Note :

Bonjour tout le monde.

Voilà une fic qui trottait dans ma tête depuis pas mal de semaines maintenant, et je me suis décidée à la mettre sur papier ou plus exactement sur ordi.

Je me suis toujours demandé ce que ça ferait d'avoir une Bella superficielle et prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut. J'ai fait en quelques sortes un échange de personnalité entre ce qu'on a plus ou moins l'habitude de voir en Edward et elle et ça a donné... Ceci. Je fais juste un essai parce que je ne sais pas du tout comment cette fic va être accueillie et je ferai en fonction de ça.

J'ai déjà écrit quelques chapitres - je suis dans l'écriture du sixième - et j'ai absolument tout en tête, du prologue, à la fin en passant par toutes les péripéties.

Après, ça parle de quoi ? J'ai placé mon intrigue à Princeton - pour les fans, là où a étudié Gregory House ;) - Bella est fille du gouverneur du New Jersey, elle a toujours eu tout ce qu'elle voulait dans sa vie et entend à ce que celle-ci reste parfaite du début à la fin, même s'il faut qu'elle triche ou soudoie - c'est même sa spécialité -. Edward est fils de pasteur, il a toujours travaillé très dur pour arriver là où il en est et ne supporte pas cette fille de riche et c'est réciproque.

Je n'en dévoile pas plus pour le moment, vous allez pouvoir vous faire une idée avec ce qui va suivre, je vous souhaite donc une très bonne lecture et... à une prochaine fois ? Qui sait... Bisous !


Elle contre Lui


Chapitre Un : Une oie blanche ? Bella's POV

Chanson : Confidences pour confidences _ Jean Schultheis

° o.o.o °

Agenouillée dans un des couloirs déserts du Nassau Hall, je maintenais fermement les hanches de Jared alors que j'étais en train de l'envoyer au septième ciel avec ma bouche, mes dents et ma langue. Ses mains perdues en haut de mon chignon, je suçais de plus en plus fort son pénis, le faisant gémir avec passion. J'enchainais un dernier aller retour le long de sa verge puissante pour me concentrer sur son gland et son chanfrein, le sentant proche de sa délivrance comme de la mienne. Il froissa la liasse de papier qu'il avait dans sa main, les doigts de son autre main fermement appuyés sur mon crâne, dans un ultime soubresaut, éjaculant en deux jets dans ma bouche et laissa retomber sa tête contre le mur blanc, haletant.

J'avalai rapidement sa semence en essayant de ne pas grimacer, me détachai de lui et me remis sur mes pieds, un sourire satisfait aux lèvres, plutôt fière de moi.

En me sacrifiant un peu, une fois de plus, j'avais eu ce que je voulais...

J'observai quelques secondes ses yeux clos, sa bouche entrouverte, rouge à force d'avoir pincé ses lèvres. Il était presque beau. Grand, mate, les cheveux coupés courts, les yeux sombres, en amende, il aurait pu être mon type, si seulement il avait connu une salle de sport et le mot " musculation ". Son t-shirt blanc faisait encore plus ressortir le fait qu'il aurait pu être digne d'intérêt à mes yeux ; son manque de muscles était manifeste... C'était pour cette raison que je ne l'avais jamais accepté dans mon cercle d'intimes. Pas assez impressionnant. Pas assez digne d'intérêt.

Je défis mes cheveux et m'appliquai à refaire mon chignon de façon parfaite, lorsqu'il revint enfin sur Terre et ouvrit ses yeux.

Il me regarda intensément durant de longues secondes, ses yeux errant jusqu'au décolleté que dévoilait les trois boutons défaits de la chemise blanche qui me collait comme une seconde peau.

Ses doigts se tendirent jusqu'à mon cou que je repoussai avant qu'ils ne me touchent, un sourire de plus en plus amusé aux lèvres.

Il fronça les sourcils et plongea à nouveau ses yeux dans les miens, les sourcils légèrement froncés avant qu'un éclat rieur traverse fugacement ses prunelles sombres.

" Je parie que tu portes le P de Princeton à ton cou. C'est l'hypothèse que je me suis toujours faite. " Fit-il d'une voix encore enrouée par le plaisir.

