OS très cours, basé sur pas grand chose en dehors d'une envie d'écrire pendant un baby-sitting. Oui, quand je suis en baby-sitting, j'ai toujours pleins d'idées qui me viennent et quand les parents reviennent au beau milieu de la nuit, ils me trouvent en train de pianoter frénétiquement sur mon clavier (en même temps, à 3h00 du matin, les enfants dorment, alors il faut bien s'occuper). Anyway, j'avais envie de le partager avec vous. La scène se déroule après l'enterrement de Neal (3x15 - OUAT).

Disclamer : les personnages ne m'appartiennent pas.

Musique : à vous de choisir, je n'en avais aucune en tête en particulier.


I need you, as much as you need me. So don't pretend, I know what you want and I know you want me.


Je me tourne et me retourne dans le lit, mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à dormir. À chaque fois que je ferme les yeux, je revois le visage tordu de douleur de Neal agonisant dans mes bras. Je refoule un sanglot, coincé dans ma poitrine. Henry dort, paisible. J'entends sa respiration calme et régulière dans le lit en face du mien. Je passe une main dans mes cheveux, enfonce ma tête dans l'oreiller et fixe le plafond. Je reste ainsi longtemps. Deux minutes qui me paraissent aussi longues qu'une heure. J'expire longuement, réprime un besoin violent de frapper dans quelque chose et en profite pour attraper mon jean et ma veste, posés sur la chaise à deux pas du lit. J'enfile mes vêtements et me glisse à pas de loup en dehors de la chambre. Henry a un sommeil de plomb, il ne se rendra même pas compte de mon absence.

Je descends les escaliers sur la pointe des pieds, car je ne veux pas réveiller tout l'hôtel. Les vielles marches en bois grincent malgré toute l'attention que je porte à chacun de mes pas. Je réussis à atteindre la salle commune sans réveiller personne. Je pousse un soupir de soulagement. La pièce est vide mais toujours éclairée par la lumière tamisée d'un vieil abat-jour. Je m'assois lourdement sur le sofa centenaire qui meuble la pièce. Le cuir couine sous la pression que je lui impose. Je bascule ma tête en arrière vers le plafond tout aussi identique à celui de ma chambre. J'ai besoin de bouger, de marcher, de faire quelque chose. J'ai besoin de m'occuper l'esprit ; je ne peux pas supporter de rester là, à ruminer ma peine. Je ne veux pas. Je n'ai pas le courage de l'affronter, pas maintenant.

Je m'échappe par la porte qui donne sur le jardin et la forêt. Je suis sur le point de descendre les escaliers qui me mèneront vers ma liberté, lorsque mon regard capte un mouvement sur ma gauche. Je m'arrête ; la lumière du salon se répand faiblement sur les planches en bois blanchis qui court le long de la maison pour former la terrasse. Une paire de bottes en cuir noir luit doucement dans ce faible halo de clarté. Je vois se dessiner les pans d'un long manteau, puis une main se levant et portant une petite flasque argentée vers la bouche de son propriétaire. Hook. Je soupire rassurée.

_ Insomnie ? Me demande-t-il de sa voix grave et rauque.

