Bonjour !
Alors depuis deux semaines, je me suis lancée dans cette fanfiction. Il faut savoir qu'il y aura deux versions de cette fanfiction : une soft sur et une plus chaude sur mon compte Archive Of Our Own (AO3).
Pour l'instant, les deux versions sont semblables. C'est juste au niveau des lime/lemons qu'il y aura une différence.
Disclaimers : Hetalia Axis Power appartient à Hidekaz Himaruya.
Epoque : Début du XIXème siècle, occupation Napoléonienne de l'Italie (oui, c'est pas la France, c'est Napoléon Ier qui occupe l'Italie. Il y a une nuance).
Lieu de départ : République d'Italie/Royaume d'Italie.
Couples : France/Italie du Nord et France/Angleterre.
Rating : M/16+ ici.
Avertissements : quiproquo, présence d'OCs Italiens (Venise et Padoue pour l'instant), grande différence d'âge dans le couple France/Italie du Nord (mais je ne vous apprends rien là-dessus).
Explication sur le titre : Je n'en trouvais pas. Puis j'ai tapé amour sur google et je suis tombé sur une citation de Victor Hugo que je trouvais appropriée : "L'amour, c'est le soleil de l'âme. C'est ta main dans ma main doucement oubliée.".
J'espère ne pas avoir fait d'erreurs historiques, parce que je ne connaissais pas tellement jusque-là l'histoire de l'Italie et de la France à ce moment de l'histoire. Si vous voyez des choses à modifier, n'hésitez pas à me le signaler.
Petit rappel important sur l'Italie du Nord : il s'appelle Feliciano Vargas, mais il peut aussi se faire appeler Veneziano.
Francis se sentait de très bonne humeur. Il se rendait en territoire conquis et pas n'importe quel territoire conquis. C'était l'une de ses terres pour lesquelles on se bat toute sa vie : l'Italie, l'une des plus belles contrées d'Europe. Derrière son pays évidemment, en matière de magnificence. Rien ne pouvait surpasser sa beauté. L'égaler peut-être. De toute façon, Francis avait du goût. S'il annexait ainsi l'Italie, c'était qu'elle allait bien avec l'ensemble de son territoire. Il ne fallait pas se leurrer, l'Italie était une terre merveilleuse qui méritait toute son attention.
Il avait eu d'énormes difficultés à mettre la main sur l'adorable Felicia. Enfin, la petite allait connaître le goût de la liberté et les lumières de la Révolution Française. Roderich l'avait rendu soumise et obéissante à souhait, un changement de régime lui ferait le plus grand bien. Elle allait l'accueillir à bras ouvert, délivrée du joug de l'oppresseur. Francis laissera courir dans les champs Felicia pendant qu'il administrera le Royaume d'Italie. Ah, brave petite ! Felicia aura peut-être tendance à se rebeller par la suite, instruite par de nouvelles idées, mais Francis ne doutait pas de son autorité de nation plus âgée pour détourner cette froussarde de ce genre de voies dangereuses et tentantes.
Le carrosse l'emmena jusqu'aux alentours de Padoue, dans la plaine du Pô, en Vénétie.
Francis s'était dit que rencontrer Felicia sur son territoire de prédilection la rassurerait quand il lui annoncerait son annexion totale. Enfin, annexion n'était pas le bon mot. Ils partageraient simplement le même souverain, mais ils auraient des territoires bien distincts. Oui, ils seraient quasiment indépendants tous les deux. Presque. Pas vraiment. Mais bien sûr que si.
Il allait devoir ruser comme un renard pour flouer la jeune enfant. Ce ne serait pas bien difficile, elle était encore jeune et naïve. Elle n'avait vraiment administrée qu'une ville bâtie sur de la flotte.
Quand il descendit du carrosse, cheveux blonds au vent et sourire éblouissant sur le visage, il ne s'attendait pas à ce que Felicia lui ait posé un lapin.
Un jeune homme ressemblant beaucoup à la petite Italie était venu à sa rencontre. Sûrement une région ou une ville du coin. Ce n'était pas Lovino, parce qu'il se serait déjà fait insulté. Celui-là avait les cheveux plus clairs et une attitude plus décontractée.
