Hello ^^ voici un Os qui m'est venu ce matin, sans que je n'arrive à me rappeler de pourquoi et comment ^^ A la base c'était un court Os que je vais diviser en quatre cinq parties, un pour chaque changement de POV (normalement) mais très triste qui use d'un perso que je n'use jamais d'habitude: Timothy. Je me suis rendue comte ce matin de combien il ressemblait à Komui dans la position inverse: un adulte dans le corps d'un enfant à cause de l'innocence et voilà ^^ C'est un OS pour vous faire patienter, tant le chapitre du Vol est long et en prépa et pour faire une légère pause avant de le reprendre ^^
Sinon KomuixReever mais attention ce n'est pas une fic amusant du tout au contraire... Vous voilà prévenu...
Il a pour base de départ une histoire courte de D gray man, où Tmothy, revenant de mission cherche Allen et les autres pour manger avec eux sans les trouver (vu qu'ils sont tous partis) et où Komui voyant sa tristesse, lui propose une partie d'échec à laquelle Timothy met comme condition que si il gagne, il veut un golem comme Timcampy. Mine de rien, ce n'est rien, mais je vais pas mal le mentionner par la suite ^^ Il se situe après le tome 23 que je n'ai pu lire, mais dont quelques recherches dessus en anglais me permettent de me reposer là dessus alors si incohérence il y a pardonnez moi ^^ De toute manière, cela ne va que se concentrer sur trois ou quatre persos,alors...Pas grave ^^
Bon après ces explications, let's go !
Des châteaux de sable
Autour de moi n'est que chaleur suffocante et sable tombant du ciel. On pourrait penser que je suis enfermé dans un sablier géant tant le monde est de sable. Le sablier du temps que je n'ai pas vu passer. Que je n'ai pas pu voir passer. Où étais-je durant ses années d'agonie que tu vivais ma tendre sœur ? Rien de moins qu'en train de lutter pour te rejoindre. Dans l'espoir de vivre à tes côtés, voir ton enfance et tes premiers sourires d'adolescente. Mais on t'a ôté à moi si tôt. Six ans. Ce n'est pas un âge pour lutter. C'est un âge où la vie commence à vous intéresser, vos poupées sont le centre de votre monde. Six ans. On n'a pas idée de prendre des enfants de cet âge dans une guerre pareille. C'est bien ce que j'ai crié quand on t'a ôté à moi. Je croyais après la mort de nos parents que plus jamais cette guerre, ces akumas ne viendraient à nouveau nous briser. N'était ce déjà pas assez payer notre existence que priver d'une enfant de deux ans ses parents ? Plonger un jeune homme de 15 ans dans un rôle de père/frère sans préavis ? Et pourtant, paraît-il, les desseins du Seigneur sont impénétrables..Combien de fois ce jour là j'ai entendu ses mantras comme seule justification. Vous m'avez jeté cent fois ces mots à la bouche, croyant m'apaiser. Et pourtant, depuis la mort de mes parents, je doutais de mes trois ans entre nous deux m'avaient peu à peu ramené foi en Lui. Car nous ne souffrions pas entre nous, nous étions si bien, moi à cramer les repas et elle à rire amusée. Combien de ces matins me sont revenus en esprit à chaque fois que tu me manquais atrocement. Chaque matin je me levais avec l'espoir de te trouver dans ton lit endormie, comme tous les matins je faisais, attendant le petit déjeuner pour te réveiller. Et combien de fois ai je prié pour t'y trouver comment avant, te déposer un baiser sur la joue avant d'aller faire brûler joyeusement le repas sans le vouloir pour la millième fois au moins ? Un nombre aussi innombrable que les grains de sable du monde et du temps. Et à nouveau à son départ, le doute s'est insinué en moi. Je me suis sérieusement demandé si, le monde valait-il vraiment la peine d'être sauvé. Si le combat où l'on entraînait des enfants encore innocents n'était pas plutôt une vraie boucherie. J'ai perdu espoir, un peu. Un an où j'ai coulé, effleuré les ténèbres, où j'errai dans le noir et les ténèbres. Puis la lumière de ton sourire qui peut être pourrait mourir a éclairé mes ténèbres. Comme cela, un beau jour. Je me suis dit que les ténèbres ne feraient que me tuer et qu'elle n'avait pas besoin de cela, en plus de tout, elle qui avait déjà tout perdu par ce monde égoïste et dont j'étais la seule chose qui lui restait. Que je n'avais pas le droit de sombrer quand une si jeune fille avait besoin de moi. Besoin de moi pour vivre, ne pas voir sa vie comme un enfer, besoin de moi pour ne pas perdre son enfance, ses rires, ses émotions, son humanité. Pour qu'on vive ensemble, enfin. Et j'ai construit dans le secret de mon cœur mon premier château de sable. Vivre à tes côtés, assister à ton enfance. Que l'on pourrait être heureux tous ensemble Mais c'était des châteaux de sable. Comme tout le reste. Comme ma vie l'est, comme le sable qui coule de ma main tendue vers le ciel. Car arrivé enfin auprès de toi, tes yeux ne luisaient déjà plus de l'enfance mais de cet âge difficile des adultes. Tu avais déjà enfermée tes sentiments profondément en avais déjà été brisée par ce monde cruel d'adultes. Les poupées ne t'aurait jamais plu. Elles n'étaient que chimère d'un monde rose qui n'existait déjà plus pour toi, dont tu étais exclue à jamais. Plus que ta vie,ta liberté, on t'a volé ton enfance. En étant auprès de toi, peu à peu ta glace a fondu, très légèrement mais elle a fondu. Et puis j'ai cru, naïvement, qu'en étant avec toi, le temps perdu serait rattrapé, que tout serait comme avant, que l'on reprendrait là où l'on s'était arrêté. Naif château de sable que la mer emporte sans mot. Mais je n'ai vu tout cela qu'après, bien après. Je me suis menti à moi-même longtemps. Jusqu'à en ce jour de l'attaque du QG. En face de moi, je n'avais pas une adolescente de 16 ans, comme tu aurais du l'être, mais une adulte. Et plus que tout, voilà ce qui m'a blessé. A fait s'effondrer le château de sable Ce jour là, j'ai réalisé, avec douleur, que tu pouvais déjà te passer de moi.J'ai mesuré les blessures de ton cœur bien plus profondes encore que les miennes, blessures que tu n'as jamais pu voir. Que seul un père ou un frère peut mesurer. Quelqu'un de proche, à tout moins qui t'ai connu auparavant. Je ne pouvais pas comprendre qu'en plus de tout, tu voulais leur donner ta vie, eux qui t'avaient tout aujourd'hui, c'est fini. Tout est fini. Il ne reste rien. Rien du monde. Rien qu'un désert vide et stérile comme mon cœur. Nous nous sommes entre déchiré et la terre n'est à présent qu'un vaste désert. Où j'en suis le seul gardien, le seul mort qui erre au cœur d'un monde de construction de sable. Pas le meilleur que le monde a sauvé. Mais pas le pire non plus. Un hommes aux mains tâchées de sang que le sable a effacé. Homme seul au cœur de chimères mortes et abandonnées. Il n'y a rien à faire ici, à part attendre. Attendre que ma peau se dessèche simplement. Que mon cœur rempli de remords et de morts, de cris et d'horreurs, de blessures se brise et se mêle aux rêves des gens qui imprègne ce suis le gardien de leurs rêves. Le Grand Intendant, chargé de les mener à la liberté et la victoire. Et où donc les ai menés ? Au paradis rien de moins. Tous. Des enfants, des adultes, des vieillards, tous ceux qui ont pris les armes pour finalement sombrer dans la lumière hypocrite. Ma propre sœur. L'homme que j'aime. Il est juste que je ne dorme pas, moi. Il est juste que je paie pour des rêves aussi insultants envers la mémoire et la volonté de Dieu. Et pas même les remords ne peuvent apaiser mon âme. Car comme tout le reste, les sentiments ne sont que châteaux de sable. Ils ne me rendront pas Lenalee, ni Reever ni mes amis, ni les jours heureux à la Congrégation, ni tes sourires, ni ton enfance. Ils sont encore et toujours le poids qui encombre mon cœur. Moi, enfant dans un corps d'adulte. Enfant amené à grandir trop vite pour finalement être privé de celle qu'il voulait aider, pour qui il quittait l'adolescence. Le fou des lieux comme disait Reever. Un sourire tord mes lèvres desséchées. Pourquoi donc souris-je encore ? Après tout, même les mots ne sont que châteaux de sable. Je ne me comprends plus. Il n'y a plus rien à attendre d'ici. Est ce le souvenir ? Oui sûrement. Ils me manquent tous, ceux que je n'ai pu sauver et j'aurai préféré mourir cent fois moi qu' aucun requiem, aucune prière n'y changera rien. Ils sont morts, je vis point. C'est ainsi. Moi le rêveur aux rêves de sable. Je rêvais d'une vie heureuse et tranquille. Château de sable. Je rêvais de ma Lenalee heureuse en sécurité. Château de sable. Je rêvais d'amour, l'aurai voulu cent fois. Château de sable, château de sable, château de sable. Et qu'y a t-il eu de solide dans ma vie ? Ne m'a ton pas accordé le droit de la voir pour mieux la voir s'effondrer ? Assister à sa chute, la commander même ? Je ne sais plus. Des larmes s'insinuent sous mon regard. Mes premières larmes dans ce désert éternel. Mais n'ai je pas le droit de pleurer si vous Mr l'inspecteur général me ne regardez pas ? Non, évidemment... Je le sais sans que vous parliez. En plus de tout, je n'ai le droit à rien. Mes propres sentiments sont châteaux de sable. Mon existence est château de sable. J'expire et inspire du sable, tout ce que je fais n'est que sable qui se change en poussière. Mais laissez moi une fois pleurer, exhaler ma douleur, je vous en supplie. Dans votre vie, soyez au moins une fois clément, mon Seigneur si vous êtes bonté et amour. Prouvez moi que vous êtes amour. Et vous qui me regardez, m'observez, prenez plaisir à mes tourments, détournez vos yeux des larmes d'un château de sable. Bien sûr que ses larmes sont pour vous et moi mais ne dois-je pas être fort ? Et pas un mot à Luberrier si vous avez pitié de moi. Je dois être fort, rappelez vous. Sans sentiment. Un mur de glace. Et pas un enfant au cœur fragile. Les larmes gelées s'insinuent enfin sous mes yeux, je pleure en silence. A quoi bon rajouter au déshonneur de faillir ? Je dois être fort, et je pleure. Pardonnez moi. Pardonnez moi Commandant. Pardonnez moi de ne pas être aussi fort et adulte que vous. Pardonne moi Lenalee d'être humain et impuissant. Un être si imparfait. Je ne vous demande pas de me pardonner, inspecteur général. Vous n'êtes que chimère qui ne connaît pas le pardon. Je n'ai que faire, de vous en vérité. Je peux bien le dire après tout. Vous êtes mort. Alors que pourriez vous me faire. Je vous met au défi tiens. Allez y, j'attends. Non ? Et bien, pour avoir le bras long...J'aurai peut être du ne pas avoir aussi peur de vous avant. Si même dans la mort vous ne venez pas m'embêter... Je ris amèrement. Personne ne peut plus rien pour moi. Ni animosité, ni amitié, en vérité. Seul et abandonné château de sable que la mer refuse d'emporter. Et c'est bien cela qui me tue, le fait de vivre alors que tant de gens le méritaient cent fois plus que moi, que tant de gens méritaient une vie saine. Mais le savoir n'en ôte pas la douleur, au contraire, il l'amplifie. Alors,se taire et marcher, la tête baissée est la seule solution, car regarder les rêves blesse comme autant de trou au coeur de Noés ou de bougies. Ils me les rappelle. Sans cesse. Le repos en les voyant m'est impossible. Et je ne suis pas masochiste, contrairement à ce que l'on pourrait penser avec les Komulins. Je souffre déjà assez pour ne pas en rajouter. Et je me redresse, moi écroulé dans le sable lorsque...je la sent. Une main fraîche sur mon épaule, sa voix dans mes oreilles :
