Note de l'auteur: Il s'agit d'un one-shot en deux parties (oui, je sais, one-shot et deux parties, ça va pas ensemble... bon, faites pas semblant de pas comprendre...) Je posterai la suite bientôt car elle est déjà écrite, en attendant l'équation est simple:

pas de reviews, pas de suite

Oui, je sais, je suis sadique. En attendant, les personnages ne m'appartiennent pas, bla bla bla...

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- Qu'est-ce que tu fais?

Hermione sursauta et cacha rapidement la lettre derrière son dos. Harry se tenait dans l'embrasure de la porte, son manteau sur les épaules, l'écharpe rouge et or des Griffondors autour du cou, prêt à partir en cours. Hermione sentit la panique l'envahir, mais elle essaya de ne rien laisser paraître. Au lieu de cela, elle se força à sourire et à répondre d'un ton qu'elle espérait convaincant:

- Je cherche un de mes livres, pas moyen de mettre la main dessus.

Et pour donner de la crédibilité à ses propos, elle attrapa son sac et fit tomber tout son contenu sur le plancher. Puis elle s'agenouilla au milieu des parchemins qui jonchaient le sol et laissa glisser la lettre en dessous en faisant semblant de fouiller pour retrouver le livre perdu. Elle espérait qu'Harry ne l'avait pas remarquée, mais elle en doutait. Il n'était pas dupe, et c'est uniquement parce qu'il n'avait pas envie d'en savoir plus qu'il referma la porte de la chambre des filles sans poser plus de questions.

Hermione soupira et attendit quelques instants que son coeur cesse de battre la chamade. Puis, avec précaution, elle tira la lettre vers elle et la défroissa soigneusement. Les mains tremblantes, elle l'étala sur le sol sans la quitter des yeux. Quand son regard se posa sur les premiers mots, elle sentit l'émotion l'envahir et les larmes lui monter aux yeux. Pourtant, ces mots étaient d'une telle simplicité: "Ma très chère Hermione".

Mais ils venaient de Sirius Black, le parrain d'Harry... et accessoirement, de l'homme qui faisait battre son coeur d'adolescente depuis des mois. Elle savait que c'était mal, qu'elle se faisait des films, qu'elle aurait dû essayer de trouver quelqu'un de son âge. Mais rien à faire, dès qu'elle pensait à l'Amour, celui avec un grand A, le visage de Sirius s'imprimait dans son esprit à l'encre indélébile et elle avait beau essayer de l'effacer, il revenait toujours plus tenace.

Elle y avait souvent pensé. Elle aimait analyser les choses, les connaître de bout en bout pour mieux les comprendre, et aujourd'hui elle se retrouvait face à des sentiments dont elle ignorait la cause et le sens. Tout avait commencé quelques mois plus tôt, quand Harry et elle avaient aidé Sirius à s'échapper. Elle avait ressenti une douce chaleur au niveau des hanches quand Sirius y avait déposé les mains alors qu'ils étaient à dos d'Hyppogriffe. Et quand Sirius était parti il lui avait murmuré quelques mots pour lui dire à quel point il la trouvait brillante. Dans l'obscurité, elle avait rougi, et depuis toutes ses pensées étaient tournées vers cet homme.

Alors, après plusieurs semaines d'hésitation, elle avait pris son courage à deux mains et avait profité d'un moment d'inattention d'Harry pour demander à sa chouette de porter un message à Sirius. Un message qui exprimait ses sentiments les plus profonds à son égard. La nuit suivant le départ de la lettre, elle avait pleuré dans son lit, persuadée que Sirius ne répondrait jamais. Mais il l'avait fait, et plusieurs fois, toujours de façon délicate et subtile, ne lui indiquant cependant jamais si lui aussi partageait ses sentiments. C'était une situation qui rendait Hermione à la fois heureuse et mal à l'aise. Heureuse parce que cela ne signifiait pas qu'il ne voulait pas d'elle. Mal à l'aise parce qu'il ne trouvait peut-être tout simplement pas les mots pour lui dire clairement qu'elle ne lui plaisait pas sans pour autant la blesser.

Hermione avait reçu les lettres une à une, sans jamais en parler à Harry. Sirius lui avait dit qu'il comprenait ce qu'elle ressentait, il lui avait parlé de lui très honnêtement, et elle avait fait de même. Le récit de son emprisonnement à Azkaban lui brisa le coeur, et Hermione fit de son mieux pour lui envoyer des lettres joyeuses et pleines d'optimisme. Une façon, en quelque sorte, de contrebalancer le malheur par une certaine légèreté.

Mais ce qu'Hermione taisait dans ses lettres, c'était ses sentiments pour Sirius. Depuis la première lettre, aucun des deux n'en avait reparlé et Hermione en voulait un peu à Sirius de ne pas être plus clair. A chaque fois qu'elle commençait une lettre, elle confessait ses sentiments à Sirius en lui demandant une réponse précise à ce propos, mais systématiquement elle jetait la lettre à la poubelle et en recommençait une autre. Cela faisait près de 6 mois que ce manège durait, et Hermione en avait assez.

Assez de mentir à Harry sur la disparition chronique de sa chouette (même si, occupé qu'il était avec le tournoi, Harry ne passait pas ses journées à guetter la volière). Assez de mentir à Ron qui lui demandait sans arrêt à qui elle pouvait écrire si tard le soir. Elle avait pris son courage à deux mains et demandé à Sirius si elle pouvait le rencontrer. Angoissée, elle avait craint de ne pas recevoir de réponse, au point que pendant plusieurs jours elle se révéla incapable d'avaler quoi que ce soit, ce que l'infirmière mit sur le compte d'une vilaine grippe.

La réponse n'avait pas tardé à arriver, et c'était cette lettre, cette réponse qu'Hermione attendait fébrilement. Elle aurait dû patienter au lieu de monter directement dans sa chambre et de l'ouvrir tout de suite. D'ailleurs, Harry avait failli l'interrompre, et elle se maudit intérieurement de ne pas avoir su attendre quelques heures de plus. Mais maintenant qu'elle avait la lettre dans les mains, elle sentait que le temps s'était suspendu et qu'il ne reprendrait son cours que lorsqu'elle saurait.

Alors, lentement, elle lut la lettre à voix basse.

"Ma très chère Hermione,
Je te remercie pour ta précédente lettre. Tu ignores à quel point le fait d'avoir du courrier me fait plaisir. Cela faisait des années que je n'en avais pas reçu, mais qui aurait osé envoyer une lettre à un meurtrier croupissant au fond d'une cellule d'Azkaban?
Comme d'habitude, j'ai lu tes quelques mots avec beaucoup d'attention, mais je dois avouer que je suis perplexe. Tu dis que tu souhaites me rencontrer, je suppose que cela a un rapport avec la première lettre que tu m'as envoyée et avec les sentiments que tu y exprimais. Je suis un "meurtrier" en cavale, je te le rappelle. Je dois donc prendre d'énormes précautions pour ne pas me faire capturer. Je ne supporterai pas de retourner à Azkaban, pas après ce que j'ai vécu là-bas.
Cependant, et puisque tu as l'air d'y tenir, je suis d'accord pour venir te voir. Je serai caché derrière la cabane d'Hagrid, lundi soir. Fais très attention à toi, Hermione.
Sincèrement,
Sirius"

Hermione lut la lettre une deuxième fois, puis une troisième. Il avait accepté de la rencontrer, cependant, comme dans ses précédentes lettres, il n'avait fait aucun commentaire sur ses sentiments. Les partageait-il?

Hermione se leva et enfouit la lettre dans sa poche. Ce soir, elle allait voir Sirius Black.