J'ai l'honneur de vous présenter cette fic que j'ai traduite avec la permission de Waterbaby134 (thank you again!), le nom original Throw Away The Key. J'espère que ma traduction lui a fait justice, et que vous allez apprécier cette histoire tout autant que moi !
Cette fic se passe dans un futur proche, après la mort de John le Rouge. Pas de théories sur son identité ici ; c'est une fic centrée sur Jisbon.
Lien vers la fic originale : s/9466141/1/
Disclaimer : De toute évidence rien ne m'appartient, sauf la traduction.
« Détenu 94211 ! Vous avez un visiteur ! »
La voix bourrue du garde était presque étouffée par le bruit d'un bâton raisonnant sur les barres d'acier. Les occupants de la cellule échangèrent des regards sans enthousiasme.
« C'est toi, mec. » Chester Hudson, déclaré coupable de plusieurs vols et fraudes sur Internet, inclina sa tête à son compagnon de cellule, qui haussa les épaules et retourna à son livre.
Pour la deuxième fois, le garde frappa à la porte de la cellule, le son faisant écho dans le couloir.
« 94211 ! », il cria à nouveau. « Ramène ton cul ici. »
Jane plia le coin de la page où il s'était arrêté et referma le livre avec un soupir. Le rangeant à côté de son oreiller, il se leva et déambula jusqu'à la porte sans aucune hâte.
« Ne pouvez-vous pas prendre un message ? » demanda-t-il, à travers un bâillement d'ennui. Il avait noté qu'il se fatiguait beaucoup plus facilement ces derniers jours. Jour après jour dans une cellule ne lui convenait pas du tout. Il avait même remarqué ces dernières semaines que son intellect, avant agile, semblait ralentir. Bien que, même à moitié de sa capacité, il réussissait à déjouer au moins 99,9 % du reste de la population carcérale, qui comprenait non seulement les autres détenus, mais aussi les gardes.
Le garde, un homme trapu, sans patience, connu aux détenus qu'au nom de « Fisher », s'ébroua avec dégoût. C'était bien un homme de l'école traditionnelle des gardiens de prison ; un con un jour, un con toujours. Il ne pouvait y avoir de remise en état. Il semblait également donner très peu de crédit au fait que Jane avait une fois travaillé avec la police, et était le responsable de l'envoi de bon nombre de ses charges en prison en premier lieu.
« Je ne fais pas des courses pour les meurtriers, détenu. »
« Le nom est Jane », le corrigea-t-il patiemment. « Vous le savez, alors pourquoi ne pas commencer à l'utiliser ? »
« Et que dirais-tu d'apprendre à fermer ta grande gueule avant que je te casse la mâchoire ? » Rétorqua Fisher d'un ton brutal.
Jane s'abstint de lever les yeux au ciel. Être constamment entouré de toute cette insécurité enfouie sous la charade du dur-à-cuir devenait très pénible. En fait, la dernière fois qu'il se rappelait avoir entendu une parole qui avait du sens était lors d'une brève conversation avec Josh le nettoyeur la semaine dernière. Un homme beaucoup plus intelligent que ce que sa classe salariale reflétait il avait conclu qu'ils s'étaient connectés à un niveau qu'il n'avait pas vécu depuis un long moment. Ça avait été un changement agréable.
« Ouvre sur 12 ! » cria Fisher à un collègue inaperçu, et avec le bourdonnement assourdissant habituel, la porte de la cellule glissa, et Jane sortit.
« Qui est le visiteur ? » demanda-t-il a Fisher, car ses mains étaient menottées, et il était escorté le long du corridor vers la salle des visites.
« Est-ce que je ressemble à une secrétaire ? », est venue la réponse.
