Titre : Le complexe de Dieu
Rating : M
Résumé : Une faction d'anges veulent reprendre le Paradis en main et faire un coup d'état . Pour cela ils ressuscitent Gabriel qui n'a rien demandé. Mais pourquoi ? Dans que but ? Les Winchester se trouvent aux prises avec ce nouveau problème, et de taille. Et Gabriel est devenu humain. Sabriel. Seulement le début de la saison 8 en compte (pas les tablettes ni les portes de l'Enfer)
Disclaimer : Je ne possède pas la série Supernatural (loin de loin) et n'en tire aucun profit.
Bonsoir, j'ai découvert le Sabriel très récement, il y a une semaine environ, et j'ai décidé de me lancer xD En plus, il y a tellement peu de Sabriel en français... Je connais la série depuis un moment, mais c'est la première que je me lance à écrire dessus, soyez d'âme indulgente xd D'ordinaire je préfère les POV internes, selon moi plus pratiques pour montrer les sentiments des personnages, mais comme il faut vivre dangeureusement, cette fic sera en POV externe ^^ A vous de me dire si le changement est une réussite ...ou pas x)
J'en profite pour préciser une petite chose. Je n'aime pas quand les choses avancent trop vite question sentiments, quand les personnages sont ensemble dès le chapitre 3 par exemple ^^ (comme c'est malheureusement souvent le cas dans les fanfictions). Je préfère poser les relations lentement mais sûrement pour essayer (oui essayer xd) de rendre tout ça un peu crédible.
Trêve de blabla et bonne lecture, du moins, je l'espère x)
Chapitre I
Renaissance
-Entrepôts, Douglas,Wyoming -
Une porte s'ouvre.
Des hauts talons claquent sur le ciment.
Des talons qui rythment l'assurance absolue.
Un tempo implacable.
La femme trace son chemin comme elle l'a toujours fait.
Certitude de la victoire. Certitude de la réussite.
Elle avance fièrement.
Elle traverse le gigantesque entrepôt de béton et de fer avec une fluidité toute féminine.
Finalement elle s'arrête.
C'est ici.
L'excitation et l'impatience frissonnent de concert dans son vaisseau.
Derrière cette porte se trouve l'avenir.
Derrière cette porte se trouve le changement. Le plus grand changement du Paradis.
Derrière cette porte se trouve l'aboutissement de tous ses espoirs.
Elle passe un index sur l'acier du battant. Songeuse.
C'est ici. C'est maintenant.
Elle s'engage dans l'embrasure. C'est un endroit spécial, le sol gravé de quatre sceaux angéliques surmontés de cages. On pourrait croire que les cages sont en verres. Mais ce n'est qu'une impression. Les quatre pièges sont reliés par un entrelacs complexe de lignes et d'inscriptions à un pentagramme immense qui trône au cœur du lieu.
Deux anges de rang inférieur et ses fidèles alliés l'attendent en face du dispositif.
« Tout est prêt ? » s'enquit-elle.
« Oui, Mebahiah. »
Elle s'assoit sur un des sièges. Celui du milieu, elle est la meneuse. Mebahiah lisse son tailleur rose vif et croise ses jambes fuselées. Un sourire étire ses lèvres. Un sourire dur. Elle promène son regard anthracite sur ses partisans. Sa voix tombe comme un couperet, tranche l'air de son accent de commandement.
« Nous allons provoquer un bouleversement sans précédent. Le doute n'a pas sa place entre ces murs. Le doute est la fin de toutes choses. Le doute est la mort. Soyez la pierre d'un nouvel édifice. Soyez fiers. Soyez forts.»
Le visage granitique, Mebahiah entame l'invocation. La force de ses frères et sœurs la soutient. Elle parle pour eux tous. Eux la lame, elle la pointe. La formule oubliée se déploie en clauses et contre clauses labyrinthiques.
L'énochien roule sur sa langue. Rude et déchiqueté comme les falaises du possible flirtent avec le probable. Dur comme un diamant. Avalanche rugissante. Cyclone de mots. Cyclone de puissance. Fracas tourbillonnant du ciel en furie. Maelström sur l'océan du silence qui lacère le carcan de la réalité.
