Souffre, Cours, Saigne.
Bonjour à tous ! Je suis impardonnable : je vous avez promis ce chapitre hier, mais j'ai été débordée ! Je vous jure que c'est vrai, enfin mille excuses et merci à tous de votre patience.
Si vous avez suivi la première partie de cette trilogie, intitulée « Mange, Cours, Aime. », vous serez ravis de retrouver les personnages là où vous les avez laissés. Pour les autres, un petit tour sur MCA vous permettra de bien comprendre les événements.
Il s'agit toujours un UA, Cato x Katniss et le rating est T, je pense que cela est suffisant pour le moment... Alors, bienvenue à tous pour la suite de cette aventure !
Bonne lecture !
Chapitre Premier : Fracassage de Mythe
[POV Katniss]
[Je m'apprêtai à rentrer dans l'immeuble lorsque mon téléphone vibra furieusement : j'avais un appel ! Qui donc pouvait m'appeler un premier janvier à presque six heures du soir ?]
_Katniss ? Demanda la voix de l'autre côté du téléphone que j'identifiai comme celle de ma mère.
_Oui maman, répondis-je en m'efforçant d'être polie. Qu'y-a-t-il ?
Seuls des sanglots me répondirent.
_Tu pleures ? Maman, qu'est-ce qui se passe ? La questionnai-je, l'inquiétude envahissant peu à peu mon esprit.
_Oh Katniss..., sanglota-t-elle. C'est atroce ! Je... Prim... Elle... Non... Oui... C'est affreux...
_Maman, qu'est-ce qui se passe ? Prim a fait une crise ? Où es-tu ?
_À... l'hôpital ! S'exclama-t-elle entre deux crise de pleurs.
_C'est bon alors, tentai-je de la rassurer, les médecins vont s'occuper d'elle et la soigner. Demain, elle ira mieux et elle rentrera à la maison avant la seconde quinzaine de janvier. Ça va aller...
_Mais... Katniss... Elle... Elle... Prim... Elle...
_Calme toi et dit moi ce qui ce passe, ordonnai-je en déverrouillant la porte de l'appartement, avant de poser les clés sur la table de la cuisine.
_Katniss, lâcha-t-elle dans un éclair de lucidité. Prim vient de mourir.
La bouteille de lait que je venais d'attraper éclata sur le sol. Je ne parvenais pas à aligner deux mots à la suite... Mon cerveau refusait d'identifier l'information : Primrose, ma petite sœur, si éclatante, si formidable, si résistante, si courageuse avait succombé à cette putain de maladie ? Je ne pouvais le croire. Des larmes dévalèrent mes joues sans que je puisse les retenir. Je raccrochai brusquement et enfonçai mon téléphone dans ma poche avant de sortir en courant de la maison. Il fallait que je quitte cet endroit !
Les passants se retournaient sur mon passage, étonnés de voir une jeune fille si peu vêtue, courir à en perdre haleine, alors que les thermomètres extérieurs affichaient moins six degrés. Je ne savais pas où j'allais mais j'avais la sensation que mon corps me conduisait dans la bonne direction. Je traversais la rue juste devant les roues d'un camion de livraison qui pila brutalement et qui se fit emboutir par la voiture qui le suivait. Le chauffeur du poids lourd sortit de sa cabine en beuglant, mais ses cris se perdirent dans les bruits de la ville.
J'atterris, sans trop savoir comment, dans un salon de coiffure rose bonbon. Cashmere, vint à ma rencontre, en fronçant les sourcils :
_Katniss, c'est un plaisir de te voir ici, mais, il est tard et...
En voyant mon visage dévasté par des flots torrentiels de larmes, elle s'arrêta net.
_Il faut que tu m'aides à quitter l'Amérique, déclarai-je en m'asseyant dans l'un des fauteuils de l'institut.
La blonde écarquilla les yeux de stupéfaction tout en passant une main dans son carré plongeant décoiffé.
_Si tu veux, mais pourquoi ça ? C'est très soudain... Tu es sûre de ne pas faire une bêtise ?
_Certaine, appuyai-je d'une voix décidé. Tu pourras me couper les cheveux avant que je parte ?
_Oui, mais où veux-tu aller ? Me questionna-t-elle en poussant de son chemin son chariot de matériel.
_En France. Retrouver mon petit ami Peeta. Mais pour cela, il me faut mon passeport. Veux-tu aller me le chercher chez moi s'il te plait ? Je te note l'adresse sur un bout de papier, d'accord ?
