NDA : Vous pourrez trouver cette histoire sur le blog skyrock du MissingxWorld ; nul plagiat, il s'agit de mon propre blog.

Ceci est une fanfiction ; tous droits réservés à J.K Rowling.

Tout ce que je n'ai pas dit

Je me lève jour après jour,

C'est un jour ordinaire.

J'en connais déjà le cours,

Le poids d'un parcours nécessaire...

Que je dois faire.

Encore un autre jour. Il n'est pas différent des autres. Il faut se lever, se préparer, descendre, saluer son père, puis sa mère... Attendre, droit, fier, que l'heure arrive. Puis elle est là. Et ton père vient vers toi. Il pose sa main glaciale sur ton épaule. Il te fait transplaner. Tu ne sais pas où tu atterris. Tu as peur. Mais tu ne laisses rien paraître. Tu n'as pas le choix. Tu dois transpirer la colère, la haine, pour des êtres que tu aimerais juste ignorer. Alors tu penses à autre chose. A la personne que tu exècres plus que n'importe qui. Tes traits se crispent. Ton père le voit. Un rictus étire ses lèvres. Et tu vois ta tante. Ta cinglée de tante.

Parce qu'on n'a jamais le choix,

De ses murs, de sa terre.

Qui nous enferme à l'étroit,

L'étroit d'une grandeur solitaire...

Mais pour quoi faire ?

Toute ma vie j'ai été fier de ma famille, de mes origines... de mon sang pur. De la grandeur de mon nom. Toutes ces années, j'ai adulé mon père. Sa gloire. Sa prestance. Sa puissance. J'ai grandi dans la haine. J'ai été éduqué par la froideur. J'ai été entraîné pour tuer... Et j'ai toujours aimé ça. J'allais toujours en courant voir ma tante pour qu'elle m'aide à parfaire mon Occlumancie et ma Legilimancie. J'aimais faire preuve d'un dédain et d'une suffisance sans pareil. J'étais impatient que le Maître m'appose la Marque. J'étais impatient que pour la première fois, mon père me félicite. J'étais impatient d'enfin... être important. Alors dîtes-moi pourquoi, aujourd'hui, c'est son visage que je vois ?

Pour... Être à la hauteur,

De ce qu'on vous demande,

Ce que les autres attendent,

Et surmonter sa peur...

Tu t'approches et tu vois celui qui va faire basculer ta vie. Tu vois celui pour lequel tu es censé être prêt à tuer. Tu vois celui qui a été capable de fractionner son âme en sept. Et tu ne peux pas t'empêcher de penser au fait que toi tu sais qu'il y a un huitième fragment. Un septième Horcruxe. Que tu sais aussi quel est cet Horcruxe. Et tu ne peux pas t'empêcher de sourire. Parce que tu sais aussi que cet Horcruxe te tuera, parce que tu sais que tu seras incapable d'accomplir l'ordre qui t'a été donné trois jours auparavant. Parce que tu sais que tu vas trahir tous ceux qui croient en toi et offrir leur chance à tous ceux qui veulent ta place.

D'être à la hauteur...

Du commun des mortels,

Pour chaque jour répondre à l'appel,

Et avoir à cœur,

D'être à la hauteur.

Et je ne peux que repousser tant bien que mal cette peur viscérale qui me prend lorsque je lui tends mon bras gauche. Tenter d'oublier ce froid intense qui me parcourt quand il pose ses doigts sur ma peau. Retenir mon cri quand la douleur, si grande, si intense, me traverse : aussi terrible qu'un Doloris. Et tout ça pour quoi ? Pour le regard terrifié de ma mère ? Pour celui jubilatoire de ma tante ? Pour la fierté de mon père ? Pour rassurer mon parrain dont je parviens à voir le léger tremblement ? Non, je sais bien que non. C'est pour lui. Pour pouvoir... je ne sais pas... pour son estime, s'il venait à apprendre que je n'avais pas émis le moindre son lors d'un pareil rituel... A moins qu'il ne me haïsse trop pour ça.

C'est un devoir quotidien,

Un costume qu'il faut mettre.

Pour un rôle qui n'mène a rien,

Mais faut-il vraiment s'y soumettre...

Jusqu'à la fin ?

Passer deux jours dans ton lit. Fiévreux. Toussant. Tremblant. Gémissant. Agonisant. Et dire non quand l'on te propose un calmant. Voir la pitié et la peur dans les yeux de tes amis. Leur dire que tout va bien. Que tu es très bien comme ça. Que tu as hâte de pouvoir remplir les missions que le Seigneur des Ténèbres te donnera. Que ce sera bientôt leur tour et qu'ils ont intérêt à ne pas faire de « conneries » d'ici là. Les regarder s'en aller en se murmurant des choses et en te lançant un dernier regard désolé. Et, une fois qu'ils sont partis, laisser couler tes larmes en te demandant si tu auras la force de lui dire ce que tu as sur le cœur avant de le laisser te tuer.

