Bonjour ! ^^

Me revoilà encore avec une nouvelle fic. Après ''Consequatum Maxima'', les Maraudeurs m'ont un peu manqué, alors j'ai écrit une nouvelle comédie avec eux. J'espère qu'elle vous plaira. L'histoire fait 19 chapitres en tout, et je la dédie à Suchi-story, celle qui est encore une fois restée avec moi, qui m'a motivée, durant toute la rédaction de ma fic. Je t'aime Suchiii !

(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling)

Je vous souhaite une bonne lecture ! :)


Chapitre 1 ― Émotions débridées

― Allez, Lily, réveille-toi, tu vas être en retard !

Lily Evans poussa un grognement ensommeillé et plongea la tête sous l'oreiller. Mary Macdonald soupira et sortit sa baguette magique.

― Tu l'auras voulu, hein.

Il y eut un éclair de lumière et Lily se retrouva suspendue dans les airs, comme si un crochet invisible l'avait soulevée par la cheville.

― Aaaargh ! cria-t-elle en agitant les bras dans le vide. D'accord, je suis réveillée ! Je suis réveillée !

Alice Courduot, qui venait de finir d'attacher ses chaussures, éclata de rire.

― Tu n'apprendras jamais, toi, dit-elle en hochant la tête. Tu es pire qu'un loir. Heureusement qu'on est là pour te réveiller chaque matin sinon tu passerais la journée à dormir.

― Ça va, faites-moi descendre !

Mary prononça le contre-sort et Lily retomba sur les draps en rebondissant.

― En plus, je hais ce sortilège, grommela Lily en recrachant une mèche de ses cheveux roux foncé qui lui étaient entrés dans la bouche.

― C'est parce que Potter et Black s'en servent souvent, j'imagine ? se moqua Mary d'un air espiègle. Allez, habille-toi vite sinon on n'aura pas le temps de prendre de petit-déjeuner.

Lily passa rapidement à la salle de bain, enfila sa robe de sorcière et descendit l'escalier en compagnie de ses amies. Dans le salon de la salle commune, les quatre Maraudeurs étaient debout devant le foyer et s'esclaffaient comme si l'un d'entre eux avait lancé une blague particulièrement amusante. Dès que James croisa le regard de Lily, ses yeux étincelèrent derrière ses lunettes et il passa aussitôt sa main dans ses cheveux pour avoir l'air plus séduisant. Mais Lily tourna la tête en levant le nez et, toujours suivie de ses amies, poussa le portrait qui masquait l'entrée de la salle commune.

― Elle a un beau derrière, tout de même, commenta Sirius, désinvolte, en la regardant disparaître dans le couloir.

― Patmol ! s'exclama James en lui appliquant une claque derrière la tête. Je te défends même d'y penser !

― Mais je ne pense à rien ! protesta Sirius tandis que Peter les observait en gloussant. Tu sais bien que je ne la toucherai jamais... sans ton consentement, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

James pouffa de rire et fit mine de vouloir le frapper à nouveau. Sirius recula d'un air taquin.

― De toute façon, intervint Remus, Lily Evans n'a d'yeux que pour toi, Cornedrue. Elle s'efforce encore de le cacher, mais au nombre de fois qu'elle rougit en croisant ton regard...

― Je sais que je lui plais, dit James en se rengorgeant. Ce n'est qu'une question de temps. Tôt ou tard, elle finira par craquer. Vous venez manger ?

Peter, dont l'estomac gargouillait, acquiesça joyeusement et ils se dirigèrent vers le trou du portrait.

.

À l'autre bout du couloir, Mary était en train de sermonner Lily, au grand agacement de cette dernière.

― Écoute, Lily, tu ne pourras pas toujours refuser les avances de Potter.

― Si tu l'aimes, ajouta Alice, pourquoi ne pas aller tout de suite lui déclarer ta flamme ?