_Soit, se résigna-t-elle. Mais j'exige des nouvelles régulières.
_Tout ce que tu veux... Mais sache que je ne peux de dire la raison de mon départ, mais c'est très compliqué...
Elle ne répondit pas, se saisit de ses clés de voiture, ainsi que de son manteau et disparut en claquant la porte.
J'observais l'environnement de la jeune femme avec une attention destinée à écarter mes problèmes de mon esprit. Le sol et les murs étaient recouverts d'une moquette rose bonbon décorée de spirales fuchsias. De grandes fenêtres laissaient entrer la lumière du jour, si bien que l'éclairage ne semblait être de rigueur que lors des froides et lugubres soirées d'hiver où il fait parfois nuit avant dix-sept heures. De nombreux sièges en rotin clairs étaient disposés en cercle autour d'une table basse en verre sur laquelle demeuraient de nombreux magazines de beautés. À l'entrée, un bureau avec une caisse enregistreuse permettait à Cashmere d'encaisser les payements de ses clients. Sur la gauche, l'ensemble de ses affaires de coiffure étaient gaiement disposées afin que les clientes puissent profiter de la lumière ambiante. Pour terminer la décoration, des photos de la coiffeuse avec les différentes coupes qu'elle avait portées au cours de sa vie égayaient les murs.
La sulfureuse blonde revint et me jeta mon passeport dans les mains. Elle trainait derrière elle une valise de taille standard... ma valise.
_J'ai supposé que tu aurais aussi besoin de ça, lança-t-elle but en blanc. J'espère que tu sais ce que tu fais, car je n'ai pas passé quinze minutes dans les bouchons pour faire trois cents mètres pour des bêtises. Bon voyons donc ses cheveux... Si tu veux que j'arrange ce désastre capillaire.
Elle débarrassa un de ses fauteuils et m'invita à prendre place.
_Je ne veux pas court, l'avertissais-je tout en m'asseyant devant elle. Tu égalise juste et ça ira...
_Je ferais ce que je pourrai... Et tu ne payes pas, donc je suis libre de faire comme il me plait. Regarde moi ça ! S'écria-t-elle en attrapant quelques mèches de mes cheveux. Je n'ai jamais, et j'en ai vu passer pourtant, eu à traiter des cheveux aussi abimés !
Je m'apprêtai à répliquer lorsqu'elle commença à me laver les cheveux. Un silence lourd s'abattit sur notre duo et je l'entendais grommeler entre ses dents au sujet des vieux chauffards qui ne connaissent rien à la conduite et des adolescentes en transe qui ne s'occupent pas de leurs cheveux. Elle me poussa ensuite vers son atelier de coupe, sous sous la fenêtre qui donnait sur la rue principale. Une paire de ciseaux passa dans mon champ de vision et deux coups secs égalisèrent ma chevelure, environ cinq centimètres sous les épaules. Je me raidis lorsque je sentis le regard expert de Cashmere glisser sur mes épaules.
_Je pense que cette longueur ira, déclara-t-elle en reposant ses ciseaux. Je sèche tes cheveux et je t'amène à l'aéroport. Avec un peu de chance, il restera quelques places en seconde classe pour le vol hebdomadaire New-York-Paris.
Vingts minutes plus tard, nous étions en route pour me permettre de quitter le pays. Cashmere ne pipait mot mais elle n'avait pas besoin de mots pour me faire comprendre que ma décision ne lui plaisait pas. Partir précipitamment à l'étranger, en France qui plus est, sur un coup de tête, avec seulement cinquante dollars en plus des quatre-vingt-douze nécessaires pour payer le voyage en avion et une valise avec à peine cinq pull, trois jeans, un jogging, une chemise de nuit ainsi qu'un nécessaire de toilette, ne l'encourageait pas à m'aider outre mesure. Mais la blonde était très serviable, et je pensais qu'elle m'aimait plus qu'elle ne voulait réellement le montrer...
Après une grosse demi-heure passée dans les embouteillages, nous arrivâmes enfin sur le parking de l'aéroport. Cashmere gara sa voiture, descendit en m'entraina à sa suite en marchant d'un pas actif sur ses talons vertigineux. Elle entra royalement dans le hall et se planta devant une caissière au téléphone.
_Mon amie à besoin d'un billet pour Paris. Tout de suite ! Beugla-t-elle en voyant que l'employée continuait sa conversation téléphonique sans s'intéresser à nous.
