un arbre, et qui lisait.
_Eh ben quoi ? On s'en fout des filles, ai-je dit en haussant les épaules.
_Oui mais pas elle, elle c'est Momose.
C'est vrai qu'elle était mignonne la Momose en question.
_Et t'es amoureux d'elle ?
_Jsais pas, mais elle est vraiment trop mignonne. Et puis elle a l'air gentille.
On a passé un long moment à la regarder, sans parler, et finalement, j'ai lentement acquiescé de la tête.
_Vouais...
Il s'est tourné vers moi en souriant :
_Je parie que je fais d'elle ma petite copine avant toi.
_Tenu, ai-je dit en tapant dans sa main tendue.
On a avancé jusqu'à elle d'un pas décidé.
_Tu lis quoi ? a demandé Ryo.
Elle a doucement relevé la tête, surprise, les yeux légèrement écarquillés.
_Ben...une bande-dessinée...
_Ah...et c'est bien ?
_Oui, c'est bien ! Tu veux lire avec moi ?
_Oui, si tu veux !
_Ryo-chan, ai-je dit alors en remarquant que la situation tournait à son avantage, je pensais que tu n'aimais que One Piece ?
_Ah, s'est exclamé Momose, j'aime pas One Piece, ils sont bêtes les pirates.
_N'est-ce pas ? Je trouve aussi, ai-je murmuré en m'asseyant à côté d'elle.
_C'est pas vrai, a dit Ryo en plissant les yeux, tu es fan aussi.
La fille s'est tournée vers moi en fronçant les sourcils. Méchant Ryo.
_C'est nul de me mentir, a-t-elle dit un peu en colère.
_Ouais, c'est nul hein ? Moi je mens pas. C'est vrai que j'adore One Piece. Chacun ses goûts. Tu veux venir te balader ?
Elle s'est levée d'un bond en souriant.
_Oui ! De toute façon il est un peu ennuyant ce livre, en fait.
_Si tu le dis, a-t-il dit en lui offrant un grand sourire.
Elle s'est approchée de lui et ils ont commencé à marcher.
_Je suis un Johnny's junior, ai-je lancé de là où j'étais.
Elle s'est vivement retournée.
_Moi aussi, a rajouté Ryo.
_Eh ? C'est vrai ? Vous allez tous les deux devenir des Johnny's ?
_Oui, j'ai dit en souriant et en allant jusqu'à elle. Ils disent que j'ai un grand futur devant moi.
_Ils me le disent à moi aussi.
_Et ils disent que je suis très mignon.
_Ah, ça aussi ils me le disent. Lequel est le plus mignon de nous deux selon toi ?
Elle a réfléchi un long moment et a dit à mon ami :
_Je préfère les garçons plus grand, toi tu ressembles à un bébé.
Ryo a fait quelque pas en arrière, en lui jetant un regard si méchant qu'elle aurait pu en mourir. J'ai fait un grand sourire et elle m'a dit :
_Oui, mais enfin toi, tu ressembles trop à une fille !
Non mais elle se prenait pour qui ! Le regard de Ryo s'est aussitôt radouci, pas le mien.
_Tu sais que j'ai déjà joué dans un drama ? a lancé Nishikido d'un ton fier.
_J'aime pas les garçons qui se vantent.
_T'as vu ça ! En plus il a pas de quoi se vanter!
_Toi aussi tu te la pètes, a-t-elle rajouté en se tournant vers moi.
Bon, elle m'énervait de plus en plus, mais pas question que je perde face à mon meilleur rival. Je lui ai attrapé le bras et l'ai gentiment tirée vers moi.
_Allez, on va se balader ?
Ryo n'avait pas dit son dernier mot, il lui a attrapé l'autre bras et l'a tirée à son tour.
_Non, Momose va avec moi, elle me préfère.
_Sûrement pas ! Elle me préfère ! Et elle a de quoi !
_Elle a dit que tu ressemblais à une fille !
_Et toi à un bébé !
On a continué à se disputer ainsi en la tirant chacun de notre côté et finalement elle a crié et s'est violemment écartée.
_Laissez-moi tranquille ! Vous êtes énervants tous les deux, je vous déteste !
_Non mais t'es sérieuse là ? C'est toi la plus énervante !
_Ouais ! Et d'abord, d'où tu traites mon meilleur ami ?
_Tu te crois supérieure parce que t'es jolie ?
_T'es même pas plus mignonne qu'une autre !
_Et d'abord même Tomo est plus beau que toi !
_Vous êtes trop méchants ! a-t-elle dit en geignant.
_ « Vous êtes trop méchaaants » ! l'ai-je imité.
_Vous aurez jamais d'amoureuses, vous êtes nuls !
_Et toi plus tard tu seras vieille et moche et tu pleurnicheras en voyant les deux beaux mecs qu'on est devenu, NA !
Ryo s'est fait giflé. Il est resté interdit, abasourdi, une main sur sa joue rougie, et Momose est partie en pleurant et en criant.