― Parce que, répondit Lily dont les joues s'enflammèrent, je ne veux pas lui donner la satisfaction d'avoir gagné ! Et puis, qui me dit que ce n'est pas juste mon apparence qui l'intéresse ? Je n'ai jamais vraiment eu l'impression qu'il m'aimait pour ce que je suis. C'est peut-être uniquement de l'obsession...

― Tu vas donc le laisser faire le clown jusqu'à la fin des temps ? ironisa Mary.

― Non !

― Tu vas faire quoi, alors ?

Lily haussa les épaules en détournant les yeux sur le sol.

― Je ne sais pas...

Mary et Alice échangèrent un regard las.

― Et si tu l'invitais à la soirée de Slughorn demain soir ? proposa Mary.

― Ah non ! s'exclama Lily, bien qu'elle eût caressé cette idée durant une grande partie de la nuit. Il va trop savoir qu'il me plaît, si je fais ça.

― Mais il te plaît ! affirma Mary avec exaspération. Lily, à force de lui résister, tu vas devenir folle. Je le vois bien que tu es malheureuse. Tu ne penses plus qu'à lui ces temps-ci et ça commence à transparaître dans tes notes de cours.

― Tu marmonnes même son nom dans ton sommeil, ajouta Alice d'un air grave.

― Depuis cette année, tu es amoureuse folle de lui, ça se voit ! Je serai même surprise que Potter lui-même ne l'ait pas remarqué.

Lily s'arrêta net dans le couloir.

― Ah non, vous croyez vraiment qu'il s'en doute ?

Mary et Alice lui jetèrent un regard qui sembla signifier : « À ton avis ? » Désespérée, Lily passa une main dans ses épais cheveux.

― Tiens, les voilà qui nous rattrapent, dit soudain Mary.

Le cœur de Lily fit un bond dans sa poitrine. En tête du groupe qui s'avançait vers eux, Potter affichait son habituel sourire insolent.

― Vite ! s'affola Lily. Continuons notre chemin en les ignorant !

Elle entraîna Alice et Mary qui soupira en levant les yeux au ciel et marcha en essayant d'avoir l'air tout à fait naturel.

― Il me regarde, murmura frénétiquement Lily. Je sais qu'il me regarde. Je sens ses yeux sur moi. Il me dévore du regard. Il aimerait que je me retourne. Il aimerait que je le plaque contre un mur et que je l'embrasse à pleine bouche. Il aimerait que...

― Lily, dit Mary d'un ton ferme.

― Il aimerait que je...

― Lily ! répéta Mary.

― Ah, je l'imagine en train de me caresser, continua Lily en laissant échapper un petit gémissement d'envie. Mais il ne m'aura pas ! Il ne m'aura pas ! Il peut toujours rêver, je ne lui céderai pas aussi facilement !

Lily !

― Quoi ? dit-elle enfin en la regardant.

― Invite-le à la soirée ! Et c'est un ordre !

.

James, Sirius, Remus et Peter s'installèrent près de Lily, Mary et Alice. Lily frémit lorsque James s'assit à côté d'elle, mais se força à garder les yeux sur ses œufs brouillés.

― Allez, souffla Mary à son oreille. Vas-y, c'est le moment.

― Attends, grinça Lily entre ses dents.

― Salut, Evans, dit James d'une voix suave. Tu ne m'as pas donné la chance de te saluer, ce matin. Comment tu vas ?

Lily fit de son mieux pour paraître froide et indifférente malgré son visage qui devint instantanément écarlate. Comme elle ne répondit pas, James continua avec désinvolture :

― J'ai appris que Slughorn organisait une soirée demain soir et que tu y allais...

Aussitôt, Lily ouvrit des yeux ronds et regarda Mary d'un air de reproche.

― Mais ce n'est pas moi qui lui ai dit, protesta cette dernière.

― Ce n'est pas moi non plus, affirma Alice, sur la défensive.

James eut un petit rire.

― Personne n'a eu besoin de me le dire, tout le monde en parle. Et puis Patmol y va aussi. Une fille l'a invité.