Francis comprit qu'il n'était pas le bienvenue. Felicia pouvait également avoir encore peur de lui à cause des rumeurs sur sa vie crapuleuse. Gilbert et Antonio avaient été des crétins finis pour avoir dit qu'il mangeait ses conquêtes et brisait ses ennemis. Elle avait pris peur.
Tout de même, lui n'envoyait pas Picardie lors d'une première prise de contact ! Ses régions n'allaient qu'à des réunions sûres où elles ne risquaient pas grand-chose, c'est-à-dire entendre des insultes sur la France et son manque de savoir-vivre.
« Bonjour, je suis France. Où est Mademoiselle Felicia Vargas ? »
Une mèche des cheveux de son interlocuteur se mit à faire de drôles de vagues. L'Italien prit ensuite un sourire malicieux et balança ses bras dans les airs.
« Bonjour ! Elle n'est pas là, vee !
- C'est ce que je constate ! Emmenez-moi jusqu'à elle, je vous prie !
- Vous devriez prendre un autre ton. Je ne suis pas sûre qu'elle apprécie la façon dont vous me parlez, répondit-il en lui faisant un clin d'œil.
- Vous êtes qui, d'abord ? »
Francis s'étonna de la facilité avec laquelle il perdit ses moyens et son langage.
« Veneziano Vargas, ancien représentant de la République de Venise. »
Veneziano mit la main sur le cœur.
« Mais que faîtes-vous à Padoue ?
- Je sers ma nation. »
Felicia descendit encore dans son estime. Ce serait donc ce jeune homme qui tirait les ficelles de Venise. Evidemment, ce n'était pas une petite fille innocente qui organisait des rendez-vous adultères, des rencontres diplomatiques cruciales, des jeux et des activités illicites dans une ville de plaisir et de vices. Non. Il se sentit bien bête concernant Felicia et curieux pour ce qui était de Veneziano. Il ne devait pas être farouche.
Francis suivit le jeune homme qui chantonnait tout en marchant d'un air désinvolte. Francis ne s'en offusquait pas. Il en avait vu des numéros spéciaux régionaux et il n'était pas le seul à plaindre dans son propre pays. D'une nation, il aurait attendu un autre comportement, surtout lors d'une rencontre diplomatique après autant d'années de séparation.
Veneziano lui fit signe, avec un sourire agréable, de monter dans son propre carrosse pour la suite du voyage.
Son escorte les suivait. Il était tout de même plus agréable de faire le reste du chemin avec un représentant local. Il lui fallait aussi se renseigner sur ce que pensait l'Italien de sa prise de pouvoir. Quel meilleur moyen que de discuter avec lui ? En plus, il aurait bien envie de faire plus que de converser. Il avait envie de la manger cette conquête, comme dirait ses deux meilleurs amis.
L'Italien avait beaucoup de charmes, tout en étant vraiment bel homme. Souriant, aimable, gentil, c'est ce qui ressortait de son caractère au premier abord. Ses yeux mordorés se révélaient d'un bel éclat, renforcé par le manteau vert brodé d'or qu'il portait. Francis se plaisait à être en compagnie d'un homme de goût, séduisant qui plus est.
« Je ne savais pas que Felicia avait un parent autre que Lovino.
- Ah, nous nous appelons tous Vargas en Italie. Nous sommes une grande famille. Vee ! »
Francis interpréta cette phrase par un : « tu touches à l'un d'entre nous et tu as la mafia à tes portes ». Charmant accueil du Sud. Francis connaissait bien ce genre de lascars, Marseilles et Corse étant les plus célèbres en la matière dans son pays. Doux souvenir que l'annexion de la Corse, il s'en souvenait avec bonheur. L'île de beauté ne pouvait que rejoindre sa collection avec un nom pareil. Et maintenant, la richesse de l'Italie lui tendait les bras.
« J'aimerai bien rencontrer vos compatriotes.
