MISETEKURE

Ce corps et ce cœur, montre-les-moi tout entier

Kanjani 8, Misetekure (1)

Partie I

It's like it's pitch black on either side of me
I don't know what's going on; I just keep breathing

Kanjani 8, Misetekure.

Chapitre 1

Shikamaru atterrit avec légèreté sur la branche la plus basse de l'arbre et jeta un regard fatigué vers le convoi qui avançait cahin-caha sur la petite route de montagne. Il n'était plus qu'à une dizaine de mètres d'eux. La kunoichi qui fermait la marche avait d'ores et déjà remarqué sa présence, se cacher n'avait plus aucun sens. Avec un soupir à fendre l'âme, il bondit vers la piste en terre sèche, mit ses mains dans ses poches et s'avança vers eux d'un pas nonchalant. Sans se départir de son calme, la jeune femme se retourna vers lui et plongea ses iris nacrés dans ses pupilles obsidiennes. Son regard était ferme mais ne pouvait effacer une partie de cette douceur qui caractérisait sa personnalité. Elle ne semblait pas se mettre en garde, pourtant il émanait de tout son être un avertissement très clair. Shikamaru ne put s'empêcher de sourire. Alors qu'il fit mine de vouloir s'avancer encore un peu, deux ombres surgirent de nulle part et se postèrent devant la kunoichi. Il dévisagea les deux adolescents qui, en position de combat, semblaient prêt à tout pour la défendre. Leurs jeunes visages étaient crispés par la concentration. Derrière eux, tout le monde s'était immobilisé dans l'attente d'un éventuel combat. Les femmes s'étaient entassées dans un coin pour se rassurer. Les hommes se regroupaient autour de la litière dont le voilage vert tendre flottait sous la brise légère. L'atmosphère était devenue extrêmement tendue en quelques secondes à peine. Il leva un sourcil perplexe, mais ne prononça pas le moindre mot.

Brusquement, le plus grand des deux adolescents sembla se détendre et s'écria :

- Ben ! C'est que toi Shikamaru-sensei (2) !

Le jeune homme fronça les sourcils en voyant son élève vouloir s'avancer vers lui, mais, la jeune femme l'attrapa par le dos de sa tunique.

- Shin'ichi-kun, lança-t'elle d'une voix douce, il ressemble à Shikamaru-sensei, mais peux-tu être sûr qu'il ne s'agisse pas d'une métamorphose ?

- Merde ! Vous avez raison Hinata-sensei, s'exclama le prénommé Shin'ichi.

Shikamaru eut un sourire sardonique. Depuis deux ans que ce garçon était son élève, il lui avait répété cette consigne une bonne centaine de fois, pourtant cette tête de mule se refusait toujours à intégrer cette règle de base.

- Tu devrais lui poser une question à laquelle seule Shikamaru-sensei peut répondre, poursuivit Hinata avec beaucoup de diplomatie.

Shin'ichi se mordit les lèvres, croisa les bras, écarta un peu les jambes et pointa son nez en l'air. Ainsi, Shikamaru comprit qu'il s'était décidé à réfléchir, ce qui ne le rassura pas. Avant que ce mulet paresseux ne trouve une question assez satisfaisante, il aurait le temps de s'ennuyer. Or, il n'était pas d'humeur à attendre et, par-dessus tout, il était épuisé par le voyage qu'il venait de faire. Il jeta un coup d'œil à Hinata qui, patiente, laissait l'élève arriver à une solution satisfaisante.

- Tu caches une boîte de bonbon à la fraise au fond du deuxième tiroir de ton bureau, derrière une pile de dossier.

Shin'ichi baissa le nez vers son professeur et leva les sourcils. Il n'aimait pas les sucreries et il n'avait pas de bureau. Soit Shikamaru, avec ses manières de vieux, déclinait avant l'âge et devenait sénile, soit ce n'était pas le bon Shikamaru.

- Comment tu le sais ! S'écria une petite voix aiguë derrière lui.

Shin'ichi baissa les yeux vers Hinata qui virait au rouge pivoine. Il la fixa, surpris, puis avisa l'air satisfait de son professeur. Ce dernier se rapprochait déjà d'eux. À la droite du garçon, Kakei se détendit enfin. D'ailleurs, tout le groupe perdit sa méfiance. Les quatre autres élèves, restaient en retrait pour garder la litière, vinrent les rejoindre.

D'une œillade rapide, Shikamaru avisa la petite escouade. Pour cette mission d'escorte, Tsunade avait couplé son équipe, à celle d'Hinata, ce qui au finale n'était pas une mauvais combinaison. Ses élèves étaient spécialisés dans l'attaque. Shin'ichi, un garçon trop grand pour son âge, maîtrisait à la perfection les attaques musclés. Keitaro avait la ruse d'un renard. Il n'était pas très fort physiquement, néanmoins il n'hésitait pas à utiliser les coups les plus tordus pour se sortir des pires situations. Enfin, Rie possédait une élasticité hors du commun. Son corps semblait pouvoir se contorsionner au grès de ses caprices sans souffrir de la moindre entrave. À eux trois, il parvenait à créer des attaques imparables et, à son grand damne, souvent destructrices. En revanche, les élèves d'Hinata travaillaient plus dans la finesse. Ils étaient spécialisaient dans la défense et l'espionnage. Kakei était lui aussi un Hyûga. Membre de la Bûnke, il s'était révélé un élève difficile pour Hinata. Cependant, il était doué et, avec persévérance, elle avait peu à peu réussi à dompter sa haine. Ren était le plus étrange de tous les élèves de sa génération. Manipulateur de fils et de parfums empoisonnés, il semblait naturellement préposé à des missions de meurtre discret. Reira, enfin, était une jeune fille réservée dont Shikamaru ne savait rien. Elle n'avait jamais montré ses réelles capacités en mission, mais Hinata avait en elle une confiance sans borne. Il y'avait deux ans que ces six adolescents leur avaient été confiés. L'année précédente, trois d'entre eux étaient passés chunnin. Il posa un regard plein de fierté sur Keitaro et Rie, puis sur Ren. Il gratifia la jeune fille d'un naturel gai d'une pichenette au sommet du crâne et sourit. Enfin, il se tourna vers Hinata pour lui répondre :

- J'avais besoin d'un dossier, t'étais en mission... j'ai un peu fouillé...