Pour... Être à la hauteur,

De ce qu'on vous demande,

Ce que les autres attendent,

Et surmonter sa peur...

De retour à Poudlard, je me mords la langue pour ne pas me mettre à hurler que je n'ai pas vraiment voulu tout ça, alors même que j'ai l'impression que tous me reprochent mon statut de Mangemort. Pourtant je sais bien... Je sais bien qu'ils ne peuvent pas savoir. Pas tous. Seulement les autres apprentis Mangemorts et mon parrain savent. Mais j'ai tellement peur... Et quand j'entre dans la Grande Salle et que son regard se pose sur moi... haineux. Je le répugne. Il croit que c'est réciproque. Et il doit le croire. Jusqu'au dernier moment.

D'être à la hauteur...

Du commun des mortels,

Pour chaque jour répondre à l'appel,

Et avoir à cœur,

D'être à la hauteur.

Tu es là. Assis sur ton lit. Seul. Dans ta chambre de préfet. Tu réfléchis. Tu penses au futur que tu n'auras pas. Tu te questionnes sur la manière dont tu vas disparaître... à la manière qu'il va choisir pour se débarrasser de toi. Tu pleures, parce que tu sais que cette fin qui t'attend sera la seule possible et que c'est aussi la seule acceptable. Tu cris parce que quelque part tu trouves cela injuste. Et tu pleures de nouveau, cette fois parce que tu es persuadé qu'il ne te regrettera pas. Et enfin, tu rêves. Tu rêves que tout cela ne soit qu'un cauchemar duquel son baiser te sortira... alors que c'est impossible. Parce qu'il est le Survivant, et toi un Mangemort. Qu'il est un Sang-Mêlé et toi un Sang-Pur. Qu'il est celui qui doit te tuer, celui que tu dois protéger. Et tu regrettes...

D'être à la hauteur...

-Comme chacun doit l'être...

Être à la hauteur,

Sans jamais en descendre,

Et ne pas se défendre,

De vouloir en vainqueur...

Une autre crise de rage, devenue fréquente chez moi, me saisit. Renverser les meubles. Briser les vitres. Pleurer. Crier. Tout cela est devenu le seul moyen pour moi d'extérioriser ma tristesse et mon désespoir. Ma peur aussi. Surtout ma peur. Et dire qu'avant cette année-là, je n'avais jamais utilisé ce mot qui me faisait horreur. L'idiotie dont j'avais pu faire preuve jusque-là me donnait envie de m'infliger moi-même un Doloris... surtout lorsque je me souvenais de moi, buvant les paroles de mon fou de père... et de tout ce que j'avais pu lui dire à lui. J'en venais à envier les Weasley... tous amis avec lui. Et s'entraidant sans arrêt... prêts à tout les uns pour les autres. Mais ceci est une chose à laquelle je n'ai pas eu droit car il fallait...

Être à la hauteur...

Autrement que mortels,

Enfin ne plus répondre à l'appel,

Ne plus avoir peur,

D'être à la hauteur.

Et alors que tu es là, au milieu de ta chambre sans dessus-dessous, les yeux rougis, le teint livide, il faut que quelqu'un entre. Et il faut que cela soit son amie. Granger. Tu es trop dévasté pour réagir comme un Mangemort le doit. Tu lui demandes simplement d'une voix brisée ce qu'elle fait là. Tu vois ses yeux s'agrandir de surprise. Tu la vois hésiter. Puis lever sa baguette alors que tu lâches la tienne pour lever les mains en signe de reddition. Et tu vois Weasley débarquer à son tour. Tu l'entends féliciter Granger qui lui dit qu'elle n'a rien fait. Tu le vois partir et revenir avec lui. Tu supportes son regard glacial et ses paroles haineuses. Tu te contentes de répondre la première chose qui te passe par la tête...

-Je voulais juste... être... à la hauteur... Juste... à la hauteur...

Être a la hauteur,

Autrement que mortels,

Enfin ne plus répondre à l'appel,

Ne plus avoir peur,

D'être à la hauteur.

Je remarque la surprise dans leurs yeux. Et dans ses yeux. Ses yeux à l'émeraude unique. Et Dumbledore arrive, flanqué de mon parrain et McGonagall. Ils me fixent tous. Dumbledore avec colère. McGonagall avec stupéfaction. Mon parrain sans laisser transparaître la moindre émotion, comme à son habitude. Granger, Weasley et lui s'écartent. Mon directeur s'avance, baguette en main, menaçant. Et moi, je suis juste fatigué.

