J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël !
J'ai imaginé cette histoire-ci pour aider une certaine lectrice a passer outre la tragédie que vivent Byakuya et Renji dans ma dernière fic (Leur jour à eux).
Au programme, selon ses souhaits : du monde, une ambiance gaie, de l'amour (ByaRen, évidemment) et de l'humour...
Voici pour toi, Antarésia !
Maj du 27/12/2015 : Ah là là, j'ai oublié le Disclaimer. Il est au chapitre suivant :D
Au théâtre, ce soir...
Prologue
Depuis si longtemps que personne ne peut se rappeler un temps différent, les journées commencent de la même façon à la sixième division. Et chacun a toujours pu compter sur cette routine rassurante, qui fournit un repère solide à leur vie de combattant si souvent hasardeuse.
Les soldats dont les fonctions réclament une prise de poste dès l'aube voient leur capitaine arriver bien avant les autres officiers. Sa présence seule modifie l'atmosphère. La sérénité qui l'entoure fait partie des valeurs sûres de la division. Lorsqu'on le voit cheminer ainsi, comme si rien ne pouvait troubler la paix régnante, les Shinigamis de la sixième, de la recrue qui vient d'être intégrée au soldat le plus chevronné, sentent leurs soucis refluer et la tranquillité les envahir.
L'arrivée du commandant de la division précède de peu les timides rayons du soleil matinal. L'ombre recouvrant l'esplanade recule alors peu à peu. Lentement, la garnison s'anime. Les feux de la cantine sont allumés, des odeurs alléchantes se répandent, la valse des livraisons de matériel et denrées diverses commence. Le silence feutré fait place aux entrechoquements des caisses de marchandises, aux éclats des manutentionnaires qui s'apostrophent de la voix, et dans la cour, on entend les premiers cliquetis des armes d'entraînement des novices qui exercent leur pratique...
Au cours du lent éveil de la division, le vice-capitaine fait son entrée. Jamais à la même heure, mais toujours pressé. Il progresse à grands pas le long des galeries coursant autour des bâtiments administratifs. Parfois, il adresse un salut rapide à l'un ou à l'autre. Mais bien peu osent interrompre sa progression, car tous savent que le capitaine l'attend, et que tout retard donnera lieu à de sévères remontrances. Depuis le premier jour de l'arrivée de Renji Abarai à la sixième division, cela a toujours été ainsi.
Cependant, en ce jour particulier où débute cette histoire, plusieurs faits étranges viennent perturber le déroulement habituel de la matinée.
Tout d'abord, le capitaine Kuchiki n'a pas fait son apparition usuelle. Et comme ci cela n'était pas assez extraordinaire, le vice-capitaine Abarai est arrivé quasiment aux aurores ! Les langues se sont déliées, rumeurs et hypothèses de toutes sortes se sont misent à circuler. Pour finir, au milieu de cette commotion, apparaît un homme qu'on voit rarement en ces lieux.
Intrigués, les témoins lèvent un moment la tête de leur tâche en cours et suivent du regard le nouveau-venu qui se dirige droit vers le bureau du lieutenant. Il serre précieusement dans son poing ce qui semble être une liasse de feuilles imprimées. Au hasard d'un brise folâtre, certains en aperçoivent la première page et reconnaissent les lettres gothiques se détachant en noir sur fond blanc : La Gazette du Seireitei.
La plupart des Shinigamis de la sixième savent qui est cet homme, car même sans faire partie de son entourage, il est difficile d'ignorer l'identité du guerrier qui arbore le numéro 69 tatoué sur une joue. Shûhei Hisagi est célèbre dans toutes les treize armées royales.
Quelques jeunes filles, fraîches émoulues de l'académie, frissonnent devant son air ténébreux. L'aura de mystère qu'il dégage les attirent, si bien qu'elles se pâment lorsqu'il leur adresse un faible sourire. Faible, car ce sourire n'atteint pas ses yeux : l'attention de la gent féminine dont Shûhei fait l'objet le gêne.
Les garçons, anxieux de prouver leur valeur par de futures actes de bravoure, admirent sa silhouette musclée, son air viril, l'aisance de ces gestes, et rêvent un jour d'être aussi doués que lui. Shûhei porte sur ces cadets enthousiastes un regard bienveillant, ce qui détonne avec son allure solitaire, mais n'en est que plus source de leur respect.
Shûhei Hisagi est le vice-capitaine de la neuvième division dont il a pris la tête après la cruelle trahison de l'ancien capitaine, Kaname Tôsen, acolyte du félon Sôsuke Aizen. Il est aussi le responsable de l'édition du journal local, et à ce titre, il est au centre de toutes les nouvelles importantes du Gotei.
Tous les membres de la sixième division sont en effervescence : que se passe-t-il donc ? Est-ce que cela aurait un rapport avec l'événement qui occupe tous les esprits et dont ils ne sont pas censés parler ?
Acte1 : La nouvelle
Renji aime bien son bureau. C'est son domaine, un lieu à son image : des meubles solides et pratiques, un siège confortable. Il y est tranquille... la plupart du temps... quand le capitaine ne le fait pas appeler à l'improviste alors qu'il rédige la conclusion du dernier rapport de la journée. C'est souvent signe d'heures supplémentaires désagréables. Par contre, si le capitaine le rejoint en personne, c'est une autre histoire, bien plus agréable, car c'est signe que le noble commandant a besoin de lui. Lui, Renji, et non pas le Shinigami ou le vice-capitaine...
