Auteur : Ruka Nanjou
Béta : dj.Nenette ( remerciez-la parce que sans elle vous aurez trouvé plein de fautes - par exemple, les souris au lieu des sourires de Liam - non mais vraiment, comment ai-je pu me m'embrouiller ?! xD
Sinon, je crois que vous trouverez peut-être bizarre mon choix de mantenir la narration au présent. Dj.Nenette me l'a dit mais vu que j'avais écrit comme ça et que je suis plutot têtue j'ai préféré garder le présent ! Mais la prochaine fic, je vais me lancer dans la narration au passé, c'est promis -
Merci pour tout, dj.Nenette ! 3 )

Titre : Quelque chose te tracasse, beau brun ?
Chapitres : 4
Fandom : PANIK (Nevada Tan)
Personnage principal : David, à l'age de 17 ans
Rating : M ( guide aux ratings, ici )
Note : slash, introspective, original character
Avis : Fic également publiée sur le forum Panik Word.

(1/4)

Et je me demande...

Comment faire, après cinq longues années passées à faire de la musique ensemble, après avoir connu de plus en plus de renommée, après avoir passé tant de jours - et de nuits - ensemble, après avoir été aussi à Berlin en concert... Je me demande comment faire après tout ça, comment avouer à vos amis que vous êtes homosexuel ?

Parce qu'il faut que je l'avoue. Il me le faut, ou je vais finir par exploser. Non, mieux : imploser. On entendra un KA-BOOM suffoqué et après on retrouvera plein de petits morceaux de mon cerveau, de mon cœur, de ma peau, de moi, mort, implosé. Voilà ce qui se passera si je ne le dis pas à quelqu'un. Bien sûr, ce n'est pas à "quelqu'un" que je devrai parler, mais à Timo et à Linke et à Juri, Franky et Jan. Bon Dieu ! Mais pourquoi a-t-il fallu que nous soyons aussi nombreux dans ce groupe ?! Je serre mon verre de Coca, mes coudes appuyées sur le banc du bar, ma tête enfoncée dans mes épaules. Le son trop élevé de la musique de la discothèque me dérange, tout comme le mouvement continu des gens qui se déhanchent sur la piste. Je me sens proche de l'implosion, ou d'une crise de nerfs. J'en ai assez de sourire en répétant que tout va bien.

Je n'y arriverai jamais. Pas à eux, pas tout de suite. Mais si je le fais pas... Et puis comment leur dire ? Quels mots utiliser afin de ne pas les choquer, afin de ne pas me faire rejeter ? Ils vont se sentir trahis, je pourrais le parier. Moi je me sentirais comme ça, alors pourquoi se voiler la face ?
La première réaction, sera le dégout. Parce qu'on a beau proclamer ouverts d'esprit et tout le tralala, mais ça est et reste une chose innaturelle, surtout pour un mec.
La deuxième, la suspicion : voulais-je entrer dans leurs lits ? Les ai-je matés, lorsqu'ils sortaient de la douche ? Les ai-je jamais touchés d'une façon plus qu'amicale ?
La troisième, la rage. Pourquoi ne leur avoir rien avoué plus tôt ? Cette question, je la désire et je la crains au dessus de tout. Je voudrais entendre un "n'avais-tu assez de confiance en nous ?" déçu, voilà ce que je voudrais. Mais je crains qu'ils me hurlent un "va-t-en, on veut plus jamais te voir !" glacial.

Je meurs de trouille. Je sais même pas comment commencer. Pas le cran de tous les réunir dans la même pièce et vider mon sac.

- On dirait que quelque chose te tracasse, beau brun. Fit une voix derrière mon dos et je répondis hargneux, sans trop y réfléchir :
- Intéressante déduction Watson, maintenant trouve moi une corde, qu'on mette fin à ça.
- Pas question d'abimer un si joli cou, Sherlock. Riposta la voix, et je pus presque y percer un sourire amusé. Peut-être il suffira d'en parler face à une bonne bière ?