« Grand frère, je suis rentrée...On va enfin pouvoir vivre ensemble, sans soucis, rattraper le temps perdu... »
Autour de moi, le monde n'est plus du sable mais la plaine où se tenait notre Congrégation. Au loin nos amis qui nous observe, moi tournant le dos à ma sœur bien aimée. Parmi eux Reever qui semble m'encourager d'un sourire à me retourner et l'enlacer, enfin comme j'en meure d'envie depuis ta mort. Il n'est pas seul, d'ailleurs à l'avoir ce sourire. Ils l 'ont tous. Mais j'ai peur, Lenalee. Peur que ce soit à nouveau du sable. J'en ai tant de fois rêvé... Que ce ne pourrait être qu'un rêve de plus. Et puis tu reprends, des larmes en ta voix :
« Grand frère... ? Tu m'en veux encore pour notre..dispute ? Je suis, suis si désolée... »
Oh non ma puce, non ne pleure pas. Non, c'est pour que tes larmes se tarissent que je suis à tes côté tu puisses vivre presque normalement. Si tu pleures, je pleure aussi. Voilà, je les sent sur mes joues. Je ne veux pas te faire pleurer. Je ne veux pas que l'on te fasse souffrir plus que tu ne souffres déjà.Et je t'avais pardonné à la seconde où tu avais tourné la tête dans le couloir, mon impulsive femme enfant guerrière, au cœur trop bon et pur malgré tout..Grâce à moi revenue, comme j'ose l'espérer. Tu le sais. N'y tenant plus je me retourne et je te prends dans mes bras pleurant comme toi. Mais je referme mes bras sur du sable. Et à peine cela fait que tout redevient sable. Ainsi c'était donc cela, votre vengeance inspecteur ? Joindre mes rêves aux leurs...Soyez maudit ! Soyez maudit, vous, votre innocence et votre inhumanité ! Rendez moi ce que l'on m'a pris ! Brisez mon cœur enfin ! Ne suis je pas en train de vous maudire ? Bon dieu, punissez cet affront, puisque vous me punissez de souffrir ! Quoi silence radio golem ? C'est une moquerie de plus ou quoi ? Et c'est alors que je bute sur quelque chose. Un couteau. Oh, je vois. Vous croyez que je tiens tant que cela à la vie que l'on me laisse. Vous vous trompez. Vous vous trompez lourdement. Car comme dit Milton, « vivre sans elle n'est pas la vie. » J'en ai assez d'errer loin de vous. Je préfères pourrir en enfer pour mon hérésie. Que mes veines saignent à présent. Là comme cela. ce qu'il faut. Car seule la mort n'est pas château de sable. Elle est bien trop durable pour. Et je crie ton nom en m'effondrant, Lenalee. Lenalee, ma Lenalee que je ne reverrais jamais. Mais que j'aime à l'infin...
OoO
Je me réveille en sursaut, imprégné de sueur, des images de rouge dansant encore dans mes yeux. Les image de mon propre sang. Subitement j'allume ma lumière. Pour découvrir le cadre rassurant de ma chambre, les photographies en noir et blanc d'elle et moi. Pas la moindre trace de désert et de sable mis à part le sablier sur mon bureau dans le coin opposé de ma chambre. Pas la moindre trace de blessures à mes poignets. Pas un bruit à l'extérieur, mais c'est normal. Il est trois heure du matin. Je m'assis dans mon lit, une main contre mon cœur, en me répétant vainement, pour apaiser les battements de mon cœur tremblant :
« Ce n'est qu'un cauchemar, Komui, rien qu'un cauchemar...Elle est vivante, ne t'en fais sont tous vivants... »
Mais je sais bien que rien ne m'apaisera, mis à part un peu de camomille. Comme un vieux, tiens.J'en ris à cette pensée. Car je connais cette sensation, ce rêve. Il me poursuit depuis trois semaines. Depuis son départ et notre dispute avant. Pendant laquelle je n'ai pas eu le temps de m'excuser. Toujours le même rêve lancinant, m'harassant toujours un peu plus à chaque fois. Car je sais de quoi il se nourrit. Mes pensées et mes craintes. Plus ce sablier. Mais je ne m'en déferais pas, pas pour tout l'or du monde. C'est un cadeau de mon ange. Un cadeau d'avant, pour m'aider à ne jamais faire brûler notre repas. Un lien d'avec avant. L'un des rares que le temps n'a pas emporté. Qui répondait à un rêve de plus dans le sable. Même avec lui, je n'ai jamais réussi. Qu'importe toute ma volonté, je n'ai jamais réussi, de toute façon. A quoi que ce soit. Protéger la Scientifique, Allen, Kanda, Lenalee. Tout n'est que château dans le sable, je le sais bien. Et pourtant comme Miranda, je m'obstine, sans cesse, en espérant qu'un jour sera la bonne. Pour toujours voir s'effondrer le château sous la mer divine. Pathétique rêveur, tiens... Je souris alors que je croise mon regard dans la glace face à moi. Pour que je puisse toujours voir si le masque que j'ai mis en place pour dissimuler mes émotions est en place. Je suis pâle à en faire peur. Une telle lassitude dans mes yeux, une telle fatigue...Ce n'est pas digne de l'Intendant que je suis. Mais personne ne me verra ainsi. Luberrier ne dort pas dans ma chambre. Et il ne peut savoir comme il sait dans mes rêves. D'ailleurs, j'ai un étage pour moi seul , n'est ce pas chic ? Ah ah ah... Je suis seul à l'étage, seul dans ma veste, seul dans mon lit froid, seul dans ma peau, seul dans mon corps. Je manque de tout, mais je ne peux rien demander. Ce serait de la faiblesse, voyons, l'humanité... De toute manière, je n'en ai pas le courage non plus. Je suis faible, désespérément faible qui joue au fort. Un enfant jouant le rôle d'un adulte. Par honneur, par fierté, pour ne pas perdre ma place qui sans elle n'a pas de sens. Mais qu'importe, elle reste Exorciste et un jour où l'autre elle reviendra, et ce jour là, il faudra que je sois là pour l'accueillir, empêcher le monde de se durcir encore. Et j'accepte ce rôle. Je l'ai choisi. C'est le prix à payer pour être à tes côtés. M'enfermer. Pour une chimère de sable, le prix est élevé. Au fond de moi, tout au fond de moi, je ne crois plus en rien. Je ne pense pas que nous gagnerions. Nous sommes trop faibles pour. Et je joue à la personne qui y croît de toutes ses forces. Je mens, je mens même si une tout petite partie de moi a toujours une lueur d'espoir en elle. Mais elle n'est que flammèche au milieu de ténèbres. Comment pourrait-il en être autrement après tout ses massacres ? Et puis, personne n'arrive à lire sous le masque que je me suis forgé. Je ne suis qu'un enfant, après tout, ne l'oubliez pas. Les problèmes des autres que je cause, ne me concerne pas, je n'ai pas de remords, hein Reever ? Mais je ne peux t'en vouloir, jamais. Mon masque est si parfait qu'il me trompe moi-même. Alors, c'est là une chose normale...Tu n'as pas le temps de voir au delà, tu as trop de travail à cause de moi...Mais jamais totalement mon masque n'efface les nuances dans mes yeux. Énième château de sable. Lenalee m'a toujours dit qu'ils étaient les expressions de ce que je ressentais vraiment. A part elle, personne ne connaît mon secret. J'y ai veillé. Les lunettes protègent les secrets de mon âme. Comme cela, je suis en paix, peut jouer le dur sans que personne n'en sache rien, jamais rien, pas la moindre parcelle. Pour les traqueurs, j'ai vendu mon cœur à la Congrégation, pour les scientifiques, je n'ai de cœur que pour Lenalee. C'est bien mieux ainsi. Pas de faiblesse. Pas de motifs pour m'attaquer. De toute manière, je suis un irresponsable, hein ? En refusant de grandir totalement, de devenir entièrement le suppôt de la Congrégation, j'ai laissé une grand part de responsabilité, n'est ce pas ? En réalité, c'est pour pouvoir survivre que j'ai gardé mon âme d'enfant, pour ne devenir glacé, pour pouvoir encore m'étonner d'un coucher de soleil sur ma peau. Pour ne pas devenir un adulte désabusé totalement. Ou un adulte enfermé dans u e routine qui au fil du temps amenuise ses sentiments. Drôle de procédé de rester enfant pour rester humain, me dirait t-on si on soupçonnait ce qui se cache en mon cœur. Mais c'est le seul qui marche quand les trois quarts du temps je dois enfermer mon cœur en moi-même pour éviter de me changer en ce masque, maintenir la distance entre nous. