NDA : Vous pourrez trouver cette histoire sur le blog skyrock du MissingxWorld ; nul plagiat, il s'agit de mon propre blog.
Ceci est une fanfiction ; tous droits réservés à J.K Rowling.
/!\ POUR UN PUBLIC AVERTI /!\
SCÈNES POUVANT CHOQUER LES TROP JEUNES LECTEURS
Jeux Interdits
Qu'il était laid.
Lui, avec sa peau si pâle.
Avec ses yeux injectés de sang.
Et ses veines saillantes aux allures de cicatrices.
Difforme.
Voilà ce qu'il était.
Trop grand. Trop maigre.
Et ce nez qui n'était presque plus.
Défait par un enfant.
Un nouveau né.
Et cette guerre qui durait.
Où était la victoire rapide qu'il aurait dû avoir ?
Mangemorts incompétents.
Infichus de tuer un jeune sorcier.
Mais il était Lord Voldemort.
Lord de toute chose.
Lord de tout être.
Y compris d'Harry Potter.
Le Survivant.
Il n'était qu'un contretemps.
Qu'un vague obstacle sur son chemin.
Qu'une vague rumeur de défaite.
Un Horcruxe.
Que ne l'avait-il vu plus tôt ?
Aveugle orgueil.
Il ne pouvait détruire ce qu'il avait créé.
Et qu'était-il ?
Laid.
Difforme.
Défait par un enfant.
Mais c'était vaincre ou mourir.
[... ... ...]
Harry écoutait vaguement le cours. Ni trop peu ni assez. A peine intéressé mais pas assez ennuyé pour décrocher. Dans l'ignorance des ricanements des Serpentard et des soupirs des Gryffondor. Le regard perdu. L'esprit tiraillé entre deux réalités. Instant réel et immédiat ou souvenir d'une nuit passée dans ses cauchemars. Visions obscures et incompréhensibles dont il ne parlait pas, où devant un miroir s'affichait le visage du Seigneur des Ténèbres : et il restait là. Stoïque. Se fixant. Se détaillant. Pourquoi ?
-Monsieur Potter, puisque que mon cours vous plaît tant, vous serez bien aimable de prendre la porte !
Le Survivant leva les yeux vers son professeur de potions, qui, debout devant sa table, le fixait avec colère. Trop loin de lui-même pour être irrité par les gloussements des Serpentard, il se redressa et se leva lentement. Il dépoussiéra d'un geste las la poussière sur ses manches et laissa tomber son regard sur le sol gris de la salle. Il suivit les lignes des dalles jusqu'à la porte et ses yeux gravirent les nervures du bois jusqu'à la poignée. Tout cela semblait si loin. La distance paraissait si grande.
-Monsieur Potter ! Pourriez-vous vous dépêcher ?!
Alors le Garçon-Qui-A-Survécu fit un pas et se sentit mal. Il en fit un autre et une odeur de mort le saisit. Un troisième et du sang lui monta des entrailles à une vitesse et en telle quantité qu'il tomba à genoux, une main inutile devant la bouche. Les gloussements cessèrent au fur et à mesure que le Survivant toussait et crachait ce sang qui l'étouffait. Des cris fusèrent puis quelqu'un sortit en courant sous un ordre beuglé par le professeur.
-Harry ! Harry ! L'appelait Ron.
Mais le Garçon-De-La-Prophétie n'entendait qu'un bruit sourd. Enfin, un larsen l'accabla de toute sa puissance et une part de lui fut comme fusillée. Et c'est seulement après cela que son corps cessa de le faire souffrir. Un poids avait été comme arraché à son existence et de cette brutalité ne subsistait aucune douleur. Le Survivant laissa retomber sa main peinte de rouge sur le sol baigné de sang et prit une grande inspiration. Ses poumons enfin gorgés d'air, il brisa le silence de mort qui régnait dans la pièce en déclarant avant de s'effondrer.
-Je ne veux plus jamais... jamais me battre.
[... ... ...]
Harry se réveilla en sursaut et se redressa en poussant un hurlement. Affolé, il se jeta hors des draps et tituba vers la porte de l'infirmerie, mais il se retrouva plaqué sur le sol avant de l'atteindre. Il commença aussitôt à se débattre.
-Harry ! Arrête ! C'est moi ! C'est Ron ! Harry, calme toi !
Reconnaissant la voix de son meilleur ami, le Survivant cessa progressivement de bouger. Les yeux écarquillés, la respiration saccadée, il regarda Ron se relever et lui tendre la main. Tremblant il la saisit et se remit debout à son tour. Il put alors voir qu'Hermione se trouvait près du lit qu'il venait de quitter. Une porte claqua alors au fond de l'infirmerie et arrivèrent presque aussitôt Dumbledore, McGonagall, Snape, et Pomfresh. Celui-Qui-A-Survécu recula d'un pas avant de se liquéfier. Il recula d'un autre pas tandis que ses lèvres s'étiraient pour former un large sourire. Un troisième mouvement de recul plus tard, il éclatait de rire devant les airs effarés des personnes présentes.
Il rit tant et si bien que ses côtes commencèrent à le faire souffrir et que des larmes vinrent perler au coin de ses yeux. Bientôt, il se laissa glisser sur le sol et continua de rire, roulé en boule sur les pierres froides. Les professeurs et ses amis durent attendre de longues minutes avant que le Garçon-De-La-Prophétie ne retrouve un semblant de calme. Intimant le silence aux autres d'un regard, Pomfresh s'approcha et demanda doucement :
-Harry, tu te rappelles de ce qui t'est arrivé ?
Le Survivant perdit son sourire dans la fraction de seconde qui suivit et répliqua :
-D'absolument tout. Des bruits de combat, des bruits de pas dans les escaliers, ma mère qui s'effondre, une baguette qui se pointe sur moi, une douleur insupportable et un flash dans un bruit d'explosion. Puis un homme qui pleure.
Il ne put s'empêcher de recommencer à rire.
-Oh, putain, si j'avais su...
Pour se refaire sérieux aussitôt et planter un regard haineux sur son professeur de potions.
-Que vous me détestez juste parce que vous n'avez pas été foutu de séduire ma mère ! Vous croyez quoi ? Que j'ai demandé à être le fils de James Potter ? Que j'ai demandé à lui ressembler ? Que j'ai demandé à être la cible d'une prophétie ? Et que j'ai demandé à survivre à ce putain de Kedavra ?!
Il se prit la tête entre les mains.
-C'est pas vrai ! J'ai pas grandi avec des couverts en argent et dans des draps de soie ! Vous entendez ?! Arrêtez de parler de ma prétendue vie de rêve ! Ce n'était pas vous sous les coups ! Ce n'était pas vous dans le noir ! Et les insultes ! Et les humiliations ! Et quand j'ai cru que tout allait s'arranger, parce que j'ai appris que j'étais un sorcier et que j'allais m'éloigner de cette « famille », il a fallu que vous les remplaciez !
Le Survivant se leva d'un bond et poussa un cri rageur.
-Et faudrait que je risque ma vie pour sauver des sorciers comme vous et des Moldus comme les Dursley ?! Je ne veux plus être le Survivant ! Plus être le Garçon-De-La-Prophétie ! Et même plus être un Potter ! Je veux juste être moi ! Un sorcier comme un autre ! Un pauvre type sans passé et sans avenir mais qui peut vivre son présent comme il l'entend ! Vous comprenez ?! Je ne veux être personne !
A peine eut-il terminé sa phrase qu'il repartit dans un fou rire, et euphorique, dit :
-C'est ça ! Plus personne ! Ne plus être personne ! Ah ! C'est exactement ça !
Il fonça vers la table de nuit à côté de son lit et se saisit de sa baguette qu'il tourna contre lui en hurlant :
-OUBLIETTES !
[... ... ...]
Lorsque Draco arriva au manoir, tous les Mangemorts comprirent que quelque chose n'allait pas. Bras droit du Seigneur des Ténèbres, il se contenta d'ordonner :
-Je dois parler au Lord, tenez vous à l'écart.
L'Héritier des Malfoy, fort de son rang privilégié, alla droit à la chambre de Voldemort et entra sans même s'annoncer. Ce qu'il vit le stupéfia alors. Sur le lit se trouvait étendu dans les robes du mage noir un adolescent pour lequel les vêtements étaient donc trop grands. L'intrusion du Mangemort avait attiré son attention et Draco vit se braquer sur lui des yeux rubis. Leur propriétaire se redressa lentement et ce n'est qu'à cet instant que le contraste des cheveux de geais avec la peau de cadavre saisit le jeune Malfoy.
-Maître ? Osa demander Draco, en proie à un doute terrible.
-Je n'en suis pas sûr moi-même..., murmura Voldemort d'une voix aussi faible que différente de son habituel sifflement malsain.
-Que vous est-il arrivé ? L'interrogea le Mangemort.
Voldemort lui fit signe d'approcher et il obéit.
-J'ai... réuni tous les morceaux de mon âme.
-Mais pourquoi ? Vous étiez immortel ! S'exclama Draco.
-Si j'avais tué Harry Potter alors qu'il avait en lui un fragment de moi, ç'aurait été donner la victoire à nos ennemis. Et je ne pouvais reprendre cet éclat d'âme sans les appeler tous.
Cela rappela à Draco la raison de sa venue.
-Monseigneur, je venais vous voir pour justement vous parler d'Harry Potter.
-Ah... Je t'écoute.
-Il a, sans raison, manqué de se vider de son sang en cours de potions avant de s'évanouir. Puis, à son réveil, il a complètement perdu la tête et s'est jeté un Oubliettes.
Un long silence succéda à cette réplique durant lequel le Lord Noir se laissa retomber sur ses oreillers, l'air profondément contrarié, puis la fatigue l'emporta sur la mauvaise humeur et il soupira :
-Bien qu'il ne s'en rappelle pas : il reste Harry Potter, et il doit mourir.
Draco serra discrètement les poings.
-Dois-je m'en occuper ?
-Non... J'ai d'autres projets pour toi. Je m'occuperai du jeune Potter moi-même.
-Comme il vous plaira, dit Draco en se détournant.
-Draco..., l'appela le Voldemort.
-Oui, Maître ?
-Serais-tu capable de donner ta vie pour moi ?
-Évidemment, répondit le Mangemort sans la moindre once d'hésitation.
Cela fit rire jaune le Seigneur Noir.
-Combien de mes partisans seraient capables d'un tel dévouement ?
-Il y a ma tante.
-Bellatrix est folle, contra Voldemort.
-Alors il n'y a que moi.
-Ah..., souffla le plus puissant des mages noirs, une telle franchise... Pourquoi es-tu si différent des autres ?
Draco sourit doucement.
-Tout ce qu'un Malfoy entreprend doit être parfaitement accompli, même si cela est mal, et un Malfoy n'a qu'une parole. J'ai juré de vous servir : aussi ferai-je le mal de toutes mes forces jusqu'à ce que la mort m'arrête.
-Pourtant tes parents me craignent.
-Mais je ne suis pas mes parents.
[... ... ...]
S'étant réveillé seul, Harry était parti se promener dans les couloirs sans demander son reste. Ses grands yeux verts heurtaient chaque armure, chaque tableau, avec un émerveillement nouveau. Il se moquait de cette impression de déjà vu persistante, comme de celle d'ignorer quelque chose d'important. Quoique cette dernière n'était pas une impression : il savait qu'il lui manquait des souvenirs. Il avait tenté de se rappeler en vain d'où il venait, où il était et de ce qu'il venait y faire. Tout ce qu'il pouvait dire était qu'il était Harry, un sorcier, et qu'il se sentait bien.
C'est alors qu'il entendit des cris. Il se dirigea vers eux et fut bientôt l'un des nombreux spectateurs d'une bagarre entre un type en vert et argent et un autre en sang et or. Il observa la lutte, déçu par quelque chose qu'il ignorait. Il écoutait les insultes qui fusaient entre deux hurlements en soupirant à chacune d'elles, puis finit par se désintéresser du combat et tourna les talons sans même qu'on ait remarqué sa présence.
Il avait besoin d'air. Ainsi, tout ce qu'il voulait à présent était trouver le chemin de la sortie. Il y parvint avec une facilité qui l'étonna lui même et se rendit jusqu'à la Forêt interdite dans laquelle il entreprit de se promener. Il passa près du nid d'Acromentules sans prendre en compte le danger qu'il courait, ignorant les murmures lugubres qui s'en échappaient. Il entendit de lointains bruits de cavalcades : sans doute une troupe de Centaures.
-Eh ! L'interpella alors une voix.
Harry s'arrêta et se retourna. Un jeune homme, probablement du même âge que lui, lui faisait face. Il avait des cheveux mi-longs d'or et d'incroyables yeux d'argent et était vêtu du même uniforme que l'un des deux combattants.
-Tu ne devrais pas être ici, c'est dangereux, le prévint-il.
Harry pencha la tête sur le côté.
-Et qu'est-ce qui me dit que tu n'es pas plus dangereux que ce danger que tu prétends être en train de me guetter ?
Le Mangemort et celui qui fut le Survivant se fixèrent avec insistance, les regards pleins d'un intérêt nouveau l'un pour l'autre. Alors le Garçon-Qui-A-Survécu s'approcha du Serpentard sans le lâcher un seul instant des yeux, s'arrêta quelques secondes à un mètre de lui puis lui passa à côté pour prendre le chemin du château. Draco se détourna pour le suivre et surveiller que rien ne lui arrivait en chemin se sentant étrangement coupable de la plus odieuse des trahisons.
Le Seigneur des Ténèbres lui avait ordonné de le protéger jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour aller jusqu'à lui et le tuer mais l'ignorance d'Harry sur qui il était donnait à Draco l'impression de contribuer à l'assassinat d'un enfant blessé déjà à terre. Certes, il était un Mangemort, il était entraîné pour tuer, voire torturer des innocents désarmés, c'est pourquoi il était capable des pires atrocités, mais cela ne voulait pas dire qu'il pouvait les commettre de sang froid. Le pire étant sans doute qu'il avait depuis longtemps cessé de détester Harry et qu'il voulait pour son rival de toujours une mort digne de sa grandeur d'âme car, il le reconnaissait, il respectait énormément le Survivant.
[... ... ...]
Voldemort attendait adossé à un arbre. Le Survivant ne devait pas tarder : Draco lui avait certifié qu'il faisait tous les jours le même trajet dans la Forêt interdite. Mais il détestait attendre et poussait régulièrement des grognements exaspérés. Il sortit sa baguette et commença à la faire tourner entre ses doigts. C'est alors qu'un craquement de brindille le fit sursauter. Il jeta un regard vers la source du bruit et transplana aussitôt. Il entra comme une furie dans sa chambre où l'attendait Draco.
-Maître ? S'inquiéta le Mangemort en voyant l'état de son Lord. Que s'est-il passé ?
-RIEN ! Hurla-t-il, en réponse. RIEN DU TOUT !
-Mais-...
-SILENCE !
Le Mangemort se tut, stupéfié par une telle perte de sang froid de la part d'un homme tel que son maître. Il attendit, prêt à se défendre, que le Lord Noir se calme. Quand se fut fait, il s'approcha prudemment du puissant mage noir qui s'était laissé glisser le long d'un mur, comme anéanti. Le regard carmin était comme perdu dans le néant.
-Je n'ai pas pu le tuer..., gémit Voldemort.
Draco en resta pantois.
-Tu entends, Draco ? Je n'ai pas pu tuer Harry Potter. Il était là, j'étais prêt, mais à la seconde où je l'ai vu, j'ai su que ça serait impossible.