Après avoir patienté une demi-seconde de plus, elle arracha le téléphone des mains de la femme et cracha au combiné qu'elle rappellerait plus tard.
_Donc je disais, repris calmement la jeune femme en dardant un regard noir sur la caissière, que mon amie a besoin d'un billet pour le vol à destination de Paris, qui part dans vingt-sept minutes, si j'en crois le tableau derrière vous.
_Il ne me reste que des places dans la classe affaire et je crains que vous ne soyez en mesure de...
_Katniss, donne tes quatre-vingt-douze dollars s'il te plait. Auxquels j'ajoute les deux cents manquant... Le compte est bon ?
L'employée hocha la tête et tendit à mon amie le billet d'une main tremblante. Cashmere s'en empara et me traina à sa suite vers l'aire d'embarquement.
_Nous y voici, commença-t-elle, tandis que mes bagages passaient au contrôle. Le grand départ. Pas de larmes, tiens moi juste au courant de ton arrivée. Et j'espère que tu ne te trompes pas en partant ainsi pour la capitale française... Au revoir.
_Au revoir..., chuchotais-je en la regardant s'éloigner d'un pas vif et coléreux.
_Mademoiselle, m'interpela le contrôleur, vos bagages sont en règles. Vous pouvez y aller.
Je lui souriais difficilement et tel un automate, me dirigeai vers l'avion, dans lequel s'engouffraient déjà des personnes. Une hôtesse me guida jusqu'à mon siège et m'expliqua le fonctionnement des diverses boutons placés sur la tablette devant moi. Elle esquissa une courbette respectueuse et disparue à l'arrière. Une voix off indiqua que le départ allait bientôt être donné et donc d'attacher nos ceintures. Je m'exécutai et sentit l'avion se mettre en marche. Derrière le hublot, le paysage défilait de plus en plus vite jusqu'à ne laisser place qu'au gris des nuages obscurcissant l'asphalte. Je me détachai ensuite et entrepris de dormir, la tête appuyée contre la paroi.
[POV Cato]
[En rentrant chez moi, je découvris avec stupeur que mes parents m'avait, une fois de plus, laisser seul. Je faillis appeler Marvel, pour lui proposer une partie de jeux vidéos mais il devait être avec sa famille. J'envisageai alors une sortie en boite de nuit, mais mon corps manifesta sa fatigue, alors je me glissai dans les draps et au moment où j'allais sombrer dans le sommeil, mon portable vibra. Qui pouvait m'appeler maintenant ?]
_Cato Hardravers à l'appareil, dis-je en décrochant d'une voix enrouée et fatiguée.
_C'est Brutus, excuse moi de te déranger, mais j'ai fais du tri dans mes papiers et je viens de m'apercevoir que j'avais déjà reçu ta convocation pour Miami mais que j'avais oubliée de l'ouvrir. Ton départ est prévu pour le six janvier. Donc dans cinq jours. Ton établissement scolaire est au courant, il transmettra en temps voulu ton programme au centre d'entrainement, si tu es définitivement accepté dans l'équipe nationale, mais je ne me fais pas de soucis pour ça. Pense juste à réserver ton billet de train ou d'avion, je ne sais pas en quoi tu voyages... À demain, je suppose, je vais tâcher de finir ton administratif pour ne pas que tu es de problème avec ton club d'accueil.
Et il raccrocha brusquement. Je posai mon portable sur ma table de nuit tout en soupirant. Certes c'était une très bonne nouvelle, mais j'aurai préféré que le mentor attende le lendemain pour me l'annoncer. Je n'eus pas à attendre très longtemps avant que Morphée me prenne dans ses bras.
Lorsque j'ouvris les yeux le lendemain matin, il n'était que dix heures. Je m'extirpai de mes couvertures et allait prendre une douche froide pour achever de me réveiller. J'étais heureux : je partais pour la Floride le dimanche suivant. En descendant manger, j'appris à mes parents que je serais absent du six au vingt-et-un janvier pour le stage de détection des futurs membres de l'équipe nationale. Ils parurent sincèrement heureux pour moi et mon père me dit qu'il s'occuperait du billet de train. J'attrapai une pomme au vol dans la corbeille et filait en direction du Capitole pour apprendre la nouvelle aux autres.
Lorsque j'arrivai au club, un homme en costume-cravate gris perle discutait devant le bureau de Haymitch avec Enobaria.