Hinata fit la moue mais ne trouva rien à redire, en revanche Shin'ichi...

- Ça se fait pas Shika-sensei ! On fouille pas dans les affaires d'une fille.

- Et on ne tutoie pas son prof à ce que je sache, soupira le shinobi peu disposé à une de ses mémorables querelles qu'ils avaient souvent Shin'ichi et lui.

- Bah, y'a qu'avec toi que je fais ça...

- Ben justement...

- Shikamaru-kun, intervient Hinata, peut-être pourrais-je te présenter au client. Plus vite ce sera fait, plus vite nous reprendrons la route. Nous n'avons plus que deux jours pour atteindre notre destination.

Il grogna pour signifier son approbation et, après avoir ordonné aux élèves de reprendre leur poste, la brune le mena vers la litière qui était restée close tout au long de leur discussion. Les gens s'écartaient sur leur passage et le nouveau venu leur porta un peu plus d'attention. Ils étaient tous bien vêtus de kimonos en soie brodés aux armoiries du damiyô de l'Ouest. Il comprit qu'il s'agissait de serviteur. Ils étaient une vingtaine au plus. Montés à cheval, cinq hommes habillés de kimonos riches et sombres et de hakamas(3) luxueux, portaient fièrement le sabre et l'arc. À leur tenue hiératique et leur armement, il devina qu'ils étaient des bushis (4). Ils formaient un cercle autour du groupe de voyageur. Hinata avait disposé les élèves de manières à ce qu'ils forment un second rempart de protection. Shikamaru eut un sourire satisfait et fouilla dans ses poches pour trouver son paquet de cigarettes. Il allait en glisser une entre ses lèvres mais, d'un geste vif, sa partenaire attrapa son poignet pour arrêter son geste. Elle dodelina de la tête et jeta un regard vers le voile vert. Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre qu'il importunerait le client. Il bougonna en rangeant son pêché mignon, mais suivit Hinata quand elle reprit leur progression.

Elle s'arrêta devant la basterne et annonça d'une voix respectueuse :

- Nadeshiko-sama, l'homme dont je vous avais parlé nous a rejoints.

- Bien, présente-le-moi !

Shikamaru fronça les sourcils. La voix qu'il venait d'entendre l'irritait au plus haut point. Elle était stridente et pompeuse. Son ton était dédaigneux, voir condescendant. Personne dans tout le pays du feu n'aurait osé parler ainsi à l'ancienne héritière du clan Hyûga, mais Hinata ne protestait pas. Elle sourit même, fit signe à son ami de s'approcher et écarta doucement la mince épaisseur de tissus qui édifiait l'intimité de la femme. La personne qui le fixa de haut en bas parut immédiatement antipathique au jeune homme. Elle avait un corps maigre et anguleux. Son visage, taillé en lames de couteaux, était dur et dénué d'intelligence. Ses lèvres fines étaient pincées dans une grimace morgue et son nez plissé comme si elle était incommodé par une odeur nauséabonde. Rien dans la physionomie de cette personne n'éveillait la sympathie de son vis-à-vis. Néanmoins, plein de sagesse, Shikamaru se décida à mettre ses préjugés de côté et s'inclina devant elle, pour le bien de la mission.

- Nadeshiko-sama, voici Shikamaru Nara, introduit Hinata, l'un des meilleurs shinobi de Konoha et le professeur de l'équipe trois. Il nous a rejoints pour assurer votre sécurité. Shikamaru-kun, Nadeshiko-sama est la fille de Yukimura-sama, le damiyô du fieffe ouest.

La fille du damiyo brandit une palme en soie fine peinte avec art, s'éventa légèrement avec, puis cacha le bas de son visage maigre derrière. Ses yeux noirs détaillèrent Shikamaru avec une curiosité déplacée. Il avait un physique plaisant pourtant son air flegmatique avait un quelque chose de particulièrement agaçant. D'un ton moqueur, elle finit par dire :

- L'un des meilleurs de Konohagakure (5) ? Et il n'est qu'instructeur ?

Hinata sursauta et ne sut quoi répondre. Cette réflexion méchante était si inattendue qu'elle se retrouvait désarmée. Elle se mordit les lèvres et tenta un regard vers son amie. Celui-ci ne paraissait pas affecté.

- On ne court pas tous après la gloire, rétorqua-t'il fort de sa sempiternelle désinvolture.

Dame Nadeshiko se crispa brusquement, ouvrit la bouche comme si elle allait répondre, mais aucune réplique assez cinglante ne lui vint à l'esprit. Elle pressentait, de toute façon, que ce jeune homme avait réponse à tout et qu'aucune de ses attaques ne pourraient le déstabiliser. D'un geste brusque elle reposa sa palme en émettant un sifflement impatient. Pointant un doigt accusateur sur Hinata, elle gronda :

- Tu ne penses pas que nous avons perdu assez de temps ! Je suis fatiguée, rejoignons au plus vite l'auberge où nous devons passer la nuit !

Hinata s'inclina, sous le regard effaré de Shikamaru. Celui-ci était de moins en moins disposé à se montrer courtois envers leur cliente. Pourtant, quand le regard de cette femme hautaine claqua sur sa peau tel un fouet et que sa coéquipière lui effleura le bras pour lui faire remarquer son impolitesse, il courba le dos et marmotta quelques salutations formelles. Le voilage léger retomba et ils retournèrent à leur poste. Avant d'aller se placer auprès de Shin'ichi pour le soutenir, Shikamaru attrapa le bras d'Hinata et murmura :

- Tu pourras me faire un compte-rendu de la mission ce soir ? L'Hokage m'a pas trop mis au courant.