-Vous... voulez-vous alors que je le fasse ? Proposa le Mangemort qui retrouvait peu à peu un air neutre.
-Non ! S'exclama Voldemort. Tu ne comprends pas ! Je ne veux pas qu'il meurt !
-Vous avez raison : je ne comprends pas.
Le Lord attrapa Draco par le col, le tira vers lui, et déclara, affolé, les yeux écarquillés et butant sur ses mots :
-Mais si t-tu sais bien ! C'est le... le cœur ! Quand il s'emballe si fort et q-que tu sais que rien ne sera plus jamais pareil ! Q-quand le corps s'embrase sans raison alors q-que tu n'as même pas... même pas croisé son regard ! Quand t-tu as si chaud, si froid, et surtout si p-peur ! Tu te rends compte ?! J'avais peur ! Pourquoi avais-je peur ?! NON ! Ne me réponds pas ! J-je le sais très bien ! Mais pourquoi ?! Comment ?! Et q-que faire ?! QUE DOIS-JE FAIRE ALORS QU'IL N'Y A RIEN A FAIRE ! CET ENFANT M'A-T-IL ENCORE VAINCU ?! JE REFUSE ! TU ENTENDS ! JE REFUSE DE PERDRE PAR AMOUR !
C'est à cet instant que Draco comprit qu'il n'avait plus affaire avec le plus puissant mage noir de tous les temps mais à un criminel immortel redevenu un humain adolescent et étant incapable de gérer des émotions et encore moins des sentiments qu'il n'avait jusqu'alors jamais ressentis. Mais, alors qu'il cherchait ses mots, le Seigneur Noir tira un peu plus sur ses vêtements jusqu'à ce qu'ils soient assez proches l'un de l'autre pour pouvoir lui murmurer à l'oreille :
-Je le veux.
[... ... ...]
Harry. Qui était Harry ? Lui ? Pourquoi ? Harry comment ? Et qui étaient tous ces gens ? Ron, Hermione. Tous. Pourquoi ? Pourquoi y avait-il toujours un Ron et une Hermione pour l'attendre au détour d'un couloir et lui proposer de l'aide ? Pourquoi y avait-il toujours un Ron ou une Hermione pour le regarder avec tristesse ou compassion ? Il n'était qu'Harry. Pas un prince à protéger, pas un chevalier à regretter. Juste Harry. Alors pourquoi y avait-il toujours un Ron ou une Hermione pour murmurer des survivants ? Des élus ? Des Potter ? Il n'avait survécu à rien ! N'avait été élu par personne ! Et le mot « Potter », ne lui inspirait qu'une irrépressible peur. Il était Harry, voulait être Harry, mais seulement Harry, le sorcier Harry, l'être humain Harry, ou alors Harry. Un nom, un de plus parmi tant d'autres. Harry. C'était joli, après tout. Harry, ça sonnait un peu « ami ». L'ami Harry. Ça, ça lui plaisait !
-Mystère ! S'exclama Harry en sautant au cou de Draco.
Le Mangemort laissa Harry l'étreindre sans pour autant rendre le geste.
-Ne crie pas, nous sommes dans une bibliothèque. Et arrête de m'appeler comme ça.
Harry s'assit sur une chaise juste à côté.
-Tu seras Mystère tant que tu ne m'auras pas dit ton nom.
-Et mon nom ne te regarde pas.
-Pourquoi ?
-Je te l'ai déjà dit.
-Dis, dis. Si je ne venais pas te voir, tu le ferais ?
-Non.
-Dis, dis. Nous sommes amis ?
-Non.
-Tu n'es pas mon ami ?
-Non.
-Moi je suis le tien. Qu'est-ce que tu lis ?
Tous les mots de la phrase que Draco lisait se mélangèrent et le scénario du livre qu'il avait entre les mains lui sembla tout à coup bien obscure.
-Qu'est-ce que tu viens de dire ?
-« Qu'est-ce que tu lis » ?
-Avant ça.
-« Moi je suis le tien ».
-D'ami ?
-Oui.
Draco pouffa.
-Je ne suis pas sûr que tu saches bien ce que ce mot veut dire.
-Si, je sais ! Fit Harry, légèrement vexé.
-Alors tu choisis très mal tes fréquentations. Pourquoi ne restes-tu donc pas avec Ron et Hermione ?
-Il y a tellement de Ron et d'Hermione. Ils sont tous les mêmes. Et pas un ne me reconnaît. Ils disent « Harry » mais ils voient quelqu'un d'autre.
-Ah bon ? Qu'est-ce qu'ils voient, selon toi ? Demanda Draco en recommençant le livre du début.
-Quelqu'un comme eux. Quelqu'un qui les comprend. Quelqu'un qu'ils voudraient voir à ma place. Mais pas moi.
-Et qu'est-ce qui te fait dire que je ne voudrais pas voir quelqu'un à ta place aussi ?
-Ils ne t'aiment pas.
Le Mangemort sourit.
-C'est vrai.
Il referma le livre en montra la couverture à Harry.
-Je lis « Le dragon qui aimait un homme », par Silae Igiai.
Harry prit le livre et le retourna pour en lire le résumé puis il leva les yeux vers Draco.
-Pourquoi lire quelque chose d'aussi triste ?
Le Mangemort reprit son bien et en caressa distraitement la couverture.
-Moi... Je ne crois pas tous ceux qui disent que les dragons sont indomptables...
Un sourire éclatant étira les lèvres d'Harry.
-Tu as raison ! Il faut comprendre pour donner son affection, et les gens ne veulent jamais comprendre !
[... ... ...]
Harry n'était pas discret, et pas assez stupide pour l'ignorer, alors c'est sans faire le moindre effort de discrétion qu'il se mit à suivre, entre les arbres de la Forêt interdite, ce type qu'il ne connaissait pas. Il n'était pas non plus assez idiot pour croire que l'autre n'avait pas remarqué sa présence mais ne se demandait tout de même pas pourquoi il le laissait ainsi le pister. Les deux jeunes hommes firent ainsi une longue marche, l'un les yeux rivés sur le dos de celui devant lui, l'autre le regard pointé vers l'horizon brumé des bois. Les brindilles craquaient sous leurs pas. Les animaux se taisaient à leur passage.
-Je suis Tom Elvis Jedusor, fit alors l'inconnu sans se retourner.
-Je suis Harry, répondit ce dernier.
-Tu sais où nous allons ?
-Non.
-Alors pourquoi me suis-tu ?
-Et toi, tu le sais ?
-Nulle part.
-Moi aussi.
Tom se tut, ne sachant que dire d'autre, et continua d'éloigner Harry de Poudlard. Il ne fallait pas qu'on les trouve ensemble. Il ne fallait pas... tellement de choses. Les pensées du mage noir s'entre-choquaient dans un chaos aussi extrême que l'était le silence autour d'eux. Alors, il ne sut pourquoi, il s'arrêta, se retourna brusquement et dit :
-Chambre des Secrets.
Avant de transplaner.
[... ... ...]
Lorsqu'Harry arriva dans la Chambre des Secrets, il se retrouva seul devant le cadavre du Basilic alors même qu'il était évident que quelqu'un était passé avant lui pour lui ouvrir les portes.
-Tu es en retard, fit cependant Tom en sortant de l'ombre.
-J'ai été manger, puis il y a eu le couvre-feu. Il a fallu attendre que tout le monde dorme puis trouver le chemin de cet endroit. Le nom me disait quelque chose mais j'ai mis un moment à me rappeler de la route à suivre.
Tom, qui se moquait parfaitement des explications du plus jeune, s'approcha et vint déposer ses lèvres dans sa nuque. Harry sourit, toucha furtivement la main de Tom et s'enfuit en criant :
-C'est toi le chat !
Tom, sans réfléchir, partit à la suite d'Harry. Il le poursuivit. D'abord jusqu'à l'entrée de la Chambre, puis à celle des toilettes. Ils arrivèrent dans les couloirs qui se mirent à résonner du bruit de leur course. Ils firent un détour à l'extérieur, allant même jusqu'à l'orée de la forêt, mais le froid les fit retourner à l'intérieur où Tom rattrapa enfin Harry. Il le plaqua à un mur et dut faire face aux cheveux emmêlés plus que de raison de sa proie ainsi qu'à son teint rougi par l'effort.
Il se sentait terriblement attiré par ce qu'il avait devant lui. Quelque chose qu'il avait malgré lui contribué à façonner, puis à détruire... Quelque chose qui l'avait presque tué puis dont il avait eu besoin pour revivre. Quelque chose pour laquelle il ne comprenait pas cette attirance et encore moins cet amour. Mais quelque chose qui était là, irrésistiblement essoufflé, et qui ne repoussait pas la proximité qui s'était installée entre leurs deux corps échauffés. Alors, il céda et laissa ses lèvres rencontrer celles d'Harry.
La sensation fut électrisante et il ressentit aussitôt le besoin d'approfondir le baiser. La main gauche dans la nuque d'Harry, la droite sur son épaule, il le serra contre lui et glissa sa langue dans la bouche de celui qui fut son pire ennemi. Il put alors goûter à une fraîche saveur mentholée tandis qu'ils glissaient lentement le long du mur pour finir allongés sur les dalles gelées. Harry posa alors une main sur son épaule et commença à le repousser, mais il s'entêta dans sa fougue. Cependant, il finit par s'éloigner quand Harry insista en lui donnant une suite de légers coups.
Il put alors voir les perles au bord des yeux d'émeraude et se fut comme une douche froide. Et même, se fut comme un couteau en plein cœur : il avait sous lui l'appel le plus pur aux plaisirs de la chair mais ne pouvait y succomber, sous peine de s'en voir à jamais interdit.
[... ... ...]
Tom déposa Harry près du Basilic et ils s'adossèrent tous deux à la vieille chair écailleuse. Énervé car frustré, il préféra ne rien dire, de peur de se montrer violent dans ses propos. Aussi restèrent-ils assis l'un à côté de l'autre, dans un silence de mort. Puis, ennuyé, Harry finit par se tourner légèrement, de manière à pouvoir laisser reposer sa tête sur le Basilic tout en caressant la carcasse sans vie. Sans en connaître la raison, le grand reptile lui inspirait autant de pitié que de culpabilité. Ses réflexions dérivèrent un instant vers Draco puis formèrent un parallèle dont l'interrogation prit aussitôt forme verbale.
-Tom... Tu connaissais ce serpent ?
-Disons que c'était un héritage familial important.
-Tu l'aimais ?
Tom soupira.
-On ne peut pas dire ça. Mais il était utile.
Sa réponse ne convint absolument pas à Harry qui délaissa le Basilic pour venir se placer entre les jambes de Tom et accrocher le rubis tranchant de ses yeux.
-Tu l'aimais ?
Mais Tom n'avait plus d'yeux que pour les iris vertes qui le fixaient.
-Tu l'aimais ? Se borna à vouloir savoir Harry.
Cependant, voyant que Tom s'obstinait au silence, Harry, conscient qu'il générait de fortes émotions chez son aîné, lui offrit un chaste baiser.
-Je croyais que tu ne voulais pas, fit alors Tom dont le baiser avait délié la langue.
-Ça dépend. Est-ce que tu l'aimais ?
-Quel rapport ?
-Aucun, gloussa Harry avant d'embrasser une seconde fois Tom mais cette fois sur la courbe de la mâchoire.
-Très bien, mais arrête ça.
-Pourquoi ? Se moqua-t-il en descendant le cou de Tom de sa langue.
-Parce que si tu continues, même tes larmes ne me brideront plus.
Harry s'éloigna quelques peu et défia Tom du regard.
-Des larmes ? Quelles larmes ? C'est simplement que tu m'étouffais.
Et sur ces mots, il commença à se déshabiller. Il n'en fallut pas plus à Tom qui tira Harry à lui. Plaçant ses mains de chaque côté de la tête de son cadet : il l'attira pour l'embrasser bien qu'avec beaucoup plus d'attention et de tendresse que la première fois. Il termina de déboutonner la chemise d'Harry puis l'en défit.
Sa bouche quitta aussitôt celle de son futur amant et migra vers sa gorge. Plongeant sa tête dans le creux de son cou, il embrassa tout ce qui pouvait passer à sa portée, poussant le plus jeune à pencher la tête afin de lui offrir un plus large accès à cette zone sensible. Tom semblait vouloir dévorer la moindre parcelle de peau de celui qui fut son ennemi. Personne d'autre que lui ne devait le toucher comme il le faisait maintenant. Ce corps était sien, jusqu'au plus fin et plus fragile cheveu. Pris dans cet élan possessif, il aspira la fine peau entre ses lèvres et la suçota. La sensation était étrange pour Harry, à la limite de l'inconfortable mais il le laissa faire. Ce n'est qu'au bout de longues secondes que Tom libéra la peau meurtrie, satisfait de voir une marque rouge à l'endroit où se trouvaient auparavant ses lèvres.
La vision qu'il avait alors d'Harry aurait déjà dû lui faire perdre la tête. Le visage du jeune garçon était légèrement rougi, son cou orné de la marque de Tom. Son torse dénudé se soulevait au rythme de sa respiration accélérée et son pantalon était déjà déformé par son érection grandissante. Mais, plus que ce corps obscène, c'était l'attitude d'Harry qui lui donnait envie de lui faire l'amour sans répit.
Dès que Tom avait cessé d'explorer sa poitrine, le garçon jadis Élu de la Prophétie avait commencé à se frotter au corps de l'autre, lascivement. Par ce geste, il créait une friction entre leurs entrejambes, qui leur fit pousser des gémissements à tous les deux. Mais ce n'était certainement pas assez pour Tom. Il voulait Harry, il voulait révolutionner son être entier, le posséder, créer entre eux un lien qu'aucune magie ne pourrait imiter.
Il lui fallait plus.
Cédant à son désir, il poussa violemment Harry sur le sol, lui arrachant un hoquet de douleur. Il en profita immédiatement pour glisser sa langue dans la bouche du plus jeune. Le baiser était brûlant, empreint du désir de l'un comme de l'autre. Les mains du dominant caressaient le corps ainsi offert à elles, comme affamées. Tom sentit les muscles d'Harry se contracter quand il s'attarda sur les deux boutons de chair, durcis par le désir. Il se mit alors à jouer avec eux entre ses doigts, rompant le baiser afin d'entendre les gémissements de leur propriétaire. Il ne fut pas déçu, le plus jeune ne retenant pas sa voix. Voulant en entendre plus, il se pencha et en attrapa un entre ses dents, commençant d'abord par de petits coups de dents, qu'il accentua au fur et à mesure que son partenaire gémissait. Ne se retenant plus, il finit par le mordre franchement, faisant lâcher à Harry un petit cri de douleur. Malgré la peine évidente de l'autre, cette réponse plut grandement à Tom, qui recommença.
-Tom... arrête..., supplia Harry.
Douce musique aux oreilles de l'aîné, qui ne s'arrêta absolument pas. Harry finit par attraper ses cheveux et l'éloigner de lui, ne supportant plus la douleur de sa poitrine.
-Tu me fais mal !
Le concerné fut passablement frustré d'avoir été interrompu. Il s'amusait tellement...
Les deux garçons se toisèrent du regard un instant, le visage crispé. Le dominé fut le premier à bouger, glissant son doigt le long du torse de l'autre, jusqu'à son entrejambe. Ses lèvres, auparavant pincées, avaient adopté un sourire charmeur.
-On ne va pas s'arrêter là, hein ? On va continuer à jouer.