Je sens un touche délicat sur mon épaule droite et j'aperçoit des doigts longs et pales se poser sur mon T-shirt noir. Je les laisse là, cette infime pression ne me déplait pas, et je tourne doucement ma tête vers la voix inconnue.
La première chose qu'on pourrait dire de lui, est que c'est un gars normal. Nez droit, lèvres assez fines, yeux pétillants et bruns ; châtain, taille moyenne, mince. Il porte un jeans et un T-shirt de The Clash ; une bague en argent au pouce gauche est l'unique joyaux que je peux apercevoir. Pas de piercings ou de tatouages apparents.
Un gars normal, quoi.
Un gars qui me drague, moi. Mon Dieu !

- Alors tu l'acceptes, cette bière ? Insiste-t-il toujours en souriant, me regardant droit dans les yeux.
- Merci. Me contente-je de lui répondre, en me surprenant moi-même : pas question que je reste ici. J'ai des choses plus importantes à faire que de me faire draguer par un inconnu. J'ai jamais été dragué en plus, je ne connais pas les règles de ce jeu. Bien sûr, je pourrais partir pendant qu'il est en train de parler avec le barman, mais ça serait terriblement malpoli. Faut juste que je lui dise qu'il fera mieux de se trouver quelqu'un d'autre.
Le voilà qui revient avec deux bouteilles à la main. Mais... c'est du Coca ?!
- Tu avais dit une bière, lui dis-je avant de réfléchir.
- Je sais, mais il parait que tu n'es pas trop accro à l'alcool, d'après les hebdos pour fillettes.

Il sait qui je suis, en plus. Faut absolument que je m'en aille.

- Tu lis ça ? Lui demande-je pourtant, en le suivant vers la terrasse. Ce pub a été construit au beau milieu d'un jardin botanique. Les arbres plongent la terrasse dans une obscurité réconfortante. On s'appuie à la balustrade en fer battu, en observant les reflets des lumières artificielles de la discothèque sur l'étendue des plantes sombres. Il n'y a pas d'étoiles, ce soir, et pourtant il ne fait pas froid.
- Ma petite sœur est fan de Tokio Hotel. Explique-t-il en haussant légèrement les épaules. Et moi j'aime lire, n'importe quoi.
- Mais c'est de la merde !
- Je te croyais plus politiquement correct. Me reproche-t-il.
- Non, pas les Tokio ! m'empresse-je de lui dire - crier serait plus explicatif, en effet. Ces hebdos ! Je voulais dire, ce sont-

Je m'arrête brusquement. Pourquoi rit-il maintenant ?

- J'avais bien compris, tu sais ? m'explique-t-il entre deux gloussements. Il rit de moi ?
- ...
- Oh, ne fais pas cette moue outrée ! Je n'ai pas pu me retenir, pardon. Aller, voilà ta Coca. Sourit-il en me donnant ma bouteille. J'adore la Coca en général, et en particulier celle dans les bouteilles en verre.
- Merci. Grogne-je pendant que mon cerveau me hurle de me sortir le plus rapidement que possible d'ici. Ça va mal tourner, je le sens... mais je bouge pas, et j'attends qu'il recommence à parler avec cette voix envoutante. Il ne me fait attendre longtemps :
- Alors, tu me dis ce qui te tracasse ?
- Tu sais qui je suis, je ne crois pas que ce soit une très bonne idée de faire de toi mon confident. Riposte-je en observant sa réaction.
- Pas bête, rit-il, et puis il ajoute : mais pour être sûr que personne ne te trahisse, soit tu dois parler à quelqu'un que tu connais très bien soit tu dois aller en Inde, beau brun.

Il a raison. Je ne suis pas un inconnu, ici. Je ne peux pas risquer de nuire au groupe.

