Note : L'histoire se situe juste à la fin de la saison 3, alors qu'Oliver et Felicity quittent Star City pour vivre comme un couple normal. Ici, Oliver est plus affecté par son passage chez la Ligue des Assassins que dans la série, vous comprendrez vite pourquoi. Il n'a pas encore rencontré Kara, et Barry découvre à peine le concept du multivers (début de la saison 2). Je n'en dis pas plus, bonne lecture :)
Entre deux mondes
Chapitre 1
Oliver ouvrit les yeux et ne put retenir un sourire en voyant le visage endormi de Felicity à quelques centimètres du sien. Il repoussa la mèche de cheveux qui lui retombait sur le nez et la glissa derrière son oreille. Se réveiller tous les matins à ses côtés était une chance qu'il savourait chaque jour. Les rayons du soleil traversaient le rideau fin de leur chambre et il décida de se lever et de lui préparer le petit déjeuner. Il déposa un léger baiser sur son front, faisant attention à ne pas la réveiller et sortit à pas de loup.
Après être passé par la salle de bains, il prépara le café et la pâte pour les pancakes qu'il cuirait dès qu'elle se réveillerait. Il ouvrit la baie vitrée et s'appuya sur la rambarde de leur petite terrasse qui donnait sur les bois. Le sifflement des oiseaux et le bruissement des arbres emplissaient l'air frais du matin. Ils avaient loué le chalet pour la semaine et ils partiraient ensuite pour une destination qu'ils n'avaient pas encore choisie. Cela faisait deux semaines qu'ils avaient quitté Starling et le sentiment de liberté et de sérénité par rapport au choix qu'il avait fait ne l'avait pas quitté. Il avait laissé derrière lui une vie de violence et de douleur et n'avait aucun regret.
Il gardait des séquelles de son séjour forcé chez la Ligue, mais être avec Felicity l'aidait. Il supportait mal qu'elle le prenne dans ses bras, il se sentait vulnérable et enfermé et elle évitait de le faire depuis qu'il l'avait repoussée. Des dizaines de marques blanches presque invisibles couraient sur son corps, seul vestige des coups de poignard ou d'épée qu'il avait reçus durant son « entrainement » pour devenir Al Sah-Him et qu'ils avaient à chaque fois guéris avec l'eau du puits de Lazare. Felicity les avait embrassées une à une et lui avait affirmé que ces marques étaient aussi belles que les autres qui recouvraient son corps meurtri.
Il continuait à s'entraîner, ça faisait partie de son ADN maintenant et Felicity adorait le regarder, mais il ne le faisait plus dans le but de survivre ses prochains combats. Il ne savait pas s'il voudrait un jour redevenir Arrow. Théa, Laurel et Dig avaient repris le flambeau et sa ville était en sécurité grâce à eux. S'ils l'appelaient à l'aide, il ignorait comment il répondrait mais s'ils étaient en danger, il n'hésiterait pas longtemps. Une chose était sûre. Il profiterait de chacun des moments passés avec sa petite-amie en toute tranquillité.
Il ne pensait pas avoir déjà aimé quelqu'un autant qu'il aimait Felicity. Son cœur battait pour elle et à chaque fois qu'il l'avait dans ses bras, il se sentait entier, son âme fracturée par les épreuves s'emplissait de bonheur. Il aurait voulu que ça dure des années, qu'ils restent ensemble et isolés du monde pour toujours. Mais cinq jours plus tôt, la bulle dans laquelle ils vivaient avait éclaté.
Il avait fait un cauchemar, du temps où il avait été enfermé dans un cachot par la Ligue. Ce n'était pas la première fois, ses nuits en étaient emplies, mais cette fois, lorsqu'il avait repris conscience, ses mains étaient autour du cou de la femme qu'il aimait. L'image de son visage terrifié était gravée à jamais dans son esprit. Il l'avait immédiatement relâchée, avait murmuré des excuses et allait sortir lorsqu'elle l'avait attrapé par le bras, l'obligeant à rester dans le lit. Elle lui avait fait promettre de ne pas partir et de discuter de ce qu'il s'était passé le lendemain matin, car à ce moment elle avait besoin qu'il la prenne dans ses bras et qu'ils se rallongent sous les couvertures. Il n'avait rien pu lui refuser.