Il finit par sortir le membre de son aîné de sa prison de tissu et à le caresser de sa main. Ce contact exquis fit perdre pied à Tom. Il retenait avec peine ses hanches de bouger en rythme avec la main d'Harry, d'approfondir le contact. D'autant plus que le garçon prenait un malin plaisir à varier la vitesse de son mouvement, passant de vigoureux va-et-vient à de lentes caresses. Son sourire semblait avoir doublé, s'amusant clairement des réactions qu'il obtenait. Cela agaça Tom, qui entreprit de lui rendre la pareille. Le cadet eut de fortes rougeurs quand il vit les mains pâles déboutonner son pantalon.
-Tom ! Qu'est-ce que tu-...
-Contente-toi de continuer ! Ordonna le jeune homme aux yeux rouges.
Acquiesçant faiblement, Harry continua son action, tout en regardant le plus âgé commencer à le masturber. Contrairement à Tom, il ne se retenait pas de montrer qu'il appréciait le traitement qu'il subissait. Du bout des lèvres, il murmurait le prénom de l'autre, le suppliait de continuer. Mais les deux ressentaient un plaisir similaire, tous leurs sens étant tournés vers leur vis-à-vis.
Au bout d'un moment, le cadet attrapa la main libre de l'aîné et la porta à sa bouche, se mettant à lécher langoureusement ses doigts. Tom regardait avec fascination les moindres faits et gestes d'Harry. Il n'aurait jamais cru le jeune homme capable d'un tel érotisme, d'une telle sensualité. Cette vision le fit frissonner, ne le rendant que plus désireux encore.
Il finit par récupérer sa main avant de retirer entièrement le pantalon du plus jeune. De plus en plus pressé par l'envie de posséder Harry, il introduisit deux doigts en lui et débuta de rudes va-et-vient. Le dominé se cambra face à la douleur.
-Tom, doucement !
Ne voulant pas être une fois de plus interrompu, l'intéressé finit par obéir, à contre cœur. Il remarqua que son partenaire était passablement tendu et qu'il se retenait de gémir. Tom utilisa sa main libre pour recommencer à le masturber, tout en faisant des mouvements de ciseaux en lui. Le manège dura un temps avant qu'il ne se détende et commence même à soupirer d'aise. Une fois la douleur disparue, Harry entoura la taille de Tom de ses jambes et l'attira vers lui, dardant un regard lubrique sur lui.
-Ça suffit... je veux plus...
Tom sentit son sang bouillonner à ces paroles. Il retira aussitôt ses doigts et se positionna sans attendre à l'entrée du jeune garçon. Ce dernier ressentit encore une fois la douleur de la pénétration, bien plus forte que la fois précédente. Il ne put empêcher des plaintes de s'échapper de ses lèvres serrées, mais cela ne faisait que rendre Tom plus désireux encore. Il était ravi de sentir la moindre courbe du corps sous lui, de sentir le pouvoir qu'il avait sur lui. Il restait le maître, malgré ce désir fou qu'il éprouvait pour son ennemi juré.
Il ne voulait pas attendre que l'autre se soit habitué à sa présence, il le voulait tout de suite, c'est pourquoi il commença à bouger aussitôt. Il vit cependant que son partenaire semblait souffrir, il recommença donc le même manège qu'un peu plus tôt en espérant qu'il finisse par se détendre. Cela prit encore plus de temps, de délicieuses secondes pour l'un, de douloureuses pour l'autre. Mais bientôt, Harry put enfin ressentir le plaisir tant voulu.
L'acte devint alors bien plus sauvage, passionné. Tom ne se maîtrisait définitivement plus, allant et venant de manière saccadée au sein de la personne en dessous de lui. Harry s'accrochait désespérément aux épaules de son vis-à-vis. Il tentait de rapprocher leurs deux corps le plus possible, voulait sentir chaque parcelle de l'autre sur sa peau.
Ils voulaient plus, toujours plus.
Leurs bouches se cherchaient, se trouvaient, s'effleuraient, alors que leur esprit partait dans le vague, dans le flot de sensations qui prenait possession de leur corps. Le plaisir prenait place en eux, à chaque nouveau coup de rein, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus et qu'ils finissent par jouir ensemble.
Ils ne se séparèrent pas tout de suite, restant accrochés l'un à l'autre. Leur respiration finit par se calmer tandis qu'ils reprenaient petit à petit conscience du reste du monde, chose qui n'avait aucune espèce d'importance quelques instants auparavant. Ils sentirent enfin le froid des pierres sur leur peau brûlante. Et, se relevant, ils virent enfin le sang sur le sol humide. Derrière eux, seuls les yeux crevés du Basilic pouvaient voir le dos meurtris d'Harry que les pierres irrégulières et dénuées de pitié n'avaient pas épargné. Et la chair morte fut l'unique témoin de l'étreinte un peu trop amoureuse que les deux amants échangèrent dans l'eau glacée de sa Chambre.
[... ... ...]
Draco observait les autres s'agiter avec une certaine distance. Devant lui, Gryffondor, Poufsouffle et Serdaigle préparaient une guerre sous les regards attentifs de quelques Serpentard hésitants. Draco n'hésitait pas, lui. Caché sous la cape d'invisibilité qu'il avait emprunté à un Harry se moquant qu'il la lui rende ou non, il espionnait sans ressentir une quelconque culpabilité les préparatifs de défense. Il écoutait les plans d'attaque. Et notait, bien qu'avec une certaine amertume, qu'on ne remarquait pas l'absence d'Harry. Seul le Trio d'Or, devenu Duo, semblait quelque peu préoccupé et encore, car cela était par « ce qu'ils allaient bien pouvoir faire sans le Survivant ».
Draco serra les dents : ils réclamaient l'Élu, pas leur ami. N'avaient-ils pas honte ? Harry avait raison : Ron et Hermione... n'étaient que Ron et Hermione, et tous les autres élèves de Poudlard étaient à leur image. Un vent de colère commença à gronder en lui et il dut quitter la salle avant de perdre le contrôle. Ces sorciers, ces humains, ils n'étaient bien tous que des bêtes sauvages ! Des monstres affamés s'arrachant mutuellement des morceaux de chair, ne voyant en leurs congénères que des sacs de viande et faisant valoir l'amitié pour demander le pardon. Ils étaient avides, cupides. Et dangereusement bêtes. Tout comme les Moldus ; ils devaient disparaître.
[... ... ...]
Tom était euphorique lorsqu'il rejoignit Draco dans la Forêt interdite.
-Il est à moi ! Je l'ai pris ! Tu entends ? Il a gémi pour moi ! Il a supplié ! Il n'a eu de cesse de répéter mon nom ! Il m'appartient ! Est-ce que tu te rends compte ? Il a ouvert les jambes pour moi et il m'a demandé de le prendre !
-Maître, dit sombrement le Mangemort, vous lui faites du mal.
Le Lord Noir s'assombrit à son tour et darda sur Draco un regard assassin, mais l'Héritier des Malfoy ne se démonta pas.
-J'ai vu Harry, ce matin, quand je suis passé lui demander sa cape d'invisibilité. Je l'ai aidé à s'habiller, Maître. Et même s'il souriait, même si cela semblait lui passer au-dessus de la tête... Vous lui faites du mal, Maître ! Prenez-en conscience ; il n'est plus Harry Potter ! Il est juste Harry, et il est fragile !
Les yeux de rubis se mirent à nouveau à rire et Tom s'approcha de Draco. Leurs lèvres se frôlèrent et le Seigneur des Ténèbres vint glisser une main sur le visage du blond avant qu'il n'aille susurrer au creux de l'oreille de son Mangemort :
-Tu es beau, Draco. Je dirais même que tu es d'une beauté telle que tu n'aurais aucun ennemi si tu laissais un sourire... un seul véritable sourire étirer ces lèvres qu'aucun être en ce monde ne peut prétendre ne pas avoir vu dans ses fantasmes les plus fous. Malheureusement... Je n'éprouve aucun désir d'y goûter. J'ai mieux... J'ai tellement mieux... Et je n'y renoncerai pour rien au monde. Et si j'ai envie de le faire crier, hurler, de plaisir comme de douleur alors je le ferai. Et ni toi, ni personne ne m'en empêchera.
Tom recula et s'exclama :
-Bien ! Maintenant que ce... détail, est réglé, nous allons pouvoir parler de la guerre.
Draco, qui avait glissé la main dans sa poche, se fit violence pour lâcher sa baguette et paraître aussi calme que possible alors que son corps entier ne pouvait être plus crispé.
-Les préparatifs stagnent. Sans Harry pour les guider, l'Armée de Dumbledore n'est rien. Les professeurs tentent bien de maintenir les choses, mais ils y vont à la force du désespoir. Ils n'ont plus d'Élu, plus de moyen de vous tuer, et donc : plus de moyen de gagner. Tant, bien sûr, qu'ils ignoreront votre état.
-Bien. Tu diras à Bellatrix d'organiser des attaques contre les Moldus. Qu'elle fasse à sa guise mais je ne veux perdre aucun Mangemort. Et que toute attaque contre les sorciers cesse, en particulier ceux de cette école.
-En quel honneur ?
-Je veux qu'Harry en personne mène l'assaut.
[... ... ...]
Draco donna un violent coup dans le mur en poussant un cri rageur. Harry ? Mener une attaque ? Jamais ! Jamais il ne laisserait faire une chose pareille. Si seulement... Si seulement tuer cette vermine de Tom Riddle ne ferait pas tant de mal à Harry, alors il débarrasserait le monde d'un sorcier de plus, et ce, malgré son serment de fidélité. Mais comment, alors, empêcher le Lord d'arriver à ses fins sans lui ôter la vie ? Draco le savait bien. Il devait mener lui-même une armée et accomplir la sale besogne avant. Mais quelle armée ? Il n'y en avait que deux. L'une était son ennemie. Et l'autre ne lui inspirait qu'un profond dégoût.
Il pensa qu'il pourrait agir dans la nuit et tuer les élèves durant leur sommeil, mais il balaya l'idée pour deux raisons. La première était la lâcheté incroyable de cette méthode. Le seconde était la colère du Maître qui le tuerait sitôt qu'il l'apprendrait et Draco ne pouvait se permettre de mourir maintenant. Il avait d'autres projets qu'il ne pouvait abandonner. Mais quel était le plus important ? Ses ambitions personnelles, la guerre, ou protéger Harry ? Il se surprit à penser que si Harry s'était jeté un Kedavra plutôt qu'un Oubliettes, tout aurait été beaucoup plus facile pour lui. Puis il s'infligea une gifle mentale. Il ne pouvait penser ainsi. Harry Potter était son ennemi, pas le Harry d'aujourd'hui. Et s'il ne pouvait être digne de ses amis, comment pourrait-il être digne du futur qu'il voulait forger ?
Le Mangemort prit quelques secondes pour souffler et vider son esprit. Rouvrant ses yeux d'acier, il tira de son sac le livre de Silae qui ne le quittait plus, ainsi que le journal de Riddle qu'il avait dérobé à son père. La Chambre des Secrets. Au pluriel. Jamais quelqu'un d'aussi brillant que Salazar Serpentard n'aurait laissé une chose telle que le nom de l'antre de sa créature au hasard. La Chambre cachait le Basilic, tueur de Sangs de Bourbe et de Sangs-Mêlés, c'était une chose, mais quel était cet autre secret que même son descendant n'avait pu découvrir ? Un Basilic... C'était une créature si rare et si dangereuse, et extrêmement difficile à contrôler, même pour quelqu'un parlant le Fourchelang. Pourquoi prendre tant de risques, simplement pour se débarrasser d'adolescents ? Il y avait forcément autre chose.
Draco, prenant garde que personne ne venait, revêtit la cape d'invisibilité et se rendit à la Chambre des Secrets qu'il put ouvrir grâce au journal car malgré la perte du morceau d'âme qui faisait de lui un Horcruxe, il conservait la force de transférer les capacités de son auteur à son actuel propriétaire comme il l'avait fait avec Ginny Weasley. Passant à côté du Basilic, il remarqua des tâches de sang et un éclair de colère le traversa. Se forçant à en faire abstraction, il leva les yeux vers la sculpture de Salazar Serpentard dont la bouche était grande ouverte. Le Basilic était sorti de là ; c'est pourquoi lui devait y entrer, et peu importait ce qui l'y attendait. Mais le bassin d'eau lui coupait la route. Il déposa son sac et sa cape près du reptile, défit sa robe de sorcier et l'enroula autour des deux ouvrages puis y jeta un sort d'imperméabilité qu'il étendit à lui-même. Enfin, il traversa l'eau qui, sans le mouiller, le mordit de sa basse température.
Il y resta à peine deux minutes mais ce sont les lèvres violettes et tremblant de froid qu'il escalada le bas de la sculpture. Il eut tout juste le temps de voir la trace qu'avait laissé le Basilic en montant et il chuta, tombant dans les ténèbres. Lorsqu'il eut atteint le fond, il faisait si noir qu'il ne voyait pas même ses mains. Il chercha sa baguette à tâtons, touchant on ne sait quoi de tantôt visqueux, tantôt poussiéreux, tantôt dur et sec. Se retenant de vomir et s'interdisant d'imaginer ce dont il pouvait s'agir, le Mangemort continua ses recherches pendant de longues minutes, jusqu'à enfin toucher du bout des doigts l'objet de ses désirs. Illuminant l'endroit d'un sortilège, il découvrit, là où il pensait ne trouver qu'une simple crevasse, une immense salle dont les murs étaient incrustés de divers anciennes écritures et dont la voûte était recouverte de peintures.
Baissant les yeux, il vit que le sol était fait de terre tantôt sèche, tantôt boueuse, dans laquelle on pouvait voir les sillons laissés par le corps du Basilic. De temps à autre apparaissait des morceaux de mue déchirée. Il put faire des liens avec les sensations éprouvées plutôt. Ce qu'il avait pu sentir de visqueux était de la moisissure, de poussiéreux des tas de sables, et de dur et sec des éclats de pierre polie. Il chercha ses précieux livres du regard et alla les ré-enrouler dans sa robe. Il laissa le paquet sur place puis se rapprocha d'une des mues. A bien y regarder, les déchirures qui avaient été pratiquées dedans étaient des morsures, sans doute celles d'un petit animal. Mais elles étaient rares. Cependant, plus il avançait dans la salle, plus elles se multipliaient.
-Je savais bien qu'il y avait autre chose, murmura Draco pour lui même.
Il pria pour que ce ne soit pas un autre Basilic, mais était étrangement confiant à ce sujet. Alors il continua d'avancer et finit par arriver tout au bout de la salle au fond de laquelle se trouvait une petite cavité. Il se mit à genoux et balaya la terre d'une main. Très vite, il toucha du métal. Il posa sa baguette et creusa tout autour jusqu'à dégager un coffre qu'il tira du trou et déposa près de lui. Le fer avait quelque peu rouillé mais un sortilège d'anti-rouille semblait être à l'œuvre ; ce qui expliquait le si bon état du contenant. Le Mangemort fut stupéfait de ne voir aucun cadenas, et, après inspection, de ne détecter aucun sort de fermeture. En y repensant, il était aussi étrange que ce coffre ait été enterré si peu profondément : comme si cela n'avait été fait que pour le cacher à la vue. Alors Draco prit une profonde inspiration et l'ouvrit lentement.