Elle tapota ses doigts sur la table, tout en gardant un œil fixé sur la porte menant aux cellules. Cela faisait maintenant deux semaines qu'il était ici, et c'était la première fois qu'elle lui rendait visite. En fait, il lui avait fait promettre, le jour de sa condamnation, de ne pas venir le voir. Il avait dit qu'une rupture nette serait le mieux pour tout le monde, et aussi quelque chose d'autre qu'elle n'avait pas compris, comme il était en train d'être emmené par les gardes à l'époque. Elle était restée assise dans la voiture pendant près de vingt minutes après s'être garée, essayant de trouver le courage d'aller à l'intérieur. Elle avait débattu simplement lui téléphoner ou lui envoyer une lettre, mais au final s'était traînée jusqu'ici.
D'ailleurs, elle ne pouvait supporter de laisser passer la chance de voir par elle-même comment il se portait. Jane n'était certainement pas étranger au système de prison après tout, mais ce terme s'avérait être plus long que ses précédents séjours. Le juge avait été très clément, rétrogradant la charge de meurtre pour homicide involontaire, et rejetant tous les dossiers judiciaires antérieurs de Jane mais il l'avait tout de même condamné à cinq ans d'emprisonnement, dont trois ans de prison ferme. C'était apparemment le remerciement qu'ils avaient obtenu pour avoir débarrassé la Californie de l'un de ses tueurs en série les plus sadiques.
Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour lui. Elle avait parlé avec beaucoup d'insistance sur son nom lors du procès, mettant en évidence toutes les atrocités que John le Rouge avait commises, leur avait énuméré toutes les affaires qu'il avait aidé à résoudre, et avait même donné comme référence un personnage lumineux. Elle avait fini par plaider avec le jury à conclure qu'il n'était pas coupable et de finalement le laisser tranquille, mais en vain. L'avocat de la défense lui avait dit d'avance que de rester détaché et professionnel donnerait à Jane sa meilleure chance, mais quand elle avait pris la barre, elle avait fait l'erreur fatale de croiser le regard de son consultant, ouvrant ainsi tous ces sentiments pour lui qu'elle avait désespérément essayé de maitriser.
Elle n'aimait pas penser à comment elle avait dû paraître devant cette salle d'audience ; comme une personne si bornée par les émotions qu'elle aurait pu dire ou faire n'importe quoi pour l'avoir libéré.
L'avocat avait été inutile, à la fin. Jane aurait mieux fait de se représenter à nouveau, mais elle lui avait demandé de consulter un professionnel et pour une fois, il l'avait écouté.
Si seulement elle avait su qu'il avait une arme. Si seulement elle ne l'avait pas laissé disparaître tout seul. Si seulement elle était arrivée à temps... Mais c'était inutile de repartir sur ce qui aurait pu être évité. On ne pouvait pas changer ce qui était fait, et ils devaient tous maintenant faire face aux conséquences.
Un buzzer retentit, la porte s'ouvrit, et Jane apparût, accompagné par un garde aigri. Elle sentit son souffle se couper tout en l'étudiant ; les mêmes boucles d'or, la même posture parfaite, même si elle pouvait voir qu'il avait perdu un peu de poids depuis qu'il était ici. Ses yeux bleus scannèrent la salle, à la recherche d'un visage familier, et atterrirent immédiatement sur elle.
Au début, il semblait simplement stupéfait, mais après un moment, son visage se détendit dans ce million-de-dollars sourire qui lui était propre, et c'était comme le regarder perdre au moins vingt ans pendant qu'il suivait le garde à la table où elle était assise. Même en tant que prisonnier de l'État de Californie, il avait maintenu cette splendeur sans effort ; mais d'après les quelques histoires de prison qu'elle avait entendu, elle ne pouvait pas être sûre si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
Elle l'examina d'encore plus près pendant que le gardien enlevait les menottes de Jane et se retira contre le mur du fond. Quelques lignes en plus sur le front que dans son souvenir, des cernes sous les yeux (il était clairement encore insomniaque), mais avec un certain air paisible qui émanait de lui maintenant que sa vengeance avait été enfin accomplie.
« Salut patron », dit-il.