Au petit matin, il avait préparé ses valises, prêt à quitter Felicity, mais elle l'avait convaincu du contraire, certaine qu'ils pourraient faire face ensemble à cette nouvelle difficulté. Il avait voulu dormir sur le canapé, ce qu'elle avait catégoriquement refusé. Elle lui avait expliqué qu'elle avait essayé de le réveiller alors qu'il faisait un cauchemar et que dès qu'elle l'avait touché, il avait réagi d'instinct. Elle promit de ne plus le faire et de sortir du lit la prochaine fois jusqu'à ce qu'il se calme.
Cela avait fonctionné, il ne l'avait plus attaquée. Mais autre chose le troublait. Ce n'était pas la première fois qu'il était violent à cause d'un cauchemar, il n'était pas vraiment conscient et ses instincts le dirigeaient. Le problème, c'était qu'il avait failli de nouveau la blesser alors qu'il était maître de ses esprits.
Il était en train de lire sur le canapé alors que Felicity s'affairait dans la cuisine derrière lui pour préparer un thé, lorsqu'un bruit sourd avait retenti. En un instant, il avait envoyé la seule arme qu'il avait, son livre, dans sa direction. Elle l'avait reçu sur le bras et avait plaisanté sur le fait que c'était plutôt à lui de lire des livres mais il n'avait pas ri. Pendant une seconde, il l'avait vue comme une ennemie. La personne qui avait toujours été sa lumière s'était transformée en menace.
Depuis, elle faisait attention à ne pas le surprendre, elle faisait toujours du bruit quand elle se déplaçait et elle lui répétait qu'elle l'aimait. Encore et encore.
Oliver baissa les yeux sur ses mains qui tenaient la rambarde de la terrasse. Il avait perdu le contrôle de ses gestes, il avait attaqué Felicity. Il ne s'expliquait pas sa réaction et il craignait que ça se produise à nouveau. Mais l'idée même de la quitter lui était insupportable.
Une main se posa à l'arrière de son cou et il attrapa le bras de son assaillant pour le faire passer par-dessus son épaule. Elle atterrit au sol dans un bruit sourd et il l'étrangla d'une main, l'autre se levant pour lui mettre un coup de poing si elle cherchait à le tuer. Elle s'était introduite chez lui, elle l'avait attaqué dans son repaire. Elle n'en sortirait pas mains se refermèrent sur son bras, essayant de le déloger et un murmure lui échappa.
-Oliver…
-Oliver Queen est mort, gronda-t-il. Je suis Al Sah-Him.
Elle écarquilla les yeux et n'avait plus assez d'air pour se défendre, ses mains tombèrent au sol. Son adversaire était vaincu. Une voix dans son esprit lui hurlait de s'arrêter mais il ne l'écoutait pas. La menace devait disparaître. Il chercha les yeux de son ennemie, voulant voir ses supplications silencieuses, sa peur et ses regrets de l'avoir attaqué, avant de la finir. Il n'y vit que de l'amour.
Felicity.
Il la relâcha et recula jusqu'à toucher le mur dans son dos.
Il avait attaqué Felicity.
Elle porta la main à la gorge et prit de grandes inspirations, les yeux emplis de larmes.
Il restait figé, incapable du moindre geste, du moindre son.
-Oliver, dit-elle dans un murmure. Tu vas bien ?
Il avait envie de hurler. Son cœur saignait et il voulait l'arracher de sa poitrine tant il avait mal. Il avait failli tuer son âme sœur. Sa lumière. Son amour. Il ne l'avait pas reconnue. Son esprit brisé l'avait prise pour une menace. Il avait blessé Felicity. Il devrait l'aider, s'assurer qu'elle allait bien mais l'idée même de la toucher après ce qu'il avait fait le révulsait. Elle se leva et s'approcha de lui et il leva la main pour l'arrêter. Il ne pouvait pas.
Elle ne l'écouta pas. Déterminée, elle prit sa main entre les siennes et lui assura qu'elle allait bien. Elle lui demanda de lui parler, de lui dire quelque chose, elle avait besoin de savoir qu'il était bien là. Il ne pouvait pas la laisser s'inquiéter pour lui.
-Je suis désolé, dit-il en laissant échapper un sanglot.
