Bonjour, les amis.

J'espère que vous avez passé un très joyeux Noël ! Moi oui ! XD

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Ca faisait un petit moment que je n'avais rien publié et me revoilà avec ce que j'ai surement écrit de plus sombre et de plus dur. Drôle de cadeau pour ce jour joyeux, vous allez me dire. Et vous aurez raison.

En fait, je m'étais lancée un défit. Écrire une ABO avec Dean en tant qu'oméga, ce qui n'est vraiment pas ce qui me vient naturellement lorsque je pense au personnage.

Et ça a donné ... ça.

C'est une fic assez longue, environ 100 000 mots pour des chapitres entre 4000 et 6000 mots.

Si vous connaissez l'omégaverse vous savez à quoi vous attendre. Ce sera du M, vraiment, et autant pour la violence que pour le sexe. Là encore je préviens.

Si vous ne connaissez pas, je vous invite à vous renseigner pour savoir si vous voulez vous y lancer ou pas. Et si besoin je peux donner plus d'infos en MP, n'hésitez pas à demander. ;)

Je mettrai des warnings généraux au début de chaque chapitre et éventuellement des warnings plus détaillés à la fin pour ne pas spoiler ceux qui ne voudraient pas savoir avant de lire.

SVP, lisez les, ils ne seront pas là pour la déco, comme dirait notre cher Bobby. XD

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Bon voilà, si vous voulez tenter l'aventure alors soyez les bienvenus. J'espère que ça vous plaira. :)
Je vous laisse avec nos deux héros qui évidemment ne m'appartiennent pas et avec lesquels je ne fais aucun profit de quelque sorte qu'il soit. ( Mention légale oblige)

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Warnings du jour: Agression, mention de viol, soins médicaux, émotions violentes.

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Chapitre 1:

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Lorsqu'il entendit le bruit si familier du moteur de la voiture de son voisin remonter le petit chemin de terre qui menait à leurs deux seules maisons, Castiel leva les yeux du roman qu'il était en train de lire. Son regard fut immédiatement attiré par la lueur des phares bien visible depuis la fenêtre de son salon dont les volets étaient restés ouverts malgré l'heure tardive.

Malgré lui, il ne put réprimer le léger sourire qui étira ses lèvres.

Mais il ne se leva pas de son fauteuil, ne sortit pas de sa maison pour aller saluer son voisin.

Dean et lui avaient beau habiter dans des maisons voisines perdues au fin fond de la campagne depuis près de deux ans, ils ne se connaissaient que très peu et avaient rarement échangé plus que les banalités d'usage.

En fait dès le premier jour Castiel avait senti chez Dean un besoin d'espace, une certaine méfiance vis à vis de lui et qui lui faisait garder ses distances.

Mais Castiel le comprenait parfaitement.

Après tout, c'était bien lui aussi pour trouver une forme de paix et d'isolement qu'il était venu habiter ici en plein milieu de nulle part, après des années à servir son pays sur tous les champs de bataille du globe.

Au fil du temps et des hasards de la vie, l'ancien soldat avait tout de même appris que son voisin était mécanicien, qu'il avait un jeune frère, Sam, qu'il avait élevé comme un père et qu'il pouvait passer des heures, des jours même, à bichonner sa voiture qu'il considérait comme un véritable membre de sa famille.

Et bien sûr, qu'il était un oméga.

Castiel se souvenait parfaitement de la première fois où il l'avait rencontré. Il allait entrer dans sa maison toute nouvellement acquise, un carton encombrant dans les bras, lorsque le vent avait porté jusqu'à lui une effluve proprement divine. Il avait fermé les yeux pour se concentrer uniquement sur ses sensations olfactives et l'avait savourée comme on déguste le met le plus savoureux. Jamais une odeur oméga n'avait attiré l'alpha qu'il était de la sorte.

Il s'était alors retourné pour rencontrer le regard écarquillé de son nouveau voisin. Dean, lui, s'était figé tel un cerf pris dans les phares d'une voiture. L'odeur de pomme, de miel et de cuir avait rapidement cédé la place à celle plus acre de la méfiance. L'oméga avait vaguement murmuré une parole de bienvenue puis était précipitamment rentré chez lui et Castiel avait entendu le bruit caractéristique d'une porte que l'on verrouille.

Il avait fallu des semaines pour que Dean ne lui adresse vraiment la parole. Et pourtant Castiel ne sentait pas véritablement de peur chez lui, juste une volonté farouche de ne pas se laisser approcher.

Alors il avait respecté son choix, malgré l'attirance que son voisin exerçait bien involontairement sur lui et qui n'était d'ailleurs pas seulement physique, il l'avait rapidement compris.