Le déchaînement brut laisse soudainement place à une hypnotique litanie.
Une plume caressante.
Une touche d'amour posée sur les yeux de la tristesse.
Mais l'incantation réclame son dû. Son terrible dû. Les Anges vacillent. Mebahiah continue, modulant sa voix, suave et infiniment douce. Mélopée de lumière. Mélopée de miel.
Perle de délicatesse feutrée comme un songe. Légère comme un rire. Les paroles flottent en lentes mouvances magnétiques.
Et puis c'est l'accélération. La danse infernale reprend. Envoûtante dans la folie de sa vitesse. Distordant les frontières. Torsadant les limites. Martèlements de Titans sur l'univers.
Mebahiah serre les dents.
Les syllabes se heurtent et s'entrechoquent avec violence. L'ange prend peur. Sa vie s'enfuit dans la tourmente. Elle voit le miroir de sa panique dans les yeux de ses frères et sœurs, tous vampirisés par l'énergie colossale que réclame le sortilège.
Elle poursuit alors que chaque mot lui vole un peu plus son essence. Elle est presque au bout. Presque. Consumée par l'invocation, l'ange n'a plus que la force d'articuler. Dernière phrase. Dernier mot. L'ultime syllabe n'est qu'un souffle. Mais c'est suffisant. C'est suffisant.
Et le silence tombe. Et le silence chute.
Les Anges se redressent sur leurs chaises. Tremblants d'épuisement mais victorieux. Ils attendent. Mebahiah reprend rapidement contenance maintenant que l'ancienne formule est achevée. Elle attend.
Un brusque grondement sature l'air. A l'intérieur de l'une des cages, une corolle d'éclairs entame un ballet crépitant. Un ballet mortel. Une silhouette émerge d'entre les étincelles qui se dissipent en grésillant. Mebahiah la salue comme une vieille connaissance un peu désagréable. « Gabriel. »
Surpris, Gabriel cligne des yeux. Et il a de quoi être surpris. Il n'était pas censé être mort déjà ? Il pousse un léger sifflement en s'avisant de la présence de Mebahiah. « Hey mais ne serait-ce pas cette chère Meb ? J'étais pénard dans mon paradis personnel, une magnifique blonde bien roulée dans chaque main. Rien à voir avec toi évidement, ceci dit en passant. »
« Je vois que la mort ne t'as pas enlevé cette agaçante tendance aux sarcasmes. Quel dommage. »
« Et oui. Mais ne t'inquiètes pas, ce n'est pas ta faute si tu es aussi attirante qu'un morse au pays des sucreries. Il faut de tout pour faire un monde comme on dit. Si tu m'expliquais ce que je fiche ici exactement ? »
« Nous t'avons ramené. »
Gabriel roule des yeux avec agacement. Nan mais sans blague. « Pourquoi tes petits copains des Principautés et toi avaient eu cette extrême désobligeance? J'ose espérer que ça vaut vraiment le coup, comprenez moi bien. Vous m'avez arraché un plus pur des délices.»
« Nous avons besoin de toi. »
« Mmm. Mais encore ? »
« Nous allons ériger un nouveau Dieu. »
Après un instant de flottement, l'archange recule d'un pas, un faux sourire aux lèvres. « Pas intéressé. Renvoyez moi d'où je viens dans les plus brefs délais, merci et au revoir chez vous. C'était sympa de se faire la causette. »
« Non. »
« Comment ça non ? Et quelqu'un pourrait me dire comment on sort de ce truc ? »
Il tapote la matière transparente de la cage de son index, de moins en moins rassuré par la situation. Il baisse les yeux à ses pieds, le cercle d'invocation l'entrave. Il le sent. Ce n'est pas un cercle ordinaire. Il est renforcé d'une triple...non quadruple contrainte d'immobilisation, sans aucune erreur de tracé. Il réalise alors qu'il ne s'agit pas d'un simple cercle d'invocation. C'est un piège.
Un piège qui lui est spécialement destiné. Son nom complet figure dans les runes asservissantes gravées à même le sol. Très mauvais. Vraiment très mauvais.
« Tu ne sortiras pas d'ici. Pas tout de suite du moins. »
Gabriel donne un coup de poing contre la paroi. Rien. Il lance une onde de pouvoir qui rebondit contre les vitres sans même les endommager.