Il porta la main à la bouche, surpris par sa réaction, mais il n'arrivait plus à s'arrêter. Ses barrières avaient éclaté et il se laissa glisser au sol, de lourds sanglots lui déchirant le corps. Felicity le suivit et déposa un baiser sur sa main qu'elle tenait toujours entre les siennes.
-Ce n'est pas de ta faute, dit-elle. Ce n'est pas de ta faute.
Il cacha son visage dans ses genoux et elle lui caressa les cheveux dans un geste tendre. Son cœur saigna un peu plus. Comment avait-il pu faire du mal à une personne si pure ? Elle le réconfortait alors qu'il venait de la plaquer au sol et de l'étrangler. Il devait arrêter ça.
Ses sanglots se tarirent et il essuya ses larmes. Lorsqu'il releva la tête, il croisa le regard larmoyant de Felicity qui lui adressa un petit sourire. Il dégagea sa main des siennes et elle afficha un air blessé mais il devait rester fort. Il se releva et lui tourna le dos.
-Je pars, dit-il d'un ton sans appel.
-Non, répliqua-t-elle en lui attrapant le bras.
Il se retourna et lui prit le poignet d'une force punitive.
-Lâche-moi.
Elle s'exécuta et il regarda sa propre main comme si elle l'avait trahie. C'était comme si elle avait agi de son propre chef. Il n'avait pas voulu lui faire encore plus de mal. Il la libéra de son emprise et s'excusa.
-Oliver, ne pars pas, dit-elle d'une voix déterminée. On doit discuter.
Aucune discussion n'effacerait ce qu'il venait de se passer. Ce qu'il avait fait. Mais il ne pouvait rien lui refuser.
…
Ils prirent place à la table de la cuisine, l'un en face de l'autre, Oliver ne voulait pas être trop proche et risquer qu'elle le touche. Il n'osait plus croiser son regard et fixait ses mains jointes sur la table. Elle appliquait un sachet de petits pois tout droit sorti du congélateur sur son cou endolori. C'était lui qui lui avait fait ça. Il serra les dents et elle soupira.
-Je suis désolée de t'avoir pris par surprise, dit-elle.
Un couteau s'enfonça dans son cœur déjà malmené et il serra les poings.
-Ne t'excuse pas pour ce que je viens de te faire, dit-il entre ses dents.
-Oliver regarde-moi s'il te plaît.
Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas voir son inquiétude et son amour pour lui alors qu'il venait de la blesser. Elle soupira à nouveau avant de parler d'un ton doux :
-Ce n'était pas vraiment toi. C'était Al Sah-Him. Quand tu étais lui, tu ne faisais pas que prétendre n'est-ce pas ? Ils ont réussi à créer cette personnalité en toi.
Il s'était battu. Il avait tout fait pour se rappeler qui il était et pourquoi il rejoignait la Ligue. Pour sa famille. Mais à force de tortures et de drogues, ils avaient brisé son esprit pour créer un assassin sans merci. Il avait tué pour Ra's. Il était devenu Al Sah-Him.
-Je ne sais pas, dit-il.
-Tu as dit… le mantra qu'ils te faisaient répéter. C'est lui qui m'a attaquée, pas toi.
-Peu importe. Je suis un danger pour toi. Je… je ne te reconnaissais pas. Tu étais une ennemie que je devais éliminer.
Elle posa la main sur les siennes et il se dégagea comme si elle l'avait brûlé. Il ne pouvait pas la toucher, pas après ce qu'il avait fait. Il ne ferait que la blesser.
-Tu as repris le contrôle et tu t'es arrêté.
-Je ne peux pas prendre le risque que ça se répète. La prochaine fois, je ne m'arrêterai peut-être pas.
Felicity posa le sac congelé sur la table et se frotta les yeux sous ses lunettes.
-D'accord. Je vais partir. C'est moi qui ai causé cette crise.
Il allait protester, ce n'était en rien de sa faute, mais elle ne lui en laissa pas le temps.
-Tu vas rester ici et guérir ton esprit et ton corps. Quand tu seras prêt à vivre avec quelqu'un, je serai là.