- Rien ne presse, sourit Veneziano. Nous allons séjourner à Padoue avant de rejoindre Venise. Malheureusement, le représentant de la ville est en déplacement, je serai donc votre seul et unique guide.
- Je pensais que nous irions jusqu'à Venise cette après-midi même.
- La route est trop longue pour la faire d'une seule traite et la nuit pleine de surprise. »
Serait-ce une avance ouverte ou une mesure de prudence ? L'Italien semblait plus bienveillant qu'intéressé par sa personne. Francis se faisait des idées parce que Veneziano lui plaisait. Libéré momentanément de ses obligations envers son… effroyable petit ami périodique, il avait envie de se faire plaisir avec une région Italienne mignonne et craquante.
Une région avait tendance à se la fermer quand un envahisseur était bien trop entreprenant, que les avances aboutissent ou non. Une nation beaucoup moins, elle faisait toujours des histoires. Alors, autant profiter au maximum de cette agréable compagnie que lui offrait Felicia. La nation Italienne faisait dans la subtilité et la dentelle, petite coquine. On n'envoyait pas une région comme premier contact sans y avoir réfléchi à deux fois. Pauvre Veneziano, celui-ci tombait entre ses griffes.
« Nous repartirons le lendemain ? J'ai hâte de revoir Felicia.
- Oh, rien ne presse. Vee ! Comme je l'ai dit, elle n'est pas là…
- Comment ? », s'énerva Francis.
Veneziano se gratta l'arrière du crâne, l'air gêné, ce qui le rendit encore plus adorable.
« Je vous ferai visiter Padoue, le temps qu'elle revienne à Venise.
- Je n'ai pas le temps…
- Vous verrez, c'est une ville magnifique !
- Certes…
- Nous passerons ainsi du temps ensemble et nous apprendrons à mieux nous connaître. »
Ceci était du rentre-dedans. Ce n'était pas son imagination ! Il ne s'agissait peut-être que d'attirance. Seulement l'esprit surchauffé de Francis devant un si bel éphèbe commençait à retrouver peu à peu la raison. En ces temps troublés, une région pourrait avoir des idées rebelles envers sa nation. Felicia pouvait connaître des dissensions politiques. L'Italie avait un passé sanglant auquel il voulait mettre un terme.
« Felicia vous a-t-elle demandé de retarder mon arrivée ?, s'enquit Francis.
- Je suis le programme, dit Veneziano apparemment stressé par les questions de Francis. Et je vous ai déjà dit que Felicia…
- …n'était pas là. J'espère que vous ne la retenez pas quelque part.
- Ah, non ! »
Veneziano avait l'air paniqué, comme s'il ne savait pas comment sortir de cette situation.
« Pourquoi prendre autant notre temps ?, demanda Francis qui s'amusait à faire perdre ses moyens à son interlocuteur.
- Vous êtes pressé à ce point ! Vous débarquez en territoire inconnu et vous faîtes comme chez vous ! Il y a des protocoles à respecter ! Vous avez l'air d'être vraiment mal renseigné ! »
Il était vrai que Francis s'était précipité pour organiser un rendez-vous avec Felicia. Il voulait prendre la petite sous sa coupe avant que ses régions ne la montent contre lui. Avoir Veneziano dans son camps pourrait valoir le coup de s'attarder. En tant que territoire Vénitien, il était certainement la province la plus proche de Felicia.
« Excusez-moi. Je me fais du souci pour elle. Elle est un peu comme ma petite sœur », dit Francis en souriant pour rassurer Veneziano.
L'Italien soupira bruyamment, avant de s'asseoir plus confortablement.
« Je comprends votre inquiétude. Elle va bien et j'y veille. »
Ah, mince. Veneziano se sentait le devoir de protéger Felicia et il vérifiait ses bonnes intentions avant de le conduire jusqu'à elle. Il allait devoir se tenir à carreaux et il détestait se faire tester ainsi par un subordonné.
Veneziano lui fit un sourire d'encouragement pour l'inciter à parler.
« Vous avez une bien belle et riche région, lança Francis. Je ne suis pas venu dans votre contrée depuis des lustres.
- Vous n'avez jamais accompagné vos dirigeants jusqu'ici ?