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas Peter Pan et l'amertume des adultes m'a rattrapé. Le Pays Imaginaire n'est pas pour moi, ni pour elle. A nous amertume de la réalité. Je suis désabusé, je ne crois plus en rien, ne voit pas la fin, comme vous, plus que vous, même. J'en ai affreusement conscience chaque jour de ma vie. Mais j'ai aussi conscience d'avoir en partie réussi à sauver mon âme des ténèbres quand par exemple mon âme s'émerveille d'un rayon de soleil éclairant avec douceur la Scientifique, traçant alentour des arc en ciel que personne ne voit, absorbé dans sa vie d''adulte. Un trésor mais aussi un fardeau que ce don là. Parce qu'en refusant de perdre la sensibilité de l'enfance, j'ai perdu la dureté qui empêche de s'effondrer. La dureté des adultes. C'est le principe équivalent de la vie. On n' abandonne quelque chose, pour une chose de même valeur. Je ne suis pas aussi fort que vous, je simule, c'est tout. Je suis plus faible que vous, mais je le cache bien. Et puis, je suis plus têtu que vous à toujours essayer en sachant que tout s'écroulera comme le sable dans le sablier ne peut être suspendu. Rêveur qui s'obstine à rêver et qui ne trace que des châteaux de sable dans le ris amèrement en sortant du lit, me dirigeant vers la cuisine privée de mes appartements. Le seul avantage de ma fonction. De ne pas devoir montrer les nuances à la seule personne qui les voit et les comprend mis à part Lenalee. Jeryy. Il aurait tôt fait de s'inquiéter et il n'y a pas lieu. Ce n'est qu'un rêve. Un rêve de plus que je fais depuis trois semaines c'est tout. Certains sont hantés par de massacres chaque nuit, moi je m'en tire à bon compte, non ? Avec mon rêve de désert solitaire. Pas de sang. Ou si peu. Plus le droit de pleurer et maudire Luberrier, me délivrer de l'enfer de solitude dont j'ai peur. Me délivrer de l'enfer d'impuissance dont je suis prisonnier. Plus de masque. Une bénédiction, non franchement. Le seul don de Dieu à mon égard. Mais qui m'effraye à chaque fois. Dont je n'arrive pas à voir le bien. Et que je passes mon temps à fuir en me tuant dans des dossiers compliqués sous les yeux médusés de Brigitte qui ne comprend pas ce revirement de situation mais qui en est ravie, pour sûr. Et quand je m'effondre dans ce lit, vers quatre heures après m'être tué à la tâche, le rêve que je redoute et auquel je me suis préparé me fuit. Une nouvelle chimère de plus. Il est sournois ce rêve. Comme moi. Normal, il se nourrit de moi pour exister. Il vient quand je ne l'attends plus, m'en croit délivré. Et cette fois ne fait pas exception. C'est un peu de ta faute sait-tu, Reever ? Si tu ne m'avait pas trouvé à minuit sur mes dossiers alors que Brigitte satisfaite et stupéfaite me regardait me tuer à la tâche, je n'aurai pas dormi. Si tu ne l'avais pas disputé sans craindre de sanctions de me laisser me tuer à la tâche, ne m'avait pas traîné jusqu'ici. L'espace d'un instant dans tes yeux, j'ai eu l'étrange impression que tu te souciais de moi au plus haut point. Que tu avais peur pour moi. Mais c'est sans doute un rêve de plus parmi tant d'autres. En fait, tu devais avoir peur de la somme de travail que je ne pourrais faire en m'endormant. Mais ne t'inquiètes pas à ce propos. Je ne dors plus, le jour. Brigitte, cette douce enfant y veille. Ange gardien de l'administration centrale. Je souris alors que je fais chauffer une bouilloire, retournant par réflexe le sablier, admirant ses grains dorés. Personne ici ne peut savoir que je cauchemarde. Je tais mes souffrances à la perfection. Mon masque est sans faille. Parfait. Si parfait qu'il me coupe du monde. Parfois même de Lenalee quand l'absence se fait sentir. Car elle seule sait ce qui m'oppresse, mais elle n'est plus là. Alors je dois continuer seul. C'est ainsi. Personne ne peut connaître mes failles, car je n'en ai pas. Vous n'y croyez pas ? Moi non plus. Comment pourrai je quand je les sent sans cesse en moi ? Mais personne ne fera rien pour moi. Je ne le mérite pas. Je ne suis qu'un enfant irresponsable, n'oubliez pas. Il n'y a pas d'ange gardien pour les sales gamins, juste le diable. Et la solitude pour les sales gamins adultes insupportables. Je soupire et c'est alors que je l'entends au milieu de mes réflexions. Un grattement contre ma porte. Je sursaute. Personne ne vient jamais ici. Jamais. Et personne ne sait que cette pièce parmi tant d'autres est ma chambre. Mis à part Reever... Mais pourquoi donc viendrait-il me voir, à cette heure-ci alors qu'il m'a lui-même amené ici ? Pas pour parler, ni pour déclarer de quelconques sentiments. Ce ne sont que châteaux de sable, cela. A moins qu'un dossier urgent ne se soit rajouté à la pile et qu'il soit obligé de venir me chercher... Mais cela ne peut être cela. Il aurait directement toqué à la porte en m'appellant sans crainte de crier s'il le faut. Les chambres des autres sont après tout bien loin de la mienne. Pas en ce grattement désespéré d'enfant cherchant protection dans les bras de plus grand. Oui, c'est cela qu'il évoque. Un désespoir qui cherche à se noyer. Oh, il doit venir m'annoncer une catastrophe, alors. La mort de Lenalee, va. Avec toutes les chances que j'ai... Mon cœur se serre à cette pensée, les larmes de mon rêve reviennent mais j'inspire profondément en fermant les yeux. Allez Komui, il est temps de remettre ton masque, de faire le fort quand on t'apprend la catastrophe. Il va aussi mal que toi, je te rappelle. Tu n'as pas eu de cauchemars de fin du monde, tu as eu une nuit tranquille et belle. Oui, cela manque de conviction mais bon, il ne verra rien tu verras. Par réflexe, j'attrape mes lunettes et une robe de chambre, arrangeant un peu mes cheveux. Mon amour est sans espoir, mais je ne tiens tout de même pas à paraître débraillé devant lui, non mais... J'ai quand même un rang à tenir. Et hop, je vais râler pour la forme, pour paraître normal et ne pas semblé avoir remarqué le désespoir. Je suis un gosse insensible oui ou non ? Conscience, ce n'est pas la peine de nier, c'est un rôle...De toute manière personne ne peut lire mes pensées, alors...Personne ne sait à quel point je souffre. Je me dirige vers la porte en m'exclamant d'un ton râleur surjoué à mes yeux mais parfait aux yeux des autres :
« Commandant, il est trois heures du matin...Même un esprit aussi génial que le mien doit se reposer vous savez... »
Génial, moi ? Oui parfois. A chaque fois que je trouve une idée pour s'en sortir. Mais comme tout le reste...Château de sable. Je traîne des pieds en plus de tout pour convaincre que je suis dans mon état normal d'enfant sans sentiment surjoué en grande partie bien que l'âme d'enfant est elle bien vraie et pas dans un état d'adulte lassé de tout, d'enfant torturé de solitude et de douleur de tout voir échouer, de se sentir si impuissant comme le temps qui passe que l'on ne peut arrêter. Et j'ouvre la porte de ma chambre m'attendant à rencontrer le regard bleu de Reever éclairé par une bougie. Je vois déjà la scène. Mais en fait le néant. Ah, d'accord, en plus de tout, j'entends des voix. De mieux en mieux, allez à ce rythme là l'asile bientôt... Je vais pour fermer la porte quand j'entends une petite voix courroucée :
« Hé mais c'est pas vrai mais vous êtes vraiment trop grand et trop stupide vous, pour ne pas me voir ! Ou vous avez décidé de faire la sourde oreille en me faisant marner, espèce de sadique ! »
Cette voix..Je la connais bien. Celle du petit Hearst. Mais que fait-il là ? Stupéfait, en oubliant presque mes frayeurs nocturnes, je baisse le regard pour rencontrer le regard du petit Timothy Un regard un peu courroucé mais aussi un peu effrayé. Et comme si il avait peur d'être rejeté. Pourquoi ? Et pourquoi est ce que je rejetterai un petit garçon effrayé ? Je ne peux pas. Quand bien même je le devrais, je ne pourrais pas. Pas en sachant tout ce que je n'ai pu soigner. Et que j'ai l'impression que moi seul peut apaiser. Alors je lui sourit doucement. J'ai comme l'impression que comme moi, il a besoin de douceur.. Et je murmure doucement :
« Tel n'était pas mon attention, crois moi. C'est juste que tu m'as surpris. Après tout, ce n'est pas tous les jours que j'ai de la visite par ici. Et encore moins par un petit garçon qui devrait déjà dormir, à l'heure qu'il est..Une chance pour toi que je ne dormais que d'une oreille. »
Je ne peux retenir un léger rire. Mais, il est sincère, lui. Il m'a réellement surpris, Hearst. Et je ne peux m'empêcher d'être taquin. C'est dans ma nature, après tout. Pas seulement mon masque mais moi même. Mon masque n 'est après tout qu'amplitude de ce que je suis quand je ne vais pas bien pour me dissimuler. Quand je vais bien le gosse irresponsable est lui réel. Mais moins que l'on ne croit pour paraître insensible... Et c'est alors que je remarque sa tenue, un pyjama. Il sort donc tout droit de son lit, en réalité... Et ses yeux, oh ses yeux...Ils se parent d'un léger agacement et chasse un temps la douleur. Bingo. Enfin une chose bien faite. Et il s'exclame :
« Ce ne sont pas vos affaires.
-Un peu quand même si cela te pousse à venir me réveiller en plein milieu de la nuit lui fais-je remarquer.
Et lui de taper du pied comme l'enfant qu'il est censé être et que la guerre comme à ma Lenalee ravit l'enfance avant de pester alors que je ne peux retenir un rire soulagé en voyant que l'enfance n'est guère encore morte en lui, une chose rassurante:
-Roh je savais que j'aurais pas du venir vous voir ! Je croyais que vous étiez différent, vous .Je croyais... »
La douleur embrase son regard ainsi que des larmes. Je réalise que j'ai été trop loin. Encore une fois la chimère d'aider s'effondre alors que je réalise qu'il cherchait quelqu'un de différent des autres. Pourtant je suis aussi dur voir plus que les autres non ? Comment peut-il savoir cela ? Cela me stupéfie. Et je sais ce que je dois faire. L'aider, l'empêcher de sombrer, de devenir un adulte enfermé dans un corps d'enfant. Mon inverse et mon semblable. Car ce qu'il cherche c'est quelqu'un qui puisse l'aider. Ce que je voulais pour Lenalee. Je m'écarte alors doucement en murmurant :
« Rentre donc si tu veux, Timothy. »
Je ne rajoute pas la fin. « On parlera. » Je pourrais le brusquer et dans son état, il ne vaut mieux pas. Je connais cet état. On cherche un endroit où laisser ses larmes sortir et que ne vaut donc mieux les bras et les mots de personnes inconnues pour ? Mais, moi, je n'ai jamais eu le courage d'y aller. Un courage qu'il a eu lui, d'admettre sa faiblesse, d'admettre que tout Exorciste qu'il est , il peut faillir. Les enfants, sans innocence dans leurs veines,eux, ont moins d'honneur.C'est pour cela que son cœur est plus fragile que du papier, qu'il risque de se braquer. Car il a été jusqu'à mettre son honneur de côté pour. J'ai sous estimé l'ampleur de la blessure, avant. Imbécile que je je sais au moins ce que je dois faire. C'est déjà ça. Je sais qu'il faut laisser venir, c'est tout. Et le seul moyen de l'apaiser. Et lui de braquer des yeux sur moi un peu angoissés, avec à nouveau cette peur du rejet qui m'est insupportable et auquel j'adresse un sourire rayonnant pour le rassurer, mon sourire spécial Lenalee, lui montrer que comme elle il est en sécurité ici. Et il sourit en retour et s'exclame, un peu fanfaronnant :
« Je suis sûr que je dois être le premier Exorciste à traverser sans encombre votre étage..