« Tu peux toujours essayer de forcer la cage mais tu n'y arriveras pas. Elle a été conçue sur mesure pour que tu ne puisse pas sortir, tout comme le cercle d'ailleurs mais tu l'as déjà compris, n'est ce pas ? »
« Que veux-tu ? »
« Je te l'ai dis, suivre la voie de Castiel. Instaurer un nouveau Dieu. »
De quoi parle-t-elle ? Il avait loupé des épisodes. « J'en suis honoré, mais je suis déjà un dieu dans mon genre. Vous pouvez me vénérer et fonder toute une religion en mon nom par contre. Je veux des offrandes et des prêtresses sans oublier les fans en adoration. Et pourquoi pas une constellation à ma superbe effigie ? »
« Fais le malin, tu n'en as plus pour longtemps. »
« Vous venez de me ressusciter -et ne le prenez pas mal les gars mais vu vos têtes de mollusques défraîchis ça n'a pas été de la tarte -pour me tuer juste après ? La logique dans tout ça ? Non sérieusement, Meb. Tu n'as jamais brillé par ton sens de l'humour. »
Mebahiah soupire intérieurement, elle avait oublié combien l'archange était pénible.
« Je me suis sans doute mal exprimée. Tu ne seras qu'un élément du processus. »
« …..Vous êtes vraiment sérieux avec cette histoire délirante ? »
Seul le visage sans expression de son interlocutrice lui répond. L'inquiétude commence à monter. Gabriel cherche désespérément une approximation dans les lignes du cercle. Il n'en trouve pas. Il tente d'invectiver les autres anges présents, mais aucun ne réagit. Il a la très angoissante impression d'être un animal d'observation. Une bête de foire.
D'habitude il adore être au centre des attentions, mais cette fois c'est différent. Il se prépare quelque chose d'atroce. La prémonition bat dans ses veines. La prémonition est inscrite sur le profil d'aigle cruel de Mebahiah. Elle aboie un ordre aux deux anges inférieurs qui amènent quatre boites en bois de bonne taille et les placent à quelques centimètres de lui.
« Qu'est ce que vous faites ? »
Ils ouvrent les boites et s'écartent aussitôt. L'un d'eux brandit un sifflet. Un son clair teinte deux fois. Sortant des boites un amas des sangsues blanchâtres rampent vers l'ange emprisonné. Il demande d'une voix alarmée : « Meb ? »
Elles entrent dans la cage, passant à travers les murs translucides comme s'ils n'avaient jamais existé. Un tintement retentit. Les sangsues s'arrêtent docilement. Gabriel s'en éloigne le plus possible, sa grâce s'agite à l'intérieur et se rétracte sur elle même. Un malaise indistinct provoque un frisson qui se répercute le long de sa colonne.
Il n'a qu'une envie : prendre ses ailes à son cou.
« Qu'est ce que tu fabriques, Meb ! Rappelle tes petits monstres je m'excuse je te trouve très attirante finalement. Je te ferais même un massage ou un strip-tease mais enlève moi ces machins ignobles. »
« Nous les appelons Dévoreuses, nous les avons misent au point avec beaucoup de minutie. Nous avons besoin de toi, Gabriel. Ou plus exactement, nous avons besoin de ta grâce. »
Les yeux de l'archange s'écarquillent d'horreur. Le cœur de son vaisseau rate un battement. Elle n'oserait pas ? « Tu n'en as pas la capacité. »
« Je me la suis accordée. De mes propres mains. Les Dévoreuses se nourrissent d'un type de met un peu particulier, nous les avons créer dans cet unique but.»
« Tu es complètement folle...laisse moi partir et tout restera entre nous. Je passerais tes agissements sous silence devant Père. On oublie tout, d'accord ? »
« Tu ne comprends pas. Père n'est plus là. Il s'est retiré. Nous avons le champs libre maintenant. Mais le paradis a besoin d'un chef et nous allons lui en donner un. »
Elle fait un geste. Deux coups de sifflets retentissent.
« Non ! Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas ! Mebahiah !»
