Disclaimer : rien à moi, sauf Alec.

Les apartés à part en début de chapitres renvoient à la fic .net/s/5756722/1/uN_Capitaine_sans_failles

que vous n'êtes pas tenu(e)s d'avoir lue.

"La silhouette d'un homme grand, élégamment vêtu d'un pardessus noir, se dessina sous la lumière des lampadaires. L'homme venait dans sa direction. Jack se redressa totalement et adopta sa posture favorite : les mains dans les poches de son pantalon, les pans de son manteau volant sous la brise légère. Le visage de l'homme se fit plus net. Jack ne le connaissait pas. Arrivé à quelques pas de lui, l'homme mit sa main droite dans la poche de son pardessus et tendit l'autre à Jack. "


Je m'appelle Alec McNeil. Je suis un Écossais pure souche et fier de l'être. Je suis marié depuis 12 ans à une charmante physicienne, Claire McDouglas, qui m'a donné une non moins charmante fille, prénommée Dorothy, du prénom de sa grand-mère maternelle. Elle a six ans et fait notre bonheur.

Je travaille pour Torchwood, Glasgow. La branche pauvre de Torchwood, Cardiff, éminente institution secrète et indispensable à la survie de la race humaine. J'allais bientôt découvrir que cette fameuse agence allait me devenir indispensable, à moi aussi, mais pour des raisons moins impérieuses.

Mon chef, Sir Allistair Gaynor, plus de 75 ans au compteur et pas une ride sur le visage, s'était levé un beau matin avec une envie soudaine et inattendue de me déléguer une mission, qui, selon ses dires, s'annonçait pleine de rebondissements. Une histoire cocasse de poissons chargés d'électricité magnétique ou de quelque autre fantasmagorie alien.

Car Torchwood s'occupe de pister et de contenir toute menace alien sur le territoire terrestre. Oui. Et ce, depuis des lustres. Nous traquons, capturons et renvoyons, lorsque cela s'avère possible, toutes les créatures et phénomènes extra-terrestres qui ont le malheur de fouler le sol humain. Ici, à Glasgow, il est vrai que ces « égarés » ne sont pas légion. Mais à Cardiff, croyez-moi, ils sont constamment sur la brèche et ne sont pas trop de cinq pour mener à bien leurs missions secrètes. Ils n'en tirent aucune fierté puisqu'ils sont placés exactement au centre de la Faille. Autant pêcher à la source, n'est-ce pas?

Je me souviens encore des mises en garde dont m'avait gratifié mon patron. Louchant par-dessus son monocle, un demi poisson dans la main, il m'avait averti le plus sérieusement du monde.

- Prenez garde, mon jeune ami. Torchwood Cardiff est à l'image de son dirigeant, le Capitaine Jack Harkness : immense, flamboyant, puissant et fourbe.

- Fourbe? Avais-je alors répété, surpris. Mais en quoi?

- Il sont dépravés, n'ont aucune morale. Et surtout, surtout, le Capitaine Harkness est redoutable en négociation.

- Que devrais-je négocier avec lui? Demandai-je de plus en plus intrigué.

- La faveur qu'il vous ferait de bien vouloir vous aider dans la présente mission. Mon cher Alec, je vous en conjure, ne nouez aucun lien avec cette bande de voyous des temps modernes. Il en va de notre réputation. Concentrez vos efforts sur la mission, c'est compris?

Je lui avais assuré de mon entière impartialité et m'en étais allé préparer mon bagage. Sir Allistair Gaynor n'avait plus toute sa tête. Je ne lui en tiens pas rigueur. J'avais effectué une recherche exhaustive sur Torchwood Cardiff et, dans l'ensemble, rien de ce que le vieil homme m'avait affirmé n'était à prendre au sérieux. Torchwood Cardiff avait fait ses preuves et l'homme qui était à sa tête passait pour être quelqu'un d'efficace et de pondéré. Un grand homme, visiblement, qui menait de main de maître, et avec une certaine liberté d'esprit, une fine équipe aux nombreux exploits fort louables.