Il ne savait pas quoi dire. Il leva les yeux vers elle et ne lut que de l'amour, aucun jugement, aucune haine, aucune peur. Isolé, il travaillerait à discipliner son esprit et enfouir Al Sah-Him au plus profond de lui pour qu'il ne reprenne jamais le contrôle de ses actions. Se séparer de Felicity serait un supplice, mais la situation le dépassait largement et il ne pouvait pas vivre avec elle s'il la mettait en danger. Il resterait dans ce chalet pour l'instant, là où il avait partagé des moments inoubliables avec la femme de sa vie. Elle lui fit un sourire encourageant et un poids se leva de son cœur malmené. Il allait trouver une solution pour lui revenir.
…
Oliver s'était complètement isolé dans leur chalet en montagne. Chaque jour, il pratiquait les techniques de méditation que lui avait enseignées Tatsu. Il se rendait aussi rarement que possible en ville pour ses courses et il évitait les heures de pointe. Depuis le départ de Felicity, le monstre en lui était resté enfoui et Oliver faisait tout pour qu'il ne refasse pas surface.
Ses amis et Théa lui manquaient mais leur absence était supportable, il avait vécu cinq ans sans aucun contact avec son ancienne vie et plus récemment, plusieurs mois sans nouvelles d'eux lorsqu'il était à Nanda Parbat. Il discutait tous les jours avec Felicity qui avait pris la place de Ray à Palmer Tech et qui travaillait de nouveau avec Team Arrow. Il communiquait par texto avec Théa presque tous les jours et discutait souvent avec Laurel. Le silence de Dig, de son frère d'armes, lui pesait, mais il le comprenait. Il avait trahi sa confiance et il n'avait rien fait pour se racheter, à part offrir ses excuses.
Oliver savait que la situation devenait difficile à Star City mais il avait confiance en son équipe pour s'occuper de sa ville. Il ne pouvait pas y retourner ni reprendre le combat. Pas encore. Le monstre en lui n'attendait que ça.
Il aurait dû s'écouter. Au lieu de ça, il avait cédé lorsque Théa et Laurel s'étaient déplacées pour le supplier de les aider. Il n'avait pas su leur dire non et elles n'avaient pas écouté lorsqu'il avait dit qu'il n'était pas prêt. Pour leur défense, elles n'avaient aucune idée de la raison de son isolation et du départ de Felicity.
Dig l'avait accueilli avec vitriol et chacune de ses paroles lui plantait un coup de couteau dans le cœur. Felicity lui avait adressé des regards inquiets, elle seule avait une idée du monstre qui sommeillait en lui, mais il avait pensé qu'il était prêt et qu'il saurait rester maître de ses actes. Il s'était assez caché, il était temps qu'il retrouve sa vie. Enfiler le costume d'Arrow avait été comme retrouver une part de lui-même qu'il avait laissée de côté trop longtemps. Il s'était de nouveau senti entier.
Ils étaient partis en simple mission de reconnaissance mais ils se firent repérer. Ils se lancèrent dans la bataille contre la quinzaine de fantômes présents. Leur leader s'était volatilisé en un clin d'œil et Oliver se concentra sur sa tâche. Mettre au sol tous ses assaillants pour les interroger ensuite. Dès les premiers coups échangés, son objectif changea. Une seule pensée envahit son esprit. Survivre.
Ses attaques se firent plus vicieuses et calculées pour créer un maximum de dégâts chez l'adversaire. D'une main, il donnait des coups avec son arc, et de l'autre, il tenait fermement une flèche qu'il utilisait pour transpercer le corps de chacun des hommes qui osait l'approcher. L'un d'eux était à terre et continuait à se débattre, il lui planta sa flèche dans le cou et s'empara d'une autre qu'il enfonça dans les entrailles d'un homme qui s'était jeté sur lui. Il la ressortit alors qu'il hurlait à l'agonie et se concentra sur sa cible suivante.
Des ordres résonnaient dans le hangar désaffecté sans qu'il ne cherche à comprendre leur sens. Il n'avait à répondre à personne. Son unique objectif était de survivre et de tuer toute menace. Un coup de bâton lui fit perdre prise de son arme et il contra avec un coup de poing dans l'estomac de la femme qui l'avait attaqué. Elle tomba au sol avec un gémissement de douleur.
-Ollie, stop ! hurla une autre femme en costume rouge.