_Tenez le voici ! S'exclama la coach en me voyant entrer. Cato, viens ici s'il te plait, monsieur Flavius a à te parler au sujet du stage à Miami. Haymitch vous laisse son bureau, il n'est pas là ce matin.
Je m'engouffrais alors à la suite de l'homme, âgé vraisemblablement d'une trentaine d'années. Il s'assit à la place de l'entraineur et m'invita à m'asseoir en face de lui.
_Alors voici le fameux Cato Hardravers, commença-t-il un sourire narquois en coin. Aussi impressionnant que le conte ce vieux Brutus. Enfin, la question ne se pose pas. Comme tu le sais, tu es invité à prendre part au stage de sélection de l'équipe nationale. Ce stage va durer quinze jours, durant lesquels tu passeras tout une série de teste de sprint, d'endurance, de saut diverses et variés. Pour chaque exercice tu obtiendras une note entre zéro et douze. À la fin du stage tu rentres chez toi et les entraineurs discuteront entre eux de toutes les candidatures qui se sont présentées pendant ces deux semaines. S'ils jugent la tienne intéressante, alors il te le feront savoir et tu seras invité à rejoindre l'équipe pour un mois, puis un autre, ect... si ton niveau convient, ça va de soi. Et généralement, au bout de trois ou quatre mois on te propose une place permanente. C'est arrivé à Finnick Odair l'année dernière. Je l'aurais volontiers fais convoqué cette année, mais son accident a brisé nos espoirs de retour. Enfin, as-tu des questions ?
_Non aucune, lui répondis-je dans un sourire faux. Si vous avez terminé, j'ai besoin de m'entrainer pour rester au niveau et je souhaiterais y aller.
_Allez y, allez y ! me dit-il dans un geste négligé de la main.
Je sortis sans ajouter un mot et me dirigeai vers la porte donnant sur les pistes extérieurs lorsque Marvel sortit des vestiaires sur ma droite, les bras chargés d'affaires. Je lui tins aimablement la porte et il passa sans un regard pour moi.
De colère j'envoyai claquer la porte, ce qui n'arracha même pas un sursaut à mon complice d'antan. Je fonçai vers la piste comme une furie et fit vingts tours de stade en sur-régime pour me calmer. Ce n'eut pour effet que je me clouer sur le sol froid. Je me relevai et m'étirai en pestant avant de jauger la haie d'un mètre qui se trouvait devant moi. Je pris un rythme lent et à trois foulées de l'obstacle accélérai pour m'enlever avec énergie. Mais j'oubliai de ranger ma jambe de passage, heurtai la haie et manquai de m'écrouler comme un débutant. Écœuré, je crachai sur l'herbe bordant la piste et rentrait à l'intérieur.
_Tu as déjà fini de t'entrainer ? Me questionna Enobaria d'une voix doucereuse qui indiquait qu'elle avait vu mon piètre accès de colère.
_Je reviendrais plus tard, lançai-je sèchement en claquant la porte d'entrée du club derrière mon dos.
Satan que Marvel était énervant ! Depuis que je n'avais pas accouru à l'accident de Finnick, alors qu'il était dans le coma et qu'il avait besoin de repos la bande d'amis que nous formions Marvel, Finnick, Clove, Glimmer et moi, partait en éclat. J'avais du mal à anticiper la manière dont ils allaient accueillir l'annonce de mon départ pour Miami, alors qu'avant, j'aurais su exactement trouver les mots pour leur annoncer. Clove allait certainement être contente pour moi, de toute manière, elle était toujours contente. Glimmer et Finnick s'en moqueraient éperdument tandis que Marvel ne dirait rien. Ça, c'était une certitude. Mais savoir que mon acolyte depuis ma plus tendre enfance ne ressentait plus rien pour moi, en terme d'amitié bien évidemment, c'était dur à avaler. Petits et jusqu'à peu, nous étions INSÉPARABLES ! Aujourd'hui, nous sommes comme deux inconnus face à face.
J'étais trop énervé pour appeler mon chauffeur et décidais alors de rendre visite à Finnick chez ses parents. En arrivant devant le superbe « château » de la famille Odair, Magdalena, la mère de mon ami, me salua depuis l'une des chambres des étages supérieurs.
_Finnick est dans sa chambre, dans l'aile Ouest ! Me hurla-t-elle après avoir ouvert la fenêtre.
