Auteur : Marchlo

Rating : M

Genre : UA - Romance/Drama/Humour

Personnages OCC

Avertissement : Cette histoire va contenir une relation homosexuelle et des propos qui peuvent heurter les plus jeunes. Je leur conseille de passer le chemin.

Pairing Harry Potter/Marcus Flint et bien d'autres.

Disclamer : Les personnages d'Harry POTTER ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de JK Rowling.

Note de l'auteur : Je me suis décidée à écrire sur le couple Marcus Flint et Harry Potter.

Vous retrouvez les principaux protagonistes de la série mais j'ai ajouté quelques personnages de mon invention. Je me suis attachée à eux, j'espère que cela sera aussi votre cas. Je publierai une fois par mois peut-être plus, je ne sais pas encore. Tout dépendra de mon avancée.

C'est un rating M avec tout ce que cela comporte.

C'est la première fois que j'écris et j'accepte toutes les critiques mais l'encouragement sera plus que bienvenue. Je m'excuse d'avance pour les fautes malgré mes multiples relectures. N'hésitez pas à me faire part des incohérences que vous pourrez trouver. Harry va évoluer dans un monde estudiantin que j'ai quitté depuis un certain temps et il se peut qu'il y ait quelques petites incohérences même si certaines seront voulues.

Résumé : Une famille soudée, des amis proches et une vie bien réglée, Harry Potter, jeune Parisien de 17 ans se prépare à entamer une vie de parfait étudiant. Seulement voilà, on a beau tout prévoir, tout planifier, tout cacher, il suffit parfois de croiser un beau regard sombre pour tout bouleverser. Que va faire notre jeune héros ? Ecouter son coeur ou sa raison ? Et ce choix, sera-t-il le bon ?...Et si ce n'était pas lui ?

Correction du 09/12/2012

J'ai décidé de reprendre l'histoire depuis le début en essayant de corriger un maximum les fautes qui s'y cachaient. J'ai modifié aussi certaines parties qui ne me convenaient plus.

Bonne lecture.

Chapitre 1

Comme tous les ans en ce début du mois de juillet, la cour d'honneur grouillait de monde, créant une véritable cohue parmi les élèves de ce grand lycée Parisien, réputé l'un des meilleurs de la Capitale. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, les élèves n'étaient pas les seuls à s'agiter d'impatience. Certains parents, tout aussi fébriles, attendaient avec inquiétudes le moment où ils atteindraient les panneaux d'affichage situés au fond du bâtiment. Non loin de là, deux jeunes hommes, un grand rouquin à l'allure dégingandée et un petit brun visiblement exaspéré, stoppèrent leur avancée.

- Tu vois quelque chose ? Demanda le jeune homme à la chevelure rousse.

- Pas vraiment et avec ce monde…, répondit le petit brun en levant la tête vers son compagnon. Avec ta taille tu pourrais peut-être…, ajouta-t-il avant de se taire subitement face au spectacle pitoyable qu'offraient deux jeunes filles. Ces dernières se tenaient dans les bras l'une de l'autre, sanglotant bruyamment, au beau milieu de l'allée principale du lycée.

- Hors de question que j'y aille sans toi ! S'écria le rouquin, les yeux écarquillés d'horreurs face au comportement surréaliste des deux lycéennes.

- Ronald...

- Je l'sais bien de toute façon.

- Tu sais bien quoi ?

- Que c'est couru d'avance…ma mère va m'tuer, mes vacances sont foutues et j'vais devoir bosser tout l'été avec mon père. Toi, l'année prochaine, tu iras à la fac…et moi, j'retournerai dans ce putain de lycée entouré des copines de Ginny…toute la journée ce sera des gnian-gnians par-ci et des gnian-gnians par-là… Eh ! S'écria-t-il en voyant son ami se rapprocher dangereusement du plus gros du troupeau.

- On se rejoint en face du lycée, fit simplement le petit brun, juste avant de se faire avaler par la foule compacte.

« En fin de compte, faire une tête et demie de moins que les autres n'a pas que des désavantages » Pensa Harry Potter en jouant des coudes. Il aurait vraiment préféré venir voir les résultats en fin de matinée mais sa mère, trop pressée et trop stressée, avait insisté pour que les deux amis s'y rendent le plus tôt possible. Harry avait pourtant rabâché et rabâché que les notes pouvaient être consultées directement sur Internet mais dans la tête de sa mère rien ne valait la bonne vieille méthode du - tu t'lèves à cinq heures du matin au son du clairon, tu prends le métro la tête dans le cul et tu poirotes durant des heures devant les grilles de ton lycée pour finir lamentablement piétiné par des folles hystériques... « Il a intérêt de l'avoir ce conOh, le joli p'tit cul ! » S'extasia-t-il en perdant soudainement le fil de ses pensées...

Une fois face au lycée, Ronald Weasley attendit plus ou moins patiemment le retour de son meilleur ami. Pourquoi s'inquiétait-il autant pour ses résultats ? Lui, si habituellement je m'en foutisme, avait l'impression d'avoir la tête entourée d'un épais brouillard. Une sensation désagréable qui était allée en s'amplifiant au fil du mois. Heureusement qu'Harry l'avait accompagné mais surtout épaulé, et ce, depuis le tout début des examens. Les deux jeunes hommes n'avaient jamais travaillé ensemble mais face à ses inquiétudes grandissantes, Harry avait tout pris en charge, organisant soigneusement leurs révisions. Est-ce que cette aide porterait ses fruits ? Etrangement, cette question l'amena à rêvasser à une jolie brunette un peu trop sérieuse à son goût...

- Veux-tu connaître tes résultats ?

C'est en sursautant que Ron se tourna vers un Harry Potter au visage trop sérieux. D'un coup, le jeune rouquin passa instantanément du blanc au kaki.

- J'vais vomir.

- Tu l'as eu Ron. A toi les belles gonzesses cet été.