Gabriel regarde avec une horreur absolue les sangsues qui s'avancent vers lui. Le pire châtiment que l'on puisse donner à un ange rampe à son encontre. Gabriel déchaîne son pouvoir conte les créatures, mais toute l'énergie est absorbée en un clin d'œil. Il ne renonce pas et les bombarde de décharges qui s'évanouissent dans le vide.
L'archange dévoile alors la totalité de son aura.
Ses immenses ailes sont comprimées dans l'espace si confiné. Tellement petit pour elles. La pièce entière se noie dans un éclair aveuglant de blancheur. La cage vibre sous la pression démesurée mais ne cède pas. Des flammèches résiduelles de son pouvoir courent sur les vitres en serpents électriques puis s'éteignent d'elles mêmes, comme absorbées dans la substance.
Bon sang, de quoi la cage est-elle faite ! On dirait presque de l'huile sacrée.
Gabriel accentue la tension de son pouvoir, véritable astre miniature éclatant de milles feux. Conquérant flamboyant du ciel. L'éclat de sa grâce illumine chaque fibre de son corps, rayonnant d'une puissance que nul mortel ne pourrait concevoir.
Un phœnix irradiant plus que le soleil lui même. Persuadé d'avoir carbonisé les vermines depuis longtemps, l'archange bride son aura, redonnant ainsi une visibilité normale dans l'entrepôt. Mais toujours intactes, les Dévoreuses s'immobilisent en arc de cercle et dévoilent une mâchoire hérissée de crocs pointus.
Elles sont encore là ! Pourquoi ? Pourquoi !
Il leur redonne un bain radioactif. En vain. Son pouvoir est inefficace. Non ! Non ! C'est hors de question ! Il refuse !
Pour la première fois de sa vie, une ignoble panique l'habite. Une terreur sans nom. Hideuse. Faites que tout s'arrête. Que quelqu'un l'aide. Que quelqu'un l'aide. Il tambourine contre les parois.
« Laissez moi sortir ! Laissez moi sortir ! »
Rien ne transparaît sur les traits rigides de ses bourreaux. Les sangsues émettent une stridulation. La première bondit. Et les autres suivent. Les crochets se fichent profondément dans sa chair.
Il arrache les premières Dévoreuses et les jette plus loin, sans se soucier des filets de sang qui dévalent des morsures. Le contact spongieux des créatures lui donne des hauts le cœur. Mais elles reviennent, elles ne meurent pas malgré ses essais pour les écraser manuellement.
Très vite et sans moyens de riposte, il se trouve surchargé par le nombre. Voraces, elles s'accrochent à chaque parcelle de peau. Les bras ballants, Gabriel cesse de se défendre. C'est inutile. Tombant à genoux, il se recroqueville dans un coin de la cage et sa grâce se recroqueville avec lui.
Elle plonge dans les profondeurs de son être. Elle essaye de se cacher. De ne plus exister. Roulé en boule, la tête entre les bras Gabriel gémit quand une Dévoreuse commence à aspirer, drainant sa grâce. A la douleur physique s'ajoute la douleur de l'esprit.
Les Dévoreuses tracent des chemins dans la chair et déchiquettent le spirituel. Se repaissant en un bruit de succion. Une vrille insidieuse s'immisce en lui et s'attaque à ce qu'il a de plus précieux.
Il hoquette, la part la plus profonde de lui même, dénaturée. Déchirée entre des canines. Violée par d'immondes parasites. Suppliciée et jetée en pâture à une horde de prédateurs. Chaque dent est une blessure dans son essence.
Il est écartelé. Chauffé à blanc de l'intérieur. Du métal en fusion carbonise ses terminaisons nerveuses. Un incendie ravage ses veines.
Le monde n'est que douleur.
Atroce.
Une souffrance inimaginable. Au delà de toutes choses. Sa grâce se tortille tout au fond, voudrait fuir sous l'assaut. Échapper à la torture des torrents de feu qui se déversent dans ses plumes. L'enfer brûle à l'intérieur.
Il n'y a pas d'échappatoire. Et ses plumes disparaissent une à une. Sa grâce mise en lambeaux. En haillons misérables. En pitoyables guenilles.
Il crie sa peur. Il crie sa souffrance.
