Chapitre 1.

Cela faisait deux heures qu'il n'avait pas levé les yeux des rapports de mission des différentes équipes SG. Qu'est-ce qu'il pouvait détester cet aspect de ses nouvelles fonctions. Pourquoi le boulot d'un Général devait-il être pénible et barbant ? Quel intérêt y avait-il à gravir les échelons pour se retrouver assis derrière un bureau toute la journée ?

Les ennuis semblaient lui coller à la peau depuis qu'il avait pris le commandement de la base. Il avait dû faire face à une invasion alien, à une plante incontrôlable, à l'organisation d'un mariage, les membres de SG1 avaient été faits prisonniers…deux fois…Daniel avait disparu…encore une fois. Rien que de penser à ces derniers jours et il sentait son mal de tête revenir.

Il était 22 heures, la pile de rapports étaient bien entamée et il aurait pu, en son âme et conscience, rentrer chez lui pour quelques heures de repos bien mérité. Mais la paperasse n'était qu'un prétexte. SG1 devait rentrer de mission dans une heure et il mettait un point d'honneur à être présent à leur retour depuis qu'il ne faisait plus partie de l'équipe. Une manière de conjurer le mauvais sort, sans doute.

Il avait mis des mois à se convaincre qu'ils pouvaient très bien s'en sortir sans lui. Il lui avait fallu encore plus de temps pour réussir à dormir pendant qu'ils étaient en mission. Celle-ci n'était pas particulièrement dangereuse, juste une mission d'exploration. Une planète inhabitée, des ruines qui, d'après Daniel devait être un temple érigé par les Anciens. Ils allaient sûrement ramener des tas de photos, données et divers cailloux…le débriefing promettait d'être savoureux.

Encore 40 minutes et il serait suffisamment rassuré pour aller dormir. Même s'il avait en charge la sécurité de toutes les équipes SG, il se faisait toujours plus de soucis pour SG1. Peut être parce qu'il connaissait la capacité de certains membres de l'équipe à attirer les ennuis. Certaines de ses décisions avaient été très largement influencées par ce qu'ils avaient vécu ces dernières années.

Pour être totalement honnête, il savait que Carte était parfaitement capable de diriger l'équipe, Teal'c était un soldat accompli et ils s'étaient sortis de pas mal de situation périlleuses grâce à lui.

Mais Daniel restait son point faible. Il ne doutait pas de ses capacités ni de ses compétences. Il avait, au fil des années, gagné sa place dans l'équipe. Diplomate et linguiste, son intelligence et sa perspicacité leur avaient sauvé la vie à de multiples reprises. Son seul souci était qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se faire du souci pour Daniel.

Depuis qu'il le connaissait, il l'avait vu torturé, blessé, mort à plusieurs reprises. Il avait dû l'abandonner sur Abydos il y a huit ans sans savoir ce qui l'attendait. Il avait dû le laisser mourir sur le vaisseau d'Apophis. Il avait été prêt de lui lors de l'enterrement de sa femme, incapable de le réconforter comme l'aurait fait un véritable ami. Il l'avait même laissé mourir alors que Jacob était sur le point de le sauver. Cette année sans lui avait été une véritable épreuve et une révélation pour lui.

Les sentiments qu'il éprouvaient pour Daniel étaient bien plus profonds que ceux qu'il pouvait avoir pour des camarades d'armes. Daniel avait réussi là où bien d'autres avaient échoué, il avait fendu les murailles qu'il avait érigées autour de lui depuis l'enfance. Certains avaient appelé ça du mutisme mais pour lui cela relevait plus de l'instinct de survie.

Mais Daniel l'avait pris par surprise, réveillant chez lui des émotions oubliées depuis longtemps. Même s'il savait qu'il ne pourrait jamais dire à Daniel combien il était indispensable à sa vie, il s'était juré de faire le maximum pour le garder éloigné le plus possible des ennuis et divers dangers mortels que le jeune homme attirait comme un aimant.

Il était, en même temps, bien conscient de l'impossibilité de la tâche. Daniel avait la fâcheuse habitude de n'en faire qu'à sa tête et de croire que la vie de parfaits étrangers valait plus que la sienne.

Il fut interrompu dans ses pensées par l'alarme annonçant l'arrivée d'une équipe. Il se leva d'un bond et se dirigea d'un pas fatigué vers la salle de contrôle. Il n'avait pas réalisé à quel point il était inquiet avant d'entendre cette alarme retentir avec 10 minutes d'avance. Il n'avait plus l'âge pour ce genre d'émotions.