En fait, plus il regardait vivre son voisin, plus Castiel percevait comme un lien entre eux, un point commun qui allait bien au delà de ce que leur différence de genre ou leurs passés respectifs ne laissait supposer. Tout était dans l'attitude, le regard. Cette même lueur dans les yeux verts que celle qu'il évitait dans son propre miroir chaque matin.

Celle des gens qui en savait trop sur les horreurs de la vie.

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Et c'était une des raisons qui faisait que Castiel aimait tant entendre le moteur de l'impala de Dean remonter son allée à la fin de la journée. Parce que cela signifiait que son voisin était rentré chez lui sain et sauf. Que la petite partie du monde dans laquelle ils vivaient était comme elle se devait d'être. Paisible. Sécurisée.

C'était maintenant tout ce à quoi Castiel aspirait.

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L'alpha réprima la légère culpabilité qu'il ressentait chaque fois que ses pensées l'amenaient sur ce terrain miné.

Dean était seulement son voisin. Pas son compagnon, pas même son ami. Ce n'était pas parce qu'il était un oméga que cela ne lui octroyait le moindre droit de veiller sur ses allées et venues, ou sur sa sécurité.

Mais Castiel n'était pas non plus naïf. Dans un monde dominé par le pouvoir et la violence, où les hormones et la force brute prédominaient sur la raison et la réflexion, il savait parfaitement que votre genre de naissance déterminait votre place dans la hiérarchie. Et aussi les risques que vous encouriez chaque jour rien qu'en sortant de chez vous.

Vouloir l'ignorer ne pouvait apporter que des ennuis et énormément de souffrances. La plupart des omégas en faisaient la triste expérience un jour ou l'autre dans leur vie.

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Mais pas ce soir.

Dean était rentré chez lui.

Castiel poussa un léger soupir de contentement et se replongea dans la lecture de son roman.

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Mais le bruit persistant du moteur lui fit de nouveau lever les yeux quelques minutes plus tard.

Castiel posa son livre sur le guéridon, se leva de son fauteuil pour parcourir les quelques mètres qui le séparaient de la fenêtre dont il écarta le rideau d'une main.

Le moteur de l'impala tournait toujours et la voiture était garée selon un angle étrange, ses phares allumés éclairant le bord du chemin et les champs qui bordaient leurs deux propriétés.

Castiel inclina la tête légèrement et plissa les yeux pour essayer de percer l'obscurité.

D'après ce qu'il pouvait voir à cette distance, Dean était toujours dans l'habitacle, immobile, assis sur le siège conducteur. Mais de là où il se trouvait, Castiel ne distinguait pas son visage, ni aucun autre détail de ce qui se passait dans la voiture. Son voisin aurait très bien pu tout simplement être en train de passer un coup de fil et pourtant il était persuadé que ce n'était pas le cas.

La petite voix dans sa tête, celle qu'il avait appris à écouter au fil des années parce qu'elle lui avait sauvé la vie un nombre incalculable de fois, hurlait dans son crâne avec la puissance d'un mégaphone.

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Avant même de s'en rendre compte, Castiel avait déjà chaussé ses rangers, enfilé sa veste et sortait de sa maison d'un pas rapide, une lampe torche à la main. Dès qu'il fut à proximité de l'impala ses pires doutes se confirmèrent. Dean était immobile, inconscient, la tête renversée en arrière et les yeux fermés. Son visage était tuméfié et ensanglanté. Plus pale que la mort.

- Dean ? C'est Castiel. Vous avez besoin d'aide ?

L'alpha tapa doucement du bout des doigts sur les carreaux pour ne pas l'effrayer mais Dean n'ouvrit pas les yeux, ni ne fit le moindre mouvement. Il frappa un peu plus fermement sur la vitre, toujours sans résultat.

- Dean, vous m'entendez?

Sans plus attendre Castiel ouvrit la portière et la forte odeur métallique du sang le prit immédiatement à la gorge, suivie de celle plus aigre de la douleur.

Castiel voulut poser une main hésitante sur l'épaule de Dean pour le secouer légèrement et le faire revenir à lui lorsqu'une nouvelle bouffée parvint à ses narines et lui fit suspendre son geste.

L'alpha écarquilla les yeux. Dean était... en chaleur ?

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La main toujours en suspension à quelques centimètres de son épaule, Castiel flaira plus attentivement pour tenter de percevoir toutes les subtilités des fragrances puissantes qui envahissaient son système. Non, Dean n'était plus en chaleur, mais elles venaient tout juste de se terminer.