Son corps se déplaça de son propre gré, et en un instant, elle était debout et se jetait dans ses bras. Automatiquement il la serra dans son embrasse et pendant une minute ou deux il n'y avait que le bruit de leurs souffles qui s'emmêlaient alors qu'ils se tenaient ainsi.
Aussi tentant que c'était de rester comme ça pendant toute la visite, elle se libéra à contrecœur et ils prirent leurs sièges, s'asseyant face à face.
« Je pensais vous avoir dit de ne pas venir ici », dit-il, mais toujours souriant comme un chat du Cheshire, alors elle savait qu'il était heureux de la voir.
« Je suis ici en tant que citoyenne de Californie, pour voir mes taxes travailler dur. » Elle fit un geste vers ses boucles. « Je vois qu'ils vous gardent bien fourni avec des produits pour cheveux. »
« Eh ! », protesta-t-il, passant sa main dans sa chevelure. « Je vous signale qu'ils sont 100% naturels. »
« Bien sûr, de la même façon que tous les aliments préférés de Rigsby sont 100% sans matières grasses », dit-elle, et il rit. Elle découvrit qu'elle avait oublié exactement comment son rire sonnait ; il l'avait toujours fait penser à du miel chaud. C'était incroyable de voir comment le cerveau humain pouvait rapidement oublier ces petits détails. Bien qu'elle pouvait déjà sentir son corps réagir à le revoir. Son pouls s'accélérait, et cette chaleur familière se propageait lentement à travers elle. Apparemment, d'autres parties de son corps avaient encore une recollection parfaite.
« Comment allez-vous ? » lui demanda-t-elle, pendant qu'il s'installait plus confortablement dans sa chaise, la faisant grincer.
« Bien », dit-il. « Mais j'ai été déçu de constater que la vie en prison n'est pas tout à fait aussi plaisante que le faisait croire Jailhouse Rock. Elvis Presley a beaucoup à répondre avec cette chanson. »
Elle lut entre les lignes de son sourire facile et de sa désinvolture, et pouvait deviner à quel point il devait être misérable ici. Un esprit brillant comme le sien avait besoin de défis, et une stimulation constante. La monotonie de la routine de la prison devait le rendre fou. Elle regrettait soudain ne pas avoir pensé à lui apporter un journal ou un dossier pour qu'il puisse y jeter un coup d'œil, pour l'aider à s'occuper. Elle savait qu'il considérait son esprit comme son plus grand atout, et que l'idée de le perdre devait le terrifier.
Jane pensait apparemment entre les mêmes lignes. « Je m'attendais à Cho », dit-t-il. « Il m'a dit qu'il allait me ramener plus de Sudokus cette semaine. Mais c'est un million de fois mieux. Vous revoir. » Il recula dans son siège un peu, et laissa ses yeux vagabonder sur son visage, mémorisant chacun de ses traits « Vous m'avez beaucoup manqué. »
Sa main était à quelques centimètres de la sienne, et elle avait envie de la prendre et de la serrer, mais trouvait qu'elle ne pouvait pas se résoudre à le faire sous l'œil vigilant du garde, comme s'il allait empiéter sur un moment privé. Elle savait que c'était stupide considérant qu'elle n'avait eu aucun problème à le serrer dans ses bras devant celui-ci il n'y a même pas cinq minutes, mais tenir sa main était quelque chose de plus intime, que personne d'autre ne devrait pouvoir témoigner. Au lieu de cela, elle posa sa main devant celle de Jane, leurs bouts de doigts suffisamment rapprochés qu'ils se touchaient presque, mais pas tout à fait.
« Vous me manquez aussi », dit-elle doucement. « Ce n'est pas la même chose sans vous. »
Le CBI était différent maintenant qu'il n'était plus là. L'enclos était trop calme, le vieux canapé brun trop vide. Même au volant de sa voiture elle ne pouvait se débarrasser du sentiment qu'il manquait un passager.