À côté de Remus qui se versait tranquillement un jus de citrouille, Sirius semblait fier de lui. Lily le fusilla des yeux.

― Et quelle est cette malheureuse qui s'ajoutera à ta collection de petites amies d'un soir, cette fois ? demanda-t-elle d'un ton acide.

― Fanny Karline, répondit Sirius en se saisissant du plat de saucisses d'un air nonchalant. La Serdaigle qui a un beau petit derrière. Certes, il est moins beau que le tien, Evans, mais il paraît qu'elle est une vraie bombe au lit. Ça fait des années que je cours après. Là, elle est à moi.

Il sourit d'un air vaniteux et Lily serra les poings sous la table.

― Tu es un vrai sal..., commença-t-elle, mais James l'interrompit.

― C'est Karline qui l'a invité, hein ! C'est qu'elle sait ce qu'elle veut, non ? Et toi, Patmol, ne t'avise plus de complimenter Evans à ma place.

Puis il se retourna vers Lily, en s'ébouriffant un peu plus les cheveux d'une main, et arbora un regard si sexy que Lily eut de la difficulté à garder son masque d'impassibilité.

― Et, au fait..., reprit-il en prenant sa voix mûre, caressante, on ne m'a pas encore invité, moi...

Le cœur de Lily battit à toute vitesse.

― Et je me dis que... si... avant que quelqu'un d'autre ne le fasse, tu comprends...

― Vas-y, souffla à nouveau Mary près de son oreille, c'est maintenant le moment.

Mais Lily n'arriva pas à se résoudre à le faire. Elle ne parvenait même pas à tourner les yeux vers lui. Mal à l'aise, elle cala d'un doigt tremblant une mèche de cheveux derrière son oreille, se mordilla la lèvre inférieure en rougissant de plus belle et fit glisser lentement une main anxieuse sur le dessus de sa cuisse. Au moment où elle fermait les paupières pour se donner du courage, elle remarqua que la respiration de James s'était accélérée.

― Tu me rends fou de désir quand tu fais tout ça, Lily, susurra-t-il.

Lily esquissa un sourire, mais le cacha aussitôt derrière la cruche de lait qu'elle se saisit précipitamment.

― Ha ! s'exclama soudain Sirius avec un rire qui ressemblait à un aboiement. Regardez qui voilà !

Il désigna d'un mouvement de menton la table des Serpentard. Remus leva les yeux de son assiette et Peter arrêta de s'empiffrer dans le plat de pancakes.

― Servilus, murmura James en affichant un sourire mauvais.

Lily suivit leur regard. Severus était assis à l'extrémité de la table avec Mulciber. Leur attention se focalisait sur un petit objet noir que faisait rouler Mulciber entre ses mains.

― Hé ! lança Sirius d'une voix forte. Ça va, Servilus ? Qu'est-ce que vous avez là ?

Severus sursauta et Mulciber laissa tomber l'objet dans la confiture de son toast. Lily put voir qu'il s'agissait d'une pierre effilée.

― Ça ne te regarde pas, Black ! s'écria Mulciber avec mépris.

Il reprit la pierre dans le creux de sa main et l'essuya sur le devant de sa robe.

― Vous êtes encore en train de manigancer des mauvais plans, c'est ça ? demanda James.

Lily échangea un regard sombre avec Mary et Alice.

― Et voilà, ça recommence...

Severus avait sorti sa baguette magique et se tenait prêt à l'attaque.

― Il me semble vous avoir dit que ça ne vous regardait pas ? dit-il d'un ton menaçant.

― Oh, le petit Servilo me fait peur, dit James en feignant une expression terrifiée. Je vais faire dans mon caleçon.

― Va te faire foutre ! cracha Severus.

Autour d'eux, les visages s'étaient retournés et les observaient. Certains avaient l'air inquiet et d'autres paraissaient s'amuser.