- Alors pourquoi devrais-je en parler à toi ?
- Aucune raison. Souviens-toi que je viens de t'offrir une Coca, au moins.
- Tu es Fan ?
- Non. Mais je ne suis pas Anti non plus. D'toute façon, je les comprends pas, les "Antis" : pas question que je perds mon précieux temps à rabaisser un groupe que je n'aime pas.
- Tout à fait d'accord. Acquiesce-je de la tête.
- Voilà, on a déjà trois point en commun : ça devrait te faire réfléchir, beau brun.
- Trois ?
- On est seuls à cette fête, on aime la Coca en verre et on comprend pas les Antis : ça fait trois, non ? Explique-t-il avec un souris en coin. Comment a-t-il fait pour savoir de la Coca, bon sang ?! Est-il téléphate ou simplement un bon joueur à ce bizarre jeu ?
- On est aussi des mecs et on a tous les deux deux yeux, un nez et une bouche, pour ne pas citer nos deux bras et nos jambes... ajoute-je ironiquement, et : tu as surement un prénom aussi, n'est-ce pas ?
- Tu vois, on est deux âmes soeurs : je m'appelle David.
- Tu plaisantes. L'accuse-je en fronçant mes sourcils.
- Oui. Admet-il en arborant son énième sourire amusé. Moi c'est Liam.
- C'est pas allemand. Remarque-je dans une question muette.
- Intéressante déduction, Watson. Approuve-t-il en me volant mes mots, avant d'expliquer : ma mère aimait trop ses romans pour ne leur faire honneur. Romans à l'eau de rose, tu comprends ? Je suis né traumatisé, ce n'est pas commun.

Il le dit avec une mine si inconsolable que je ne peux pas m'empêcher de pouffer de rire ; il me regarde d'une façon curieuse.

- Quoi ?
- Tu es vraiment charmant quand tu ris. Tu devrais le faire plus souvent, au lieu de t'obstiner à jouer le beau mystérieux, chose qui ne te va pas autant bien.
- ...
- Quoi ? Demande-t-il à son tour en me voyant détourner les yeux.
- Rien. Soupire-je.
- Comment tu préfères : changeons de sujet. Pourquoi tu aimes autant le noir ?
- Parce que ça cache. Réponds-je sans réfléchir.
- Il te cache de quoi ? Insiste-t-il.
- ...
- Changeons de sujet. Pourquoi tu ne te maquilles pas ?
- Pourquoi devrais-je ? Lui demande-je en écarquillant mes yeux. Il hausse les épaules.
- Tu mets du vernis à ongles.
- On m'a maquillé un petit peu pour les vidéos et les photoshots. Mais je n'aime pas trop, en plus je n'ai ni la patience ni l'envie d'apprendre à le faire.
- C'est bon, tes yeux n'ont pas besoin d'être rendus plus perçants qu'ils ne le sont déjà, beau brun.
- Pourquoi tu continues à m'appeler comme ça ? Demande-je, sans trop savoir quoi faire pour cacher mon mal à l'aise.
- Tu me demandes quelque chose toi aussi, enfin ! Exulte-t-il.
- Je peux ?
- Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas. Beau brun.
- Oh, arrête ! Combien de choses tu connais, sur moi ? On est pas sur un niveau d'égalité. Me plains-je.
- Je suis né le 14 Mars 1988 et j'ai été élevé par ma mère. Jamais connu mon père ; quand j'avais cinq ans, ma mère a épousé un mec vachement bien et ils ont eu ma petite demi-sœur, Lamia. Je sais, c'est un nom à chier, mais elle l'aime bien, elle dit que ça sonne exotique. J'ai terminé l'école et je ne fréquenterai pas l'université. J'aime un tas de choses et j'en déteste plein d'autres. J'ai un chien et trois chats, bizarrement c'est pas le chien qui pose des problèmes mais le plus petits des chats, il emmerde tout le monde quand il s'y met. Malgré ça, je les aime tous à la folie. Je n'ai jamais eu une vrais liaison et je ne sais pas si je crois à l'amour éternel. Quoi d'autre ? Ah ! J'ai pas de piercings et je n'en veux pas, idem pour les tatouages. Je sais pas jouer à aucun instrument et je suis nul en chant. Mon rêve c'est de voyager le plus loin possible d'ici et le plus longtemps possible, puis revenir et penser à un autre rêve plus irréalisable. J'aime apprendre les langues étrangères, au fait. Mon projet le plus proche, c'est de me teindre les cheveux en roux.
- Pourquoi en roux ? l'interromps-je, curieux.
- Parce que. Sourit-il. Je te demande moi parce que tu te teins en noir ?
- Tu l'as presque fait. Lui fais-je observer, mais il secoue sa tête en souriant. Tu viens souvent à ces fêtes ?
- Pas exactement. Je suis ici parce que mon beau père a obtenu une invitation et il s'est empressé de me la donner. Ils pensent que je ne sors pas assez souvent, alors que moi, je pense le contraire. Il rigole tout seul et ajoute : et toi, tu y viens souvent ?
- Non. Mais Timo ne pouvait pas venir et ils m'ont obligé de les accompagner.
- Qui ça ils ?
- Linke, Franky et Juri.
- Zut.
- Quoi ?
- Mon préféré n'est pas là. Se plaint-il en rigolant.
- Timo ou Jan ? Demande-je curieux, pendant qu'une petite voix dans ma tête crie que moi aussi j'existe et je suis là.
- Jan, naturellement !
- Si tu veux, je peux t'organiser un rendez-vous. Lui propose-je au rythme de cette petite voix qui proteste dans ma tête.
- T'en fais pas. Vole-lui juste une ou deux signatures et envoie-moi les, s'il te plait.
- Tu veux pas lui parler, à lui ? Lui demande-je trop surpris pour vraiment y réfléchir.
- Et pourquoi devrais-je ?
- A moi, tu m'as parlé.
- Parce que t'as une gueule d'ange et t'étais tout seul et les autres sont trop idiots pour s'en apercevoir, alors j'ai saisi ma chance. Oh ! S'exclame-t-il comme s'il venait de comprendre. Je t'ai pas parlé en tant que guitariste de Nevada Tan, beau brun.
- Alors tu veux pas mon autographe ? Essaye-je de plaisanter.
- J'aimerais mieux ton numéro.