J'entrais dans le chaleureux hall de la bâtisse, ce qui était pour le moins surprenant quand on connaissait la froideur extérieure donnée par la propriété. Un parquet proche de l'ébène, contrastait avec des murs bleu d'eau translucides, recouvert de toiles d'artistes anonymes ou peu connus du monde contemporain. Le père de Finnick, fin collectionneur d'œuvres d'arts, adorait aider les jeunes artistes en achetant leurs productions, souvent hideuses, à des prix faramineux. Finnick avait depuis toujours, plus ou moins, baigné dans l'art et il n'était pas étonnant, qu'à l'âge de cinq ans, il ait demandé à prendre des cours de peinture. Aujourd'hui, il peignait beaucoup et exposait ses toiles lors de la semaine de l'art du Quatre, où il vendait parfois ses créations et donnait la moitié de ses bénéfices à des associations caritatives ou encore à des structures d'accueils pour personnes malades ou pour des gamins à problèmes. La générosité de mon « ami » n'avait pour égal que son talent. J'avais beau ne pas être un grand amateur d'art, je ne pouvais m'empêcher de m'extasier devant la copie de l'impression soleil levant de Claude Monet, que mon ami avait réalisé à des dimensions deux ou trois fois supérieures à même le mur de sa chambre.
En arrivant dans le couloir menant à la chambre du jeune homme, je remarquai alors que sa porte n'avait pas changé, même après qu'il est quitté la demeure familiale, il y avait de ça deux ans. La porte était peinte en blanc et recouverte de jets de peinture rouge et bleue. Je toquai délicatement et passait ma tête par l'ouverture.
_Entrez ! Répondit Finnick sans se détourner de sa toile.
Je me glissai sans bruit dans la pièce. Comme chez moi, les murs étaient blancs, sauf celui de l'impression soleil levant, et la moquette arborait une couleur cristalline. Une immense baie vitrée donnait une vue imprenable sur les jardins du château. Malgré le nouvel handicap de mon ex-collègue, aucun de ses meubles n'avait subi de modifications pour lui permettre d'être plus à l'aise. La fierté du jeune homme avait déjà pris un sacré coup lorsqu'il avait dû quitter son loft pour revenir habiter chez ses parents, alors s'il avait dû modifier sa chambre, il ne l'aurait pas supporté.
_Que veux-tu Cato ? Me demanda-t-il toujours concentré à reproduire le déclin de la lumière grise à l'aide de nuances de blanc sur sa toile noire.
_Comment sais-tu que c'est moi ? Dis-je en m'asseyant sur son lit.
_Qui d'autre que toi, peux autant respirer la colère, la haine et l'insolence ? Que se passe-t-il ? Ils ne t'ont pas convoqué pour le stage de sélection ?
_Je ne suis ni en colère, ni insolent et encore moins haineux, mais en effet, j'avais besoin de te voir.
_Pour quelle raison ? Je passerais de temps en temps au Capitole si c'est ce dont tu as besoin et que Brutus t'a envoyé faire croisade auprès de moi.
_Non, déclarai-je d'une voix ferme, faisant légèrement sursauter le garçon aux cheveux couleur bronze qui faillit échapper sa palette. C'est au sujet de la sélection justement. Je suis appelé au stage du six au vingt-et-un janvier. Je pars dimanche prochain pour Miami et je voulais vous l'annoncer avant que j'entende encore dire que je ne dis jamais rien à personne...
_Miami est une très belle ville, n'en doute pas, s'exclama-t-il en continuant ses traits fins dans le ciel de son tableau. Pas très artistique mais, aucune n'est artistique à côté de Paris... Paris, ville lumière, ville d'artistes, de cultures, de monuments... Paris, c'est juste LA plus belle ville du monde !
_Dis donc ça à Clove..., dis-je dans un sarcasme à peine voilé.
_Clove est une exception. Et mon inscription pour les Beaux-Arts est partie la semaine dernière. J'espère qu'elle s'avérera concluante...
_J'espère pour toi que tu portes bien le béret et que tu aimeras la baguette parisienne, me moquai-je en souriant.
Il me tira puérilement la langue avant de s'écarter de sa toile.
_Qu'en penses-tu ? M'interrogea-t-il en essuyant ses mains sur son jean troué.
_Vraiment très joli, mais pas suffisant pour chez moi, plaisantai-je. Non, c'est très bien.