« Comment va le bon vieux Bureau? » demanda-t-il, et elle fut reconnaissante du changement de sujet, lui apprenant que Rigsby et Van Pelt emménageaient ensemble, les récentes félicitations de mérite de Cho, et le nouveau pari du bureau si oui ou non le nouveau directeur, un homme du nom de Brendan Sanderson, portait une perruque.
« Nous avions plusieurs paris placés sur nous, vous savez », dit-il pensivement, après qu'elle ait relayé l'incident lorsque James Bedford de la cybercriminalité avait accidentellement heurté Sanderson dans l'ascenseur pour tenter de déloger le toupet présumé, mais en même temps renversant du café sur la chemise du directeur. « Ils ont parié pendant des années sur si nous dormions ensemble ou pas. » Il eut un petit sourire. « Je me demande qui a fini par gagner », dit-il. « La dernière fois, j'avais entendu que le pot était à plusieurs milliers de dollars. »
« Vous venez d'inventer ça » l'accusa-t-elle, mais il secoua la tête.
« C'est la vérité. » répondit-il. « Même Hightower avait placé de l'argent sur nous quand elle était là. Demandez-lui si vous ne me croyez pas. » Il lui sourit une fois de plus.
C'était incroyable que, même dans une salle remplie de gardes, de détenus et de leurs visiteurs, il pouvait encore lui donner l'impression que le monde n'existait que pour eux deux. Les soirées qu'elle avait passé seule avec lui dans son bureau une fois tout le monde parti étaient toujours le point fort de sa journée ; mais elle allait maintenant devoir s'habituer à une table boulonnée au sol dans une salle bondée.
« Alors dites-moi, ma chère, comment allez-vous ? » demanda-t-il, en élevant légèrement la voix pour se faire entendre par-dessus du couple se disputant à la table voisine.
« Je vais bien », mentit-elle. Elle dormait mal, mangeait irrégulièrement et il lui manquait à chaque instant de la journée ; mais elle ne pouvait pas se résoudre à l'admettre. Sa souffrance devait être minime en comparaison à la sienne.
« Menteuse », dit-il. « Cho m'a dit la semaine dernière que vous aviez du mal mais même s'il m'avait rien dit, je peux le déchiffrer juste en vous regardant. » Son regard s'adoucit alors qu'il étudiait son teint pâle et son physique aminci.
« Eh bien, si vous connaissiez déjà la réponse, pourquoi poser la question ? » demanda-elle d'un ton sec.
« Je voulais savoir si vous pensiez toujours pouvoir me mentir, même si vous savez que c'est inutile. »
« Félicitations », répondit-elle sèchement. « Vous aviez raison. »
Elle attendit qu'apparaisse le sourire triomphant, mais il n'est jamais venu. A la place il soupira, et elle sentit son regard appuyé sur son visage.
« Il faut que vous prenniez mieux soin de vous », la gronda-t-il doucement. « Vous allez vous rendre malade si vous continuez ainsi. »
Elle croisa les bras, défiante et irritée d'être reprise comme si elle n'était qu'une enfant. Ce n'était pas aussi facile à dire qu'à faire. Ce n'était pas de sa faute si à chaque fois qu'elle essayait de manger, elle ne pouvait gérer que quelques bouchées à la fois, et le sommeil était presque impossible avec des pensées de lui traversant son esprit au moment où elle se couchait. Pensait-il qu'elle aimait être comme ça ? Sa vie serait beaucoup plus facile si elle pouvait le chasser hors de ses pensées pendant un petit moment mais dix ans habituée à se soucier de lui ne pouvaient pas s'effacer par un coup de tête. Cela faisait partie de la raison pour laquelle elle était venue ici aujourd'hui ; elle avait pensé que le voir allant bien pourrait mettre son esprit au repos. Jusqu'ici, le plan n'allait pas tout à fait comme prévu. Le voilà en face d'elle, tout à fait malheureux, mais mettant un faux sourire pour son profit ; et elle était maintenant plus que jamais préoccupée pour lui.
Le gardien qui avait escorté Jane dans la salle était soudain à leurs côtés.
