Chapitre 1 : Une humaine chez les vampires ?!

L'obscurité m'entourait. Je ne savais pas exactement où je me trouvais, mais bizarrement l'endroit me semblait familier. Je décidais d'avancer, histoire de trouver une quelconque lumière qui pourrait m'éclairer sur l'endroit où je me trouvais, mais rien. Que du noir. Je continuais tout de même d'avancer, ayant l'espoir qu'un miracle arrive, jusqu'à ce qu'une fine lumière apparaisse au loin.

Trouvant là un espoir, je m'avançais rapidement vers cette potentielle sortie, mais mon enthousiasme disparut bien vite en m'apercevant que je n'apparaissais non pas dans ma chambre, mais dehors. Dans un village. Devant un massacre immense, où des corps jonchaient le sol, des maisons brûlaient et des familles tentaient de s'enfuir en hurlant.

Je regardais cette scène, les yeux grands ouverts, me demandant ce que je faisais là. Puis je me rappelais. Je me rappelais pourquoi j'avais atterri dans cet orphelinat. Je me rappelais comment mes parents étaient décédés. Je me rappelais pourquoi j'avais toujours des bleus à la fin de la journée. Je me rappelais pourquoi je voulais sortir de cet enfer.

OoOoOo

Je me réveillais en sursaut, le front trempé de sueur et la respiration saccadée. Encore cet affreux cauchemar que je faisais toutes les nuits...Je soupirais longuement puis me levais pour aller prendre une bonne douche. Malheureusement pour moi, la salle de bain était déjà occupée. Je tambourinais à la porte pour que la personne présente dans la salle d'eau se dépêche, avant de sentir une main s'écraser sur mon crâne.

« Bouge de là, morveuse, c'est moi après. beugla une voix derrière moi.

- Mais...je...articulais-je difficilement.

- T'es sourde ou quoi ? J't'ai dit bouge.

- Laisse-la tranquille, Alexandra. siffla une grande rousse en arrivant à mes côtés.

- Te mêles pas de ça, Alina, c'est entre cette mini Blanche-Neige et moi. répondit Alexandra en fronçant les sourcils.

- Et moi je t'ai dit de la laisser tranquille. A moins que tu ne veuilles en discuter plus loin ? demanda ma meilleure amie en levant un sourcil. »

Alexandra ne répondit pas et soupira, avant de retourner dans sa chambre. Je fis un sourire de remerciement à Alina et elle tapota mon épaule amicalement, avant qu'une grande brune ne sorte de la salle de bain. Je m'empressais de pénétrer dans la pièce avant de fermer la porte à clé derrière moi. Je lâchais un second soupir et me déshabillais, avant de prendre une douche bien froide pour me réveiller.

Après cette petite douche, je m'habillais, me coiffais et me regardais dans le miroir. J'étais plutôt satisfaite du résultat, malgré mes immenses cernes sous mes yeux ou encore mon regard vide. Une fois prête, je sortis de la salle d'eau et descendais prendre mon petit déjeuner. Ali' m'attendait en bas, un grand sourire aux lèvres. Je me demandais toujours comment faisait cette fille pour être aussi souriante et joyeuse...Je m'installais à ses côtés, et sentis presque automatiquement un regard sur moi.

Je tournais la tête et vis la propriétaire de l'orphelinat, aussi appelée directrice, me fixer d'un regard glacial. Je détournais rapidement le regard et mangeais en essayant d'oublier cet affreux regard qu'elle m'avait lancé. Une fois le petit déjeuner terminé, j'allais me diriger vers le jardin se trouvant derrière le bâtiment quand la vieille directrice m'arrêta dans mon élan, me faisant signe de la suivre.

Je la suivis, en déglutissant, et rentrais dans son bureau après son autorisation. Je m'installais sur la chaise face à elle et la fixais, sentant des sueurs froides dans mon dos.

« Jenny, si je t'ai convoqué dans mon bureau c'est pour te prévenir que nous t'avons trouvé une famille. Une famille qui saura t'accepter, sûrement, puisque lorsque nous lui avons dit que tu étais...spéciale, l'homme qui est venu nous voir avait l'air encore plus intéressé pour t'adopter. m'apprit-elle, la voix traînante.

- Qui est cet homme et quand est-ce que je pourrai emménager chez lui ? demandais-je d'une petite voix.

- En réalité, il nous a dit que tu ne vivras non pas chez lui mais chez ses fils, et qu'il passera te rendre visite de temps en temps. Quant à la date, il m'a dit que je devais voir avec tes préférences.