― Et toi, va donc te laver les cheveux pour une fois ! répliqua James avec froideur. Les mouches vont finir par pondre des larves sur ta petite tête grasse qui pue !

― Potter ! s'indigna Lily.

― C'est une sale pourriture bourrée de mauvaises intentions, marmonna James en considérant Severus avec dégoût. Lui et ses amis Mangemorts.

― Et toi, espèce de... de..., haleta Rogue en se levant, le visage rougi de haine. Espèce de...

― De quoi, au juste ? l'encouragea James. De quoi ?

Il se leva à son tour en sortant lui aussi sa baguette magique.

― Non, Potter, tu vas t'attirer encore des ennuis, intervint Lily en essayant de lui agripper la manche.

― Allez, vas-y, Cornedrue, ricana Sirius tandis que Remus gardait résolument les yeux sur le contenu de son assiette. Fais-lui payer sa venue au monde.

Les conversations autour s'étaient tues. Presque tout le monde les regardait, à présent. Lily vit le professeur McGonagall quitter sa chaise d'un air exaspéré.

― Potter, tu auras une retenue, gronda Lily.

― Et alors ? dit James en levant sa baguette.

Severus fit de même. Un rictus haineux déformait ses lèvres.

― Non !

Lily tenta d'arracher la baguette de James, mais celui-ci passa un bras autour de sa taille et l'immobilisa contre lui. Lily se retrouva alors tout près du visage de James, si bien que leurs souffles se mêlèrent.

― Invite-moi à la soirée, Lily, murmura-t-il, le regard brûlant derrière ses lunettes. Si tu me permets d'être ton cavalier, je ne ferai pas de bêtise.

Tout à coup, le temps sembla se figer. À présent, il n'existait plus qu'eux deux dans la Grande Salle, seuls, enlacés, se fixant avec passion.

― Lily...

― Oui, répondit-elle enfin, haletante. Oui, Potter, je veux bien t'inviter...

Comme hypnotisée, Lily baissa les yeux sur sa bouche. Une envie irrésistible de l'embrasser l'envahissait. Elle s'approcha alors de ses lèvres, lentement, et James entrouvrit les siennes, le souffle court.

Mais il y eut soudain un éclair de lumière et une entaille zébra la joue de James.

― Non ! cria Lily en revenant brusquement à la réalité.

Furieux, James relâcha Lily et se retourna vers Severus. Ce dernier, le corps tremblant de rage, la baguette émettant des étincelles, s'apprêtait à lui relancer un sort. Mais James fut plus rapide. Au moment où le professeur McGonagall s'élançait vers eux, un jet de lumière vive percuta Severus qui fut projeté dans les airs. Il atterrit plus loin, au milieu de la table des Poufsouffle, dans un grand plat de bacons qui se fracassa sous son poids.

― Ça suffit ! Ça suffit ! hurlait le professeur McGonagall avec colère. Potter ! Rogue !

― C'est Rogue qui a commencé, lança précipitamment Sirius.

― Regardez, professeur, dit James en désignant sa blessure au visage qui avait éclaboussé sa robe de sang. Il m'a défiguré !

― Et vous, je suppose que vous ne l'avez pas provoqué ? répliqua sèchement le professeur McGonagall.

Severus se relevait en titubant, une main sur la tête, crachant le sang.

― Vous aurez tous les deux une retenue !

― Mais... non ! s'exclama James.

― Parfaitement, Mr Potter ! Je veux vous voir tous les deux, demain soir, à mon bureau !

― Demain soir ?

Lily eut une expression d'horreur.

― Demain soir, c'est la fête du professeur Slughorn ! Vous ne pourriez pas reporter sa retenue ?

Mais le professeur McGonagall ne l'écouta pas. D'un coup de baguette, elle nettoya les dégâts sur la table des Poufsouffle et ordonna à James et Severus de se rendre immédiatement à l'infirmerie.