Il hurle le cœur de son cœur arraché, battant encore.
Il hurle le tabou de son être, détruit.
Hurlements devant l'intolérable. Devant la pire torture qu'il soit.
Hurlements de sa grâce qui meurt.
Hurlements viscérales.
Et alors il ne reste plus rien. La lumière n'est plus. Sa lumière n'est plus. Il ne reste que la forme prostrée de Gabriel. Le corps ensanglanté. Agité de grelottements devant l'abomination subie. Abomination. Il n'y a pas d'autres mots.
Rassasiées à souhait par la richesse et la pureté de leur repas, les sangsues désormais environnées d'un halo se détachent en une flopée « pop ». Un sourire de grande satisfaction glisse sur le visage de Mebahiah. « Bien. Je vois que tu as cessé de fanfaronner. »
L'archange qui n'en est plus un lève la tête vers la Principauté. « Tu me répugnes. » Murmure-t-il.
« Peut être. Mais je suis l'instigatrice d'une nouvelle ère. Et le progrès est toujours au prix de dommages collatéraux et de sacrifices. Tu n'es plus qu'un humain, maintenant. Autant dire rien. Et c'est pour cela que je vais te laisser vivre. Parce que tu n'es plus rien. »
Gabriel serre les poings. L'ange continue. « Je vais te laisser le choix d'une destination. Réfléchis bien et réfléchis vite. Tu es plutôt mal en point. Mais sans doute la mort est-elle préférable, n'est ce pas. »
Les Dévoreuses s'agitent au fond de la prison. Trop de nourriture d'un coup. Beaucoup trop. Elles gigotent, dépassées. Agonisantes. Elle explosent tour à tour. Libérant la grâce enfouie dans leurs estomacs. Mebahiah ne s'en émeut pas. C'était prévu. Des volutes évanescents s'échappent des Dévoreuses et s'enroulent en un globe bouillonnant au milieu de la cage. Incapable de s'enfuir.
-Arizona, Phoenix -
Gabriel apparaît dans le salon d'un appartement. Un homme se lève, paniqué de trouver une personne couverte de blessures débarquer chez lui. « Qu'est ce qu'il se passe ? »
La voix entrecoupée par une respiration laborieuse, l'ancien archange s'explique en quelques phrases brèves. « Tu es un ancien protégé de Castiel. Appelle le. Urgent. »
Un bruissement d'ailes plus tard et un ange vêtu d'un trench beige se matérialise. « Oui, James ? » s'enquit-il.
Le dit James désigne un homme allongé sur le canapé. Castiel reconnaît aussitôt le visage exsangue. Mais non. Impossible. C'est...c'est... « Gabriel ? » Ce dernier a bien envie de lui crier que non c'est le dernier millionnaire du mois, mais il se retient de justesse.
« Castiel.»
L'ange remarque alors que quelque chose manque. Quelque chose de primordial. Une larme roule sur la joue de Castiel. Minuscule et solitaire. « Mon frère …. »
Gabriel détourne le regard. « Je sais. »
-Ancien repère des Hommes de Lettres actuellement repère des Winchester, Lebanon, Kansas-
Sam regarde son aîné dormir d'un sommeil bienheureux sur le canapé. Un sommeil paisible, effet des somnifères qu'il a discrètement fait avaler à Dean. Bien sûr, à son réveil ce dernier serait furieux mais il n'avait pas dormi depuis au moins quarante huit heures et tenait sur les rotules.
Doucement le cadet dépose une couverture sur son grand frère et s'éclipse faire une série de courses.
Quand il revient, quelques heures plus tard une surprise l'attend. Il pousse la porte métallique qui donne accès au refuge d'un coup de pied et se faufile à l'intérieur, les bras chargés de paquets.
Paquets qu'il manque de lâcher quand Dean débarque devant lui en s'exclamant d'une voix tonitruante. « Sammy ! J'allais justement t'appeler pour que tu ramènes tes fesses ici en vitesse. »
Sam fronce les sourcils devant l'air soucieux et incertain de Dean. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Dean secoue la tête en silence. Inquiet, Sam pose les courses à même le sol et se précipite vers le reste du souterrain, traversant les pièces au pas de course, suivit de près par son frère. Castiel se trouve dans la cuisine. Un corps est allongé sur la table.
