J'ai cédé, voilà. Gros coup de coeur après avoir vu les Animaux Fantastiques, inspiration soudaine, et dans le cadre de défis littéraires organisés par ma bêta, je crois que je vais me laisser tenter et advienne que pourra. Vous trouverez donc dans ce recueil tous mes écrits, liés les uns aux autres, sur les Animaux Fantastiques et, qui sait, peut-être sur la génération d'Harry Potter ! J'ai gardé le nom anglais car... Norbert Dragonneau me chiffonne un peu. J'espère que cela vous plaira autant que moi j'ai pris plaisir à l'écrire ! N'hésitez pas à me donner votre avis, ça fait toujours plaisir !

Consignes : Prévoir au moins un paragraphe de description et ajouter le mot "moufette"

Thèmes : "Do you want to know ?", "Psychic", "Winter", "Sound of the siren", "Down but not out"

Défi 5 : Voulez-vous savoir ? (Newton Scamander)


Un pas, puis un second. L'une des semelles des chaussures en cuir de l'individu tapi dans la pénombre grinça légèrement. Il se stabilisa, un pied en suspens, écoutant. Puis le manège reprit lorsque seul le silence lui répondit. Concentration, mouvements précis et silencieux, un pas devant l'autre, le tout avec une minutie particulière. Pas un seul bruit d'être vivant ne troublait la sérénité de cette bijouterie en pleine nuit. Seul le tintement des diamants et du métal résonnait sur les parois en verre des vitrines, à quelques pas de là. Newton se baissa avec lenteur lorsqu'il fut arrivé derrière la plus grande étagère du magasin. Heureusement, aucune de ses semelles ne craqua à ce moment précis. A l'aide d'une vitrine face à lui, il put distinguer le reflet du petit voleur placé quelques mètres plus loin. Ce dernier, niffleur de son état, réussissait toujours à s'échapper du bagage magique malgré la surveillance accrue qu'exerçait le sorcier sur lui. Et à n'en point douter, c'était l'appel des richesses de ce monde qui poussait l'animal à quitter le cocon douillet qu'était la valise sans fond du magizoologiste. Couverte de pierreries, la créature se parait des plus beaux bijoux, remplissant sa poche ventrale aussi vite qu'il lui était permis de le faire. Encore quelques minutes dans cette échoppe et la marchandise toute entière aurait disparu. Adossé contre une étagère, Newton Scamander, sorcier reconnu pour ses connaissances en matière de créatures, ferma un bref instant ses paupières tout en inspirant.

- Quand il faut y aller... s'encouragea-t-il en chuchotant.

Il bondit subitement hors de sa cachette toute baguette dehors, arrachant un couinement surpris à la bestiole qui laissa choir plusieurs colliers.

- Accio !

Mais il était déjà trop tard. Le sort, plutôt que d'aller saisir le niffleur, percuta l'un des bustes de mannequin initialement rutilant de bijoux. Newton ne dut son salut qu'à ses réflexes accrus par l'expérience. Il se jeta sur le côté juste avant que le mannequin ne le percute. Ce dernier finit donc sa course avec fracas, projetant du verre dans la salle. Mais déjà le sorcier se relevait et brandissait sa baguette.

- Accio ! réitéra-t-il avec plus de conviction.

Le niffleur courrait trop vite, glissant sous les étagères, grimpant à toute vitesse sur les vitrines, les bijoux glissant de sa poche au fur et à mesure qu'il en ajoutait. A chaque nouvelle tentative de projeter son sort, le magizoologiste devait esquiver nombre de pierreries finement travaillées, d'éclats de verre et de morceaux de mobilier.