― Professeur, insista Lily en la talonnant. Écoutez... Potter n'était pas vraiment coupable... C'est... c'est... En fait, c'est la faute de Mulciber. Il a un objet de magie noire avec lui alors Potter...

― Un objet de magie noire ? répéta le professeur McGonagall en l'interrompant.

Elle s'arrêta et la regarda par-dessus ses lunettes carrées.

― Qu'est-ce que c'est que ça, encore ?

― Une sorte de pierre pointue, précisa Lily. Demandez à Mulciber et il vous la montrera.

Le professeur McGonagall parut méfiante, mais retourna au bout de la table des Serpentard.

― Mulciber, appela-t-elle d'une voix austère. Avez-vous en votre possession un objet illégal ?

Mulciber referma aussitôt sa main et l'enfonça dans le fond de sa poche.

― Non, pourquoi ? répondit-il en s'efforçant d'avoir l'air innocent.

Mais le professeur McGonagall ne fut pas dupe.

― Donnez-moi ce que vous tentez de dissimuler dans votre robe, Mr Mulciber, ordonna-t-elle.

― Mais je ne cache rien ! protesta Mulciber.

― Immédiatement ! insista le professeur McGonagall en tendant la main par-dessus la table.

Alors Mulciber afficha une mine résignée et lui donna la pierre noire. Lily eut un sourire triomphant, qui s'évanouit aussitôt quand Mulciber lui jeta un regard assassin. Le professeur McGonagall examina l'objet entre ses doigts.

― Où avez-vous eu ça ? interrogea-t-elle, les sourcils froncés.

― Je l'ai trouvée, répondit laconiquement Mulciber. Dans un couloir...

Le professeur McGonagall le dévisagea un moment, puis elle dit simplement :

― Très bien.

Elle fit glisser la pierre dans sa poche et repartit à grands pas.

.

Une fois dans le couloir, Minerva ressortit la pierre et l'observa une seconde fois sous tous ses angles. Sa surface lisse étincelait à la lueur des torches. Minerva plissa les yeux. Elle ne reconnaissait pas cet objet. Songeant à informer Dumbledore plus tard sur cette affaire, elle s'arrêta devant son bureau dont elle ouvrit la porte et alla chercher les travaux corrigés de ses élèves de septième année. Elle posa la pierre sur le coin de sa table et s'empara de la pile de feuilles qu'elle rangea dans son sac. L'horloge sur le manteau de la cheminée indiquait qu'il ne restait que quelques minutes avant le début des cours. Minerva empoigna son sac, passa une seconde devant le miroir pour s'assurer que son chignon était toujours bien serré, et sortit en refermant la porte derrière elle.

La matinée avait été très mouvementé. Le professeur McGonagall avait dû commencer par retirer un nombre considérable de points à sa propre maison parce que Sirius Black avait fait un croche-pied à Severus Rogue au moment où ce dernier était entré en classe et que James Potter s'était par la suite moqué du Serpentard en déclarant que son nez avait laissé une grosse tache de gras à l'endroit où il avait percuté le sol. Ensuite, le cours double s'était déroulé sans qu'un moment n'ait été perturbé par des boules de papiers froissés, gorgés d'insultes, jetés à travers la classe, puis une nouvelle bagarre s'était déclenchée entre Potter et Rogue durant la période des exercices pratiques. À la fin du cours, le professeur McGonagall fut si énervée qu'elle donna à tous ses élèves un long et fastidieux devoir à remettre pour la semaine prochaine.

― Mmmm, vous, vous semblez de très mauvaise humeur, aujourd'hui.

Le professeur Chourave observait d'un œil scrutateur le professeur McGonagall lors du déjeuner à la Grande Salle.

― J'imagine que la raison est encore Potter et Black ?

Minerva respira profondément en se saisissant de la louche d'une soupière proche.

― Évidemment que c'est encore eux, répondit-elle tandis que Dumbledore, assis à côté d'elle, écoutait d'une oreille distraite. C'est toujours eux. Béni sera le jour où ils cesseront d'enfreindre les règlements. Il ne se passe pas une minute sans qu'ils s'attaquent au jeune Rogue.

