Titre: Non-dits.
Auteur: Eiji Haruna.
Disclaimer: Personnages appartenant à Kazue Kato.
Genre: Romance.
Couple: RinxYukio.
Rated: MA.
- Prends le chemin de droite, je vais à gauche. Si tu le repères, libère un peu d'énergie, je te retrouverai.
- On ne devrait pas se séparer Yukio, ce n'est pas prudent.
- Non mais je rêve, c'est toi qui me fais la morale maintenant ? C'est le monde à l'envers.
- Je ne te fais pas la morale, dit Rin dans un soupir. C'est juste que je ne suis pas tranquille lorsque je ne te vois pas.
- Arrête ça, je suis exorciste depuis bien plus longtemps que toi donc tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Et puis de ce qu'on a entendu ce n'est qu'un démon inférieur, juste une formalité, alors fais ce que je te dis pour une fois et va là-bas.
- C'est bon calme toi.
Ne voulant énerver Yukio plus qu'il ne semblait l'être ces derniers temps, son frère se décida donc à emprunter le chemin qui lui était indiqué. Il se retourna après quelques pas, voulant s'assurer que son cadet s'était lui-même avancé, avant de le suivre en catimini. Il était hors de question qu'il lâche son jumeau quitte à se faire engueuler pendant un quart d'heure si celui-ci le remarquait.
Il avança ainsi sur la pointe des pieds, prenant néanmoins toujours soin de laisser une certaine distance entre eux. Ils suivirent le chemin pendant quelques minutes jusqu'à ce que Rin se stoppe mortifié. Il avait en effet shooté dans un caillou, qui n'avait absolument rien à foutre là d'ailleurs, faisant se répercuter le son des rebonds dans le couloir glacé. Il fit la grimace en entendant les pas de Yukio se rapprocher et ne chercha même pas à se cacher sachant pertinemment qu'il n'y avait aucune dissimulation possible. Il déglutit en apercevant son frère apparaître à l'angle du mur et grimaça en le voyant froncer les sourcils.
- Mais bon sang qu'est-ce que tu fous là ?
- Je…c'était un cul de sac, mentit l'aîné.
- Tu te moques de moi c'est ça ? Ça commence à bien faire. Tu n'écoutes jamais ce que je te dis, comment veux-tu que notre équipe fonctionne si tu n'en fais qu'à ta tête ?
- Je pourrais très bien te dire la même chose. Tu ne prends jamais en compte mon avis, on fait toujours comme tu l'as décidé. Si nous sommes réellement une équipe je devrais avoir mon mot à dire et pourtant ce n'est pas le cas.
- J'ai bien plus d'expérience que toi et il est bien connu que tu es impulsif et immature alors fais ce que…
- Attention !
Yukio ne comprit pas la réaction de son frère qui ne tint pas compte de ses paroles et se jeta sur lui pour le rejeter violemment au sol. Poussant un grognement de douleur, il releva la tête avec colère vers son ainé avant d'écarquiller les yeux avec ahurissement. En effet Rin était debout à la place qu'il occupait précédemment et tentait tant bien que mal de retenir le flot de sang qu'il sentait remonter dans sa gorge. L'ainé baissa les yeux et serra les dents en voyant le démon qui lui faisait face. Remarquant le sourire sadique de son assaillant, le garçon leva la main et essaya de lui décocher un coup qui retomba néanmoins avec mollesse.
- Yu…Yukio occupe-toi de lui.
Ce fut les dernières paroles qu'il put prononcer avant qu'il ne se mette à tousser, crachant de ce fait le liquide rougeâtre. Il sentit les griffes du démon se retirer de son abdomen et s'affala non sans un dernier regard désespéré vers son frère.
