Voilà! Première fic que je poste sur (j'étais sur un autre site avant. D'ailleurs je publie encore là-bas, bref, on s'en fiche)
Vous êtes là pour lire, alors je ne vous retiens pas davantage, en espérant que ça vous plaise
Chapitre premier
Il courrait. Il courrait et sautait, se baissait, esquivait… Pas à tout les coups cependant. Il avait été touché à l'épaule.
Esquiver, courir, attaquer. Mais n'avait rien senti. La fatigue était bien trop grande.
Esquiver, courir, attaquer. Depuis un moment. Un long moment.
Il lui semblait que ça faisait des heures que cela durait et c'était sûrement le cas d'ailleurs.
Déjà il ne ressentait plus la douleur de ses poumons en feu et de ses membres engourdis par l'effort. Il ne souffrait plus, parce qu'il n'en avait pas le temps. Ou en tout cas s'il le prenait il mourrai. Oh, une partie de lui en avait envie - vraiment - parce que c'était juste trop et qu'il était las, mais il avait un devoir. Une promesse.
Et aussi il n'était pas un lâche. Et quiconque sachant combien il en avait fait ces dernières années - soit pas grand monde en réalité - ne pourrait le nier. Ou du moins ne l'était plus.
La voûte céleste était zébrée d'éclairs colorés dans une parodie grotesque d'arc-en-ciel et l'étendue champêtre dans laquelle la bataille avait éclatée (manigance de l'Ordre pour épargner Poudlard) était passée du blond des blés au marron boue et au rouge sang.
Les déflagrations cataclysmiques d'explosions et l'odeur vomitive de la mort et de la chair brûlée garnissait le tout.
Ça avait un arrière goût de fin du monde, et il remarqua qu'ironiquement ça pourrait l'être sous peu.
Un nouveau sortilège vola droit vers sa poitrine. Esquiver, courir, attaquer.
Il trébucha. Une silhouette s'affala contre lui et il laissa échapper un son étouffé.
Ils étaient en guerre. Des gens mourraient, c'était regrettable, mais c'était dans l'ordre des choses alors il n'avait pas le temps pour les dernières supplications de qui que ce soit! Il y avait encore des gens à sauver alors c'était d'eux qu'il fallait se préoccuper. Des « encore vivants ».
Il allait repousser l'individu avec violence et un certain dégoût quand l'autre le tira brutalement, le faisant tomber sur lui au moment où un éclair vert sifflait au-dessus d'eux.
Il posa les yeux sur son sauveur agonisant - le temps semblait enfin arrêté, et putain, finalement, il aurait préféré qu'il continue - et l'envie de vomir se fit encore plus présente.
Il tenait contre lui une Hermione Granger en sang.
Autour d'eux la bataille faisait rage. Il devait la lâcher, la laisser, mais son cerveau tournait à vide, son corps ne répondait plus, jusque ses doigts poisseux de boue et de fluide vital étaient figés dans les cheveux emmêlés.
Elle toussa.
-Vous étiez mon professeur préféré. Mais ne le dites pas au professeur Mc Gonagall, rajouta t-elle dans une pauvre tentative d'humour. Bah elle n'avait jamais été douée pour ça, ça n'allait pas commencer aujourd'hui, n'est-ce pas ?
-Peut m'importe. Il n'avait jamais remarqué ses yeux. Un curieux mélange de chocolat et de miel liquide. La première pensée de son cerveau devenu amorphe fut que décidément pour un homme sensé analyser tout ce qui l'entourait, il était passé à côté de bien des choses. Puis il se demanda si quand elle pleurait cela avait un goût sucré.
Un sourire tremblant étira faiblement les lèvres au coin desquelles un filet rouge coulait.
-Je sais, murmura t-elle.
La petite main encore accrochée à ses robes se crispa une dernière fois alors que les paupières s'étaient faites plus lourdes et qu'elles se refermaient sur les soleils caramel.
Severus Snape s'éveilla en sueur au milieu de ses draps froissés mais ne bougea pas.
Il avait participé à deux guerres (d'un côté puis de l'autre), il avait été mangemort, avait eue une enfance difficile… Des choses il en avait vues bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Pourtant, chaque soir depuis trois ans il ne rêvait pas de séances de torture, pas d'un énième meurtre, et Merlin savait à quel point la culpabilité l'écrasait. Pour Albus, pour Lily, pour tant d'autres…
Non, il rêvait toujours de ce jour là, ce moment là, cette fille là.
Il soupira, se passant une main nerveuse sur le visage, et un coup d'œil à l'horloge murale lui indiqua les cinq heures du matin. Il se leva, las, sachant qu'il n'arriverait pas à se rendormir.
De toute façon la nuit avait été plutôt complète pour une fois.
Severus passait le gros de ses journées de vacances enfermé chez lui, jusqu'à ce que ça devienne trop... étouffant, et il allait alors faire un tour dehors.
La difficulté était de se tenir occupé.