-Draco, je ne sais pas pourquoi tu as fait ça mais si tu voulais te faire remarquer, tu as gagné. Cela dit, veux-tu bien me montrer ton bras gauche ?

Ne plus avoir peur...

Tu baisses les mains. Tu commences à remonter ta manche gauche. Tu t'arrêtes juste avant la Marque mais au moment où tu t'apprêtes à reprendre ; il se met à parler. Et tu stoppes tout mouvement pour l'écouter religieusement, parce que tu trouves sa voix magnifique.

-Je pense que le fait qu'il ne se soit pas du tout défendu prouve que, sans être des nôtres, il n'est pas un Mangemort.

Tu n'y crois pas. Tu les regardes tous s'en aller, méfiants. Mais comme c'est lui qui a dit ça, c'est forcément la vérité. Mais lui, il reste. Il s'approche jusqu'à ce que seulement quelques centimètres vous séparent.

-Écoutes-moi bien, Malfoy. Je sais pertinemment que t'es un Mangemort mais ce jour-là tu m'as sauvé la peau en disant que tu ne m'avais pas reconnu. J'avais une dette. Point. Maintenant elle est payée et je ne te ferai plus de cadeau. Au plaisir d'avoir à te tuer lors d'une bataille.

Tu le regardes s'en aller. Tu as encore plus envie de crier qu'avant. Tu veux le retenir. Tu veux tout lui dire. Mais tu te retiens. Ce n'est pas le moment. Pas encore. Pour l'instant tu te dois juste...

D'être a la hauteur.

Mes amis... Il fut un temps où il s'agissait de Crabbe et Goyle mais Pansy m'en fit revenir lorsqu'elle me rapporta ce qu'ils disaient sur moi lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Pansy... Je l'ai perdue elle aussi... ce jour-là... ce jour où elle a tenté de me sortir de la tête les idéaux de mon père... Elle voulait que je refuse la Marque. C'est elle qui m'a fait me rendre compte que je l'aimais lui. Mais j'ai refusé de l'écouter. De toutes mes forces, j'ai repoussé ses arguments. Je l'ai blessée, au-delà de l'imaginable. Je n'oublierai jamais cette journée... jamais.

La célébrité m'fait peur...

J'ai peur, d'me griller les ailes à vouloir briller sous les projecteurs !

Au fond, j'm'en bats pas de c'que disent les gens...

J'me perds entre ce qu'ils attendent de moi et c'que j'suis vraiment !

Encore une fois tu es seul. Ta meilleure amie entre dans ta chambre. Elle est en colère.

-Tu as accepté la Marque !

Tu acquiesces, l'air sombre.

-Mais pourquoi ?! Et dans combien de temps elle va t'être apposée ?! Tu n'as pas honte ?! Tout ça pour ce foutu honneur familial !

Tu ris jaune. Puis tu lui lances une remarque désobligeante. Son air indigné en vaut dix. Tu lui dis. Elle s'énerve encore un peu plus.

-Après tout ce que j'ai fait pour toi, Dray ! Dois-je te rappeler que tu me dois de ne pas être marié avec ta propre tante ! Si je n'avais pas fait semblant d'être ta petite amie, dis-moi où tu en serais aujourd'hui ! Tu te rends comptes de ce que tu dis ?! Dray !

Qui pourrait oublier un tel sacrifice ? La pauvre avait manqué de subir un Doloris de la part de ton enragé de père. Ton parrain était intervenu en faisant valoir le sang pur de ta « petite amie, bientôt fiancée » et la place montante de la « famille Parkinson » au sein de l'Armée des Ténèbres. Et toi, tu lui as dit merci ? Non. Tu as gardé ton air digne, mais tu as commencé à avoir peur.

Tous les jours j'fais l'acteur...

J'fais semblant,

J'maquille la peur en plaisantant.

Après ça, Pansy et moi avons fait semblant pendant un temps, puis nous avons joué la comédie, faisant s'enchaîner dispute sur dispute. Jusqu'au jour de la « rupture publique. » Ce jour-là j'ai bien cru voir de la pitié dans ses yeux. Et c'est après ça que j'ai commencé à le regarder. Puis je me suis mis à l'espionner. A le suivre quand il sortait voir Hedwige. Je voyais le sourire triste qu'il lui offrait. Comme s'il était résigné à une chose que lui seul savait. Et plus la date de la Marque approchait, plus la peur de perdre la dernière chose qui me liait à lui grandissait. Et cette chose que j'allais perdre, c'était mon humanité. J'allais me laisser marquer comme du bétail. J'allais véritablement devenir son ennemi. Cela me rendait malade et Pansy a commencé à me poser des questions. Et je mentais... Je mentais sans arrêt. Mais elle s'en est rendu compte.