Il avait l'impression d'avoir du plomb sur les paupières. Il savait qu'il devait se réveiller, il savait qu'il devait vérifier que son frère allait bien, qu'il était en sécurité, néanmoins même cette idée, même cette tâche ne rendait pas son action moins difficile. Il eut l'impression de lutter un long moment avant d'enfin réussir à ouvrir les yeux. Il tourna la tête avec apathie pour observer le lieu dans lequel il se trouvait. L'inquiétude qu'il avait ressentie en songeant à Yukio ne se dissipa cependant pas. Il tenta de s'asseoir mais abandonna bien vite l'idée en sentant une vive souffrance le lancer à l'estomac. Il souffla doucement, voulant garder son calme avant de changer de méthode. Il roula sur le côté du lit et, serrant les dents, lança ses jambes à l'extérieur des couvertures. Il ne put retenir un grognement lorsqu'il apposa ses pieds sur le sol et se leva d'un pas hasardeux. Il chancela quelques secondes et se rattrapa brusquement au lit dans un souffle. Il attendit un instant que la douleur se calme et s'apprêtait à se diriger vers la porte lorsque celle-ci s'ouvrit. Il vit un air surpris se dessiner sur les traits de la nouvelle venue avant de reconnaître une expression de réprobation.
- Je peux savoir ce que vous faites debout ? Demanda l'infirmière avec exaspération.
- Il…
Le garçon s'arrêta après ce simple mot. Il avait en effet la bouche pâteuse et la voix rauque. Il se racla la gorge une première fois, puis recommença avant de finalement continuer la phrase qu'il avait précédemment entamé.
- Il faut que je vois mon frère. Où est-il ?
- Votre frère ? Je ne sais pas moi.
- Comment ça vous ne savez pas ? S'énerva le garçon. Je veux le voir.
- Commencez par vous calmer, je vais voir ce que je peux faire, répondit la femme indignée.
Rin la dévisagea un instant avec colère avant d'abdiquer et d'aller se rasseoir sur le lit.
- C'est bon allez-vous renseigner maintenant. S'il vous plait, rajouta-t-il rapidement.
L'infirmière ne répondit pas néanmoins elle obéit. Il la regarda s'éloigner et attendit avec impatience qu'elle revienne avec les informations qu'il attendait. Il songeait à s'éclipser et à aller se renseigner lui-même lorsqu'elle revint enfin dans la pièce avec un nouvel entrain.
- Votre frère est rentré chez vous, nous l'avons appelé pour lui dire que vous étiez réveillé mais il a dit qu'il était très occupé et qu'il ne passerait donc pas. Maintenant que vous avez ce que vous vouliez, laissez moi voir vos plaies.
Rin se laissa faire, trop abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Bien sûr il était rassuré que son cadet soit sain et sauf toutefois que voulait dire pareil comportement ? Si Yukio avait été à l'hôpital, il ne l'aurait jamais quitté et aurait tenu à être à son chevet dès son éveil. Quoique, on parlait de son frère, le travail passait avant tout. Mais même avant lui ?
Bien qu'il ne le montre pas il était profondément blessé par l'absence de son frère. Comprendre que leur amour n'était pas similaire, que Yukio ne l'aimait pas autant que lui-même l'aimait était chose rude à admettre. Il avait beau s'en douter depuis un moment cela restait éprouvant. Son cadet s'était de plus en plus éloigné au fil des mois, des années, et bien qu'il ait tenté de faire perdurer leur relation, de garder une place importante dans la vie de celui-ci, rien n'y faisait. Il voyait que Yukio lui échappait et qu'il ne pouvait y remédier.
C'est sur ces sombres pensées qu'il se laissa manipuler par l'infirmière. Il put ainsi contempler les blessures que le démon avait laissé sur sa chair. La femme lui expliqua qu'ils avaient appliqué différentes concoctions pour tenter de résorber les plaies mais qu'aucune d'entre elle n'avait donné le moindre résultat. C'était cependant dans des moments comme celui-ci qu'il s'enthousiasmait d'avoir lui-même du sang de démon dans les veines. Cette attaque qui aurait dû être mortelle et qui lui avait certes fait entrevoir l'autre côté ne le marquerait pas indéfiniment. Les cicatrices qui seraient surement restées à vie sur le corps d'un humain du commun disparaîtraient surement dans les quelques mois suivants grâce à sa génétique particulière.
