Il a toujours été lâche, même avant de devenir humain – parce que c'est un défaut tellement propre à l'humanité, de chercher à fuir ce qui est plus redoutable que soi, un instinct de survie inscrit dans le code génétique de l'espèce, une conduite entièrement naturelle.
Dans le cas de Salomon, cette lâcheté n'avait guère le loisir de s'exprimer – n'était-il pas un Roi ? Ne devait-il pas montrer l'exemple à ses sujets ? Et puis, il ne voyait jamais aucune route, aucune possibilité où il ne faisait pas la chose juste et appropriée. Enfin, si, il en voyait, mais ça finissait toujours mal, et il ne pouvait pas permettre cela, n'est-ce pas ?
Mais Romani Archaman – le Docteur Roman – est un humain ordinaire, comme il a tant désiré l'être. Un humain qui peut ressentir la peur dans toute son effroyable intensité, et qui n'a envie que de se cacher la tête sous un drap, tu ne me vois pas, tu ne peux pas t'en prendre à moi.
Sauf que.
Chaldea ne peut pas vaincre Goétia. Pas sans aide. Et la seule personne à pouvoir aider vraiment, efficacement, c'est lui. La survie de l'espèce humaine – de ses amis – en échange d'une seule vie, c'est un marché plus qu'acceptable. Un Roi a l'habitude de ce type de compromis.
Mais Roman est humain maintenant.
Il fera ce qu'il doit faire – l'alternative est vraiment trop épouvantable – mais il a tellement peur. Il voudrait tellement que ce soit quelqu'un d'autre, n'importe qui à sa place.
Mais si ce n'est pas lui, alors personne ne le fera.
Alors, ce n'est vraiment pas comme s'il avait le choix, n'est-ce pas ?