Aujourd'hui, la tranquillité fuit Renji. Il a pris ses fonctions plus tôt que de coutume. Sur son bureau, figurent les dossiers du jour, déposés par les soins du secrétariat. Mais au lieu d'être assis à sa table de travail, Renji fait les cent pas. Il va et vient, sans un seul coup d'œil sur les papiers en souffrance, de la fenêtre qui donne sur la cour au mur du fond tapissé d'étagères.
Faisant une brève pause à la fenêtre, il jette un regard impatienté à travers la vitre vers les grilles de la division, puis exécute un demi-tour exaspéré, traverse en quatre ou cinq enjambées la pièce et s'arrête devant le mur. Là, il procède à un bref passage en revue des rapports qui s'entassent en désordre sur les rayonnages, se fait à nouveau la remarque qu'il faudrait les classer, hausse les épaules, exécute une nouvelle volte-face, et à nouveau, marche nerveusement en direction de la fenêtre... Le plancher ne serait-il pas de chêne que ses pas auraient creusé une profonde rigole !
« Toc ! Toc ! »
Entre mur et fenêtre, Renji se fige, le cœur battant.
« Entrez ! », invite-t-il en se retournant vers l'entrée.
La porte s'ouvre et, enfin, celui qu'il attend apparaît sur le seuil.
« Haï, Renji.
— Hisagi-san ! Alors ?
— Je l'ai. Tout frais sorti des presses.
— Montre ! », presse Renji.
L'impatience de son cadet n'offusque pas Shûhei : l'affaire qui l'amène est on ne peut plus sérieuse. Cependant, avant de lui remettre l'exemplaire de la Gazette qu'il a apporté, un minimum de précaution s'impose. Shûhei entre, referme soigneusement la porte puis, jetant un regard scrutateur vers la paroi qui jouxte le bureau du capitaine de la sixième division, il s'enquiert :
« Ça risque rien ? Le sôtaichô ne veut pas soulever de vague avant que tout soit au point.
— T'inquiète pas, rassure Renji en secouant négativement la tête, le capitaine risque pas de débarquer : il n'est pas là ce matin. Il a reçu une requête de dernière minute de la première division qui réclame l'attention des dirigeants du clan Kuchiki. Il participe à une assemblée extraordinaire.
— De la première division ? Ça tombe... miraculeusement bien.
— N'est-ce pas ? abonde Renji, ironiquement. Ça n'arrête pas, ces temps-ci. Le capitaine est souvent absent. Ce qui nous arrange, parce que la Gazette du Seireitei est devenue le dernier de ses soucis. Donc ?
— Tiens. »
Toute possibilité d'indiscrétion étant assurée, Shûhei tend de bonne grâce le journal.
« Le sondage a eu un tel succès que nous avons décidé d'étendre les votes, et comme les retours ont été phénoménaux, nous avons fait une édition spéciale. Le commandant-général devrait être satisfait du retentissement rencontré auprès du public. »
Alors qu'il s'apprête à se saisir du magazine, Renji remarque l'air gêné de son aîné.
« Y a un souci, Hisagi-san ?
— Euh, quand je dis "nous avons décidé d'étendre les votes", je ne fais pas que référence à l'équipe éditoriale. Hum... »
Shûhei ne sait pas comment continuer. Mais Renji met vite le doigt sur le problème.
« C'est pas vrai ! comprend-il, l'Association des Femmes Shinigamis s'en est mêlée comme on le craignait ?
— Mm mm, confirme Shûhei.
— C'est le pire qui pouvait se passer. Qu'est-ce qu'elles ont inventé ?
— Regarde. »
Ainsi prévenu, Renji feuillette anxieusement la Gazette. Sous ses yeux défilent les profils des haut-gradés du Gotei, complets, avec un historique de leurs exploits militaires et quelques détails de leur vie privée, agrémentés d'une photographie qui n'a rien d'officiel.
Par exemple, celle qui concerne Renji a été prise alors qu'il était en plein entraînement, torse nu, les bras levés, sur le point d'abaisser la lame de Zabimaru. Cela aurait été une scène commune, complètement dénuée d'intérêt, si le photographe n'avait pas fait preuve d'un talent certain. La luminosité fait luire la transpiration sur la peau tatouée de Renji et ressortir le jeu de ses muscles, au point qu'il en rougirait d'embarras. Seulement, il n'a pas trop l'occasion de s'y attarder parce que, sur la page d'en face, figure celle de son capitaine. Renji en a le souffle coupé. Si la façon dont lui a été pris en photo fait valoir ses qualités viriles, celle de Byakuya met en avant sa grâce et sa noblesse. Dans le parc du manoir Kuchiki, le noble chef de clan tend la main vers la branche basse d'un pêcher, et son visage laisse paraître une telle nostalgie qu'on est saisi par l'expression presque fragile qui s'en dégage.
Renji lève un instant la tête, interloqué.
« Mais où vous avez eu ces photos ?
— Euh... On... On a fait appel à des indépendants.
— Ah ! jette Renji, dégoûté, si c'est pas parler à mots couverts, ça... Des indépendants ? Foutues bonnes femmes ! Quand est-ce que ça va paraître ?
— Ce sera distribué demain à la première heure dans les kiosques. Et vu le succès du sondage précédent, on devrait avoir les premiers retours dans la journée. Parce que les photos, c'est pas le pire... »
Effectivement, ce n'était pas le pire. À la dernière page, les yeux de Renji notent une liste de noms familiers. Son regard incrédule s'arrête sur une ligne particulière.
« Le taichô va avoir ma peau », gémit-il.
Acte1 : fin
J'ai l'intention de faire une publication quotidienne, car les chapitres sont courts et l'histoire n'a pas besoin d'être très fouillée.
Donc, à demain, pour : « La dernière des décisions du sôtaichô »