A ces mots, le visage constellé de taches de rousseur de Ronald Weasley prit une teinte rouge brique. Il sortit son téléphone portable de la poche arrière de son jean et partit s'isoler dans un coin, cherchant maladroitement dans son répertoire personnel le numéro de chez lui. Harry en profita pour s'éloigner de la folie ambiante. Il était pleinement satisfait de ses résultats scolaires et exultait intérieurement de sa mention très bien. Sans aucun regret, les années lycées prenaient fins et avec elles une page entière de ses incertitudes. Maintenant il n'avait qu'une hâte, débuter à la rentrée prochaine sa première année universitaire au sein même de la Sorbonne. Initialement, il aurait dû poursuivre ses études en Angleterre, plus précisément à Londres. Il avait travaillé comme un forcené pour atteindre cet objectif, obtenant à sa grande satisfaction les meilleures notes de sa promotion mais parfois la vie faisait que...en fait tout était arrivé au moment des inscriptions. Alors que ses parents et lui discutaient, depuis une dizaine de jours, des différentes possibilités d'hébergement, il avait assisté à la Sorbonne à une conférence sur la Rome Antique. Ce jour-là, il accompagnait une de ses meilleures amies, Luna Lovegood, venue d'Angleterre passer le week-end chez les Potter. La jeune Anglaise, obsédée par l'antiquité romaine, avait traîné Harry à travers tout Paris à la recherche des expositions du moment. Les pérégrinations du petit lutin blond dans la Capitale n'avaient en rien dérangé le jeune homme, même s'il connaissait parfaitement bien le quartier Saint Michel. A sa plus grande surprise et alors qu'il se trouvait au beau milieu de la Sorbonne, il tomba sous le charme de la vieille cour d'honneur. Le lieu dégageait une telle magie, que cette après-midi-là, il fit des adieux définitifs à l'Angleterre.

A son retour de l'exposition, ses parents furent assez surpris de cette soudaine décision mais surtout extrêmement soulagés que leur fils soit resté dans le giron familial. Aux yeux de Lily Potter, Harry n'était encore qu'un enfant et la tendre maman n'imaginait pas le départ prochain de ce fils tant aimé. Ainsi au moment du diner, elle remercia à sa façon la jeune Luna d'avoir traîné de force son fils aîné à cette conférence sur l'antiquité romaine. Avec un grand sourire, elle lui resservit par deux fois sa spécialité maison - la fameuse charlotte...poire-nutella.

- On va faire un tour chez Parallèles ? Demanda Ron qui venait de raccrocher. Georges veut s'acheter de nouveaux vinyles et j'aimerais jeter un œil sur les nouveautés.

En pleine réflexion, Harry mit plusieurs secondes à répondre.

- Désolé mais je dois rentrer à la maison. Ma mère a rendez-vous je ne sais où avec Justin et je dois emmener Marie à son cours de musique.

- Elle continue ? S'étonna gaiement le rouquin, redevenu égal à lui-même. Elle n'avait pas traité tes parents de tortionnaires ?

- Le professeur de musique a changé. Ce n'est plus la vieille Figg mais un beau châtain aux yeux marron de vingt-cinq ans. Le sosie de Justin Bieber en un peu plus vieux dixit ma p'tite sœur.

- Justin Bieber ? Faut aimer...mais ta frangine a tout de même intérêt à faire gaffe à la concurrence, tu pourrais le lui piquer.

- Je n'aime pas les minets ni les châtains aux yeux marron.

- Ouais...J'me demande bien pourquoi j't'ai r'trouvé l'autre jour, la main dans l'pantalon de ce châtain. C'était quoi déjà son nom ?

- ...je cherchais juste mon chemin et ce mec a été assez aimable pour me l'indiquer.

- Avec ta main ?

- Ouais c'est comme le GPS sauf que là…

- Evite les détails Potter. Trop d'infos tuent l'info.

- Est-ce que tu en as parlé à quelqu'un ? Demanda brusquement Harry.

Mine de rien, la conversation le mettait mal à l'aise, surtout quand les acteurs principaux se trouvaient être son ex petit ami et lui-même.

- ...N-non...

- Bien...on se voit ce soir alors ? Vers vingt heures...le temps que mes vieux se cassent chez Sirius...salut !

- Har...

Après avoir fait mine de n'avoir rien entendu Harry se précipita sur le chemin du métro. Il était préoccupé par les paroles de Ron sur son petit intermède avec ce châtain, enfin avec...Sylvain. Contrairement à ce qu'il avait dit au rouquin, il connaissait plutôt bien sa consentante victime. Il ne s'était tout simplement pas attendu à se faire prendre la main dans le sac, enfin dans le pantalon dudit petit ami. Peu de ses amis connaissaient son orientation sexuelle et aucun d'eux ne l'avaient jamais vu en pleine action ou avec quelqu'un de proche. Ils auraient dû être plus discrets et ne pas faire ça dans l'enceinte du lycée mais à dix-sept ans, calmer des hormones en pleines ébullitions, revenait à escalader le mont-Everest sur les mains.

Sylvain et lui s'étaient rencontrés à une soirée beuverie. Ils s'étaient plus au premier regard. Harry avait lu sur internet – avec une certaine suspicion - que les homosexuels avaient une sorte de radar pour se reconnaître entre eux...vraiment incroyable ce truc parce que c'était exactement ce qui s'était produit ce soir-là. Il avait tout de suite senti que cet autre garçon - en seconde et dans le même lycée que le sien...YES ! YES ! - était attiré par les mecs, tout comme lui. Après quelques verres et sous-entendus, ils s'étaient tous les deux isolés dans un endroit tranquille et Harry avait échangé son premier baiser, enfin, son premier roulage de pelles comme l'aurait si bien dit Ronald.

Par la suite, les deux jeunes hommes s'étaient revus en toute discrétion, ni l'un ni l'autre ne désirant ébruiter leur relation. Les parents d'Harry n'étant pas encore au courant de ses préférences sexuelles, ce dernier ne se sentait pas prêt à vivre cette liaison au grand jour. C'était un peu cette raison-là, qui avait donné envie au jeune homme de partir étudier à l'étranger. Partir loin pour ne plus avoir à se cacher...

En arrivant en bas de chez lui, Harry se fit la réflexion qu'il n'avait de toute façon plus aucune raison de se dissimuler aux yeux des autres. Ayant eu la frayeur de sa vie le jour où Ron les avait surpris, Sylvain avait refusé de continuer de sortir avec lui. Pour une fois qu'il rencontrait un type mignon, prêt à se laisser tripoter, il avait fallu l'indiscrétion de Ron pour tout gâcher. La poisse !


- On y va Marie...tu as toutes tes affaires ? Demanda Harry à l'intention de sa jeune sœur.

- Oui, oui. Tu sais, je peux y aller n'es pas obligé de m'accompagner, tenta de négocier la benjamine des enfants Potter en passant le pas de la porte d'entrée.

Marie regarda Harry avec espoir. Elle souhaitait tellement se rendre seule chez Thomas, son nouveau professeur de musique. Malheureusement pour elle, sa mère, aussi protectrice qu'un rottweiler, avait décidé de lui fournir un de ses grands frères comme garde du corps.

- Hors de question. Ma mission est de t'accompagner jusque chez ton Thomas d'amour.

