Auteur : Hippo-kun
Disclaimer : Tous les personnages et l'univers de The Last Story appartiennent à Nintendo et à Hironobu Sakaguchi.
Notes : Bonjour à tous ! Il n'y a pas des masses de fics françaises sur The Last Story, mais j'ai tellement apprécié ce jeu que je tenais à partager cette petite fic avec vous ! Elle fera 6 chapitres. En tout cas, vous qui passez par ici, bonne lecture, et n'hésitez pas à laisser un petit com, ça fait toujours plaisir !
Chapitre I : Détresse
La vie de Syrenne après l'annihilation de son pays natal n'avait pas été brillante.
On lui avait dit que tout avait été détruit, rasé. Que tout le monde avait été tué. Qu'il ne restait plus qu'elle.
Qu'elle avait échoué.
Syrenne était restée interdite en entendant cela. S'il y avait bien une chose en laquelle elle croyait à cette époque, c'était en sa force physique, en ses talents en tant que bretteuse. Elle pensait être une bonne soldate, mais elle avait échoué, elle s'était faite assommer par derrière, sans avoir rien vu venir, et avait perdu connaissance.
A ce moment là, elle avait été sûre et certaine que ses compagnons d'armes -les vraies, pas ces poltrons d'hommes qui s'étaient enfuis comme des lâches- étaient encore en vie, à lutter contre les ennemis, fortes et fières comme toutes les femmes de son pays, les coups d'épées et les sorts pleuvant autour d'elle.
A coup sûr, même sans elle, son pays ne pouvait que gagner. Les hommes reviendraient en renfort, et les couvriraient si besoin.
Mais pas un ne revint, et personne ne fut épargné. C'est ce que ce groupe de soldats ennemis lui avait craché au visage, lorsqu'elle se réveilla enfin, ligotée dans la cale d'un de leurs navires. Ces paroles dures avaient résonnées dans sa tête, encore et encore, se diffusant tel un poison violent. Syrenne avait senti son cœur se serrer, ses muscles se figer, mais son esprit refusait de suivre et d'admettre cette réalité, c'était comme si son âme elle-même venait de se paralyser.
Les larmes ne montèrent pas. Elle ne parvint même pas à pleurer sous le choc.
Son pays ne pouvait pas avoir été détruit.
Elle ne pleura pas lorsqu'ils commencèrent par la frapper et à l'insulter de tous les noms.
Ses amies, ses parents, ils ne pouvaient pas avoir été tués.
Elle ne pleura pas lorsqu'elle comprit pourquoi ces soldats avaient pris la peine de prendre à bord une guerrière ennemie, jeune et aux formes plutôt prononcées.
Tous ces hommes, soldats, généraux qui avaient promis de les protéger, ils n'avaient pas pu fuir ainsi.
Elle ne pleura pas lorsqu'ils lui ôtèrent ses vêtements, et que cette danse malsaine commença.
Elle ne pouvait pas se retrouver si seule et si faible.
Les souvenirs de Syrenne étaient flous après cet événement. Ce dont elle était sûre, c'est que les soldats l'avaient débarquée au port le plus proche, l'abandonnant comme une malpropre. Pour la laisser fuir ainsi, sans doute voulaient-il l'humilier encore un peu plus, mais peu lui importait. Au point où elle en était, plus rien n'importait, même ce qu'il lui avait fait. Elle avait erré plusieurs jours dans la ville, ne sachant trop quoi faire. Après tout, elle n'était plus une soldate, elle n'avait plus d'endroit où rentrer, plus de but dans la vie.
Plus rien excepté cette haine. Cette haine pour les hommes tels que ceux qu'elle avait pu croiser jusqu'à maintenant. Ces lâches qui l'avaient abandonnée à son triste destin. Ces porcs qui avaient tenté de la détruire ainsi.
Dommage pour eux, se disait-elle, plus que la douleur ou la honte, c'était cette haine qui envahissait son esprit, et qui lui avait donné la force de continuer à vivre, malgré sa culpabilité d'être la seule survivante, malgré tout ce qu'on lui avait fait subir. Elle ne cherchait pas de vengeance ou quoi que ce soit du genre, mais elle avait retenu la leçon ; ne jamais se reposer sur un homme, ou attendre quoi que ce soit de positif de leur part.
