Bonjour à tous!
Voici ma toute première fic sur Skyward Sword de Legend of Zelda! C'est bizarre... Je n'ai pas vu beaucoup de fic françaises sur le sujet. Je me suis donc dit qu'il était grand temps que j'en fasse une moi-même. ^^
Je tiens à vous avertir que l'histoire pourrait quelques fois ne pas suivre le canon du jeux. Par contre, je fais de gros efforts pour ne pas apporter de changements majeurs.
Chapitre I
Je ne m'étais jamais senti aussi lourd, aussi faible, aussi meurtri. Mon mal n'avait d'égale que ma haine sans fin, ma rancœur et mon dégoût grandissant pour celui qui m'avait infligé ces souffrances, pour celui qui avait gâché mon existence toute entière. En une infime fraction de mon interminable vie, mon monde s'était écroulé et avait laissé un trou béant au centre de ma poitrine. Mon maître n'était plus, je n'avais donc plus la moindre raison d'exister.
Mais pourquoi étais-je encore si vivant ? À vrai dire, vivant n'était pas du tout l'expression juste. J'avais peine à respirer, mon souffle étant sifflant et saccadé. Sans même avoir tenté de bouger ne serait-ce que le bout de mes doigts, je savais que mon corps serait aussi contusionné et endolori que si l'on m'avait jeté du haut de Célesbourg. Mais ma douleur physique n'était rien comparée à celle qui me transperçait l'esprit, celle que je ressentais dans mes entrailles, broyées par le fiel qui bouillait dans mes veines. Je gémis sans ressentir la moindre gêne d'exposer ainsi mon terrible mal. De toute façon, qui aurait bien pu m'entendre ? J'étais de nouveau seul au monde.
L'odeur âcre qui succède à la pluie me piquait les narines. Une chose était certaine, j'étais revenu sur la terre ferme. À en juger par mon état pitoyable, j'aurais eu beaucoup de mal à survivre si un Bokoblin avait pointé le bout de son groin. Je doutais pouvoir contrôler cette espèce, aussi médiocre soit-elle, dans l'état où je me trouvais. Il fallait que je bouge au plus vite, que je me mette à l'abri. De l'autre côté de mes paupières toujours closes, le monde s'assombrissait peu à peu. La nuit n'allait pas tarder à abaisser son voile obscur, emmenant avec elle une horde de charognards qui n'auraient aucun mal à me prendre pour un cadavre. Je serrai les dents et me mis à avancer péniblement, franchissant un mètre tous les dix minutes, peut-être moins. Cet insupportable, minuscule, odieux petit garnement paierait un jour pour ce qu'il m'avait fait subir.
- Si tu arrives à t'en sortir, bien entendu…, sifflai-je entre mes dents.
Pour la première fois, j'entrouvris les yeux. Comme je m'y attendais, j'étais de retour dans la forêt de Firone. À en juger par la flore qui se faisait de moins en moins touffue, je devais me trouver tout prêt du Temple du sceau. En levant les yeux, je l'aperçus entre les branches acérées des arbustes qui m'empêchaient depuis plusieurs minutes d'avancer.
Tout à coup, j'entendis des pas légers qui firent craqueler des feuilles mortes quelques mètres plus loin. Une créature fredonnait un air joyeux en gambadant d'un pas enfantin, insouciante par cette fraîche soirée d'automne. Une pointe d'espoir m'envahit et me fit frémir de bonheur. Ma revanche n'était peut-être pas aussi lointaine que je me l'étais imaginée. Je laissai échapper un grognement, tentant d'attirer son attention, sans résultats très concluants. Je refis quelques essais, sans plus de succès. Les pas s'éloignaient à présent. Je dus me rendre à l'évidence, c'en était fini de moi si l'on ne m'apportait aucune aide. Je grognai de plus belle, tant et si bien qu'un son, plus près d'un couinement de souris que d'un appel à l'aide, s'échappa de ma gorge endolorie. La créature s'arrêta brusquement, les sens en alerte. Je refis mon manège, mais cette fois, je pus formuler un faible : « Aidez-moi ». Les pas se rapprochèrent lentement du buisson épineux où je me trouvais et une main délicate en souleva avec précaution les branches. Je n'arrivais tout simplement pas à y croire…
- Ghi… Ghirahim ?
Je ne tentai même pas de répondre, encore sous le choc de cette mystérieuse et improbable rencontre. Les yeux céruléens de ce sauveur inattendu me fixaient avec épouvante, mais la confusion et la curiosité semblèrent peu à peu prendre le dessus.
- Mais... Vous devriez être mort...
Je sentis ma gorge se dénouer d'un coup.
- J'ai survécu pour une seule raison : donner une bonne leçon à cet imbécile en vert ! crachai-je avec hargne.
La jeune Déesse continuait de me fixer, une expression de grande frayeur toujours plaquée au visage, se demandant probablement comment un tel miracle avait bien pu se produire.
- Arrête de me reluquer comme ça ! C'est vraiment gênant à...
Les mots se perdirent dans une quinte de toux incontrôlable, qui mit feu à mon corps tout entier. La douleur était insupportable.
- Vous ne m'avez pas l'air dans la plus grande des formes, finit-elle par déglutir, la voix enrouée et tremblante.