Castiel fronça les sourcils, aucun oméga ne sortirait dans la rue pendant ses chaleurs, ce serait de l'inconscience pure et simple. Il gronda de fureur alors que des scenarios de ce qui avait pu arriver à son voisin commençaient à affluer dans sa tête, et s'accroupit aux côté de l'homme inconscient respirant par la bouche pour éviter que les senteurs puissantes ne l'empêchent de réfléchir de façon cohérente.

Deux doigts posés sur le cou de Dean toujours inconscient le rassurèrent un peu. Sa peau était froide et moite, mais il sentit son pouls, trop rapide bien que tout de même assez régulier. A ce contact, l'oméga remua faiblement, murmurant des paroles incompréhensibles, mais sans revenir complètement à lui.

- Dean, est ce que vous m'entendez ?

Castiel secoua doucement son épaule et le gémissement de douleur qui en résultat le fit stopper net. Une nouvelle bouffée de l'odeur âcre et puissante de la souffrance lui parvint aux narines lui faisant immédiatement sortir son portable.

- J'appelle les secours. Ça va aller. On va vous emmener à l'hôpital.

Ces paroles semblèrent enfin faire réagir l'oméga qui ouvrit péniblement ses paupières tuméfiées. Lorsque son regard perdu se posa sur lui, la peur que Castiel perçut dans les prunelles vertes lui serra le cœur.

- C'est Castiel, Dean. C'est votre voisin, vous me reconnaissez ? Vous êtes en sécurité maintenant, mais vous êtes blessé, je vais appeler une ambulance.

Un instant, Dean ne sembla pas le comprendre, il regardait successivement l'alpha, l'intérieur de la voiture et les alentours, visiblement sans comprendre ce qui se passait et comment il était arrivé là. Puis les prunelles vertes se focalisèrent de nouveau sur lui et Dean tenta de se redresser, sa main droite venant immédiatement soutenir son bras gauche à la position nettement anormale.

- Non, pas d'hôpital. Je vais bien... Je... je veux pas d'hôpital.

La voix de Dean était méconnaissable, rauque, éraillée par la souffrance.

- Dean, vous êtes sérieusement blessé. Vous devez aller à l'hôpital.

L'odeur de peur s'accentua encore dans l'habitacle, poussant Castiel à reculer d'un pas et à lever les mains, paumes en avant en signe d'apaisement.

- Je ne vais pas vous faire de mal.

Mais l'oméga ne parvenait plus à réfléchir de façon cohérente. Malgré ses blessures et sa faiblesse, Dean voulut profiter du faible espace libéré par l'alpha pour s'enfuir. Tenant toujours son épaule gauche plaquée contre son corps, il tenta de sortir de la voiture pour se réfugier chez lui, mais dès qu'il mit un pied hors de l'impala, le monde se mit à tourner sur lui même. La douleur crucifiante dans sa poitrine et dans son bras s'intensifia, la pression dans son crane atteignit des sommets, faisant danser des lumières blanches devant ses yeux.

Brusquement le froid envahit tout son corps comme une marrée galopante et ses oreilles se mirent à bourdonner. Dean tenta de lutter contre les ténèbres qui l'appelaient mais perdit la bataille.

La seconde suivante il se sentit tomber et perdit connaissance avant que deux bras forts ne l'empêchent de heurter le sol.

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Dean venait littéralement de lui tomber dans les bras et malgré le sang-froid légendaire qui le caractérisait, Castiel se sentit une seconde submergé par les instincts primaires que la situation et les phéromones de l'oméga éveillèrent en lui.

Protéger ! Défendre ! Posséder !

Tous ses muscles tendus, Castiel blottit le corps inerte entre ses bras et inspecta l'obscurité environnante, prêts au combat.

Mais c'était stupide, il le savait.

Personne n'allait les attaquer. Plus maintenant. Quoi qu'il ait pu arriver à Dean, la menace n'était plus actuelle, mais l'idée qu'il n'ait pas été là pour le défendre planta un poignard incandescent dans le cœur de l'alpha et lui coupa littéralement le souffle. Son cerveau primaire avait pris le dessus sur sa pensée cohérente et il se sentait littéralement prêt à montrer les dents à quiconque oserait approcher son oméga blessé.

Protéger ! Garder ! Défendre !

Ces mots tournaient en boucle dans son esprit court-circuité par l'adrénaline.

Sans aucun effort apparent, il souleva Dean sans ses bras et le porta jusque à sa propre maison. Il ouvrit la porte d'un coup de pied, entra et la referma de la même façon puis, sans y réfléchir, monta les escaliers qui menaient à sa chambre pour déposer son précieux fardeau sur le lit.

