Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à Furudate Haruichi ~

Pairing : TsukkiYama, même s'il lui faut le temps de se ramener. En side pairings, c'est pas 100% sûr, mais vous pouvez vous attendre à du KenHina et à du BokuAka, BoKuroo, en même temps ou pas, car OT3. Aussi du Akiteru/Saeko. Car ils sont cute. Et du KiyoYachi. :D Enfin bon, le temps que ça vienne, lol. Et c'est pas sûr. AAH.

Bêta-Lecture : Antidote. Lol.

Crédit : L'image de couverture est de tsukki-daisuki sur tumblr dot com.

Note : Yo. J'sais pas si le TsukkiYama est très populaire ici, mais j'espère que certaines personnes vont quand même avoir envie de lire cette fic :D. J'les aime, perso. À part ça, du mystère, de l'angst, des téléphones à clapet, du volley mais pas trop, de la tristesse, des métaphores, de l'amitié et du ship, mais pas tout de suite mdr. Enfin un peu quand même. Cette fanfic devrait faire 22 à 24 chapitres, btw.

Note 2 : J'écris cette fic avec la très bonne OST de The Leftovers dans les oreilles. Bonne ambiance. En plus c'est dans le thème, haha.

Bonne lecture !


Dans les rêves de Tsukishima Kei, la fin du monde pouvait survenir de cent façons différentes.

Il en avait vécu plus qu'il ne pouvait en compter. Un séisme plus violent que les autres, déversant sur lui un déluge de briques et de verre brisé. Une vague gigantesque, terrifiante, emportant avec elle les villes et les villages, insensible à la douleur des familles déchirées par sa fureur dévastatrice. Une invasion extraterrestre — celle-là était la moins récurrente de toutes, sans doute parce qu'il n'avait jamais beaucoup aimé les films de genre, au contraire de son frère qui s'en gavait à la première occasion. Une fois, il avait rêvé qu'un trou noir s'était formé au centre de la Terre et les attirait tous en son sein infernal. Une autre, que le ciel s'était ouvert au-dessus de sa tête pour le remplir de couleurs violines qui éclaboussaient le monde de lumières inconnues. Ça avait été la plus étrange et la plus belle de toutes — l'image s'était si bien incrustée dans sa rétine qu'il pouvait l'invoquer rien qu'en fermant les yeux.

La fin du monde, finalement, n'avait rien d'inquiétant. C'était un événement comme un autre, rien de plus que la continuité des choses, le point final à l'histoire de l'univers. On n'évitait pas la fin du monde ; imparable, elle s'abattait aux moments les plus incongrus, maintenant ou dans mille ans, un grain de poussière au sein de la grande mythologie du cosmos, et il n'avait d'autre choix que la regarder venir, la regarder passer, la regarder s'enfuir. Que pouvait-il faire de plus que s'asseoir et attendre ? Le réveil finirait par le trouver comme il le trouvait chaque nuit. Il survivrait ; alors, quelle importance ?

Chaque chose en ce monde débutait quelque part pour aboutir quelque part — pour chacune un point de départ et une ligne d'arrivée, pour chacune un commencement et plus loin une fin. Le soleil se levait et se couchait sans faillir. Kei fermait les paupières, Kei s'endormait, Kei rêvait. Kei ouvrait les yeux. Le rêve s'achevait. Il n'existait rien d'immortel ou d'infini. Comme il était né un jour, il en mourrait un autre.

Ça n'avait rien de compliqué.

La fin du monde finirait bien par survenir, elle aussi. Peut-être était-ce pour cela qu'il oubliait de la craindre ; pour cela qu'il la regardait venir sans un tressaillement, les yeux grands ouverts, certain d'y voir l'expression d'un destin inéluctable — parce que rien n'était éternel, ni lui, ni le monde, ni même l'univers entier.

Cette conviction l'avait toujours guidé.

Puis il s'était réveillé en sueur, la tête enfoncée dans un oreiller moite dont il s'était arraché avec une inspiration aussi soudaine que profonde, une goulée d'air rassurante comme une preuve que ses poumons œuvraient encore, que son cœur battait toujours, qu'il disposait d'un corps parfaitement fonctionnel qui le maintiendrait en vie.

Il s'était levé pour sonder les ténèbres à travers la fenêtre ; les feuilles se détachaient des arbres et retombaient sur les trottoirs et la bruine se déposait sur les vitres jusqu'à les rendre troubles. Rien d'inhabituel. Un soupir de soulagement s'était échappé de ses lèvres fines. Rien de plus qu'un rêve, après tout, avait-il pensé. Déjà envolé. Il s'était recouché, le dos contre le matelas trop mou, avait fermé les paupières, mais le sommeil, malgré ses supplications, avait refusé de répondre à son appel.