Cela m'avait plutôt réconforté, au lieu de m'alarmer, que de savoir cette branche Galloise flamboyante, puissante et fourbe. Il en faut de la perfidie pour combattre les créatures venues d'ailleurs, non?

Et ma foi, je l'avoue, je ne suis pas contre un peu de cynisme de temps en temps. Mon père était un parangon de cynisme, je dois tenir ce trait de caractère de lui.

Le mot fourbe avait trotté dans ma tête plus que de raison. Durant le long trajet qui me menait à bon port. L'on peut être fourbe et néanmoins professionnel. Ëtre fourbe et avoir constitué une petite armée vaillante et toujours prête à sévir. J'approchai de la baie de Cardiff serein, en dépit des avertissements de mon supérieur. Je savais me prémunir contre pas mal de coups bas. Cela faisait tout de même près de 15 ans que j'officiais à Torchwood. Une des meilleures écoles contre la routine et ses cycles ennuyeux.

Le voyage en train avait été long, pénible et chahuté. Moi qui d'habitude adore prendre le train , j'avais débarqué de celui-ci totalement fourbu et las. Je n'avais, et c'était une chance, qu'un léger bagage avec moi. Je ne m'étais pas encombré de grosses laines ni de chapeau fourré. Cardiff a la réputation d'être plus ensoleillé que Londres. Le climat y est clément et chaleureux.

Et je réalisai bien vite que les habitants de cette ville l'étaient également. Chaleureux. Terriblement chaleureux.

Car tout sénile soit-il, Sir Allistair Gaynor n'avait pas complètement tourné la carte. Et ce n'est qu'une fois arrivé aux abords de la baie que je compris ce que ce brave vieil homme avait tenté de me dire. Hélas pour moi, il était déjà trop tard.

Je l'ai aperçu rapidement. Malgré la nuit tombée et les lumières agressives des quais. Je ne pouvais pas le rater, il était le seul être humain aux alentours. J'avançai vers sa silhouette qui se découpait sur les reflets de la baie. Il était penché en avant, perdu dans ses pensées. Mes recherches m'avaient conduit à retrouver un manteau militaire des années 40 en plein 21ème siècle. Un jeu d'enfant. L'homme qui portait ce manteau était peut-être fourbe, mais il aimait à se faire remarquer. C'était touchant car maintenant je me rends compte qu'il n'a nullement besoin de s'envelopper dans un tel vêtement passé de mode pour attirer l'attention.

Les mots de Sir Allistair Gaynor résonnèrent dans ma tête à la seconde où le Capitaine Jack Harkness s'était retourné en entendant mes pas. Son manteau avait suivi son geste vif, et avait balayé l'air à ses pieds. C'est précisément à cet endroit que j'avais alors voulu me trouver. A ses pieds.

Flamboyant. Jack Harkness l'était. Enfin, l'est. Immense? Sans doute mais j'ai de quoi rivaliser. Puissant. Oui, du moins le regard perçant avec lequel il me fusilla. Fourbe? Oh oui. Une fourberie qui ne dit pas son nom mais qui vous coupe les jambes.

J'eus l'étrange impression d'être face à un phare.

Je sais et suis tout à fait conscient de ce que ce mot peut évoquer. Il est à la fois romantique, pour ne pas dire niais, et diablement érotique. Symbole phallique par excellence et ce Capitaine était excellent. Je ne fus pas long à comprendre ce que sa « liberté d'esprit », fabuleusement reconnue, incluait. Cet homme, séduisant, aimait plaire. Un défi pour un petit bras, vu le charisme de l'individu.

Le phare m'aveugla mais je réussis à garder mon calme et un ton neutre lorsque pour la première fois je m'adressais à lui. Je n'en menais pas large car il me dévisageait avec une impudeur effrayante. Je vis ses yeux clairs courir sur moi, avides, comme ceux d'une hyène devant une carcasse encore chaude. J'avais chaud. Et mon esprit se vidait dangereusement. Allait-il me sauter dessus? Me demandais-je, pris de panique et bizarrement excité.

Jack Harkness, chef de Torchwood Cardiff aimait plaire. Et il me plut.