― Le truc est de ne pas jumeler les Gryffondor avec les Serpentard dans un même cours, dit Pomona en touillant son café. Moi, par exemple, jamais je n'ai eu d'ennuis. Les Poufsouffle s'entendent très bien avec les Gryffondor.

Minerva eut un petit rire sec.

― Ce n'est pas en séparant leurs deux maisons en cours que cela les empêchera de se taper dessus entre les heures de classe. Vous avez vu le genre de spectacle qu'ils se sont donné ce matin ? C'est déplorable. S'ils ne sont pas bientôt plus sérieux dans leurs études, on finira par les renvoyer. De si grands talents gâchés par autant d'immaturité...

Dumbledore étouffa alors une exclamation amusée dans sa barbe argentée.

― Oh, ne soyez pas si dure, Minerva, dit-il. Pour ma part, je les trouve plutôt attachants. Ils sont encore jeunes et pleins de vitalité. Il faut savoir les pardonner et les laisser s'amuser un peu.

― Justement, il serait temps qu'ils apprennent que la vie n'est pas une partie de plaisir ! Les études, c'est du sérieux ! Au fait, reprit-elle plus calmement, je voulais vous parler, Albus. C'est au sujet de ce que Mr Mulciber a...

Mais elle fut interrompue par un hibou qui atterrit soudain devant elle, dans un bruit sourd, en manquant de renverser sa tasse de thé.

― Qu'est-ce que c'est que ça ? se demanda Minerva dans un murmure pour elle-même. Je n'attendais pourtant pas de lettre aujourd'hui...

Sous le regard intrigué de Pomona et Dumbledore, elle tendit la main et détacha la lettre de la patte du hibou au plumage mordoré, qui reprit aussitôt son envol dans un coup de vent. L'adresse sur l'enveloppe était tracée avec des lettres fines et rondes. Minerva sut tout de suite qui lui avait écrit et son cœur tomba alors comme une pierre dans sa poitrine.

― Qui c'est ? demanda Pomona. Vous êtes toute troublée, tout à coup.

Sans quitter la lettre des yeux, Minerva ouvrit la bouche, la referma, puis l'ouvrit à nouveau en se levant brusquement.

― Ex.. excusez-moi, balbutia-t-elle avant de quitter la Grande Salle d'un pas rapide.

Sa robe voltigeait autour d'elle alors qu'elle se pressait à regagner son bureau. Elphinstone. Elphinstone Urquart lui avait écrit. Rien qu'à penser à ses yeux gris et son sourire charmeur, ces émotions ardentes, celles qu'elle avait pris soin de toujours garder enfouies dans le plus profond de son être, resurgissaient en elle, malgré elle, comme une fontaine. Ses jambes flageolaient et une envie de hurler l'assaillit. Cependant, elle conserva son sang-froid et maintint la tête droite jusqu'à ce qu'elle atteigne son bureau.

Une fois qu'elle eut tourné la poignée, elle referma la porte derrière elle, la verrouilla d'un coup de baguette et se précipita vers sa table. Elle se laissa tomber dans son fauteuil, ouvrit l'enveloppe d'une main tremblante et lut la lettre à voix haute, dans un murmure vacillant, à peine audible :

― Ma très chère Minerva, je suis en Écosse demain matin et je pensais profiter de l'occasion pour venir te rendre visite. Je sais que tu es une femme très occupée, mais accorde-moi au moins un petit moment avec toi. Tu me manques. J'attends ta réponse. Elphinstone Urquart.

La lettre tomba sur le bureau et Minerva se prit la tête entre les mains.

.

― Je n'arrive pas à croire que Potter s'est encore arrangé pour être en retenue ! s'exclama Lily avec colère, alors qu'elle se rendait à la salle commune en compagnie de Mary et Alice. Et en même temps que la soirée de Slughorn, en plus ! On dirait qu'il fait exprès !