-C'est SG1, mon Général.

-Ils sont en avance. Aucune autre transmission à part le code d'identification ?

-Non, mon Général. Tout semble parfaitement normal.

-Bien, ouvrez l'iris.

Il descendit dans la salle d'embarquement. Il voulait voir de ses propres yeux que tout allait bien et que Daniel était en un seul morceau. Il fut soulagé lorsqu'il vit les trois membres de SG1 passer la porte sains et saufs. Ce n'est qu'après avoir constaté que ses amis étaient en un seul morceau, qu'il s'autorisa à respirer à nouveau.

Il remarqua ensuite l'objet que portait Daniel. C'était une boîte rectangulaire avec ce qui ressemblaient à des tiroirs. Elle ressemblait à ces casse-tête si ce n'est qu'elle était couverte de symboles et de signes qui lui rappelaient vaguement quelque chose.

-La pêche a été bonne ?

-Jack, que faites-vous encore ici à cette heure ?

-J'étais impatient de voir ce que vous alliez ramener de P4X…truc. Siler avait parié pour des cailloux avec des dessins dessus…

-Perdu, c'est bien plus que ça. Sam pense qu'il s'agit d'une machine qui…

-Daniel, Daniel…Serait- il possible de garder un peu de suspense pour le débriefing de demain ?

-Bien sûr. D'ici là, j'aurais commencé à traduire ce qui est inscrit dessus. Ce doit être une sorte de mode d'emploi écrit en Anciens.

-Daniel, la seule que je vous autorise à faire pour le moment, c'est prendre une douche, manger quelque chose et aller au lit. Et ne m'obligez pas à vous confisquer cette chose.

Jack ne put s'empêcher de sourire en voyant le soupir de Daniel.

-Jack, on a peut être mis la main sur une arme ou quelque chose d'encore plus important. Ce temple devait être une sorte de laboratoire…

-Raison de plus pour être prudents. Laissez les scientifiques s'amuser un peu avec ce truc. Histoire d'être sûr qu'il ne renferme pas une bombe cachée. Débriefing demain à 9 heures.

Daniel était sur le point de rajouter quelque chose mais il savait que Jack avait raison. Sa curiosité lui avait plusieurs fois jouée des tours dans un passé pas si lointain. Jack prenait son rôle très à cœur et Daniel était heureux de le voir au bas de la rampe à chaque fois qu'ils rentraient de mission. Il savait que rester à la base n'était du goût de Jack et il avait eut peur, les premières semaines, que ce ne soit trop dur et qu'l donne sa démission. Il n'imaginait pas ne plus pouvoir travailler avec Jack. Même s'il était, la plupart du temps, insupportable et borné, il était devenu son meilleur ami.

Daniel se dirigea vers les douches. Il rêvait d'un café et d'un bon lit. Il fut étonné de voir Jack devant lui, une main appuyée contre le mur.

-Jack, vous avez perdu le chemin de vos quartiers ?

L'inquiétude de Daniel grandit lorsqu'il n'obtint aucune réponse. Au lieu de ça, Jack s'appuya plus lourdement contre le mur. Daniel se précipita vers lui comprenant que quelque chose n'allait pas.

-Jack, qu'est-ce qui ne va pas ?

Les deux hommes étaient maintenant face à face et Daniel pouvait lire la douleur sur le visage de son ami.

-Vous voulez que j'appelle un médecin ?

-Non, ça va aller. J'ai juste un peu mal à la tête. Rien qu'une aspirine et une nuit de sommeil ne puissent réparer.

-Si vous êtes sûr.

-Bonne nuit, Daniel.

-Bonne nuit, Jack.

Daniel s'éloigna lentement, laissant Jack reprendre ses esprits. Il n'était pas convaincu par les propos du Général mais en se retournant au bout du couloir, il vit que son ami avait repris le chemin de ses quartiers. Un peu rassuré, Daniel se dirigea vers les douches.

Jack avait refermé la porte de la chambre qui lui était réservée quand il restait à la base. Il ne prit même pas la peine de se déshabiller et s'allongea sur le lit, recouvrant sa tête d'un oreiller. Il avait l'habitude de ces migraines, elles avaient débutée peu après qu'il ait rejoint SG1 mais elles n'étaient jamais arrivées aussi soudainement.