Il apprit par sa soignante que Shiemi était souvent venue à son chevet, à l'instar de son frère. En effet la jeune femme travaillait également dans le centre de soin réservé aux exorcistes et personnes souffrant de pathologies liées à ce que l'on qualifierait de paranormale, ce qui permettrait surement à Rin de moins s'ennuyer qu'il ne l'avait d'abord présumé.
Son amie passa donc dans la soirée. Elle lui parla des nouvelles de ces derniers jours mais ne put cependant pas répondre à ses questions quant à l'attaque du démon qui l'avait mis dans cet état. Selon ses dires, elle n'avait pas pu parler à Yukio qui s'était éclipsé aussi vite qu'il était arrivé à l'hôpital. Elle lui expliqua également que contrairement à ses attentes, ses blessures risquaient de le maintenir plus longtemps alité car les griffes qui l'avaient ainsi transpercé étaient imprégnées de poison. La petite blonde s'émerveilla de ce venin semblant d'un genre nouveau, et bien que Rin fut rassuré de savoir que sa vie n'était malgré tout pas en danger, il se vexa quelque peu que Shiemi s'intéresse plus à la toxine qu'à lui-même. Il fut ainsi déçu d'apprendre qu'il devrait rester sous surveillance un mois durant, toutefois il ne contesta pas cette décision comme il aurait pu le faire auparavant. Quoiqu'en dise son frère, il avait mûrit depuis leur adolescence, il n'était plus ce garçon «impulsif et immature » que Yukio semblait voir et surtout détester en lui.
Il eut du mal à s'endormir, ce soir-là comme de nombreux autres d'ailleurs. Il ne pouvait s'empêcher de penser à son frère. Il se demandait ce qu'il faisait, ce à quoi il était en train de songer, pourquoi il ne venait pas le voir et surtout quels étaient ses réels sentiments pour lui. Il était évident que jamais son cadet pourrait le voir de la même façon que lui le voyait, c'est-à-dire en tant qu'homme véritable néanmoins il se plaisait à penser qu'il occupait ne serait-ce qu'une toute petite place dans son cœur. Les courtes visites de ses amis comme Renzo ou Ryuji, ainsi que celle plus régulière de Shiemi, ne parvinrent pas à lui changer les idées bien longtemps et le laissèrent donc dans un questionnement et un découragement profond.
Lorsque le jour de sa sortie arriva enfin, Rin était plus stressé qu'autre chose. Il n'avait pas eu de contact avec son frère depuis un mois et ne l'avait donc pas prévenu de son retour. Bien sûr ce n'était pas de sa faute, il avait bien essayé de passer un coup de fil toutefois l'autre n'avait jamais décroché. Le garçon avait pensé que son frère était parti en mission, oubliant de le préciser à qui que ce soit au sein du centre de soin…
Un de ses supérieurs était passé le voir quelques jours après son réveil, voulant obtenir des informations sur son « accident de travail » et sur sa santé, et avait donc promis de ne pas renvoyer Yukio seul. S'il était effectivement parti en mission, cela voulait dire qu'il avait un nouveau coéquipier. Et s'il le préférait à lui ? Et si en rentrant son frère était toujours fâché et refusait de retravailler avec lui ?
Il mit ses interrogations de côté, jugeant que de toute façon il ne serait fixé qu'en rentrant chez eux. Il salua donc une dernière fois Shiemi et ses soignants avant de quitter le centre de soin et de prendre le taxi que son amie avait fait appeler. Content d'avoir été transféré dans l'hôpital de sa ville, il ne lui fallut qu'une vingtaine de minutes pour arriver chez lui. Se stoppant finalement devant la porte, il réalisa qu'il n'avait ni clé, ni portable, seule lui restait la monnaie du taxi qui ne s'élevait à guère plus de cinq euro. Il actionna la poignée et jura d'énervement en sentant le mécanisme lui résister. Espérant que son frère soit bien là, il frappa quelques coups à la porte qui restèrent néanmoins sans réponse. Il s'apprêtait à recommencer lorsqu'enfin elle s'ouvrit sur son cadet.