― Je sais, Lily, admit Mary d'un air désolé, ce n'est pas juste. Je sais à quel point tu tenais à passer cette soirée avec Potter.

― C'est un enfoiré ! continua Lily, la respiration précipitée. Il ne pourrait pas se contenter de rester tranquille, pour une fois ? Pourquoi faut-il toujours qu'il s'acharne sur Severus ? Je peux comprendre que Severus n'a pas les idées correctes avec ses projets de magie noire, mais est-ce une raison de toujours le harceler ?

― Je sais..., répéta Mary en échangeant des regards avec Alice.

― En plus, lui et son crétin de poteau de Black n'arrêtent pas de faire perdre des points à notre maison ! Après ça, Potter se demande pourquoi je l'ai fusillé du regard pendant tout le cours de métamorphose. Il est tellement bête ! Effronté ! Ignorant ! Et... et...

Mais sa gorge se serra douloureusement et elle ne put continuer. Les larmes inondèrent ses yeux.

― Oh, Lily, dit doucement Mary en s'arrêtant pour l'étreindre. Ne pleure pas.

― Je... je voulais tellement qu'il... qu'il vienne avec moi, sanglota Lily d'une voix étouffée. Je voulais que... que pour une fois il... il cesse de faire l'idiot et... et qu'il soit sérieux... qu'il passe du temps avec moi et... et...

― Je sais...

― Mais il a tout fait foirer ! s'exclama Lily en reniflant. Il a tout fait... foirer...

― Chut..., souffla Mary en lui caressant le dos.

Alice se mordillait la lèvre en fronçant les sourcils.

― Pourquoi ne pas aller expliquer à McGonagall que cette soirée est importante pour toi ? suggéra-t-elle.

Lily releva la tête en laissant échapper un hoquet furieux.

― Oh, elle, elle ne voudra jamais comprendre ! Elle n'écoute jamais personne ! J'ai essayé de la persuader que c'était Mulciber qui avait tout déclenché à cause de son stupide objet de magie noire, mais elle n'a rien fait contre lui. Elle ne lui a même pas enlevé de points alors que Potter est en retenue ! Elle est injuste !

― Elle n'est pas aussi sévère que tu le penses, affirma Alice. Je suis sûre qu'elle voudra reporter la retenue de Potter si elle voit à quel point tu es bouleversée. Tu es une bonne élève qui ne lui a jamais causé d'ennuis, Lily. Elle ferait bien ça pour toi, non ?

Lily réfléchit un instant.

― D'accord, dit-elle enfin, en essuyant ses joues humides. Tu as peut-être raison. Je vais essayer de la convaincre. J'irai à son bureau en fin de journée. Espérons qu'elle accepte sinon je me jette du haut de la tour d'astronomie. Je n'en peux plus de souffrir à cause de lui !

.

C'était la quatrième feuille que Minerva froissait avec exaspération. Elle n'arrivait pas à trouver les mots justes pour faire comprendre à Elphinstone, sans le blesser, qu'elle préférait ne plus le revoir. Elle fut sur le point de déposer la pointe de sa plume sur un nouveau papier à lettres quand on cogna soudain à la porte. Minerva se dépêcha de faire disparaître les boules de papier qui jonchaient son bureau et se redressa sur sa chaise en rajustant ses lunettes sur son nez.

― Entrer ! lança-t-elle sèchement.

Lily s'avança alors dans la pièce en se tortillant les doigts.

― Miss Evans ? s'étonna McGonagall.

― Heu..., hésita Lily, c'est au sujet de la soirée de Slughorn...

Puis elle se rongea un ongle en guettant la réaction du professeur McGonagall. Celle-ci se croisa les mains sur son bureau.

― Ah oui, dit-elle avec une pointe d'agacement dans la voix, le Club de Slug.

Elle avait toujours eu du mal à accepter qu'un professeur se permette d'organiser régulièrement de petits soupers chez lui, réservés exclusivement à ses élèves préférés.