Je lui lançai un regard énigmatique, assez surprise qu'il me parle de mon bijou, comme si je ne venais pas de lui faire une fellation dans un couloir désert et l'université de Princeton et comme si on était en train de parler chiffons. D'un côté, je le trouvais intéressant. D'un autre, trop quelconque. Je finis tout de même par soulever la chaîne en argent que je portai pour la dégager de mon décolleté. Avec ce qu'il allait me donner, je pouvais lui accorder ce petit privilège.

" Bien joué, Sherlock. " Répliquai-je en lui montrant rapidement le P finement ouvragé qui y était accroché.

Je le remis dans la vallée de mes seins remontés par mon push-up, et surpris une nouvelle fois son regard sur ma poitrine. Un regard teinté d'envie. Un regard trop prévisible.

" Même pas en rêve, Jared. Sois déjà heureux que j'ai accepté le sexe oral dans un couloir désert de Nassau Hall. Imagine si on nous avait surpris... " Souris-je, même si je savais que c'était quasiment impossible ; je m'arrangeai toujours pour traiter mes affaires sans être dérangée.

Un étrange son sortit de sa gorge et ses yeux balayèrent doucement ma jupe crayon noir et mes jambes laiteuses qu'elle découvrait avant de se détourner.

Puis, avec ce qui ressemblait à un soupir de regret, il me tendit sans un mot la liasse de papiers légèrement froissée qu'il avait dans sa main droite et referma ensuite son jean. Comme s'il se résignait à accepter le peu que je lui offrais.

Je la pris rapidement et me mis à compulser les documents avec attention.

" J'imagine que tout est là... "

Il me lança un regard vexé.

" Bien sûr ! Je suis le secrétaire du doyen, j'ai donc accès à tous ses documents confidentiels.

_ Ce que j'aime dans cette fac, c'est que les sujets des partiels sont toujours faits pendant les vacances d'été. Et ce que j'aime par dessus tout, c'est que j'arrive toujours à trouver un moyen pour les avoir. " Fis-je avec un petit rictus.

Et ce, depuis toujours. Quand je voulais quelque chose, je l'avais. Peu importe le moyen pour y parvenir. S'il fallait que je me mette à genoux quelques minutes, je le faisais sans me poser de question.

Il eut un rire sans joie mais me regarda quand même avec une pointe d'admiration.

" Et dire qu'on te prend pour une bosseuse qui ne ferait pas de mal à une mouche... Dit-il.

_ Je suis un ange réincarné.

_ L'ange de la luxure...

_ C'est ce que disent certains, en effet. "

Je jetai un coup d'œil à ma montre et pris mon sac posé à ses pieds. J'allais être en retard. Et le jour de la pré rentrée, ça le faisait vraiment pas.

" Ce fut un plaisir. Fis-je en mettant dans ma bouche un chewing gum à la fraise.

_ Si tu as besoin d'autres renseignements...

_ Ne t'inquiètes pas pour ça. " Le coupai-je.

Il parut déçu mais n'en dit rien. Il se détacha du mur et passa une main nerveuse dans ses cheveux.

" Tous les ans, je risque ma place pour toi. Marmonna-t-il.

_ Et tous les ans je t'en remercie... Ne me dis pas que tu n'aimes pas ma langue...

_ J'aimerais bien la connaître d'une autre façon.

_ Impossible. Je ne sortirai jamais avec toi et je te l'ai dit des milliers de fois. Il te faudra te contenter de nos petites entrevues avant la pré-rentrée. Sur ce... "

Je me hissai légèrement sur la pointe des pieds malgré les 10 cm de talons que je portais et effleurai sa joue rasée de près de mes lèvres.

" Encore merci. " Soufflai-je avant de m'éloigner rapidement.

Je regardai une nouvelle fois ma montre et marmonnai en accélérant le pas.