- Il y a de grandes chances » souris-je reconnaissant là un moyen de se donner du courage. Il a peur de ce qu'il va trouver. Pas seulement les objets, mais de ce que je vais dire. Mais il n'a rien à craindre. Rien du tout. Et il rentre au moment même où la bouilloire siffle. Et mince, avec tout cela je l'avais oublié. Manquerais plus que je mette le feu à mon étage avec une bouilloire d'autant qu'avec le temps qu'ils arrivent, un Exorciste aurait eu le temps de mourir. Mais au delà de cela un enfant innocent. Que j'aurai presque tué moi-même. Et je ne veux pas de sang de plus sur mes mains. Je me précipite donc vers elle coupant le feu avant de soupirer de soulagement. Ouf. En sécurité.
Et subitement j'entends un léger rire. Le rire de Timothy. Je reporte mon regard vers lui pour le trouver en train de rire, en me fixant du regard avant qu'il ne s'exclame :
« Risible. »
Mais je n'en prends pas ombrage. Je ris même avec lui. Car il a raison. Risible en effet. Et parce que ses yeux ne sont plus tristes, à présent. Et ses yeux vagabondent dans toute la pièce, l'observant, curieux, observant la tanière de l'homme le plus dangereux de la Congrégation. Et moi je l'observe, ravi de cet air enfant qu'il a encore et que nous n'avons pas encore détruit chez lui. Et puis il se tourne vers moi alors que j'enveloppe ma main d'un linge chaud m'apprêtant à saisir la bouilloire après avoir sorti une tasse et un sachet d'infusion d'un placard et s'exclame d'un air malicieux :
« Et bien je croyais que votre chambre serait plus suis même carrément déçu.
«Menteur » je songe amusé. Je vois le soulagement en ton regard, Timothy. Tu ne peux te cacher à un spécialiste des nuances comme moi. Mais mens donc ,si il cela te rassure. Je ferai celui qui ne sait rien, je sais si bien le faire.
-Et non comme tu peux voir renchéris-je. Je ne suis pas dangereux au point de dormir avec mes créations...
-Même avec mon golem ? » Murmure-il, presque doucement, comme par peur de le demander. J'ai l'impression que ces quelques mots lui coûtent cher. Car demandant quelque chose qu'il ne peut faire lui. Et je réalise que je me suis peut être trompé. Qu'en fait de souffrir, il voudrait savoir si ce qu'il a gagné en une partie d'échec contre moi que je ne voulais pas lui faire gagner, comme Johnny par exemple le faisait avec lui puisse déjà venir avec lui. Il doit se sentir seul en mission, sans lien à part cet uniforme froid avec ce qui est devenu sa maison. C'est pour cela qu'il a du m'en demander un bien que la raison pour qu'il me l'ai demandé à moi de manière aussi détournée m'a toujours échappé. Mais ne t'inquiètes pas Timothy, le front t'attendra encore. Je n'ai pas de mission pour toi, promis. Pas pour le moment. Et je souris doucement, m'approchant du bureau qui est le mien, reposant la bouilloire avant de me servir de l'eau chaude dans ma tasse avant de lui montrer le plan que j'ai effectué et que j'ai eu le temps de faire entre deux documents importants avant de me faire disputer par mon ange gardien de l'administration centrale. Et lui soupire mais me rejoint , s'emparant de son plan râlant avec l'impatience d'un enfant qui m'amuse:
« Vous en êtes juste là ?
-Cela ne fait qu'un jour que tu me l'as demandé, Timothy je m'exclame notant amusé l'émerveillement d'enfant devant ce plan qui semble lui convenir au plus haut point. Je peux même presque voir l'admiration que la peur de paraître faible retient embraser son regard un court instant. J'entrevois derrière son regard l'enfant qu'il est toujours et qu'il cache comme moi je cache mes sentiments amers derrière mon masque d'enfant irrespectueux et froid d'adulte aigri. Et j'avais aussi du travail et une assistante pas aussi gentille que le Commandant... »je rajoute dans un que assurément Brigitte ne vaut pas Reever. Parce que lui aurait compris, ce pauvre dessin pour un enfant, ce projet, m'aurait aidé, même malgré la routine qui l'enferme et l'enchaîne à son bureau. Elle, elle l'aurait déchiré si je l'avais laissé faire.
-D'ailleurs vous m'avez l'air sacrement épris de lui pour m'avoir confondu avec lui. Vous l'attendiez ou quoi ? » S'exclame t-il en me regardant d'un air taquin.
A ces mots je sursaute piqué au vif et ne peut empêcher mes joues de virer au rouge vif. J'ai beau me contrôler, je n'ai aucun contrôle là dessus. Mais je peux néanmoins faire semblant. En détournant le regard et conservant une voix calme. Difficile à dire quand mon cœur bat la chamade, qu'en moi mon château de sable hurle qu'il aurait tellement voulu pouvoir l'attendre dans de telles circonstances, que je me pose sans cesse à mon esprit cette question : « Comment sait-il ? » Je l'ai pourtant parfaitement dissimulé...Et comment un enfant qui m'est assez éloigné a t-il pu le deviner si même ma Lenalee ne l'a pas perçu ? Cela m'échappe.. Mais il ne faut pas montrer mon trouble. Surtout pas. Ce serait avouer. Et il pourrait s'il veut me faire chanter avec. Je ne veux pas qu'on lui en parle. Je ne veux pas son mépris, perdre sa confiance que j'ai si peu. Tout plutôt que le perdre, lui aussi.J'ai déjà tellement perdu pour ne pas le perdre lui en plus. Je ne veux que conserver ce château de sable de pouvoir le regarder sans qu'il ne me voit par mépris, qu'il me traîne dans ma chambre, même si c'est par peur des représailles si je m'endormais en plein jour. Je ne veux pas perdre son attention et être seul, comme un enfant qui ne peut être lui même. Pas même auprès de celui qu'il aime.
Je n'ai pas le droit d'inspirer un bon coup pour me donner du courage, encore une fois ce serait avouer. Alors il faut que j'y aille et vite. Par contenance, comme pour contenir mon esprit agité, j'entoure la chaleur de ma tasse de mes deux mains et la soulève en m'exclamant, de profil d'un air de celui qui ne comprend pas :
« Je ne vois pas ce que tu veux dire.. Nos relations sont purement professionnelles..D'ailleurs, ne suis-je pas sa bête noire ? »
Tout est bon, tout est bon, j'ai sauvé mon honneur. Mis à part cette pointe d'amertume qui a percé en ma voix vers la fin. Elle est le reflet de ma frustration, je le sais bien. Je ne peux rien te dire, Reever. Je peux juste te malmener. Et faire passer cela à tes yeux pour du harcèlement pur et gratuit. Le seul que peut te témoigner un gamin irresponsable sans sentiments.C'est là mes seules preuves d'amour, mon seul moyen d 'avoir ton attention. Sans cela tu serais enfermé en tes dossiers sans te soucier de moi. J'agis comme un enfant délaissé que la solitude et l'impuissance qui pourtant y nage. Mais qui ne peut mimer à ton égard l'indifférence. Comme c'est si facile avec les autres. Je ne peux demander ton amour, alors je veux ton attention. Comme tu as la mienne. Et puis, mes folies contribuent à noyer ce que je ressens alors...Cette attention que j'ai si durement gagnée, à présent je ne veux plus la m'est trop précieuse, et pourtant déjà si diminuée à cause de Brigitte. Tu es de plus en distant mais je ne peux pas t'appeler, cela ne sert à rien. Cela reviendrait à dire que j'ai besoin de toi. Et un Intendant n'a besoin de personne. N'est ce pas Luberrier ? Mais cette pointe d'amertume, personne ne peut la connaître, personne ne peut savoir. Il ne sait rien de moi que ce que je veux bien en laisser voir. Non ? Il faut espérer très sincèrement qu'il ne comprenne puis de toute manière qu'y pourrait-il, même si il savait ? Il ne peut rien pour moi. Il n'est...qu'un enfant, malgré tout. Un enfant avec une âme d'adulte, je réalise. Comme elle. Et moi je suis un adulte avec une âme d'enfant. Situation inversée dans un miroir de nos vies. Une enfance qui m'a permis de sauver mon âme d'enfant, que j'ai eu le temps d'avoir. Cela n'a l'air de rien, mais c'est une chance. Une vraie chance, je me rends compte aujourd'hui. Parce que moi, j'aie eu une enfance, une vraie. Mais pas d'adolescence, jamais. A leurs contraires. Pas que je le regrette vis à vis de toi Lenalee. Ce que je regrette, c'est une existence normale que nous n'avons pas eu ni toi et moi. Que nous n'aurons jamais. Qui est morte dès notre naissance. Vain château de sable de plus dans le monde de sable dans lequel nous vivons, toi et moi. Mais tu n'es pas là. Rien ne sert d'y songer plus avant. Rien du tout alors qu'un être semblable à toi au même âge se tient près de moi. Un être chez qui les dégâts ne sont pas encore trop visibles. Il est juste plus cynique qu'un enfant de son âge. Et probablement conscient plus qu'un autre que la mort se tient toujours plus proche de lui. Un enfant ne devrait jamais en sentir si près le contact. Tout cela à cause de l'innocence , cette saloperie d'innocence qui par le pire des malheurs s'est fiché en son front. Qui lui a valu le mépris de tant d'autres, le fait d'être usé comme un pantin par ses propres parents comme le dossier le clamait. Et qui un jour voudra peut être même sa mort. Et pourtant, on m'a demandé, cette gentille sœur supérieure qui t'aimait tant si tout irait bien pour toi. Et moi j'ai du lui mentir, mentir comme on t'a menti en te disant qu'ils ne te tueraient pas parce que tu n'es qu'un enfant. Que l' innocence comme avec ma Lenalee te sauverait. J'ai du mentir, en sachant très bien que ma Lenalee ce jour là a été épargnée pour une obscure raison qui l'est toujours mais qu'il n'en ira pas de tous pareil. Combien en sont morts avant sans être sauvés ? Trop pour que je l'ignore. Et cela me rend malade, d'y songer, alors que tu es près de moi. Mais