- Ce n'est pas mon Thomas d'amour, c'est mon…

- Je sais, je sais...Aller princesse...fais pas la tête ! Je te déposerai devant la porte de l'immeuble. oK ?

Les yeux remplis de gratitude, Marie monta dans le minuscule ascenseur de ce vieil immeuble cossu situé tout près de l'Opéra Bastille. Cela faisait un peu plus de treize ans que les Potter s'étaient installés dans ce vieux quartier du douzième arrondissement Parisien. Harry et son jeune frère Justin avaient respectivement quatre et trois ans quand la famille entière s'était expatriée en France. Marie était née deux ans plus tard. Avant son départ pour l'étranger, James Potter avait travaillé quelques mois dans une agence de publicité Londonienne en tant que designer. Pour des raisons économiques il ne rejoignait sa femme Lilly et leurs deux enfants, restés à Godric's Hollow, qu'un week-end sur deux. Cette petite bourgade, nichée dans la campagne anglaise, convenait parfaitement à l'éducation de deux jeunes garçons mais au fil du temps, l'éloignement du jeune couple, marié depuis cinq ans, avait commencé à grignoter une relation jusque-là parfaitement harmonieuse. Les deux époux cherchaient une solution plus adéquate lorsque leur meilleur ami, Sirius Black - PDG de la BlackCorporation, avait proposé à James la direction d'une petite boîte de publicité, nouvellement acquise mais située en plein Paris. En premier lieu James refusa, indiquant à Sirius qu'il cherchait à se rapprocher de sa famille et non à s'en éloigner. Son ami d'enfance lui précisa alors que le déménagement ainsi que l'installation de la famille Potter au complet seraient pris en charge par la BlackCorporation. Pour ce projet important Sirius souhaitait engager le meilleur et foi de Black le meilleur pour ce poste était James et - non ! - leur amitié n'avait rien à voir dans sa proposition d'embauche. Poussé par sa femme, le jeune designer accepta finalement le poste. Quelques mois plus tard la famille s'installait à paris, ils n'avaient jamais regretté cette décision.

Après avoir déposé sa sœur chez le sosie de Justin Bieber, Harry décida de retrouver son père à son lieu de travail. L'agence se trouvant non loin du domicile familial,les enfants Potter avaient pris l'habitude, depuis leur plus jeune âge, de rendre régulièrement visite à leur père. Alors qu'il avançait dans les rues parisiennes, le téléphone portable d'Harry se mit à sonner. Sachant ce qui l'attendait, il laissa le combiné éloigné le plus loin possible de ses oreilles et attendit patiemment la fin d'un long monologue :

- Salut Harry, j'essaie de vous joindre Ron et toi depuis des heures mais vos portables sonnent toujours occupés. J'ai dû vous laisser une tonne de messages…et ses résultats ? Ca a donné quoi ? J'espère que Ron l'a eu sinon il m'entendra cet abruti. Et moi…Si tu m'avais vu hier soir, impossible de m'endormir mais c'est bon...j'ai eu la mention très bien, heureusement...sinon j'en serai morte. Harry, tu es là ? Harry ? Allo ?...Harry ?...

Pris de pitié, Harry mit fin au discours sans queue ni tête de son interlocutrice préférée :

- Hermione.

- Eh ! J'ai cru que tu m'avais raccroché au nez !

- Je t'écoutais...

- Il est avec toi Ron ?

- Il doit être arrivé chez lui maintenant.

- Et alors, vos résultats ?

- Sans problème.

- Ron aussi ? T'es sûr ?

- Ton rouquin a eu la mention bien même s'il ne le sait pas encore.

- Ce n'est pas mon rouquin...

- Bien sur...tu l'aurais vu, il était livide, limite hystérique. Un peu comme toi, parfois.

- Harry !

- J'ai dû aller me jeter seul dans la fosse aux lions tellement il stressait. Ce benêt doit penser qu'il l'a eu de justesse.

- Vous n'arrêterez donc jamais tous les deux ?

- Jamais.

- Et toi, la mention ?

- Avec les félicitations du jury.

- ...

- Dis-moi, tu viens à la fête ce soir ?

- Je ne sais pas trop...

- Ron y sera aussi.

- Harry !

- Tu rougis, je l'entends.

- D'une, je ne rougis jamais Potter et de deux quand vas-tu te décider toi à nous présenter ton petit ami ?

A la mention d'un éventuel petit ami, le coeur d'Harry fit un bon dans sa poitrine.

- Où es-tu allée pêcher cette idée saugrenue ?

- Ne fais pas l'autruche Harry...

- Je ne fais pas l'autruche.

- Ron m'a tout raconté. Ce garçon…c'était qui ?

Ne sachant que répondre, Harry fixa le téléphone pendant quelques secondes. Il ne s'était pas attendu à avoir cette conversation avec sa meilleure amie.

- Harry ?

Le jeune homme entendait l'inquiétude dans la voix de sa meilleure amie.

- Excuse-moi Harry, je n'aurais pas dû t'en parler comme ça, au téléphone en plus.

- Il faut que je te laisse.

- Harry ! N'en veux pas à Ron, il ne pensait pas à mal. Il s'inquiète pour toi. En fait nous nous inquiétons tous les deux. Tu intériorises tellement tes émotions...

- Tu viens où pas ce soir ? Se contenta de demander Harry, pas du tout décidé à discuter de sa vie amoureuse.

- ...Je viendrai, promit Hermione vaincue par le silence têtu de son ami.

- A ce soir alors.

- A ce soir Harry...je t'embrasse.

Un peu sonné, le jeune homme raccrocha puis passa les portes de l'agence. Il avait été tellement pris par la conversation qu'il ne s'était pas rendu compte d'être arrivé à destination. Harry s'obligea aussitôt à mettre de côté ses soucis personnels, préférant y repenser à tête reposée.

- Mais que vois-je de si bon matin ? La deuxième génération !

Harry sourit à la jeune femme assise derrière un bureau en bois d'acajou. Nymphodara Tonks était l'adjointe de son père depuis six ans. Elle ne passait pas inaperçue avec ses cheveux bleus électriques, ses piercings et son style néogothique. Tonks, comme elle préférait être nommée, était la sentinelle de l'agence. Les nouveaux clients passaient d'offices par ses bons soins, avant toute première rencontre avec le directeur. C'était un vrai spectacle de voir la surprise qu'affichaient les nouveaux clients à la vue de ce personnage hors normes mais terriblement efficace. Gare à ceux qui ne la prenaient pas assez au sérieux.

- Bonjour...NYM-PHO-DA-RA chérie.

- HA-RRI-SON…JA-MESSSSS…PO-TTER ! Le Menaça la jeune femme, ses yeux semblables à des éclairs.

