Depuis bien longtemps, aucun demi-dieu n'avait osé venir sur le rivage du Styx. Pourtant, Luke était agenouillé devant ces eaux noires, doutant de ses choix. Et s'il s'était trompé ? Son maître, le seigneur Cronos, espérait bientôt revenir à la vie grâce au sacrifice de l'Ophiotauros mais pour être sûr, il lui avait parlé de son ''plan de secours''. Lui, Luke, devait se baigner dans le Styx pour recevoir son maître. Mais il avait peur, une peur qui vous secoue les boyaux. Personne depuis le grand Achille n'avait tenté ce qu'il allait faire. Cronos lui avait expliqué ce qu'il devrait faire : imaginer un point qui le rallierai au monde des vivants (un petit carré de peau juste en dessous du bras gauche, un endroit très dur à frapper), aller dans le Styx d'un coup et remonter à la surface lorsqu'il sentira un changement s'opérer en lui. Il souffla un coup et se concentra sur son point mortel. Il voulait entrer dans l'eau la tête haute. Mais à peine fût il plonger dans l'eau jusqu'aux genoux, il s'écroula d'une façon peu glorieuse et sa tête perça la surface.
Le silence. Au début il ne ressentit aucune douleur. Puis, d'un coup, la douleur le transperça de part et d'autre. Il eût l'impression qu'on lui donnait des coups de poignards, que ses boyaux était dans un congélateur, que ses muscles étaient en fusion. Il crût qu'il allait s'évanouir, se noyer. Plus rien ne le préoccupait, il ne sentait plus la présence de Cronos dans sa tête, il se sentait flotter dans ces eaux noires, des voix murmuraient mais ils ne comprenaient pas le sens de ces mots. Soudain, une odeur lui parvient (ce qui est étrange lorsque l'on se trouve au fond du Styx), il sentait... il sentait une odeur de chocolat chaud. La boisson que lui faisait sa mère quand il était petit. Elle lui chantait aussi une comptine pour le rassurer. Il senti les larmes couler sur ses joues et rejoindre les eaux froides. Il se souvint de la chaleur du feu de camp qu'ils faisaient tous les soirs, Thalia, Annabeth et lui. Il sourit en ce rappelant ses aventures avec elles. Leurs fous rires, les dangers, les cachettes, les bons moments. Et il se rappela le sort de Thalia : elle était morte, transformée en pin par son père. Elle était morte en voulant les sauver Annabeth et lui. Les dieux l'avaient laissée mourir. Un sentiment de haine l'envahit et ses larmes de tristesse et des regret devinrent des larmes de colère. Il avait failli, il n'avait pas pu protéger sa famille...
Sa famille. Leur rencontre avec Annabeth lui revint en mémoire :
« C'est nous ta famille, maintenant. Et je te promets que je ne permettrai à rien ni personne de te faire du mal. »
Thalia. Annabeth. Elles étaient sa famille. Il allait se battre, pour elles. Il allait devenir fort, pour sa famille. Il se souvint enfin de son nom, de son but, d'où il était. Il se concentra de nouveau sur sa corde d'amarrage. Sa famille... Il sentit alors une traction au niveau de son point désormais mortel, il avait l'impression que de nouvelles forces animaient ses membres, alimentaient son cerveau. Sa famille. Il allait se battre pour elle, pour la venger, pour la protéger.
Il sortit de l'eau et s'allongea sur le ventre, essoufflé par cette épreuve.
Sa peau fumait, il avait l'impression de brûler, mais il avait réussi. Il était prêt pour la guerre.