ne rien en montrer, ne pas t'alarmer. Voilà, c'est une réaction d'adulte cela. Faire le froid et l'indifférent, c'est pour ton bien et pour le mien. Je ne suis qu'un enfant sans sentiment après pas alarmer les enfants. Parce que tu es en un malgré tout. Et d'autant plus à mes yeux qui voient filer ta jeunesse comme eau qui s'évapore, bien plus vite que cela ne devrait. Un autre enfant dirait les choses telles qu'elle sont à son ami et sans se préoccuper des dégâts. Il penserait que serait l'aider. Un adulte lui apprend le mensonge, la tromperie. Par protection. Par amour. Par sadisme. Pour ses intérêts personnels. Il apprend aussi la dureté et à la fin ses situations ne le touchent plus. Mais je ne suis pas qu'un adulte, je suis aussi un enfant qui se cache, qui joue au fort, qui cache derrière un masque de dureté qu'il a sauvé son âme d'enfant sensible pour survivre. Alors mes mensonges me blessent quand je sais qu'il mourra, peut être demain ou après demain comme jamais et que dans tous les cas, moi l'adulte, le puissant, ne pourrait pas empêcher, ne pourrait pas déclarer. Elle est belle la puissance des adultes tiens, pour s'appuyer ainsi sur la vie et la mort d'enfants que déjà demain le monde aura oublié alors que l 'on devrait tout tenter pour les protéger. Les protéger du monde, les protéger d'eux, comme disent les bien pensants en fixant des règles inhumaines, comme vous faites chaque jour Luberrier. Moi, à présent, que je suis des vôtres, cœur insoumis à l'indifférence et à la froideur, âme d'enfant encore sensible qui joue un rôle je dirai plutôt: les protéger de nous. Car je n'ai pas de dons comme les adultes autour de moi. Juste du sable dans mes mains. Et le sable n'a jamais sauvé qui que ce soit. Il a tué, même, les rêveurs assez fous pour le manipuler. Car le sable aime les enfants mais déteste les adultes . Ils ne croient plus en lui ni en rien. Ils n'en ont plus le temps non plus. Et physiquement, je ne suis plus un enfant, même si mon âme est restée en grande partie une âme enfantine, ne vous en déplaise inspecteur et vous tous raisonnables. Vous ne pouvez pas me comprendre. D'ailleurs vous n'avez pas le temps. Là aussi, comportement d'adulte. On ne prend le temps de rien adulte. Car le temps, bien souvent c'est de l'argent. Et puis à quoi bon ? Demain, je pourrai mourir après tout. Un akuma dévaste le QG. Je serai la première cible. Pas grave, la vie continue. Là où un enfant s'arrête et hurle sa détresse, un adulte passe bien vite les yeux baissés. Ne pas s'attacher, ne pas éprouver de sentiments, ne pas les montrer. C'est tellement enfantin, tout cela ici...Mais il n'a pas à savoir a le temps. Et si je peux sauver son enfance, je ne vais pas m'en priver. En sauvant mon masque si je peux. Je ne veux pas que mes sentiments montrent ma faiblesse et te quitter ma Lenalee. Que l'on croit tous que je suis de glace, un gosse sans âme. Voilà c'est parfait. Ils n'ont pas à savoir les tourments que l'humanité que je refuse de laisser, d'abandonner me donne eux qui l'ont laissé tomber au fond d'un puits. Et qui comme les autres n'a pas à le savoir. Il n'est qu'un pion sur l'échiquier pour eux. Et c'est que je dois faire semblant. Qu'importe l'âge, un jour où l'autre il sera sacrifié. Mais je suis un enfant de sincérité et emporte au fond de mon âme la douleur de tout cela. Je me détourne de lui, buvant doucement ma camomille. Je n'attends plus de réponse. Il n'y en aura pas. Il m'a cru. Assurément. Après tout, je ne fais que dire la vérité, une vérité qu'il ne doit pas comprendre, pas encore. J'ose l'espérer pour lui. J'aimerai tellement l'espérer. Laisse moi en l'espoir Timothy. Car si toi tu peux le voir, il peut le voir. Ils peuvent tous le voir. Alors, mon masque s'effondrera et l'on me chassera. Et privé de toi, privé de tout j'irai me perdre je ne sais où, enfant brisé à jamais. Je dois rester, pas pour moi. Pour sauver la Congrégation,éviter qu'elle ne gèle plus encore qu'elle n'est. Pour te permettre Lenalee, toi qui n'avait pas de maison et d 'êtres proches auprès de toi de retrouver ton foyer aimant et les bras de ton frère, si encore lieu accueillant pour toi ils sont. Même si la mission est comme de porter le monde comme Atlas en m'enfermant en moi-même, d'être seul à tout jamais. Une mission que je ne peux que mener avec douceur, et en me refrénant totalement. Mais si je montrais les sentiments qui s 'agitent en moi, ne serai-je pas faible ? Bien sûr que si. Après tout, eux aussi ne sont que châteaux de sable. Car qu'importe que j'aime, veuille aider, jamais rien n'a marché entièrement. Aucune prière, aucune potion, aucun guerre ne se gagne pas à coup de sentiments bien placés après tout. Elle exige de lourds des enfants, des femmes perdant leurs époux, des orphelins, des enfances brisées, des membres arrachés et détruits, des monstres jetés aux yeux des compatibles. Combien d'entre eux ont été rejeté alors que pour le monde ils se battent ? Tant et tant...Mais bon sang Komui, t'enfoncer dans ses pensées ne résoudra rien. Bois ta camomille comme un gentil adulte gelé de l'intérieur et qui bout à l'intérieur. Construis tes rêves de sable en silence. Tu sais si bien faire... Tu y excelles, tu...
« Menteur. »
Ce simple mot murmuré de ta voix, Timothy. Et je pivote stupéfait. Pour rencontrer le regard de l'enfant. Ce regard réduit à deux billes m'arrête, le choc me frappe. C'est le regard d'un enfant qui a appris le mensonge. Qui en connaît déjà le poids sur sa langue. Suis je bête, les adultes t'ont déjà enseigné la duplicité. C'est peut être déjà trop tard. Si tu ne te rends pas compte, et n'essaie pas de sauver ton enfance, on te la volera. Comme avec Lenalee. Elle n'a rien venir non plus et voilà. Une femme enfant partie au loin. Coquille d'adolescente enfermant un cœur d'adulte dont tous sont dont moi seul je déplore la perte d'innocence si vite. Mais te le dire ne rimera à rien. Si tu ne vois pas, mes mots ne feront que t'agacer. Tu me dirais que je te traites avec condescendances, que je veux t'affaiblir vis à vis des autres. Que je ne te vois que comme un enfant. Alors que tu es Exorcistes que diable, notre sauveteur, que je dois te traiter comme un adulte, oubliant la chance que tu as a toujours hâte de grandir, enfant. On veut déjà être traité comme un adulte ,enfant. Enfant, on ne voit pas le bienfait qu'est d'être enfant. On ne le voit qu'après, quand on a tout perdu. Et l'âme d'enfant a déjà filé. Il faut la retenir dès que tu la sens en toi et t'y accrocher, c'est là le secret. Quitte à devenir plus faible que les autres. Avec une carapace qui te fait bien mal à ton enfance, et le pire est évité. J'en sais quelque chose, Timothy. Mais cette guerre ne laisse pas de place aux enfants. Elle ne veut que froids soldats de plomb qui au fil du temps oublient pourquoi ils se battent tant la glace a de prise sur leur âme. Ils sont déjà tant et tant. Et un seul errait en liberté qui le savait, mis à part moi, recherchait auprès de femmes et d'alcools, le sens de la vie qu'ici on lui avait effacé. On a cru que je te haïssais, voulais te ramener à moi. Parfois cru que tu étais mon amant. La vérité est que je t'enviais. Je t'enviais de pouvoir fuir, vivre librement. Dans mon impuissance je voulais aussi t'enchaîner à mes côtés pour être moi seul, me sentir moins faible. Et peut être que tu m'enseignes à moi ce que tu avais trouvé comme vérité pour que je reprenne espoir. Car nous sommes semblables Cross. Mais tu as disparu. Comme tout le reste. Et personne mis à part des disparus ne te regrettent. La vie continue. C'est tout. Que dire à ce mot sinon ? Que les adultes mentent tous ? Je lis dans ton regard que tu le sais déjà. Après tout, on t'a tant trompé entre ton père qui te disait t'aimer peut être et t'utilisait seulement et les sœurs qui disaient que tout allait bien quand tu savais que tout allait mal pour ne pas t'inquiéter. Tu as déjà croisé le mensonge dans l'intérêt, le pire et celui par amour et protection. Te dire que tu mens toi ? Tu te braquerais et me jetterait d'arrêter de te prendre pour un imbécile. Alors le milieu. Je suis très doué pour le milieu... Je lève un index et l'agite en signe de négation prenant une nouvelle gorgée de camomille. Si chaude pour un être aussi gelé en apparence. Étrange. Mais même les adultes ont besoin de réconfort, parfois. Regarde Timothy. Mais je ne suis pas le meilleur exemple. Car moi, je suis encore imprégné entièrement de tous mes sentiments. Normal, ainsi que je cherche du réconfort dans ses conditions puisque je peux sentir le froid m'envahir à votre contraire, vous qui ne sentez que la glace, avait oublié jusqu'au mot même « chaleur». Regarde...l'inspecteur. Il trouve du réconfort dans ses gâteaux, si tant est qu'il puisse en ressentir, évidemment..Au moins est-il satisfait, va... Satisfait de lui, heureux d'être inhumain...Penser à lui me rappelle mon cauchemar, autant l'oublier.. En plus de me donner des nausées... Et c'est alors qu'il s'exclame dans le silence qui s'installe :
« Vous buvez quoi ? »
Je sursaute, ne m'attendant absolument pas à ce changement de sujet. Comme si...Il avait perçu qu'il ne fallait pas aller plus loin...Qu'il s'agit là d'un sujet sensible...Cela me plaît de moins en moins.J'ai l'impression qu'il lit en moi, cet enfant. Et c'est mauvais, très mauvais. Mais ne pas montrer qu'il m'inquiète. Alors avec un sourire, je lui tend la tasse en m'exclamant :
« Tu veux goûter ?