Je me souviens des premières paroles que mon cerveau liquéfié avait pu faire sortir de ma bouche. Oh, rien qui ne défie les banalités en vigueur entre deux parfaits inconnus.

- Capitaine Jack Harkness? Avais-je dit en lui tendant la main, qu'il refusa.

Pour ce qui était de me sauter dessus, cela allait attendre un peu, m'étais-je dit, dépité. Mais je ne fus pas surpris de la méfiance qui assombrit son visage à cet instant. Un inconnu qui vous apostrophe par votre nom, j'aurais moi-même redoublé de prudence. Mais à mesure qu'il comprenait qui j'étais et que j'étais à sa recherche, Jack Harkness se dérida et serra bientôt ma main, tout en m'adressant un sourire épouvantablement sexy. Dieu que je redoutais la suite de cette rencontre.

Quand le Capitaine, tout à fait rassuré, me proposa de discuter dans son bunker particulier, je repensais à Sir Allistair Gaynor.

Il ne faut jamais au grand jamais mésestimer la moindre parole d'un sage de 75 ans. Ne surtout pas nouer de lien, le plus ténu soit-il, avec un homme de la trempe de Jack Harkness. Plus facile à dire qu'à faire. J'étais venu lui parler de poissons, et il m'avait déjà pris dans ses filets.

Alec McNeil, chimiste de son état, avait plongé dans les eaux anormalement bouillantes de la baie de Cardiff. Je ne sais toujours pas, à ce jour, si je dois considérer l'homme qui m'a repêché comme mon sauveur ou bien le pire des prédateurs marins que la terre ait porté.

J'attends d'avoir pris assez de recul pour pouvoir trancher. Pour cela il me faudrait revivre mon séjour à Torchwood Cardiff, et les nombreux rebondissements que mon mentor m'avait promis. Ce visionnaire était encore loin du compte.

Torchwood, Cardiff, était bien à l'image de son dirigeant : imposant, sculptural et aveuglant ! Le bâtiment, fier et moderne, se dresse sur la place du centre ville. Il détone avec les vieilles demeures basses qui l'entourent timidement. Quelque chose dans l'air de la jetée me persuadait que la comparaison entre cet homme et son empire aux allures futuristes ne s'arrêterait pas au seuil de l'entrée. Que l'équipe serait à l'avenant des modestes villas certes cossues mais ridicules face à l'architecture du Millenium servant de façade à Torchwood. Jack Harkness devait, à mon avis, chaperonner 4 sombres scientifiques, tous petits et quelconques. De petites fourmis dociles et insipides.

Deux filles au physique trop ingrat pour travailler ailleurs que dans l'ombre d'un chef lumineux. Et deux jeunes gens, dont un médecin récalcitrant et cliniquement dangereux pour exercer dans le service public.

J'avais effectué des recherches sur le genre de personnes que j'allais côtoyer, souvenez-vous.

J'étais crispé, fébrile et si fatigué par mon long voyage que je ne vis rien de l'aire de l'aigle qui m'avait invité à pénétrer son territoire.

Oui, je sais j'ai parlé de prédateur marin, tout à l'heure. Mais ce Jack Harkness a le regard d'un Seigneur des airs. Son allure altière ressemble à celle d'un faucon sauvage et il se déplaçait dans la Base de Torchwood comme s'il glissait sur l'eau. Tel un épervier. J'arrête mes comparaisons animalières. Ce bestiaire me faisant peur. Je devais m'acquitter de ma tâche et me concentrer sur la raison initiale de ma venue à Cardiff. Non sans mal.

Jack Harkness me servit un café immonde et s'assit en face de moi. Je lui racontai mon histoire de poissons du mieux que je pus. Son regard ne me lâchait pas et me déconcertait car il m'était indéchiffrable. Il avait l'air de m'écouter distraitement, préoccupé par une pensée qui n'avait aucun lien avec ce que je lui disais. Quelque chose qui n'avait rien à voir avec moi le chiffonnait manifestement. J'en profitai pour le détailler sans qu'il ne s'en rende compte. Ce que je ressentais, ce faisant, avait dû me dépasser car je m'entendis lui demander, entre deux détails techniques, s'il était marié.