- Très bonne observation ! C'est probablement à cause de ta grande perspicacité qu'on t'a nommé prêtresse.
Hylia préféra ne pas riposter, visiblement encore trop sous le choc pour réagir. Après quelques secondes de silence, elle se dérida enfin et se rapprocha timidement de moi. Son changement d'attitude me prit de court. Sans crier gare, elle me prit par la mâchoire et me tourna vivement la tête, ce qui fit protester mon corps endolori de plus bel. J'avais peut-être retrouvé la force de parler, mais je ne pouvais toujours pas bouger. Je la laissai donc faire tout ce qu'elle voulait de moi. À ma plus grande surprise, elle sortit un mouchoir de sa poche et se mit à essuyer le sang toujours frais qui recouvrait mes blessures nouvellement ouvertes par mon périple aux travers des buissons épineux.
- Que fais-tu ? demandai-je d'un ton plus doux, mais d'où l'irritation continuait à percer.
- Je n'en ai aucune idée… couina-t-elle d'une voix submergée par la confusion.
Je cherchai des yeux son regard, mais elle était trop absorbée par la tâche pour le remarquer. Pourquoi faisait-elle cela ? N'étions-nous pas supposés être ennemis ? J'avais bel et bien essayé de la tuer, après tout.
- Mais pourquoi essaies-tu de m'aider ? paniquai-je à mon tour. J'ai bien failli t'envoyer tout droit dans l'autre Monde, non ? Est-ce que tu as perdu l'esprit ?
La Déesse arrêta d'un coup son mouvement, rivant son regard vers le sol. Elle mit un temps interminable avant de me répondre.
- Parce que quelque chose en moi me pousse à le faire... soupira-t-elle finalement, évasive.
- Ce n'est pas une réponse, ça, Hylia...
Elle leva vivement la tête vers moi, les yeux tout d'un coup remplis d'une nouvelle confiance.
- Oui ! C'est à cause de ça ! s'exclama-t-elle, un sourire fendu jusqu'aux oreilles.
- Mais t'as fini de divaguer ? Pourrais-tu être encore plus claire ? rétorquai-je avec sarcasme, des poignards dans les yeux.
- C'est à cause d'Hylia ! Elle veut que je vous sauve, s'écria-t-elle en riant nerveusement.
Toute mon agressivité me quitta d'un coup. Je contemplai la Déesse pour la première fois. Bien qu'elle ait été un élément clé de mon plan pour faire revivre mon maître, je ne l'avais jamais vraiment regardée, ni même ne m'étais réellement intéressé à elle. Elle n'était qu'un outil dont je m'étais servi sans réaliser qu'elle était en fait un être de chair. Je passai ma langue sur mes lèvres et la détaillai de haut en bas de mon regard noir. Elle avait la stature frêle d'une gamine de douze ans, mais son regard, bien que doux et naïf, était rempli d'une très grande maturité. Ses cheveux soyeux se balançaient à quelques centimètres de sa poitrine, reflétant la lumière du couchant dans un chatoiement doré. Je ne pus m'empêcher de remarquer à quel point elle lui ressemblait, à quel point elle me faisait penser à elle. Je mis ces pensées puériles de côté. À quoi bon se remémorer le passé ?
- Dans quel état je suis ? demandai-je finalement, tentant de me changer les idées.
Sans répondre à ma question, elle dirigea son mouchoir, à présent imbibé de sang, vers ma poitrine. Je grimaçai de douleur, la suppliant du regard de s'arrêter, ce qu'elle fit.
- Dans un état pitoyable...
- Je m'y attendais. C'est dommage que ton ami ait gâché un corps aussi parfait.
Malgré la gravité de la situation, la Déesse ne put s'empêcher de rire, un rire léger qui raviva en moi quelques bribes de mon passé. Je souris à mon tour, un sourire sans doute édenté. Elle replaça le mouchoir poisseux dans sa poche et se remit sur ses pieds.
- Je ne peux rester plus longtemps… Link doit s'en doute commencer à s'inquiéter.
En entendant le nom de mon ennemi juré, je fronçai les sourcils et détournai le regard. Elle hésita quelques instants avant de continuer.
- Je ne sais pas pourquoi j'accepte de vous aider, après tout ce que vous m'avez fait ! Je me demande pourquoi Hylia veut tant que vous surviviez...
- Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas sur Hylia, répondis-je calmement.
Elle me lança un regard interrogateur, mais ne chercha pas à en savoir plus.
- Je t'apporterais de la nourriture et de quoi te soigner demain matin...
Elle posa timidement sa main sur mon épaule et planta son regard dans le mien.
- Ne t'avise surtout pas de bouger d'ici durant mon sommeil, compris ?
- En ce moment, je me sens prêt à courir un marathon ! répondis-je sarcastiquement.
L'ombre d'un sourire apparut sur ses lèvres, puis elle disparut sans rajouter un mot. Ce soir-là, je m'endormis immédiatement, mon sommeil agité par des rêves où, Hylia et moi, nous donnions une raclée à cet abruti d'héros en vert.
Voilà ! C'est tout pour le premier chapitre! Laissez-moi une review s'il vous plaît !
À la prochaine !