Elle acquiesça puis fit signe au bushi qui était en tête. Le convoi s'ébranla pour reprendre sa route.

* * *

Hinata referma doucement le shôji(6) derrière elle. Elle venait de s'entretenir avec leur cliente.

Dame Nadeshiko l'avait faite appeler pour savoir quels étaient leur projet pour les deux derniers jours de voyages. Hinata lui avait donc exposé leur itinéraire et ses inquiétudes quand au temps qui leur restait pour parcourir la distance. Elle avait suggéré à la jeune femme de partir un peu plutôt de l'auberge et de faire des pauses un peu moins longues dans la journée, mais la capricieuse aristocrate s'était énervée. « Je suis bien assez gentille de te laisser choisir la route ! Avait-elle hurlé, Tes sentiers détournés m'épuisent et me brisent le dos ! » Elle s'était lancé dans une diatribe rageuse qui avait pour but ouvert de rappeler à Hinata qu'elle n'était qu'un ninja que son père avait payé assez cher pour obéir à ses moindres caprices. Timidement, Hinata avait évoqué sa sécurité, mais Dame Nadeshiko avait balayé ses arguments d'une main impérieuse. Son confort était la priorité absolue. Si leur équipage ne prenait pas la route principale, ils feraient autant d'arrêt qu'elle le désirerait. Elle s'était ensuite effondrée dans les coussins et prit un air profondément accablé qui avait fait sourire Hinata.

Cette princesse trop gâtée lui donnait du fil à retordre depuis le début de la mission, elle était toujours insatisfaite, avait trop chaud, trop froid, était trop secouée, pas assez choyée, importunée par les jeunes shinobis qui riaient trop fort, s'ennuyait à mourir... Rien n'était jamais assez bien pour elle, mais qu'importe le sort des autres. Une servante, tête basse, vînt poser un plateau croulant sous des plats raffinés et onéreux. Sa maîtresse lui accorda à peine un regard, renifla un peu le délicieux fumet qui s'en dégageait, mais eut l'air au bord de la nausée. Hinata observa sa peau pâle et jaunâtre qui était tendue sur les os proéminents de ses pommettes. Sa vis-à-vis, attrapa du bout des doigts une petite fraise rouge et pulpeuse qui coûtait extrêmement chère dans ce genre de région semi-désertique, croqua du bout des dents dans le fruit et mâchonna sans appétit. Ce fut à cet instant que l'estomac d'Hinata se manifesta, lui rappelant que lui aussi aurait voulu se sustenter et que l'ascétique casse-croûte du déjeuner était vraiment trop loin à son goût. La kunoichi se décida donc à mettre un terme à cet entretien sans queue ni tête. Elle prit la parole pour raffermir ses positions... si tant est que la voix douce et timide d'Hinata Hyûga puisse se montrer ferme. Pourtant, ce peu d'autorité suffit à agacer sa cliente. Sous le coup de la colère, elle envoya valser le plateau encore plein qui atterrit lamentablement sur le tatami.

La brune ferma un moment les yeux pour ne pas être obligée de contempler ce gâchis. Elle pensa au repas frugal qui les attendait. Si le damiyô Yukimura gâtait le palais de sa fille chérie, il n'en était pas de même de ceux de ses serviteurs. Si au moins il les avait servis dans des quantités respectables, elle se serait sentie moins en colère, mais les portions étaient minimes pour ces gens qui marchaient des heures entières sous un soleil de plomb et se mettaient en quatre pour servir la princesse Nadeshiko. Seul les bushis étaient un peu mieux traité puisqu'eux aussi étaient des nobles. Mais les ninjas subissaient le même sort que les hommes de peine et Hinata avait plus d'une fois du partager son repas avec Shin'ichi. Cet adolescent en pleine croissance avait un développement hors du commun qui réclamait des rations, elles aussi, hors du commun. Elle avait très vite eut pitié de lui, mais n'avait, au début, rien fait pour ne pas éveiller la jalousie des autres élèves. Néanmoins, quand il s'était effondré après un combat, elle avait compris que son métabolisme était différent. Après en avoir discuté avec ses élèves et ceux de Shikamaru, il avait été convenu qu'elle lui céderait une partie de sa nourriture. Elle était plus habituée qu'eux à la vie rude des gens de leur classe, elle pourrait très bien continuer de cette manière.

Elle revient à la réalité en entendant brailler sa cliente. Elle aurait voulu lui dire sa manière de penser, avoir la force et l'insolence de Naruto pour imposer son opinion. Penser au blond la fit souffrir. Elle se mordit les lèvres, leva bravement la tête et déclara qu'elles en reparleraient au matin, après qu'elle ait discuté avec Shikamaru. Dame Nadeshiko cria encore plus fort, mais Hinata parvint à lui expliquer que, son partenaire arrivé, elle n'avait plus l'entier pouvoir de décision. Pour cette mission, ils étaient une équipe, elle était donc dans l'obligation de prendre en compte son avis. Et sur ces mots, elle avait quitté la chambre que des domestiques se précipitaient pour nettoyer.

Elle soupira et rejoignit la petite chambre qu'elle partageait avec les sept autres shinobis de Konoha. Elle fut accueillie par le regard désolé des élèves et le sourire en coin de Shikamaru.

- Elle n'a pas l'air commode, déclara-t'il de sa voix traînante et lasse.

- Vous imaginez même pas Shikamaru-sensei, intervint Rie d'un air affligé, la pauvre Hinata-sensei doit subir sa mauvaise humeur tous les soirs.

