Dans le monde des hommes, il est une classe de gens dont on ne parle jamais. Pourtant en regardant attentivement, on peut les apercevoir. Ils sont pâles, maigres et vêtus de vêtements rapiécés et généralement sans chaussures. Ce sont des esclaves, les familles les plus riches les utilisent pour faire le ménage et la cuisine, garder les enfants. Les relations entre les hommes et les nains étaient mauvaises, les hommes se voyaient comme supérieur par leur taille, leurs nombre et leurs nombres grandissant de villes. Ils étaient habiles dans beaucoup de domaines et n'accordaient que peu de crédits aux forgerons des nains préférant de ce fait les forgerons humains. Ainsi certains esclavagistes choisirent d'utiliser cet élément à leur avantage afin de se faire de l'argent. En effet, ils favorisaient des voyageurs isolés , de préférence des familles et attaquaient. Ils tuaient les plus farouches d'entre eux et capturaient les enfants et les personnes plus faibles pour en faire des esclaves. Les humains acceptèrent vite cette main d'oeuvre sans coût et travailleuse. Pour éviter le soulèvement des autres nains, diverses excuses étaient trouvées. La majorité du temps, cela impliquaient des compensions financières plus qu'acceptables. Enfin, certains esclaves étaient encouragés à faire des enfants et ces derniers naissaient esclaves.

Après la destruction d'Erebor, les nains se dispersèrent dans les différentes parties de la Terre du Milieu. Certains allèrent dans les autres royaumes nains, d'autres encore allèrent chez les humains pour trouver du travail.

Vili, mari de Dis était dans ce dernier cas. Dis était la sœur de Thorin Ecu de Chêne, fils de Thrain vivant dans les Montagnes Bleues.

Vili était un bon forgeron, il travaillait le métal et aujourd'hui il faisait une livraison à Lake-Ville. Son fils aîné Fili était avec lui placé sur un des poneys. Dis l'avait encouragé à l'emmener avec lui, lui répétant que ce serait l'occasion pour lui de voir le monde des hommes et surtout de passer du temps seul avec son père. Vili savait que Dis espérait également que son fils puisse voir la Montagne Solitaire même de loin.

Dis l'aurait sans doute accompagné si elle avait pu, mais cette dernière était enceinte de leur deuxième enfant ce qui avait obligé sa femme à rester dans les Montagnes. Vili était content, avoir un enfant chez les nains était considéré comme une bénédiction. En effet, de toutes les races de la Terre du Milieu les nains avaient le plus de mal à se reproduire. Peu de femmes nains naissaient, cela entraînait inévitablement un faible taux de natalité. Beaucoup de nains mourraient sans enfant.

Vili cessa de réfléchir quand il vit la nuit arrivée. Il était en vue de Lake-ville quand il vit une dizaine d'humains arrivés par la route. Ces derniers passèrent à côté de lui sans prêter attention, ce qui soulagea légèrement Vili. Il n'était pas un grand guerrier, mais il savait manipuler certaines armes comme la hache. Vili allaient se remettre en route quand brusquement les hommes firent demi-tour toutes armes sorties de leurs étui. Vili se battit avec vaillance, il tua un des attaquants qui était sur sa droite. Il coupa des jambes et des mains, du sang jaillissait autour de lui. Il ne restait que cinq humains quand l'un deux vit Fili toujours sur le cheval.

Ce dernier était terrifié, il s'était réveillé en entendant les cris. Il avait bien trop peur pour crier, il se contentait de tout regarder silencieusement. Il vit un des humains se diriger vers lui, il vit son père essayer de le retenir mais il était lui-même occupé par les autres hommes. Fili n'eut pas le temps de prendre les rênes, l'humain était sur lui et l'agrippa fermement. Fili vit le regard de son père se remplir de peur. L'homme qui était resté sur son cheval s'approcha alors en s'adressant à son père

- Lâche ton arme, nain ou on tue ton enfant

Vili vit l'homme augmenter sa pression autour de la gorge de son fils qui avait désormais bien du mal à respirer. Il ferma les yeux un bref instant, en priant Mahal de l'aider. Il lâcha son arme, mais alors qu'il pensait pouvoir récupérer son fils après leur avoir donner son argent, ce ne fut pas le cas. Cet événement changea la vie de la lignée de Durin à jamais. Effectivement, un des hommes qui avaient combattu Vili et qui se trouvait dans son dos leva son arme et décapita le nain après avoir attendu le signe discret de son chef.