Il avait vu les lumières du couloir vaciller puis une violente douleur lui avait vrillé le crâne. Il avait failli perdre connaissance sous le choc et il avait été incapable de répondre quand Daniel l'avait interpelé.

Il irait voir le docteur Warner le lendemain s'il avait le temps. Les choses avaient tendance à se bousculer ces derniers temps. Il sombra rapidement dans un sommeil agité par d'étranges rêves : des souvenirs d'enfance mêlés à des événements plus récents.

Il se réveilla brusquement à 5 heures du matin persuadé d'avoir entendu quelqu'un l'appeler. Sachant qu'il était vain d'essayer de se rendormir, il opta pour une douche et un café avant d'aller finir de lire les rapports laissés sur son bureau la veille.

Une demi heure plus tard, café en main, il se dirigeai vers son bureau lorsqu'il vit la lumière filtrer sous la porte du bureau de Daniel. Il aurait dû parier que la curiosité de son ami l'emporterait sur le sommeil. Il frappa.

-Entrez, Jack.

-Même plus moyen de vous surprendre. Ou, laissez-moi deviner…cette chose permet de voir à travers les portes ?

-Je ne crois pas. Mais qui pourrait déambuler dans les couloirs à une heure aussi matinale ?

-Les scientifiques ont fini de jouer avec ce machin. Pas de bombes ? De vers translucides ? De serpents endormis ?

-Non, rien de tout ça. Même si les traductions vont prendre du temps, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une arme.

-Une idée sur ses fonctions ?

-J'ai trouvé plusieurs fois le même symbole qu'on pourrait traduire par « espace de mémoire » ou « temps lointains ». Mais j'en saurais plus après quelques heures de travail.

-Message reçu, Docteur Jackson. Je vous laisse à votre caillou en forme de boîte…

-Artefact, Jack. Combien de fois…

Daniel stoppa net sa phrase en voyant le sourire sur le visage de Jack. Une fois de plus il avait réussi. Daniel ne comptait plus le nombre de fois où il était tombé dans ce piège. Jack adorait joué les ignorants mais il aimait, par dessus tout, agacer Daniel jusqu'à ce que celui-ci lui lance une de ses remarques favorites. C'était devenu un jeu entre eux et, Daniel devait l'admettre, Jack était très fort.

Jack souriait encore lorsqu'il referma la porte du bureau. Daniel avait le don d'égayer ses journées. Il retrouva sur son bureau les dossiers de la veille auxquels s'ajoutaient maintenant les rapports arrivés dans la nuit. Il se plongea dans la lecture des dossiers et ne referma le dernier que quelques minutes avant l'heure prévue du débriefing.

En arrivant dans la salle de réunion, il trouva Daniel et le reste de l'équipe qui attendaient déjà.

-Ils vous ont offert une montre quand vous êtes passé Général ?

-Non, en fait je suis plutôt du genre ponctuel.

-Pardon, en sept ans, vous avez été à l'heure une petite dizaine de fois au plus…

-C'était juste pour marquer ma différence.

-Un peu puérile, non ?

-Je n'ai jamais prétendu le contraire. Bon, je vous écoute. Quels mystères se cachent derrière cette boîte ?

-C'est assez mystérieux. A première vue il ne s'agit pas d'une arme. Les symboles sont du même type que ceux retrouvés sur l'appareil contenant la mémoire des Anciens. Les premières phrases traduites parlent de « voyage dans la mémoire » et de « leçons du passé ».

Jack réfléchit un instant. L'évocation de l'appareil des Anciens lui rappelait d'assez mauvais souvenirs.

-Il pourrait n'être activé que par quelqu'un possédant le gène des Anciens ?

-Selon vous, Carter, il suffirait que quelqu'un possédant le gène des Anciens touche ou ouvre cette boîte pour l'activer ?

-C'est possible, mon Général.

-Très bien, il n'y a qu'à essayer.

-Ça pourrait être dangereux. Je n'ai pas fini de traduire mais il se pourrait que cet objet fasse revivre des événements passés pas uniquement mentalement.

-En français, Daniel ! On parle de souvenirs pas de voyage dans le temps. Comment un souvenir pourrait être dangereux ?

Daniel réfléchit un moment au meilleur moyen de formuler une idée qui n'était pas encre très claire dans son esprit mais Teal'c répondit avant lui.