« Dix minutes, détenu », grogna-t-il ; puis à Lisbonne, sur un ton beaucoup plus agréable. « Madame ».
Jane le regarda partir. « Un homme véritablement éclairé, Fisher, » dit-il, la voix dégoulinante de sarcasme. « Si vous étiez en train de vous faire battre à mort dans la cour d'exercice, c'est celui que vous voudriez debout en train de regarder. »
Son sang se glaça à ces mots. Ils savaient tous les deux que Jane avait peu de force physique, et couplé avec sa grande bouche et son penchant pour énerver les gens, il pouvait potentiellement s'attirer beaucoup d'ennuis. Elle avait espéré que les gardes le surveilleraient, mais apparemment c'était espérer beaucoup trop.
« Je pourrais arranger de vous avoir sous protection », dit-elle, suivant les mouvements du garde avec ses yeux. « Peut-être même qu'on vous mettra dans une cellule à vous tout seul. Je peux faire quelques appels, demander un service ou deux. »
Il pouvait pratiquement voir son cerveau passer en mode réparation, et ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire.
« Ce n'est pas nécessaire. Gardez plutôt toute cette bonne volonté pour quelque chose d'important. »
Un éclair de colère traversa ses yeux verts émeraude. « Vous êtes important. »
« C'est discutable. »
« Vous êtes important pour moi. »
Il sourit à l'apparition soudaine de Sainte Teresa. Il se demandait quand est-ce qu'elle allait se présenter. « Tout va bien », la rassura-t-il. « J'ai tissé ma toile, un peu d'hypnose ici et là, fait en sorte qu'on me devait des faveurs par les bonnes personnes. Je ne risque rien. » Quand elle avait toujours l'air préoccupée, il ajouta, « Ne vous inquiétez pas, je sais mieux que de remuer le pot sans vous et votre arme me protégeant derrière mon dos. » Il lui sourit, mais elle ne réciproqua pas le geste.
« Vous me pardonnerez si j'ai des doutes à ce sujet. Et si vous ne faites pas attention, vous pourriez vous retrouver avec une peine plus longue encore... ou pire. » Elle cligna des yeux pour se débarrasser de l'image de Jane allongé sur le sol de pierre froid entouré par des détenus rieurs pendant qu'il se vidait de son sang, image qui devenait un cauchemar récurrent.
Il secoua la tête. « Je ne ferais rien pour compromettre mes chances d'obtenir une libération conditionnelle anticipée. Trop à perdre à l'extérieur. »
« Le CBI trouvera un moyen de vous reprendre quand vous sortirez, si vous voulez revenir », dit-elle. « Vous fermez les dossiers comme un fou, ils ne voudront pas renoncer à ce précieux atout. »
« Ce n'était pas ce que je voulais dire. »
Il avait le sentiment qu'elle avait délibérément mal compris ; elle savait aussi bien que lui qu'il se moquait de son travail au CBI. La seule et unique raison pour laquelle il était pressé de sortir d'ici était pour la femme assise en face de lui. Il prit sa main et caressa doucement le dos avec son pouce.
« Jane ! » protesta-t-elle dans un murmure, en regardant prudemment au-dessus son épaule dans la direction de Fisher.
Il l'ignora, au lieu apportant sa main à ses lèvres et posa un baiser sur sa paume. Elle ferma les yeux brièvement au contact, se souvenant.
« Teresa », dit-il calmement. « Il n'a pas été un jour passé dans cet endroit sans que je ne pense à vous. Et je suis désolé, vraiment désolé, que nous n'ayons jamais vraiment eu notre chance. »
Elle retint sa respiration ; elle savait qu'ils étaient tous deux en train de penser à la même chose. Une nuit, une semaine environ avant qu'ils aient trouvé John le Rouge, il était venu à son appartement avec de la bière et du chinois. Une minute ils étaient assis innocemment ensemble sur le canapé, l'autre, il la portait dans sa chambre, la nourriture et la bière oubliées. Il l'avait embrassée avec insouciance, comme si toute sa maîtrise de soi avait disparu, ses mains la touchant, la caressant, la faisant soupirer pendant qu'il embrassait son cou, chuchotant des choses à son oreille, son souffle si chaud qu'il lui chatouillait la peau. Même s'ils étaient tous deux encore habillés, elle ne s'était jamais sentie aussi vulnérable. Elle était à sa merci.