- Ce serait possible d'y aller dès ce soir...? fis-je timidement. »

La vieille dame acquiesça et sans m'en rendre compte un sourire donna vie à mon visage. J'allais enfin quitter cet endroit du démon et avoir un vrai toit ! Je vais pouvoir vivre comme une fille normale ! Enfin, presque normale. Je remerciais la directrice et partit en trombe dans ma chambre afin de préparer le peu d'affaires que je possédais. En me voyant faire mes valises, Ali' s'approcha de moi, l'air triste.

« Alors c'est vrai ce qu'on raconte ? Tu vas vraiment partir ? demanda-t-elle d'une voix beaucoup moins joyeuses que d'habitude.

- Oui...La directrice m'a dit qu'une famille avait bien voulu de moi, malgré ce que j'étais, alors j'ai sauté sur l'occasion et j'ai dit vouloir partir ce soir...fis-je, un peu moins enthousiaste qu'avant en voyant la tristesse sur le visage de ma meilleure amie. »

Dès que j'eus fini ma phrase, Alina se précipita sur moi et me prit dans ses bras, me serrant fort contre elle. Je lui rendis son étreinte, et nous sommes restées comme ça au moins cinq bonnes minutes avant qu'elle ne me laisse finir de préparer mes affaires.

OoOoOo

Le soir arriva bien vite, et j'étais actuellement aux côtés de la vieille directrice, attendant patiemment que ma future famille vienne me chercher. La porte s'ouvrit soudain, laissant découvrir un homme en costume, assez âgé, qui s'inclina devant moi. Surprise, je ne savais pas quoi faire et restais figée face à son attitude. C'était lui, mon nouveau père ? Pourquoi s'inclinait-il face à moi comme si j'étais supérieure à lui et comme s'il me devait le plus grand des respects...?

« Bonjour, mademoiselle Jenny. Je m'appelle Eita, et je suis votre majordome. On m'a chargé de vous mener au manoir des Sakamaki. Veuillez me suivre, je vous prie. »

Je lançais un regard à la vieille directrice à mes côtés, qui me rendit un regard tout aussi surprit que le mien. Visiblement, elle non plus, ne s'attendait pas à ce qu'un majordome vienne me chercher. Ma nouvelle famille devait être riche. Surtout qu'il avait parlé de manoir. Sans dire un mot, je suivis le majordome après avoir fait mes au-revoir à Alina.

Il m'amena jusque devant une grande limousine noire, m'ouvrit la portière et je rentrais dans le véhicule, impressionnée. Ca changeait de ma médiocre vie d'avant !

Pendant tout le trajet, j'observais distraitement le paysage défiler sous mes yeux, luttant pour ne pas m'endormir. Le majordome restait silencieux, sûrement concentré sur la route.

Finalement, la limousine s'arrêta devant un immense manoir, tout aussi majestueux que lugubre, et un frisson incontrôlable me traversa le corps entier. Eita me fit sortir du véhicule et je le suivis jusqu'à la porte d'entrée, qu'il ouvrit, me laissant apercevoir le hall d'entrée qui était gigantesque. Il y avait au sol un long tapis rouge, qui recouvrait également les immenses escaliers menant sûrement à l'étage. Il y avait de nombreux tableaux lugubres au mur, que je prenais le temps d'observer. Le majordome me fit un signe de la main et je le rejoignais, le suivant de nouveau. Il m'emmena dans une grande pièce, sûrement le salon, puisqu'il y avait trois canapés au centre, une table basse et un autre escaliers qui menait à un mini balcon d'intérieur.

Je m'installais sur l'un des canapés comme venait de me proposer Eita, et ce dernier disparut dans la pénombre, me laissant seule. Je continuais de regarder autour de moi, me posant mille et une questions. Qu'est-ce que je faisais là ? Pourquoi l'homme avait l'air encore plus intéressé lorsque la directrice lui a dit mes "particularités" ? Pourquoi moi ? Pourquoi emménager chez ses fils et non chez lui ? Et d'autres encore.

« Tu dois être l'humaine dont il nous a parlé. fit une voix froide dans mon dos. »

Je sursautais et me tournais vers l'origine de la voix. C'était un jeune homme qui avait l'air un peu plus vieux que moi, aux cheveux ébènes, légèrement grisés sur les pointes, et aux yeux couleur rubis. Il me regardait à travers ses lunettes rectangulaires d'un regard froid, ce qui voulait clairement dire qu'il n'était pas vraiment d'accord que je sois ici.

J'allais répondre quelque chose quand je sentis une présence à mes côtés. Surprise, je tournais la tête vers la personne qui venait de s'installer et tombais nez à nez avec un garçon aux cheveux mi-longs roux, avec un chapeau sur la tête, et aux yeux verts pomme qui me fixait. Il avait un sourire en coin et avait l'air de me passer au rayon X. Gênée, je détournais le regard et tombais cette fois-ci nez à nez avec un garçon paraissant plus jeune, aux cheveux et aux yeux violets, qui avait de grandes cernes sous les yeux tout comme moi. Il tenait un ours en peluche dans ses bras et me fixait avec un air de psychopathe. Eh ben, ça promet.