Une larme quitta son œil gauche sans même qu'il ne s'en rende compte et alla s'écraser sur l'un des deux œufs qui reposait sur l'étoffe d'un vert sombre qui rendait à ses occupants le coffre confortable. Des œufs de dragons. L'un était d'un bleu à la fois de glace et de cristal et l'on pouvait, grâce à la transparente pureté de la coquille, apercevoir la forme recroquevillée à l'intérieur. L'autre était fait d'écorce. Quelques feuilles perçaient entre les rainures et de la mousse recouvrait le haut de l'œuf. Draco remarqua alors les vestiges d'un troisième œuf, qui lui avait perdu toute particularité. Le sorcier crut un instant qu'il avait été cassé et que le bébé à l'intérieur était mort mais à bien y réfléchir, si cela avait été le cas, il y aurait des restes du petit corps.
Non, cet œuf-ci avait éclot et le dragon qui y avait été hébergé était sorti du coffre. Alors le Mangemort fit le lien entre cette nouvelle information et les mues dévorées, tandis qu'il se sentait brusquement observé. Mettant les mains bien en évidence, il se retourna avec une lenteur effrayante. Les yeux d'argent rencontrèrent alors un regard rougeoyant empli de peur, de méfiance et de colère. A quelques mètres de Draco, un dragonnet noir lui faisait face. Il avait sur la tête un série de cornes affreusement grosses à la base desquelles coulait du sang. D'autres pics plus ou moins épais poussaient eux aussi sur les ailes, à la base et au bout de la queue, aux épaules, au poitrail, aux coudes et au bas des pattes, lui faisant ainsi d'horribles ergots. Sous ses écailles d'encre ressortaient tout de même des veines rouges où coulait un sang aussi chaud que de la lave en fusion. Le dragonnet ouvrit sa gueule et Draco put voir au creux de celle-ci brûler un feu. Puis il la referma et grogna, faisant sourire le sorcier.
-Tu es un petit combattant, toi. Qu'est-ce que tu fais là, tout seul ? Demanda-t-il doucement en abaissant les mains et en les tendant toutes deux vers l'animal. Regarde. Je suis désarmé. N'aie pas peur.
Le dragonnet ne bougea pas d'une écaille. Il jeta un regard à la baguette puis un autre vers l'entrée de la salle, et reporta son attention sur Draco.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas ma baguette ? On peut s'en éloigner si tu veux.
L'animal n'en fit rien, mais regarda de nouveau l'entrée.
-Tu veux sortir d'ici ? Tu as faim peut-être ? Les mues ne doivent plus te convenir.
C'est en prononçant ces mots que Draco comprit que le Basilic était là pour protéger les œufs des dragons et les nourrir une fois ceux-ci nés. Mais mort... Il devait aussi être là pour leur permettre de sortir le moment venu et de traverser l'eau du bassin. Mais, ainsi livré à lui même, le pauvre dragonnet était bloqué dans cette salle alors qu'il devait être affamé par l'odeur de chair à l'extérieur. Et quand bien même il aurait su nager, il ne devait pas beaucoup aimer l'eau.
-Tout va bien, petite bête. Si tu ne fais pas de moi ton repas, je te ferai sortir d'ici. Je suppose que tu ne sais pas encore voler ? Ah, quelle question bête. Si c'était le cas, tu ne serais déjà plus là.
L'animal bougea enfin. De loin, il entreprit de faire le tour de Draco. Puis un autre, un peu plus près. Et encore un autre, mais toujours à une distance respectable. Il s'arrêta un moment. Recommença en soufflant, reniflant, renâclant. Il gratta le sol de ses griffes, sembla pousser un gémissement et recommença son manège. Il se tendit brusquement et se mit à violemment bouger la tête. Lorsqu'il cessa, Draco reprit la parole.
-Tu as mal ? A tes cornes. Je le vois, tu sais ? Je peux t'aider.
Le dragonnet rejoignit le coffre, regarda Draco et, comme au ralenti, inclina la tête. Draco, qui avait retenu la leçon de l'hippogriffe, en fit de même. Quand les regards de l'adolescent et de l'animal se croisèrent de nouveau, Draco se mit soudainement à pleurer. Il saisit sa baguette, referma le coffre et, suivi de près par le dragonnet, alla récupérer les ouvrages. Puis il posa de nouveau genoux à terre.
-Allez mon grand. Grimpe sur mon épaule. N'aie pas peur de me faire mal.
L'animal obéit, plantant sans hésitation ses griffes dans le bras de Draco pour pouvoir aller se percher sur l'épaule sur laquelle il s'arrima avec force. Le sorcier sentit son sang se mettre à couler, collant sa chemise à sa peau, mais aussi l'incroyable chaleur de la bête qui le fit aussitôt transpirer. Il entreprit alors de remonter la pente de terre, sur laquelle il glissa à plusieurs reprise, manquant de la redévaler. Mais il réussit à la gravir et, vérifiant que ses sorts d'imperméabilité tenaient toujours, se laissa glisser dans l'eau. Sur son épaule, le dragonnet enfonça un peu plus ses griffes mais Draco était assez grand pour que le liquide ne touche pas l'animal. Le sorcier rejoignit son sac dans lequel il glissa les ouvrages.
-Descends mon grand. Il faut que je te dissimule un peu.
Il emmitoufla le dragonnet dans sa robe, puis il se glissa sous la cape d'invisibilité, son sac et l'animal dans les bras.
-C'est parti, mon grand, on va te sortir de toute cette humidité.
[... ... ...]
Le coffre reposait grand ouvert devant la fenêtre de la chambre de Draco. Le dragonnet, lui, était couché sur le lit, mais la tête redressée, et fixait avec suspicion la bassine d'eau près de lui et la serviette qui flottait dedans. Draco soupira.
-Je t'assure que ça va te faire du bien.
Il attrapa le tissu, l'essora, et l'approcha des chairs ensanglantées. Le dragonnet recula sa tête tout en braquant sur la serviette un regard plein de haine. Les griffes ancrées dans le matelas, les ailes grandes ouvertes pour rien, le fier reptile se mit à cracher comme un vulgaire chat face à un autre. Draco sourit, et même plus, il pouffa. Abaissant son « arme », il se pencha et déposa un baiser sur le museau de la bête qui, tout à fait prise au dépourvue, poussa un petit couinement avant que sa queue ne se mette à balayer les draps. Le sorcier pensa avec amusement, que si le dragonnet avait su ronronner, il l'aurait fait. Mais très vite, la fierté fut plus forte que le contentement et l'animal s'éloigna l'air boudeur.
-Très bien, mon grand, voilà ce qu'on va faire. Tu me laisses m'occuper de tes blessures et en échange... je t'emmène en Roumanie.
La bête lui lança un regard septique.
-Il y a là-bas une réserve de dragons. Tu pourras y faire la rencontre de dizaine des tiens. Tu y seras bien mieux nourri qu'ici et tu grandiras en semi-liberté.
Le reptile qui avait semblé intéressé, se renfrogna au dernier propos.
-Mais je ne doute pas un seul instant que tu deviendras très vite assez fort pour t'échapper et vivre comme bon te semble...
Le dragonnet souffla doucement. Voilà qui était un marché acceptable.
[... ... ...]
Dumbledore réclama le silence et les élèves cessèrent de parler et de manger pour écouter leur directeur.
-J'ai... une annonce à vous faire. Il y a quelques jours, votre camarade, Draco Malfoy, est venu me voir.
Il y eut quelques chuchotements.
-Nous avons eu une longue discussion quant à son avenir...
Puis des ricanements.
-Et il a passé ces épreuves scolaires en avance.
La rumeur enfla.
-Il a obtenu ses diplômes et a fait sa valise.
Pour s'arrêter net.
-Il a quitté l'école tôt ce matin, pour rejoindre la réserve de dragons de la Roumanie.
Et reprit plus forte encore. A la table des Gryffondor, Ron avait pâli.
-C'est pourquoi il est inutile de vous inquiéter de son absence. Bon appétit.
La Grande Salle résonna soudain d'un bruit infernal tandis que Ron et Hermione quittait l'endroit en courant. Ils devaient envoyer une lettre à Charlie pour le prévenir.
[... ... ...]
Charlie chiffonna la lettre de son frère et la jeta au feu. Il marcha dynamiquement jusqu'à la cours où nombre de dresseurs s'activaient. Il y avait ceux de corvée de ménage. Ceux qui revenaient de mission. Ceux qui y partaient. Et ceux qui révisaient : soins, dressage, races de dragons, études comportementales. Cela dépendait des activités récentes du dresseur. Ils étaient à peu près deux cents en tout.
-Eh, Charlie, t'as perdu tes capotes que tu fais une tête pareille ?!
Le rouquin fit vaguement un signe de la main à son ami et continua sa route. Lorsqu'il arriva aux portes de la réserve, le dresseur chargé d'accueillir les nouveaux était déjà là.
-Charlie ? Qu'est-ce que tu fous là ?
-Tu sais qui tu viens chercher ? Éluda le Weasley.
L'autre dresseur parût gêné.
-Ouais. Et quelque chose me dit que toi aussi. Comment t'as su ?
-Mon petit frère, Ron, est à Poudlard. Il m'a envoyé une lettre.
-Oh. Écoute, mec, je sais les antécédents entre ta famille et celle des Malfoy. Laisse-moi gérer son arrivée.
-Dis pas de connerie ! S'énerva Charlie. Va prévenir les autres qu'on a un Mangemort parmi nous, et JE m'occupe de « l'accueillir ».
-C'est... mais... Oh et puis merde, fit-il en s'en allant et en laissant Charlie seul.
Le second Weasley le regarda partir puis attendit. Au bout d'un peu plus d'une heure, les lieux résonnèrent des coups du heurtoir. Charlie jeta un œil au judas et grinça des dents. Il ouvrit et laissa Draco passer. Ce dernier soupira.
-Merlin, j'avais oublié qu'il y avait un Weasley ici...
Le dresseur fusilla l'Héritier des Malfoy du regard.
-Monseigneur n'a rien oublié chez maman ?
Draco ignora la pique.
-Où sont mes appartements ?
-Ta chambre, tu veux dire. Ici ce sont des douches communes. Avec des toilettes de dortoirs. Monseigneur va pouvoir s'y habituer ?
-Tant que je ne partage pas ma chambre, ça me va.
[... ... ...]
Draco sursauta quand il sentit quelqu'un tirer sur la poignée de sa valise.
-T'es bien chargé, dis donc ! J'vais t'aider ! Lui dit un grand type châtain aux yeux noisettes.
Le Mangemort lâcha prise : de cette manière, il pouvait tenir à deux bras le précieux coffre. Il était au milieu de la cours et attendait que Charlie revienne avec le numéro de sa chambre avec impatience, bien que n'en laissant rien paraître.
-Je m'appelle William. Tu es vraiment beau, tu sais ?
-Oui, je sais.
-Je n'aurais jamais cru voir un Malfoy ici.
Draco préféra ne pas répondre. Mais que pouvait bien trafiquer ce crétin de Weasley ?
-Qu'est-ce qu'il y a dans ce coffre ?
-Rien qui t'intéresse.
-Wo, pas commode, s'amusa William avant de jeter un œil autour de lui. T'as pas ta bestiole ?
-Ma bestiole ? S'inquiéta Draco.
-Bah, ouais. A Poudlard, vous avez bien une bestiole, non ? Genre, chouette, chat...
-Ah, ça..., soupira le Mangemort, soulagé. Non, répondit-il simplement, bien qu'il rajouta secrètement « elle se serait faite dévorer en cours de route ».
-Ok. Bon, comme tu me plais, j'vais te le dire. Ici, les nouveaux se font souvent maltraiter. Et puis, t'as pas bonne réputation. Donc y'a des chances pour qu'on te colle toutes les taches les plus ingrates possibles à faire sans magie, mais un conseil : dis rien, obéis, fais toi oublier et dans un mois plus personne ne fera gaffe à ton nom de famille.
-J'ai un crâne noir avec un serpent qui lui sort de la bouche de tatoué sur l'avant-bras gauche. Tu crois que si je porte des rubans roses ça passera ? Ne put s'empêcher de demander Draco, l'air tout à fait neutre.
William ne sut comment réagir face au sérieux d'une question pourtant absurde et décida de détourner la conversation. Il passa un bras autour des épaules de Draco en souriant.
-Et sinon, quelqu'un s'est déjà proposé de t'offrir un verre ?
Pour toute réponse, il eut droit à un « ôte tout de suite ton bras de là » agrémenté d'un regard noir, puis Charlie arriva, faisant s'écarter William. Le Weasley indiqua le chemin à Draco et laissa le Mangemort partir devant, le suivant de loin pour pouvoir parler tranquillement avec William.
-Qu'est-ce que tu fais, Will ?! L'agressa presque le rouquin.
-Occupe-toi de ton cul, Charlie.
-Non, putain ! Non ! C'est un Mangemort !
-Un Mangemort loin de son armée. Loin de son Maître. Loin de sa famille de Mangemorts. Et un Mangemort si beau qu'il faudrait être aveugle pour ne pas vouloir coucher au moins une fois avec. Non mais sans rire : tu l'as bien regardé ? J'me fous de savoir combien de gens il a tué : j'veux juste me le taper !
-Contrôle tes hormones : c'est le genre de mec qui te tue dans ton sommeil !
-Bah mon gars, si j'arrive à prendre mon pied avec, j'veux bien crever ! Déclara William, nonchalamment.
[... ... ...]
Draco piqua vaguement dans le morceau de viande devant lui. Il n'avait pas faim. Il voulait juste retourner dans sa chambre et veiller sur les deux œufs restants en attendant que tombe la nuit pour pouvoir sortir récupérer son dragonnet et le faire discrètement rentrer dans sa chambre. Pas qu'il s'inquiétait pour le reptile : sur le chemin de la Roumanie, ce dernier avait appris à voler et à chasser. Et même si ce n'était pas un grand voltigeur, et que ses proies restaient du petit gibier, si Draco se faisait du souci, c'était pour les dégâts que pourrait causer l'animal. Draco lui avait dit de rester aux alentours de la réserve et de ne surtout pas tenter d'y entrer car celle-ci était recouverte d'une sorte de dôme magique qui faisait effet d'alarme à chaque entrée ou sortie non désirée. Mais il avait peur que le reptile, malgré sa grande intelligence soit trop jeune, ou pour comprendre, ou pour patienter. Et s'il venait à entrer, et à se sentir en danger, Merlin seul savait l'ampleur du désastre qui aurait lieu.
-La nourriture ne convient pas à son altesse ?
-La ferme Weasley.
-Ça suffit vous deux ! S'exclama William en intervenant aussitôt.
Charlie voulut répliquer mais on sonna d'un cor dont le son grave résonna dans toute la réserve. Les dresseurs présents dans le réfectoire se ruèrent à l'extérieur, armés de baguettes et d'autres objets spécifiques à leur travail qui firent frémir Draco. Celui-ci s'élança à la suite de William qui lui expliqua :
-C'est le signal d'une entrée indésirable !
Intérieurement se fut la panique pour Draco.
-Et qu'est-ce que vous faites dans ce genre de cas ?!
-Bah on maîtrise le problème ! Et on fait sonner deux fois pour dire aux autres que y'a pas à s'inquiéter ! Mais t''en fais pas, c'est sûrement un dragon sauvage qui aura été attiré par ceux d'ici ! Ça arrive quelques fois !