Mais quand elle avait atteint la boucle de sa ceinture dans l'espoir de faire bouger les choses un peu plus vite, il l'avait gentiment écartée, posant son dos contre les oreillers, et embrassa son front, son cou, et puis finalement à nouveau ses lèvres.
« Pas encore », avait-il murmuré.
« Quand ? » Elle se rappelait de la note de désespoir dans sa voix, car elle avait compris que c'était encore un autre non-événement. Elle le haïssait un peu pour cela : se sentir à découvert, et ne pas obtenir de lui ce qu'elle voulait le plus. Elle lui avait déjà tout donné était-ce trop demander pour un peu de réciprocité?
« Bientôt ». Il l'avait embrassé sur le front de nouveau, et était parti.
Une semaine plus tard, elle le regardait être chargé à l'arrière d'une voiture de police, les larmes aux yeux. Bientôt n'est jamais venu.
« Je sais que vous êtes désolé. Croyez-moi, je le suis aussi. »
Parfois, elle était désolée de l'avoir rencontré. Sa vie tournait très bien avant qu'il soit venu, tournant son monde à l'envers ; et de l'avoir fait aimer plus qu'elle n'avait jamais pensé pouvoir aimer quelqu'un. Elle avait toujours pensé les sentiments qu'elle avait eu pour Greg étaient les ultimes indicateurs de l'amour, jusqu'à ce que Jane soit venu et ait soufflé cette théorie hors de l'eau. Elle aurait peut-être été mieux dans l'ignorance.
« J'aurais aimé que les choses soient différentes », dit-il avec ferveur. « Et je sais que je n'ai absolument aucun droit de vous poser cette question, mais je vais le faire quand même. » Il posa ses doigts sous son menton, la forçant tout en douceur de relever les yeux pour rencontrer les siens. « Vous êtes la raison pour laquelle je suis resté à Sacramento quand je comptais toujours partir sans jamais revenir, et la seule personne avec qui je pourrais vouloir construire un avenir. M'attendrez-vous ? »
La question la surprit, car il n'avait jamais fait un commentaire aussi direct sur eux deux dans une relation. Il agissait toujours par les moqueries, par des indices et des commentaires ambiguës qui pouvaient la laisser plusieurs jours confuse, essayant de les déchiffrer. C'était un signe certain qu'il voulait être avec elle. Elle aurait dû en être ravie. Mais ...
« Je vous ai attendu voilà dix ans, Patrick », dit-elle. « Attendu que John le Rouge soit hors du le chemin, et que vous fassiez la paix avec votre passé. Et maintenant que vous avez enfin fait cela, vous voulez encore me faire attendre ? » Elle soupira. « Quinze ans, c'est beaucoup pour être encore dans les flammes romantiques. »
« Ce ne sera peut-être pas si long », souligna-t-il. « Je pourrais être libéré sous parole après trois ans. »
« J'ai toujours pensé que je serais mariée maintenant », dit-elle tristement. « Peut-être dans ma propre maison et avec un enfant ou deux. Pas dans la salle de visite d'une prison. »
« Je sais que nous ne pouvons pas être ensemble pendant que je suis ici », dit-il. « Mais nous pourrions avoir une vie ensemble, Teresa. Une très belle. »
Elle y avait pensé parfois. Elle les avait toujours imaginé vivre dans les banlieues, dans un endroit tranquille, où ils pourraient vivre leur vie sans crainte. Regarder des vieux films ensemble sur le canapé. Faire l'amour le matin avant d'aller au boulot. Peut-être qu'un jour il pourrait même déterrer les vieux albums de photos qu'il avait gardé à la maison de Malibu et lui montrer sa femme, sa fille et la vie qu'ils avaient autrefois.