Je hoche la tête même si je sais qu'il y a peu de chance qu'il me voit dans le noir. Il s'approche à pas lent et vient s'appuyer face à moi sur la rambarde. Il me tend sa fiole sans un mot de plus. Je lève les yeux au ciel, mais je m'empare tout de même de l'objet. J'hésite un instant avant de porter le goulot à ma bouche. J'en aurais pourtant bien besoin. Peut-être que ça annihilerait la peine. Ou la rendrait un peu plus supportable. Mes lèvres se collent au bord frais du goulot et j'avale une gorgée de rhum. Le liquide ambré coule dans ma gorge et laisse derrière lui un goût amer et brulant. Je lui rends sa flasque après lui avoir volé deux autres longues rasades. Je sens déjà l'alcool faire son effet. La chaleur qui monte à mes joues, mes muscles qui se détendent... Il ne dit rien et ça me va. Je ne veux pas qu'il parle car ça ruinerait tout. Pour l'instant, sa seule présence à côté de moi me suffit. Le silence apaisant de la nuit nous englobe et je me sens déjà toute somnolente. Le ciel remplit d'étoile scintille au-dessus de nos têtes, mais je n'arrive pas à détacher mon regard de sa silhouette. La lune, presque pleine, luit sur le cuir de son long manteau ; elle dessine des arêtes tranchantes à son visage marqué par des années sans vieillissement ; elle scintille sur les énormes bagues qui ornent sa main droite. L'éclat de son crochet jouant avec le bouchon de sa flasque m'éblouit. Je détourne mon regard avant qu'il ne me remarque. Ça lui ferait bien trop plaisir de m'attraper en train de l'épier en douce. Je l'entends qui se racle la gorge et je sais qu'il va vouloir prendre la parole. Je sais déjà ce qu'il va dire et je voudrais l'empêcher de parler. Je ne veux pas que les gens s'excusent ou le disent à quel point ils sont désolés. Car trop peu d'entre eux sont sincères, trop peu d'entre eux le pensent vraiment. Je préfère qu'on se taise plutôt que l'on me mente.

_ Swan... Je suis désolé pour Bae...Neal.

Il marque une courte pause et fait tourner sa fiole entre ses doigts et son crochet. À ce moment-là, je n'arrive qu'à me demander une chose : combien de temps cela a pu lui prendre pour maîtriser à nouveau les gestes du quotidien ? Je lève la tête vers lui et mes yeux rencontrent l'océan infini des siens. Je détourne instinctivement le regard. Je suis lâche, je sais, mais je n'ai pas le droit de me laisser attendrir. Pas maintenant. Pas pour l'instant. Il danse d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Visiblement, il attend une réponse de ma part. Mais je n'en ai aucune à lui proposer.

_ Il manquera à beaucoup de gens tu sais. Et pas seulement à son père ou à toi. Il a marqué plus d'esprit qu'il ne pouvait le croire.

Je lève brusquement la tête, une vague de colère sortie de nulle part monte en moi tel un raz-de-marée. Je ne veux pas de sa fausse compassion. Je ne veux pas de ses fausses phrases toutes prêtes qui sont censés aider à oublier qu'on a perdu un être cher à notre cœur. Neal est mort. Il est MORT. Alors pourquoi prendre des gants avec ça.

_ Arrête. Ne joue pas à ça, pas avec moi.

Il me regarde, étonné.

_ Je n'ai pas besoin qu'on s'adresse à moi comme on s'adresse à une gamine de quinze ans. Alors je t'en prie, épargne-moi tes discours sur le caractère héroïque de mon ex.

_ Swan... Je...

_ Oh et puis merde ! Je sais que tu jubiles intérieurement ! Tu te dis que maintenant qu'il est mort, tu peux enfin m'avoir pour toi tout seul, que plus personne ne viendra se mettre entre toi et moi. Tu pourras enfin lancer ton plan de séduction et voir si le poisson mord à l'hameçon ? Avoue-le que la mort de Neal t'arrange !

Ma voix est montée d'un ton et l'alcool n'arrange rien à mon état. Je suis hystérique et totalement ridicule. Les mots ont franchit ma bouche avant que je réalise ce qu'ils voulaient dire. Je voudrais m'enfoncer sous terre, mais je ne peux pas. Une partie de moi regrette ces paroles puériles et l'autre partie bouillonne de colère. Le visage de Killian se ferme. Il remet en place son masque imparable, celui qu'il porte quand il ne veut pas que l'on voit qu'il possède un cœur. Il glisse sa fiole de rhum à sa ceinture et me fixe intensément de ses iris bleus. Son regard m'arrache malgré moi un frisson ; il n'est pas doux et tiède comme tout à l'heure, il est glacial et cinglant comme une tempête de neige.