Même s'il avait vraiment souhaité le retour à la paix, il n'imaginait pas vivre assez longtemps pour en profiter.
Il lui avait fallut passer plusieurs jours à l'infirmerie après le Grand Massacre et quand il avait été en assez bon état pour pouvoir recommencer à penser – il avait maudit Pomfresh de l'avoir soigné – il s'était rendu compte avec effroi qu'il ne savait pas quoi faire.
Il venait de passer vingt-deux ans – soit plus de la moitié de son existence, et la totalité de sa vie adulte – à exécuter les ordres de quelqu'un. Et s'il lui était arrivé souvent de prier pour sa liberté, il avait brusquement pris conscience, le jour où il la récupérait, qu'il ne savait pas quoi en faire.
En rentrant chez lui ce jour là, il avait été pris d'un accès de rage effroyable. Severus avait souvent été dans des colères noires (et ce n'était pas les raisons pour l'être qui lui avait manqué) cependant il avait toujours été d'un naturel peu démonstratif.
Mais cette fois c'était différent. Cette fois c'était la fin de cette putain de guerre, et lui, coupable, tortionnaire, meurtrier, était toujours vivant alors que femmes, enfants, innocents croupissait le ventre à l'air, rongés par les larves.
Il s'était demandé pourquoi, et l'idée lui était venue plus tard que ça devait être sa pénitence, son châtiment. Vivre avec ses fantômes, ses remords, ses regrets. Alors il ne se tuerai pas.
Il avait vomi, de dégoût pour lui même, et c'était ensuite employé à balancer tout ce qu'il trouvait contre les murs. Lorsque la rage l'avait quitté, laissant son salon dans un état pitoyable, le désespoir l'avait remplacé, et il s'était avéré que c'était encore mille fois pire.
Le whisky avait été un support plus qu'acceptable, et quand il s'était réveillé, il avait repris son air impassible, banni toute idée d'apitoiement et enfermé ses sentiments derrière comme il l'avait toujours fait.
Il tiqua d'agacement.
L'aube adoucissait la température saisonnière, et la rosée matinale léchait la pointe de ses chaussures noires. Le dégradé enflammé de l'aurore, projetant des lueurs de feu doux alentour aurait semblé pure merveille à bien des gens.
Severus n'était pas de ceux là. Parce qu'il n'était plus capable de voir d'attrait à quoique se soit.
C'était justement l'un de ces moment particulièrement étouffants où il avait eu besoin d'un peu d'air, et qui annonçait que le reste de la journée se révélerai particulièrement éprouvante, et cela, il le savait de source sûre, parce qu'aujourd'hui était une date spéciale.
L'homme posa le plat de la main sur le tronc d'un gros arbre qui avait un jour- avec une certaine participation de sa part - laissé tomber une branche sur Pétunia Dursley. Il inspira profondément. C'était les vacances d'été alors il était de retour à Spinner's End.
Les idiots congénitaux qui lui servaient d'élèves avaient beau l'horripiler, il ne trouvait décidément aucun attrait à cette période de l'année.
Il avait toujours présumé – et espéré – qu'il ne survivrait pas à la guerre. Mais voilà, les choses n'avaient jamais été comme l'on s'y attendait dans la vie en général, et dans celle de Severus en particulier.
Depuis la fin de cette foutue boucherie, il avait repris son poste d'enseignant plus pour avoir une occupation permanente que par amour du métier. Parce que s'il y avait une chose qui l'insupportait davantage qu'une bande d'adolescents boutonneux et stupides, c'était de n'avoir rien à faire. Rien à faire signifiait du temps pour penser.
A ses erreurs, à ses horreurs, aux autres, à lui et surtout à elles. Lily, Granger… Il ne savait plus. Il ferma les yeux, ça y était il commençait.
Il reprit la direction de l'impasse du Tisseur, les yeux fixes, les idées floues.
Quelqu'un eu la bonne idée de lui rentrer dedans.
-Achetez-vous des lunettes ! grogna-t-il en profitant d'un regard meurtrier pour savoir si la personne incriminée portait déjà des lunettes. Histoire que sa remarque qui était bien loin de ses anciennes piques pleines de verve et d'ironie ai quand même l'air de quelque cho-
Les yeux noirs rencontrèrent des prunelles caramel, et le célèbre, l'insupportable maître des potions de Poudlard devint livide.
-Excusez moi, je…
Mais il était déjà parti. Presque en courant.
Il ne s'arrêta qu'une fois enfermé dans son sobre salon, et s'adossa contre le mur de pierres grossièrement taillées.
Il était ridicule. Un rire lui échappa. Un rire froid, un rire amer, un qui sonne juste comme celui d'un homme désespéré.
Et il attrapa une bouteille de whisky.
Ah la la je suis méchante avec lui, hein? *sourire diabolique* mais il est tellement attachant comme ça...
Alors je continue ou c'est franchement inintéressant?
