Permettez-moi de me présenter. Je me nomme Shizuru Viola. Je suis une jeune femme japonaise, actuellement assise sous une véranda fixant la rue. Je suis châtain clair, aux yeux marron foncé mais selon la luminosité, ils prennent une couleur proche du rouge roi. J'ai depuis quelques mois 19 ans et profite de mes derniers jours de vacances avant la reprise des cours. Cette année allait être beaucoup plus difficile pour moi. J'ai choisi d'intégrer une deuxième année en gestion d'entreprise, à l'université de Fuuka. Rentrer dans la prestigieuse université de Fuuka n'est pas donné à tout le monde. Bien sûr, il faut faire partie de la classe mondaine mais également avoir des résultats exemplaires. Je possède les deux. Ajouté à cela, on peut signaler mon élégance, ma beauté et mon intelligence, selon les personnes me fréquentant. Malgré cela, je suis incomplète. Certes, un bon nombre de prétendants ont sonné à ma porte, recevant les fureurs de mon père … Aucun homme n'a su dérober mon cœur. Je ne crois pas en l'amour. Ceci est sûrement accentué par la vision de mon père sur le sujet. Pour lui, une femme doit être une bonne épouse, servant son homme quel que soit le domaine. Être réduite à l'état de chose contrôlée par un autre être humain. Forte heureusement, mon père n'a jamais trouvé le mari idéal pour moi. Pour lui, le critère le plus essentiel est la dote que celui-ci apportera pour obtenir ma main. Toujours selon lui, un bon époux doit savoir répondre financièrement à toutes les demandes de son épouse. La vérité ? Mon époux devra lui apporter un peu plus d'argent qu'il ne possède déjà pour lui permettre d'accentuer sa fortune. Une fois les portes reclaquées, mon père n'a que faire de ce qui se passera pour moi. Je ne peux malheureusement pas aller à l'encontre de sa décision. Cependant je sais que je ne veux pas être comme ma mère. Je veux être différente et penser un mot qui est synonyme de révolution aux oreilles de mon père : Liberté. Je veux être libre de choisir la personne pouvant m'apporter le bonheur que je souhaite. Mais ceci n'est qu'un doux rêve. Un rêve me faisant mal, tellement mal que je préfère penser à la seule chose que je puisse faire sans subir les foudres de mon père : Étudier. Je dépose délicatement ma tasse de thé et pense à ce que cette rentrée va bien pouvoir m'amener. Je souris intérieurement tout en me relevant. Ce ne sera sans doute pas l'amour…

Malgré que je ne parle pas beaucoup et aime la solitude, bon nombre de mes camarades essayent de me parler et restent avec moi. Je ne peux pas aller contre, cela donnerait une mauvaise image à mon père s'il aurait mention de ces dires. Alors j'attends juste qu'ils aient fini de parler et les prie de m'excuser. La directrice veut me voir aujourd'hui. Cela me permet d'avoir quelques instants de répit loin de ces hommes ne cessant de me flatter et loin de ses femmes ne cessant de m'idolâtrer. Je cogne à cette porte, et entre après avoir entendu l'invitation. La directrice me regarde tout sourire. Non pas qu'elle m'apprécie mais juste qu'elle connaît la réputation de mon père. Cette discussion n'amènera à rien de bien exceptionnel mais je me dois de faire bonne image. Je l'écoute donc me parler d'un programme d'échange entre des étudiants de Fuuka et des étudiants européens dire que l'une de mes camarades de classe, que je ne connais guère, est partie en Allemagne. Elle poursuit en m'annonçant fièrement qu'une jeune femme allemande de mon âge va arriver dans quelques heures. Je l'écoute me faire l'éloge de mon parcours et amener judicieusement le fait que l'étudiante sera sous ma bonne charge durant toute l'année scolaire … Attendez quoi? N'ai-je pas assez de ses folles qui me suivent comme mon ombre… Je ne peux pas refuser et souris juste tout en acceptant. Que puis-je faire d'autre ?

Me voilà donc, le lendemain devant la porte de notre classe à attendre cette invitée mystère. Quelques minutes avant que la cloche ne sonne, je remarque une jeune femme aux cheveux fort noirs, pâle de peau et aux yeux verts, que je trouve personnellement envoûtants, tout comme leur propriétaire … Mais bref mon avis n'importe que peu. Je m'avance donc vers elle et la salue «Je suis Shizuru Viola. Vous devez être l'étudiante de transfert ?»

Elle hoche la tête et me répond tout en se dirigeant vers la salle «Natsuki Kruger»

Bien que son prénom soit japonais, son nom est bien allemand. Je ne serais sans doute le prononcer correctement. Je n'ai pas le temps à de plus amples réflexions qu'elle est déjà assise dans la salle. Je m'assois à proximité et après un quart d'heure d'attente, me rend compte que le professeur ne sera pas des nôtres. Je me reconcentre vers ma voisine, essayant un minimum de sympathiser «Tu veux aller boire un thé ?»

Elle me fait un léger sourire et me suit. Arrivée à la cafétéria, celle-ci est déserte. Je remercie Kami-sama de ne pas avoir été suivie par personne d'autre que Kruger-han. Elle me propose d'aller chercher les boissons et revient avec un thé et un café.

- Je n'aime pas ça.

- le thé ?

- Ma mère y est accro mais je suis comme mon père j'aime le café.

La discussion est d'une simplicité qui me laisse perplexe.

- Mes parents sont tous deux de grands amateurs de thé alors je suis la lignée.

Je ne peux m'empêcher d'être admirative de son accent.

- Tu parles bien notre langue Natsuki-chan.

- Ma mère est japonaise alors je l'ai appris tôt. Inutile de mettre un – chan ou autre, Natsuki est suffisant.

- Kanin na.

Je la vois me regarder bizarrement sur quoi je m'empresse de dire.

- Gomen nasai.

- C'est un dialecte ?

- Exacte. J'ai été élevée dans la culture de Kyoto.

Elle semble réfléchir.

- Je vois. Famille traditionnelle je suppose?

Je hoche la tête avec un certain malaise. Elle s'empresse de rajouter.

- On ne choisit pas sa famille …

Je lui souris et essaye de changer de sujet.

- Où es-tu logée ?

Elle désigne de son doigt une direction.

- J'ai trouvé un appartement à proximité du campus.

Elle ne cesse de me fixer et j'avoue aimer la façon dont elle me regarde. Je ne décèle ni la luxure ni la jalousie comme chez la plupart des personnes. Elle reflète juste sa curiosité à mon égard et quelque chose de plus profond que je n'arrive pas à identifier.

- Ara Natsuki a de la famille au Japon ?

- Oui et Non. Ma mère a coupé les ponts avec ses parents y'a longtemps. Mais aux dernières nouvelles ils sont encore en vie.

- Je suis désolée.

Elle secoue la tête et sourit légèrement.

- Ma mère ne voulait pas que l'on choisisse pour elle alors quand elle a rencontré mon père, elle a tout quitté.

Je me suis sentie vide… Je n'aurais sans doute jamais la force de faire de même.

- Ta mère est courageuse ...

Je la vois froncer les sourcils et ne voulant pas me dévoiler davantage, me lève

- Je pense que le prochain cours ne va pas tarder. Nous devrions y aller.