« Cette humaine a l'air appétissante, ufu~. fit le roux en se léchant littéralement les lèvres.

- C'est vrai, Teddy trouve qu'elle a un goût sucré. Ne, Teddy ? demanda le psychopathe en regardant sa peluche.

- Q-Quoi...? dis-je, décontenancée.

- Arrêtez tous les deux, vous allez lui faire peur. s'exclama une quatrième voix provenant de l'entrée de la pièce. »

Je regardais à qui appartenait la voix et vit un garçon ressemblant un peu au roux, avec cette fois-ci les cheveux rouges mais les mêmes yeux. Sauf que celui-ci avait mit son uniforme de façon désordonnée qui lui donnait un petit côté "je m'en foutiste".

Ils commencèrent à se disputer à propos de je-ne-sais-quoi, puisque j'étais perdue dans mes pensées. Je fus vite retournée à la réalité quand un cinquième garçon, aux cheveux blancs, dont une mèche cachait l'un de ses yeux rubis, donna un grand coup de poing dans le mur. Je sursautais, surprise, mais ne fus pas effrayée comme toute personne normale l'aurait été. Après tout, je ne suis pas vraiment normale.

« Il m'a envoyé une lettre hier pour me dire qu'une nouvelle victime avait été trouvée, et que celle-ci était un peu spéciale. lâcha un blond aux yeux bleus, allongé dans le canapé du fond, des écouteurs dans les oreilles et les yeux fermés.

- Une victime ? Ufu~ Intéressant~. dit le roux.

- Il ne faut ni la tuer, ni qu'elle soit blessée. Elle est importante d'après lui. Précisa le paresseux en ouvrant un œil afin d'observer ses frères.

- Je crois qu'il est donc temps de se présenter. lança le garçon avec des lunettes avant de se tourner vers moi. Je suis Reiji Sakamaki, le deuxième fils de la famille Sakamaki, et voici mes frères Shuu, l'aîné -il désigna le blond-, les triplets Raito, Kanato et Ayato –il désigna, dans l'ordre, le roux, le garçon aux cernes et celui aux cheveux rouges- et enfin Subaru, le plus jeune et le dernier de la famille –il désigna celui qui avait frappé dans le mur-. Et toi ? finit-il en me fixant.

- Je m'appelle Jenny, enchantée. »

Je me levais du canapé et me penchais vers eux par politesse, avant de me rassoir. Malgré la mauvaise éducation qu'ils avaient essayé de me donner à l'orphelinat, je connaissais les bases de la politesse, et tout ce qu'il fallait savoir pour bien se tenir en société. Ils me regardèrent un moment avant de se regarder tour à tour.

« Qu'as-tu de si spéciale pour qu'il t'envoie ici ? demanda celui se prénommant Ayato en me détaillant comme l'avait fait son frère quelques minutes auparavant.

- Je ne sais pas, ça sera à vous de le découvrir ! dis-je d'une voix enfantine, sans pour autant montrer une quelconque émotion sur mon visage. »

Ils me regardèrent à nouveau, et je fis de même, les observant tour à tour. Je sentais qu'eux aussi, étaient spéciaux. Cela se voyait. Cela se sentait. Tout d'abord, une personne normalement constituée n'avait pas une peau aussi pâle, qu'elle soit malade ou non. Seules les personnes décédées peuvent réussir à avoir un teint aussi blafard. Etaient-ils des morts-vivants ou des choses du genre ? Sûrement. En tout cas, ils n'étaient pas humains, ça, c'était certain. Mais comment en être sûre ? Devais-je poser directement la question et paraître impolie ? Ou alors mener ma petite enquête de mon côté ?

« Tu dois te poser certaines questions à notre sujet, je me trompe ? me demanda Reiji en me fixant d'un regard sérieux.

- C'est exact. Beaucoup de questions. lui répondis-je, gênée de m'être fais prendre la main dans le sac.

- Et bien pose tes questions, Bitch-chan, ne sois pas si timide~. me dit Raito en se léchant les lèvres, visiblement amusé par ma timidité.

- Qu'est-ce que vous êtes ? On ne me la fait pas, à moi. Je sais très bien que vous n'êtes pas humains. Vous êtes des morts-vivants ou un truc du genre, n'est-ce pas ? déballais-je à toute vitesse en les fixant tour à tour.