Il afficha une mine soulagé, qui tomba néanmoins rapidement devant le regard glacial de son frère. Il allait le saluer dignement, tout de même content de le retrouver, mais n'en eut pas l'occasion. Yukio s'était en effet rapidement détourné et était ainsi reparti dans l'appartement. Rin baissa la tête, conscient que l'ambiance à la maison allait être plus que pesante, et pénétra finalement chez lui. Il referma rapidement et suivit son cadet jusque dans la cuisine où il alla inspecter le frigo.
- Tu aurais pu venir me voir, lança-t-il simplement.
- J'étais occupé.
Bien que Rin essaye de ne rien laisser transparaître, il était réellement blessé par l'attitude désintéressé de son frère et c'est donc la gorge nouée qu'il enchaîna et exprima le fond de sa pensée.
- Si ça avait été toi sur ce lit d'hôpital, rien ni personne ne m'aurait empêché de venir te voir.
- Cela prouve juste une fois de plus à quel point tu es immature.
L'aîné qui jusque-là cherchait de quoi faire un vrai repas referma d'un geste brusque le frigidaire et se planta devant son cadet.
- Cela aurait juste montré que je tiens à toi.
- Que je vienne ou non ne t'aurait pas fait guérir plus vite alors autant que je retourne bosser.
- Tu n'étais pas censé y retourner sans moi.
- Je n'étais pas censé y retourner seul, le corrigea son frère d'un ton sec.
Rin se voyait face à un cruel dilemme. Sa curiosité le poussait à demander qui avait été son remplaçant pendant son mois de convalescence, histoire de voir s'il avait vraiment de quoi s'inquiéter. D'un autre côté il était parfaitement conscient que prolonger cette discussion le ferait souffrir inutilement. Voir son frère le dévisager de la sorte, sentir la distance qui s'était immiscée entre eux s'accroître un peu plus, il ne le supportait plus. Il se décida finalement pour poser une simple question qui définirait cependant clairement leur relation et attachement une bonne fois pour toute.
- Maintenant que je suis rétabli, on refait équipe n'est-ce pas ?
Il remarqua le regard froid tout autant que la mâchoire crispée de son frère. Les secondes qui s'égrenaient lui faisaient peu à peu perdre espoir et lorsqu'après un lourd silence, Yukio se décida à ouvrir la bouche, l'aîné le coupa.
- C'est bon j'ai compris, je ne veux pas l'entendre.
Alors qu'il parlait d'une voix d'où perçait facilement sa peine, il sentit une goutte salée lécher sa joue. Il l'essuya d'un geste rageur de la main sans pour autant quitter les orbes bleus de son frère qui ne semblaient pas vouloir le lâcher. Rin tentait désespérément de déchiffrer le visage pourtant sans expression de l'autre et comprenant finalement qu'il ne représentait rien de plus qu'un ennui pour celui-ci, il quitta la pièce sans une parole. Il ne s'attendait bien évidemment pas à ce que son cadet le retienne, bien qu'il ait espéré l'espace d'un instant une parole ou un geste de sa part.
Se retrouvant de nouveau dans l'entrée, il hésita quelques secondes quant à ses possibilités pour se décider rapidement à quitter l'appartement. Après tout, rester enfermé seul avec Yukio était bien la dernière chose dont il avait envie à ce moment-là. Il repartit donc comme il était venu, autrement dit avec en tout et pour tout cinq euros sur lui. Il savait bien que s'éclipser de la sorte ne résoudrait pas leur problème néanmoins il se connaissait et à fleur de peau comme il l'était actuellement, rien de bon ne ressortirait d'une confrontation avec son jumeau.
Dans un coin de son esprit, il supposait que laisser les choses telles quelles représentait surement le début de la fin toutefois, face au comportement de son frère, il doutait qu'une réconciliation soit possible. Ils n'étaient apparemment plus sur la même longueur d'onde et il était clair qu'il ne pourrait pas supporter longtemps le mépris de Yukio.