"Etrange", pensa Harry... Ce n'était pas le genre de Nymphodara de se montrer de si mauvaises humeurs, surtout avec lui qu'elle appréciait tout particulièrement.

- Temps mort…abdiqua de suite Harry. Papa est dans les parages ? Osa-t-il ajouté un sourire ultra-bright collé sur le visage.

- Il est en rendez-vous.

- Avec qui ?

- Un client anglais, genre fortuné. Il a tenu absolument à voir ton père. D'après Mlle McGonagall, il était accompagné de son fils.

- Son fils ?

- A croire qu'ils font ça en famille...c'est vraiment étrange...

- C'est pour cette raison ta tête de cochon ?

- Quoi ?...

- En fait, t'es vexée parce que tu n'es pas dans la confidence, analysa Harry en tombant en plein dans le mille.

Nymphodara allait lancer son regard de tueuse sur le petit insolent lorsqu'ils entendirent des pas parvenir des escaliers en colimaçon situés à leur droite.

- Déjà ? S'étonna la jeune femme en regardant sa montre.

Soudain gêné de se retrouver au beau milieu de négociations importantes, Harry préféra s'éloigner discrètement de Nymphodara. Occupé à se faire tout petit, il ne remarqua absolument pas l'attention toute nouvelle dont il faisait l'objet...il aurait dû.

Entre temps, Nymphodara était allée à la rencontre de James Potter et des deux hommes qui l'accompagnaient, probablement les fameux anglais en question.

- Monsieur Flint, fit James à l'attention du plus âgé, laissez-moi vous présenter Nymphodara Tonks, mon bras droit.

- Enchanté, Miss Tonks. Je suis véritablement charmé de vous rencontrer, susurra le plus âgé en baisant la main de la jeune femme.

Harry admira tout particulièrement le sourire made in commercial qu'émit Nymphodara à l'attention du quinquagénaire.

- Madame Tonks, précisa Nymphodara. C'est un plaisir de faire votre connaissance M. Flint.

- Beaucoup moins que moi très chère...mais ne soyez pas si formel, appelez-moi dont William, insista l'homme mûr, la main de la jeune femme toujours dans la sienne.

- Enchantée de faire votre connaissance William, répéta alors Nymphodara contrainte et forcée.

- Et moi dont Nymphodara…répondit-il en retour, les yeux braqués sur le très joli décolleté de la jeune femme.

Harry, toujours à l'écart, observa d'un regard amusé, le manège évident de M. Flint père – une bonne tête de pervers ce type-là – avant de tourner les yeux vers son...Ouah ! Des cheveux foncés coupés court, des yeux noirs, un nez droit ainsi qu'une mâchoire carrée soulignées de lèvres fines mais parfaitement bien dessinées. Une taille et une carrure impressionnantes vues d'ici…Harry cessa de respirer...il venait de croiser une paire d'yeux glaciaux. La peur au ventre, il lut dans le regard de l'autre homme, que celui-ci n'avait rien raté de son petit manège.

C'est de très loin que Harry entendit qu'on l'appelait. Il revint difficilement à l'échange qui se déroulait entre son père, Nymph' et M. Flint père.

- Oui ? Prononça-t-il d'une voix enrouée.

- Excusez mon fils, M. Flint. Il a souvent tendance à s'enfermer dans un monde imaginaire.

- Excusez-moi, se contenta de dire Harry, tétanisé.

- Il n'y a pas de mal mon garçon mais dites-moi... Que vient faire ici de si bon matin, un jeune homme comme vous ?

Ne sachant que dire Harry répondit la première idée qui lui traversa l'esprit.

- Je reviens du lycée...je suis allé chercher mes résultats d'examen.

- Oh ! Que c'est passionnant. Et alors ?

Est-ce que cet homme s'intéressait vraiment à sa petite vie de lycéen ordinaire ? Pour l'heure, le vieux pervers semblait plutôt occupé à zieuter vers la seule femme de l'assistance. De plus, Harry détestait ce genre de conversation. Cela lui donnait l'impression de retomber en enfance lorsque son oncle Vernon l'interrogeait sans fin sur ses résultats scolaires. Mais soit, s'il fallait répondre.

- Je viens de passer mon baccalauréat Monsieur. Avec mention très bien et félicitation du jury.

- Et bien M. Potter vous devez être fiers de votre fils.

- J'en...

- Toutes mes félicitations mon garçon et que comptez-vous faire par la suite ? Continua M. Flint père ne se préoccupant même pas d'écouter l'avis du père de Harry.

- Je vais étudier à la Sorbonne et passer une licence d'histoire-langues vivantes. Je souhaite m'orienter vers le journalisme.

Harry aurait pu rire de la déconfiture de son père si pendant toute la conversation il n'avait pas senti un regard froid lui transpercer le dos.

- Histoire des langues ? Résonna une voix grave jusqu'alors inconnue.

Ce devait être sa voix pour le faire frissonner ainsi ? Harry ne put s'empêcher de tourner la tête et retint sa respiration. Les yeux noirs rencontrés un peu plus tôt le fixaient sans ciller...le jeune homme sentit d'étranges vibrations remonter le long de sa colonne vertébrale. « Allez Harry, répond-lui. Mais il a demandé quoi déjà ?...en tout cas il est grand, il doit bien mesurer près d'un mètre quatre-vingt-cinq, peut-être un peu plus...et ses mains...j'aime les grandes mains surtout que celles-ci ont l'air...».

- Harry ? Harry ? M. Flint t'a posé une question, entendit vaguement Harry alors que son père tentait de le ramener à la réalité en posant une main sur son épaule. Le temps que le jeune homme reprenne ses esprits il eut le temps de dire :

- Oui M. Flint…j'aime votre langue…

- ... ?

- ... ?

- ... ?

Il était rarement arrivé à Harry de désirer si fort disparaître de la surface de la terre, mais à cet instant précis, face au silence gêné de son auditoire, il pria de toutes ses forces qu'une méchante sorcière passe dans le coin et que d'un simple coup de baguette magique elle exauce son voeu le plus cher : mourir. Malheureusement pour lui, il n'était pas le héros principal d'un conte pour enfants et il se devait de se sortir seul de ce quiproquo plus qu'embarrassant.

- Je ne voulais pas dire que j'aime votre langue en particulier M. Flint mais que j'aime la langue anglaise...en fait ce que je voulais dire…c'est que j'aime apprendre…de nouvelles langues...voyez-vous ?