Il lança un coup d'œil amusé vers son élève. Hinata le remarqua mais ne fit aucun commentaire. Elle était surprise de voir à quel point Shikamaru s'était attaché à ses élèves. Lui qui prenait toujours un air détaché de tout était attentif à leur moindre faits et gestes, se montrait fier de chaque réussite ou devenait très protecteur quand la situation l'exigeait. Contrairement à beaucoup de gens, elle restait persuadée que le choix professionnel du maître des ombres n'était pas du gâchis. Les genins de Konoha avaient gagné le meilleur instructeur qu'il soit et, malgré son poste, il continuait à élaborer des stratégies imparables pour le compte de l'Hokage. Elle s'étonnait souvent qu'un paresseux déclaré comme lui puisse abattre autant de travail. Elle posa ses poings sur ses hanches et embrassa d'un regard tendre la scène qui s'offrait à elle. Shikamaru baillait aux corneilles alors que Rie avait posé sa tête sur son épaule pour se reposer un peu. Elle regardait Shin'ichi qui, possessivement accroché au cou de Kakei, geignait pour exprimer sa faim. Le pauvre Hyûga ne prenait même pas la peine de se défaire de son ami et parlait posément à Reira, qui rougissante, répondait par monosyllabes. À ses côtés, l'air sombre comme toujours, Ren les écoutait attentivement sans dire un mot. Enfin, Keitaro parlait joyeusement à son sensei qui l'écoutait que d'une oreille, trop occupé à bailler une fois de plus. Elle se sentait apaisé, comme à chaque fois qu'elle voyait ses adolescents profiter de ces instants privilégiés de paix. Elle aspirait à les rejoindre, cependant l'heure n'était pas encore au repos.

- Nous devrions aller dîner, ordonna-t-elle avec une telle habileté, que son injonction passa comme une suggestion, il nous faudra faire la répartition des tours de garde.

L'idée du repas ragaillardit même le plus flemmard d'entre eux et il ne leur fallut pas bien longtemps pour se retrouver debout sur leurs deux jambes. Seul Reira était restée assise. Shikamaru et Hinata la regardèrent intrigués. Elle rougit sous tant d'attention, mais trouva la force de dire.

- Peut-être devrions-nous changer vos bandages avant le repas, Hinata-sensei.

D'un bond, Shikamaru se tourna vers Hinata et demanda vivement :

- T'es blessée ?

La jeune femme devint rouge, baissa un peu la tête et bégaya :

- Ce... ce n'est rien... Shi... Shikamaru-kun... juste...

- Hinata-sensei s'est interposée pour que je ne sois pas blessé par l'ennemi, expliqua Kakei d'un ton où perçait un peu de remord.

- C'est... c'est normal Kakei-kun, affirma Hinata qui rougissait de plus en plus, tu es mon élève... je... je..

Elle se tut, elle ne trouvait pas les mots pour dire à Kakei qu'elle avait de l'affection pour lui. Elle était encore très gênée face à ses apprentis, particulièrement quand il s'agissait de son petit cousin éloigné. Ils avaient eu des débuts très difficiles et l'histoire de leur famille y était pour beaucoup. Elle prit une grande inspiration, tira un peu sur sa veste de junnin puis changea de sujet.

- L'ennemi... l'ennemi utilisait des poisons, expliqua-t'elle à Shikamaru qui la fixait intensément... Rei... Reira-chan, Reira-chan et Keitaro-kun ont pu les extraire assez... facilement mais la blessure prend du temps à cicatriser.

- Je vois... affirma le brun, gardant sur elle un œil suspicieux

- Allez ! S'exclama Hinata en tapant dans ses mains pour dissiper l'embarras qui s'installait, Commencez le repas sans nous. Reira-chan et moi vous rejoindrons une fois que mes bandages seront refaits.

Le dîner se passa dans une cohue sans nom. Shikamaru avait peine à croire qu'il s'agissait bien de ninjas en mission. Les adolescents s'amusaient comme s'ils étaient en vacances. Rie se moquaient des blagues douteuses de Keitaro et Shin'ichi. Kakei se chamaillait avec Ren pour quelques légumes supplémentaires. Reira sourit discrètement quand Kakei pointa comme une arme ses baguettes sur Shin'ichi qui venait de voler un morceau de patate dans son plat. Bien qu'un peu blême et visiblement épuisée, Hinata s'était laissée gagner par la bonne humeur qui régnait. Elle intervenait parfois pour calmer un peu Shin'ichi qui était le plus bruyant de tous. Mais sa douceur naturelle n'était pas de taille face à la fougue du garçon. Shikamaru, lui, n'intervenait pas... Il aurait été trop ennuyeux de devoir les réprimander. Il était plutôt concentré sur sa maigre pitance, du riz et quelques légumes flottant dans un bouillon trop clair qu'il avait en prime dû partager avec Shin'ichi. Son estomac était particulièrement frustré par un dîner si peu appétissant.

Cette rude épreuve passée, ils s'étaient de nouveau réunis dans la chambre qui leur avait été attribuée. Il était à peine plus de dix-neuf heure trente et il ne fallut pas moins de cinq minutes aux deux adultes pour calmer leur petite troupe. Quand enfin, ils firent silence, Shikamaru commença :

- Nous garderons donc sa chambre entre vingt heures et six heures...

- Six heures, répéta Keitaro sceptique.

- Quelque chose à redire ? Demanda Shikamaru d'un ton ennuyé.

- Moi non, mais je doute que l'autre princesse-là accepte de se lever si tôt...

- Vous partiez plus tard ? S'étonna-t'il un sourcil levé.

D'une œillade, il invita Hinata à s'expliquer. Elle parut confuse quand elle s'exécuta :

- Elle refuse de se lever avant sept heure et demi, j'ai eu beau lui dire que nous serions en retard... elle n'a rien voulu savoir.

- Elle prétend que c'est mauvais pour son teint, pouffa Rie.

- Ouais ben c'est trop tard pour son teint, grommela le Junin d'ores et déjà lassé des caprices de Dame Nadeshiko, il est jaune comme un bilieux !

Son commentaire fit éclater de rire les adolescents. Hinata se retint pour ne pas les suivre. Elle réprimanda gentiment le jeune homme, mais il voyait au fond de ses yeux ivoire qu'elle n'en pensait pas moins. Il se reprit et réclama encore une fois le calme pour poursuivre.