- Euh… Si… Mais en temps de guerre… Et ce qui se passait à Venise…
- …restait à Venise…, compléta Veneziano, révélant sa politique générale.
- …ne me regardait pas, soi-disant. Je n'ai donc jamais eu le plaisir de vous rencontrer.
- C'est bien dommage. Je vous aurais montré quelques rouages de ma ville préférée.
- Ne dévoilez pas vos secrets ainsi ! Vous pourriez le regretter ! », en rit Francis, étonné par cette proposition qu'il aurait bien aimé interpréter comme déplacée.
Veneziano eut un fin sourire. Ses yeux brillèrent un instant avant qu'il ne dise comme sur le ton de la confidence.
« C'est tout un art de choisir ses « secrets » à révéler. Je suis maître en la matière. Ne vous trompez pas sur mon compte, je manipule qui je veux comme je veux.
- Heureux de l'apprendre, rit Francis à la plaisanterie. Vous devez bien connaître Felicia ?
- Mieux que quiconque. »
Veneziano avait un air malicieux en l'affirmant.
« Je lui ai apporté un cadeau, alors que je ne connais pas ses goûts actuels. Pourriez-vous me dire si elle appréciera l'attention ? Je n'ai pas envie de commettre d'impair.
- Avec plaisir. Vous tenez vraiment à vous attirer sa sympathie.
- Je ne l'ai pas vu depuis très longtemps. C'est quelqu'un de gentil et d'agréable. J'ai envie que ça se passe bien entre nous.
- Je comprends. Montrez-moi ! »
Francis sortit un petit sac coloré de sa poche, ce qui manqua de faire rire Veneziano.
« Elle n'aime pas le rose ?
- Je vous conseille de choisir une autre couleur, pouffa Veneziano.
- D'accord », dit Francis en articulant les deux syllabes.
Il sortit une chaîne en or avec un porte-portrait ouvragé de couleur blanche.
« Ne me dîtes pas que vous avez mis votre portrait à l'intérieur, le taquina Veneziano en attrapant la partie pendentif.
- Je ne me permettrai pas. Voyons, mon ami, dit Francis en tirant sur la chaînette pour la ramener à lui.
- Je pense que ça lui plaira. Votre cadeau est assez neutre.
- Neutre ?
- A part pour le rose, lui dit Veneziano avec un clin d'œil.
- A-t-elle un problème avec le fait d'être une fille ?, s'inquiéta Francis, connaissant le phénomène Hongrie. Quel âge a-t-elle physiquement ?
- Oui, il y a un problème. Elle s'habille comme un garçon et elle a mon âge.
- Ah… Heureusement, je ne voulais pas lui offrir une robe. Je ne connaissais pas sa taille.»
Veneziano semblait exaspéré par sa réponse. Il avait mis la main sur le front et il se mordait les lèvres. Avait-il loupé quelque chose ?
« Est-ce que Felicia vous pose quelques soucis ?
- De gros soucis, répondit Veneziano. Merci Autriche et Hongrie.
- Ne vous inquiétez pas ! Je suis là maintenant. »
Veneziano soupira et regarda par la fenêtre.
« Si je peux faire quelque chose…
- Non, pas vraiment.
- De la cuisine interne ?
- Ouais, en quelque sorte, râla Veneziano.
- Je peux comprendre que diriger la République de Venise en son absence et la revoir débarquer puisse vous gêner. »
Veneziano le regarda bizarrement, comme s'il réfléchissait intensément dans le vide.
« Je n'avais pas pensé à ce détail. Alors, c'est aussi pour ça que ça ne passe pas bien entre nous, marmonna-t-il.
- C'est elle qui vous en veut !, s'inquiéta Francis.
- Euh, pas vraiment… J'ai un suppléant : Marcello, représentant de la ville de Venise et il n'est pas content de se faire reprendre par sa nation dont il trouve le retour un peu bizarre.
- C'est compréhensible. Alors vous soutenez Felicia ?
- Oui », dit Veneziano comme si tous ses problèmes lui tombaient sur le dos tout d'un coup.