Ils ne dirent plus rien et continuèrent de courir, guidé par les signaux de détresse lancés régulièrement par une baguette. Ils arrivèrent bientôt à un bâtiment que Draco reconnut comme étant l'un des dortoirs, et au pied duquel une dizaine de dresseurs avaient formé un cercle et entouraient un dragonnet qui se débattait contre des sorts de paralysie et se heurtait chaque fois qu'il voulait sortir du cercle à un bouclier magique maintenu par d'autres dresseurs.
-Un bébé ! Fit William, presque attendri. Ça va être vite fait !
-Quoi donc ?! S'étrangla Draco.
-Les dragons ont de très bonnes résistances à la magie, il faut les affaiblir par le Stupefix, les confronter au bouclier pour les fatiguer et puis on leur met un gros collier relié à une chaîne proportionnelle. C'est tellement lourd qu'il faut être, pour les plus petits colliers, deux hommes pour le porter. Ça empêche les dragons de redécoller. Bien sûr, ça c'est la méthode pour les petits aventuriers comme notre ami ici présent.
Draco blêmit et jeta un regard horrifié à son dragonnet avant de se mettre dans une rage folle.
-C'EST DE LA BARBARIE ! Hurla-t-il, hors de lui, en poussant violemment William qui tomba à la renverse.
Le Mangemort fonça vers le cercle et le rompit en jetant l'un des dresseurs à terre. Cela brisa la concentration de ceux qui tenaient le bouclier, provoquant la chute de celui-ci. Aussitôt le dragonnet sauta sur Draco, enfonçant sans pitié ses griffes dans son torse pour aller se percher sur ses épaules d'où il poussa son premier rugissement ; lui aussi était fou de colère. Draco brandit sa baguette, menaçant quiconque bougeait.
-NE LE TOUCHEZ PAS !
Dans le silence pesant qui s'était abattu sur les lieux, Draco retrouva lentement ses esprits et, plus lentement encore, baissa sa baguette. Il posa genoux à terre et le reptile sauta sur le sol. L'animal poussa un cri de détresse pitoyable. Le Mangemort sourit.
-Je t'avais dit d'attendre... Mais ce n'est pas grave, je suis là maintenant.
Draco toussa et le reptile poussa un second cri, semblable au premier. Le Mangemort comprit alors que si quelque chose n'allait pas, ça ne venait pas du dragonnet. Alors il baissa les yeux et vit son haut imbibé de sang. Il se sentit alors mal. Et incroyablement fatigué.
-Ça va... C'est rien..., dit-il faiblement tandis que sa vision se faisait floue. Je vais... Je vais bien..., tenta-t-il de rassurer l'animal avant de basculer.
[... ... ...]
Draco revint à lui avec l'impression d'avoir été transpercé par plusieurs lances. Il étouffa un cri de douleur et ouvrit les yeux. Il était dans sa chambre. Il repoussa les draps et se redressa en grimaçant. Il était couvert de bandages et remarqua que ceux de son bras avaient été refais. Puis son regard se posa au pied de son lit où son dragonnet était couché, le fixant.
-Salut, toi, dit-il en tendant la main vers lui.
Le reptile vint consciencieusement se lover sur les genoux de Draco qui fit doucement courir ses doigts sur les écailles brûlantes. D'un Accio, il fit venir le coffre à eux et l'ouvrit. Les deux œufs reposaient sagement sur leur lit de tissu. Le dragonnet vint poser sa tête sur le rebord métallique et souffla. Draco entra dans une longue contemplation à la fin de laquelle il murmura, pensif :
-Ne devrions nous pas te trouver un nom, mon grand ?
Le dragonnet déposa un regard de braise sur le Mangemort.
-Il te faut quelque chose de puissant, non ? Comme... Colère ? Non, ça n'a pas une bonne connotation. Volcan ? Non, ça ne sonne pas bien. Téméraire ? Non, non... C'est trop long. Pourquoi pas Puissance, tout simplement ?
Cela sembla éveiller l'intérêt du dragonnet, mais pas le combler totalement.
-Très bien, alors... Force ?
Le regard du reptile s'embrasa et Draco sourit.
-Alors ce sera Force.
[... ... ...]
Draco marchait, faisant de temps en temps une pause pour que se calme la douleur, puis reprenait sa route à la recherche de quelqu'un qui saurait lui dire où trouver William ou Charlie, ou n'importe qui qui savait quelles étaient ses tâches de la journée. Après s'être levé, il s'était dit que rester dans sa chambre à regarder les œufs ne l'aurait avancé à rien et s'était préparé afin de sortir. Aussi arpentait-il les couloirs, suivi à la trace par Force dont les piques de la queue produisaient un bruit de choc d'acier chaque fois qu'ils rencontraient le sol. Le Mangemort rejoignit finalement la cours centrale où les regards convergèrent vers lui, tantôt méfiants, tantôt intéressés. Finalement, Draco repéra un tableau d'affichage qui se trouva être celui des attributions des tâches : et il devait nettoyer les écuries.
-Des écuries ? Leurs chevaux ne se font pas dévorer ? S'interrogea-t-il tout haut, l'air septique.
-Ce ne sont pas des écuries pour chevaux, répondit Charlie, derrière lui.
Le Mangemort se retourna et demanda, la colère grondante :
-Vous enfermez des dragons dans des boxes ?
-Oui. Les blessés, les malades, les vieux et les nouveaux-nés, pour les protéger de ceux en bonne santé.
-Où est-ce ?
-Je vais t'y conduire. Toi et ta dragonne.
-Il s'appelle Force.
-Elle. C'est une femelle.
-C'est un mâle.
-Une femelle. Elle est tout en longueur.
-Un mâle, le poitrail est trop large.
-Qui es le dragonologiste ici ?! Je te dis que c'est une femelle !
-Et moi je te dis que c'est un mâle !
Les deux sorciers se défièrent du regard, puis Charlie prit le chemin des écuries.
-Même pas foutu d'admettre qu'il a tord ! Cracha le Weasley, excédé.
[... ... ...]
Draco termina d'étaler la paille fraîche dans les boxes puis s'écroula dedans, en sueur : il avait dû accomplir la tâche de façon moldue, s'étant fait « confisquer » sa baguette par Force qui voyait cette dernière comme un bâton à mâchouiller. Charlie lui avait expliqué que les dragons adorait la magie et particulièrement les réceptacles de celle-ci. Laissant le dragonnet dans les boxes, Draco se rendit dans le bâtiment d'en face où se trouvaient ceux ayant des occupants. Il avança lentement dans l'allée bordée de portes gigantesque et se sentit mal pour les dragons piégés à l'intérieur. Weasley pouvait bien dire ce qu'il voulait, et croire que cela était pour les protéger, Draco savait, lui, que ce n'était qu'un mensonge de la part des humains pour cacher leur envie de montrer leur supériorité sur les êtres les plus puissants à avoir foulé cette terre.
Draco arriva devant un boxe d'où provenait des petits cris. Il s'arrêta et avança sa main vers la porte. Il sentit les sorts dont elle était baignée glisser sur sa paume. Dans le boxe, les cris s'intensifièrent. Bientôt, le Mangemort n'entendit plus qu'eux. Les dragons n'étaient pas faits pour grandir enfermés. Ils n'étaient pas faits pour être « protégés ». Ils n'en avaient pas besoin. Ils n'étaient pas non plus faits pour vivre cloîtrés dans des réserves. Ils étaient des seigneurs. Des rois. Les seuls véritables régents de ce monde. Quand, et comment cette race si belle avait-elle pu glisser sur la pente de la captivité ? Quand, et comment les humains avaient-ils pu commencer à infliger un si honteux traitement à ces merveilleuses créatures ? Les dragons étaient des géants. La plus puissante incarnation dans un corps vivant de la magie. Ils devaient être-...
-Malfoy ! L'interpella Charlie, coupant le fil de ses pensées. Retire ta main de là, ordonna-t-il.
Draco baissa les yeux vers sa main et se rendit ainsi compte qu'il avait saisi l'imposant cadenas, s'évertuant sans l'avoir jusque là remarqué à l'ouvrir à coups d'informulés. Il obéit à l'ordre puis sortit, passant à côté de Charlie sans lui jeter un regard. Le dresseur le saisit alors par le bras.
-Ne t'avise plus d'approcher des dragons. Tu n'es pas qualifié pour ça. Et garde en tête que ce sont des bêtes sauvages qui te déchiquetteraient en quelques secondes. Ta petite protégée n'échappe pas à la règle.
-Force n'est pas un monstre. Je ne serais pas si catégorique concernant les humains.
-Tu peux en vouloir au monde entier, Malfoy. Tu peux le haïr. Tu peux vouloir sa perte. Mais si tu deviens un danger pour la réserve, je te tues.
Le Mangemort dégagea son bras.
-Tu ne sais rien des dragons, Weasley. Et tu ne sais rien parce que tu ne veux pas comprendre.
-Ce sont des tueurs. Des bêtes impossibles à dompter. Ta dragonnette adorée.. Est. Une. Tueuse. Tu la trouves mignonne et attachante ? Tu penses l'avoir adoptée et l'avoir domestiquée ? Elle va grandir et elle va grandir vite. Elle ne te rendra rien de ce que tu lui donnes. Elle ne connaît pas l'amour. Quand elle n'aura plus besoin de toi, elle partira. Massacrant tous les plus faibles qu'elle sans distinction d'âge, de sexe et de race. Elle ne connaît ni la peur, ni la pitié. Elle est dangereuse !
-C'est un bébé ! Cria Draco, comme blessé par les mots. Tu veux emprisonner un bébé ! Et tu le dis sans pitié ? Mais vous êtes faits pour vous entendre alors !
-Malf-... !
-Stop ! J'en ai assez entendu ! Fiche moi la paix ! Fit Draco en s'en allant.
-Malfoy ! L'appela Charlie. Malfoy ! Je ne veux pas de cette dragonne dans le dortoir une nuit de plus !
-Je dormirai dehors alors ! S'exclama le Mangemort tandis que Force, baguette dans la gueule, sortait le rejoindre.
[... ... ...]
Draco mangeait, tranquillement assis dans son coin, seul à sa table quand une jeune femme arriva en beuglant :
-COURRIER !
-T'es censée déposer ça aux chambres chérie ! Se moqua un type.
-Figure-toi que je l'ai fait ! Se défendit la fille. Mais j'ai un inconnu !
Et sur ces mots, elle monta sur une chaise et recommença à hurler.
-UNE LETTRE DESTINÉE A UN CERTAIN « MYSTÈRE » ! QUE CELUI OU CELLE QUI SE RECONNAIT VEUILLE BIEN LEVER SES MICHES ET VENIR LA CHERCHER ! J'AI PAS QUE CA A FAIRE !
-Y'a personne de ce nom ici, l'amie ! Répondit quelqu'un.
Les conversations reprirent sous les blagues de certains, les gloussements d'autres et les commérages de quelques filles. Draco se leva en soupirant. Le silence se fit au fur et à mesure qu'il approchait de la factrice. Il récupéra la lettre et retourna à sa place, fermement décidé à tuer Harry dès son retour. L'atmosphère retrouva peu à peu un caractère normal et Draco termina de se nourrir. Puis il quitta le réfectoire et, dans les couloirs, déplia la lettre.
Cher Mystère,
Je crois que la chouette qui va porter cette lettre s'appelle Hedwige. Ron et Hermione semblaient contents de me voir me souvenir de ça : en réalité, c'est Tom qui me l'a dit. Je suis heureux d'être avec Tom. Nous passons le plus clair de notre temps à la Chambre des Secrets, avec le Basilic. Parfois, Tom me parle en Fourchelang, et j'ai l'impression de comprendre. J'ai hâte de te le présenter. Je t'avais fait sa description, une fois, à la bibliothèque, mais tu étais pris par tes révisions et je ne suis pas sûr que tu m'aies écouté. Ce n'est pas grave. Tu reviendras bientôt, n'est-ce pas ? Tu ne m'as pas dit pourquoi tu partais, mais Dumbledore a fait une annonce. C'est comme ça que j'ai su où tu étais.
J'espère te revoir vite,
Harry.
Draco sourit. Bon, il ne le tuerait peut-être pas, finalement. Puis il étouffa un bâillement et conclut qu'il était l'heure d'aller dormir ; d'autant plus que Force devait l'attendre. Mais il devait d'abord répondre à la lettre d'Harry.
[... ... ...]
Draco jeta un regard derrière lui : la réserve était grande et il ne voyait plus les bâtiments. Il devait être à une distance suffisante. Du coin de l'œil, il vit une forêt vers laquelle il orienta sa marche. Devant lui, le soleil terminait de se coucher. A quelques mètres au-dessus de lui, Force planait. Il mit une dizaine de minutes à rejoindre les premiers arbres. Il commença à chercher un endroit où il pourrait se coucher. Il s'enfonça dans le bois, suivi par Force qui s'était posé pour pouvoir rester près de lui. Le coffre dans les bras, Draco marcha jusqu'à arriver à l'orée d'une clairière. Notant la présence d'un vieux chêne entre les racines duquel il pourrait se caler, le Mangemort considéra la place comme judicieuse. Sans oublier qu'il faisait maintenant presque nuit, et qu'il n'aurait pas été raisonnable de continuer à chercher. Il alla s'adosser au tronc et Force vint se rouler en boule contre lui. Le Mangemort posa le coffre sur ses genoux et l'ouvrit. Il s'endormit en regardant les deux étincelles de vie, le sourire aux lèvres.
[... ... ...]
Draco se réveilla le cœur battant violemment, les yeux écarquillés. Les larmes dévalaient ses joues tandis qu'il se retenait de sangloter. Quel horrible cauchemar. Monstrueux cauchemar. Il se rassura légèrement en voyant une boule d'écaille somnolente près de lui. Force était là. Force allait bien. Il se força à respirer. Il chercha le coffre. Celui-ci avait légèrement glissé durant son sommeil mais la racine de l'arbre avait bloqué sa chute et il n'avait fait que se refermer. Draco l'ouvrit et il sentit le froid s'emparer de lui. L'œuf bleu aurait dû dégager de la lumière, et le fœtus à l'intérieur aurait dû être visible. Mais rien de tout cela. L'œuf était terne. Horrible teinte. Monstrueuse teinte. Force ressentit la détresse de Draco et s'éveilla à son tour. Il poussa un couinement de bête blessée en voyant l'état de l'œuf et le Mangemort se leva. Il attrapa délicatement l'œuf et referma le coffre.
-Veille là-dessus..., dit-il à Force. Moi je dois trouver un moyen de sauver ton petit frère.
Et il partit en courant dans la forêt. Une idée. Il lui fallait une idée. Qu'est-ce qui pouvait bien causer l'agonie d'un œuf de dragon ? Le manque de chaleur ? Impossible. L'œuf avait passé il ne savait combien de temps à l'humidité, et Force, qui adorait la chaleur, avait trouvé le moyen d'éclore ! Draco trébucha et manqua de tomber. Il reprit sa course de plus belle, cherchant des yeux une solution. Quoi ? Mais quoi ?! Qu'est-ce qui avait manqué à cet œuf ? Une branche lui fouetta le visage et lui ensanglanta la pommette gauche. Il faisait noir ; il n'y voyait presque rien. Une larme lui glissa dans la bouche et se prenant les pieds dans une racine, il chuta. Se relevant, il passa des doigts paniqués sur toute la surface de l'œuf et ses pleurs redoublèrent.
-Fissuré... Il est fissuré... Non, non... Ne te brise pas ! Par pitié, ne te brise pas ! Implora-t-il l'œuf tandis que quelques larmes percutaient la coquille.