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Alors seulement, il s'autorisa à se détendre et tenter de réfléchir.

Dean était en sécurité à présent.

Chez lui.

Il allait prendre soin de lui.

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Les yeux rivés sur le corps inanimé, Castiel passa une main légèrement tremblante sur son visage pour reprendre le contrôle de ses émotions.

D'habitude si maitre de lui même et de ses émotions, il était le premier surpris de ce qui venait de lui arriver. Jamais il ne s'était senti ainsi submergé par des instincts alpha primaires et aussi forts, mais la vue de l'état dans lequel se trouvait Dean lui faisait perdre toute capacité de réflexion cohérente.

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Castiel passa en revu le corps allongé.

Dean était livide, sa pâleur effrayante encore accentuée par contraste avec les traces de sang qui maculaient son visage. L'estomac de Castiel se tordit lorsqu'il avisa également les sillons blanchâtres de larmes séchées qui traversaient ses joues et se perdaient dans son cou.

Une rapide inspection de la peau visible lui permit de constater que Dean portait des marques de ligature aux poignets et aux chevilles. Pour le peu qu'il pouvait voir son corps semblait être aussi contusionné que son visage et au vu de l'angle étrange de son bras, son épaule gauche était probablement déboitée.

Une bouffée de haine brulante et dévastatrice l'envahit à l'encontre des salauds qui avaient pu le mettre dans cet état. Castiel serra les poings, il avait envie d'arracher leur gorge, de briser leurs os, de les faire souffrir et saigner comme ils l'avaient fait saigner, lui.

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Un faible gémissement le sortit de ses fantasmes meurtriers.

Même dans son inconscience, l'oméga réagissait aux phéromones d'alpha en colère qui avaient saturé la pièce en un instant. Dean se recroquevilla sur le lit en position fœtale, cherchant à protéger son corps comme il le pouvait de son bras valide.

Castiel écarquilla les yeux. La surprise puis la honte le submergèrent, lorsqu'il constata que Dean cherchait à se protéger de lui. La colère qui le dominait encore la seconde précédente fondit comme neige au soleil, immédiatement remplacée par une mortification plus brulante encore.

Dans un effort de volonté, il s'obligea à respirer calmement. Il fallait que son odeur s'apaise et redevienne rassurante ou au moins non menaçante pour l'oméga traumatisé. Il devait réprimer ses instincts de vengeance. Il ne vaudrait pas mieux que ceux qui l'avaient mis dans cet état, si il se laissait submerger par la violence, au lieu de soigner Dean quand il en avait besoin.

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Et pourtant, malgré toutes ses bonnes résolutions, un grondement sourd s'échappa de sa gorge lorsqu'il avisa le dos de Dean que sa nouvelle position lui laissait maintenant entrevoir. La chemise et le t-shirt de l'oméga étaient déchirées et imbibées de sang, en longues trainées rectilignes. Castiel savait pertinemment de quoi il s'agissait., il avait déjà vu ça en d'autres temps et d'autres lieus.

Immédiatement, les images des corps suppliciés des soldats prisonniers de l'ennemi que son équipe et lui avaient parfois été envoyés secourir affluèrent à son esprit sans qu'il ne puisse les retenir. C'était des coups de fouet sans aucun doute. Dean n'avait pas seulement été agressé, il avait été torturé.

Et il y avait aussi cette odeur...

L'estomac de Castiel se révulsa lorsque son odorat lui confirma ce dont il ne doutait malheureusement guère. Comme la plupart des omégas agressés, Dean avait également été sexuellement abusé. Évidemment.

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Une nouvelle bouffée de rage brulante, aveuglante, l'envahit irrépressiblement.

Tuer. Massacrer. Détruire.

Castiel se força à détourner le regard vers un angle de la pièce. Lentement, il prit une grande inspiration et souffla longuement puis recommença une seconde fois, puis une troisième. Alors seulement, il s'autorisa à reposer les yeux sur le corps recroquevillé.

Dean semblait si vulnérable dans son inconscience, si beau malgré le sang et les blessures.

La douleur remplaça progressivement la colère et Castiel se laissa envahir par le besoin d'aider, de protéger, de réparer le mal qui avait été fait.

Il n'avait pas été là pour éviter ça, mais maintenant il pouvait aider. Cette pensée apaisa un peu la brûlure et sa rage refluant, Castiel sentit ses facultés de réflexion lui revenir.