J'perds mon temps à m'poser des questions au lieu d'agir !

J'ai peur de la dépression,

J'ai peur de l'avenir et ses déceptions...

Elle tape du pied, elle trépigne.

-Alors, tu vas lui dire ?

-Il n'y a rien à dire.

-Tu l'aimes.

-Non.

Elle s'énerve, comme elle le fait souvent.

-Si ! Il n'y a qu'à toi que tu parviens à mentir ! Dray, enfin ! Réagis !

-Il ne m'aime pas.

-Parce que tu ne lui laisses pas sa chance !

-Il ne peut pas m'aimer.

-Bordel ! Qu'est-ce que t'en sais ?!

-Je vais devenir un putain de Mangemort ! Rien que ça devrait te suffire !

Elle se calme brutalement.

-Dray...

-Je ne pourrai jamais lui dire... Et quand bien même... Quelle chance y aurait-il pour que cela soit réciproque ?

-Et si ça l'était ?

-Ça ne marcherait jamais... les autres... personne n'accepterait...

-MAIS QU'EST-CE QU'ON EN A FOUTRE DES AUTRES ?! Dray, tu es malade ! Si tu ne fais rien tu vas y passer !

-JE NE SUIS PAS MALADE ! ET TOUT CA ME PASSERA !

-Te passer ? Tu dis ça comme si c'était mal !

-Mais c'est mal ! Je suis... et il est... quel que soit le point de vue c'est mal ! C'est... c'est contre nature !

-On croirait entendre ton père... Ne peux-tu m'écouter au moins une fois ?! J'ai raison plus souvent que toi ! Et tu me dois bien ça ! Je t'ai tout donné ! Parce que tu es mon meilleur ami et que je te pensais plus intelligent que les autres !

-MAIS JE NE SUIS PAS PLUS INTELLIGENT ! ET JE NE VEUX PAS L'ÊTRE ! J'en ai assez de tes leçons de morale ! Tu te crois mieux que tout le monde ! Mais tu ne vaux pas mieux que les autres ! Qu'est-ce qui me dit que tu ne te sers pas de moi ? Hein, qu'est-ce qui me le dit ? Et qui me dit que tu ne vas pas, un jour, tout raconter à mon père, ou pire, à Voldemort ? Après tout, rapporter tout ça aux puissants te ferait une place de choix dans l'Armée et auprès du Maître, à toi, qui aura démasqué le fils impur de la grande famille Malfoy.

Elle se met à pleurer. Elle te dit qu'elle ne pensait pas que tu étais comme ça. Elle s'en va en te disant que tu n'auras plus à lui confier le moindre secret. Tu comprends que tu as fait une erreur. Une de plus. Et tu culpabilises en te demandant le mal que tu vas encore bien pouvoir faire avant qu'on ne te supprime de la surface de ce monde.

Plus j'grandis, plus le temps passe et plus j'suis déçu...

Sous l'emprise de l'angoisse des futures blessures...

Plus j'me cherche des excuses, plus je m'enlise,

J'm'enivre de négativité, et j'me sens vivre !

Une fois ma meilleure amie envolée par ma faute, que pouvais-je faire d'autre que me dévouer corps et âme au seul idéal que l'on m'offrait ? J'ai continué à suivre mon père dans sa folie, tout en le regardant de loin. Je me disais que ma vie ne pouvait pas être plus mal et qu'ainsi je ne pouvais pas tomber plus bas. Et cette idée me plaisait !

Souvent, j'ai peur de l'ennui,

J'ai peur d'avoir aucune raison d'me plaindre pourtant...

J'me sens triste tout le temps, j'me sens vide.

J'ai peur d'être normal, d'être moyen, ni trop mal ni trop bien,

J'crois qu'j'sers à rien...

Mais à quoi bon jouer cette étrange tragédie puisque la fin est déjà écrite ? Cette question qui passe en boucle dans ta tête te mine. Te nargue. Te détruit. Mais quelque part, tu te dis que tu n'as pas le droit de te plaindre. Que tu dois attendre. Que ce qui doit arriver arrivera. Que ceux qui doivent mourir mourront et quand le rideau tombera sur la pièce en désordre, tu n'auras pas à t'en soucier. Puisque que ton inutilité est telle que, soit on ne te remarquera pas, soit tu ne seras plus là. Bien sûr, ta fierté se révolte. Tu te bats. Un peu. Tu essayes d'être « grand ». D'être remarquable, et remarqué. Mais tu finis toujours par abandonner.