L'œuf s'illumina alors à l'endroit où avait eu lieu chaque impact, et Draco souffla, hébété :
-De l'eau... Il faut de l'eau... De l'eau... Beaucoup d'eau...
Il se figea, tendant l'oreille. Il put alors entendre le bruit d'une rivière, voire même d'un torrent dans la direction duquel il se dirigea. Il courut à en perdre haleine et, arrivé au bord de ce qui était un torrent glacé et rugissant, il se défit de ses vêtements et plongea dans les flots. Il lutta contre le courant et alla s'arrimer à un rocher au milieu de celui-ci. Grelottant et assommé par la douleur à ses blessures, Draco finit par laisser l'œuf lui échapper. Il vit, l'horreur à l'état pur dans le regard, l'éclat bleu filer dans le sens des profondeurs tout autant que dans celui du courant, et un cri mourut dans sa gorge. La question qui demeurait à présent était : suivre l'œuf ou rejoindre la rive ? Il ne parvenait à se résoudre ni à l'un, ni à l'autre.
-Courage... Courage... Courage..., commença-t-il à répéter, comme une prière. Courage... Courage... Courage...
Le froid lui engourdissait les membres, de même que l'esprit.
-Courage... Courage... Courage...
Sa cheville fut comme frôlée par une algue. Il frissonna de l'étrange impression que cela lui procura.
-Courage... Courage... Courage...
Un nouveau frôlement eut lieu et il jeta un regard fiévreux au fond. Il découvrit un dragonnet irradiant d'une lumière bleuté. Il était très fin et possédait une très longue queue. Ses ailes, d'apparence beaucoup trop grandes pour un corps si mince, semblaient pouvoir se tordre dans tous les sens. Il avait comme une nageoire dorsale qui lui partait d'entre les cornes et allait jusqu'à la pointe de la queue. Une corne longue, fine et légèrement courbée partait d'au-dessus de chaque œil en-dessous desquels se trouvaient les branchies. Tout le dessus de son corps : cou, dos, et queue, était recouvert d'algues bleues. Les écailles visibles paraissaient être faites de cristal et ses yeux étaient comme deux saphirs.
Le dragonnet rejoignit la rive et les algues s'asséchèrent aussitôt pour se muer en une sorte de pelage. La nageoire perdit toute solidité pour devenir une voile ballottée par les vents tandis qu'au contraire, les ailes retrouvaient une certaine rigidité. Alors, sans trop savoir où, Draco trouva la force de s'élancer vers la terre ferme. Mais le froid l'avait trop affaibli et la puissance du courant eut bientôt raison de lui. Il crut qu'il allait être emporté et mourir mais à l'instant où il eut cette pensée, deux bras puissants le saisirent et le tirèrent hors de l'eau. Draco se fit presque jeter sur la rive et alors qu'il perdait conscience, il prit une gifle retentissante qui le ramena aussitôt.
-TU RESTES AVEC MOI ! Hurla Charlie avant de le frapper à nouveau.
[... ... ...]
William et Draco marchaient côte à côte dans la cours, l'un avec un seau de viande dans les bras, l'autre avec un dragonnet.
-Et donc, c'est Force qui est allé chercher Charlie ?
-Oui.
-C'est bizarre... Un dragon ne ferait jamais ça... Ce n'est pas assez intelligent, et puis... c'est trop humain comme réaction. 'Fin, quand on voit à quoi ressemble tes dragons, c'est pas spécialement étonnant qu'ils soient bizarres aussi dans leur tête. Et donc, tu l'as appelé comment celui-là ?
-Courage.
-Classe. Et vous vous êtes mis d'accord Charlie et toi ?
-Nous ne sommes jamais d'accord.
-Ouais, mais bon, mâle ou femelle ?
-Il soutient la femelle, évidemment. Et moi le mâle.
-Pour Force ou Courage ?
-Les deux.
-Et où est Force ?
-Dans ma chambre. Il surveille le dernier œuf.
-Ah oui, c'est vrai qu'il en reste un. T'aurais pu prévenir que tu ramenais des œufs, quand même...
-Bien sûr ! Pour qu'on me les enlève !
William pouffa.
-Quoi, encore ?!
-Oh, rien. C'est juste qu'on dirait une mère qui parle de ses petits.
William, qui s'attendait à une avalanche d'injures, fut surpris du calme avec lequel Draco accueillit la moquerie.
-Je ne suis pas leur mère, fit presque tristement le Mangemort. Mais je suppose que c'est tout comme...
Le dresseur soupira.
-Bah, t'es bien aussi bizarre qu'eux.
[... ... ...]
En entrant dans sa chambre, Draco trouva une lettre qui avait sans doute été glissée sous la porte. Ainsi qu'un petit mot : « Avec les compliments de ta factrice, Mystère de mes deux ! » Le Mangemort leva les yeux au ciel : les femmes étaient vraiment folles. Il referma la porte et alla déposer Courage près de Force, sur le lit. Il commença à lire tandis que les deux dragonnets entreprenaient de se cracher dessus comme des chats.
Cher Mystère,
Ta lettre était amusante. Tu m'as quitté pour des dragons ? Sont-ils mignons ? Du moins, celui qui est déjà né. Tu l'as trouvé déjà éclot ; sais-tu quel âge il a ? Quelques semaines ? Quelques mois ? Je n'aime pas beaucoup ce William dont tu parles. Je ne sais pas pourquoi. C'est bien que Force ne l'aime pas non plus. C'est comme un peu de moi près de toi ! Ne sois pas trop dur avec Charlie. Il essaye juste de faire son travail. Mais c'est un Ron ; il n'a pas appris à comprendre. Est-ce que les dragons hermaphrodites existent ? C'est peut-être ce qu'est Force. Au fait, c'est un joli nom.
Porte-toi bien,
Harry.
-Hermaphrodite ?..., relut Draco, incrédule.
Il se leva.
-Arrêtez de vous battre ! Vous êtes des dragons, pas des chats de gouttière ! Leur cria-t-il.
Puis il croisa les bras sur son torse et leur demanda :
-Mâles ?
Aucune réaction.
-Femelles ?
Toujours rien.
-... Hermaphrodites ?
Les deux dragonnets se regardèrent l'un l'autre. Probablement. Draco se passa une main sur le visage.
-Mais où le grand Salazar a-t-il pu dégoter de pareils phénomènes ?...
Laissant ses dragonnets tranquilles, il se rendit devant son miroir. Une fine marque courait sur sa pommette mais rien qui ne disparaîtrait pas bientôt, la pommade qu'on lui avait appliqué lorsqu'il était revenu avec Charlie avait parfaitement fonctionné. Il alla ensuite près du coffre qu'il avait, comme à Poudlard, laissé ouvert devant la fenêtre. L'air de Draco s'assombrit. Si le soleil semblait ralentir la chose, un processus de décomposition était bien visible sur l'étrange coquille, et il n'avait aucune idée de comment l'arrêter. On frappa alors à la porte. Le Mangemort poussa un grognement d'exaspération et alla ouvrir. Et se vit tendre par William un énorme bouquet de roses rouges. Il pensa d'abord à les lui faire avaler, pour finalement lui sauter au cou.
-Will, tu es un génie ! Le complimenta-t-il en prenant les fleurs et en tirant l'homme à l'intérieur de la chambre.
-Hein ? Fut tout ce que parvint à répondre le dresseur.
Draco l'entraîna devant l'œuf restant.
-Wahou il est-... Commença le dresseur.
-Sauvé ! Compléta le Mangemort. Tiens les fleurs un instant.
-Ok...
William regarda Draco faire descendre Force et Courage du lit puis revenir vers lui.
-Aide-moi ! Il faut couper les tiges et faire un lit avec les pétales !
Trop soufflé pour poser des questions, William obéit. Ensemble, ils créèrent ainsi une sorte de gros coussin de pétale sur lequel Draco déposa l'œuf. Puis il sortit en tirant William à sa suite, et en ordonnant aux deux autres reptiles de surveiller leur sœur.
-Comment tu peux savoir que c'est une femelle ?
-Je ne le sais pas !
-Mais alors pourquoi tu-...
-Ils sont hermaphrodites !
-Qu-... Hein ?!
-Laisse tomber !
-Ok, mais pourquoi on court ?
-Il me faut des fleurs ! Des tas et des tas des fleurs sauvages ! De toutes sortes ! Où est-ce qu'on peut trouver ça ?
-Bah, dans les champs ! Mais pourquoi t-...
-J'ai pas le temps de t'expliquer ! Mais il faut des fleurs à cet œuf ! Et de la terre !
Le dresseur ne posa pas d'autres questions et se contenta de suivre le rythme de la course de Draco. Il fallait des fleurs.
[... ... ...]
William et Draco regardèrent la chambre avec fierté. Elle était remplie de fleur en tous genres au point que l'on en distinguait à peine les meubles. Le sol était recouvert de terre et il y en avait même un peu sur le lit. La chambre rayonnait de couleurs pétantes : jaune, rouge, blanc, orange. Il y avait un peu de bleu, et aussi de vert grâce aux fleurs qui avaient gardé leur tige. Dans un coin miraculeusement épargné, Courage observait ce qui pour elle était une salle de torture, tandis que Force veillait à ne rien brûler. William tourna enfin les talons et s'en alla sans demander son reste, laissant Draco avec « ses petits » mais se fit rattraper dans le couloir et se retrouva à se faire embrasser par un Mangemort en plein milieu d'un corridor.
[... ... ...]
-Qu'est-ce que tu as à sourire comme un bienheureux ? Questionna Charlie quand William entra dans sa chambre.
William soupira, l'air rêveur.
-J'me suis fait rouler le patin du siècle par Draco pour avoir cueilli des fleurs.
-Merveilleux, répliqua Charlie agacé, en reprenant sa lecture de la gazette du sorcier.
-T'imagines : s'il m'embrasse au bout de trois jours... c'que je vais pouvoir obtenir bientôt ?
-Félicitation : tu vas coucher avec un bébé Mangemort.
-A seize ans, c'est plus un bébé, rétorqua William en retrouvant son sérieux.
-Pour quelqu'un de vingt-six, si, c'en est un.
-Tu crois que c'en est pas un pour toi, du haut de tes vingt-cinq balais ?
-Moi je ne cherche pas à me le faire.
-Tu marques un point. Mais tu ne me demandes pas ce que je fous dans ta piaule ?
-Mais quel emmerdeur... Très bien. William, qu'est-ce que tu fous dans ma piaule ?
Le regard du brun se fit lubrique.
-Bah, il était bien nu dans le torrent, non ?
-Je savais que je regretterais de t'avoir dis ça... Oui, et alors ?
-Allez, il est comment ?
-Ça ne te regarde pas.
-Oh, je t'en prie ! Évidemment que ça me regarde ! Allez, Charlie ! Tu peux bien me le dire ! C'est quand même moi qui te trouve tous tes plans cul !
-Et je savais que je regretterais de t'avoir laissé faire ça aussi...
-Et donc ?
-... Il est beau comme un dieu.
[... ... ...]
Draco s'éveilla lentement. Il se redressa et réajusta ses vêtements : il s'était endormi sur le rebord du lit tout habillé en veillant l'œuf. Cherchant celui-ci du regard, il le trouva coupé en deux et entre les morceaux dormait roulé en boule un dragonnet pas plus gros qu'un chaton. Il avait une apparence des plus simplistes qui ne lui laissait pour défense que deux petites cornes frontales et quelques piques allant en décroissant d'entre les cornes jusqu'au bout de la queue. Mais ce qui acheva de faire fondre Draco, ce fut la couleur blanche des écailles. Fébrile, il avança une main tremblante vers le nouveau né qui ouvrit alors des yeux aveugles. Il vint toucher du bout du museau la main qui lui était tendue et un nuage d'encre jaillit du fond de l'œil pour teindre la pupille du dragonnet et lui rendre la vue. Draco se mit à sourire, les larmes coulant à flots : pour la première fois de sa vie il se sentait en paix avec lui-même.
-Ma Sagesse..., dit-il, la voix vibrante d'émotion.
[... ... ...]
-William ! William ! Appela Draco en tapant à la porte comme un forcené. William !
Un dresseur sortit de la chambre d'à côté, l'air ensommeillé.
-Il est de corvée d'aube... doit être aux douches..., l'informa-t-il avant de retourner aussitôt se coucher.
Le Mangemort se rendit aussitôt aux douches communes dans lesquelles il ne trouva pas William mais Charlie. L'euphorie retomba.
-Je... Je... Où est William ? Bredouilla Draco.
-Déjà parti, répondit Charlie, faisant fi de sa nudité.
-M-m-mais où ?
Charlie ne put empêcher ses lèvres de s'étirer en un sourire moqueur.
-Comme ce manque d'assurance est mignon. Son altesse n'a donc jamais vu un homme nu ?
-Bien sûr que si ! Se défendit Draco avant de railler. Et je me préfère largement.
Loin de se démonter, Charlie répliqua.
-Tu ne dois pas avoir beaucoup matière à comparer, alors.
-Excuse-moi de ne pas me prostituer.
Charlie vit rouge et plaqua Draco contre le mur, sous le jet brûlant.
-Qui crois-tu insulter alors que tu te vends pour un bouquet de fleurs ?!
Quelque chose gronda en Draco, mais le Mangemort préféra se faire hautain.
-Eh bien quoi ? Je fais bien ce que je veux. En quoi ce qui se passe sous mes draps te concerne-t-il ? A moins que tu veuilles t'y rendre.
L'acier et l'azur se défièrent, orageux. Enragés. Les muscles roulaient sous la peau. Les mâchoires étaient serrées. Le combat allait commencer. Les cicatrices et les brûlures du dresseur réclamaient de rencontrer la peau de soie immaculée qui recouvrait l'âme noire du Mangemort. La haine était à son apogée et il leur fallait se battre. A chair armée.
Les lèvres de Charlie s'étirèrent lentement en un sourire mauvais, celui du prédateur ayant coincé sa proie. Une proie qui ne restera jamais passive, qui cherchera autant que lui à avoir le dessus, et à le garder.
Cela promettait d'être intéressant.
Brisant leur contact visuel, le rouquin plongea sa tête dans le cou de Draco, alors que de sa main, il écartait le tissu qui lui barrait l'accès. Sans prévenir, il ouvrit les hostilités en mordant cet endroit fragile, avec une force qu'on aurait à peine soupçonnée chez le sorcier. Le blond fit tout son possible pour ne laisser aucun son franchir ses lèvres. Seul son visage, inaccessible à la vue de l'autre, trahissait la souffrance qu'il traversait. Sa douleur n'était qu'accentuée par les dents de son agresseur, qui continuait de malmener la peau délicate, y laissant les traces de leur passage. Il fallait que cela cesse...
Il attrapa de ses deux mains les cheveux du Weasley, tirant dessus de toutes ses forces. Après quelques secondes de résistances, sa mâchoire se sépara du corps crispé du Mangemort avant d'être heurtée par son poing.
Charlie ne mit pas longtemps à retrouver ses esprits. Il tenta de rendre la pareille au blond, mais ce dernier, s'étant douté des représailles, s'écarta. Malheureusement pour Draco, alors que la main droite du roux alla rencontrer le mur, la gauche fut assez rapide pour le saisir à la gorge. Ce dernier se retrouva plaqué au sol, le corps nu du dresseur sur le sien. Il rageait de se retrouver dans une telle position, de sentir les ongles de l'autre descendre le long de ses clavicules, vers son torse.
Mais Draco n'était pas faible. Et il allait rendre la pareille à cet enfoiré.