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Maintenant il savait ce qu'il avait à faire. Les vieux réflexes lui revenaient. Autres temps, autres lieux, encore. Mais ce genre de chose ne s'oubliaient pas. Peu importait votre désir de les enfouir à tout jamais.

Castiel ferma les yeux et prit une dernière grande inspiration, puis passa en revue les différentes étapes. Plus pour canaliser son esprit en surchauffe que par réelle nécessité d'ailleurs. Dans un premier temps, parer au plus pressé et au plus grave. arrêter les saignements, vérifier qu'il n'y avait pas de fracture à immobiliser et remettre en place l'épaule disloquée.

Castiel savait faire tout ça. Soigner des blessures simples avait fait partie de sa formation de base de combattant des forces spéciales. Et l'expérience sur le terrain s'était chargée de lui apprendre le reste.

Mais Castiel connaissait les limites de ses compétences. Si Dean avait des blessures plus graves ou une hémorragie interne, alors il devrait le faire conduire à l'hôpital qu'il soit d'accord ou non. L'idée de le laisser à d'autres mains que les siennes le fit de nouveau gronder de colère, mais si il le fallait, il le ferait.

Seul le bien de Dean comptait.

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Un dernier coup d'œil au corps inconscient et Castiel sortit de la chambre.

Il passa tout d'abord dans la cuisine, récupéra une paire de ciseaux dans le tiroir, puis se rendit dans sa salle de bain. Rapidement, il remplit une petite bassine d'eau tiède, rassembla son kit de premier soin, un gant de toilette et des serviettes propres et retourna dans la chambre auprès de l'oméga.

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Lorsqu'il entra dans la pièce, Castiel marqua un temps d'arrêt, Dean avait ouvert les yeux.

Protégeant son épaule blessée de sa main valide, le corps tendu, il était visiblement prêt à se défendre malgré son état contre un potentiel agresseur alpha si il le fallait.

Mais pour le moment il ne faisait pas un geste, silencieux, sur ses gardes.

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Sans faire un pas de plus, Castiel déposa la bassine sur sa commode près de la porte, ainsi que tout son matériel. L'odeur de l'oméga hurlait sa peur, sa méfiance, sa douleur et Castiel lutta de toutes ses forces contre son propre instinct qui lui intimait de l'entourer de ses bras et de sa force pour le protéger contre la menace qui causait un tel déchainement de panique.

Sauf qu'à cet instant, la menace, c'était lui.

Il leva les mains devant lui en signe de non-agression.

- Dean, je ne vais pas vous faire de mal. Je veux juste vous soigner.

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Toujours silencieux, l'oméga dévisagea Castiel, le regard étréci, jaugeant visiblement l'homme et ses intentions.

Il poursuivit, espérant que le ton de sa voix, à défaut de ses propres phéromones bouleversées, puisse le rassurer un peu.

- Vous m'avez dit que vous ne vouliez pas aller à l'hôpital, vous vous souvenez ? Et ensuite vous avez perdu connaissance. Alors je vous ai amené chez moi. Juste pour soigner vos blessures.

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Dean fronça les sourcils, comme si il tentait de comprendre, de se souvenir de ce dont Castiel lui parlait. Tout était si embrouillé dans sa tête et il avait si mal...

Sans qu'il ne puisse rien y faire, ses phéromones de détresse émanaient par vagues, appelant la protection de l'alpha et celles de Castiel leur répondaient avec la même intensité.

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- Vous pouvez me faire confiance, continua Castiel doucement.

La voix était tellement rassurante, et Dean était si fatigué.

De méfiant, le regard vert se fit hésitant, les narines de l'oméga frémirent et ce qu'il perçut dû le convaincre, même partiellement, puisqu'il hocha lentement la tête.

De toute façon que pouvait il faire d'autre ?

Ses muscles tendus se relâchèrent un peu, il lâcha son épaule blessée et posa son bras droit le long de son corps sans quitter Castiel des yeux.

Lorsque l'alpha reprit en main tout son matériel et s'approcha lentement du lit, son regard suivit chacun de ses gestes. Il le regarda déposer la bassine au sol ainsi que le reste de ses fournitures sur sa table de chevet.

- Votre épaule est déboitée. Je vais devoir découper vos vêtements pour vous soigner et la remettre en place

Sur le champ la main valide de Dean agrippa le bas de son t-shirt pour le maintenir en place. Lorsqu'il aperçut les ciseaux dans la main de Castiel, Dean s'enfonça dans l'oreiller qui le soutenait et ses yeux focalisés sur l'objet s'agrandirent d'effroi. Sa panique explosa et se diffusa par tous les pores de sa peau.

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- Dean. Dean regardez moi.