_Parfait, je n'aurais qu'à la vendre lors de la semaine d'art du Quatre, dans trois semaines et puis, si je ne peux pas en être, je la donnerai à la société protectrice des animaux de New-York, comme ça, ils en tireront un bon prix et pourront agrandir leur chenil. Tu restes manger avec nous ce soir ?
_Si tu veux, mais j'ai été faire une claque au Capitole et je me suis dit qu'il fallait que j'y retourne pour faire ça sérieusement, car vingts tours en sur-régime et un saut de haie pourri sous le coup de la colère, ça ne relève pas de l'entrainement de future star internationale.
_C'est sûr ! S'écria mon ami, avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas. File t'entrainer sérieusement, cette fois-ci, prend une douche et reviens manger ! Allez dépêche toi Cato ! Si tu n'as commencé dans dix minutes gare à toi !
_Quelle splendide imitation de Enobaria. On dirait que tu a fait ça toute ta vie.
Nous éclatâmes de rire et je me dépêchai de retourner au Club afin de m'entrainer. Finnick avait finit de s'énerver contre moi, et voici qu'il redevenait amical. C'était un bon point et surement que ce soir, son père nous servirait un des meilleurs rouges français, à la plus grande joie de mon ami. Il le voulait tellement ce voyage en France...
Je m'apprêtai à me rendre en salle de musculation quand Brutus sortit de son bureau et m'interpela d'une voix étrangement sèche :
_Cato ! Tu as vu le type de la fédération ce matin ?
_Non, juste monsieur Flavius. Il venait me mettre au courant des formalités concernant le stage et de ma possible admission dans l'équipe nationale.
_Et bien c'est justement de ça que je voulais te parler. Viens dans mon bureau, nous serons plus au calme, m'ordonna-t-il en jetant un regard furieux dans les couloirs déserts.
Je rentrais alors dans le grand bureau glacé et m'asseyais sans dire un mot. L'entraineur semblait anxieux.
_Tu pars dimanche pour Miami, soit, tu n'y peux rien, mais sache que je regrette de t'avoir laissé filer. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais et je t'empêcherais de participer à cette compétition à Denver et ainsi, de te faire repérer par le sélectionneur.
Mon cœur rata un battement, et se serra douloureusement.
_Et pourquoi cela ? Demandai-je en me levant pour faire les cents pas.
_Car, ton départ risque de couter la fermeture du club pardi ! S'écria le vieil homme en tapant du poing. L'essentiel des revenus du Capitole provenait des sponsors qui voulait être en mesure de participer au succès de l'étoile montante de l'athlétisme, c'est-à-dire toi. Alors dis-moi : si tu t'en vas, qui va être en mesure de les garder près de nous ? Finnick ne peux plus courir, Clove est partie, Glimmer et Marvel ne sont pas au niveau. Il y aurait bien Thresh, mais il semble ne pas avoir beaucoup de moyens et j'ai peur de l'user.
_Tu as Katniss, dis-je comme s'il s'agissait d'une évidence. Elle peut aller loin, très loin même. Engage la déjà en national trois et vois ce qu'elle donne. Elle a du talent et devrait garder les sponsors ici.
_Encore faudrait-il que mademoiselle vienne s'entrainer. Ça fait plus d'une semaine qu'elle n'est pas venue. Depuis le vingt-trois décembre si j'en crois mon calendrier. Enfin, la question n'est pas là. Tu as intérêt à ce qu'ils te gardent, Cato. Sinon, tu auras de mes nouvelles. Bonne chance et puisse le sort t'être favorable...
_À toi aussi, murmurai-je en passant la porte.
Bien qu'il fut presque huit heures, j'entrepris un petit temps de tapis roulant avant de me servir de quelques unes des machines de musculation. Si bien que lorsque j'arrivai chez Finnick, il était vingt-deux heures passées depuis un long moment.
_À te voilà enfin ! S'exclama mon ami en ouvrant la porte. Dépêche toi, nous t'attendions...
Je le suivis alors jusqu'au salon et m'installa en face de sa mère, comme lorsque nous étions gosses.
_Un peu de vin ? Me proposa aimablement son père en débouchant une bouteille d'un grand crû. Année deux mille sept, excellente année, du moins, cela n'engage que moi.
_Volontiers, acceptai-je en tendant mon verre.
Et vous ? Vous reprendriez bien un nouveau chapitre ? Dans ce cas, à samedi prochain :-) N'oubliez pas une petite review avant de partir ;-)