Je rougis -je le sens- et je détourne mes yeux, gêné. Comment je pourrai-je accepter sa proposition alors que je n'ai même pas le courage d'en parler à mes meilleurs amis ?

- On revient à ce qui te tracasse, hein ? Me demande-t-il doucement.
- Oui. Avoue-je faiblement, laissant mes cheveux me cacher les yeux. Soudaine, une main -sa main- vient me les écarter de mon visage, dans une lente caresse. Je sens mes joues s'embraser.
- T'es mignon quand tu rougis. Me murmure-t-il en me fixant droit dans les yeux, avec l'unique conséquence que je rougis davantage.

- C'est ça qui te tracasse, beau brun ? Demande-t-il, et je crois savoir à quoi il se réfère avec "ça".
- Oui. Avoue-je dans un murmure presque inaudible.
- Tu penses peut-être que c'est dégoutant ? Sa voix est douce, il n'est pas en train de m'attaquer. Peut-être m'aidera-t-il ? S'il te plait, aide-moi.
- Non ! Pas ça. C'est... les autres. Ils pourraient le penser. Me force-je de répondre. C'est la première fois que j'en parle à quelqu'un d'autre que moi-même.
- Les gens, on s'en fiche. Dit-il avec conviction, puis il affiche une expression surprise et ajoute : à moins que les autres ne soient...
- Oui, eux. Confirme-je avec amertume.
- Ils sont... homophobes ? Demande-t-il lentement.
- Je ne sais pas ! No, je crois que non, mais... c'est facile dire qu'on n'est pas homophobe quand il n'y a pas d'homos près de soi, n'est-ce pas ?
- Malheureusement oui. E toi...
- Moi j'ai besoin d'eux ! Je ne veux pas qu'ils cassent avec moi, je... c'est mon rêve, je ne veux pas qu'il se termine comme ça, pas pour ça, tu comprends ?

Il m'observe d'un regard doux et attendri, sa main rejoint à nouveau ma joue, puis ma nuque, et il m'attire contre lui. Je ne bouge pas ; je ne suis pas un type très tactile même pas avec les gens que je connais très bien, mais je dois avouer que ce contact me soulage. Il ne bouge pas non plus et ne cherche pas à m'entourer de ses bras, peut-être attend-il une réaction de moi. Finalement je ferme mes yeux et je me relaxe contre lui, appuyant ma joue sur son épaule droite, mon nez enfoui dans son cou.
J'aime son parfum.
J'aime sa chaleur, c'est apaisant. Je pourrais presque m'endormir.

Soudain, une vibration nous tire violement de cette transe. C'est ma poche... je prends mon portable en m'écartant de Liam et je fixe l'écran lumineux. Je connais le numéro qui s'y affiche.

