Je ne savais pas si c'était vraiment une bonne idée, tout ça. Mais en même temps, je n'avais pas le choix non plus.

Je devais partir d'ici au plus vite, et ne jamais ne voulais plus jamais le revoir.C'était ça ou rester, continuer de subir ça et ne jamais pouvoir parler. Parce que personne ne me croirait. Et puis surtout, j'avais honte, beaucoup trop honte, pour oser dire quoi que ce soit. C'était risqué, de m'enfuir comme ça. D'autant plus que je n'avais nulle part où aller.

Mais j'avais trop peur qu'il recommence.

____Alors j'étais parti. J'avais pris un sac, laissé un mot sur la table de la cuisine, et j'étais parti en claquant la porte.

Maintenant j'étais dehors, seul et frigorifié, et je ne savais pas quoi faire. Je n'avais pas assez d'argent pour me payer une chambre d'hôtel, et il était trop tard pour faire demi-tour.

Je suis certain qu'il sait pourquoi je suis parti. Que c'est à cause de lui, de ce qu'il m'a fait. Et si je reviens, il saura qu'il a tout pouvoir sur moi. Et il recommencera. Et ce sera pire.

____Je préfère encore mourir que de revoir ses yeux posés sur moi, avec cette ignoble expression sur le visage.

Il me dégoûtait. Je me dégoûtais plus encore. J'avais beau me répéter que je n'y étais pour rien, que je ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer, je m'en voulais quand même. Pourquoi n'avais-je pas fermé ma porte à clé ce soir-là ?

____J'errais depuis presque deux heures le long de la voie ferrée. J'étais parvenu à la sortie de la ville. Les seules lumières qui éclairaient les rails provenaient de la passerelle, un peu plus loin. Je décidai d'y monter.

Une fois en haut, je posai mon sac et allai m'asseoir sur le rebord, bien au milieu de la passerelle.

De là où j'étais, je voyais pratiquement toute la ville. Je pouvais distinguer mon immeuble, et je devinais la fenêtre de la cuisine de mon appartement qui était allumée. Je riais nerveusement.

Est-ce qu'ils étaient en train de me chercher ? Il était plus de onze heures du soir et j'avais quitté la maison vers sept heures, juste avant leur retour. Je m'étais caché pendant un moment, de peur de le croiser dans la rue.

____Il aurait su que j'avais fugué. Il m'aurait ramené de force à l'appartement. Et là, il aurait recommencé. Pour me punir d'avoir voulu lui échapper.

Je regardai mes pieds se balançant dans le vide.

Qu'allais-je bien pouvoir faire de moi maintenant ? Où que j'aille, quoi que je fasse, il me retrouverait de toute façon. Il me connaissait trop bien. Mon regard glissa sur les rails, 4 mètres plus bas. Un bruit me fis sursauter. J'aperçu un train qui arrivait, un peu plus loi.

Je me décalai légèrement, pour être dans l'axe du train qui avançait vers la passerelle et me laissai glisser le long de la barrière de béton.

Comme ça, jamais il ne recommencerait.

___Je m'appelle David, j'ai 15ans et mon père m'a violé.