L'Herbe Rouge
Rouge, crépuscule
Laissant l'ombre désolée
Morte et sanguinaire
Le sang se répandait lentement sur sa robe de servante, formant sur l'étoffe une tâche écarlate et morte. Une rivière de désespoir dévalait le long de ses joues, un lac se formait à la commissure de ses lèvres, pour finalement tomber en cascade de l'extremité de son menton. Elle tenait dans sa main celle sans vie d'Arthur, inerte devant elle. Tandis que sa gorge se nouait douloureusement, elle étouffait une série de courts sanglots, alors que sa tristesse combattait intérieurement sa colère.
L'herbe de cuivre semblait refléter l'image sanglante de la jeune femme, qui, penchant sa longue chevelure baignée de mort, alla lentement capturer les lèvres entrouvertes du prince..
Soudain, la verdure brunie sembla prendre vie. Les longs et fins brins burent l'hémoglobine du garçon, s'allongèrent, et, comme une prison, vinrent entourer les deux amants. Les corps fusionnés furent bientôt engloutits sous la masse difforme de l'herbe. Avalés.
Les paupières de Gwen se soulevèrent lentement, dévoilant ses yeux voilés de larmes. Tout cela n'était finalement qu'un rêve ?
Se levant précipitemment, ses pieds nus frémissaient à chaque choc contre le sol de pierre dur et froid.
La porte menant à la chambre du prince fut ouverte, et, en un court instant, la tête penchée sur celle d'Arthur, ses cheveux cachant le visage encore étourdi du jeune homme, leurs bouches fusionnant, leurs corps ne firent plus qu'un.
Il y a des ces jours, où, impunément, je marche vers le soleil,
Cherchant des réponses aux questions, qui, hier, étaient à mes yeux importantes,
Et aujourd'hui, me sont insignifiantes.