-Il s'agit d'une technologie extra terrestre, on peut s'attendre à tout. Nous avons déjà eu à faire à des objets qu'on croyait inoffensifs et qui se sont avérés des plus dangereux.

-D'accord Teal'c. Daniel vous finissez la traduction pendant que SG3 repart sur la planète pour essayer de récolter quelques indices. Carter, Teal'c, vous les accompagnerez. Vous partez dans deux heures.

Sam et Teal'c se levèrent et quittèrent la pièce alors que Daniel restait assis, songeur. Jack regarda son ami, il détestait le voir comme ça. Quelque chose la tracassait et, en général, ça n'était pas bon signe.

-Daniel, quelque chose à ajouter ?

-Je ne sais pas mais je pense qu'on devrait prendre des précautions.

-Un mauvais pressentiment ?

-On peut dire ça. Je ne vois pas l'intérêt pour les Anciens de fabriquer une machine à faire revivre les souvenirs. Leur civilisation était menacée d'extinction, ils étaient menacés par un ennemi puissant. Pourquoi auraient-ils perdu leur temps à fabriquer ça ?

-Daniel, vous commencez à penser comme un soldat et je ne suis pas sûr que ce sot une bonne chose. Si la traduction ne donne rien de concret, on n'essaiera pas de l'ouvrir et elle ira grossir le stock de la zone 51.

Daniel quitta la pièce avec ses dossiers sous le bras. Jack ne vit pas Daniel sortir. La douleur était revenue et elle semblait empirer. Il lui était difficile de se concentrer, sa vision se troublait et il lui était difficile de supporter la lumière. Il se leva et se dirigea d'un pas hésitant vers son bureau mais lorsqu'il ouvrit la porte son souffle se coupa. La porte s'était ouverte sur une pièce sombre et froide. Il devina les marches devant lui.

Ces marches semblaient descendre indéfiniment mais Jack savait trop bien où elles menaient. Il avait du mal à respirer mais il savait qu'il devait descendre. Il entendit une voix, cette voix qu'il avait mis des années à oublier.

-Jonathan, viens ici !

Ça ne pouvait pas être lui, il ne pouvait pas être de retour dans cette maison. Il commença à descendre les marches, le froid et l'humidité étaient saisissants…comme dans son souvenir. Arrivé au bas des marches, sa vue s'était adaptée à l'obscurité. Il scruta la pièce autour de lui. Tout était comme dans son souvenir…il y a 20 ans.

-Jonathan.

Il était juste derrière lui, tout prêt…trop prêt.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

Il était incapable de parler. Il avait déjà eu de nombreux cauchemars dans lesquels il revivait ces moments mais aucun n'avait semblé aussi réel. Il pouvait sentir son souffle. Il pouvait sentir la peur grandir. Il savait ce qui l'attendait.

-Tu as perdu ta langue, Johnny ?

Il se retourna pour faire face à son pire cauchemar. Ses yeux étaient sur lui, froids et plein de haine. Comment pouvait-on haïr son propre fils ? Il savait qu'il devait répondre, dire quelque chose mais son cerveau était paralysé par la peur.

-Tu vas me répondre sale petite peste ?

Il ne fit même pas un mouvement lorsque le premier coup s'abattit sur son visage. D'autres suivirent, rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Il ne se rappeler pas être tombé mais il pouvait sentir le sol sous sa joue. Tout son corps était au supplice alors que les coups pleuvaient. Tout devint noir et il laissa l'obscurité l'envahir.

Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait poussé la porte de son bureau mais lorsqu'il reprit connaissance, il était allongé sur le sol. Il essaya de se relever mais son corps ne voulut pas lui obéir. Puis, petit à petit, tout lui revint : la cave, les coups. Il se souvint de la phrase qu'il avait prononcée quelques heures plus tôt : « Comment un souvenir pouvait-il être dangereux ? »

Il ne pouvait pas répondre à cette question mais il était certain que ce qu'il venait de vivre était un souvenir, le plus réel qu'il ait jamais vécu. Le sang sur le sol en était la preuve. Il réussit à se lever et à rejoindre ce fauteuil qu'il avait si souvent envié au Général Hammond. Tout son corps le faisait souffrir.

Quelqu'un frappa à la porte.

-Entrez.

Daniel poussa la porte sans lever le nez de ses dossiers.