- Allo ?
- C'est Linke. T'es où ? On voulais partir, 'y a deux autres fêtes à passer avant de rentrer !
- Euh... allez-y sans moi, ok ? Je suis...
- T'as choppé une belle nana, hein ? Bravo notre p'tit David ! Hé les mec z'avez entendu ? Dav' va perdre sa virginité enfin ! J'entends confusément des autres voix plus ou moins familières qui suggèrent de venir me complimenter et voir ma conquête. Il est entouré par les autres, et ils sont aussi plutôt ivres. Mon Dieu, je suis foutu.
- Non, non ! Je suis seul ! Je... suis fatigué, je rentre. On se voit demain, à plus ! Ma voix sort de plus en plus aigue et je m'empresse de raccrocher, le souffle presque haletant, pendant que je regarde frénétiquement autour de moi, ne m'auraient-ils pas vu... ?
Puis, soudain, je me souviens de Liam, toujours à coté de moi, silencieux. Il a du sûrement tout entendre. Je viens de dire que j'étais seul. Merde, cette foutue peur ne fait pas que me blesser, mais elle blesse les autres aussi...
- Je... pardon. Murmure-je en baissant les yeux.
- D'avoir nié mon existence ? Sourit-il tristement.
- Oui. Au moins, je ne vais pas nier ça : il faut que je regarde la réalité en face, si je veux avoir une moindre possibilité de réussir à être heureux. Je suis désolé.
- Je te compatis parce que ta nature est d'être sincère. C'est ça qui te fait souffrir.

Je ne sais pas quoi répondre, mais j'ai soudainement envie de m'enfuir, de pleurer à en avoir plus de larmes, de tout laisser tomber.

- Chut, ne fais pas cette mine abattue. Tu y réussiras, tu es fort, beau brun. T'as seulement besoin d'un peu de temps.
- J'ai pourtant l'impression que plus de temps je laisse couler, moins j'ai de courage. Renifle-je, laissant mes cheveux me couvrir pour la énième fois le visage.
- C'est seulement une impression. Me réconforte-t-il, en s'approchant sans me toucher.

Prends-moi dans tes bras, s'il te plait. J'ai besoin de savoir que je ne suis pas seul. J'ai besoin d'être câliné.

- Tu sais... si tu veux quelque chose, parfois il suffit de demander. Me taquine-t-il.
- Comment... comment t'as fait pour comprendre... ?
- Tu n'es pas le seul à avoir vécu ça. Sourit-il, et d'un coup je me sens honteux : j'ai pensé toujours, seulement à moi-même. A partir de quand suis-je devenu si égoïste ?
- Pardon. Murmure-je encore. Pardon.
- De quoi ? De m'avoir ouvert ton cœur? C'est plutôt moi qui devrais te dire "merci", beau brun. Chuchote-t-il doucement, en écartant les bras. Aller, viens là.

Je me laisse aller contre lui comme s'il était ma seule ancre et il m'enlace avec assurance. Ses mains viennent me frôler mon dos, pendant que moi je garde mes bras fermement accrochés à son cou. Je m'entends répéter : - Merci pardon merci, merci... dans une litanie infinie et insensée ; son unique réponse est de me serrer encore plus fort.

Nous restons comme ça, debout dans l'ombre de la terrasse déserte pendant je ne sais pas combien de temps. En cet instant, je pourrais affirmer que je n'ai besoin de rien d'autre.
Tout à coup, on entend des voix aigues s'approcher. Je me raidis et Liam croit m'aider en s'éloignant doucement, avec un regard à la fois triste et déçu. Non, je blesserai plus jamais quelqu'un à cause de ma peur. Pendant que les voix arrivent à moins de deux mètres de nous, je me jette à nouveaux dans ses bras et je l'enlace étroitement, l'embrassant sans le vouloir sur le cou. Après quelques secondes de perplexité, Liam me rend mon étreinte, une main qui caresse mon dos et une qui ébouriffe affectueusement mes cheveux. Les voix se taisent brusquement, puis s'éloignent en recommençant à parler.
Le monde ne s'est pas écroulé.
Une sensation de pouvoir, d'orgueil prend place en moi.
Je dois juste être moi-même.
Je m'écarte un petit peu de Liam pour pouvoir le regarder dans les yeux.

- Merci. Merci vraiment. Liam.
- Ce fut un plaisir beau brun. Sourit-il.
- Je m'appelle David ! Proteste-je en le faisant rigoler.
- Beau brun te va mieux. Aller, je crois qu'on a besoin d'une autre Coca. Ceux-là sont chauds désormais. Il indique les bouteilles abandonnées en équilibre sur la balustrade.