_Pourquoi je me fais taper et pas toi ? a-t-il bredouillé en se tournant vers moi.
J'ai haussé les épaules.
_On en a peut-être un peu trop fait nan ?
_Tu crois ?
_Oui, j'pense. Mais c'est vrai qu'elle est énervante.
_Bon, on fait quoi ?
_Je sais pas. (J'ai fait un grand sourire) Mais hors de questions que je perde !
Je me suis mis à lui courir après :
_Attends ! Momose-chan ! Ryo a été hyper méchant ! Ça va ? Désolé ! J'en ai trop fait, pardon, attends, reviens !
_Non mais tu...
Ryo s'est mis à courir aussi :
_Momose excuse moi ! C'est juste que j'étais triste que tu préfères Yamashita, mais tu sais, j'ai toujours trouvé que t'étais la plus mignonne de toutes ! Reviens ! Pardon !
On a couru de plus en plus vites, fouettés par le vent, en se poussant dans les ronces, en riant et en s'essoufflant un peu plus à chaque pas, et on a vraiment du lui faire peur parce qu'elle courait encore plus vite dès qu'elle nous voyait. On a continué à la suivre, en s'agrippant le bras pour déstabiliser l'autre, et quand on est arrivés devant chez elle, elle était cachée dans les jambes de sa mère, qui criait d'une voix forte :
_Alors comme ça vous faites peur à ma Momose ? Vous voulez que j'aille appeler vos parents ? Ah elle est belle la jeunesse tiens, bande de voyous ! Amenez moi vos parents !
_KYAAAAH UNE SORCIERE ! a-t-on crié presque en même temps.
Ça nous a fait beaucoup rire. Après avoir coursé la princesse, c'est la marâtre qui nous coursait. Sauf que elle, elle rigolait pas. Pas du tout même. Alors on a couru et couru encore, hilares, effrayés, grisés par la bêtise qu'on venait de faire et la peur de se faire attraper. On avait l'impression d'aller plus vite que le vent même, on ne sentait même plus nos pieds toucher le sol. En y repensant, j'espère qu'aujourd'hui, la Momose se mord les doigts quand elle se dit qu'elle a laissé filer le grand Yamapi. On a finalement réussi à la semer en passant par des recoins trop étroits pour une dame, et Ryo s'est écroulé derrière un bosquet, le visage rouge, essoufflé, riant encore de cette aventure, une main sur la coeur, l'autre sur la joue.
_Elle est jolie, a-t-il haleté, mais n'empêche...elle frape fort !
J'ai rigolé et je me suis laissé tomber à côté de lui. Ce qu'on était bêtes quand même. Mais j'étais rassuré. Les bêtises, on les faisait à deux. Pas à trois. Oui, à trois. Car j'avais peur, j'avais encore peur, plus que n'importe quand. Une peur atroce qui me serrait le ventre et bloquait ma respiration. J'avais peur qu'il ne parle que d'Uchi. Peur qu'il m'ait définitivement oublié pour lui. Je l'ai regardé un long moment en souriant, et puis, et je me demande encore ce qui m'a pris, j'ai collé un baiser sonore sur sa joue.
_Je suis trop content d'être ton meilleur ami.
Il est devenu rouge comme une pivoine et s'est vivement essuyé du dos de la main.
_T'es...t'es fou, a-t-il grogné sans même me regarder, c'est un truc de fille ça.
_Alors ils font quoi les mecs quand ils s'aiment bien ? Il se frappent ?
Pour toute réponse, je me suis pris un coup de poing. Mais cette fois, je ne me suis pas plaint.
2002; « La place de leader des Juniors auparavant occupée par Takizawa Hideaki sera désormais attribuée à Yamashita Tomohisa. »
Torse bombé, battons de sucette coincé entre mes dents, une main dans mes cheveux, petit sourire en la direction du garçon un peu plus grand et plus masculin qu'avant qui est assis à côté de moi.
_Je t'avais bien dit qu'un jour je te dépasserai.
Regard dédaigneux, haussement d'épaule, léger sourire et du mystère dans la voix, la grande classe, mon coeur qui se serre.
_Officiellement, ouais.
Tête tournée, sourcils relevés, petit sourire en coin offert par l'agence.
_Mais ça change rien.
Chaise repoussée, jambe tendue. Je m'approche de lui, je serre son menton entre mes doigts, j'appuie sur ses joues.
_Maintenant le gentil Ryo-chan va bien obéir au grand Tomo. Répète : ça change tout.
Bras croisés, mouvement de tête brusque sur le côté, petit sourire sadique, langue passée sur les lèvres, lèvre mordillée.
_T'aimerais bien, hein Pi ? Te sentir puissant. Jte laisse le loisir d'y croire.
Regard supérieur. Et puis il s'éloigne.
Ah putain...merde...la sale nouvelle...Ryo a grandi !
…
_J'arrive pas à croire que mon leader est plus jeune que moi, murmurait l'un.
