Je vais mourir.
Trois mots, qui me semblent plus insoutenables que n'importe quels autres.
Je vais mourir et dans cette angoisse, dans cette sensation horrible je t'appelle. Toi. Drago Malefoy.
Pourquoi ?
Ce n'est ni le nom d'un ami, ni celui d'un amant. Il s'agit d'un ennemis. Mais alors pourquoi ? Pourquoi je pleure lorsque tu ne me réponds pas ?
Pourquoi les larmes coulent t-elles, indépendantes de ma volonté ?
Mais Malefoy, ce n'est qu'un nom. Tu n'es pas ce nom. Aujourd'hui tu es plus. Plus que ça. Tu es important aujourd'hui, important pour moi.
Tu vas te moquer, je le sais. Tu te moques toujours.
Mais je t'appelle. Je continue à t'appeler.
J'ai peur maintenant. Froid aussi. Je sens la mort. C'est son parfum perfide qui emplit mes narines. C'est sa douleur qui m'agresse et sa peur qui me transperce.
Je t'appelle. Rien. Aucun son, personne, rien.
Rien.
Et les larmes continuent à couler. Et le sang continue de se verser.
Je suis seule. Seule dans le froid. Et la personne que j'appelle, c'est toi.
Je t'en pris, viens. Je veux te sentir prêt de moi, là, au creux de mes bras.
Je veux sentir ta chaleur réchauffer le corps que je vais quitter.
Je t'en pris, viens.
Viens lasser mes oreilles de tes douces moqueries.
Viens me regarder.
Viens voir, entrevoir ma douleur.
Viens avec moi, viens la partager.
Je vais mourir.
Et les larmes et le sang se mêlent. Et amour et haine ne font plus qu'un.
Je t'aime ? Je t'haine ?
Viens.
J'entends. Ce doux bruit, la merveilleuse symphonie de tes pas à terre. C'est beau. C'est doux.
Et les larmes coulent, et mes yeux pleurent de mon sang versé...
Et tu es là...
J'entends ta voix mais elle est trop lointaine.
Pourtant tu es là.
Je souris. Tu es là. Je vais mourir, mais tu es là.
Tes bras me secouent, ta bouche hurle des mots dont tu resteras le seul à entendre.
Mais tu es là. Tu es venu. Venu pour moi.
Je vois ton visage et pour la première fois, n'y décèle aucune haine.
Est-ce de la compassion ? Te joues-tu de moi, une dernière fois.
Je m'en fiche. Si tu savais. Tu es là. C'est tout ce qui compte c'est toi.
« Embrasse moi »
Ton visage est surpris. Ce qu'il est beau ce visage, lorsque la surprise adoucit ses traits. Puis d'un coup, tu n'exprime plus rien. Tu fermes les yeux et te rapproche.
Tu fermes les yeux et te rapproches. Et tu m'embrasses.
Tes lèvres sont douces. Ton baisser est caresse.
Je respire ton souffle, je respire la vie qui s'échappe de tes narines.
Et je pleure. Chaque larme est happée par ce baiser.
Notre baiser.
Tes lèvres tremblent sur les miennes. La chaleur de ta main me réchauffe jusqu'à mon âme meurtrie.
J'entrouvre la bouche. Et nos langues ne forment plus qu'une, scellées par ce baiser. Scellées à tout jamais.
J'ai les yeux clos, mais je crois encore te voir.
Une dernière fois, j'ouvre les yeux.
Le soleil brille, le ciel est bleu. Le temps se joue de moi, se moque de nous. Mais je m'en fous.
Parce que je t'aime.
Je t'aime, avec autant d'amour que de haine...