Lentement Castiel leva les mains, puis posa les ciseaux sur le lit.

Du bout des doigts il releva le menton de Dean pour que son regard focalisé sur l'objet rencontre le sien.

- Dean il faut que vous m'écoutiez. Je sens votre peur, mais je ne vais pas vous faire de mal, d'accord ?

Il leva son poignet.

- Sentez moi. Je veux juste vous soigner. Vous pouvez me faire confiance, répéta t-il une nouvelle fois avec toute la douceur et la conviction dont il était capable.

Complétement tétanisé, Dean ne saisit pas le bras tendu. Il n'approcha pas son visage pour venir flairer ce point si odorant, le second après celui qui se trouvait à la jonction de la nuque et de l'épaule de tout alpha ou oméga, véritable miroir de ses émotions, de ses intentions, en plus de son odeur propre.

Seules ses narines, tout comme ses pupilles se dilatèrent un peu plus.

Il releva les yeux vers ceux de l'alpha et ses phéromones de panique refluèrent un peu. Lentement, sa main exsangue desserra sa prise sur le tissu froissé de son t-shirt et se posa le long de sa hanche sur les draps blancs.

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Tout aussi lentement Castiel reprit les ciseaux. Sans geste brusque, il les approcha du t-shirt de l'oméga, le regarda de nouveau dans les yeux, puis entreprit de découper le vêtement de bas en haut. Les deux manches de la chemise subirent le même sort et lorsque Castiel écarta le tissu souillé, Dean se retrouva rapidement torse nu sous le regard de l'alpha qui s'élargit de stupeur.

- Qui vous a fait ça ?

Sans même qu'il ne s'en aperçoive, la voix de l'alpha grondait de rage mal contrôlée alors que ses phéromones de colère se déchainaient de nouveau.

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Par réflexe Dean tenta de rassembler les pans de ses vêtements découpés pour se protéger et, en le voyant faire, Castiel se reprit immédiatement.

- Pardon. Ce n'est pas... pas contre vous, je vous le jure. C'est juste que...

Castiel détacha à grand peine le regard du torse ravagé de l'oméga pour le relever vers ses yeux. Sa voix était douce alors même que son esprit bouillonnait littéralement de questions et de colère.

Il reposa les ciseaux sur la table de nuit et leva les mains arretant son geste à quelques centimètres du visage de Dean.

- Ça va aller. Est ce que je peux vérifier que vous n'avez pas de fractures ?

Le regard méfiant, Dean hésita longuement, mais finalement acquiesça.

Du bout des doigts, l'alpha palpa délicatement le visage tuméfié. Malgré la douceur de ses gestes, Dean ferma les yeux de douleur, car même si les os n'étaient apparemment pas cassés, les chairs étaient tellement gonflées qu'elles le rendaient pratiquement méconnaissable.

- Je vais nettoyer vos blessures, maintenant.

Castiel se pencha et humidifia le gant d'eau tiède. Lentement il le passa sur le front ensanglanté de Dean, sur ses arcades, ses pommettes meurtries. La boule dans sa gorge doubla de volume lorsqu'il enleva les traces de larmes séchées sur ses joues, puis il nettoya méthodiquement et avec douceur sa mâchoire tuméfiée

Lorsque Dean rouvrit les yeux et les plongea dans les siens, Castiel y vit une immense douleur, de la peur aussi, mais il y avait également autre chose. Comme si ce que Dean lisait dans les siens le rassurait un peu, comme si il commençait à lui faire confiance.

Castiel replongea le gant dans l'eau tiède qui se teinta immédiatement de rouge.

- Je vais nettoyer votre poitrine à présent.

Ce n'était pas une question et Dean se tendit mais finalement hocha tout de même la tête, accordant la permission que Castiel espérait effectivement pour poursuivre ses soins.

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Avec précautions, l'alpha écarta de nouveau les vêtements découpés et maculés de sang. Les coupures sur le torse et l'abdomen de Dean étaient nombreuses, fines et nettes, comme faites avec un scalpel. Un énorme hématome ornait tout le côté gauche de sa cage thoracique et Dean gémit de douleur lorsque Castiel y passa le gant. Alors l'alpha le déposa sur le bord de la bassine et comme pour son visage, il inspecta la zone du bout des doigts et Dean gémit de nouveau.

- Je sais, dit l'alpha d'une voix douce et si basse qu'une personne debout à côté d'eux n'aurait probablement pas pu l'entendre.

Castiel dénombra au toucher deux côtes cassées et une troisième, probablement fêlée. La douleur que Dean devait ressentir à chaque inspiration devait être incommensurable.