Profitant du fait que l'attention de Charlie soit portée sur sa chemise, préférant l'arracher, plutôt que la déboutonner, le blond se releva légèrement. Sa main alla rapidement se poser sur la nuque de son agresseur et l'attira au plus près de lui.
Leurs lèvres se rencontrèrent.
Mais ce n'était en rien un baiser... Ce n'était qu'une mêlée de plus. Cette fois, le Mangemort ne resta pas sur le carreau. Chacun tentait de mordre la lèvre de son ennemi plus violemment que l'autre ne le faisait, tentait de sentir le goût du fer, qui leur indiquerait qu'il avait gagné cette bataille.
Draco attrapa, si l'on peut dire par mégarde, la langue de Charlie alors qu'il donnait un coup de dent. L'effet fut immédiat et le blessé s'éloigna, lâchant un juron et portant la main à sa bouche. Sa souffrance, si visible sur ses traits, porta un sourire aux lèvres malmenées du gagnant.
Son excitation descendit quelque peu quand le roux releva la tête et que les yeux d'azur se chargèrent d'une haine sans égale. La menace était évidente, mais Draco ne put penser qu'à une seule chose à cet instant : c'était donc son vrai visage.
Cependant, les événements s'enchaînèrent trop rapidement pour qu'il continue à méditer sur le sujet. Le roux agrippa ce qui restait de la chemise de Draco et commença à le frapper au visage. Un coup suffit à sonner le blond. Il ne mit que quelques secondes à se remettre du choc, mais ces quelques secondes étaient tout ce que Charlie demandait.
En émergeant, il comprit que l'autre l'avait coincé.
Il était bloqué sous le corps de son agresseur. Il pouvait en sentir chaque recoin : ses mains qui emprisonnaient les siennes et qui le déshabillaient avec brutalité, son nez contre sa gorge... Mais le pire restait son érection grandissante contre ses fesses. Il savait parfaitement comment cela allait se terminer, mais l'idée lui était insupportable. Il ne voulait pas, ne pouvait pas s'incliner devant ce monstre. Il se débattait comme il le pouvait mais cela ne provoqua que les ricanements du roux.
-Arrête donc de te frotter comme cela à moi... Je vais finir par croire que tu me chauffes..., murmura-t-il à son oreille, avant d'y planter ses dents.
Malfoy vit rouge. Il aurait dû réagir maintenant... Il aurait dû faire regretter au Weasley ses paroles... Il voulait voir son visage en larmes...
Mais il dut cesser tout mouvement.
Il sentait ses entrailles se déchirer alors que Charlie le pénétrait.
Il aurait préféré sentir de nouveau la morsure à son cou, les dents s'affairant à maltraiter ses lèvres, et tout ce que le dresseur lui avait fait subir plutôt que cela. Car, contrairement aux autres douleurs qu'il avait subies, il ne put retenir sa voix.
Il ne ressentait même pas la honte d'avoir faibli face à cet enfoiré. Ce dernier était la seule chose qu'il pouvait ressentir en ce moment.
Sur lui...
En lui...
Partout...
Il n'entendait plus ni le bruit de l'eau, ni ses cris. Juste la respiration saccadée de Charlie Weasley. Et sa voix ...
Qui riait...
Qui se moquait...
Qui l'insultait...
Malgré tout, Draco reprit un semblant de contrôle et parvint à retenir sa voix, bien qu'il continua de gémir à mesure des va-et-vient de son ennemi.
La peine dura une éternité et le jeune homme ne savait s'il devait ressentir du soulagement ou du dégoût en sentant le dresseur venir en lui.
Dès l'instant où il sentit le poids et la chaleur du corps du roux s'en aller, il se releva. Il savait qu'il devait avoir l'air ridicule, que la lenteur de ses mouvements et les sifflements de douleur que ses lèvres laissaient échapper ne faisaient qu'augmenter la joie de Charlie.
Mais, il n'en avait plus rien à faire. Ce qu'il venait de vivre n'avait fait que confirmer ce qu'il pensait de cet homme.
Alors qu'il se rhabillait, il sentit sa haine reprendre possession de lui. Et il était couvert de honte de s'être ainsi laissé dominer, de s'être laissé faire par ce monstre.
Il avait encore du chemin à faire. Mais, il devait devenir plus fort et lui faire payer le moindre coup qu'il lui avait porté. Il se le jura...
[... ... ...]
Harry laissa échapper la fiole qu'il tenait et tomba à genoux dans les éclats tranchants. Il leva une main tremblante vers son visage et glissa ses doigts sur ses joues où ruisselaient des larmes. On se précipita vers lui. Il s'agissait d'une jeune fille aux cheveux blonds, sales, emmêlés et tombant jusqu'à la taille. Elle avait de grands yeux bleus protubérants et des sourcils très clairs.
-Est-ce que tu es blessé ? Lui demanda-t-elle, d'une voix douce.
-Mystère..., répondit Harry. Mystère... Quelqu'un lui a fait du mal...
-Non, je suis sûre qu'il va bien, dit-elle. Tu as bien plus besoin d'aide que lui. Viens, il faut soigner tes genoux.
Il leva vers la jeune fille un regard plein de désarroi.
-Je ne peux pas bouger.
-Je vais aller chercher quelqu'un, alors.
Et avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, elle partait en trottinant. Quelques secondes plus tard, il entendit une porte s'ouvrir en grinçant et la fille revint bientôt, accompagnée d'un homme tout en noir qu'Harry avait déjà vu à la table des professeurs, lors des repas. Harry le vit hésiter, puis se pencher pour le prendre dans ses bras et l'emmener d'où il venait. La fille les suivit, souriante.
Il se retrouva alors dans une salle de classe vide où, voyant une pile de feuilles sur le bureau, Harry devina que l'homme corrigeait des copies. Ce dernier le fit asseoir sur l'une des tables, près du bureau. Avec une extrême dextérité, il retira un à un les bouts de verre coincés dans les fibres du pantalon puis glissa une main dessus pour vérifier qu'il n'en restait aucun, ce qui était le cas. Il fronça les sourcils.
-Aucun n'a touché la chair, alors pourquoi avoir dit être dans l'incapacité de vous mouvoir ?
-Parce que c'est la vérité. J'ai mal. Il serait bien impossible pour moi de marcher jusqu'à ma chambre.
-Mais vous vous baladiez bien dans les couloirs il n'y a pas cinq minutes ?
-Oui. Mais c'est que j'avais oublié que j'avais mal.
-Très bien. Où avez-vous mal, exactement ?
-Partout. Mais pour commencer, qui êtes-vous ?
L'homme sembla un instant désarçonné, et la fille attristée.
-Je suis le professeur de potions Severus Snape. Et voici mademoiselle Luna Lovegood, une élève de Serdaigle.
Harry se crispa. C'étaient de bien longues présentations dignes d'un Ron et d'une Hermione. Néanmoins il répondit :
-Je suis Harry. Est-ce que vous vous inquiétez pour moi ?
-Mademoiselle Lovegood m'a parlé d'un « Mystère », à qui l'on aurait fait du mal. Dîtes nous tout ce que vous savez, éluda l'homme.
Harry baissa les yeux.
-Il est mon ami. Et je sais juste que quelqu'un l'a fait souffrir.
-Qui est-ce ?
-Je ne sais pas.
-Vous dîtes pourtant qu'il est votre ami !
-Parce qu'il l'est ! S'exclama Harry.
-Et peut-on au moins savoir où il se trouve ?!
-Non ! Cria Harry en reculant sur la table, ignorant la douleur que le mouvement lui procurait. Je ne le dirai pas parce que vous lui voulez du mal !
Cette réplique, autant que la soudaine pâleur du garçon, firent se calmer le professeur. Mais cela le rendit aussi muet, de surprise comme d'interrogation. C'est pourquoi Luna, jusque là à l'écart, s'approcha et prit la parole.
-Ce n'est pas grave si tu ne dis rien. Et je suis persuadée que tu te trompes, et qu'il n'est rien arrivé à ton ami. C'est parce que tu as mal, et que tu penses à lui. Moi aussi, des fois, je crois quand je me blesse que c'est quelqu'un d'autre qui l'est.
Harry, que la voix sucrée de Luna avait rassuré, se décontracta. Alors elle s'approcha encore plus de lui et se hissa sur la pointe des pieds pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Il en rit et approuva ses paroles d'un hochement de tête. La Serdaigle sourit et attrapa la cravate qu'elle dénoua puis retira. Elle fit glisser la robe de sorcier de ses épaules, l'aida à retirer son gilet, puis elle sortit la chemise du pantalon et la déboutonna avant de reculer brutalement, les mains sur la bouche et les yeux écarquillés. Le professeur, que les agissements de Luna avait propulsé dans un autre monde, revint à lui et ouvrit la bouche comme un poisson hors de l'eau. Mais, les mains bien en évidences pour ne pas effrayer Harry, il combla la distance les séparant et le débarrassa complètement de la pièce de tissue. Il put alors constater l'ampleur des dégâts, que ce soit au dos, au torse ou aux bras, et devinant que le reste du corps ne devait pas être dans un meilleur état.
-Qui vous a fait ça ? S'enquit-il, sombrement.
Harry, au ton et au regard de l'homme, comprit qu'une tempête grondait et qu'il lui fallait fuir. Il tenta de descendre mais il était trop lent et il se retrouva maintenu étendu sur la table par l'homme. Il commença aussitôt à se débattre, faisant fit de toute douleur.
-LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ-MOI ! Hurla-t-il.
-Mademoiselle Lovegood : allez chercher madame Pomfresh ! Vite ! Ordonna le professeur à la jeune fille.
Malheureusement, cette dernière était pétrifiée par la vision du corps labouré sous ses yeux.
-JE VEUX PARTIR ! LÂCHEZ-MOI ! Continua de s'égosiller Harry.
-Mademoiselle Lovegood : pétrifiez-le, au moins ! Mademo-...
La porte de la salle de classe claqua et le professeur vit se pointer sur lui un baguette ainsi qu'un regard assassin. Harry se calma instantanément, et regarda, les larmes au bord des yeux mais de l'espoir dans les pupilles, l'intrus.
-Severus, lâche-le.
Le Mangemort, ayant reconnu son maître dans l'éclat meurtrier de ses yeux et sa froide détermination, libéra Harry et recula d'un pas.
-Harry. Viens ici, fit Tom, impérieux.
Harry se laissa tomber de la table, ramassa ses vêtements et courut se mettre à l'abri derrière Tom. Quand se fut fait, Tom se détendit perceptiblement mais il demeura menaçant un long moment. Il jeta un regard à Luna et se mit à ricaner. Portant deux doigts à sa tempe, il projeta ses pensées vers le Mangemort.
-Laisse-toi faire, Severus. Je satisfais simplement ta soif de connaissance.
Le professeur vit alors défiler dans son esprit les souvenirs de Tom. Il chancela sous l'horreur et dut se rattraper à son bureau. Maintenant, il savait pourquoi le Seigneur des Ténèbres était depuis si longtemps absent du manoir Malfoy. Il savait aussi pourquoi l'immonde mage noir avait laissé partir son bras droit en Roumanie, se défaisant de toute défense dans ce repère d'ennemis qu'était Poudlard.
-Il devenait gênant dans votre conquête d'Harry. C'est pour cela que vous avez accepté qu'il quitte le pays alors qu'il était votre plus précieux serviteur..., souffla-t-il, stupéfait.
Tom sourit, avec malfaisance.
-Allons, Severus, te voilà bien accusateur. Suis-je donc un monstre, moi qui n'ai fait que laisser mon rival s'éloigner de l'objet de ma convoitise ? As-tu quelque chose à me reprocher ?
-Non... Bien sûr que non, Maître. Je n'oserais pas.
-Alors tu seras d'accord pour dire qu'aucune personne ne doit savoir, ni pour moi, ni pour Harry ?
-Qu-... Que voulez-vous dire par « personne » ?
-Je veux dire ce que je veux dire, Severus : ne me fais pas perdre mon temps. Tu feras en sorte que les témoins se taisent.
Luna hoqueta, sachant que l'on jouait son sort. Le Mangemort lutta pour conserver un semblant de sang froid.
-Non, Maître. Ce ne sera pas la peine.
-Oh, vraiment ? Demanda Tom, amusé, en baissant enfin sa baguette.
-Oui. Elle ne dira rien. Et quand bien même ce serait le cas, personne ne la croirait. Tout le monde la pense folle et ce serait en plus sa parole contre la mienne.
-Mais tu comprendras que je ne peux pas prendre le risque qu'on la prenne au sérieux... Allons bon, Severus, je t'ai connu plus convaincant que cela.
-Non, Maître, écoutez-moi ! Je peux vous jurer que-...
-Je n'ai que faire de tes serments ! Obéis à mon ordre, c'est tout ! Tu portes la Marque, personne n'en saura rien !
-Serment inviolable ! S'écria alors Luna. Je peux vous faire un serment inviolable...
-Non ! Contra le professeur. Ignorez-la, Maître. Elle a peur, elle ne sait pas ce qu'elle dit !
-Hm... Elle a peur, dis-tu ? C'est exact. Cependant moins que toi. Mais soit ! Voilà qui est intéressant ! Viens ici, jeune fille.
Luna avança, tremblante. Tom lui tendit une main. La Serdaigle la saisit, retenant ses larmes.
-Severus, viens. Tu es l'Enchaîneur.
Le Mangemort obéit, les lèvres pincées. Saisissant sa baguette, et rejoignant les deux pactisant, il fit jaillir une chaîne de feu rougeâtre qui vint s'enrouler autour de leurs mains liées. Tom, reprenant la parole, s'adressa à Luna :
-Jures-tu, Luna Lovegood, de toujours m'obéir, jusqu'à ce que la mort t'emporte, envers et contre tout, et ce quelle que soit la nature de l'ordre donné ?
La jeune fille étouffa un sanglot.
-Je le jure...
[... ... ...]
-Tu ne l'aurais pas tuée, n'est-ce pas ? Demanda Harry à Tom dont la tête reposait sur ses genoux.
-Bien sûr que non, Harry. Jamais je ne t'aurais fait une chose pareille.
-Alors si tu lui as laissé une chance, c'est simplement parce que j'étais là...
Tom ouvrit les yeux, faisant se retrouver rubis et émeraude.
-C'est vrai.
Harry détourna le regard et Tom soupira. Il attrapa la main d'Harry qui était sur son torse et la porta à ses lèvres. Il l'embrassa à plusieurs reprises puis déclara :
-Harry. Mon Harry. Je suis baigné de sang. Mes mains, chaque parcelle de mon corps, sont aussi rouges que mes yeux. Je suis né condamné à ne pouvoir ressentir de sentiments car le fruit d'un amour dû à une potion. J'ai été vaincu et ne suis revenu que pour tuer encore. Et malgré tout, cette haine qui m'a forgé ne fait pas le poids face à toi. Mon père m'a condamné, le monde m'a condamné : je vis caché. Me condamneras-tu à ton tour ?
Harry ne répondit pas et Tom, soupçonneux, se redressa. Aussitôt, Harry se leva et lâcha :
-Je ne viendrai pas ce soir.
[... ... ...]
Lorsque les amis de Luna la quittèrent, Tom sortit de l'ombre. Enragé, il la jeta au sol et commença à l'étrangler.