Les semaines passèrent rapidement, tandis qu'elle gagnait de l'argent comme elle le pouvait, argent qui fondait comme neige au soleil, entre les achats de nouvelles armes, le coût des nuits à l'auberge, et celui de l'alcool, son réconfort majeur.
Elle avait toujours apprécié une bonne chope de bière, après un combat, pour lui donner du baume au cœur, mais à présent, elle ne pouvait simplement plus s'en passer. Au fond, elle espérait qu'elle faisait ça inconsciemment, pour oublier toutes ces horreurs, mais elle n'avait rien à oublier. Le temps avait beau passer, chaque fois qu'elle se remémorait les événements de ce jour là, il lui semblait évident que sa conclusion n'était qu'un rêve, un vaste mensonge. Peut-être se mettait-elle dans un état pareil pour prendre conscience de la réalité, et de pleurer. Elle ne savait pas trop.
Il faut dire qu'après tout, la jeune femme était saoule avant de pouvoir y réfléchir pleinement, et ce toujours sans parvenir à verser la moindre larme, au contraire, elle avait plutôt l'alcool joyeux.
- Barman, encore une ! Scanda t-elle un soir en levant son verre, entre deux éclats de rire.
Ce soir là, elle était seule, à la table d'une taverne où elle se rendait chaque soir. Cet établissement ne servait pas spécialement mieux qu'un autre, mais ce qu'il vendait était bon marché, et c'était plutôt calme. Et plus elle était au calme, moins elle avait à s'énerver contre les autres clients pour une quelconque raison. Néanmoins, une raison qui revenait souvent était...
- Désolée poulette, pas de pognon, pas de boisson !
La remarque du propriétaire de la taverne lui fit froncer les sourcils. Syrenne se leva brusquement, et s'écria un peu plus fort, ne maîtrisant plus le volume de sa voix :
- Hein ?! Te fous pas de moi, j'en ai bu que deux ou trois...Ou six, je sais plus trop, mais je peux pas déjà être à sec !
- C'est le cas pourtant, alors soit tu paies, soit tu vas cuver ailleurs ! Je ne fais pas de réductions aux pochardes vagabondes !
- Répète un peu voir ?! s'écria la rousse en remontant ses manches.
- Hop hop hop, un instant !
Alors que Syrenne, furieuse, s'apprêtait à sortir ses sabres, une voix enjouée retentit derrière elle. C'était un jeune homme. Ses cheveux blonds en bataille, son équipement laissant voir ses muscles puissants, il la dépassa avec un grand sourire aux lèvres. Elle, fut d'abord surprise de ne pas l'avoir remarqué avant, car il avait l'air de ce genre de gars qu'on remarque facilement.
C'était leur première rencontre.
Posant une main sur l'épaule de Syrenne et tendant avec un clin d'œil un billet au barman, l'homme déclara avec assurance :
- Voilà de quoi payer une bière pour moi et la demoiselle !
- Hé, je t'ai rien demandé toi, rétorqua Syrenne en tentant de le dégager, mais fut bloquée par le bras du jeune homme.
- Allez va t'asseoir, je t'apporte ça tout de suite, ma jolie !
La bretteuse tressaillit. Elle n'était pas habituée aux compliments, et encore moins de la part d'un homme. Homme qu'elle venait à peine de rencontrer qui plus est. Néanmoins, elle était dans un tel état d'ébriété qu'elle obéit et retourna à sa table, agacée, tandis qu'elle entendait vaguement le barman pester sur son comportement à chaque fois qu'elle entrait dans l'établissement. Sa vision était trouble et sa tête la lançait déjà, présageant déjà une belle gueule de bois le lendemain.
- Désolé pour l'attente ! Tu peux y aller !
Le jeune homme revint avec deux chopes à la main, remplies à ras bord. Fidèle à elle-même, Syrenne ne se le fit pas dire deux fois, et se jeta sur le verre sous les yeux de l'inconnu, qui regarda le liquide doré couler sur son menton.
- Tu as la descente facile, dit-il en souriant faiblement. Une jolie femme ne devrait pas se donner ainsi en spectacle, cela peut ruiner considérablement ses charmes !