Doucement Castiel reprit le gant. Au fur et à mesure où la peau reprenait sa teinte initiale, l'eau de la bassine, elle, se teintait de rouge écarlate.

L'alpha fronça les sourcils lorsqu'il découvrit sous le sang séché, plusieurs autres cicatrices qui parsemaient la peau exposée. Des cicatrices fines et claires qui ressemblaient comme deux gouttes d'eau à celles que laisseraient probablement certaines des blessures actuelles de Dean lorsqu'elles cicatriseraient.

De toute évidence, ce n'était pas la première fois que l'oméga se retrouvait dans cet état. C'était même arrivé plus d'une fois, Castiel en était quasiment certain.

L'alpha releva des yeux interrogateurs dans ceux de l'oméga qui détourna le visage.

Mais malgré son envie de savoir, il n'insista pas et termina de nettoyer puis désinfecter chaque coupure.

- Vous allez devoir vous tourner pour que je soigne votre dos à présent.

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Lorsque Dean tenta d'obéir, la douleur de ses cotes et de son épaule disloquée le fit geindre de douleur et Castiel l'arrêta.

- Je peux la remettre en place, mais ça va faire un mal de chien. Vous êtes sûr de ne pas vouloir que j'appelle un médecin ? Il pourrait vous donner des médicaments contre la douleur.

Le regard de Dean répondit pour lui et Castiel ferma les yeux en hochant la tête.

- D'accord, je vais le faire.

L'oméga prit une grande respiration, anticipant la douleur lorsque Castiel approcha lentement la main gauche de son épaule puis saisit son poignet dans sa main droite. Leurs deux regards se rencontrèrent une seconde puis Castiel tira d'un coup sec, guidant l'humérus avec son pouce pour qu'il retourne dans sa cavité naturelle.

Dean hurla de douleur.

Son corps se cambra en arc de cercle, tous ses muscles tendus à l'extrême comme sous l'effet d'une décharge électrique, puis, alors que Castiel ramenait son avant-bras sur son ventre en position normale, l'oméga s'effondra sur le lit, de nouveau inconscient, à bout de force et de souffrance.

Immédiatement, Castiel posa deux doigts sur son cou, et le pouls rapide mais bien présent qu'il y sentit lui fit relâcher le souffle qui s'était figé dans sa poitrine.

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Sans qu'il ne comprenne véritablement pourquoi, il se sentait remué jusqu'au fond de son âme par des émotions inédites et d'une intensité insensée.

Longtemps, très longtemps il regarda la poitrine ravagée de Dean se soulever et s'abaisser au rythme de sa respiration d'abord erratique mais qui se calmait maintenant dans son inconscience.

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Lui aussi avait besoin d'un instant pour reprendre son souffle, pour évacuer cette douleur qui l'étouffait alors même qu'il n'était pas celui blessé sur le lit.

Il releva les yeux vers le visage inconscient encore crispé par la douleur, et écarta du bout des doigts une mèche de cheveux que la sueur avait collée sur son front.

Il secoua doucement la tête.

Pourquoi ?

Ce simple mot tournait sans cesse dans son esprit, sans qu'il ne sache quelle était réellement la question qu'il se posait. Il y en avait tellement en fait.

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Au bout de quelques minutes, et pour ne pas se laisser de nouveau submerger, Castiel reprit ses soins. Lentement il retourna Dean sur le côté, calant son corps avec un oreiller pour lui éviter de basculer sur son bras blessé et termina de retirer les morceaux de vêtements découpés. Comme il s'y attendait, les dégâts sur son dos étaient pires encore que ceux infligés à sa poitrine.

Sa première impression avait été juste.

Dean n'avait pas seulement subi une agression comme malheureusement tant d'omégas en étaient si souvent victime chaque jour, il avait été torturé, de différentes manières, avec différentes instruments, et probablement pendant des heures.

Castiel ferma les yeux. Comment pouvait on faire ça ?

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Lorsqu'il parvint de nouveau à faire circuler un peu d'air dans sa trachée obstruée, il fouilla dans son kit de soin, sortant tout ce qui allait lui être nécessaire.

Remerciant l'inconscience de Dean qui lui épargnait cette nouvelle souffrance, il nettoya rapidement les plaies, les désinfecta puis, avec difficultés puisque le corps inerte ne l'aidait aucunement, banda son thorax, serrant suffisamment pour que cela maintienne ses côtes cassées sans pour autant gêner la respiration.

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Avant de retourner l'oméga sur le dos, l'alpha hésita un instant.