La situation de Felicia lui sembla alors plus problématique qu'il ne l'aurait imaginé.
« Est-ce que ça se passe bien avec les autres Républiques Italiennes ?
- Votre sollicitude me touche.
- Je parlais de Felicia. »
Veneziano roula les yeux vers le ciel, comme si Francis était un idiot fini.
« Il faut un temps d'adaptation. Son retour a été très surprenant…
- Je savais que j'aurais dû être là.
- Cela n'aurait peut-être pas simplifié les choses. On vous aurait vu comme le conquérant que vous êtes. Votre Napoléon ne me leurre pas. Il veut l'Italie dans son Empire, exposa Veneziano sans crainte.
- Comme allié. En vous libérant de l'oppresseur, son but était d'avoir votre soutien total, attaqua directement Francis.
- Mais il nous dirigera en contrepartie, ce qui lui assurera notre fidélité. Vous approuvez ?
- C'est mon dirigeant. Il a de grands projets pour votre pays.
- L'unifier et nous libérer de l'Eglise. Certaines idées des Lumières de votre pays se répandent comme une traînée de poudre chez moi.
- Avez-vous quelque chose contre ?
- Etant la plus ancienne République de l'Histoire, je ne m'y oppose pas. Combien de temps a duré la vôtre ? »
Veneziano avait trop de répartie pour son propre bien. Estomaqué, Francis sentait de la colère monter dans ses veines. Il n'aimait pas être critiqué aussi ouvertement. Surtout par une province, même si celle-ci avait traversé les âges et gardé son indépendance jusque-là.
« Pas longtemps, mais ça reviendra. Quant à vous, vous serez intégré à l'Italie.
- Je le sais. Adieu République chérie, soupira Veneziano.
- N'avez-vous pas peur de critiquer ouvertement mon gouvernement ?
- Non. Il paraît qu'on peut dire ce que l'on pense dans une République. »
Francis se sentait mal à l'aise. Il était fier de ce que son pays devenait sous l'influence de Napoléon, mais il perdait tout ce pourquoi son peuple s'était battu durant la Révolution. Veneziano appuyait juste là où cela faisait mal.
« Vous avez raison, mais je ne peux en théorie pas le dire.
- Pas la peine de faire des simagrées entre nous, c'est Felicia qu'il faudra convaincre.
- Son peuple réuni, n'est-ce pas formidable ? Pour la suite, c'est entre ses mains.
- Je suis sûr qu'elle l'a parfaitement compris.
- C'est le principal, soupira Francis, comprenant que Veneziano avait briffé Felicia avant son arrivée. Alors, vous et Padoue ?
- Moi et Padoue ?, répéta Veneziano sans comprendre, ses yeux s'étrécissant.
- On ne me l'a fait pas. C'est rare que l'on choisisse une autre ville que son fief à faire visiter à un étranger.
- Je ne vous suis pas. »
Cette innocence était à croquer.
« Je pensais que vous étiez en couple avec Padoue, continua Francis sur sa lancée.
- Ah, non. Je suis célibataire. Je lui ai même dit de se barrer alors que je venais. On ne s'entend pas très bien.
- Comme c'est intéressant…
- En fait, pas vraiment, je préfèrerai être en bons termes avec lui…
- …moi aussi, je suis célibataire.
- Oh, toutes mes condoléances. »
Francis manqua de s'étouffer de rire. Sa vie amoureuse tourmentée avec Angleterre était tellement connue et sujet à plaisanterie parmi les nations que les provinces avaient dû en entendre parler.
« Je ne l'ai pas assassiné, se défendit Francis.
- Encore heureux, sourit Veneziano.
- Et il n'est pas mort.
- Tant mieux, dit l'Italien alors que son sourire s'élargissait.
- Il m'a laissé ma liberté pour quelques temps.
- Je vous souhaite bien du plaisir.
- Avec vous, si possible. »
L'Italien rougit jusqu'aux oreilles en portant la main aux lèvres, le rendant encore plus attirant. C'était sûrement plus dû à son audace et à son insistance. L'Italien avait joué aux idiots, mais il avait dû voir arriver cette proposition à des kilomètres à la ronde.