Il la fixa pendant quelques secondes, se demandant pourquoi elle pensait pouvoir le commander. Tout le hangar s'était fait silencieux. Ses ennemis étaient au sol. Il était victorieux. Ses alliés, dont il venait de se rappeler l'existence, étaient encore debout. Sauf celle qu'il avait mis au sol, mais elle respirait encore. Celle qui avait parlé retira son masque et s'approcha de quelques pas.
-Oliver ? S'il te plaît, calme-toi.
Il releva les yeux vers elle et la reconnut enfin.
-Théa, murmura-t-il.
Le soulagement s'inscrivit sur son visage et elle lui prit la main.
-On doit partir. La police n'est pas loin.
Dig aida Laurel à se relever alors qu'Oliver se retenait de vomir. Il n'avait pas reconnu sa famille de cœur et avait blessé Laurel. Il suivit sa sœur qui le conduisait vers leur van et s'assit à l'arrière, serrant son arc entre ses doigts ensanglantés comme si sa vie en dépendait. Théa lui tenait toujours la main et ne dit aucun mot durant le trajet. Dig conduisait et Laurel était sur le siège passager. Sa respiration qui était redevenue normale était une musique à ses oreilles.
De retour dans l'Arrow Cave, Felicity lui tendit avec un regard inquiet une serviette humide pour qu'il essuie un peu le sang qui le recouvrait. Laurel s'était assise sur une chaise et semblait s'être remise du coup qu'il lui avait donné. Dig avait les bras croisés et attendait clairement qu'il s'explique, le regard noir. Théa se mordait les lèvres, secouée par ce qu'il venait de se passer.
Le costume d'Oliver était couvert de sang et ses manches gouttaient presque au sol. Il utilisa la serviette pour s'essuyer les mains et éponger le plus gros, mais il avait vraiment besoin de prendre une douche. Avant ça, même s'il n'en avait aucune envie, il devait faire face à ses coéquipiers. Il leur devait des excuses.
-Laurel, je suis désolé.
-De m'avoir attaquée ou d'avoir mutilé tous ces gens ?
Elle était directe, comme toujours. Et elle avait raison.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda doucement Théa.
-Je n'aurais pas dû retourner sur le terrain. Je vais repartir, vous n'avez pas besoin de moi.
-Tu n'expliques rien et tu fuis tes problèmes, comme toujours, s'emporta Dig.
Oliver serra les poings. Il ne voulait pas leur expliquer. Ils le détestaient déjà assez.
-On est inquiets, dit Laurel d'une voix plus posée. On ne t'a jamais vu comme ça. Tu as… massacré ces hommes.
-Dis leur, Oliver.
C'était Felicity. La seule qui savait et qui le regardait avec une tristesse infinie dans les yeux. S'il ne disait rien, elle le ferait à sa place. Il ne pouvait pas la laisser porter ce fardeau. Il ferma les yeux quelques secondes et poussa un soupir.
-Quand je suis dans des situations stressantes ou quand on me surprend, je… je réagis par instinct. Je perds le sens des réalités et tout ce qui m'approche est une menace.
-Depuis quand ? demanda Laurel. Ça fait des années que tu te mets dans des situations dangereuses. Qu'est-ce qui a changé ?
-La Ligue, répondit Felicity.
Il tressaillit malgré lui.
-Ils ont utilisé le combattant en lui pour en faire leur meilleur assassin.
-Mais… tu faisais semblant, dit Théa. Tu n'es pas devenu Al Sah-Him.
Tout son corps se tendit. Entendre ce nom lui était insupportable, il réveillait des souvenirs qu'il voulait garder enfouis au plus profond de son être. Les coups. La faim. Le désespoir.
Il prit la parole pour se tirer de ses pensées.
-Je n'en suis pas sorti indemne. Je vous promets que… je fais de mon mieux pour oublier, pour le sortir de ma tête. Mais je ne suis pas encore prêt à retourner sur le terrain. Vous avez vu ce que j'ai fait malgré moi.
-Tu passes quoi, deux mois avec la Ligue et tu prétends que tu n'es plus maître de tes actes ?
Le ton de Dig était moqueur et Oliver, qui s'était contenu jusque-là, laissa aller sa colère. Il en avait marre d'être sans cesse jugé par celui qu'il considérait comme son frère.
