Bonjour,

Je vous livre aujourd'hui un petit texte… Une réflexion d'un adulte regardant son enfant… A mes yeux, ce texte dépasse le cadre seul de l'univers d'Harry Potter, mais comme c'est le point de vue de l'un des personnages qui m'est tout de suite venu, il me paraît avoir sa place ici. J'espère que ce petit bout de poésie balbutiante, de pensée échappée, vous plaira.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowling. Les quatre lignes en italique sont extraites du texte Les enfants qui s'aiment de Jacques Prévert.

Rating : K

Je vous souhaite une bonne lecture.


A nos enfants qui s'aiment

Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour

On les a vus grandir, et puis, sans qu'on s'y attende, sans qu'on comprenne bien ce qui nous arrivait, on les a vus nous échapper.

Nos tout-petits avaient subitement grandi, et pourtant, ils étaient toujours des enfants. Si jeunes. Si innocents.

Innocents, vraiment ?

Dans leurs yeux brillent déjà un tel éclat… Vu d'ici, ça éblouit. Vu d'ici, c'en est renversant tant c'est passionnel. Tant c'en est presque charnel.

Et pourtant, tant d'innocence.

Sans doute parce que c'est la première fois. La première fois qu'ils goûtent à ça.

L'amour. Non, plutôt l'Amour avec un grand A.

Parce que le premier est toujours le plus grand, le seul qui compte vraiment.

Parce que le premier est sacré, et surpasse tout.

Parce que le premier, s'il reste le seul, aura toujours l'éclat d'une première fois.

D'un premier battement de cœur.

D'un premier baiser.

D'un serment sacré.

Entre deux âmes forcément sœurs.

Mais nous, nous les vieux, nous les aguerris… on sait. On sait, n'est-ce pas, que ce temps-là ne dure qu'un temps ? Qu'un premier amour c'est toujours trop court.

Nous, les pères de ces enfants, on tremble de cette incertitude qu'ils n'ont pas. On craint les blessures à venir pour eux qui ne conjuguent « je t'aime » qu'au présent.

Nous les blasés, les revenus, les déconvenues, on en a trop vues. Et on sait. On sait plus qu'eux qui nous renvoient pourtant leur assurance invincible au visage. On sait que les battements de cœur ralentissent avec le temps, on sait que l'éclat dans les yeux finit par devenir au mieux une sage et douce affection.

Et alors, quand le temps des premiers heurts et des premiers pleurs viendra, on sera là, ouvrant nos bras de vieux pour y accueillir les cœurs en miettes de nos tout-petits.

Et on priera de tout notre cœur pourtant sage que la vie mette sur leur chemin un autre grand amour, pour qu'ils veuillent encore y croire, encore pour toujours. Même s'il n'aura plus l'éclat d'un premier amour, on priera pour qu'ils retombent dans le piège avec la même intensité, la même envie incontrôlable.

« Mais papa… Tu l'as rencontré, toi, pourtant, le grand amour. »

« Oui, mon Al. Mais… »

« Mais quoi ? Tu aimes toujours maman, n'est-ce pas ? »

« Oui, bien sûr. »

« C'est bien elle, ton grand amour ? »

« Oui, mon grand. Mais… »

« Mais quoi ? »

« Mais ce n'est pas mon premier amour. »

« Et bien… ce n'est pas grave. Moi… je ne suis pas toi. »

« Tu es mon fils. »

« Mais je ne suis pas toi. Et moi, avec lui, ça durera toute la vie. »

« Je te le souhaite, mon petit… »

« Mais tu n'y crois pas. »

« Ce n'est pas à moi d'y croire. »

« C'est vrai. »

Alors oui, mon garçon, pars le rejoindre, pars l'aimer à en crever. Moi, je resterai là, à te regarder, à prier, un peu, beaucoup, indécemment, pour que mes prédictions de vieux con se trompent. Et pour que ce premier amour vous emporte loin, longtemps, vous perde dans le tourbillon de la vie.