Klaus pénétra dans la salle de classe sous l'enveloppe corporelle du professeur d'histoire Alaric Saltzman. D'un coup d'œil circulaire, il repéra presque immédiatement ce qu'il était venu chercher dans cette petite ville perdue qu'est Mystic Falls, son doppelgänger, sous les traits d'une belle jeune humaine aux longs cheveux châtains et grands yeux noisettes du nom d'Elena Gilbert.
« Voyons, de quoi allons nous débattre aujourd'hui ? De la seconde guerre mondiale ? De la guerre de Sécession ? … Et si on parlait des années 20's ? ». Hasarda-t-il de manière désinvolte à la cantonade, n'ayant aucune idée de ce qu'il allait faire ensuite et s'en fichant complètement.
Sa proposition fût accueillie par un léger brouhaha et agitation dans la classe et un peu de confusion passa sur son visage.
« On devait pas faire un bac blanc aujourd'hui, Rick ? … euh …Mr Saltzman ? ». Une voix douce à la tonalité profonde lui parvenait distinctement aux oreilles. Klaus dirigea son regard vers le garçon qui venait de parler, et remarqua instantanément sa beauté. Ses innombrables années d'existence ont fini par rendre Klaus blasé de tout ce que la vie pouvait apporter, et pourtant, il devait reconnaître qu'il ne pouvait détacher les yeux de ce garçon assis, là, en face de lui, à côté de son doppelgänger.
Il était mince, très mince, bien que son vêtement au tissue souple laissait deviner un corps à la musculature fine et longiligne, la peau éclatante d'une teinte d'ivoire, les cheveux d'un doux brun doré surmontant un visage aux traits fins et ciselés. Ses lèvres roses pâles et pleines au dessin parfait étaient esquissées en un léger sourire mi-amusé, mi-interrogateur, à l'adresse de son professeur étourdi. Klaus croisa son regard aux grands yeux frangés de longs cils d'un translucide vert émeraude, et le trouva étonnamment chaleureux, ouvert et franc. Malgré lui, Klaus se sentit troublé.
Par chance, il réussit à mettre la main sur la pile des sujets d'examen dans le cartable d'Alaric et put faire passer l'interrogation comme il était sensé faire.
Pendant que tous les élèves s'échinaient sur leur rédaction, Klaus observa discrètement Elena, curieux de sa ressemblance avec Katherine et cherchant des détails qui auraient permis de les distinguer. Il remarqua son manège avec son voisin, le garçon aux yeux verts. Il était évident que tous deux échangeaient discrètement des messages avec leurs portables qu'ils tenaient cachés sous la table, se trahissant par des sourires en coin et des regards qu'ils se jetaient à la dérobés, inconscients d'être observés.
« Fantastique invention quand même que ces appareils ! … Parfait pour tricher » - bougonna-t-il à son propre intention, d'une voix normalement trop basse pour être entendue par n'importe lequel des humains présents. Mais le garçon à côté d'Elena redressa sa tête et lui adressa un sourire penaud. Ses lèvres formèrent un «Pardon» silencieux pendant qu'il reposait son portable sur la table en signe de bonne volonté.
Klaus en un flash se remémora le résumé que Katherine lui avait fait de la situation à Mystic Falls, et se souvint qu'elle lui avait parlé des amis surnaturels d'Elena, et, en particulier, de ses deux vampires gardes du corps, le petit ami attitré Stefan Salvatore, et son grand frère Damon.
En règle générale, avec son instinct et ses sens affutés d'un vampire Originel de plus de mille ans, Klaus savait détecter de manière infaillible ceux de son espèce chaque fois qu'il en croisait un. Cela pouvait tenir à leur aura corporel particulier, ou leur côté prédateur transparaissant à travers une multitude de micro-expressions visibles seulement pour un œil expert, ou alors une certaine froideur et animalité au fin fond du regard. Mais rien de tout cela n'était apparent chez ce jeune vampire qu'il identifia comme étant Stefan Salvatore.
Klaus était perturbé de ne pas avoir détecté plus tôt la nature vampirique de ce dernier, et mit ça dans un premier temps sur le compte de son corps d'emprunt défaillant. Mais il restait quand même intrigué par le côté extrêmement humain de ce vampire, et aussi, même s'il ne se l'avouait pas ouvertement, par le trouble qu'il avait provoqué en lui. Et ça faisait bien trop longtemps que cela ne lui était plus arrivé.