― Compte tenu de vos talents en potion, j'imagine que le professeur Slughorn n'a pas manqué de vous inviter ?

― Oui, répondit Lily. Et... heu... j'avais voulu venir avec... heu...

Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre :

― ... avec James Potter, professeur.

― Je vois, dit le professeur McGonagall qui la dévisageait d'un air sévère derrière ses verres carrés. Et je suppose que vous espérez que je reporte sa retenue ?

Le cœur de Lily battit à toute allure.

― Oui, souffla-t-elle. S'il vous plaît.

― Eh bien, c'est non, Miss Evans, je regrette, déclara McGonagall d'un ton tranchant. La conduite de Mr Potter a été plus que déplacée ce matin et il a largement mérité...

― Mais, professeur ! s'exclama Lily avec vigueur. Vous... vous ne comprenez pas...

― Miss Evans ! gronda le professeur McGonagall, outrée d'avoir été interrompue de la sorte. C'est mon dernier mot ! Maintenant, retournez à votre salle commune.

Lily sentit les larmes lui monter aux yeux, mais parvint à les réprimer. Le visage en feu, elle se retourna vers la porte avec une envie brûlante d'étrangler McGonagall. Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Pourquoi se montrait-elle aussi insensible ?

― Cette soirée était très importante pour moi, expliqua Lily d'une voix tremblotante de colère, les yeux fixés sur la poignée. Ça faisait longtemps que j'espérais inviter James à ce genre de fête...

― Miss Evans..., répéta le professeur McGonagall sur un ton d'avertissement.

― Non, écoutez ! s'écria Lily en se retournant, dans une dernière tentative désespérée. Ça fait des années que je me retiens de lui déclarer ma flamme et c'est à cette soirée que je voulais le faire enfin ! Vous savez sûrement ce qu'est l'amour, non ? Vous savez à quel point ça peut être puissant et obsédant ? Je... je n'en peux plus ! Il faut que je lui dise enfin que je l'aime sinon je sens que je vais éclater ! Alors, je vous en prie, professeur, si vous comprenez ce que je vis, il faut que vous reportiez sa retenue. Il le faut ! Je...

Elle s'interrompit, haletante, impressionnée par sa propre audace. Le professeur McGonagall l'avait écoutée jusqu'au bout sans broncher.

― Miss Evans, reprit-elle calmement, je suis persuadée que ce n'est pas la dernière soirée que le professeur Slughorn organisera. Et si je peux me permettre, je crois que vous vous laissez trop submerger par les émotions. Vous devriez vous concentrer davantage sur vos études. J'ai remarqué que vos notes étaient en baisses depuis quelque temps.

― Mais c'est à cause de lui ! s'exclama Lily en s'approchant du bureau. Il me fait perdre la tête !

Alors, contrôlez-vous ! s'écria brusquement le professeur McGonagall.

Lily s'immobilisa, bouche bée. Elle voulut répliquer quelque chose, mais elle en fut incapable. C'était comme si une balle de tennis s'était coincée dans le fond de sa gorge. Cette fois, elle ne retenait plus ses larmes. Blessée, elle se retourna avec fureur et se dirigea tout droit vers la porte. Derrière elle, il y eut un bruit sourd, comme si elle avait accroché quelque chose sur le bureau en faisait volte-face, mais elle ne s'arrêta pas.

Dès que la porte claqua, Minerva poussa un long soupir, se passa une main dans le visage et serra les mâchoires de toutes ses forces pour s'empêcher de fondre en pleurs. Finalement, elle alla directement se coucher sans rien écrire à Elphinstone, sans même prendre la peine de ramasser la pierre noire qui s'était fendue en deux lorsqu'elle avait heurté le sol au pied du bureau.


Merci d'avoir lu ! ^^

J'espère que ce premier chapitre vous donne envie de connaître la suite et que vous resterez avec moi jusqu'à la fin.

Je vous fais des gros bisous !