L'homme regarda alors Fili d'un air satisfait et ordonna à celui qui détenait le petit nain de le poser par terre.

Fili était maintenant vraiment terrifié et dans les années à venir, cette nuit allait le hanter. Il en ferait des cauchemars pendant longtemps. Le chef esclavagiste du nom de Suren ordonna à un autre homme de le ligoter fermement afin qu'il ne s'échappe pas. Fili encore choqué par la mort de son père fut emmené ligoté sur un des chevaux alors que le corps de son père était traîné dans un fourré peu fréquenté. Ces derniers firent un petit feu de bois avant de brûler le corps du nain afin de ne pas laisser de traces.

Suren ordonna à Fili de lui donner son nom, l'enfant refusa ce qui lui valut une claque retentissante.

Fili n'avait jamais été frappé avant, on l'avait punit quand il faisait des bêtises mais jamais brutalisé comme cela. Ainsi ce geste eut une forte impression sur le petit nain.

Il réussit à répondre à Suren après deux autres claques tout aussi fortes, cela lui laisserait probablement des marques dans les jours à venir mais Suren n'en avait cure. Un enfant esclave n'était pas valable tout de suite, il fallait le briser et ensuite lui apprendre tout ce qui était nécessaire tout en sachant que les hommes achetaient parfois des enfants esclaves afin de les former eux-mêmes.

20 ans plus tard

Fili finissait son travail à la forge, il avait appris les rudiments en observant son maître faire. Il était encore un enfant selon les nains, mais les souvenirs des Montagnes Bleues et de sa famille étaient effacés depuis longtemps.

Il avait changé plus de cinq fois de propriétaires, la majorité de ces humains étaient très violents. Ils torturaient et battaient leurs esclaves dès que ces derniers faisaient la moindre petite erreur. Son dos était couvert de cicatrices, ces cicatrices étaient le résultat de coups de fouets reçus au fil des années.

Fili savait que son maître avait l'intention de le revendre, il l'avait entendu en parler à sa femme la nuit dernière. Il avait trouvé un nouveau serviteur humain pour faire ce travail. Il n'aimait guère Fili qui était encore jeune et à qui il fallait tout apprendre.

Ainsi il allait de nouveau être revendu ailleurs. Il était à Bree, une ville sale pleine de personnages aussi repoussant les uns que les autres.

Vers la fin de la journée, son maître le conduisit vers le lieu de vente réservé à ce genre de commerce.

Fili fut mis en rang derrière d'autres esclaves, un mélange d'humains et de nains plus âgés que lui.

On lui mit des chaînes aux pieds et aux mains.

Bilbon, fils de Belladonna Took et de Bungo Sacquet était un Hobbit tout à fait ordinaire. Il accordait beaucoup d'importance aux plantes et aux jardins, mais aussi à la nourriture, à la bière et l'herbe à pipe.

Il avait cependant accepté d'apporter une commande d'herbe à pipe à un homme de la garnison de Bree.

Il avait marché toute la journée afin d'arriver suffisamment tôt pour faire ces transactions et se reposer avant de repartir.

Il emprunta la rue principale de la ville de Bree et déposa son cheval dans les écuries avant de se rendre vers la garnison. Il entra dans la garnison avec son petit tonneau sous le bras, il en sortit quelques instants plus tard avec une bourse pleine. Le capitaine lui avait demandé de ramener d'autres tonneaux le plus vite possible. Apparemment, son ami avait raison : l'herbe à pipe était un succès. Il passa près du Poney Fringant qui se trouvait près du marché aux esclaves, il avait l'intention de prendre une chambre pour la nuit. Il passa donc dans la rue ou s'agglutinait des hommes et des femmes. Le marché aux esclaves était un lieu très animé. Tout le monde voulait voir ce qui était proposé tout en sachant que la majorité d'entre eux n'avait pas les moyens de s'offrir un esclave.