-C'est de ta faute, chienne ! Si tu n'avais pas été là, rien de tout ça ne serait arrivé ! Tu entends ? Mais il n'a pas apprécié les menaces que j'ai proféré à ton égard et il n'est pas revenu. Je le vois dans les couloirs. Je le vois errer parmi les élèves. Ce n'est pas sa place mais il la préfère à celle qu'il a près de moi ! Je ne peux plus l'approcher, ni lui parler, ni le toucher... parce que tu étais là ! Je passe mes nuits seul à cause de toi ! As-tu la moindre idée de ce que cela fait ? Non, bien sûr que non ! Toi tu t'accommodes avec un plaisir absurde de la solitude..., exposa-t-il, le regard fou. Alors voilà ce que nous allons faire... A compter d'aujourd'hui, chaque soir que je passerai seul... tu devras te donner à Severus qui a tant tenu à te sauver la vie l'autre jour, continua-t-il, en délivrant le cou de la jeune fille suffocante. Ceci... est un ordre, ajouta-t-il, mauvais, avant d'abandonner la Serdaigle sur le sol et de disparaître dans l'obscurité qu'il avait quittée.
[... ... ...]
Severus terminait de corriger des copies quand on frappa à la porte de sa salle de cours.
-Entrez..., soupira-t-il.
La porte s'ouvrit lentement et Luna entra. Elle referma le battant et s'y adossa, cachant tant qu'elle pouvait les tremblements de ses mains derrière son dos. Le Mangemort leva les yeux vers la personne qui venait le déranger alors qu'il travaillait et oublia sur le champ ce qu'il était en train de faire lorsqu'il vit qu'il s'agissait de Luna.
-Mademoiselle Lovegood, que faites-vous là ? L'interrogea-t-il, bien que redoutant de déjà connaître la réponse.
La jeune fille se mordit la lèvre inférieure et l'homme serra les poings. Il délaissa son bureau et vint vers Luna.
-De quel ordre s'agit-il ? Dîtes-le moi, je vous aiderai à l'accomplir.
La Serdaigle tenta de parler mais sa voix se tordit et, se taisant, elle se laissa glisser le long de la porte, ses jambes ne la portant plus. Le professeur se baissa, alarmé et la pressa de répondre. Finalement, elle fondit en larmes mais répéta les propos tenus plus tôt par Tom. L'homme se redressa, atterré. Réfléchissant à toute vitesse, il se rendit dans une pièce adjacente, et revint avec une fiole. Il posa genoux à terre et la déboucha.
-Je suis désolé que vous ayez été mêlée à ça. Désolé que vous ayez reçu un ordre pareil. Et désolé que ce soit avec moi que vous deviez...
Il ne put achever sa phrase.
-Mais ceci est un aphrodisiaque très puissant. Il faut juste le boire.
Luna, tétanisée, fixait la fiole avec la plus grande horreur. Les larmes dégoulinaient, collant les boucles délavées de ses cheveux à ses joues. Ses beaux yeux bleus étaient écarquillés comme jamais cela n'avait été vu chez un être humain. Sa peau, d'habitude à la blancheur de neige, s'apparentait désormais à celle d'un cadavre. Alors elle attrapa le petit flacon d'un geste rapide, l'arrachant presque des doigts du professeur et le but cul sec. Quelques secondes s'écoulèrent, puis ses joues prirent subitement une teinte rosée et son corps se mit à la brûler. Elle se détendit malgré elle, ferma les yeux... et poussa un gémissement.
La jeune fille se sentait toute chose. Ses sens semblaient s'être décuplés en une fraction de seconde, la rendant à fleur de peau. Et plus particulièrement dans la zone intime de son corps. Après quelques instants de silence, seulement entrecoupés par la respiration hachée de Luna et de ses gémissements, Severus décida qu'il devait prendre les devants.
Il entreprit de déshabiller son élève, usant de toute la douceur dont il était capable. Il était hors de question de lui rendre la tâche plus dure qu'elle ne l'était déjà. Cependant, Luna était loin d'avoir perdu sa lucidité et ne put retenir un mouvement de recul en sentant des mains saisir sa jupe. Elle avait envie de s'enfuir, elle avait peur de mourir et son corps réclamait des choses que son esprit refusait. Severus se devait de la raisonner.
-Miss Lovegood... Je suis sincèrement navré. Mais, pour votre sécurité, il faut nous y résoudre. Laissez-moi faire, je...
Il ne pouvait pas savoir quoi dire à une jeune adolescente dans cette situation. Il n'aurait jamais pu l'apprendre par qui que ce soit.
-Ferai attention..., finit-il sur un ton moins certain qu'il ne l'aurait voulu.
Retenant un bruit, entre le gémissement et les pleurs, elle hocha la tête. Avant que Severus n'eut bougé, Luna commença à retirer ses chaussures et ses collants. Cela l'aurait rendu folle de rester passive tout du long.
Elle ne fût pas sûre de ce qu'elle allait enlever ensuite. Ou plutôt, de ce qu'elle devait enlever ensuite. Elle ne voulait pas se retrouver nue devant son professeur...
Elle finit par faire glisser sa culotte le long de ses cuisses. Elle se sentait déjà horriblement exposée.
-Monsieur... puis-je garder ma jupe ? Murmura-t-elle.
-Bien sûr. Garder tout ce que vous voulez ! Répondit-il.
Elle hocha la tête, reconnaissante. Mais, après tout, cela devait également arranger l'homme. Il devait déjà être rebuté de devoir la prendre, elle, entre toutes les personnes possibles. Moins elle en montrerait, plus agréable ce serait pour eux deux.
L'intéressé écarta doucement les jambes de Luna et approcha sa main, tâchant de la toucher le moins possible. Il ne voulait pas la rebuter mais il se devait de faire le strict minimum. Il demanda mentalement pardon à son élève et effleura la zone la plus sensible de son intimité.
L'effet fut immédiat, la blonde hoqueta et tout son corps se tendit, alors que les caresses s'intensifiaient. Elle était bien incapable de contrôler sa voix, qui partait dans des aiguës embarrassantes. Elle se tourna alors à demi vers la porte, son visage rouge enfoui dans ses mains.
Quoique ce soit à cause de l'aphrodisiaque, elle avait honte de ressentir ce plaisir. Mais elle n'y pouvait rien. Elle ne pouvait que détourner le regard.
Severus ressentait également de la honte, mais pour une raison différente.
Il ne pouvait nier que les sons que laissait échapper Luna étaient excitants. Mais ce n'était pas assez pour lui.
Alors, il pensa à elle. A Lily.
A combien il serait fabuleux de pouvoir la toucher de cette manière, de la combler comme il s'apprêtait à combler Luna.
D'avoir ainsi son corps offert.
Il se sentait horrible, mais il se concentra de toutes ses forces pour voir Lily Potter à la place de Luna Lovegood.
Sa main libre glissa, presque inconsciemment à son entrejambe, qu'il caressa. Sa respiration commença à s'accélérer également.
La jeune fille vit entre ses doigts le manège de son professeur. Bien que regarder était particulièrement excitant, elle détourna vite les yeux. C'était extrêmement embarrassant de voir son professeur se masturber tout en lui faisant subir la même chose.
Il ne continua pas son manège très longtemps, la jeune sorcière étant déjà très humide. Il se décida alors à commencer à la préparer comme il se doit. Il descendit sa main et commença à introduire un doigt en elle.
La blonde se cacha encore plus, si c'était possible, lorsqu'elle ressentit l'intrusion. Les va-et-vient de ce doigt en elle étaient quelque chose d'étrange, qu'elle avait déjà essayé quelques fois sur elle-même, mais qui prenait une tout autre tournure quand il s'agit de celui de quelqu'un d'autre.
Alors que de nouveaux doigts étaient insérés en elle, elle tâcha de se convaincre que ce plaisir, bien que réel, était factice. C'était l'aphrodisiaque qui la faisait réagir, ce n'était pas les vrais désirs de son corps. Ainsi, la gêne était plus facile à supporter.
Aucune parole ne fût échangée durant le temps que le professeur préparait Luna. Il tâchait de faire le plus vite possible, mais aussi le mieux possible. Bien qu'il s'en voulait, il commençait également à être particulièrement excité et voulait posséder le corps qui lui était offert.
Jugeant Luna suffisamment détendue, il enleva ses doigts et commença à se dévêtir. Tout comme la jeune fille, il n'enleva que le strict minimum, se contentant d'abaisser son pantalon et son sous-vêtement.
Severus sentait que son élève était au bord des larmes. Elle coopérait, elle le devait, mais elle devait être dégoûtée d'être déflorée dans ces conditions.
Compatissant, il retira son immense robe de sorcier et la tendit à la jeune fille.
-Cacher votre visage, si vous le souhaitez.
Elle ne se fit pas prier et prit volontiers le tissu entre ses doigts. Une fois qu'elle eut bien enfoui son visage dans les plis de la tunique, le professeur se positionna entre les jambes ouvertes. Il était presque effrayé de la toucher, de trop la toucher.
Il se décida cependant à la pénétrer. Il rencontra rapidement une faible résistance, due à l'hymen intact de son élève. Tâchant d'être le plus délicat possible, il donna de léger coup de rein, jusqu'à sentir la membrane se briser, lui laissant le passage. Malgré toute la délicatesse de Severus, cela fut assez douloureux pour Luna, dont les plaintes étaient étouffées par la robe. Il était néanmoins difficile de savoir si c'était la douleur, l'horreur ou l'embarras qui laissait échapper cette litanie incompréhensible de sa bouche.
Une fois qu'il fût entièrement en elle, Severus marqua un temps. Il voulait lui laisser le temps qu'il fallait pour s'habituer à sa présence. Mais le silence dura et Luna ne fit aucun signe pour lui indiquer qu'il pouvait bouger. Était-ce trop douloureux pour elle?
-Miss Lovegood ? Est-ce que ça va ?
Elle finit par sortir légèrement son visage de la cape. Le professeur sentit son sang bouillir plus que de raison en apercevant son visage. On lisait dans ses yeux un désir dévorant, malgré la gêne et les traces de larmes. Ses dents mordillaient sa lèvre inférieure, des mèches de ses immenses cheveux tombaient sur ses joues, lui donnant une allure des plus érotiques.
Elle hésita un instant avant de parler :
-C'est bon... Monsieur...
Cette fois-ci, elle fixa Severus droit dans les yeux quand elle lui donna son consentement :
-Allez-y... s'il vous plaît !
Les premiers coups de reins furent tout aussi hésitants que le début de ce rapport. Mais les sensations et les réactions de sa partenaire firent bientôt lâcher prise au professeur.
La gêne n'était plus rien comparée au plaisir que les deux ressentaient. Les jambes de Luna avaient finit par s'enrouler autour de la taille de son vis-à-vis, l'accompagnant dans son mouvement. Leurs deux corps, que Severus avait d'abord tenté de tenir éloignés l'un de l'autre, s'étaient finalement rapprochés.
Ils ressentaient chacun une soudaine envie de toucher l'autre, sans pour autant trouver le courage de le faire.
La main de Luna, qui se trouvait désormais sur le bras de l'adulte, se crispa de plus en plus. Sa voix sortait de sa bouche de manière frénétique. Ses hanches bougeaient en rythme avec celle de son professeur.
Elle sentait quelque chose monter en elle, prendre possession de son corps entier.
Cette pression fut bientôt trop forte et elle la relâcha dans un gémissement contenu mais néanmoins plus aigu que les autres.
L'aîné se sentait lui-même sur le point de jouir quand il sentit le corps de la jeune fille se contracter autour de lui. Malgré le brouillard dans son esprit, il fût assez lucide pour songer à se retirer avant que cela n'arrive. Cela le frustra quelque peu mais il s'en moqua.
Luna n'osait pas bouger. Une fois qu'elle eut retrouvé son calme, la situation lui revint de plein fouet, de même que la honte.
Qu'est-ce-qu'elle était censée faire maintenant ?
-Allez vous coucher Miss Lovegood, murmura le professeur.
Elle ne réagit pas tout de suite, encore un peu hagard. Il dût répéter pour qu'elle se mettent enfin à se mouvoir. A toute vitesse, elle enfila sa culotte, ramassa ses quelques vêtements qui traînaient et quitta la pièce.
Quand Severus fut enfin seul, il poussa un long soupir. Il était soulagé que ce fut enfin fini, mais il savait, au fond, qu'il se trompait.
Cela n'était pas fini.
Pas tant que le Seigneur des Ténèbres en aurait décidé ainsi.
[... ... ...]
Note de l'auteur : "Jeux Interdits" ne serait rien sans l'intervention de Tsuki-chan, une amie yaoïste Hetalienne, qui s'est occupée de rédiger tous les lemons et je l'en remercie infiniment et lui adresse tout mon respect pour être parvenue je ne sais comment à les faire s'intégrer parfaitement à l'histoire.
[... ... ...]
Starryfeather :
Hey !
Je viens juste de compter... j'ai 20 de tes articles à lire... j'ai accumulé tant de retard ! J'arrive même pas à y croire !
Enfin bref, je suis pas venue là pour me plaindre! ça me fait plein de bonnes lectures gratuites après tout !
Dooonc ! Allons y !
Tout d'abord, je vais commencer par ça parce que c'est ce qui m'a le plus surprise, Luna et Snape ? Nan ! Sérieux ? Je l'ai va vue venir celle là ! Et Tom est vachement tordu je trouve, de faire faire ça à Luna... Mais je trouve que ça fait ressortir le côté "gentil" de Snape. D'ailleurs, je trouve que ton O.S fait beaucoup ressortir sont gentil côté par rapport à l'histoire ! C'est un bon point !
Est-ce que Draco viendrait pas de se faire violer par Charlie ? Punaise ça c'était violent ! Et j'aime trop la façon dont il se comporte avec ses dragons hermaphrodites ! Un vrai papa poule ! J'aime assez cette nouvelle dimension que tu as donné au personnage. Il est plus courageux, plus fort, plus réfléchi, sage que dans l'histoire de Rowling, c'est en quelque sorte une redécouverte de son personnage ! J'ai adoré !
Harry est devenu super naïf nan ? A moins que ce soit juste moi. Peut-être que naïf n'est pas le mot juste en fait... Sans doute moins mature que dans les bouquins mais bon en même temps, si il a tout oublié, c'est un peu comme s'il repartait avec une expérience d'enfant non ? J'aime beaucoup la relation qu'il entretient avec Draco. On est pas encore dans le Drarry mais bon... qui sait !
D'ailleurs, tu nous ferais pas un petit triangle amoureux ? Tom-Harry-Draco ? Non ? ben je verrai bien de toute façon la suite est ma lecture suivante donc...
Enfin, tout ce blabla pour te dire que la trame de l'histoire est très intéressante et pour le moins originale tant par rapport aux péripéties que par rapport aux couples mis en avant !
...
Aigie-san :
Je vais m'efforcer de répondre sans spoiler la partie II
Oui, j'ai voulu faire de Snape une sorte de "gardien", et mettre en avant son côté martyr qui subi des souffrances pour protéger les autres. En ce qui concerne Draco, tu as tout à fait cerné le personnage qu'il est dans cette histoire, et j'en suis très contente (ça veut dire que j'ai bien fait mon travail, veee~ !). Oui, Harry est très naïf, et c'est exactement pour la raison que tu t'es imaginée ! Aussi, oui, Tom est un tordu, mais je ne voulais pas tomber dans le "il est amoureux donc, pouf, magie, il est mignon" après, c'est triste pour Luna, mais c'est elle qui sert à asseoir la crédibilité du Seigneur des Ténèbres ! x)
En tout cas, merci beaucoup, je suis très heureuse que ça te plaise et tu n'imagines pas comme voir des commentaires de cette taille me remplit de bonheur !