Quand Yamaguchi, l'ayant surpris à somnoler dans les vestiaires du club, lui avait demandé s'il se sentait bien, il avait articulé un : « Je crois » accompagné d'un bref instant d'hésitation que son ami n'avait pas manqué de remarquer. Sur son insistance, il lui avait tout raconté en détail.

Le rêve n'avait pas de sens. Pas vraiment. C'était la fin du monde.

Et tous s'en fichaient.

Il jouait au volley avec les autres enfants. Il scrutait le ciel dans l'attente d'un signe qui ne se montrait pas. Il en parlait à son entraîneur, à sa mère, à chaque adulte susceptible de l'écouter. Ils ne comprenaient rien.

La fin du monde frappait à leur porte, et ils n'en avaient cure. Pire : ils ne le croyaient même pas.

Regarde, Kei, disaient-ils, tout va bien, dehors. Le soleil brille. Les jours se succèdent. La Terre tourne. Il n'y a rien à craindre.

Ils avaient tort. L'univers avait atteint sa limite. Il leur disait adieu ; c'était écrit dans les étoiles, au creux de chaque pétale emporté par le vent. Le message rôdait autour d'eux, un murmure fatidique, rempli de promesses de destruction et de mort, répété si souvent qu'il finissait par lui donner mal au crâne. Pourquoi ne l'entendaient-ils pas ?

Il restait là, planté sur un trottoir trop fréquenté, les yeux rivés sur l'horizon. Quelque chose se produirait bientôt — quelque chose s'était déjà produit. Était en train de se produire.

Le monde touche à sa fin, et je suis le seul à le savoir, le seul à avoir peur. Ils ne comprendront pas. Personne, jamais.

C'était invisible et sournois, un pincement au fond de sa poitrine, une certitude comme on peut n'en avoir que dans les rêves, celle de celui qui connaît déjà la fin de l'histoire, qui s'en souvient un long moment après l'avoir oubliée. La conscience du créateur — un savoir absolu auquel nul autre que lui n'avait accès.

Le monde touchait à sa fin, tout finirait en cendres et il ne resterait personne pour penser au destin d'une espèce au bord de l'extinction. Ils allaient mourir, tous, il allait mourir, mais il était le seul à s'en inquiéter, le seul à espérer que ça s'arrête, que quelqu'un trouve une solution que personne ne cherchait.

Ça n'avait rien d'impressionnant, loin d'un tsunami ou d'un tremblement de terre, d'un ouragan ou d'une quelconque manifestation de la colère des dieux. Aucune trompette sonore pour annoncer l'apocalypse, aucune infection mystérieuse se propageant dans les populations à une allure trop rapide pour qu'on puisse espérer l'endiguer. Le ciel ne s'ouvrait pas sur des couleurs impossibles. Le soleil brillait de loin, imperturbable, et les gens vaquaient à leurs occupations sans autre intérêt que celui du menu du repas du soir. Il ne se passait absolument rien. Il se passait quelque chose, pourtant.

C'était terrifiant. Absurde et terrifiant.

— J'aurais pas aimé faire un rêve pareil, avait déclaré Yamaguchi.

Évidemment. Personne n'aurait aimé ça. Tsukishima était entré dans le gymnase sans réagir. Les enfants, à l'intérieur, riaient déjà. Leurs cris se répercutaient sur les murs, aigus et désagréables.

— Mais, Tsukki, pourquoi tu ne m'as pas prévenu, moi ?

Yamaguchi avait l'air parfaitement sérieux.

— Parce que tu n'étais pas là, avait-il rétorqué.

— Oh. Désolé.

Puis il lui avait souri avant d'ajouter :

— Mais si ça arrive — que c'est vraiment la fin du monde, je veux dire — tu me le diras, hein ? Je te croirai, moi. J'ai pas envie de mourir. (Une main sur le menton, il réfléchissait.) En plus, j'ai tout un tas de masques chez moi, tu vois, ceux pour respirer ? Et on pourrait trouver un endroit où se cacher. On aurait qu'à y mettre plein de nourriture, et...

Il avait continué comme ça pendant de longues minutes. Tsukishima avait peut-être répondu, ou peut-être pas. La scène, dans ses souvenirs, restait floue et confuse. Il n'en avait retenu qu'une chose. Une certitude.

Si le monde prend fin, je ne serai pas seul.

Il rêva de la fin du monde à de nombreuses occasions encore. Il ne la redouta plus.

xxxxx

— Tsukki !

Son cri résonna si fort qu'on avait dû l'entendre jusqu'au bout de la rue. Tsukishima aperçut Yachi glousser au loin sans y faire attention ; ses pensées étaient plutôt dirigées vers l'adolescent qui fonçait sur lui, son sac de sport calé sur son épaule, la bouche ouverte sur un appel qu'il ne manquerait pas de pousser à nouveau si son destinataire prenait la malheureuse décision de ne pas y répondre. Il s'immobilisa, un soupir au bord des lèvres. Le regard qu'il lança à Yamaguchi était suffisamment éloquent pour qu'il n'ait pas à formuler ses pensées. Habitué, le garçon leva les paumes en l'air en secouant la tête pour s'excuser.