- Qu'elle le veuille ou non, demain ce sera six heure, j'irai moi-même le lui dire...

Il s'arrêta brusquement, se rendant compte qu'il venait de se charger tout seul d'un travail particulièrement chiant. Il fit une grimace, puis, jeta un regard plein d'espoir vers sa partenaire qui sursauta, devinant très probablement où il voulait en venir, puis détourna la tête.

- À moins qu'Hinata... tenta-t-il.

- Je... je t'en prie Shikamaru-kun pas cela... supplia-t-elle vraiment découragée.

- Je suppose que tu as assez donné ces derniers jours, souffla-t-il déçu.

Il laissa de côté ce sujet, résigné à devoir affronter leur insupportable cliente, préférant reprendre celui des tours de gardes. Il avait divisé la nuit en quatre. Par équipe de deux, ils monteraient des gardes de deux heures trente. Pour des raisons pratiques, il fit en sorte qu'un membre de chaque équipe soit sur une plage horaire. De même, il avait décrété qu'Hinata et lui prendrait la troisième garde, entre une heure et trois heure et demi du matin, la vigilance avait tendance à retomber à cause de la fatigue, les ennemis attaquaient souvent à ses heures-ci. Il lui paraissait donc préférable que des ninjas expérimentés se chargeassent de ces heures. Au finale, il avait établi un programme assez satisfaisant, Rie et Kakei serait les premiers, puis Ren et Keitaro prendrait la relève. Enfin, malgré ses protestations véhémentes, Shin'ichi prendrait la dernière garde en compagnie de Reira qui s'était spontanément désignée pour être sa partenaire.

Cette tâche accomplie, les deux premiers gardes partirent se poster devant la chambre de Dame Nadeshiko. Hinata et Shikamaru laissèrent les quatre autres se reposer et cherchèrent un lieu tranquille pour discuter. Ils sortirent dans le jardin. La nuit était claire, la pleine lune et les étoiles diffusaient une lumière faible et bleutée, mais suffisante pour discerner les formes à quelques mètres à la ronde.

La cour de l'auberge était petite et sableuse. Le mois de Novembre, ingrat, avait brûlé les feuilles des quelques arbrisseaux qui poussaient de manière un peu arbitraire dans l'espace clôturé. Du doigt, Shikamaru indiqua un cercle de rocher où ils pourraient s'asseoir. Ils saluèrent le bushi qui patrouillait, puis s'assirent au bord de ce qui leur parut être un bassin artificiel. Cependant pas la moindre goutte d'eau ne mouillait son fond en béton. Ce petit pays sans envergure, situé entre Hi no Kuni et Kaze no Kuni(7), subissait un climat aride, particulièrement en hiver où le paysage désolé était brûlé par le vent. Cette pièce d'eau asséchée témoignait de l'inexorable avancée de la saison froide et stérile qui accablerait ses habitants les mois à venir.

Hinata se posa avec grâce au sommet d'une des pierres et frotta un peu ses bras pour lutter contre le froid qui mordait ses membres. La température était tombée d'au moins cinq degrés depuis que la nuit avait pris ses droits. En un saut leste, son ami l'avait rejoint. Il s'assit tout près d'elle afin de pouvoir discuter à voix basse. Leurs deux bras se touchaient, ce qui incommoda quelque peu la jeune Hyûga. Elle sentit la chaleur du corps masculin se diffuser par ce contact. Le feu lui monta aux joues et elle dut respirer profondément pour clamer son embarras. Malgré toutes ces années, elle restait timide avec tout le monde, même ses plus proches amis. Naruto le lui avait déjà reproché, même dans leur intimité elle ne parvenait pas à se détendre. Encore une fois, son cœur se serra quand elle se remémora le visage plein de reproche du blond. Des larmes piquèrent ses yeux. Elle se détestait d'être ainsi, il fallait qu'elle change. Shikamaru était son collègue et son ami depuis longtemps, elle pouvait essayer de se détendre auprès d'une personne comme lui. Elle le savait, ce serait un premier pas pour de plus grandes améliorations.

- Ça te dérange si je fume ? Ça commence à faire long-là.

Hinata ne put s'empêcher de rire, mais secoua la tête pour lui signifier qu'elle ne serait pas embêtée par la fumée. Avec soulagement, Shikamaru sortit son paquet de sa poche et alluma sa cigarette. Il tira avec délectation sur sa première bouffée. Il sentit un frisson parcourir tout son corps. Il était de plus en plus dépendant du tabac, il sentait plus souvent le besoin de fumer et dépensait de plus en plus d'argent dans ce vice... toutefois, il ne se sentait pas coupable. Il porta encore une fois la cigarette à ses lèvres puis demanda :

- Alors ? Cette mission ?

- Ah ! Euhh... euh oui ! Baragouina Hinata, comme soudain tirée d'une rêverie profonde, Tsunade-sama t'a dit quoi exactement...

- Rien, je suis arrivé de Suna, elle m'a dit que mon équipe était avec toi sur une mission d'escorte et que je devais vous rejoindre. Elle m'a filé cette carte, et j'ai du repartir tout de suite sans avoir le temps de souffler entre deux missions.

Shikamaru brandit un parchemin dont Hinata connaissait par cœur le contenu. Pour être certaines que son coéquipier les retrouverait, Tsunade et elle avaient dessiné un itinéraire dont elle ne devait à aucun moment s'écarter. Ce qui d'ailleurs leur avait causé quelques soucis.

- Yukimura-sama a décidé de marier sa fille, expliqua Hinata de but-en-blanc, depuis quelques années, il essayait de négocier des accords commerciaux avec Hideyoshi-sama du fieffe Sud de Kaze no kuni. Il lui a fallu beaucoup de temps et de patience à ce que m'a dit Tsunade-sama... pourtant notre pays et le sien sont en bon terme...