Lui me regarde incrédule, son regard allant de ma tasse à mon visage avant de bredouiller, un air de pure surprise sur lui :
-Ce..Ce n'est pas du café ? Pas du Blue mountain ? »
Je ne peux retenir un léger rire à cette stupeur enfantine, si naturelle et douce qu'ils n'ont pas encore brisé, qu'ils n'ont pas fait taire en te disant d'obéir sans parler. Comme pour moi. C'est sûr me voir boire autre chose que du café a de quoi stupéfier.C'est un élément de mon masque, le Blue mountain. Tu ne peux pas le savoir. Je prétends n'aimer que cette boisson mais en réalité, j'aime beaucoup aussi le lemon soda, le coca et la seule boisson qui m'apaise le soir. La camomille. Je prétends n'aimer que le café pour justifier mes actes de folie de manière plus totale et même si il est vrai que j'adore cette boisson au point que l'on me connaît, ce n'est pas la seule que je consomme. Mais comment pourrait-il le savoir quand tous l'ignorent ? D'autant que le coca et le lemon soda...C'est parce que de ton côté tu les affectionnes tout particulièrement Reever. C'est comme si je te retrouvais dedans à chaque gorgée, retrouvait une part de toi. La seule que je peux approcher un tant soit peu sans me trahir. Car seul en dehors de ses murs où tu es venu de t'y perdre au grand jour personne ne le verra. Mais je ne te le dirais pas. Comme je ne te dirais pas que la camomille m'apaise. Ce serait avouer que j'aurai des motifs pour chercher à m'apaiser. Alors je vais me contenter des explications basiques. Ce sera parfait, bien dans mon rôle. Et justifiera mon petit rire qui m' a attiré tes yeux furieux. Mais ne t'en fais Timothy, je vais te ménager, je te le promets. Et je m'exclame doucement :
« Tu sais, Timothy, j'avais l'intention de me rendormir, après, et le café est un excitant naturel dont j'ai besoin plus que tout parce que sans je m'effondrerai endormi sans pouvoir être réveillé. Mais pour dormir, il ne sert à rien. »
Tout cela est vrai, très vrai. Sans café, sans ce rare plaisir, je m'effondrerai. Que voulez vous, la nature ne nous crée pas tous endurants. Et le café fait partie de ces rayons de soleil que je continue d'admirer quand d'autres boivent sans réfléchir, vivent et traversent le monde sans prêter la moindre attention à ce qui les entoure pour se rendre compte sur leur lit de mort qu'ils n'ont pour ainsi dire pas vécu. J'apprécie chaque goutte de ceux ci. Chaque goutte me rappelle la vie et je la déguste comme je dégusterai bien volontiers la vie avec Lenalee, si on me laissait faire. Si on nous avait laissé un enfant je profite. Et le café est ce qui me rattache à la vie, aux sentiments, ma Lenalee quand je ne peux me libérer de mes chaînes, que ma Lenalee est au loin. Je me la rappelle toujours quand j'en bois qui regardait d'un air curieux la boisson noire dans ma tasse petite, qui m'en demandait avant de s'exclamer que c'était amer. J'en ris souvent encore à ce souvenir, écho de ce rire qui me prenait à chaque fois. Mais depuis le sang s'est glissé dedans et notre insouciance et ignorance des choses de la guerre et de l'innocence s'est elle estompée comme brume au lever du soleil. Et pour oublier la vie, le rappel de la vie, des souvenirs est en plus d'être biologiquement mauvais ne sert à rien. Double inutilité pour le Blue moutain. Mais tout cela tu n'as pas à le savoir. Tu n'as pas encore eu le temps d'associer quelque chose à de grands souvenirs. Et ici, rien te le rappellera jamais. Il n'y a pas d'humanité pour. Mais cela viendra un jour. C'est dans l'ordre des choses. Si tu peux vivre jusque là..Évidemment. Mais n'y pense pas Komui. Voilà chasse ta mélancolie de ton va bien, tout vas très bien. Souris, Komui. Il va vivre, il n'est pas en danger. Répètes le toi à jamais. Même si tu sais que ce n'est qu'un château dans le sable. Si tu sembles y croire, tu ne l'alarmeras pas. Et au fond une partie de toi n'y croit-elle pas encore ? Cette partie de toi qui cherche toujours à protèger tout en sachant que c'est vain ? Fixe ton regard dans ses yeux. Tu vois la lueur ? Leur vivacité ? Tant qu'elle brillera, il est vivant. Raccroche toi à cela, même si tu sais que demain, peut être ils seront vides et froids. Il faut oublier. Jouer l'insensible. Il n'a pas besoin de ce poids là en plus. Il en a déjà tant sur les épaules. Le poids d'Atlas qui voûte déjà son dos. Si jeune et déjà le sort du monde sur les épaules. Pion d'un jeu dont l'échec pourrait nous briser tous si ton innocence était ce stupide cœur précieux que l'on cherche tous. Comme je te plains cœur précieux. Ton poids doit être encore plus lourd à supporter que le nôtre. De devoir te terrer derrière tant d'autres. J'espère qu'au fond de toi tu souffres de devoir prendre pour bouclier des enfants. Comme je souffre moi de devoir me terrer derrière ses mêmes enfants sans rien pouvoir faire pour les sauver. Alors que toi tu en aurais le pouvoir. Et tu ne fais rien, ne dis rien. Les laisse se briser en silence. J'aimerai pouvoir te dire que je te déteste mais en vérité je t'en envie et je t'en veux d'avoir ce pouvoir que je n'ai pas, de te terrer là où d'autre meurent sans avoir pu être sauvés. Mais peut être toi-même ignore tu l'ê ne sais c'est le cas, je te pardonne. Mais qu'aurais tu à faire du pardon d'un enfant adulte qui ne le dirai jamais ? Pour mon masque tu es ce que je cherche. Pour mon être intérieur, une source d'espoir comme de désespoir. Qu'est ce que cela changera de t'avoir même si le Comte te craint assez ? Tu es une innocence de plus. Tu briseras la vie d'un autre encore une fois. Pourtant une partie de moi espère que tu vailles la peine de tant de ces morts en ton nom. Que t'avoir sauvera bien plus de gens que ce que nous avons perdu, déjà. Mais c'est ce rêveur qui en moi parle. Car je sais déjà que rien ne te distingue des autres. C'est un château de sable de plus dans ma vie. Mais à quoi bon se perdre dans de telles pensées ? Ce n'est ni le moment ni l'heure. Parlons plutôt. Je te souris et m'exclame à ton intention reprenant alors que je surprends ton regard mitigé, interrogateur se posant sur ma tasse, ce regard d'un enfant en pleine découverte qui me fait encore réaliser que nous ne t'avons pas entièrement brisé , qui m'amène à moi un sourire en voyant cet enfance luire en ton regard que je n'ai pas vu disparaître des yeux de ma Lenalee et qui brille vaillamment en les tiens, fière résistante :
« C'est de la camomille. Tu peux goûter, si tu veux. »
Prudemment, tu l'amène à ta bouche, laissant le liquide effleurer tes lèvres dans une attitude tendue d'enfant qui ne sait à quoi s'en tenir. Mais il y a aussi ce pli au coin de tes lèvres qui se demande s'il y a un danger. Ce pli ne devrait pas être là. Tu devrait, si tout était normal rire, courir sans avoir peur d'un danger, sans pouvoir l'évaluer, découvrir les plaisirs de la vie sans avancer avec prudence. Mais à cause de cette arme au nom mal choisi, tu deviens un hybride d'enfant et d'adulte dont les frontières sont floues et dont bientôt l'innocence se nourrira de tout ce fait de toi un enfant comme avec Lenalee. Mais pour le moment, ce n'est pas le cas alors que ton visage se couvre d'une grimace purement enfantine qui me fait rire tant elle est naturelle et que ce monde ne t'a pas encore ôté et que tu t'exclames à mon intention :
« Pouah mais c'est mauvais ! C'est une boisson de vieux ! »
Je ris plus encore à ces mots naturels. Il n'a pas tort, au fond. Mais, pour lui, je suis déjà vieux non ? J'ai 29 ans. Pour un enfant autant dire l'éternité. Pour un compatible, un miracle. 29 ans de vie, 14 ans de larmes et de sang. Alors quoi qu'il arrive, je reste vieux. Alors tout naturellement je m'exclame persuadé que tu ne me détromperas pas :
« Mais je SUIS vieux.
-Non.
-Non ? » Je m'exclame avec surprise. Elle m'échappe et s'envole de ma bouche, ma surprise. Comment pourrais je la retenir quand tu me dis de telles choses ? Comment tu peux me dire cela en me regardant droit dans les yeux avec ce regard sûr de toi , cette sûreté d'adulte? Je suis pourtant un adulte d'âge, de corps aussi. Cela devrait suffire pour que même un compatible dise de moi que je ne suis pas je ne comprends ni ton regard planté directement dans le mien ni tes mots. Je ne comprends pas où tu veux en venir par ses mots. J'ai beau être un génie je ne comprends pas. Mais ne pas montrer mon incompréhension. Faiblesse ultime que ce serait. Faire semblant de comprendre. Où essayer de te ramener à la réalité, au risque de te braquer. De te voir quitter les lieux en me jetant des mots durs comme les autres. Je crois qu'il vaut mieux après tout. Parce que à travers ce regard j'ai l'impression que tu lis en moi. Une impression que je n'ai jamais eu avec quiconque d'autre avant toi. Et personne ne doit savoir qu'au fond de moi, je ne suis pas ce que je prétends être entièrement. Je ne veux pas que ce qui m'ôterai de toi ma Lenalee apparaisse au monde. D'autant que je sais bien, très bien que même si je me montrais tel que j'étais, je ne serais qu'incompris, qu'un être faible et je préfères être incompris pour quelque chose que j'ai construit de toute pièce que pour quelque chose qui m'est naturel et juste. Que personne d'autre mis à part moi puisse comprendre. Je suis seul à encore m'attarder sur de tels sentiments, à refuser de me noyer dans les ténèbres de la routine. Même si la solitude me pèse. Que j'aimerais, au fond ne plus être seul, abandonné de toute part. Mais comment pourrais-je rêver d'avoir à mes côtés quand ce rêve m'est même illusoire ? Je ne peux rien demander sans être faible. La personne qui me comprend le mieux est partie au loin. Vivante ou morte sans que je n'en saches rien, n'aies aucun moyen de le savoir. Avec cet éclat d'adulte au cœur qui plus que tout dans le néant pourrait la plonger. Qui me dit que bientôt je ne te retrouverais pas brisée totalement, une combattante de glace se battant sans se souvenir de pourquoi comme tant d'autres? Rien. Et je dois vivre avec cela, pour toujours, voir grandir cette angoisse à chaque combat que tu fais, chaque camarade que tu perds, chaque larme que tu verses. Et personne ne peut se douter de oh combien c'est dur. Pour tous les autres, c'est une preuve de maturité. En réalité c'est juste que ce monde est en train de te briser sans que je ne puisses rien faire pour t'aider. Car tu n'as rien vu de ce qu'on t'a volé. Tu n'as vu que le frère enlevé. C'est ainsi. Rien de ce que je pourrais faire ou éprouver n'y changera rien. Tout ce qui est entre mes mains est château de sable jusqu'à ma propre existence. Tout ce que je fais, pense, dit n'est que sable entre mes doigts, après 'importe que je me débats dans mes chaînes, hurle, personne ne me sauvera, ne m'aidera car personne n'est capable d'entendre les cris au fond de moi, de voir ce que je voudrais. Et personne n'est là pour me dire qu'il sait ce qui vit en moi, qu'il me comprend, personne n'est là pour me dire que j'ai raison de vivre, m'agiter, personne ne peut m'encourager. Car ce qui m'anime n'est que château de sable d'une faiblesse innommable et intolérable à leurs yeux. Une faiblesse enfantine. A quoi sert de lutter et pourquoi comme les autres adultes responsables ne pas me laisser entraîner par le système ? Je ne suis qu'un pion sur l'échiquier, moi aussi après tout. La tête pensante de la Congrégation. Laissez moi rire. Le pantin de Luberrier, oui. Un pantin au masque trop parfait, pour vivre en paix car les faibles ici s 'écroulent. Ceux qui ont des émotions, des regrets, des remords sont les premiers à tomber. Voilà le dur monde des adultes. Un monde où les émotions n'ont pas place, un monde qui ne connaît que duplicité, traîtrise et inhumanité. Un monde gouverné par les rêves brisés, où les adulte normaux n'ont plus de rêves et se laissent bercer par les ténèbres. Plus de rêves moraux ou humains, plus de rêves altruistes et désintéressés. Oh ce que j'aimerai que tu ignores tout cela Timothy encore un peu. Mais te protéger de cela m'est impossible. Probablement un château de sable de plus. Car je ne peux rien dire pour baisser le masque. Tu ne peux que venir à moi. Et tu ne le feras pas, parce que comme les autres, je suis adulte, je ne vaux pas mieux, je vaux pire à en croire les traqueurs. Parce que tu n'en ressent pas le manque que pour toi c'est fierté de voir le monde avoir besoin de toi, que l'on te traite déjà comme un adulte tout en t 'assurant que les risques sont minimes. Alors je murmure, comme ce que l'on attend de moi, en bon adulte raisonnable espérant te faire fuir en te traitant avec hauteur comme un adulte normal le ferait même si cela me blesse, par peur d'être plus isolé que je ne le suis déjà, par peur de montrer ma faiblesse:
« Mais enfin Timothy, un adulte à 29 ans ne peut être considéré comme jeune et..