_ Si j'avais voulu faire une telle chose, je l'aurais fait Emma. Après tout ce temps, tu penses toujours que je suis un homme sans cœur et sans morale, qui vit de braconnage et de chaos ? J'avais pourtant bien cru avoir réussi à te prouver le contraire.

_ Ton petit manège avec Henry...

_ N'en était pas un. Emma, tu n'es pas la seule à avoir eu une vie difficile. Tu n'es pas la seule à avoir été abandonné, à avoir perdu des gens auxquels tu tenais. À avoir vu mourir ton premier amour... Il fit une pause pour reprendre son souffle et continua. Alors ne me dis pas que je ne peux pas comprendre ce que tu ressens. Que je ne pas compatir à ta peine. Aujourd'hui, tu as peut-être enterré celui qui a été et restera à jamais ton premier amour et le père de ton fils. Mais aujourd'hui, tu as aussi enterré celui qui pendant plus de deux ans, a été comme un fils pour moi. Si tu crois que ça ne compte pas à mes yeux, que Neal ne fut qu'un obstacle me barrant la route dans la quête de ton cœur, alors je me demande bien ce que je fais encore là à parler avec toi !

Son manteau claque derrière lui lorsqu'il fait volteface et se dirige vers la porte. Mon bras se tend et attrape son coude pour le retenir. Il se dégage d'un coup sec, mais j'insiste.

_ Killian, le suppliai-je.

Je sens mes yeux me picoter et je sais que je vais pleurer. Alors je sers les dents pour essayer de contenir mes larmes. Il se tourne à demi vers moi. Il est à la fois en colère et triste. Son masque a volé en éclats lorsqu'il m'a entendu l'appeler par son prénom ; c'est mon seul moyen de lui prouver que je suis sérieuse.

_ Je suis désolée. Ce que j'ai dit était stupide, les mots ont dépassé ma pensée, je... je ne... voulais pas dire ça.

Ma voix se brise en un millier d'éclats de verre et je me retourne brusquement vers la forêt. Je ne veux pas qu'il me voit pleurer. Je contiens les sanglots qui grondent dans ma poitrine. Sa main vient se poser délicatement sur mon épaule. Mon corps est parcouru de spasmes et je ne peux plus résister : je cours me réfugier dans l'étau rassurant de ses bras. Je brise toutes mes règles ce soir. Mais je ne peux pas affronter la mort de Neal sans l'avoir lui à mes côtés. Il compte beaucoup trop pour moi maintenant. Sa main droite se pose sur ma tête et caresse doucement mes cheveux pendant que son bras gauche s'enroule autour de ma taille. Quand il parle, sa voix grave résonne contre mon oreille collée contre son torse.

_ Tout va bien, je suis là.

Sa voix est douce, rassurante et elle glisse en moi, s'insinue dans chaque parcelle de mon corps et me réchauffe, doucement.

_ Promets-moi... Promets... moi que-que tu resteras avec moi, d'ac-acord ? Hoquetai-je entre deux sanglots.

Je me sens ridicule de lui demander ça. Sa main qui caresse mes cheveux s'arrête quelque seconde puis reprend son lent manège. Il met du temps avant de répondre, comme si la question relevait d'une importance extrême à ses yeux. Au fond de moi, je sais qu'elle a beaucoup d'importance cette question. Son bras qui me retenait par la taille remonte jusqu'à mon visage. Il soulève mon menton à l'aide de son crochet et le métal froid me donne la chair de poule.

_ Je resterai aussi longtemps que tu voudras de moi.

Il a prononcé sa phrase sur le ton le plus sérieux du monde, son regard bleu océan ancré profondément dans le mien. Je le fixe la bouche entre ouverte. Puis je me reprends et cligne des yeux, un peu sonnée. J'acquiesce à sa réponse d'un faible hochement de tête et d'un sourire, avant de replonger me cacher dans les pans de son manteau à l'odeur musqué du cuir et du rhum.

_ Alors reste toujours, murmurai-je d'une voix audible que pour moi-même.