« Désolé, je ne suis pas intéressé, dit-il avec une voix faible. Est-ce que vous draguez toutes les régions que vous croisez ?
- Juste celles qui me plaisent. Je sais profiter de la vie quand mon homme m'en laisse l'occasion. »
Veneziano avait un regard très désapprobateur. Il fallait libérer les Italiens de l'emprise de l'Eglise. C'était d'une urgence extrême dans l'esprit de Francis ! Il fallait les décoincer vite fait bien fait. Il prendrait son rôle très à cœur avec Veneziano. C'était toujours un challenge de séduction quand on vous disait : « non » d'entrée de jeu.
« Vous faîtes ça à un autre des miens et vous le regretterez.
- Oh, vous allez cafter à la petite Felicia ! Ou seriez-vous de nature jalouse ?
- Elle sera bien vite au courant. C'est raté pour la bonne impression.
- J'espère qu'on suit toujours le programme. Je vous ferai changer d'avis avant qu'on ne la revoit. Je ne vous lâcherai pas. Vous ne lui écrirez pas en douce. »
Veneziano n'y croyait pas apparemment. Francis lui fit un sourire qu'il voulait séduisant et lui prit la main pour la baiser.
« Vous me plaisez vraiment.
- Je ne crois pas, dit Veneziano en retirant vivement sa main. On se connaît à peine.
- Vous ne croyez pas au coup de foudre ?
- Si. Ça m'est déjà arrivé. Alors je sais ce que c'est. »
Francis se dit qu'il venait de se prendre un vent phénoménal. Seulement, il n'avait pas envie de lâcher l'affaire. L'Italien avait raison de se méfier de ses intentions, ce qui prouvait son intelligence et sa sensibilité. Son sens de la répartie lui plaisait énormément.
« Vous n'aimez pas les hommes ?
- Là n'est pas la question. Vous commencez à m'embarrasser. »
Donc, oui, l'Italien aimait bien les hommes. Un hétérosexuel aurait réagi au quart de tour pour lui prouver sa virilité. De plus, il y avait quelque chose en Veneziano qui laissait à penser qu'il était homosexuel. Peut-être ses gestes et ses attitudes assez efféminées. Ses mains étaient délicates et aériennes. Il prenait parfois des poses empruntées au code féminin de conduite en public.
« Je suis désolé. Je vois bien que vous n'êtes pas intéressé. Alors qu'y a-t-il à visiter à Padoue de si extraordinaire ?
- C'est une ville magnifique. Je pense qu'il vaut mieux que je vous parle d'elle en ses murs. L'Histoire prend plus de sens dans les lieux qui l'ont portée.
- Je suis tout à fait d'accord avec vous. Il m'arrive de faire des visites à des personnes que je croise dans la rue.
- Pas qu'aux représentants ?
- Non. Quand j'ai un peu de temps, je me mêle à ma population. Il m'arrive de fuguer, lui dit-il en faisant un clin d'œil.
- Non ?, fit Veneziano incrédule.
- Si. Une fois, mon gouvernement m'a retrouvé au mont Saint Michel, une autre fois dans les Alpes. J'étais à Lyon la dernière fois. De temps en temps, il me prend l'envie d'avoir des vacances.
- Alors, ce détour par Padoue devrait vous réjouir.
- Si on ne parle pas politique, je pense que je pourrai me détendre en effet. Même si je me fais du souci pour Felicia… L'Italie n'a jamais été unifiée jusque-là. Il y a des dissensions. Je veux lui apporter mon soutien.
- Ne vous en faîtes pas autant. Il faut juste un temps d'adaptation. »
Veneziano n'avait pas l'air sûr de lui en le disant. Francis se doutait qu'il y avait des problèmes. Les villes Italiennes avaient toujours vécu de manière plus ou moins indépendante les unes des autres, chapotées par l'Eglise à Rome. Elles se faisaient régulièrement la guerre, s'envoyaient des méchancetés diplomatiques à la figure dès la première occasion et envoyaient des émissaires graviter autour du Pape pour obtenir des faveurs. Il arrivait même que les troubles soient assez importants pour que les citoyens d'une même cité s'entretuent.