- Me parle pas aussi familièrement, on a pas gardé les cochons ensemble ! T'es qui d'abord ? Finit-elle par demander en se détournant enfin de son verre à présent quasiment vide, dévisageant l'homme qui lui faisait face.
Il était beau, elle devait bien l'admettre -même si elle était convaincue que pour faire autant attention à son visage, il ne devait pas être très finaud. Sûrement un peu plus âgé qu'elle d'après les traits de son visage, mais son sourire et ses yeux malicieux lui donnaient un air d'éternel enfant.
Quoiqu'il en soit, à sa façon de parler, c'était sûrement un de ces abrutis qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas et croyaient tout savoir. Elle en avait déjà croisé certains spécimens. Tous des idiots.
- Moi c'est Lowell, à ton service ma belle !
Syrenne souffla rageusement.
- Je m'en tape de ton prénom, je veux juste savoir ce que tu fous là et pourquoi tu viens squatter ma table !
- Quelle jeune fille tempétueuse ! C'est mon devoir de gentleman de tenir compagnie aux jolies filles, il en va de ma fierté !
Elle reprit furieusement son verre, envoyant quelques éclaboussures sur Lowell au passage. C'était un coureur de jupons, c'était écrit en gros sur son visage. Il faut dire que les hommes ayant été gâtés par dame nature ne se privaient que rarement d'exhiber leurs charmes ; ils étaient beaux et le savaient. Pendant un instant, Syrenne avait baissé sa garde, mais elle devinait maintenant qu'il devait avoir son lot de compliments pour chaque tendron qu'il croisait. C'était pathétique.
Mais l'air renfrogné qu'elle arborait ne semblait pas décourager Lowell de continuer la conversation, tout en essuyant les gouttes de bières ayant atterries sur son bras.
- Tu vis dans cette ville ?
- Nan.
- Tu viens voir la famille ?
- Que dalle...
- Oh...Alors peut-être viens-tu pour le travail !
- J'en ai pas en particulier.
Il haussa un sourcil. C'était la première fois qu'elle le voyait quitter son sourire, et d'un côté, elle en fut satisfaite. Ainsi, peut-être que ce Lowell réaliserait-il qu'il entrait en zone dangereuse, et lâcherait-il l'affaire.
Il ne le fit pas, et sembla au contraire voir cet entêtement comme un challenge.
- Pourquoi portes-tu des armes pareilles alors ? Demanda t-il en désignant les deux sabres accrochés à ses hanches. Je sais que les villes ne sont pas toujours très sûres, mais ça me paraît un peu exagéré pour le self-defense, tu ne penses pas ?
- La ferme, tant que j'ai de quoi me battre et un peu de bibine, ça me va !
- Ça te va vraiment?
Il avait marmonné cela en détournant les yeux, comme si cette question ne lui était qu'à moitié destinée. Syrenne plissa les yeux, une boule se formant dans son ventre. Depuis qu'il avait perdu son sourire, son ton était plus sérieux, et ses yeux chocolats semblaient lire au plus profond d'elle.
- As-tu réellement un endroit où rentrer ?
Disant cela, il approcha sa main de celle de Syrenne.
Ce fut comme si Lowell avait marché sur une mine. En une fraction de seconde, le blond s'était pris la chope de bière dans le crâne, et Syrenne était devant lui, à le pointer de son épée, tremblante, et les yeux écarquillés de fureur. Toute cette colère accumulée en elle ces dernières semaines venaient d'exploser, poussée par l'alcool et par les remarques à ses yeux désobligeantes de cet homme.
- Nan j'en ai pas ! T'es content ?!
Elle peinait à articuler et à rester droite, mais luttait, afin de garder le peu de crédibilité qui lui restait dans cette situation.
- J'ai plus nulle part où rentrer à cause de gens comme toi, j'ai rien à faire, j'ai plus rien du tout, évidemment que ça me va pas !
Syrenne baissa légèrement son arme, mais Lowell gardait son air à la fois interloqué et satisfait gravé sur son visage. La bretteuse serra les dents : Elle avait déjà provoqué des bagarres contre des hommes, mais -comme aujourd'hui-, c'était eux qui commençaient, avec leurs airs supérieurs, et à la fin, c'était toujours eux qui fuyaient la queue entre les pattes, tentant malgré tout de garder leur soit-disant fierté. Ils étaient détestables. Pourtant, lui, ne fuyait pas ; il restait là à attendre qu'elle ait fini. Pourquoi agissait-il comme ça ? Pour la frustrer encore davantage ?!