Les yeux écarquillés de surprise, Sam ressaisit l'identité de l'individu. « Gabriel ? Mais mais tu ….tu …. » Reprenant son souffle, Sam finit par achever péniblement sa phrase. « Mais tu ...tu étais mort ! »
« Si tu n'as rien de plus constructif à dire va donc voir ailleurs si j'y suis. » réplique l'intéressé.
Sam ignore le commentaire, son regard vient de s'attarder sur les plaies sanguinolentes de Gabriel. Dean tape son épaule. « Castiel va arranger ça. » L'ange hoche la tête et applique ses doigts sur le front du blessé. Il plisse les yeux. Recommence.
« Cas' ? » s'informe Dean.
« Ça ne fonctionne pas. »
« Quoi ?! » s'exclame l'ainé Winchester, surpris.
L'ange passe une main au dessus des plaies. Une lueur palpite sur ses phalanges, dessinant le tracé des veines. Castiel la retire aussitôt, comme s'il venait de se brûler. « J'ai l'impression que quelque chose annule la guérison. Mon frère je suis désolé de ne pouvoir t'aider.»
Sam jette un œil alternatif aux deux anges. Sa sensibilité est titillée par l'attitude de Castiel, qui semble étrangement triste alors qu'il vient de retrouver un disparu qui lui est cher.
Et autre chose le titille. « Pourquoi ne pas te guérir tout seul ? » demande-t-il à l'homme sur la table.
La réponse n'arrive pas toute de suite. « Je ne peux pas. Cesse de poser des questions pour une fois, je suis en train de crever là.»
Ne sachant pas vraiment ce que cette réponse implique, le chasseur prend les choses en main. Pas le temps de s'attarder sur ce que Gabriel a encore dû faire. Encore un truc débile, à tous les coups. « Tu n'es pas sur le point de mourir. On va devoir le recoudre. Il ne peut pas rester comme ça. »
« Je te laisse faire, sans façon. Je vais me charger de l'achever si tu me laisses avec une aiguille dans les mains. » annonce froidement Dean, la rancœur encore peinte sur ses traits.
« Oh ça va, j'ai compris » soupire Sam.
« Dépêchez-vous les donzelles, je refuse catégoriquement de mourir sur cette table crasseuse pendant que vous vous faites des politesses pour désigner celui qui devra me charcuter la bidoche. » proteste Gabriel qui malgré sa respiration saccadée arrive encore à placer des piques. Un peu faiblardes, certes.
Dean le foudroie du regard. « Ne nous tente pas. »
Sam lève les yeux au ciel. « Dean. Plus tard. »
Il pose une main sur le front de Gabriel. Brûlant de fièvre. Dean est expédié à la salle de bain chercher le reste du matériel de soins, il s'exécute avec mauvaise volonté en grommelant des insultes à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Sam écarte délicatement les vêtements dont le tissu imbibé de sang s'est collé aux lacérations. Il ne prête pas attention aux râles de son patient et se débarrasse du tee-shirt avec un couteau.
« Ne rajoute pas d'autres entailles à mon palmarès, le primate. »
« Fais pas la chochotte. »
« La ferme. »
« Tu devrais te taire, tu es déjà à peine conscient. »
En effet, le visage pâle de Gabriel est luisant de sueur, ses cheveux blonds collés aux tempes.
« Et alors ça ne m'empêche pas de... » Sam lui enfonce un torchon dans la bouche coupant cours aux protestations qui s'annoncent.
« Ça ne chatouille même pas. C'est marqué sur la bouteille.» précise-t-il en imbibant les meurtrissures d'une généreuse dose de désinfectant. Un désinfectant dont Sam sait précisément qu'il pique atrocement. Mais au moins il est efficace. Un grognement étouffé lui parvient, tandis qu'une paire d'yeux dorés le mitraille avec reproche.
Mais ce n'est que le début des réjouissances. Son œil exercé remarque aussitôt des traces de dents. Apparemment l'archange (ou ce qu'il pense encore être comme tel) s'est fait mastiquer avec application. Les morsures sont profondes et anarchiques. La circonférence des mâchoires est assez petite mais il y en a toute une multitude.