Il me restait à peine un quart d'heure pour passer aux toilettes, me laver les dents et parfaire mon maquillage avant de me présenter à l'amphi James Madison. Il allait falloir que je joue serré. Je sortis du Nassau Hall et traversai les pelouses impeccablement tondues de Princeton, ne faisant pas attention aux regards brûlants que me lançaient la plus part des étudiants, et m'engouffrai dans un bâtiment annexe. Je montai rapidement les escaliers, bousculant impatiemment quelques filles à la lenteur d'escargot, et me précipitai dans les toilettes au milieu du couloir, regardant une nouvelle fois ma montre : 11 minutes.

Je pliai soigneusement les papiers que Jared m'avait donnés et les plaçai dans mon agenda relié de cuir noir que mon père m'avait offert quelques jours plus tôt pour ma rentrée en Master 1 d'Histoire, puis sortis ma trousse de maquillage. Après avoir jeté mon chewing gum, je me brossai énergiquement les dents, remis avec application du eye-liner, une couche de fard à paupière écru légèrement irisé et une petite touche de rouge à lèvre rouge pour avoir une bouche à croquer. Satisfaite, je vérifiai malgré tout mon chignon quand mon iPhone sonna dans mon sac. 8 minutes...

Je marmonnai et le sortis rapidement et souris en voyant la photo de mon père sur l'écran alors que je rejoignais le couloir et les escaliers.

" Bonjour Papa. Fis-je avec enthousiasme.

_ Bonjour ma chérie. Je ne te dérange pas ?

_ J'ai encore 6 minutes.

_Toujours ton exactitude...

_ C'est ça quand tu es la fille d'un homme politique. "

Il rit alors que je longeai rapidement le couloir encombré du rez de chaussée.

" C'était pour te dire que je t'avais fait un petit virement pour les services que tu m'as rendus cet été. Tu vas sans doute recevoir un sms de la banque.

_ Tout le plaisir a été pour moi. Souris-je en songeant au nombre de zéros qui allait être à ma disposition.

_ J'espère que tu rentreras avant Thanksgiving.

_ On verra ça.

_ J'ai renouvelé le contrat de ta femme de ménage pour que tu n'aies pas à t'occuper de ces futilités et que tu te concentres sur tes études. N'oublies pas que les médias te surveillent...

_ Je sais, Papa.

_ Tu penses être réélue Présidente de ta confrérie ?

_ Oui, sans aucun problème. J'ai déjà fait le planning de notre premier semestre.

_ Parfait. "

J'arrivai un peu essoufflée devant les portes de l'amphithéâtre où une foule compact d'étudiants en quatrième année se bousculait. Je cherchai rapidement Jessica, Lauren et Rosalie des yeux et repérai la longue chevelure blonde et impeccablement ondulée de cette dernière un peu plus loin.

" Je vais devoir te laisser... Fis-je à mon père.

_ Quatre minutes ?

_ Trois.

_ Tu me rappelles dans la semaine.

_ Vendredi soir, 20 h. Je vais le noter dans mon agenda.

_ Tu es une vraie business woman.

_ J'aime que tout soit parfait.

_ Comme toi. Je t'embrasse. J'ai mon chef de campagne sur une autre ligne, c'est important. A Vendredi.

_ A Vendredi.

_ Oh et Bella !

_ Oui, Papa ?

_ Ne dépenses pas trop. "

Je souris et raccrochai sans répondre. Jessica, qui m'avait vue la première, me fit un grand signe de la main, avec un sourire éblouissant. Arrivée à leur hauteur, je les embrassai toutes les trois et regardai pour la énième fois ma montre.

" Il faut qu'on rentre. Leur dis-je.

_ Toujours ton exactitude. Tu sais très bien que Montgomery est toujours en retard. Râla Rosalie.

_ Peu importe. J'aime l'idée qu'il me voit la première installée. Ça fait toujours bonne impression. "

Sans un mot de plus, je me faufilai entre les étudiants, saluant ceux que je connaissais d'un sourire ou d'un hochement de tête.

" Bien ta jupe. Elle moule parfaitement tes fesses. Me fit Rose alors que nous descendions les marches de l'escalier de l'amphithéâtre désert.

_ C'est pour ça que je l'ai choisie. " Souris-je par dessus mon épaule.