En serrant des dents, il déboutonna le jean de Dean et le lui retira, lui laissant son sous vêtement. Il réprima un grondement de rage alors que, comme il s'y attendait, l'odeur de sperme alpha montait à ses narines.

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Les jambes de Dean avaient été relativement épargnées.

Ses chevilles portaient les mêmes marques de ligature que ses poignets, mais à part quelques zébrures boursoufflées et des contusions sur les hanches et les cuisses, il n'y avait pas de blessure grave et apparemment pas non plus de fracture.

Castiel écarta légèrement les jambes de Dean.

L'alpha savait très bien que l'oméga avait été violé, même sans son odorat Castiel l'aurait évidemment compris au vu des circonstances, mais ce n'était pas ce qu'il cherchait à savoir.

La tache de sang et autres fluides qui avait imbibée le boxer de Dean à cet endroit était sèche maintenant. Il n'y avait visiblement pas d'hémorragie encore active à cet endroit et qui aurait nécessité des soins urgents. Malgré son désir quasi irrépressible de le laver de la souillure, Castiel décida donc de ne pas lui retirer ce dernier vêtement, présumant que Dean préférerait s'occuper lui-même des blessures qu'il dissimulait lorsqu'il aurait repris connaissance.

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Le cœur au bord des lèvres, il réinstalla l'oméga sur le dos le plus confortablement possible, cala son bras, puis le recouvrit jusqu'au menton de sa couette épaisse.

Avant de quitter la chambre, emportant avec lui la bassine dont l'eau était à présent rouge vif, il jeta un dernier regard à la forme endormie.

Le visage de Dean était méconnaissable, tuméfié, bleui, mais il dormait paisiblement maintenant et Castiel en soupira de soulagement.

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Comment quelqu'un avait-il pu prendre autant de plaisir à lui faire autant de mal ?

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Parce que Castiel l'avait senti ça aussi. Par-delà tous les relents de sang, de sueur, de sperme et de peur, il avait senti sur la peau de Dean l'odeur du plaisir de l'alpha qui l'avait agressé. Ça aussi il avait déjà rencontré. L'odeur du sadisme et de la perversion. Lorsque la guerre faisait ressortir les pires instincts de l'humanité et que certains se délectaient des souffrances qu'ils infligeaient.

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En soupirant, Castiel referma la porte de sa chambre, lentement, veillant à ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Dean.

Il nettoya et rangea rapidement son matériel, puis sortit de sa maison pour garer correctement l'impala, éteindre son moteur et ses phares.

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Il était presque minuit.

Castiel leva les yeux sur la nuit étoilée et prit plusieurs inspirations profondes.

Alors que l'air pur du dehors évacuait progressivement les puissantes phéromones de détresse et de douleur dont Dean avait saturé son système olfactif, Castiel retrouvait des idées un peu plus claires.

Petit à petit, il sortit de la quasi transe qui l'avait saisie depuis qu'il avait trouvé son voisin inconscient dans sa voiture. Doucement il reprenait conscience de la brise sur son visage, du bruissement des feuilles et des mouvements de la vie nocturne qui s'agitait autour de lui dans une sourde cacophonie d'une normalité surprenante.

Castiel fronça les sourcils d'incompréhension. Comment le monde pouvait-il continuer à tourner ainsi comme si rien ne venait de se produire?

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Il rentra finalement chez lui, verrouilla toutes les portes et ferma les volets puis remonta immédiatement dans sa chambre.

Dean n'avait pas bougé et dormait profondément.

Doucement Castiel posa une main sur son front, puis rajouta une couverture en voyant que l'oméga tremblait, même s'il savait que ce n'était pas de froid ni même d'ailleurs de fièvre.

Puis il s'éloigna du lit. A regret.

L'alpha en lui lui hurlait de s'allonger à côté de son oméga, de l'entourer de ses bras, de veiller sur son sommeil un poignard à la main pour le protéger afin que plus jamais quiconque ne lui fasse le moindre mal.

Mais Castiel n'en avait aucun droit, Dean n'était pas son oméga.

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La douleur que cette pensée fit monter dans sa poitrine lui arracha un petit rire amer. En fait elle ne faisait que lui confirmer ce qu'il savait depuis longtemps déjà, même si il n'en prenait véritablement conscience qu'à cet instant.

Oui, il aimait Dean.

Il l'avait aimé dès le premier jour.

Mais au vu de l'attitude de l'oméga, sans espoir de retour.

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Castiel alla simplement s'assoir dans son vieux fauteuil, dans le coin de sa chambre, il ouvrit son livre mais n'en lut pas une ligne de la nuit.