Elles s'étalent sur tout le torse, les bras. Quelques unes sur le dos. Et un certain nombre sur les jambes visibles à travers le jean que Sam n'a pas retiré. L'archange se chargera lui même de celles là.
Sam grimace en voyant l'étendu des dégâts. Un véritable déchiquetage en règle. Ce ne sont pas des morsures, c'est une boucherie. On dirait que quelque chose à voulu dévorer l'archange vivant sans se donner la peine de finir le travail.
La chair mise à mal est comme...creusée par endroit. Même si Sam n'aime pas Gabriel, il ne souhaite ce genre de traitements à personne. « Ça ne chatouille même pas. » répète-t-il, s'attirant une œillade meurtrière.
Il retrousse ses manches et se met au travail. Il plonge l'aiguille une première fois dans un coin de peau. Un long frémissement parcourt le torse de son patient. Gabriel pousse une exclamation incompréhensible mais un « Espèce de singe ! » réussit à passer l'obstacle du torchon.
Sam ne s'arrête pas dans sa lancée et suture les plus vilaines entailles avec le professionnalisme conféré par l'habitude. Les moins profondes sont pansées. Chaque morsure est désinfectée une deuxième fois par mesure de précaution. Les balafres ne sont pas les plus graves que le chasseur aient jamais vu. Il a été confronté a tellement pire, mais leur aspect n'est vraiment pas engageant.
La viande est réduite en dentelles.
Sam travaille un long moment, tellement concentré qu'il n'entend pas les allées et venues de Castiel et de Dean qui viennent s'informer du déroulement des opérations. Finalement il s'est aussi occupé des jambes, se contentant d'agrandir les trous du jean pour accéder aux estafilades.
Il écarte une mèche de son front avec de le dos de sa main rougie et lâche un soupir. Il a terminé. Gabriel s'est évanoui depuis longtemps. Et ça se prétend archange. Alors que le chasseur se lave les mains, les deux autres occupants des lieux arrivent. « Tu as finis de jouer à l'infirmière ? C'est pas trop tôt. » le taquine son frère.
« Il a bien fallu que je me dévoue puisque certains ont une perruque entière dans la main. » répliqua Sam.
« Maintenant tu n'as plus qu'à te dévouer pour le porter dans une chambre. On ne le laisse pas sur la table de la cuisine, ça va me couper l'appétit.»
« Et ce n'est pas hygiénique. Si tu t'en chargeais toi, pour changer ? »
Dean tapote l'épaule de son cadet. « Ohhh un homme grand et fort comme toi. »
Sam renifle, en regardant son frère du haut de toute sa taille. « Un minus comme toi, tu es sûr que tu n'as pas rétréci au lavage ? »
« Moi au moins je passe les portes. »
« Oui...tu les passes. Tu risques même de tomber dans la cuvette des toilettes par inadvertance. »
« Je m'en occupe Dean. » Intervient Castiel qui aussitôt dit, aussitôt fait se téléporte avec Gabriel.
« Sauvé par ton ange perso. » se moque Sam.
« Et oui Sammy, j'ai la classe que veux-tu. »
Un sourire effleure les lèvres de Sam. Depuis le retour de Dean et de Castiel du Purgatoire, ils ne s'étaient pas chamaillés de la sorte. Une bonne veille habitude qu'il est content de retrouver.
Pendant qu'il range le matériel, des questions s'emmêlent dans sa tête. Des questions qui concernent l'arrivée et surtout le retour inopiné de Gabriel. Comment ? Par qui ? Dans quel but ? Il sait pertinemment par expérience que ce genre d'actes n'est jamais gratuits. Jamais.
Pourquoi l'archange ne peut-il pas se guérir ? Pourquoi Castiel n'a-t-il pas pu le guérir ? Tant d'interrogations que Sam tourne et retourne. Et il ne sait pas laquelle est la plus préoccupante du lot. Des ennuis en perspectives, ça c'est sûr et certain. Mais les questions devront attendre. Les réponses devront attendre.
Je suis impatiente de voir vos réactions ^^ Un petit commentaire peut-être ? Positif ou négatif, je prends tout évidemment !