Nous nous installâmes au premier rang et je sortis un bloc notes et mon agenda alors que Jessica et Lauren faisaient le tour par l'autre côté de telle sorte que je sois assise au milieu d'elles, comme toujours.

" Tu es passée voir Jared ? " Me demanda Rose, l'air de rien.

Un rictus déforma mes lèvres et je lui lançai un regard éloquent qu'elle me rendit en secouant doucement ses boucles.

" Tu es incorrigible. Me souffla-t-elle.

_ Non. J'utilise juste la faiblesse des hommes. "

Je sortis une petite bouteille d'eau de mon sac et me mis discrètement une touche de Nina Ricci.

" Comment va Alec ? Lui demandai-je après quelques secondes de silence en griffonnant sur mon agenda d'appeler mon père Vendredi à 20 h.

_ Parfaitement bien. Répondit-elle avec un sourire attendri.

_ Ça va faire bientôt un an dans quelques jours.

_ Deux. Et tu le sais très bien ! Le 4 Octobre.

_ Déjà ? Ça passe vite. Fis-je sans prêter attention à sa dernière réplique.

_ C'est surtout que tu ne l'as jamais apprécié. A croire que tu lui en veux de ne t'avoir jamais accordé la moindre attention. "

Un sourire froid étira mes lèvres alors qu'elle soutenait mon regard sans ciller. C'était peut-être pour cette raison que cette fille s'approchait plus ou moins de la notion de meilleure amie pour moi. Elle ne baissait jamais les yeux. Tentait même de me tenir tête.

" Il m'en aurait accordé, je lui aurais arraché les yeux et les testicules. Qu'un homme qui sort avec n'importe quelle fille la trompe avec moi, à la limite, je n'en ai pas grand chose à faire. Mais que cet homme sorte avec toi et ait des vues sur moi... Non. Je suis peut-être une garce sans cœur, mais j'ai mes principes. Et le premier d'entre eux dit : jamais ce que Rosalie Hale a ou va convoiter. "

Elle me lança un regard indéchiffrable qui me mit mal à l'aise sur l'instant alors je préférai détourner mon regard.

Je ne lui avait jamais dit que je tenais vraiment à elle. Et à vrai dire, je ne m'étais jamais interrogée sur la question. Mais les mots que je venais de prononcer étaient sortis de ma bouche naturellement, sans que je n'y réfléchisse. Je devais bien me rendre à l'évidence que cette fille, que j'avais rencontré quatre ans plus tôt, à mon entrée à Princeton, faisait partie intégrante de ma vie. Même si nous étions proches l'une de l'autre sans vraiment l'être. Et même si je ne m'étais jamais véritablement confiée à elle. Mais avec qui l'avais-je jamais fait ?

" Merci, Bella. " Souffla-t-elle, utilisant le surnom que très peu avaient le privilège de prononcer.

Je sentais que sa voix était étrangement étouffée, comme si elle avait eu un trop plein d'émotions d'un coup et je cherchais frénétiquement dans ma tête un sujet de conversation valable de faire oublier celui-là. Je voulais qu'elle pense que ce n'était qu'un insignifiant petit détail. Pas une sorte de découverte de mon être.

" Des nouvelles dans la colonne des potins ? " Demandai-je soudain.

Jessica, qui était assise à côté de moi, se tourna vers nous, les yeux brillant d'avidité.

" C'est ce que j'étais en train de raconter à Lauren ! " Fit-elle, toute excitée.

Je lui lançai un regard noir qui la coupa dans son enthousiasme.

J'avais toujours eu horreur de ne pas être la première au courant d'un évènement ou d'une rumeur quelle qu'elle fut.

Je n'étais pas la reine des abeilles pour rien. J'avais travaillé dur pour me bâtir une réputation solide et crédible depuis le collège jusqu'ici. J'étais celle à qui on ne pouvait rien refuser. Celle qui trouvait les failles de chacun et chacune. Celle qui savait tout. Celle qui contrôlait tout. J'avais énormément de pouvoir, je le savais et j'aimais ça. Alors qu'on me mette la deuxième au courant de quelque chose susceptible de m'intéresser ou de me servir pour faire pression sur quelqu'un, non. Je ne le tolèrerai pas. Surtout que j'avais accepté Jessica dans mon cercle parce que je savais de source sûre qu'elle était du genre fouineuse et oreille traînante et qu'elle me servait principalement d'informatrice.