-Je n'ai jamais dit que vous étiez jeune non plus. Et sur quoi vous basez vous pour ainsi l'affirmer ? »
Ses mots me stupéfient. Ils remettent en question une logique purement logique d'adulte, je réalise. Hors lui est un enfant. Un enfant à âme d'adulte. Un enfant qui bien que pris dans une glace d'adulte continue de se manifester. Un peu comme moi-même je le suis. Mais tu sais bien que ne pas montrer ta stupeur est la base. Ton masque Komui, ton masque. Ne l'oublies pas. Ne l'oublies jamais.
«Hé bien sur le nombre d'années qui séparent cette année du jour où je suis né » je réponds. Mais ma voix manque d'aplomb. Tu es en train de me déstabiliser totalement, Timothy. Je ne vois pas où tu veux en venir. Je ne comprend plus rien. En même temps qu'une partie de moi réalise qu'en effet, évaluer cette chose à propos de ce que l'on ne fait n'a en elle-même aucun sens. Car ce n'est parce que tu es adulte que tu agiras comme tel. De même un enfant pourra être un adulte dans son comportement. Voyez ce que fait l'innocence de nous. Des enfants au comportement d'adulte. Je réalise au moment même où je la formule cette idée combien elle en est fausse. Mais ne rien montrer, ne rien trahir si possible. Voilà rester neutre tandis qu'étrangement malgré tes commentaires de tantôt tu reprends un peu de la tisane, comme si tu cherchais à t'apaiser car la grimace elle, ne s'efface pas de ton visage. Comme si toi aussi tu avais eu un cauchemar. Mais à la base, n'es tu pas venu juste pour le golem ? Mais je réalise que c'est faux subitement. Parce que si c'était le cas, tu ne serais pas venu en plein milieu de la nuit, n'aurait pas eu ce grattement désespéré et serait déjà reparti. Il y a autre chose derrière, assurément... Mais quoi d'autre ? Que pourrais-je pour toi qu'un autre ne peut pour toi ? Tu as au moins Emilia à tes côtés non ? Après tout ne suis-je pas qu'un adulte inhumain de plus parmi tous les autres ? Alors qu'ai-je donc de plus pour que tu viennes me chercher, moi tout particulièrement ? Alors que je suis si éloigné de tous les autres ? Je ne sais plus alors que tu me regardes de tes yeux d'enfant sans faille et dont je sais que tu perçois mon ahurissement. Et dont je commence à me rendre compte que ce n'est peut être pas la seule chose dont tu te rends compte. Mais pourquoi toi ? Je ne comprends pas. Et je suis sûr que ma surprise se traduit dans mes yeux en petites nuances à peine visibles mais je suis sûr que tu les vois comme je le devine à ton sourire alors que tu t'exclames :
« Moi, je ne pense pas que ce soit un bon critère. Regardez, vous par exemple. Vous êtes un adulte, et pourtant votre cœur est celui d'un enfant. Aussi pur que lui.
Je sursaute. Je ne peux pas te laisser dire. Je ne peux pas te laisser annihiler mon masque de la sorte. Et pourquoi fais-tu cela Timothy ? Je ne te comprends pas, mais alors pas du tout. Mais je dois sauver les apparences où peut être que demain tout se verra. J'ouvre la bouche pour protester que déjà tu t'exclames :
-Dites, pourquoi les adultes mentent-ils sans cesse ? »
La question me prend au dépourvu. Elle n'est tellement pas celle à laquelle je m'attends que cette fois la surprise s'empare entière de mon visage. Je ne songe même pas à te mentir. Pas alors que tu as l'air si écœuré par cela, un air d'enfant qui déteste tant ce monde mauvais de mensonges. Que cette réflexion soit si en écho des miennes. D'autant que j'ai l'impression à ton regard que tu attends de moi la plus grande sincérité, et que le moindre mensonge te briserait un peu plus. Que je suis ton dernier rempart. Mais ton dernier rempart de quoi, je l'ignore. Aussi je m'exclame avant de me ressortir une tasse et un sachet de camomille et de me reverser de l'eau bouillante vu que tu as l'air de vouloir garder ma tasse et qu'elle semble te rassurer comme moi auparavant par sa chaleur :
« Par amour. Par protection. Par intérêts personnels. Par sadisme.
-Et à moi pourquoi on me ment ? Tu murmure d'un air désemparé. Si je suis censé être un sauveur, pourquoi ? On me répètes sans cesse qu'il ne m'arrivera rien, d'être bien gentil, de ne pas poser de question et d'obéir comme un adulte. On me dit d'être fort, de ne pas me comporter comme un enfant...
-Mais pourtant c'est ce que tu es j'achève à sa place. Et tu ne comprends pas pourquoi. Pas pourquoi tu devrais effacer ce que tu es. » Tu acquiesces, tes yeux ne quittant pas les miens m'interrogeant du regard à la recherche de quelque chose. De cette réponse que les autres te a l'air d'un enfant tellement perdu en cet instant. Désemparé, brisé, qui ne comprend plus le monde dans lequel il vit. Qui cherche quelqu'un qui le comprend. Et je réalise ce que tu es venu chercher. Quelqu'un qui puisse te comprendre, qui puisse comprendre ce que tu ressens. Ce sentiment d'oppression que la société t' sentiment qu'on t'arrache quelque chose, que le monde te semble incompréhensible. Tu ne sais pas pourquoi tu dois porter un poids qui n'est pas tien. Et à mon contraire, toi, tu as encore le temps d'appeler au secours sans paraître faible. Je connais par cœur la sensation. C'est un appel au secours que tu me lances ce soir. Tu te sens moins seul quand tu me contemples, tu trouves en moi ton penchant. Ton alter égo dans la position inversée. Tu veux te sauver de leurs corruptions d'adulte. Comme moi. Tu me lances l'appel que je n'ai pu recevoir de ma Lenalee. C'est là, oui c'est cela. Je le lis dans ton regard, ces mots que tu ne prononces pas. Je suis devenu expert des nons dits, depuis que je les exploite sans cesse. Je réalise alors que les larmes envahissent tes yeux, toi qui ne pleure jamais. Petit soldat de pierre à qui on répète sans cesse que tes larmes sont une faiblesse. Tu n'as pas peur de me les montrer à moi. Car tu sais que je te comprends, que tu m'as compris derrière mon masque. Que tu sais que moi aussi je pleurerai volontiers. Que tu sais que comme toi mon cœur hurle et que je dois le faire taire comme on te demande à toi petit bonhomme. Et tu ne comprends pas ces hommes. Comme je ne les comprends pas. Tu ne veux pas le faire taire, mais tu ne veux pas être seul. Mais toi tu peux appeler au secours. Et tu le fais. En me montrant ta détresse. En me faisant réaliser que tu as conscience de ce qu'on t'enlève et que tu ne veux perdre. Je le lis dans tes yeux. Car en cet instant, seul eux trahissent ta tristesse et ton incompréhension. Mais déjà ce moment s'éloigne un peu, puisque tu essuies les larmes de tes yeux au moment où je veux t'apaiser, renvoyant un peu plus loin cet éclat d'enfant perdu et que tu t'exclames, ta tristesse se traduisant par des mots cette fois :
« Pourquoi donc, alors ? »
Tu ne comprends pas. Tu sais, mais cette fois-ci, tu ne veux plus que ce soit des pensées qui l'exprime. Tu veux l'entendre clairement, une fois, de la part de quelqu'un qui en théorie est un adulte. En théorie car tu sais que mon âme n'est pas adulte comme la leur. Que je ne sais comment, tu as su ne pas être des leurs. Tu ne veux plus que ce ne soit que murmure que tous te cachent. Comme un enfant que tu es, tu veux la vérité. Et qu'importe qu'elle soit blessante ou non. Il te la faut. Les pensées ne te suffisent pas. Il te faut plus. Les mots que personne ne prononce. Que tu me demandes à moi,au cœur semblable au tien encore capable de vivre. Les mots qu'aucun adulte ne te dirai en temps normal. Tu veux que j'annihile face à toi définitivement mon masque en trahissant leur secret. Car pour le moment mis à part de toutes petites choses, à aucun moment je n'ai laissé vraiment entrevoir mon cœur. Tu n'as fait que deviner, je ne sais toujours comment. Tu veux qu'à présent que tu m'es révélé que toi aussi tu souffres de la même manière, a conscience de ce que l'on veut t'ôter, je fasses de même. Tu veux me montrer que je ne suis pas seul à souffrir, et tu as aussi besoin de moi car comme toi avec la mienne, je suis le seul à comprendre ta douleur, à pouvoir t'aider. C'est un appel au secours mais c'est aussi un moyen de me montrer que je ne suis pas seul. Que je ne suis pas si impuissant que je ne le pense. De briser mes chaînes. Qu'à défaut de sauver Lenalee ou les autres, je peux au moins le sauver, lui. Sans don, sans innocence. Rien qu'en étant moi-même sans phare. Et lui peut m'empêcher d'être seul dans les ténèbres. Qu'ensemble nous pouvons nous sauver du néant qui nous menace chaque jour. Rien qu'en étant nous-même rien qu'entre nous vu que le monde autour de nous nous bride et nous en empêche. Pour ne pas nous laisse dévorer par la routine et la glace qui menace partout ici. Un peu de sincérité dans le monde, pour se sauver des masques, ce que l'un comme l'autre nous voulons et que nous sommes seuls à pouvoir nous accorder. C'est le premier rayon de lumière qui vient éclairer mon âme depuis que j'ai réalisé à quel point je t'ai perdu, Lenalee. Pour la première fois depuis que je suis seul, abandonné à ne plus croire qu'en des chimères, persuadé de ne rien pouvoir changer, alors qu'en moi-même, je tenais mes yeux repliés derrière mes mains dans mon désert de sable sous une nuit éternelle, une lumière vient se dessiner sous mes yeux, me réveiller, me redonner un peu d'espoir. Même si peut être tout cela n'est qu'un nouveau château de sable. Mais celui-ci à une constitution plus solide à présent. Il s'agit d'un rêve que je peux effleurer et qui ne se diluera pas. Car petit et dissimulé au reste du monde. Qui si il le connaissait le détruirait. Alors chut, taisez vous, laissez moi rêver à quelque chose de réel pour une fois. Et je scelle mon destin en m'exclamant avec douceur :
« Ceux prisonniers de la routine avec un cœur très dilué te diront que c'est pour te protéger. Ceux qui vivent comme Luberrier pour que tu reste dans leur camp quoi qu'il arrive. Ils t'achètent.
-Protection stupide » tu renchéris, ce que je ne peux qu'acquiescer. Un enfant aussi peut comprendre ce que l'on lui dissimule. Et le dissimuler fera plus de mal encore.