« TAIS-TOI maintenant Harry ! Tais-toi avant de t'humilier encore plus...idiot...crétin... Et puis mince alors ! Qu'est-ce que tu en as à faire de savoir ce qu'il pense de toi ? De toute façon tu ne le reverras plus jamais... ». Surpris de ressentir un léger pincement au coeur à l'idée de ne plus jamais revoir cet homme, Harry n'eut qu'une hâte - s'enfuir en courant.

Le principal concerné lui donna d'ailleurs une occasion supplémentaire de vouloir s'échapper quand celui-ci lui lança dans un français parfait :

- Quelle éloquence M. Potter ! J'espère pour vous mais surtout pour vos futurs lecteurs ou auditeurs que vous aurez appris d'ici-là à maîtriser votre langue ?

Avant que Harry ne puisse répondre M. Flint père intervint dans la conversation.

- Marcus...

- Quoi père ? Il faut bien expliquer à ce cher M. Potter, qu'il ne suffit pas de se croire supérieur en tout, pour espérer réussir dans la vie.

« Quelle humiliation » Fulmina Harry en s'engouffrant dans la rame de la ligne une du métropolitain Parisien. Qui était-il ce type pour juger de son caractère sur une ou deux paroles malheureuses ? Non ! Il ne se croyait pas supérieur aux autres, ni dans sa personnalité ni dans son physique, au contraire. Il donnait simplement le change, cachant ses failles les plus profondes à sa famille et à ses amis les plus proches.

Peut-être que ce Marcus Flint avait-il remarqué son regard vert posé sur lui ? Peut-être n'avait-il pas aimé être détaillé de la sorte ? Peut-être avait-il cru qu'il le draguait ou du moins qu'il lui faisait des avances ?…si peu subtiles ?...Mon Dieu quelle horreur !…Avait-il voulu montrer son dégoût en le rabaissant de la sorte ? Où était passé ce fameux radar censé l'éloigner des hétérosexuels trop séduisants ? Arrggghhhh ! Trop pressé de s'en aller Harry n'avait pas pris le temps de dire au revoir à son père. Au fond de lui, le jeune homme se demandait même si celui-ci avait noté son départ précipité. Las de toutes ses pensées parasitaires, Harry posa sa tête contre la vitre du compartiment, se laissant doucement bercé par les mouvements répétitifs de la rame en marche.


Il était vingt-trois heures quarante cinq et la soirée battait son plein. Harry avait finalement invité pas mal de ses amis à sa petite sauterie. Ils aimaient tous se retrouver en petit comité, soit chez l'un, soit chez l'autre. La plupart se connaissaient depuis l'école primaire, formant un petit cercle d'amis des plus soudés. Bon là, ils étaient plus nombreux que prévu mais l'appartement juché au dernier étage possédait une terrasse assez grande pour recevoir tout ce joli monde. Harry remercia mentalement ses parents d'avoir accepté de passer le week-end chez Sirius. Si sa mère voyait l'état actuel de sa terrasse elle serait sur le pied de guerre, un balai à la main. Demain il serait bon pour une bonne corvée de récurage.

Mais ce soir-là, Harry avait la tête ailleurs. Il venait juste de s'isoler dans un coin du salon, beaucoup moins bruyant que la terrasse. Pendant que ses amis bougeaient sur le titre Starman de David Bowie, Harry ressassait les évènements de la matinée. Il s'était tellement enorgueilli du résultat de ses examens, de ses futures études pour ensuite se faire lamentablement descendre en plein vol et ce, de la plus abrupte des façons. Dépité de ne pas réussir à profiter pleinement de sa soirée, il porta les yeux dans le fond de son verre priant mentalement son whisky coca d'avoir le pouvoir de stopper ses divagations. Il allait faire cul sec quand il vit passer prêt de lui un de ses très bon amis, Neville Longdubat.

- Eh Neville !

- Salut Harry ! Excuse-moi, je ne t'avais pas vu.

- Tu viens d'arriver ?

- Pas vraiment…j'étais coincé en bas.

- Quoi ? Mais pourquoi ne m'as-tu pas appelé ?

- C'est ce que j'ai fait mais je suppose qu'avec toute cette musique...

- Attends, je regarde sur mon portable…merde six messages, désolé Neville vraiment…

- Pas grave, Justin a fini par m'ouvrir. Et toi ? Tu fais quoi tout seul dans ton coin.

- Je rumine…

- Tu quoi... ?

Neville n'eut pas le temps de finir sa phrase, il se fit violemment percuter dans le dos, le projetant à moitié sur la table basse, à moitié sur Harry.

- Putain, râla-t-il.

- Ca va ? Grogna Harry coincé sous son ami.

- Ouais…c'est plutôt à moi de te demander ça… je ne pensais pas qu'il était si lourd l'animal répondit Neville tout en tentant de se dégager du corps amorphe allongé sur lui.

- C'est qui ?

- C'est l'Irlandais…Aller Seam' bouges ton cul ? S'écria Neville au demeuré qui l'avait percuté.

L'Irlandais semblait plus amorphe qu'autre chose.

- Tu crois qu'il est mort ? Plaisanta Harry toujours coincé.

- Vaudrait mieux pour lui. PUTAIN SEAM' ! Si tu ne bouges pas tes fesses dans la seconde tu…

- Gggrrrmmmm...

Toute gentillesse disparue, Neville fit basculer le corps de Seamus à terre, se préoccupant à peine de lui faire mal. Il aida Harry à se relever qui en profita pour vérifier que tous ses membres étaient en bon état.

- Gggrrrmmmm... Gggrrrmmmm...

Amusé par les petits grognements émient par le corps recroquevillé aux pieds du canapé, Harry demanda à son ami de l'aider à l'allonger sur le canapé.

- T'es trop toi. Il nous fait valdinguer et tu lui viens en aide, souffla Neville en prenant les pieds de l'Irlandais.

- Il s'est séparé de sa copine…trop de distance je crois…lui confia Harry. Cela fait des semaines qu'il n'est pas très bien…il tente juste d'oublier son chagrin.

- Mais il ne m'a rien dit l'imbécile !

- Il ne souhaitait peut-être pas t'inquiéter …met-le sur le côté au cas où il vomirait. Va rejoindre les autres, je vais rester avec lui.

- T'es sûr ?

- Tout à fait.

- Je reviendrai faire un p'tit tour, tout à l'heure.

Neville regarda Harry s'asseoir aux pieds de leur ami endormi. Tranquillisé, il se dirigea d'un pas joyeux vers la terrasse et stoppa net face à une vision de rêve. « Il a aussi pensé à inviter Pansy ? Oh t'es mon pote à vie Harry ! ». Neville essaya d'arranger discrètement sa tenue et s'avança d'un pas nonchalant vers la jeune femme dont il était amoureux depuis le jardin d'enfance.