Elle me lança un regard suppliant et déglutit avec difficulté, attendant sans doute mon courroux. Qui ne vint pas.

" Qui ? La questionnai-je.

_ Masen. " Répliqua-t-elle rapidement.

Comme à chaque fois que j'entendais ce nom depuis maintenant plus de dix ans, les muscles de mes épaules se contractèrent et je sentis mes mains se fermer involontairement sur elles-même.

Edward Masen.

Un arriviste qui n'avait rien à faire dans notre monde.

Fils d'un des pasteurs les plus renommés du New Jersey et d'une secrétaire en chef d'après ce que j'avais pu lire dans son dossier scolaire au lycée, il avait toujours été le petit parasite qui faisait que ma vie n'était pas aussi parfaite que je l'aurais souhaité. Toujours habillé de façon misérable, des cheveux à la couleur indéfinissable emmêlés, il avait réussi à intégrer le prestigieux établissement de Sainte Prudence où j'avais passé mon collège et mon lycée, puis, à ma grande consternation, l'université de Princeton grâce à des notes - et ça me tuait de le dire... - correctes.

Il était le genre d'homme que je ne supportais pas. Sûr de ses " valeurs " et de son intelligence, il m'avait toujours regardé de haut, alors que j'étais la fille de Charlie Swan, gouverneur du New Jersey et sans doute futur président des États-Unis. Par conséquent, beaucoup plus importante que lui.

En trois mots : je le haïssais.

" Il est mort ? Demandai-je avec une pointe d'espoir dans la voix.

_ Non.

_ Il a changé d'université ? " Enchaîna Rose comme si on participait à une émission de culture générale où il fallait trouver la première la bonne réponse.

Je savais - par Jared - qu'il n'avait pas pu redoubler et qu'il avait même eu son année avec les félicitations du jury et un B+ de moyenne générale. Autrement dit, qu'il avait passé sa vie enfermé dans sa chambre minable d'étudiants à potasser consciencieusement tous les livres d'Histoire inimaginables, qu'on trouvait à la bibliothèque Firestone, et que grâce à cela, il me tâlonnait.

" Je l'ai vu mangé avec... Montgomery à midi. Et il avait... un dossier que le prof lisait en parallèle.

_ Comment ça un dossier ? Demanda Rose.

_ C'est évident, non ? Il veut Montgomery comme chez de projet, l'enfoiré. " Sifflai-je.

Je savais qu'il était capable des pires coups à mon encontre parce que je savais que notre haine l'un pour l'autre était réciproque. Il avait toujours été dans ma ligne de mir, comme j'avais toujours été dans la sienne. Il avait toujours voulu les meilleures choses et s'évertuait à les acquérir honnêtement alors que moi... J'utilisais mes relations et j'étais sûre par conséquent du succès.

S'il avait présenté un dossier, c'était parce qu'il avait dû s'avancer pendant les vacances et avait déjà l'esquisse de son mémoire alors que je ne comptais pas m'y mettre avant le mois prochain. Il allait falloir que je trouve une parade et vite, sinon Montgomery allait m'échapper et de ça, il en était hors de question.

Il allait falloir que je l'étudie en profondeur. Que je trouve son point faible.

D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais vu ce type avec une fille, à part Angela Weber, sa " meilleure amie " qui le suivait partout comme un toutou avec des yeux énamourés depuis la quatrième mais dont il n'avait jamais semblé se rendre compte.

J'avais toujours veillé à ce qu'il reste célibataire et... puceau, rien que pour le plaisir de le voir rater à moitié sa vie alors que la mienne était une suite de perfections.

Et si je trouvais une fille parmi mes nouvelles recrues pour le faire tomber ? Tous les ans, elles étaient toutes prêtes à faire n'importe quoi pour me faire plaisir et se faire bien voir de moi. Peut-être que j'en trouverai une parmi elles susceptible de me rendre ce petit service.