Il me prend ma main et on se dirige vers le barman, fendant la foule de danseurs déchainés sur la piste. Il l'a fait parce qu'il... ou seulement pour ne pas se perdre ?
Pendant que le barman nous apporte nos nouveaux Cocas, il s'aperçoit que je fixe, troublé, nos doigts entremêlés se cherchent et il sourit, sans rien dire. Il resserre un petit peu l'étreinte en m'observant avec insistance. Je me sens rougir. Son sourire s'élargit davantage.

On récupère nos bouteilles et j'insiste pour payer. On ne sort pas, je le suis jusqu'à un des petits sofas les plus éloignés de la piste. Au moins, ici, la musique est moins forte. Soudaine, une question me vient à l'esprit.

- Comment s'appellent-ils tes chats et ton chien ?
- Le chien est un husky blanc, il s'appelle Snow. La chatte est Boule, le chat Sound et le petit chieur est Bleu à cause de ses yeux. Tu aimerais les voir ?
- Oui, beaucoup. Réponds-je avant de comprendre que ça signifie qu'on va se revoir, pire : qu'il m'invite chez lui. Deux fois pire : je viens d'accepter. Je me mords ma lèvre inférieure en me maudissant silencieusement. Il doit s'en apercevoir parce qu'il ricane gentiment avant de commenter :
- T'es plutôt ingénu parfois, beau brun.
Je boude et il rit doucement.

- Dire que mon intention, au début, était de te draguer.

Je ne sais pas pourquoi, mais ces mots me font réagir. Je lui souffle froidement : - Je suis désolé si t'es resté sans cul pour cette nuit.
- Peut-être, mais ce soir j'ai connu un gars auquel je demanderais pas seulement son cul. Rétorque-t-il sans ciller, et d'un coup je sens à nouveau le besoin de m'excuser.
- Je...
- Non, c'est de ma faute. Je voulais dire que j'aime bien que tu me vois en tant que mec qui te drague, beau brun, et pas seulement parce que t'as une gueule d'ange et un joli cul.
- C'est la première fois que quelqu'un me drague. Avoue-je d'une petite voix, en rougissant : alors c'est bel et bien vrai, il me drague. Une sensation d'embarras avec une pointe de ravissement se répand en moi.
- Je n'y crois pas. Ou alors ils sont vraiment tous devenus aveugles. Bougonne-t-il avant de me fixer d'un regard malin et me demander : alors ça te dérange pas que je te drague ?

Je pique un fard et je me tais. Qu'est-ce qui lui prend de me demander ça si explicitement ? Qu'est-ce que je serais supposé répondre ?!

- Tu sais, il y a un proverbe italien qui récite "Qui se tait, accepte". Insinue-t-il malicieusement.
- Liam, tu me gênes. Me lamente-je, en sentant mes joues en feu.
- Ok, ok, j'arrête. Rit-il en terminant sa Coca. Tu habites loin d'ici ?
- On a un appartement au dessus des studios de registration, avec les gars. C'est tout près de Starbucks, tu vois ?
- Oui. Ça te va d'y aller à pied ? Je t'accompagne, j'ai envie de marcher.
- Ok. Accepte-je en me levant. On jette les bouteilles vides dans la poubelle à verre et on sort.
L'air n'est pas froid, mais pas pour autant chaud. On est bien. Je respire à fond en souriant. Je n'ai pas tout résolu, mais je sens que je suis sur la bonne voie, et tout cela grâce à Liam. Je le regarde avec reconnaissance, et je réponds avec un sourire à sa question muette.
Soudainement je remarque que j'ai pas du me forcer, à sourire, et d'emblée je serre Liam dans mes bras, maladroitement, en lui donnant un timide baiser sur la joue.

- Qui dois-je remercier pour ça ? Rigole-t-il en souriant.
- Merci d'avoir été là, Liam. Chuchote-je en guise de réponse. Merci.

Il ne répond pas. Il s'éloigne doucement, il se saisit de ma main et reprend à marcher, un sourire à la fois fier, doux et mystérieux collé aux lèvres. Je le suis en entremêlant nos doigts. Merci, Liam.