Il était trop tard lorsque je réalisai l'audace de ma question. Il a été surpris. Un léger froncement de sourcils m'indiqua que j'étais allé trop loin. Curieusement, cela ne me refroidit guère. Au contraire, j'avais hâte de connaître la réponse à cette question indiscrète. Je fus bien aise d'entendre qu'il n'était pas marié et la pique qu'il m'envoya dans la même phrase ne me fit aucun effet. J'avais ma réponse.

Tout devint flou après cela. Je me souviens qu'il accepta de m'aider sur le champ. Pourquoi? Peu m'importait, j'avoue. J'étais admis dans son équipe. J'allais rencontrer ses employés et découvrir la façon dont ils travaillaient dans le giron d'un si grand domaine hi-tech.

La fatigue me contraint hélas d'écourter notre conversation et je pris congé , à contrecoeur, mais transporté d'excitation à l'idée de revenir dès le lendemain à Torchwood Cardiff.

Fourbe, le Capitaine l'était assurément puisqu'il avait consciencieusement attendu de m'avoir raccompagné vers la sortie pour me demander pourquoi je lui avais posé LA question de trop.

Je lui ai alors répondu que j'avais espéré « parler à la bonne personne ».

Je vous avais prévenu, j'ai de la répartie et un certain bagout. Et une indicible flambée d'audace dont je ne me serais pas cru capable jusque là m'avait poussé à oublier les avertissements de mon chef. Pire, j'étais en train de les dénigrer proprement et simplement.

De retour à mon petit hôtel, je me prélassai grâce à une douche tiède et un thé chaud.

Je ne suis pas attiré par les hommes. J'aime trop les femmes et suis encore si peu expert en charmes féminins pour me soucier des plaisirs exotiques et masculins. Mais je ne pouvais le nier plus longtemps. Ce Capitaine me sidérait par sa stature impeccable et ses yeux qui vous déshabillaient avec une facilité redoutable et inquiétante. Je me trouvai des circonstances atténuantes. Jack Harkness est un homme à part, même à Torchwood. Il ne peut pas mourir. En soi c'est déjà singulier. Et puis, il est connu pour exhiber sa beauté partout où il pose le pied. Un charmeur patenté et infatigable, qui mange à tous les râteliers.

Sournoisement, l'envie urgente de lui ouvrir l'appétit me gagna. Je reléguai tout dans un coin perdu de mon esprit chamboulé lorsque, vers les 3 heures du matin, le sommeil vint enfin me cueillir.

Jack Harkness est un alien. Je suis expert en aliens. Je me devais donc d'étudier ce cas avec rigueur et une curiosité professionnelle, à peine maquillées d'attirance brute, et je me promis de m'y atteler très vite.

Qui pouvait savoir ce qui se cachait derrière une telle énigme agaçante, déroutante et intemporelle? Un oasis de féminité? Une créature hybride aux atouts charnels préjudiciables pour le simple mortel que je suis? J'adore les mystères.

Je ne vous cache pas que je comptais sur la science de Torchwood Cardiff pour enquêter efficacement sur la provenance de mes poissons irradiés, car j'avais en tête un tout autre défi à relever : observer le spécimen Harkness dans son milieu naturel.

J'aime le poisson, notez bien, mariné à l'aneth. Mais en m'endormant, je songeai à un nouveau mets que je mourais d'envie de déguster. Sans aneth, sans assaisonnement, nature.

Un mets subtilement empoisonné mais vivre sans prendre de risque n'avait jamais été mon credo.

Disert, je suis. Et téméraire, voire casse-cou comme disait mon vieux père. Lui-même aventurier dans l'âme.

Que voulez-vous? Les chiens ne font pas des chats.


Mais où ai-je la tête? Un grand merci (et des bisous) à ma super bêta qui est à moi, c'est ma mienne, Evalyre, qui fait un boulot formidable.

N'ayez crainte, Jack peut aimer tant de monde ^^Et je vais le prouver...

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