J'ai peur de mes proches parce qu'ils connaissent mes faiblesses,

Mes talons d'Achille, ils savent à quel point mes fondations sont fragiles.

Ils m'font confiance pour l'instant...

Mais quand je les décevrais, ils s'ront près de moi, prêts à frapper les premiers !

Dans tout ça, certains Mangemorts ont fini par avoir des doutes. La réputation de ma famille auprès de Voldemort s'en est fait ressentir. Malgré tout, ma mère a continué à me défendre contre les rumeurs. Sa confiance étant plus ou moins contagieuse, les autres se sont tus mais il est évident que la plupart d'entre eux, y compris mon père, attendent de pied ferme le premier faux pas.

J'ai peur que mes parents m'détestent,

Depuis qu'j'ai treize ans j'régresse.

J'les blesse, j'les stress, j'délaisse c'qu'ils m'ont appris pour faire que d'la merde...

Comme si j'valais mieux qu'mon père, comme si j'valais mieux qu'ma mère !

Tu n'as pas encore la Marque que tu es déjà décidé à trahir. Mais tu as des remords. Il reste tes parents. Ils t'ont élevé. Ils t'ont envoyé dans la plus prestigieuse école de magie. Ils se sont saignés aux quatre veines pour satisfaire tes moindres désirs. Depuis ton entrée dans cette école, tu passes ton temps à désobéir. A faire des erreurs. Ils ont beau t'expliquer comment te comporter, plus les jours passent et plus tu manques à tes devoirs. Et tu t'apprêtes à commettre la plus odieuse des trahisons ? A les condamner soit à la mort, soit à Azkaban ? Tu te demandes alors si de nouveau, tu ne vas pas faire une erreur...

Eux, croient qu'ils m'aiment !

Moi, j'crois qu'ils se voilent la face...

J'crois qu'ils aiment celui qu'ils rêvent de voir à ma place !

Parce qu'ils savent pas c'qu'il s'passe derrière le masque...

Qui s'cache derrière l'image, parce qu'ils connaissent pas mon vrai visage !

Alors que la date fatidique approche à grand pas, je continue de l'observer, mais d'un peu plus loin à chaque fois. Et plus cette même date avance, plus ma mère semble fière de moi, même si je sais qu'elle s'inquiète de la souffrance que je vais devoir endurer. Ma tante, elle, est plus heureuse que jamais. Mon père... un peu moins froid. S'ils savaient ce que je m'apprête à faire ! Et pour quelle raison ! Le mensonge semble être devenu ma seconde nature et je compte bien tenir mon rôle de parfait fils de Mangemort jusqu'à la fin.

Quand j'dis que j'déteste les filles, j'me donne du crédit...

J'me suis jamais vraiment investi, j'ai fui.

J'ai triché sur mes sentiments en croyant rester vrai,

J'esquivais l'amour par peur de m'faire baiser !

Quand tu viens à croiser celle qui fut ta meilleure amie, tu fais une moue écœurée. Pour toute réponse, elle te traite de lâche. Elle te dit que tu es incapable d'assumer quoi que ce soit et qu'elle ne ramassera pas les morceaux quand ce sera ton cœur qui sera brisé. Tu sais qu'elle fait allusion, à la fois à toutes tes « anciennes petites amies » et aussi à cette chose que tu caches à tous. Tu pâlis et tu fuis. Ça aussi, c'est devenu une habitude quand on te parle de lui.

Par lâcheté, j'croyais qu'plus j'm'attachais moins ça marchait.

J'ai trahi, j'ai sali, j'ai haïs, j'ai banni...

Qu'est-ce que j'ai acquis à part des r'mords et des maladies ?

Rien, à part la peur de rester seul toute ma vie.

Quand je le vois avec cette fille... la benjamine Weasley... Je me dis que Pansy avait raison depuis le début... Je ne suis qu'un lâche, un imbécile. Un crétin bourré de remords, qui meurt à petit feu de maladies ridicules qui lui servent d'excuses afin de rester seul... Et pourtant, je donnerais n'importe quoi pour qu'il partage ma vie.

J'crois un peu en Dieu, mais pas vraiment.

J'irai avec les mécréants quand j'partirai les pieds devant.

J'ai peur d'être attiré par le néant...

J'me sens tellement bien dans la noirceur, j'me sens dans mon élément...

