Auteur //Subaru-D

Manga // X Clamp, Tokyo Babylon

Type // Fantômes japonais, horreur, fantastique

Disclaimer // Yaoi shônen-ai

Ôka

Prologue

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La flamme du briquet éclaira son visage le temps de le laisser examiner par la femme qui l'accompagnait. Elle soupira. Il l'avait laissée l'aborder par ce qu'apparemment, il se sentait seul, mais ne manifestait aucune intention un tant soit peu concrète envers elle. Il se contentait de fumer en répondant à ses questions par monosyllabe…décidément, les beaux garçons étaient des glaçons, à se demander si leur belle gueule leur suffisait vraiment à avoir ce qu'ils voulaient.

Pour celui-là, en tout cas, une dizaine de filles se seraient roulées par terre au moindre regard. Des yeux aussi verts, aussi limpides, c'était à en oublier l'austérité de leur propriétaire.

« Ca fait une heure qu'on marche, tu ne veux vraiment pas qu'on rentre boire un verre ? »

Il la regarda, l'air vaguement découragé.

« T'as pas le truc avec les filles, hein ? » Fit-elle avec la sollicitude d'une femme mûre pour un jeune puceau.

« Je ne l'ai avec personne le « truc ». » Répondit-il en détournant le regard, pas troublé pour deux sous. Ni puceau, ni sensible à la sollicitude visiblement. Décidément, il n'y avait pas grand-chose à en tirer…à se demander pourquoi il avait accepté sa compagnie, et elle voulait bien parier qu'il n'aurait pas été foutu de le dire non plus.

« C'est pourtant pas dur, tu sais. Avec un visage comme le tien, un sourire ça peut mettre le monde à genoux. »

« Je n'ai besoin de personne à genoux devant moi. »

« Ce que je voulais dire » Souffla-t-elle, excédée « c'est qu'une jolie bouille peut tout faire dans ce monde. »

« Ho non…ça ne peut pas tout…ça non… »

Son expression était devenue très sombre.

« Ca attire les mauvaises personnes. »

Elle commençait à comprendre…Elle lui prit tout doucement la main.

« Si tu veux en parler... »

« C'est gentil. » Il retira sa main « Mais je n'ai pas besoin de parler. »

« Tu en as besoin à en crever, ça se voit. Je sens ces choses-là…Allez, dis-moi quel genre de salaud t'as mis dans cet état. »

Il eut un rire bas, sinistre.

« C'est obligatoirement un homme ? »

« Mon chéri, excuse-moi de te le dire, mais si on devait porter l'orientation sexuelle autour du cou, tu n'arriverais pas à te tenir droit. »

Durant un instant très furtif, ses joues se rosèrent et elle songea qu'elle se serait volontiers mise à genoux devant lui, pour sa part.

« Ne le prends pas mal. C'était une constatation…Allez, juste un verre, et je te laisse rentrer chez toi. »

Elle lui sourit en lui indiquant un bar. A son soupir, elle en déduisit qu'il cédait.

***

Irochi vérifia une nouvelle fois que tous les fusibles étaient intacts. C'était à n'y rien comprendre…tout avait sauté et s'était rétabli, et ce à chaque étage, à la suite les uns des autres.

Grommelant, le gardien referma le panneau et entama la montée jusqu'au palier suivant. Ses locataires étaient plutôt des gens modestes, pas le genre à consommer beaucoup d'électricité et à faire sauter tous les plombs de l'immeuble…et il avait déjà contrôlé les boîtiers de tous les étages. Si celui-ci était intact, il devrait aller jusqu'à la porte du dernier locataire.

Il avait détesté instantanément ce gamin froid et silencieux, beau comme une gravure de mode, mordant comme une bise hivernale dans son propos et son attitude, désagréable et distant, fuyant comme quelqu'un qui n'a pas la conscience tranquille…

Et cette façon de se tenir, cette manie de regarder dans le vide pendant qu'on lui parlait…Un camé à coup sûr. Puis il avait ces espèces de drôles de papiers dans les poches, couverts d'inscriptions bizarres…Irochi les avait vu un jour où il en avait fait tomber une pleine poignée devant lui.

Il s'en souvenait bien…Ce jour-là le gamin s'était figé au beau milieu du hall, comme si la foudre venait de s'abattre à ses pieds, avant de grimacer et de se frotter le dos des mains, le visage crispé. C'est en retirant l'une d'elles des poches de son manteau qu'il avait fait tomber leur contenu.

Ce tableau-là n'avait rien non plus…il allait falloir aller examiner celui du dernier étage. Pourvu que le locataire ne soit pas là, avec son regard hypnotique.

En montant les marches, le gardien remarqua aussitôt que le courant ne s'était pas rétabli à cet endroit-là.

Il valait mieux que Sumeragi soit absent. Non, dans le noir, ce n'était pas le genre de type qu'on voulait croiser.

C'est en arrivant en haut de l'escalier qu'Irochi entendit les pleurs…un enfant ?

Il attrapa sa lampe torche et la braqua devant lui, en direction de la porte de Sumeragi. Il ne s'était pas trompé…

« Mais qu'est-ce que tu fais là ?? »

Il s'avança et s'agenouilla. Les sanglots s'arrêtèrent.

Et l'ampoule de sa torche grésilla, avant d'éclater, le plongeant dans l'obscurité.

Et un petit rire remplaça les pleurs.

A SUIVRE…