Lorsqu'elle fut à bout de souffle, mais -étrangement- l'air légèrement soulagée, Lowell reprit son petit sourire en coin, et prit cette fois un air...compatissant ?
- Tu as l'air désespérée, malgré les apparences...
- Tu te moques, c'est ça ?!
- Ne sois pas si offensée, je disais ça parce que je suis pareil !
Il se leva, faisant un geste amical au barman pour lui signaler que la petite escarmouche, si on pouvait la qualifier ainsi, était passée. Il s'approcha ensuite de Syrenne, et demanda, d'un ton qu'il voulait certainement posé et charismatique :
- Si tu n'as plus rien à perdre, et du temps devant toi, ça te dirait de devenir mercenaire ?
- Mercenaire ? C'est quoi ce...
La rouquine haussa les sourcils, ne s'attendant pas à une évolution de ce genre. Mais Lowell avait l'air sérieux.
- A vrai dire, quand je disais que je venais tenir compagnie aux jolies filles, c'était à moitié vrai...Tu vois, je suis dans un groupe de mercenaires, et notre leader nous a envoyés chercher de nouvelles recrues ! Les gens du coin ne nous aiment pas trop, mais j'ai l'œil pour voir les costauds !
D'un geste enjoué, il commença par désigner les sabres de Syrenne, puis déplaça son doigt vers son visage.
-Je pensais que je pouvais essayer avec toi ! C'est comme en amour, on doit tenter sa chance quand on peut !
- Les mercenaires vendent leur honneur et leurs capacités pour quelques pièces, c'est normal que la plupart des gens aient une mauvaise image d'eux, crétin, grogna t-elle, puis, après un court silence, continua : Pour faire volontairement un métier aussi pourri, il faut vraiment être...
- ...Complètement désespéré, c'est vrai !
Il souriait toujours, mais son regard était un peu plus vague, comme si Syrenne venait de formuler quelque chose à quoi il pensait jour et nuit.
- Comme je te l'ai dit, je le suis. Tout notre groupe l'est, on fait ça pour notre survie. C'est notre dernier recours ! Néanmoins, ça rapporte gros quand ça marche !
Syrenne resta pensive, tout en rengainant ses sabres. Son esprit était toujours aussi flou, mais elle tenta de rassembler ses idées. C'était comme cet homme disait, elle n'avait plus rien à perdre, et avait besoin de revenus plus sûrs. Ça ne lui ressemblait pas de se laisser aller comme ça. La jeune fille renvoya ses mèches rousses derrière son dos, et émit un léger rire en se tournant vers la sortie.
- Bon, faut voir si ça m'intéresse, amène moi à ton boss, on va parler affaire !
- A la bonne heure, répliqua Lowell avec un grand sourire. J'avais un bon pressentiment quand je t'ai vue piquer une colère.
- Je te préviens, il me faut au moins deux verres par jour. Et si le groupe de ton pote est trop lent, comptez pas sur moi pour vous attendre ! Surtout toi, je parie que tu ne sais même pas tenir une arme convenablement.
- J'entends bien, j'entends bien !
Lorsque Syrenne jeta un coup d'œil au blond derrière, un étrange sentiment naquit en elle. Pas de l'amour évidemment, elle se serait frappée, à l'époque, pour oser penser ainsi, mais plutôt de la curiosité. Cet homme n'avait pas l'air désespéré, peu importe combien de fois elle le regardait. Il semblait entouré d'une aura d'insouciance, et ne pas songer un seul instant au destin funeste des mercenaires. Mais peut-être étaient-ils tous comme ça. Après tout, elle ne savait pas, mercenaire et soldat étaient deux concepts très différents.
- Au fait...Lowell, c'est ça ? Lança t-elle une fois à la porte, feignant de chercher pour retrouver son prénom.
- Hm ?
- Je t'ai pas dit mon nom tout à l'heure. Appelle-moi Syrenne.