Il souriait, pourtant, les joues rougies par le froid, un peu essoufflé.

— Tu avais dit que tu m'attendrais, reprocha-t-il alors qu'ils se mettaient en route.

— Je t'ai attendu, répondit Tsukishima.

— Je ne savais pas qu'il y avait une limite de temps. La prochaine fois, je prendrai un chronomètre.

La nuit était tombée depuis un moment déjà. Les lumières crues de la rue donnaient à Yamaguchi un teint plus pâle que d'habitude, fantomatique, ou peut-être était-ce simplement un effet de son imagination. Il détourna le regard.

Le silence, confortablement installé entre eux, perdura dix bonnes minutes avant que Tsukishima ne prenne la parole, les sourcils froncés.

— T'avais pas dit que tu voulais me montrer quelque chose ?

Yamaguchi plissa légèrement les yeux.

— Ah ! s'exclama-t-il après un instant. Si, attends.

Il abandonna son sac au sol, se débarrassa de son manteau qu'il posa négligemment sur le bras de Tsukishima pour terminer par ouvrir grand son gilet avec un sourire triomphant. Il tira sur le bas de son t-shirt afin de le tendre assez pour que l'image qui y était imprimée ne soit pas déformée.

— Je l'ai trouvé à Sendai, dimanche passé. T'en penses quoi ?

Il détailla le t-shirt. Un léger sourire étira ses lèvres.

— Très élégant, dit-il.

Yamaguchi baissa les yeux vers son t-shirt comme pour vérifier qu'il s'agissait du bon. Un stégosaure doté de lunettes de soleil souriait sur un fond bleu cobalt.

— T'es juste jaloux, répliqua-t-il en refermant la fermeture éclair de son gilet.

— C'est évident.

— Je l'aime bien, moi.

Il n'avait pas l'air vexé. Il enfila son manteau et récupéra son sac.

— Je t'en achèterai un la prochaine fois, reprit-il avec un sourire.

Tsukishima haussa les épaules.

— Comme tu veux.

Il hésita un moment, puis jeta un coup d'œil à son téléphone portable.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Yamaguchi.

— Rien. Tu veux passer chez moi ?

La surprise teinta brièvement ses traits.

— Maintenant ?

— Oui, maintenant.

— Mmh... il est quelle heure ?

— Dix-neuf heures trente.

— Ah... Désolé, je peux pas. J'ai promis à ma mère de rentrer pour dîner.

Nouveau haussement d'épaules désintéressé.

— Une autre fois, alors, fit Yamaguchi.

— Après l'entraînement, demain ? J'avais prévu d'aller à la médiathèque.

Yamaguchi réfléchit, puis il hocha la tête.

— D'accord, on fait comme ça. Tu cherches quelque chose de spécial ?

— Pas vraiment. J'ai juste envie de changer de musique.

Ils s'étaient arrêtés devant l'embranchement où ils se séparaient pour prendre chacun leur route.

— Bon, dit Yamaguchi, je vais par là. À demain.

— À plus. Oh, hum...

— Oui ?

— Cool, le t-shirt.

Yamaguchi lui adressa son plus grand sourire.

— T'as vu ? Je savais qu'il te plairait !

— Baisse d'un ton. Tu parles trop fort.

— Désolé, Tsukki !

Son attitude n'en laissait rien paraître. Il s'éloigna en riant.

— À plus ! le salua-t-il avec un signe de la main.

Tsukishima le suivit des yeux jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse dans l'obscurité froide de la nuit hivernale. Il posa son casque sur ses oreilles, replaça ses lunettes correctement sur son nez puis continua son chemin.

Le lendemain, il ne trouva pas son meilleur ami dans les couloirs du lycée, ni dans le gymnase ou les vestiaires du club. Il ne s'en inquiéta pas.

Ailleurs, quelque part, le monde prenait fin.


J'espère que ce prologue vous a plu, merci de l'avoir lu ! (Ca rime mdr)

Les reviews, plus qu'appréciées (toujours lol, qui n'aime pas ça), sont mon unique source de motivation pendant les instants sombres du writing block continu qui s'abat sur moi chaque seconde qui passe (comment ça j'exagère ?). N'hésitez pas à en laisser une au passage ! Puis ça me fait toujours plaisir d'y répondre :D.

Maintenant j'dois écrire 9vies hihi et aussi le prologue d'un autre truc whoops (IwaOi. Et BokuAkaKuroo. Et KenHina. Et ça va être putain de bien et j'ai HÂTE de vous présenter ça aaaah. Genre vraiment). À la prochaine ! \o/