« Je sais », acquiesça-t-elle. « Et je le veux plus que tout. Mais pendant toutes ces années, le temps n'a jamais été bon pour nous. Peut-être que quelqu'un essaie de nous dire quelque chose. » Elle leva les yeux au ciel et pria pour un signe. Sa tête la tirait dans un sens et son cœur dans l'autre, et elle n'avait toujours pas la moindre idée de qui serait le vainqueur. « Peut-être que vous aviez raison à l'audience. Peut-être qu'une rupture nette serait la meilleure solution. »
« Je vous aime », dit-il sincèrement. « Si cela aide en quoi que ce soit. »
C'était bon de l'entendre le dire sans le reprendre, et elle s'autorisa un moment pour apprécier la gloire d'être aimé par Patrick Jane. C'était un club très exclusif, avec seulement une autre personne accordée une place.
« Je vous aime », répondit-elle. « Mais c'est aussi le problème. J'ai été tellement concentrée sur ce que vous vouliez pendant toutes ces années, que je ne sais pas ce qui est bon pour moi. »
Il a fait un excellent travail pour cacher sa déception face à sa réponse moins qu'enthousiaste, mais elle vit de la douleur scintiller brièvement dans ses yeux en y regardant attentivement.
« Je comprends », dit-il. « Vous avez raison. Je n'aurais jamais dû demander. Vous méritez d'avoir une vie remplie et tout ce que vous désirez ; pas être liée à un homme en prison. » Mais ensuite il lui sourit à nouveau. « Allez remettre votre carrière sur les rails, et briser le cœur de quelques hommes. Mais savez simplement que le jour où je sortirai d'ici, la première chose que je ferai sera de venir à vous, me mettre à genoux et prier s'il le faut. »
Elle lui sourit en retour. « Je suis impatiente de voir ça. »
« Vous allez venir me rendre visite de temps en temps, non ? » Demanda-t-il.
« Les meilleurs amis sont faits pour ça, n'est-ce pas ? »
En vérité, elle savait qu'elle allait probablement passer les prochaines années à compter les jours jusqu'à ce qu'il soit de retour dans sa vie, et que, une fois qu'elle l'avait de nouveau, elle ne serait jamais capable de le laisser repartir. Mais ce serait sa décision, quelque chose qu'elle avait choisi de faire par elle-même, et non par obligation parce qu'elle avait fait une promesse. Et pour elle, cela faisait toute la différence.
Une fois de plus, le gardien, Fisher, apparut, cette fois brandissant les menottes.
« Le temps est écoulé», dit-il d'un ton bourru.
« Je vous aime », Jane lui dit à nouveau, ignorant Fisher. « Et je vous jure qu'un jour je vous montrerais à quel point. »
Au lieu de répondre en nature, elle se pencha par-dessus la table et amena ses lèvres sur les siennes dans un doux baiser.
« Je vous reverrai bientôt », dit-elle.
À contrecœur, il se leva de sa chaise, et permit à Fisher de menotter ses mains une fois de plus. Les menottes étaient un peu trop serrées à son goût, mais il garda sa bouche fermée. Il avait des choses plus importantes à considérer.
Il regarda par-dessus son épaule alors qu'ils quittaient la salle ; ses yeux étaient fixés sur lui, le regardant partir. Il l'aurait soufflé un baiser, mais les menottes le rendaient impossible. Il lui fit un clin d'œil à la place, et elle lui sourit en retour.
Il n'y aura plus d'occasions manquées. Leur temps allait venir. Et il avait hâte.
Et voilà pour le premier chapitre. N'oubliez pas de laisser une review pour nous partager vos impressions !
Cette fic comportera en tout 2-3 chapitres. Le prochain aura lieu 3 ans plus tard... Je n'en dis pas plus !