Et puis tu espères ! Car l'espoir est là quand même ! Parce que c'est humain ! Parce que tu es humain... Mais qui peut donc le voir ? Les croyants te jugent sur tes actes mais il paraît que la pensée compte aussi ! Alors quoi ? Avec toutes ces choses mauvaises que tu as faites, tu iras où ? Chez les bons ? Ah ça, non ! Ça, c'est chez lui. Le paradis, c'est pour lui ! Chez les mauvais ? Et bien, non ! Non ! Encore et toujours non ! Car tu vas les trahir aussi ! Alors bon, alors voilà... Et les mots, pour lui dire, tu les as ? Ah, non ! Toujours pas ! Pourtant, hein, pourtant, t'en crèves d'envie, pas vrai ? Tu crèves d'envie de lui dire que tu ne sais pas ce qui va se passer, que la mort te fait peur... que tu voudrais savoir comment il fait, lui, pour l'affronter, cette chienne, tout en portant une armée d'ados terrifiés au combat... Et puis, tu aimerais bien savoir, aussi, si ce n'est pas l'habitude d'être dans le noir qui te pousse à fuir la lumière, sa lumière.

J'ai comme envie d'sauter dans le vide,

D'me passer la corde au cou, d'me noyer,

De m'entailler les veines du coude au poignet...

J'ai comme envie d'me mettre une balle dans l'crâne,

Mais j'ai pas d'flingue...

Regarde-moi dans les yeux, tu comprendras que j'suis qu'une baltringue !

Et je m'écroule. Mon esprit a enfin laissé mes affreux souvenirs de côté. Alors je pleure. Encore. Ça coule à flot. Ça refuse de s'arrêter. C'est terrible. Je me sens tellement faible. Je ne peux pas m'empêcher de m'allonger, à même le sol, dans la poussière. Bientôt c'est ce que je serai. De la poussière. On m'oubliera, n'est-ce pas ? Il m'oubliera, c'est sûr. Je ne suis rien pour lui. Je ne serai jamais rien. Quoique, bientôt, je serai le pauvre type qui va lui balancer ce qu'il est vraiment et lui expliquer vaguement comment arranger les choses. Avant de disparaître. Mais pourquoi est-ce que je m'acharne à vouloir lui arracher au moins une fois mon prénom en mourant héroïquement alors qu'il y a tellement de moyens moldus pour s'en aller ? Mais ce sont des manières qui nécessitent trop de courage pour moi. Non, une fois devant lui, après lui avoir tout dit, je serai obligé d'aller jusqu'au bout. Mais... Je ne veux pas mourir !

J'ai peur de perdre.

J'ai peur de l'échec.

J'ai peur de perdre.

J'ai peur de l'échec.

Peur de l'échec...

Tu es à bout. Tu es terrifié. Tu es lessivé. Tu es pétrifié. Tu es désespéré.

J'ai peur de perdre.

J'ai peur...

J'ai peur de l'échec.

Peur de l'échec...

Je n'en peux plus. Mais je me relève. Et je marche jusqu'à la porte.

J'ai peur de perdre.

J'ai peur...

J'ai peur de l'échec.

Peur de l'échec...

La main figée sur la poignée, tu te sens brusquement impuissant. Plus que jamais inutile.

J'ai peur d'affronter les épreuves de la vie.

J'ai peur de mes erreurs...

J'ai peur de l'avenir...

Alors que je passe le pas de la porte, je deviens la proie de doutes encore plus grands que par le passé. Le couloir que je dois traverser me paraît soudain beaucoup trop étroit pour moi. Ma tête me tourne. Ma Marque me brûle. C'est l'heure.

J'ai peur d'affronter les épreuves de la vie.

J'ai peur de mes erreurs...

J'ai peur de l'avenir...

Tu vois ton reflet dans une flaque d'eau dans les couloirs et à ce moment précis, toute ta rancœur resurgit. Ta colère aussi. Ce n'est pas juste ! Ce n'est pas de ta faute ! Tout ça, tu ne l'as pas voulu ! On t'a manipulé pour que tu sois un être hautain. On t'a dit qu'il fallait te comporter de manière à être digne de ta grandeur. Et toi, tu n'étais qu'un enfant qui croyait tout ce que son père pouvait lui dire... Tu pensais vraiment qu'il fallait que tu sois ainsi. Alors tu t'es laissé bercer. Tu n'as rien fait pour qu'il comprenne que ce n'était pas toi.

On veut croire ce qu'on voit,

Un autre qu'on est pas,

On est là,

Tel qu'il faut paraître...

Je revois ces gens, à ces réceptions, avec leurs faux sourires, leurs faux compliments, leurs fausses paroles... Ces gens qui me faisaient horreur. Qui me prenaient pour un simple gosse de riche qui ne comprenait pas. Mais qui ne comprenait pas quoi ? Pensaient-ils vraiment que mon père ne m'avait pas appris à reconnaître les attitudes hypocrites ? Ils faisaient semblant, tous, avec leurs sourires indulgents et leurs voix mielleuses, d'être nos amis, à moi, à ma famille, à nous les Sang-Purs.