- T'es pas si bête que tu ne le parais, finalement ! Pour te répondre, t'as raison, nous sommes loin d'être humains. Et nous sommes effectivement des morts-vivants. Des vampires, plus précisément. s'exclama Ayato avec un sourire en coin, mettant fin à mes interrogations. »

Des vampires ? Je croyais pourtant qu'ils avaient tous disparu ! Comment est-ce possible ? Bon, pour être honnête, je ne croyais pas à leur existance. Ironique pour une fille avec des capacités spéciales. Ils me regardèrent de nouveau, légèrement surpris. Sûrement surpris que je ne sois pas effrayée comme une personne normale.

« Tu n'as pas peur, stupide humaine ? fit Subaru en levant un sourcil.

- Non. Vous l'avez dit vous-même, non ? Je ne suis pas normale. répondis-je simplement en haussant les épaules.

- Et tu ne comptes pas nous dire ce que t'as de si spéciale ? lança un Ayato perdant visiblement patience.

- Hm...Non, je préfère vous voir chercher, c'est plus amusant~. le défiais-je en faisant un sourire enfantin. »

Le garçon aux cheveux rouges lâcha un « Tch ! » visiblement irrité que je n'ai pas simplement répondu à sa question. Moi, ça m'amusait de les voir essayer de deviner ma réelle nature. Surtout que sans indice, ils vont devoir chercher très longtemps ! A vrai dire, ce n'est pas par amusement que je les faisais chercher ce que j'étais réellement, c'est plus parce que j'ai peur. Même s'ils étaient des vampires et donc des personnes non humaines, je ne voulais pas qu'ils me rejettent parce que j'étais dangereuse, ou parce que j'étais spéciale. Et je n'avais pas non plus envie qu'on me renvoie dans ce foutu laboratoire où j'ai vécu une grande partie de mon enfance. Plus jamais.

Je sentis soudainement une présence à mes côtés, qui me fixait. Je relevais la tête et fixais cette personne qui se trouvait être Subaru. Pourquoi me regardait-il comme ça ? On pouvait déceler dans son regard une certaine...inquiétude ?

« J'ai quelque chose sur le visage ? demandais-je simplement, plus froidement que je n'aurais voulu le dire.

- Non, enfin...si, des larmes. Me répondit-il, restant impassible et cette lueur que j'avais vu dans ses yeux, maintenant disparue.

- Quoi...? fis-je bêtement. »

Je portais ma main à ma joue et constatais qu'effectivement, elle était humide. Pour illustrer ce qu'avait dit l'albinos, une goutte salée tomba sur ma main, et je la retirais rapidement, comme si cette goutte m'avait brûlé. J'essuyais rapidement mes larmes du revers de la manche et me tournais vers Reiji, comme si de rien n'était.

« Est-ce que je pourrais être menée à ma chambre, s'il te plaît ? dis-je poliment.

- Bien sûr, suis-moi. »

Le deuxième fils me fit signe de le suivre et m'emmena à travers les larges couloirs du manoir. Il s'arrêta soudainement devant une porte en bois, et me regarda de nouveau en me disant simplement que ma chambre se trouvait ici, avant de repartir. Je restais debout dans le couloir, regardant la direction qu'avait prise le garçon aux lunettes, avant de pénétrer dans ma chambre. C'était une grande pièce, possédant un lit immense sur le côté droit, avec de chaque côté une table de chevet en bois blanc. Du côté gauche se trouvait une porte menant sûrement à la salle de bain, avec à côté de celle-ci une armoire immense, et à côté de cette armoire un bureau avec un miroir. Je remarquais dans un coin de la pièce ma valise qui avait sûrement dû être déposée après mon arrivée.

Je lâchais un long soupir avant de prendre mes affaires de toilette et de me diriger vers la salle de bain. Une fois dans la pièce, je fis couler de l'eau dans le grande bain se trouvant presque au centre, et me déshabillais. En attendant que le bain soit rempli, je m'observais dans la glace. Il fallait que je mange un peu plus, c'était limite si mon ventre n'était pas creusé, et ne parlons même pas de mes cernes qui se formaient de plus en plus chaque jour. En même temps, à cause de mon cauchemar redondant, je n'arrivais pas vraiment à dormir plus de deux heures. Je soupirais de nouveau et coupais l'eau du bain, avant de plonger un pied, puis le deuxième, et enfin tout mon corps dans l'eau chaude. Je lâchais un léger gémissement de satisfaction et fermais les yeux, me détendant enfin depuis longtemps. Depuis toujours, même. L'eau à l'orphelinat n'avait jamais été aussi chaude, et cela me faisait vraiment du bien !

Je fermais les yeux, profitant de ce bon bain chaud, et m'endormis presque instantanément. Allais-je enfin pouvoir dormir sans faire de cauchemar ?