- Les filles, salua-t-il tout en se servant un verre de coca-cola.

Pour être franc, Neville n'avait jamais été doué avec les filles surtout quand cela concernait une jeune demoiselle de sa connaissance. Dès que Mlle Pansy Parkinson se trouvait dans les parages, le cerveau du jeune Longdubat se gélifiait, le faisant devenir aussi guimauve que les feuilletons télévisés que regardait sa grand-mère. La jeune fille était si délicate, si belle avec ses longs cheveux noirs, son visage en forme de cœur, ses magnifiques yeux saphirs et sa toute petite bouche délicatement ourlée de lèvres roses…

- Tiens voici ce bon vieux Longdubat. Ta grand-mère adorée t'a donné la permission de sortir ? Moi qui croyais que tu passais tes soirées au coin du feu, à lui faire la lecture.

Délicate bouche ourlée de lèvres roses aussi assassine qu'un chien enragé.

- Ne fais pas attention à elle Neville. Pansy est d'une humeur massacrante depuis qu'elle est arrivée, la réconforta une jolie jeune femme rousse.

- Je ne suis pas de mauvaise humeur la rouquine.

- Qu'est-ce que je te disais Neville ? Ma-ssa-crante.

- Bien, puisque ma mauvaise humeur dérange je vous laisse en tête à tête.

Visiblement déçu de ne pas profiter plus longuement de sa belle, Neville se demanda s'il ne devait pas faire comme Seamus, se déchirer la tête….

- Neville ?

- …

- Eh oh !

- Quoi ?

- Ca va ?

- Ca va.

- Tu es arrivé tard dis-moi.

- J'étais coincé en bas. Justin est finalement arrivé et m'a fait monter.

A ces mots le comportement de la jeune rouquine changea de tout au tout. De jeune femme à l'apparence douce et fragile elle se transforma, sous les yeux d'un Neville blasé, en jeune séductrice à l'allure féline. Elle détailla chaque convive présent sur la terrasse avant d'arborer une moue de déception.

- Il est où ? Je ne le vois pas.

- Il est monté directement dans sa chambre…tu n'as toujours pas lâché l'affaire n'est-ce pas ?

- J'ai un seul objectif mon cher.

- Qui est ? Demanda innocemment le jeune homme en sirotant son verre.

- Baiser avec lui.

C'était si direct que Neville en recracha sa gorgée de coca-cola. Pansy Parkinson qui n'avait rien entendu mais tout vu s'exclama haut et fort :

- Tu n'as vraiment aucune classe Longdubat !

Habitué à recevoir des piques de la part de sa dulcinée secrète, Neville l'ignora se contentant de lui tourner le dos et demander à la jolie rouquine ce que dirait son frère si celui-ci connaissait ses intentions envers Justin Potter.

- Pourquoi veux-tu que Ron l'apprenne ?

- C'est le meilleur ami d'Harry qui est accessoirement le frère aîné de Justin.

- Et alors ?

- Ca se saura Ginny…obligatoirement.

- Tu sais bien que Justin couche avec tout ce qui bouge et que ça ne se sait pas tant que ça.

- Peut-être mais es-tu prête à risquer l'amitié entre Harry et ton frère…pour une histoire… ?

- De baise. Tu peux le dire Neville. De toute façon, ce que je ferai ou pas avec Justin ne regarde que moi et certainement pas mon frère. Et puis ça ne sera que pour une fois, n'y vois rien de romantique ou...

- ...

- Et puis Harry est un vrai coincé...il devrait faire comme son p'tit frère, se lâcher un peu. Sérieux ! Etre frigide à dix-sept ans c'est vraiment pitoyable. Quoi ? Tu me trouves méchante ?...Ce mec, c'est un Hermione bis...

- C'est vrai que je ne l'ai jamais vu avec une fille, réfléchit pensivement Neville.

- Tu vois ! Regarde…toi par exemple. Je ne t'ai jamais vu avec une fille mais je sais que tu en pinces pour une petite brunette au caractère bien trempé.

- Hum...

- Ne fais pas cette tête Neville, on peut lire en toi comme un dans un livre ouvert…sauf Parkinson évidemment qui ne se doute de rien. Oh !...je crois que je vais te laisser. Il y a Hermione et mon frère qui viennent droits par ici...ils doivent encore chercher Harry mais moi j'ai quelque chose de plus important à faire que de les écouter. A plus...

Le jeune homme regarda Ginny disparaitre derrière la porte-fenêtre et se dit, navré, que sous ses airs de jeunes femmes assurées, et malgré ses discours sur je baise qui je veux, où je veux, quand je veux, elle semblait plutôt bien accrochée à son objectif. Neville connaissait assez bien Justin pour savoir qu'il ne serait pas tendre avec la jeune femme, cherchant son propre plaisir, la jetant une fois ses désirs assouvis comme une pauvre merde. Il espérait juste un peu que Ginny n'attendait vraiment que ça, du sexe…et qu'elle n'aurait pas la mauvaise idée de tomber amoureuse du pire salaud qui soit. Putain la galère sinon !

Sur la terrasse, le groupe d'amis sembla se déchaîner de plus en plus au grée de la musique mixée par Dean Thomas, DJ amateur à ses heures. Il avait apporté une quantité phénoménale de CD ainsi que des quarante-cinq et trente-trois tours, indispensable pour mixer anciens et nouveaux morceaux musicaux. Des poofs étaient éparpillés par-ci, par-là, permettant aux plus fatigués de se reposer ou de siroter un remontant. A cette heure-ci, des dizaines de bouteilles et verres d'alcool jonchaient déjà le sol en teck de la terrasse. Quelques groupes de deux ou trois personnes s'installèrent sur les côtés et commencèrent à se passer les joints fraîchement roulés. La soirée ne faisait que débuter.


Il sentit plus qu'il ne vit une chaleur s'insinuer entre ses paupières closes.

- Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh ...

Quelques battements de cils plus tard, il prit conscience que la chaleur irritante provenait d'une porte-fenêtre, située sur sa droite.

- Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh ...

Il ordonna à ses jambes de bouger - peine perdue - il n'avait plus aucune sensation des pieds à la taille, ni au niveau de sa...

- Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh ...

La partie rationnelle de son cerveau endommagé lui commanda de ne pas paniquer. L'autre partie, la moins rationnelle, obligea sa main droite, rodée à ce genre d'exercice à aller vérifier que le matériel était bien à sa place.

- Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh ... Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh

Faisant fi des roulements de tambours qui résonnèrent dans sa boîte crânienne, il posa sa main sur….. « Des cheveux ? ».