- Dans l'ensemble oui, confirma Shikamaru, quand Gaara a choisi de s'allier à Konoha la plupart des damiyos ont suivit, mais Hideyoshi s'est pas montré très enthousiaste, à ce que m'a expliqué Temari. Même s'il était pas content, il allait pas déclarer la guerre, il se serait mis et Konoha et son propre pays sur le dos... mais il voulait éviter toute alliance... Alors Yukimura est arrivé à le convaincre ?

- Apparemment, et pour sceller leurs accords, ils ont décidé de marier leurs deux enfants... ce qui n'est pas du goût de tout le monde...

- Font chier, grogna Shikamaru en lâchant une bouffée de cigarette.

- Nadeshiko-sama a déjà été victime d'une tentative de meurtre, poursuivit Hinata, évidemment, Yukimura-sama craignait que durant le voyage qui la mènerait à Kaze no Kuni, elle se fasse attaquer de nouveau. Il devait partir plutôt pour régler encore des détails administratifs avec son consort et a du emmener une grande partie de sa garde pour sa propre sécurité, il n'était donc pas rassuré.

- Et c'est là qu'on intervient, pour protéger les fesses de son adorable petite peste.

- Shikamaru-kun, s'indigna sa collègue...

Il plissa le nez pour marquer son mécontentement mais ne dit rien. Il préféra la laisser poursuivre son explication.

- Tsunade-sama pensait qu'une équipe suffirait largement pour une mission d'escorte, mais Yukimura-sama a payé un prix faramineux pour que nous soyons plus nombreux. Nous devons donc nous assurer que Nadeshiko-sama arrive à bon port pour sa cérémonie de mariage qui aura lieu dans trois jours. Il faudrait que nous soyons là-bas la veille, car elle doit dîner avec sa future belle famille.

- Ce qui en gros nous laisse deux jours pour arriver...

- Exact, mais je ne suis pas très optimiste, nous avons beaucoup traîné en route pour le confort de Nadeshiko-sama, je ne suis pas certaine que nous arrivions en deux jours... et puis...

Elle sembla hésiter et se tût. Shikamaru allait lui demander de poursuivre quand il sentit une forte déflagration de chakra provenir d'elle. Il baissa les yeux et vit qu'elle avait joint les mains pour activer son byakugan. Il sourit devant cette précaution et se dit qu'il était réellement tombé sur une bonne partenaire, prudente et mesurée. Leurs deux caractères s'accordaient assez bien pour que les missions se fassent sans encombre. Il patienta donc jusqu'à ce qu'elle se soit assurée que les lieux étaient déserts.

- Je crains que nous soyons trahis, avoua-t-elle enfin.

- Pourquoi ? Demanda-t-il à peine surpris.

- Tsunade-sama et moi avions bien pris soin d'éviter les routes les plus couramment utilisées, pour perdre l'ennemi. Aussi, n'ai-je montré notre itinéraire qu'aux bushis qui nous accompagnent et à nos élèves... pourtant, nous avons déjà accusé trois attaques à des lieux parfaitement inattendus.

- Je vois... personne d'autre ne sait par où nous passons ?

- Non...

- Pas même l'autre emmerdeuse ?

- L'autre em... commença Hinata cherchant à qui il faisait référence. Elle s'en rendit enfin compte et s'exclama :

- Shikamaru-kun, ne parle pas de cette manière de notre cliente, gronda-t-elle.

Il haussa les épaules, qu'importe ce qu'il disait, personne ne pouvait les entendre. Face à son mutisme buté, elle dut se résoudre à laisser passer ce manque de respect. Elle continua donc :

- Pas même elle... je pense qu'elle n'est de toute façon pas intéressée par de tels détails.

Il se retint à la dernière minute pour ne pas faire de commentaire désagréable de plus sur celle qu'il devait protéger. Il n'avait pas envie de se faire remonter les bretelles par Hinata. Bien que timide, sa collègue avait un sens de la politesse et de l'honneur bien marqué. Elle perdait un peu de sa réserve quand il s'agissait de défendre ses convictions. Une personne comme Dame Nadeshiko n'avait pas assez d'importance pour risquer une dispute avec une amie comme Hinata. Il avait, de toute façon, eu son compte de dispute ces derniers jours. Lorsque ses pensées se tournèrent vers Temari, il émit un claquement de langue impatient et préféra ramener son esprit vagabond vers le boulot.

- Bon, il nous faut trouver un moyen pour raccourcir notre voyage et éviter les attaques intempestives. À propos, ta blessure n'est vraiment pas grave ? Tu as les traits tirés...

- Oui, elle est encore douloureuse, mais pas grave...

- Hinata...

- Shikamaru-kun, je te jure que c'est la vérité ! Je n'ai aucun intérêt à te mentir. Je ne veux pas qu'on rate la mission pour une histoire comme celle-ci.

- Bien, dans ce cas allons dans la chambre. Nous établirons un nouvel itinéraire dont seul toi et moi serons au courant, puis on créera une formation en conséquence. J'irai annoncer à la Princesse que demain elle se lèvera à six heures...

Il ne fallut pas moins d'une heure aux deux junnin pour établir une stratégie satisfaisante. Il était déjà assez tard quand Shikamaru se dirigea vers la chambre de leur cliente où, fidèle au poste, Kakei et Rie montaient la garde.

- Shikamaru-sensei, s'exclama la jeune fille visiblement ravie de le voir, vous ne dormez pas encore ? Z'allez être fatigué pour votre tour de garde !

- Hinata et moi venons de finir notre réunion. Fallait bien que je sois mis au courant...

- Hinata-sensei n'est pas encore allez dormir, s'enquit Kakei, elle est blessée, elle doit...

- Elle vient d'aller se coucher ne t'en fais pas. Pendant que j'y suis, nous avons une réunion demain matin, les positions ont été modifiées.

Les adolescents acquiescèrent. Shikamaru fit un signe de tête pour leur montrer qu'il était content d'eux, puis demanda :

- Rien de neuf du côté de la Princesse ?