" On a reçu les dossiers des nouvelles recrues du Gossip ? Demandai-je à Rose, en pleine réflexion.

_ Oui. 17 en tout.

_ Apporte-les moi ce soir, je vais y jeter un coup d'œil.

_ Entendu. Chez toi ?

_ Au Gossip Club. "

Elle me regarda attentivement.

" Tu as quelque chose en tête ? Me demanda-t-elle.

_ Peut-être. " Souris-je.

Si j'avais la moindre chance de capoter ses plans - parce que je ne doutais pas de la véracité de la rumeur, sinon Jessica n'aurait pas eu l'air aussi excitée - je n'hésiterai pas une seule seconde.

" Il est là. " Me souffla Rose en me montrant la porte latérale à notre droite.

Je me tournai dans cette direction et le vis en effet en grande conversation avec le Pr Montgomery qui avait l'air très concentré sur leur conversation et acquiesçait de temps en temps avec un sourire aux lèvres, qui me fit grincer des dents.

A un peu plus de cinquante ans, Owen Montgomery, diplômé d'Histoire de Princeton avec un parcours sans faute et irréprochable et spécialiste d'Histoire contemporaine, était en passe de devenir doyen de l'université et était dans mon collimateur pour être mon futur chef de projet. Et personne au monde ne m'y empêcherait, surtout qu'il choisissait un seul privilégié chaque année. Et ça devait être moi.

Je me redressai sur mon siège à son approche, faisant comme si Masen n'était pas là et lui fis un sourire poli et timide quand ses yeux croisèrent les miens pour descendre un quart de seconde sur ma poitrine. Le choix de cette chemise avait décidément été judicieux aujourd'hui.

" Bonjour, Professeur. Lui dis-je avec toute la candeur dont j'étais capable.

_ Bonjour, Miss Swan. Comment va votre père ?

_ Très bien, merci. Il vous remercie pour votre livre dédicacé que vous lui avez envoyé au mois de Juillet et vous prie d'accepter une invitation à dîner quand cela vous plaira. "

Il se rengorgea un peu, et lissa inconsciemment sa cravate écarlate, visiblement flatté par la proposition que je venais d'inventer.

" Ce sera un plaisir pour moi que de partager sa table. Mais que ce soit lui qui lance une date ; je m'arrangerai pour être libre. Je suppose qu'il doit être très occupé avec les prochaines campagnes.

_ Très bien. Je le lui ferai savoir. "

Il s'inclina d'un mouvement de tête et gagna son pupitre, Masen toujours sur ses talons.

Je notai dans mon agenda d'appeler Alice dans la soirée. J'allais avoir besoin de son aide pour choisir mon plan anti Masen et elle serait peut-être d'une aide précieuse dans ce cas précis.

" 19 h au Gossip Club. On va avoir du boulot. J'en profiterai pour sélectionner mes futures adhérentes et on fera un planning pour la fin de semaine afin que je puisse les rencontrer une à une personnellement. Dis-je à Rose.

_ Je resterai jusqu'à 21 h, après je retrouverai Alec. " Répliqua-t-elle en sortant son portable.

Masen descendit de l'estrade, avec semblait-il, un sourire satisfait aux lèvres et s'installa à l'autre bout de la rangée sur la quelle je me trouvais.

Le Pr Montgomery alluma son micro et comme une seule personne, nous nous levâmes dans l'amphithéâtre pour prononcer cérémonieusement la devise de l'université avant le début du traditionnel discours de bienvenue au quel nous ne pouvons échapper tous les ans.

" Sous la puissance de Dieu, elle s'épanouit. "

Je prononçai ces mots avec ferveur, comme chaque année, me plaisant à m'imaginer à la place de ce "elle" qui représentait l'université et me rassis, le dos très droit, visiblement concentrée sur le maître de conférence.

Moi qui m'étais promis de faire en sorte que cette année soit encore plus parfaite que la précédente, je me mis soudain à appréhender l'avenir et ma haine pour Edward Masen s'envenima encore un peu.