- Gggghhhhrrruuuummmpppphhhhhh ?

Il ne rêvait pas, c'était bien des cheveux qu'il sentait sous sa main, des cheveux soyeux... « Ok, c'est pas le moment t'éparpiller. Tu dois réfléchir mon vieux...oh putain ma tête ! Aller fait un effort, de quoi tu t'souviens ? Bouteilles, alcool, filles...jusque-là tout va bien. Boisson, musique, alcool, nichons...pas trop mal. Danser, boisson, boire, boisson, Ah oui ! Le cul de la meuf…et boisson. Envie de pisser...couloir, ouais...encore couloir, une porte, Che Guevara…CHE GUEVARA ? Euh ? Bref...Caleçon, bite, bite ? Putain j'avais une BITE dans la main ! Une vraie ? Concentres-toi connard, concentres-toi. Une chasse d'eau, chasse d'eau ? Oui ça me revient, j'pissais, mais j'pissais où ?... Bon c'était bien ma bite ! Oh…mal à la tête… Ensuite, Le Che… encore, couloir, couloir, porte, envie boisson...glisser, Neville...Neville ?».

- Ne- Neville ?

Pas de réaction.

Il tenta une autre approche en soufflant sur la touffe de cheveux, qui reposait sur sa…, son…, ses hanches. Mission impossible...trop loin et puis soudain une douleur atroce lui vrilla les tempes...Par les bouches de l'enfer même ses yeux le faisaient atrocement souffrir, il eut la désagréable impression qu'ils allaient sortir de ses orbites.

- Neville, t'es mort ?

Toujours pas de réaction.

Il finit par réussir à glisser sa main sur une épaule et la secoua...

- Hummmmmm !

...mécontentant par ce geste ledit prioritaire de l'épaule.

Au moins, le mort n'était pas vraiment mort. Il se disait que ce n'était pas encore gagné pour que le squatteur déloge de ses hanches, quand le contenu de son estomac tenta une première sortie.

- J'vais vomir, gémit-il en respirant par à-coup.

A ces mots, le mort retrouva toute sa vigueur en bondissant brutalement sur le côté.

- Harry ?

- Ca va Seamus ?

- Non...mallatête...

- C'est normal vieux, attend je vais fermer les rideaux...ça va mieux ?

- Ch'pas…c'ment t'faispouv'êt'ebientoi ?

- Quoi ?

- comment…t'fais…êt'e…bientoi ?

- ...? Oh...je n'ai quasiment rien bu hier soir.

- …ry ?

- Oui ?

- Le Che…ici…

- … ?

- Le Che…ici…chétoi, souffla l'Irlandais dans un grand effort de concentration.

- ?

Pourquoi Harry faisait-il cette drôle de tête ? Ce n'était pourtant pas compliqué à comprendre non ? Il lui demandait juste si c'était normal d'avoir croisé Che Guevera la nuit dernière. Seamus sentit plus qu'il ne vit son ami se rouler de rire à ses côtés.

- Ce que tu as vu…c'est le poster du Che que mon père…a collé sur la porte des toilettes…il est fan mais ma mère l'a obligé…Seamus, tu…

- B'nuit, marmonna l'Irlandais légèrement vexé en se réinstallant au fond du canapé.

Ce n'était pas sa faute si son taux d'alcoolémie frisait encore les deux grammes...

- ...Rrrrrrhhhh...ssssshhhhhhhh...

Le rire d'Harry se calma peu à peu laissant le léger ronflement de Seamus résonner tranquillement dans le salon. Deux heures et demie de ménage intensif plus tard, Harry gloussait encore au souvenir de l'impayable tête de Seamus à son réveil. Et puis avec cette histoire du Che, il aurait assez de munitions pour le faire chanter pendant plusieurs mois. Il repositionna soigneusement les derniers objets qu'il avait retrouvés, dispersés un peu partout au rez-de-chaussée, avant de faire le tour une dernière fois afin de vérifier que tout était parfaitement ordonné. A son réveil, l'appartement lui avait semblé étrangement vide au point d'avoir été étonné de ne trouver aucun retardataire autre que son Irlandais préféré. Se sentant poisseux, Harry monta à l'étage pour rejoindre sa salle de bain via la chambre qu'il partageait avec son frère. En entrant dans la pièce, il eut l'agréable surprise de surprendre celui-ci, assis sur son lit, en pleine lecture.

- Tu ne devais pas aller courir ce matin ? Questionna Harry en se déshabillant.

- Annuler. J'avais envie de glander et puis je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit expliqua Justin en baillant.

- C'est ça de faire la fête jusqu'à pas d'heures.

- Ouais…en fait j'ai eu une petite visite surprise cette nuit et elle m'a littéralement vidé.

- Qui ça ?

- La p'tite rouquine, elle m'a bien vidé les couilles.

L'effet d'annonce...spécialité made in Justin Potter ! Compter sur lui pour vous déstabiliser lorsque vous vous y attendez le moins.

- La p'tite rouquine...?

- Ouaip...

- Où ça ?

- Dans ton pieu.

- Putain ! S'exclama l'ainé des frères en s'asseyant sur la chaise de son bureau.

- ...

- Dis-moi Justin que t'as pas couché avec qui je crois que t'as couché ?

- Dis-toi Harry, que j'ai bien baisé celle que tu crois que j'ai baisé.

- Mais pourquoi elle ?

Oui pourquoi elle ? Pourquoi pas une autre ? Une blonde par exemple, Justin adorait les blondes…Harry en avait vu défilé des blondes, des fausses aussi mais…Ginny ? Ginny Weasley ? Non, non et non. Ce n'était pas possible que son frère se soit tapé la petite bouche à pipes du lycée. Tout le monde connaissait la réputation de fille facile qu'elle se trainait depuis son arrivée au lycée, tout le monde le savait sauf Ron bien entendu…à croire qu'il mettait des oeillères quand cela concernait sa petite sœur chérie. La jeune rouquine procédait toujours de la même manière quand une cible était en vue, elle s'offrait littéralement, jusqu'à ce que le gibier cède. Ensuite, elle passait à autre chose. Seulement voilà, Harry avait une très mauvaise intuition sur les intentions réelles de la jeune femme. Il fallait voir dernièrement comment elle dévorait son jeune frère des yeux, que ce soit entre les cours, au self, ou à la sortie du lycée. Oh oui…une très mauvaise intuition parce que Justin de son côté n'était pas le genre de garçon à vouloir s'investir dans une relation durable...Quel euphémisme… Harry en avait vu passer des filles et pas que des blondes. Ca se terminait toujours de la même façon : une fille fraichement jetée, sanglotant dans ses bras à lui et le suppliant d'intercéder en sa faveur. Quelle naïveté !