Tu as tout à fait raison, Timothy. Un enfant est loin d'être aussi crédule que ce que l'on pense. Et encore moins à l'abri de la douleur de ceux qui l'entoure. Il peut voir les bouteilles que ses parents consomme, les coups que se prend sa mère, entendre les disputes et même si il se tait, cela ne veut pas dire qu'il ne comprend pas. L'amour que l'on simule à son égard,la volonté de protéger qui en réalité n'est liée qu'aux intérêts personnels, la volonté de protéger pour t 'éviter de t'inquiéter, t'effrayer. Un enfant plus qu'un adulte y est sensible, je le sais très bien. Car le cœur d'un enfant n'est pas habitué au flux de ténèbres qui engloutissent les âmes des adultes qui lassés d'y résister, de souffrir si laissent entraîner pensant grandir, mais se changeant en statue de glace. Quand on est adulte on oublie ce qu'est être enfant. On ne voit cela qu'à un âge régressif. Alors que bien souvent c'est la jeunesse de nos âmes, l'âge où on est plus sensible et tout particulièrement à ce qui est caché. Mais qu'est ce qui est mieux, le dire ou non ? Je n'ai pas la réponse. Dans notre cas, néanmoins, c'est le mensonge qui nous tuera. Alors je ne mentirais pas Timothy, qu'importe ce que tu me serais toujours sincère. Je t'en fais la promesse, ce soir, sur la camomille que nous buvons tous deux, hybrides de deux âges qui se cherchent pour se sauver. Et tu réalises ce que je viens de faire tandis qu'en portant la tasse à tes lèvres tremblant un peu tu murmures doucement en un ultime aveu :
« Je me suis réveillé cette nuit en hurlant. Et je me suis rendu compte que j'étais seul dans la pièce. Habituellement, je dors avec l'un des Exorcistes parce que je n'ai jamais eu une nuit correcte depuis mon premier akuma. Mais cette nuit mis à part moi, il n' y avait personne. J'ai réalisé subitement ce soir combien j'étais isolé, seul, abandonné. Combien personne ne pouvait comprendre ma douleur. Que j'étais seul. Qu'il n'y avait personne pour me dire que c'était normal d'avoir mal, de ne pas vouloir mourir malgré tout l'honneur que c'est de mourir pour le saluer du monde. Je me suis souvenu que personne n'écouterait mes plaintes, ne prendrait le temps, voire que l'on m'en blâmerait. Que j'étais seul, isolé. Que je commençais à perdre même Emilia qui assommée par la fatigue n'a rien entendu. J'ai réalisé combien l'innocence et la Congrégation nous détruisait, elle et moi. Elle devient de plus en plus dure pour être forte comme les autres et moi je suis de plus en plus réprimandé pour vouloir vivre comme un enfant. On me dit de plus en plus que c'est une offense à Dieu, d'être sérieux. Et de plus en plus je me trouve à agir comme un adulte au point que bientôt peut être je ne saurais plus l'être. Et je ne veux pas perdre cela... Non je ne veux en est ce vraiment une, dites moi Komui... »
Les larmes affluent à nouveau dans tes yeux alors que ta détresse apparaît sans peur à mes yeux et que mon nom te vient pour la première fois de ta vie à mes lèvres. Que je mesure à quelle point ta peine est encore plus profonde que je pensais. Qu'elle est si similaire à la mienne. A la différence que chez toi, celui qui s'éloigne n'est pas le Commandant. Et qui si cela continue sera aussi éloigné que m'est le Commandant. Je réalise combien la solitude sur ton âme est encore un poids plus lourd à porter. Un enfant seul n'est de tout manière jamais heureux. Aucun être seul n'est heureux. On s'imagine l'être, on s'en convainc même mais le résultat est le même. On se convainc de ne n'avoir besoin de personne pour pallier à l'absence que l'on en ressent. Et si on reste trop seul, on finit par parler aux objets pour ne plus l'être. On cherche toujours consciemment ou non une personne pour ne pas être seul. Et tu es comme tous les être vivants Timothy. Toi tu as e droit de ne pas vouloir être seul. Tu as le droit de venir me chercher. Sauvons nous ensemble puisque le monde ne peut nous sauver. Alors chasse de tes yeux cette lueur de désespoir, cet écho d'adulte qui te revient, ce scrupule à révéler ta faiblesse qui réapparaît. Il n'est plus temps de reculer, Timothy. Et je ne te laisserais jamais tomber, Timothy. Je préférai mourir plutôt que te laisser aux ténèbres glacées de l'âge d'adulte. Pou toi, je brise ma glace, regarde, moi qui n'est jamais pris dans mes bras que ma Lenalee, je vais te prendre dans les miens, là comme cela. Je serai les bras que tu cherchais au sortir de ton cauchemar. Celui qui calmera tes angoisses. Et je murmure doucement, à voix basse :
« Ce qui est la véritable offense à Dieu c'est le fait de devoir vous voler ce que chaque être a de plus cher, son enfance. Pas celle de ne pas vouloir lui sacrifier. Il ne l'aurait jamais voulu, si il est ce que l'on raconte. Ce qui est la véritable offense c'est que des adultes doivent se protéger derrière des enfants pour survivre alors que nous devrions vous protéger, vous aider, vous guider, vous comprendre.
Je sens ta surprise alors que je t'étreins désespérément en écho de la douleur qui t'agite en ton sein et que je veux apaiser. Une étreinte à la hauteur de ta peine seule pourra soigner ta peine. Je le sais as beau savoir que je ne leur ressemble pas, tu ne pouvais pas t'attendre à ce que je réagisse autant à ta peine. Car de moi, tu ne connais pas tout à fait encore les frontières exactes entre mon masque et ce que je suis tant elles sont floues. Mais c'est pas grave Timothy, pas grave du tout, car moi-même j'en doute parfois. Et je te sens avec hésitation par peur que je te rejette me rendre l'étreinte doucement alors que tu murmures doucement, enfouissant ton visage contre moi comme pour dissimuler du ciel tes pleurs :
« Est ce que tu crois que de là haut, il pleure en regardant nos destinées ?
-Il faut l'espérer parce que sinon cela veut dire qu'à la tête du monde nous n'aurions qu'un être qui ne puisse jamais nous comprendre, ne se soucie jamais de nous » je murmure ne retour.
Je l'ignore mon petit ange, ma bénédiction. Tout ce que je sais c'est qu'au creux des ténèbres nous avons été envoyé l'un à l'autre pour nous sauver mutuellement, pour survivre selon nos idées ensemble. Moi qui ai toujours douté de vous, de vos action soit disant bienfaisantes Seigneur, peut être qu'au final, j'aurai simplement du attendre. Parce qu'il semblerait bien que vous ne n'ayez abandonné ni l'enfant qui se bat pour vous, ni celui qui s 'agite en vain. A qui vous venez de donner un rêve, et à qui vous avez donné l'espoir de se sauver. J'aurai peut être du vous faire confiance Seigneur. Pardonnez moi d'avoir douté de vous, pardonnez moi. Pardonnez moi en nous laissant bâtir ce rêve et le consolider, le changer en château de pierres ardentes et vivantes comme nos cœurs, de pierre que le soleil échauffe, ce soleil qui s'est effacé d'ici. Si ce n'est pas trop vous demander, veillez sur nous à jamais. Prouvez moi que vous êtes amour alors que tu murmures Timothy blotti contre moi :
« Dis moi que je ne vais pas mourir ce soir..Que tout cela n'est pas un rêve..Un cruel château de sable comme on en fait tant ici...
-Non Timothy, non pas ce soir. Et tant que je serais là tu n'auras jamais à être seul je murmure éperdu baisant en un geste paternel ton front. Je sens ta surprise. Je dois être l'un des rares à le faire délibérément au vu de ton innocence fichée en son centre. L'un des rares à t'accepter tel que tu es comme tu le fais avec moi. Mais je te promets que tant que tu voudras de moi à tes côtés, aura besoin de moi, je serai là. Je ne t'abandonnerai pas comme je n'ai jamais abandonné ma Lenalee. Même si il s'avère qu'avec le temps tout cela était du sable entre mes mains, je te le jure. Je te l jure alors que tu murmure bien inutilement :
« Ne me laisses pas... »
Ne t'en fais pas Timothy. Ce n'est pas mon intention, je te promets sur ce que j'ai de plus cher. Et a tout jamais. Seul le sang pourra rompre ma promesse. Car mes promesses comme celle d'un enfant sont sans faille, éternelles. Emporte et chasse cette crainte au loin comme tes larmes, noie là dans le sommeil avec moi mon enfant, comme un enfant qui après un cauchemar se réfugie dans le lit de son père pour être rassuré. Même si je suis un drôle d'adulte, que ce qui nous lie à présent, est un lien d'âme et non de sang. Un lien d'affection de dépendance vis à vis de l'autre, porche de ce que nous sommes Lenalee et moi. J'espère que tu n'en prends pas ombrage ma princesse de là où tu es si pour moi, il devient comme un des nôtres. Demain, tout ira mieux, à présent. C'est une promesse. C'est même un certitude. Que je répéterai à chaque fois que tu en douteras. Que tu me répéteras à chaque fois que j'en doute. Je le sais déjà alors que Morphée m'emmène enfin dans une aire de lumière que j'ai tant cherché et enfin trouvé. Un nouvel espoir, une nouvelle lumière qui m'éclaire, même si sa durée de vie comme la tienne est incertaine. Mais je n'en ai que faire, pour l'instant. Éclaire nous encore un peu lumière, réchauffe nous nos cœurs. Nous t'avons tant attendue...
Ne pars pas, je t'en supplie, reste là auprès d'enfant incompris du monde qui n'ont qu'eux pour se comprendre. C'est la seule chose que nous voulons alors ne t'éclipse pas déjà demain. Laisse- nous encore rêver...
Voilà la fin de la première partie qui au vu des 18 pages de celle-ci, je préfères couper ici :)
Comme préciser plus haut, à la base c'est un OS mais vu comment il est parti, je préfères le découper en parties que je vas écrire d'affilée puisque dans mon esprit, c'est toujours un OS
Pour moi, c'est un Os que j'aime tout particulièrement qui présente ma manière de voir Komui, d'ailleurs m'imaginer dans sa peau m'est plus facile que dans celle de Reever:) Probablement parce que les fous comprenant toujours mieux les autres.. En espérant que le première partie vous ai plu . Dans la suivante, on change de Pov, direction Reever qui contrairement aux apparences, ne lui ait pas indifférent. D'ailleurs, comme pour le Cierge, ce sera alternance de Pov. Et je sens que je vais avoir un mal de chien à déterminer le genre de cette histoire... Mais bon.. Ne soyez pas surpris quand vous verrez ce que j'ai mis, cela se justifiera par la suite:) Sinon j'escomptais faire du AllenxLenalee avec mais cela ne s'y prête pas, sur le coup, tant pis...
En espérant que cette première partie vous ai plu, très bientôt (pour les autres parts puis le Vol comme prévu) et review ?:)