-Tu n'as aucune idée de ce qu'il s'est passé pendant ces deux mois ! gronda-t-il. Qu'est-ce que tu crois ? Que j'avais des cours d'épée avec Ra's le matin, d'histoire de la Ligue l'après-midi ?
Le silence des membres de son équipe valait confirmation. Ils pensaient qu'il avait simplement été formé, ils n'avaient aucune idée de ce qu'il avait vécu. S'il leur expliquait ce qu'il s'était passé, peut-être qu'ils comprendraient pourquoi il ne pouvait pas rester. Il ne leur donnerait aucun détail, seulement le nécessaire pour qu'ils le laissent tranquille sans le détester. Il reprit plus posément, les regardant chacun dans les yeux :
-Chaque jour, chaque heure, était une torture. Les trois premières semaines, j'étais enchaîné dans un cachot. J'ai été affamé, drogué et battu jusqu'à ce qu'ils me croient quand je disais que j'étais Al Sah-Him. J'ai réussi à duper Ra's, et lui a réussi à me briser.
Un silence choqué lui répondit. Laurel avait porté une main à sa bouche et Dig ne le regardait plus avec autant de colère. Théa avait les larmes aux yeux et Felicity se triturait les mains, se retenant d'en dire plus. Elle avait vu son corps et les marques que la Ligue lui avait laissées. Elle avait vu la flèche dans son dos qui le marquait à jamais comme l'un des leurs, comme Al Sah-Him, cet être qu'il détestait et redoutait.
Théa s'approcha et le prit dans ses bras. Felicity allait protester, elle savait qu'il ne le supportait pas, mais il lui adressa un regard rassurant. Pour sa petite sœur, il était prêt à tout. Il lui retourna son étreinte, surpris qu'elle veuille le toucher après les horreurs qu'il venait de commettre devant elle. Très vite, l'étau de ses bras lui devint insupportable. Il se sentait pris au piège et devait se libérer. Il la repoussa aussi délicatement que possible, ne manquant pas l'éclair de détresse dans ses yeux.
-Il ne t'a pas brisé, dit-elle. Tu es la personne la plus forte que je connaisse.
Il grava ses mots dans son cœur, même s'il n'y croyait pas vraiment.
-Je dois partir, dit-il.
Laurel s'approcha et posa une main sur son épaule, un air déterminé dans le regard.
-Prends le temps de guérir et reviens quand tu es prêt.
Il acquiesça et s'excusa à nouveau de l'avoir blessée. Elle balaya ses excuses d'un geste de la main et lui assura que c'était oublié, elle avait l'habitude de recevoir des bleus de sa part avec tous leurs entraînements.
Oliver s'éclipsa pour prendre une douche et effacer les traces de son combat. Quand il serait présentable, il s'excuserait à nouveau auprès de Dig, il n'était pas prêt à abandonner leur amitié, même s'il faisait tout pour le repousser et lui montrer combien il lui en voulait. Il ferait à nouveau ses adieux à Felicity. Il savait qu'elle avait espéré que son retour soit définitif, qu'il ait réussi à trouver une solution pour calmer son esprit tourmenté. Elle avait compris que ce n'était pas le cas et elle continuerait à l'attendre et à le soutenir comme elle l'avait promis.
Cette expérience avait appris une chose à Oliver. Cela ne servait à rien de vivre comme un reclus. Il ne contrôlerait pas le monstre en lui en l'enfouissant au plus profond de son âme. S'il voulait un jour retrouver sa vie, il allait devoir le dompter. Et pour ce faire, il avait besoin de quelqu'un capable de l'arrêter quand il perdrait le contrôle. Il allait devoir faire appel à Barry Allen.
…
Note : Alors qu'est-ce que vous en pensez ? Felicity a-t-elle raison de prendre ses distances avec Oliver pour qu'il guérisse son esprit ? Est-ce que Barry va pouvoir l'aider ? Et bien sûr, il reste la question de savoir comment il va atterrir sur la Terre de Kara…
C'est le début d'une longue aventure et je pense publier un chapitre par semaine, mais je ne suis pas encore sûre, est-ce que vous trouvez que le délai est trop long ?