Bilbon n'aimait pas cela, aucun homme ou nain devrait être traité ainsi. Il savait par les hommes de la garnison que les choses commençaient à changer et que les nains voyageaient souvent en groupe afin d'éviter les attaques. Ils avaient libérés plusieurs des leurs ces dernières années. Beaucoup cependant restaient hors de leur atteinte et au-delà de toute aide possible.

Bilbon passa donc la rue en espérant ne pas s'attarder plus que nécessaire, il passa rapidement son regard sur les esclaves alignés et enchaînés et son cœur se serra en regardant comment ils étaient traités. C'est alors qu'il vit un jeune nain dans la rangée, il était plus petit et plus jeune que tous. Il était maigre, sale, ses cheveux et sa barbe avait été rasé pour éviter toute propagation de vermines mais aussi pour montrer leurs statuts aux autres résidents de la ville.

Bilbon sentit son cœur se serrer encore d'avantage. Il était un enfant, il ne méritait pas ce sort là. Ce dernier leva les yeux à ce moment-là.

Fili avait attendu patiemment qu'on lui mette les fers. Il avait ensuite été envoyé chez un barbier qui avait couper les cheveux de tous les esclaves et également la barbe chez ceux qui en avaient. Fili avait sentit le désespoir l'envahir, on ne coupait pas les cheveux et la barbe d'un nain. C'était une fierté chez eux, c'est une des choses que d'autres esclaves nains plus âgés lui avait dit lors de leurs brèves rencontres durant des anciennes ventes.

Il était planté là en espérant trouver un maître compatissant qui le garderait plus longtemps et qui apprécierait son travail.

Il avait passé plusieurs heures là, il était palpé, tâté et étudié sous toutes les coutures comme un cheval. Aucun regard n'était particulièrement compatissant, sauf certains qui le regardaient avec pitié.

Peu de temps avant la vente, il se passa quelque chose d'inattendu. Fili avait sentit et vu quelqu'un l'observer avec insistance. Il avait levé les yeux s'attendant à trouver un homme ressemblant à tout les autres, il s'était lourdement trompé. C'était une créature de petite taille, avec de grands pieds couverts de poils et qui était vêtu de vêtements simples, une simple veste rouge, un pantalon à bretelles et une chemise blanche. Il vit le Hobbit s'approcher tout en évitant les quelques hommes qui étaient sur sa route.

Bilbon observait toujours le petit nain quand son instinct le poussa à rester plus longtemps. La vente débuta, on passa aux esclaves humains hommes et femmes. On faisait la liste de leurs aptitudes, on donnait quelques informations comme l'âge approximatif et le temps qu'il avait passé en tant qu'esclave.

Bilbon avait attendu patiemment et les esclaves nains arrivèrent alors. Ils défilaient les uns après les autres et repartaient avec leurs nouveaux maîtres respectifs. Il savait que ces nouveaux maîtres ne seraient que peu compréhensifs.

Finalement le petit nain que Bilbon avait repéré s'avança.

Il entendit l'homme faire l'inventaire de ce que cet enfant savait faire :

- Fili, nain d'une vingtaine d'années selon les nains. Il a été employé dans la forge, les mines et aussi les fermes. Il est efficace et peu combatif.

Bilbon ne prêta pas attention au reste, il avait une désagréable sensation dans l'estomac quand un homme s'avança et proposa comme pour les autres nains qu'il avait acheté une vingtaine de sous pour le jeune nain.

Bilbon ne put supporter le regard plein de détresse et de désespoir de l'enfant à l'idée d'aller travailler chez cet homme.

Il leva la main et proposa :

- Vingt-cinq sous

Tous les hommes présents se retournèrent vers lui, surpris. Le jeune nain avait lui aussi lever la tête surpris à la voix de ce nouvel acheteur.

L'homme des mines était ébahi, jamais il n'avait entendu parler de maîtres d'esclaves chez les Hobbits. C'étaient de petites créatures protégées par le Chef de la ville. Ils faisaient du commerce avec eux surtout pour leur nourriture qui était augmenta la mise et proposa trente sous.

Bilbon tenace, proposa quarante sous, c'était une somme importante. Il allait devoir sacrifier la bourse de son ami, mais il espérait garder quelques petites pièces pour le repas à l'auberge cette nuit.

L'homme des mines bien que très déçu ne voulait pas dépenser une telle somme pour un esclave travailleur mais qui n'était pas encore au top de sa forme. Peut-être que le Hobbit allait se lasser et revendre ce nain dans quelques jours ou quelques semaines.