Alors qu'il ouvrait d'un geste brusque la porte de son immeuble, il tourna ses pensées vers une question qui ne semblait pas vouloir le lâcher. Qu'avait-il donc fait ? Il avait toujours été quelqu'un de déterminé et d'optimiste, mais il n'était pas sans faille et il sentait en ce jour le poids de ses sentiments peser sur ses épaules. Pour bien commencer dans la vie, il était né à moitié démon, s'attirant de ce fait la haine de nombreuses personnes. Il savait que son existence, que chacune de ses respirations étaient maudites, mais qu'y pouvait-il ? Il n'avait jamais demandé à naître de la sorte alors devait-on réellement lui en vouloir ? Il s'était longtemps posé cette question, il s'était trituré l'esprit et s'était enfoncé dans la solitude jusqu'au jour où il avait tout simplement accepté sa condition.
Effectivement il n'avait pas choisi ses gênes et ne pouvait de toute façon rien y changer, il ne pouvait pas nier sa parenté avec Satan. Il avait réussi à s'accepter et à se trouver des amis qui l'aimaient pour ce qu'il était. Après avoir traversé cela, il pensait naïvement pouvoir profiter sereinement de sa vie près des personnes qui lui étaient chères. C'était sans compter sur ses penchants douteux. Pourquoi aimait-il son jumeau de cette façon-là ? Il était évident que Yukio ne ressentait pas de besoin charnel à son égard alors pourquoi lui oui ? Était-ce son côté démon qui amplifiait ses sentiments de luxure ?
Bien que Rin y songe il savait pertinemment que ce n'était pas le cas car seul son frère l'intéressait, seul lui arrivait à faire battre son cœur à cent à l'heure et il n'y avait également que sa compagnie qui le comble. Il se savait malsain, il était parfaitement conscient que si Yukio découvrait les sentiments qu'il nourrissait à son égard il serait dégoûté mais une fois de plus, qu'y pouvait-il ? Parfois il se mettait à penser qu'il aurait mieux valu qu'il ne vienne jamais au monde, pour lui comme pour les autres. Il chassait néanmoins rapidement cette idée. Ne voulant s'enfermer dans son malheur et dans ses sombres idées, il tentait d'emprisonner cette idiotie dans un coin de son esprit, jusqu'à la prochaine fois.
Il se promena ainsi perdu dans ses pensées une petite heure. A moitié transi par le froid, il se décida finalement à rentrer pour mettre son frère dos au mur. Il était parfaitement conscient que vu leur relation actuelle il y avait de grande chance pour que Yukio n'accepte plus de le voir après ça toutefois il n'en pouvait plus. Après toutes ces années d'incertitude, il était las, il était fatigué d'avoir à cacher ses sentiments. Son jumeau le détesterait surement mais de toute façon au point où ils en étaient, c'était maintenant ou jamais. Pour la première fois depuis bien trop longtemps il serait réellement honnête avec son cadet.
Bien qu'il se soit décidé, le chemin du retour fit monter en lui une peur incommensurable. Plus il se rapprochait de leur appartement et ainsi de la discussion qui lui serait probablement fatale, et plus il sentait son estomac se nouer.
A l'identique de sa venue précédente il se stoppa un instant devant la porte et cette fois-ci inspira une longue bouffée d'air. Il apposa sa main sur la poignée tout en expirant et appuya lourdement sur celle-ci. Il pénétra dans l'entrée en tendant l'oreille et avança à pas lents. Il se rendit jusque dans le salon avec appréhension et, remarquant l'absence de son frère, l'appela.
Ne percevant aucune réponse, il réitéra son action et attendit un son quelconque. Rien du tout. Désormais dans la cuisine, il survola la pièce du regard et s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'il remarqua un bout de papier présent sur le bar. Il hésita un instant, s'inquiétant de ce que son cadet avait bien put inscrire sur la feuille, avant de se décider à s'avancer. Il ne garda pas le document bien longtemps en main. Il eut effectivement juste le temps de parcourir les tracés qu'il savait être de son frère avant que son bras ne retombe avec inertie contre son buste, laissant voleter mollement la feuille au sol.