-Jack, j'ai trouvé quelque chose d'intéressant en traduisant les inscriptions. Il semblerait…

Daniel leva les yeux et s'arrêta net en voyant Jack.

-Jack, qu'est-ce qui s'est passé ? Qui vous a fait ça ?

Daniel se dirigea vers le téléphone.

-Je ne sais pas ce qui s'est passé mais ça a un rapport avec cet objet.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ? Il faut que j'appelle un médecin. Quelqu'un vous a attaqué ?

-Il n'y avait personne ici, Daniel !

Jack ferma les yeux. Il avait du mal à respirer et sa vue se troublait.

-Jack, restez avec moi.

Daniel s'approcha. Celui qui avait fait ça n'y était pas allé de main morte.

-J'appelle le docteur Warner.

-Non, Daniel laissez-moi un peu de temps et ça va aller.

-Jack, vous avez probablement des côtes cassées.

-Je sais, Daniel et il n'y a rien de plus à faire qu'un bon bandage et du repos.

Daniel décida de lui laisser un peu plus de temps pour s'expliquer avant d'appeler Warner.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Je n'en suis pas sûr. Aidez-moi à me lever.

Daniel s'exécuta. Jack semblait beaucoup souffrir et il ne pouvait réprimer une grimace à chaque mouvement. Ils se dirigèrent lentement vers la salle de bains attenante au bureau. Jack vit son reflet dans le miroir et comprit l'inquiétude de Daniel.

Son œil droit était gonflé et bleu. Son arcade saignait. il ouvrit le robinet et plongea la tête sous l'eau froide.

Daniel quitta la pièce et revint quelques secondes plus tard avec une trousse de premiers secours. Quelques minutes plus tard, Jack avait un joli pansement au-dessus de l'œil droit.

-Une véritable infirmière.

-Enlevez votre veste et votre Tshirt.

-Daniel, je peux faire ça moi-même.

-Jack, c'est moi ou le Docteur Warner.

Jack fit ce que Daniel lui demandait avec quelques difficultés.

-Je vais avoir besoin de votre aide pour le Tshirt. Je ne suis pas sûr d'y arriver seul.

Daniel hésita avant de s'approcher. C'était la première fois qu'il entendait Jack demander de l'aide mais il comprit en voyant le torse et le dos de son ami. De nombreux hématomes étaient déjà visibles.

-Qui vous a fait ça ?

-Daniel, les questions plus tard.

-Jack…

-Daniel, je vous raconterai tout, promis…

Daniel commença à placer le bandage s'arrêtant à chaque grimace de Jack. Il aida ensuite son ami à se rhabiller. Il n'était pas facile de rester impassible alors que Daniel était si proche de lui. Il s'efforça de respirer calmement, la douleur se rappelant à son bon souvenir à chaque mouvement.

Ils marchèrent lentement vers le bureau.

-Doucement, Jack.

Daniel passa un bras autour de sa taille et l'aida à s'asseoir.

-Vous devriez être à l'infirmerie. Vous pourriez avoir des blessures internes.

-Il n'y a pas de lésions internes. Juste deux côtes cassées et quelques hématomes.

-Comment pouvez-vous être aussi sûr ? Vous n'avez pas l'air si bien.

-C'est déjà arrivé.

-comment ça, je ne comprends pas.

-Qu'avez-vous trouvé sur cet objet ?

-C'est bien une sorte d'arme. Je ne sais pas encore comment mais il semblerait qu'elle utilise les souvenirs pour tuer.

-Et elle est armée…

Daniel s'arrêta un instant comprenant en quelques secondes ce que les paroles de Jack signifiaient. Les pièces du puzzle se mirent en place : l'attaque de Jack sans que personne ne soit entré dans son bureau et le fait qu'il connaisse exactement la nature de ses blessures.

-Quand est-ce arrivé ?

-J'avais une dizaine d'années.

-Quoi ! Qui était-ce ?

-Ça n'a pas d'importance.

-Ça risque d'en avoir si on n'arrête pas cet engin.

-Vous pensez que ça va recommencer ?

-A vous de me dire. Cette machine semble se servir de vos souvenirs…Comment sont aussi douloureux que celui-ci ?

Un sourire apparut sur le visage de Jack. Daniel avait posé la bonne question. Son enfance n'avait pas été la meilleure partie de sa vie. Daniel attendait toujours une réponse. Ses yeux pleins d'inquiétude ne quittaient pas son ami.

-Je crains que le pire reste à venir…