_J'arrive pas à croire que mon leader est moins classe que moi, renchérissait l'autre.
_Quand je pense que mon leader est plus bête que moi, concluait le troisième.
Les trois K alignés, un grand sourire sur le visage, levèrent le pouce.
_On t'aime quand même Yamapi !
NewS vient d'être formé et je suis en train d'apprendre petit à petit à connaître mes nouveaux partenaires. Autant dire que c'est pas gagné. Leader de ce groupe, ça va être fun. J'ai poussé un profond soupir et une voix d'un jeune homme de dix-neuf aux cheveux courts et aux grands yeux a soufflée derrière moi :
_Si tu veux je veux bien prendre ta place mon petit Pi.
J'ai rigolé. Hors de question. Je m'impose enfin comme son leader en tout, pas le moment qu'il essaie encore de me dépasser ! Ryo avait pris la mauvaise habitude de m'appeler Yamapi, ou Pi, comme tout le monde. J'aime bien ce surnom, mais je préférais quand il m'appelait Tomo. C'était plus intime. J'avais l'impression qu'on était encore plus les meilleurs amis. Je me suis finalement retourné vers lui, mais ce n'est pas sur son visage que je suis tombé. J'ai sursauté.
_Uwah ! Tu m'as fait peur ! Ben...il est où Ry...Ah.
Le garçon devant moi m'offrit un sourire désolé. J'ai hoché la tête d'exaspération. Ryo était accroché à son cou, pendu dans son dos.
_On peut savoir ce que tu fais ? ai-je demandé.
_Hein ? Ah ? Ah ! Uchi, je te gêne ?
_Mais non, a-t-il répondu en souriant, tu sais bien que tu me gênes jamais.
Satisfait, il s'agrippa encore un peu plus à lui. Je reste muet un instant, il me faut un léger temps de compréhension. L'information monte peu à peu à mon cerveau, qui bloque complètement. Ah oui. Attendez...Le Uchi Hiroki de mon groupe, c'est le Uchi de Ryo ? Bah oui. Bien sur. Mais on s'en fout, non ?
_Ah ! s'exclama Ryo. Je vous ai pas présenté ! Uchi, voici Yamapi, ton leader, et Pi, voici Uchi Hiroki, mon meilleur ami.
_Mais t'es bête, on se connait, dit Uchi en riant, on s'était vu à la plage.
_Ah oui ! C'est vrai ! Oh la...la plage...Tu te souviens Uchi ? C'est là bas qu'on s'est rencontré.
_Ben oui que je me souviens.
_On était inséparables !
_Bah ! C'est toi qui voulais pas me lâcher oui !
_Hm...ça avait pas l'air de te déplaire pourtant.
_Quand il s'agit de toi ça me déplait jamais.
_Mais c'est qu'il en veut le Uchi !
_C'est de ta faute aussi ! Tu me pervertis ! Et puis d'abord lâche-moi !
_Ah non je te lâche pas. Faudrait savoir quand même.
_A la plage aussi tu t'accrochais à moi comme ça, tu te souviens ?
_Voui...c'est là bas qu'on a décidé de devenir les meilleurs amis, non ?
_Si... tu es venu me voir et tu m'as dit : « Toi ! Je te déteste ! T'es trop gentil ! » Je t'ai répondu ce qu'il y avait de mal à ça. Et tu m'as dit qu'il y avait rien de mal mais que ça t'énervait parce que tu n'aimais pas être celui qui demande à l'autre : « Soyons les meilleurs amis! » et c'est ce qui s'est passé.
_Hahaha ! Ouiii je me souviens ! Et les gens se demandaient pourquoi on restait qu'à deux!
_Ouais...Qu'à deux dans le sable. On bien dans la mer, quand j'ai enfin accepté d'aller me baigner.
_On s'éclaboussait. Tu me poussais dans l'eau.
_Et tu me le rendais bien ! Tu te souviens quand on a mis des algues et des coquillages dans tes cheveux ?
_Ouiii c'était trop bien ! Gamin, mais trop drôle !
Je n'avais pas besoin d'en entendre plus. Je les regardais tous les deux en souriant. Un joli sourire triste. Que pouvais-je faire d'autres de toute façon ? « Tiens, c'est marrant, je faisais ça avec Ryo moi aussi. Tiens, c'est drôle, j'étais avec vous aussi. Oh, Uchi, tu te souviens quand on jouait à ça à trois ? Et les amis, j'étais là. » …... « Eh, Ryo, c'était pas là bas qu'on est devenu meilleurs amis toi et moi ? » Je m'effaçais peu à peu. Je devais sûrement être réduit en cendres. Je souriais encore. Il y avait un monde autours de moi ou s'était-il définitivement écroulé ?
Fin
Partie 2 déjà dispo, pour que ce soit plus facile à lire.
Cette fic me tient particulièrement à coeur alors n'hésitez pas à laisser une review sur la première partie déjà ne ! ^^
Akinishikido