Francis ne savait pas quel genre de relations entretenait les représentants sur ses bases-là. Sûrement malsaines. La France avait connu une période similaire à ses débuts. Ce fut bien pire durant la guerre de cent ans. Il voulait aider l'Italie à passer outre ce genre de violence entre ses citoyens.
« J'en parlerai avec Felicia. Ce ne sera sûrement pas aussi facile que vous le pensez. Croyez-en mon expérience.
- Que préconisez-vous ?
- Il faut que les Italiens se sentent unis par des valeurs communes. C'est bien beau sur le papier de créer une République, mais il faut que ça fasse son chemin dans la population.
- Ça ne fera pas vos affaires, France.
- Vous n'arrivez même pas à vous entendre sur le fait d'être Italien, je ne vois pas comment vous convaincre d'être Français. »
Veneziano ne put s'empêcher de rire à cette boutade.
« Ce sera bien difficile en effet.
- Donc, nous aurons deux régimes différents et nous serions alliés, résuma Francis.
- Avec le même souverain, le titilla Veneziano.
- Ce n'est qu'un détail, rétorqua Francis en riant.
- Bien sûr. Il sera tellement absent à guerroyer partout que ce ne sera qu'un détail. »
Francis aimait cette intelligence vive chez son interlocuteur et il se sentait rassuré que Felicia est un tel représentant de confiance. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que Veneziano était proche de Felicia et se souciait vraiment d'elle et de son avenir. Seulement…
« Et votre intérêt dans tout cela ?
- Monsieur France, Venise a toujours su trouver son intérêt à suivre les aléas du changement pour rester elle-même. »
Veneziano avait pris un ton docte comme s'il répétait quelque chose.
« Ce doit être une phrase de Marcello.
- On ne vous trompe pas facilement, dit Veneziano avec une intonation amusée.
- Eh, oui. Je suis une vieille nation maintenant.
- Arrêtez… On dirait que vous avez toujours vingt ans. Vee, dit Feliciano en cassant son poignet et en faisant comme s'il s'adressait à une vieille femme de quatre-vingts ans.
- Mais ça vous amuse de vous moquer de moi avec vos seize ans !
- Eh, je suis juste petit de taille !
- C'est parce que tu n'as pas fini ta croissance, morveux !
- Vieux décrépi ! Tu ne vas pas tarder à t'affaisser sur toi-même !
- Je suis sûr que ça fait peu de temps que tu ne têtes plus le sein de ta mère !
- Et toi, ça fait tellement longtemps que tu as été serré contre une femme que tu as oublié le goût du lait nourricier, mais aussi la douceur d'un sein !
- Ce n'est pas la douceur des seins que je recherche habituellement, je te l'accorde. »
Veneziano eut un mouvement apeuré, alors que Francis riait. L'échange avait été plutôt fait dans la bonne humeur, comme un concours d'insulte sans conséquences.
« Vous m'avez piégé. Bravo, fit Veneziano en applaudissant de ses deux mains.
- Oh, vous pourriez trouver une réplique.
- Ça vous plairait bien que je rentre dans votre jeu. Vee ! Je ne me ferai pas avoir. »
Ils se sourirent, comprenant bien à quel point la conversation aurait pu déraper.
Francis allait faire en sorte d'ouvrir les cuisses de cet Italien pendant leur escale à Padoue. Il était trop irrésistible. Il le désirait. Pas seulement physiquement se fit-il la remarque. Seulement, rentrer dans le domaine de l'émotionnel serait bien dangereux à cause de son ex jaloux. Arthur était tellement possessif qu'il le clamerait à nouveau comme sien dès que l'envie lui prendrait, alors qu'il venait de le jeter comme un malpropre pour une raison inconnue.
Ce ne pouvait être qu'une amourette sans conséquence. Une partie de jambes en l'air, après quelques heures de séduction. Un souvenir parmi tant d'autres, un visage à oublier. Une aventure sans importance. Rien d'autre.