Pour des gens qu'on n'aime pas,

Qui nous tirent vers le bas,

Qui se plient, pour mieux nous soumettre...

Oui, tous ces gens qui te disaient, comme tes parents pouvaient le faire, ce qui était bien ou non de dire. Ce qui était bien ou non de faire. Ce qui était bien ou non de mettre. Tous ces gens n'étaient rien. Des sorciers sans valeur qui ont été les premiers à se mettre à genoux devant le Seigneur des Ténèbres. Ils étaient inutiles. Ils ne t'ont mené à rien. Ne t'ont rien appris. Ils t'ont juste montré à quel point ils étaient stupides et incapables de prendre la moindre décision sans se concerter. Sans s'en remettre à « un puissant ». Et toi, tu ne voulais pas d'un monde comme ça. Tu ne voulais pas de leur monde. Mais ils t'y poussaient tous. Toujours plus.

Ils sont là pour tourner,

Ne font que graviter,

Dans leur monde et me détourner...

Je me suis battu avec moi-même. Je peux le jurer. Je peux lui jurer. J'ai voulu être différent des autres Sang-Purs. Je n'ai juste pas réussi assez vite ! Mais je vais tout arranger. Je vais sauver l'honneur de ma famille. Je vais sauver mes amis. Et je vais le sauver lui. J'ai enfin trouvé le courage pour ça. Parce que c'est tout ce que je peux faire. Parce que je dois le faire. Et parce que je ne peux plus reculer. Plus maintenant. Pas maintenant. Pas après tout ce que j'ai enduré pour en arriver là ! Mais, j'aurai toujours ce regret... Ce regret... Ce « si seulement j'avais changé avant ». Ce « si seulement je lui avais dit plus tôt ». Au final, il y a trop de choses que j'aurais pu faire et que je n'accomplirai jamais...

De ce que j'ai en moi !

Ce que j'ai en moi !

Mais qui peut savoir le parcours que j'ai dû faire,

Pour arriver à moi ?

Arriver à moi...

Et m'apercevoir,

Qu'en retour tout reste à faire...

Tu traverses le hall de l'école où les élèves de l'Armée sont réunis. Aucun ne te remarque. Tu n'existes déjà plus. Comme en ce temps-là. En ce temps où tes parents t'emmenaient à ces galas où tu restais dans ton coin à observer tous ces gens de « la haute noblesse » parler, danser... Eux non plus ne te voyaient pas. Tu n'existais pas. Alors tu les regardais sonner faux sans toi. Tu les regardais s'effacer sous leurs masques sans toi. Tu n'avais pas pitié d'eux. Tu ne te rendais même pas compte, encore, à l'époque, que tu ne valais pas mieux. Tu te contentais de les détester parce que c'était l'une des rares choses que tu savais faire.

Au milieu de regards,

Comme autant de miroirs,

Qui reflètent une image surfaite...

Et puis, mon père finissait par venir me chercher. Il me jetait presque au milieu de la foule, me présentait, faisait mes éloges, et écoutait tous ces gens s'extasier devant la beauté, la grandeur, la prestance, et l'intelligence de l'héritier. Dans ces moments, j'avais vraiment envie de partir en courant, hurler à pleins poumons que je ne voulais pas les entendre, ni les voir ; qu'ils me dégoûtaient. Mais il fallait dire ce qu'il y avait à dire. Parce que c'était ça, être un Malfoy. Il fallait montrer mes ambitions, prouver ma force, impressionner l'auditoire et me pavaner pour le mettre à mes pieds. J'avais honte, mais il ne fallait pas que cela se sache.

C'est avoir tout pouvoir,

Jusqu'à n'en plus pouvoir,

De promettre et tout se permettre...

Mais ces gens-là non plus ne t'ont rien apporté. Ces gens-là non plus n'avaient pas de personnalité. Pas de volonté propre. Pas de pensées bien à eux. Ils vivaient dans un monde différent de ceux d'avant mais c'était un monde qui ne te convenait pas plus. Un monde qui ne pourrait jamais être le tien. Et ils ne voyaient pas ça. Tu étais l'Héritier... et rien d'autre à leurs yeux. Alors tu as continué de marcher seul. En faisant semblant. En jouant la comédie. Puisque ta vie entière était un théâtre.

Ils sont là pour tourner,

Ne font que graviter,

Dans leur monde et me détourner...