Il décida ainsi de lâcher l'affaire. Quarante sous, c'était vraiment beaucoup trop s'exclama t'il. Il baissa la main pour signifier qu'il laissait tomber.

Bilbon fut soulagé, il lui restait encore quelques piécettes pour le repas du soir et aussi un bon lit.

Il dut s'approcher du vendeur pour qu'on lui explique comment cela fonctionnait.

Il remit la somme convenue à l'homme s'occupant de la vente. On lui avait indiqué ou trouver le nain qui avait été emmené à l'écart dès l'accord conclut. On lui avait donné les clés pour le libérer de ces chaînes s'il en avait besoin.

Bilbon avait été obligé d'écouter avec dégoût les conseils de ce monstre pour mater son nouvel esclave comme il l'avait appelé.

Il s'approcha du jeune nain avec précaution, ne désirant pas lui faire peur. Il se tint en face de lui avant de lui parler

- Bonjour, je suis Bilbon Sacquet. Quel est ton nom ?

Fili le regarda surpris que quelqu'un lui parle avec autant de bienveillance. En général, ses anciens maîtres se contentaient de le traîner avec une chaîne jusqu'à son nouveau lieu de travail. Evidemment, considérant la taille de son nouveau maître, il se demandait si ce dernier avait seulement la force de le traîner comme cela.

- Fili, mon nom est Fili pour vous servir.

Bilbon le regardait en souriant, il encouragea le jeune nain à le suivre, Bilbon l'entraîna à l'écart. Il ne voulait pas lui enlever ces fers devant tout le monde, il voulait que cet enfant lui fasse confiance.

Fili vit alors Bilbon se baisser vers lui et sortir une clé de sa poche avant de libérer ses pieds et ses mains.

- Je crois que nous n'aurons pas besoin de cela, Monsieur Fili dit Bilbon d'un ton qui se voulait rassurant, ensuite nous irons chercher une chambre pour la nuit et nous mangerons. Je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, mais je suis affamé.

Fili lui répondit d'une voix fluette, trahissant sa méfiance mais aussi son manque de confiance en soi.

- Si c'est votre décision, alors qu'il en soit ainsi maître.

Bilbon lâcha un soupir. Cela allait s'annoncer très dur... Comment réussir à remettre cet enfant sur pied et plus important encore comment allait-il lui permettre de retourner chez les Nains à moins bien sur que Fili ne souhaite rester avec lui, ce serait à lui de décider de toute manière.

Bilbon fit signe à Fili de le suivre, ce que dernier décida de faire après un instant, il lui restait les fers après les mains et le collier en fer autour de la tête. Il l'entraina avec lui au Poney Fringant, Fili grimaça. En général, les esclaves dormaient dehors dans ce genre d'endroit. On ne les laissait pas entrer. Bilbon pourtant, n'hésita pas un seul instant.

Il poussa la porte de l'auberge et demanda une chambre pour hobbit sans préciser que Fili était avec lui mais il indiqua qu'ils étaient deux. L'aubergiste ne posa pas de questions mais lui demanda de payer en avance, ce que Bilbon fit en lui tendant les pièces et en lui demandant de lui faire apporter un repas pour deux dans sa chambre. Il payerait un supplément ajouta Bilbon au propriétaire. Ce dernier accepta et Bilbon passa devant l'aubergiste en faisant signe à Fili d'entrer. Ce dernier poussa la porte d'un air hésitant, se demandant ce qui l'attendait. Est-ce que c'était un test afin de savoir s'il ferait une erreur se demanda t'il

Mais pourtant, Bilbon l'encouragea à nouveau en souriant. L'aubergiste fixa le nouvel entrant avec surprise, mais avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Bilbon lui fit savoir :

- Tout a été payé d'avance y compris le bain que vous me ferez apporter dans la chambre s'il vous plaît. Si vous n'êtes pas d'accord, il vous reste la possibilité de tout me rendre et nous irons ailleurs

L'aubergiste était bien trop content d'avoir un client acceptant de payer aussi généreusement pour protester. Après tout, il était pas humain. C'était un hobbit de la Comté, tout le monde savait qu'ils étaient étranges.

FIN