Rie pouffa en l'entendant prononcer ce mot sur un ton si dédaigneux et même Kakei s'accorda un sourire amusé avant de répondre :

- Le commandant Maruyama est avec elle.

Shikamaru chercha dans ses souvenirs qui étaient le commandant Maruyama, mais pas le moindre indice. Il remercia les gardes, toqua à la porte et attendit. À travers la porte en papier de riz, il entendit une grande agitation avant qu'une voix essouflée lui accorde l'entrée.

Dans la chambre, régnait une gêne indicible. Les joues au teint maladif de la jeune femme avaient prit une teinte rosée et ses lèvres paraissaient encore gonflées. L'homme nommé Maruyama était en fait le chef des bushis. Il avait lui aussi le teint rouge et donnait l'impression de vouloir se cacher sous les tatamis. Indifférent à cette ambiance, Shikamaru pénétra en ces lieux, présenta ses hommages aux deux personnages importants et demanda l'autorisation de discuter avec eux. Reprenant peu à peu confiance en elle, Dame Nadeshiko accorda au shinobi quelques minutes de son temps précieux. Il s'assit donc de la manière la plus formelle qu'il soit et profita des quelques secondes qui lui étaient accordées pour noter tous les détails nécessaires. Des bouteilles de saké traînaient par terre. Le kimono de Dame Nadeshiko n'avait pas été parfaitement remis en place et dévoilé ses épaules acuminées. Shikamaru entrouvrit les lèvres et un de ses sourcils se leva en arc prouvant son incrédulité. Puis il détailla Maruyama, c'était un homme d'une trentaine d'année. Sur son visage aiguisé, ses petits yeux exprimaient toute la ruse dont il était capable, ses sourcils broussailleux semblaient toujours mécontents. Sur son menton fuyant poussait un bouc sombre qui lui donnait l'air plus vieux qu'il ne l'était. Il était assez grand et d'une maigreur effrayante pour un guerrier. Malgré tout, il dégageait une aura de puissance qui fit comprendre à Shikamaru qu'il était un excellent dirigeant. Avec sa rapidité habituelle, le génie de Kokoha analysa la situation et en tira la conclusion la plus vraisemblable : il venait de surprendre deux amants.

Il soupira, décidant qu'il ne s'agissait en rien de ses affaires, et se décida à parler. D'un ton monocorde, il expliqua à la cliente qu'ils étaient bien trop en retard, que pour cette raison elle devrait se lever plus tôt dès le lendemain et qu'ils ne s'arrêteraient que lorsque lui l'aurait décidé. Dame Nadeshiko s'emporta, soutenue dans sa démarche par le commandant des bushis, mais Shikamaru était intraitable :

- Nous avons été chargés de la mission suivante : vous amener à bon port dans les temps voulus, pas de vous chouchouter comme le ferait votre père... Si vous n'êtes pas prête à partir demain à sept heures, c'est moi qui viendrai vous tirer du lit, et habillée ou pas habillée, vous monterez dans votre litière.

Rien ne fatiguait plus Shikamaru que de devoir se montrer autoritaire, néanmoins il savait que le faire maintenant lui éviterait bien des moments assommants pour les deux jours restants. À son grand soulagement, la menace qu'il venait de proférer avait eut un impact sur la demoiselle, et elle ne trouva plus le courage de protester. Satisfait, Shikamaru poursuivit.

- Encore, une chose, à partir de demain la formation change. C'est moi qui prendrait la tête. J'aimerais que le commandant Maruyama et ses bushis viennent me voir au petit déjeuner dans la salle à manger à six heures trente !

- De quel droit prenez-vous la tête ? siffla Maruyama en serrant les dents.

- Je vous demande pardon ? Lança Shikamaru sans se départir de son calme.

- Je suis un noble guerrier, de quel droit me donnez-vous des ordres ?

Il s'était attendu à une telle réaction. En vérité, il n'avait aucune autorité sur Maruyama Seishiro et sur ses bushis, ils étaient tous au même niveau et devaient s'entraider. Néanmoins, Hinata et lui étaient venus à la conclusion que le traître était un bushi. Aussi, pour que Shikamaru puisse prendre la tête du convoi et les diriger sans dévoiler à personne leur parcours, il devait jouer la carte du bluff.

- Tout simplement celui que m'accorde ma mission, dit-il avec un calme et une assurance étudiés, Yukimura-sama a chargé mon village d'escorter sa fille. Tsunade-sama, notre Hokage, nous a chargés, Hinata et moi de diriger cette mission. Après discussion, nous avons décidé de changer de stratégie et je suis ici en nos deux noms... En sommes, je représente les intérêts de Yukimura Ryuhei-sama. Pouvez-vous en dire autant Maruyama-san ? Yukimura-sama vous a-t'il expressément chargé de la protection de sa fille ?

L'homme resta un moment pétrifié. Shikamaru sut dès lors qu'il avait réussit. Il attendit patiemment que son adversaire reprenne peu à peu contenance.

- En effet, concéda le commandant Maruyama, je ne suis ici qu'à la demande de Nadeshiko-hime. Je suppose que je dois donc me plier à vos décisions.

Disant ces mots, l'homme s'inclina. Le maître des ombres resta un moment en silence, puis annonça qu'il se retirait. Il les salua brièvement et quitta la chambre. Il passa assez vite devant les deux élèves en les gratifiant tout de même de quelques mots d'encouragement. Enfin, il atteint la chambre où se reposait le reste de l'équipe. Il empoigna d'une main ferme l'anse et allait faire coulisser le pan mobile de la porte, mais son esprit se mit à vagabonder. Ainsi, Dame Nadeshiko avait demandé à son amant de l'accompagner jusqu'à son lieu de mariage. Quelque chose le gênait dans cette idée, sans qu'il ne sache vraiment mettre le doigt sur ce dont il s'agissait.

Suite au chapitre 2

Petit mot de l'auteur :

Salut, c'est Tsubaki !!!

Bon, je vais me faire assassiner.