Et maintenant, devant les portes de la salle sur demande, alors que je sais que Crabbe et Goyle sont déjà à l'intérieur en train de se battre contre lui et ses deux amis, je me demande si le monde a fait exprès de ne pas me laisser de place sur sa surface. S'il voulait que je devienne ce que je suis aujourd'hui. Si cette guerre n'était qu'une machination pour se débarrasser de moi. Mais sans doute que je me donne trop d'importance. Néanmoins, est-ce que je mérite vraiment le sort qui m'attend ? N'ai-je pas le droit à un peu de pitié ? J'ai tant fait pour qu'il ne lui arrive rien. Tant fait pour devenir quelqu'un de respectable. Tant fait pour qu'enfin on m'apprécie... Non, j'aurai « tant fait » quand je serai mort et qu'il sera sauf.

De ce que j'ai en moi !

Ce que j'ai en moi !

Mais qui peut savoir le parcours que j'ai dû faire,

Pour arriver à moi ?

Arriver à moi...

Et m'apercevoir,

Qu'en retour tout reste à faire...

Et quand, juché sur ton balai, tu survoles la salle en feu à sa recherche, tu paniques à l'idée qu'il ait pu lui arriver malheur. Puis à celle qu'il soit déjà parti et que tu ne puisses pas lui dire. Puis tu entends des cris. Tu vois Crabbe et Goyle fuir le feu. Tu te demandes lequel des deux a pu invoquer ce Feudeymon et se dire qu'il parviendrait à le maîtriser. Il fallait pour cela être excessivement sûr de soi, véritablement imbu de sa personne. De toute façon, peu importait qui de Crabbe ou Goyle avait fait cette erreur, ils allaient brûler tous les deux avec l'instrument de leur folie.

Et en arriver là,

Au point de se complaire !

A croire ce que l'on voit,

Le centre d'un univers !

Enfin, je le trouve. Lorsqu'il me voit, il dit à ses amis de partir devant, qu'il s'occupe de moi. Qu'il va me retenir assez longtemps. Et une fois que ses amis sont trop loin pour m'entendre, je lui dis tout. Tout. Très vite. Car le feu gagne du terrain et va bientôt bloquer les portes. Car la fumée commence à nous étouffer. Car si je m'arrête, je sais que je ne trouverai pas la force d'aller jusqu'au bout. Je le vois qui peu à peu abaisse sa baguette, me regarde l'air perdu.

-Mais pourquoi ? Me demande-t-il alors.

-Pourquoi quoi ?

-Pourquoi... Pourquoi tout ! Pourquoi ne m'avoir rien dit plus tôt ?! Pourquoi arriver là, maintenant, et me... me demander de te tuer ?! Pourquoi être prêt à mourir pour moi ?!

Je n'arrive pas à lui répondre. Au lieu de ça, je m'approche de lui, pointe ma baguette vers son front et prononce l'incantation qui mettra fin à tout ça.

Seul !

On le demeure.

On vit, on meurt.

Sa dernière heure on la fait...

Tu attires le morceau d'âme à toi, l'oblige à changer de réceptacle, à faire de toi un Horcruxe. Et, quand tu sens que ce bout d'âme fait assez partie de toi pour que mourir le détruise, tu lui cries de te tuer. Maintenant. Dans l'instant. Sans réfléchir. Tu te sens pleurer parce qu'il hésite et que tu commences à manquer de force. Alors tu le supplies d'agir. De lancer ce sort de mort. Et enfin, il relève sa baguette, tend le bras vers toi, détourne le regard, et lance le sort.

Seul !

A la hauteur.

De ses erreurs.

De sa grandeur on se fait...

J'avais chaud puis j'avais froid. J'étais près de lui puis j'étais loin. Je me sentais enfin vivant puis je mourais. J'entendais le feu dévorer la salle puis je n'entendais plus rien. Brutalement, tout ce qui me terrifiait me manquait. Je voulus que ma mort soit une autre de mes erreurs et que quelqu'un la répare pour moi. Comme à chaque fois. Théodore, Blaise, Pansy... je partais sans eux. Et je partais sans lui. C'était déjà fini alors que ça n'avait jamais commencé. On m'avait un jour dit que je changeais d'avis comme de chemise. Je n'avais pas compris l'expression, c'était moldu. Maintenant je comprenais. Et je voulais lui dire, répondre à sa question. Mais c'était trop tard, et je mourais...

Seul !

[... ... ...]

Note de l'auteur : Ça faisait un moment que l'idée de faire de Draco un "écorché" me titillait, alors même que les chansons "Être à la hauteur" et "Arriver à moi" du Roi Soleil me hurlaient "Nous sommes faîtes pour Draco ! Nous sommes faîtes pour lui !". Mais j'hésitais encore. Et là... "Peur de l'échec" d'Orelsan est passée par mes écouteurs. Impossible de résister : j'ai foncé tête baissée.