- Appelle ça du libre-service, s'amusa à plaisanter Justin pleinement conscient du tumulte intérieur de son frère ainé.

- Jus', Ron va te défoncer la tête…avant de défoncer la mienne.

- Tu crois pas que tu dramatises un peu trop là ? Et puis elle n'était pas si bonne que ça.

- Ta gueule Jus'. Ca t'amuse hein ? Tout ça, toutes ces filles que tu baises et qui viennent ensuite chialer après toi mais là tu vois on parle de la p'tite soeur de mon meilleur pote, s'énerva quelque peu Harry en retirant ses chaussettes.

Putain ! Tout ce qu'il désirait à cet instant, c'était de se noyer sous la douche.

- Qui te dit que je me suis amusé ?

- Ton sourire Jus', ton sourire seul me confirme que tu t'éclates.

- La seule chose que je peux te confirmer, c'est qu'elle m'a bien senti passer..

- Continu comme ça Justin et ce n'est pas Ron qui te pètera la gueule.

- Ok...Excuse-moi, se repentit-il faussement afin de calmer un peu le jeu entre son frère et lui.

- Dis-moi pourquoi tu l'as fait ? Voulut savoir Harry malgré lui.

- ...Pour ses gros nichons. Ils sont réputés tu sais...c'est vrai que t'en as rien à foutre toi des nichons… Ecoute, elle est entrée cette nuit dans notre chambre quasiment à poils. Elle s'est jetée sur ma queue comme si c'était le St Graal. Tu voulais que je fasse quoi ?

- Lui dire non tout simplement.

Inconscient de sa semi-nudité, Harry commença à faire les cent pas dans la chambre. Finalement vaincu par K-O, il alla s'asseoir sur son lit, tout près de Justin, là où le forfait avait eu lieu : c'était son lit bon sang.

- Qu'est-ce que t'as fait une fois que tu l'as baisé ?

- Je l'ai jeté.

- Tu l'as jeté ? Pourquoi j'te demande tous ces détails ?... Et tu l'as jeté comment ?

- On est descendu vers les cinq heures du matin et comme elle m'était reconnaissante, elle m'a aidé à dégager les derniers fêtards. On s'est dit bye-bye et elle est repartie avec Ronald. Au fait, t'as un truc avec Seamus ?

- Quoi ?

- J'sais pas mais vous étiez mignons tous les deux enlacés dans le canapé. J'ai hésité à te réveiller mais t'avais l'air tellement bien...avachi sur lui.

- Non mais t'es pas net !

- Ce n'est pas ton genre ?

- Seamus ? Non mais t'es vraiment pas net ! S'exclama de nouveau Harry en s'allongeant sur son lit. C'est de Seamus qu'on parle...

- Et alors, t'as besoin d'un mec non ? Insista Justin, trop heureux de changer de conversation.

Il s'allongea à son tour sur la couette, profitant de l'accalmie pour apprécier la présence d'Harry à ses côtés. Malgré leurs nombreuses disputes, il ne réussissait jamais à rester trop longtemps fâcher l'un contre l'autre. C'était parfois l'un, c'était parfois l'autre qui faisait le premier pas mais à la finale il finissait toujours pas se réconcilier.

- Oui mais pas d'un hétéro pur et...Justin ?

- Oui ?

- Tu l'as baisé combien de fois ?

- La rouquine ? Une fois, pourquoi ?

- Parce que je viens de trouver deux préservatifs usagés...herk...

Ce n'était pas qu'il était prude ou quoi que ce soit mais...c'était vraiment dégueulasse de découvrir un truc si personnel - qui ne lui appartenait définitivement pas - à l'intérieur de sa propre couette. Ni une ni deux, il bondit hors du lit une dernière question sur le bout des lèvres :

- T'aurais pu les jeter au moins...mais attends, pourquoi deux ?

- Parce qu'avec ce genre de salope je préfère en mettre deux. C'est plus sûr.

Forcément.

- Evite de parler ainsi de la sœur de Ron ! S'il t'entendait…, soupira-t-il en finissant de préparer ses affaires.

Justin suivait des yeux son frère, conscient que celui-ci s'inquiétait pour son ami le rouquin, conscient aussi d'être responsable de cette tristesse. Bien décidé à se faire pardonner ses bêtises, il s'approcha doucement d'Harry occupé à trifouiller son armoire et posa son menton sur l'épaule de celui-ci. Ce dernier, toujours à demi-nu, stoppa toute activité, profitant de la chaleur émise par Justin pour se réchauffer. De l'avis de tous, le plus séduisant des deux était sans conteste le frère cadet, plus grand - d'une tête et demie -, mieux bâti ou mieux foutu suivant les jeunes filles, plus extraverti, plus amusant, plus accessible, mieux apprêté... Malgré ses soi-disant différences, ils avaient aussi des points communs, même tignasse indomptable, même peau légèrement bronzée, même regard émeraude hérité de leur mère, même petit nez finement ciselé et mêmes lèvres pleines.

- Désolé pour mes conneries…mais tu m'connais.

- Je te mentirais si je disais que je ne t'en veux pas. Ce qui m'inquiète ? C'est Ginny. Es-tu certain qu'elle ne reviendra pas à la charge ? Interrogea Harry en s'écartant de son frère.

Il n'attendit pas de réponse, trop pressé de se rendre dans la salle de bain.

- Certain.

- Je n'en suis pas aussi sûr que toi, enfin tu verras bien. Et toi, tu ne seras pas tenté de remettre ça une nouvelle fois ?

- Y'a pas de risque...et puis je ne baise jamais la même fille.

Comme si c'était nouveau ça ? Mais où était donc passée sa boîte pour ranger ses lentilles de contacts ? Et ses lunettes ? Il était pourtant persuadé de les avoir posé sur sa table de nuit.

- J'écouterais bien encore une fois tes exploits mais je dois absolument passer sous la douche et ensuite ramener Seamus jusque chez lui. N'oublie surtout pas de changer mes draps, ordonna-t-il juste avant de refermer la porte de la salle de bain.

Ce fut en tout début de soirée, qu'Harry rentra de son après-midi passé avec Seamus et il devait bien s'avouer qu'il n'avait qu'une hâte : dormir. Le jeune homme allait monter les premières marches menant à l'étage, quand son sixième sens le poussa à faire demi-tour en direction du salon. Son coeur frôla la crise cardiaque...l'homme de toutes ses pensés se trouvait là, tranquillement assis dans son canapé...

A suivre