Raison n° 1 : Je dois vous l'avouer : j'adoooore les couples originaux ! Je déteste la moitié des couples soit-disant classique (soit-disant parce que je rappelle que Naruto, étant un shônen, il n'y a pas de réelle place pour les histoires d'amour et que c'est pas parce que Sakura aime Sasuke que c'est réciproque, ou parce que Shikamaru s'entend pas trop mal avec Temari qu'ils sortent ensemble, breffons !)

Raison n°2 : J'entends déjà mes lecteurs qui passerait par là « Qu'est ce qu'elle nous pond une nouvelle fiction alors qu'elle à toujours pas mis de nouveaux chapitres à D'un baiser sur mes lèvre... » Je suis désolée. Je n'arrive plus à avancer dans l'écriture d'un baiser... J'essaie, mais les mots me manquent... alors que quand j'écris une autre histoire, c'est la déferlante... Bien sûr je vous autorise à me haïr... Mais je m'agenouille tout de même devant vous pour quémander votre indulgence ! Laissez-moi un peu de temps pour me ressourcer avec de nouvelles histoires ! La force sera de nouveau avec moi...

Raison n°3 : Un petit quelque chose me gêne dans ce chapitre sans que pour autant je n'arrive à l'améliorer. Je vous le présente donc tel quel et tenterai de me surpasser pour la suite !

Gambatte atashi !

En tout cas merci à ceux et celles qui ont lu cette histoire, et qui ont même eut le courage d'arriver jusqu'ici ! -rire-

Ne vous laissez pas décourager par ce duo peu orthodoxe, il faut savoir varier les plaisirs

Et n'hésitez pas à me laisser vos impressions sur ce premier chapitre.

°oO°OoTsubaki no Tsuki oO°Oo°

Lexique :

1- Kanjani 8, « Mistekure », F.T.O, 2004.

Kanjani 8 est un groupe de pop japonais originaire du Kansai, le titre de la fanfic est le titre de l'une de leur chanson. « Misetekure » signifie « Montre-moi ». Cependant, je ne sais pas s'il s'agit du dialecte du Kansai ou de celui du Kantô, je vous prie d'excuser mes lacunes.

2- Une petite explication rapide sur les suffixes de politesse au japon.

En gros, il marque le lien et le respect que l'on doit à la personne. Ne pas utiliser de suffixe marque soit une impolitesse notable, un gros manque d'éducation, soit un lien très fort, dû à une longue amitié.

Voici quelques uns des suffixes qui risquent d'apparaître dans la fanfic :

- sensei : que les fans de Naruto connaissent tous et qui signifie professeur.

-san : pourrait signifier monsieur, madame ou mademoiselle, c'est celui qui est le plus souvent utilisé envers un adulte ou une personne que l'on ne connait pas.

-sama: signifie aussi monsieur, madame ou mademoiselle, mais il est extrêmement poli et marque une différence de grade ou de classe entre les deux personnes. Il ne s'utilise pas très souvent.

-kun : peut s'utiliser soit avec une personne plus jeune que soi, soit avec une personne du même âge et du même statut. Souvent les professeurs utilisent le suffixe -kun avec leurs élèves ou les élèves l'utilisent entre eux. Ils s'appliquent plus généralement au garçon.

-chan : Selon le contexte il s'utilise différemment:

Il peut avoir la même valeur que -kun, mais ne s'applique qu'aux filles.

Il peut aussi marquer un lien très fort entre les deux personnes, -chan est souvent utilisé comme un suffixe affectueux. Dans ce cas-là il peut être utilisé pour les filles comme les garçons (même si les garçons n'apprécient pas toujours et que c'est plus rare de les appeler ainsi )

Enfin, il peut s'utiliser pour tous les enfants en bas-âges.

-hime : il ne s'agit pas réellement d'un suffixe, mais plus d'une contraction. Ohime+suffixe (en général -sama) signifie princesse. Utiliser -hime comme suffixe peut signifier trois choses : une moquerie, un surnom affectif ou un manque total d'éducation.

-nii+suffixe ou -nee+suffixe : il s'agit d'une contraction : onii+suffixe pour grand frère et onee+suffixe pour grande sœur, le suffixe qu'on lui accolera donnera le degré d'intimité et de respect qu'un accorde à la personne.

Toutes ces explications sont des bases. Bien sûr, on ne se cantonne pas qu'au sens premier, pour s'amuser ou embêter la personne, on peut choisir d'utiliser un suffixe inapproprié.

Bon ce sera tout, il y'en aurait d'autre mais je ne pense pas les utiliser...

3- Hakama : Il s'agit d'un pantalon plissé (7 plis : 5 devant + 2 derrière), muni d'un dosseret rigide, le koshi ita, qui se porte le plus souvent par dessus un kimono. Traditionnellement porté par les nobles du Japon médiéval, mais aussi par les samouraïs, il prit sa forme actuelle durant l'ère Edo. C'est un habit mixte et l'on peut parfois voir les miko (prêtresse shinto) officier dans les temples vêtues d'un kimono blanc et d'un hakama rouge.

Photo d'un hakama : .

4- bushi : Dans le japon médiéval, il s'agissait de noble ayant pris les armes (d'abord l'arc puis le sabre) et qui combattait vêtu d'armure. Ils ont peu à peu disparus au profit des samouraïs. Je ne suis pas très fidèle à leur image historique, je n'avais pas envie de les embarrasser d'armure, le hakama c'est plus classe !

5- Konohagakure : pour ce qui se cantonnerai à la version française du manga ou de l'anime, c'est le japonais pour village caché de la feuille, aka Konoha.

6- Shôji : ce sont des portes coulissante dont l'encadrement est en bois et recouvertes de feuilles de papier de riz le plus souvent décorées.

7- Pareil que plus haut, pour ce qui ne connaîtrait que la version française, petite précision :

Hi no Kuni : le pays du feu / village caché : Konoha / Kage : Hokage, Tsunade.

Kaze no Kuni : le pays du vent / village caché : Suna / Kage : Kazekage, Gaara.