Au vu du boucan que les deux compères produisaient, il était étrange qu'aucun moldu ne soit venu crier au voleur, ameutant ainsi les autorités locales. Il faut dire que cette petite échoppe perdue dans les ruelles méconnues de Londres ne payait pas de mine. Malgré un intérieur avenant fourni en bijoux, l'extérieur restait sombre, peu engageant... Telle une boutique de mage, incitant le commun des mortels à passer son chemin. Pourtant, rien dans le magasin n'indiquait à Newton la possibilité que ce fusse là la propriété d'un sorcier ou d'une sorcière. Qu'importe. Une fois le voleur attrapé, il n'aurait plus qu'à tout réparer en quelques coups habiles de baguette.

Contre toute attente, et malgré ses prévisions, l'homme projeta un nouveau sort d'attraction au moment même où le niffleur sautait entre deux étagères et où lui-même, trop occupé à surveiller la créature, posait son pied sur un bracelet en argent massif. La chute fut inéluctable. Tandis qu'il partait en arrière à cause du glissement, la bête continua tranquillement son saut jusqu'au prochain meuble tandis que la caisse emplie de monnaie, touchée par le sort, filait à toute vitesse vers le sorcier. Newt n'eut d'autre choix que de se recroqueviller sur le sol en protégeant sa tête, la machine manquant de lui esquinter le crâne au passage. Le bruit de la caisse explosant derrière lui fut assourdissant et le rouquin mit un moment avant de reprendre ses esprits, sonné par le bruit du métal contre le mur. Lorsqu'il réussit enfin à se mettre sur pieds et à se retourner en quête du chapardeur, ce fut pour le trouver prisonnier des bras d'une femme qui, s'il se souvenait bien, n'était pas là initialement. Le boucan avait fini par attirer quelqu'un...

- Par la barbe de Merlin... jura-t-il entre ses dents.

Surpris, il n'en montra cependant rien et se contenta de reprendre contenance. Avec fébrilité, il lissa ses vêtements et rajusta le col de son long manteau bleu. Newton s'autorisa ensuite à porter un regard embarrassé sur la femme qui n'avait pas dit un mot depuis qu'elle était entrée.

C'était une femme assez élancée aux courbes généreuses. Un long manteau noir au col de fourrure, qu'elle gardait ouvert, épousait les contours de son corps, s'arrêtant à ses chevilles surplombant une paire d'escarpins vernis. Newton devina plus qu'il ne vit la longue robe vert sapin qu'elle portait en dessous. Ne s'y attardant pas, le sorcier reporta son attention sur le médaillon serti d'une malachite seyant la poitrine de sa propriétaire : un artefact, à n'en point douter, Newton pouvait en sentir la magie bénéfique d'ici. Ses yeux remontèrent encore un peu, glissant sur le cou dénudé de la jeune femme. Son visage aux traits harmonieux n'était pas fermé comme il aurait dû l'être. Au contraire, la bouche rehaussée d'un rouge à lèvres pourpre se pinçait de temps à autre, comme pour retenir un rire, et les dents parfaitement alignées, aux canines bien visibles, venaient parfois en mordiller les lèvres carmines. La jeune femme semblait plus amusée qu'en colère ou craintive. Ses yeux d'une couleur oscillant entre l'émeraude et le saphir se plissaient légèrement, creusant de petites pattes d'oie attestant du côté rieur de son expression. De longues boucles de jade encadraient son visage fin. Avec une telle couleur de cheveux et un artefact autour du cou... Une sorcière, à n'en point douter. Une très belle femme, comme l'on pouvait en croiser lors des importants congrès de sorciers, parée de ses plus beaux atours. Pas un instant cette dernière ne l'interrompit lors de sa contemplation. Cependant, lorsque le regard du sorcier croisa le sien, elle lui sourit et s'avança d'un pas, le niffleur coincé entre ses bras graciles.

- J'ai attrapé votre moufette, lui indiqua-t-elle d'une voix légèrement plus grave qu'il n'aurait cru.

La créature couinait de satisfaction en laissant échapper son trésor petit à petit tandis que la jeune femme le gratouillait habilement avec ses ongles vernis de noir.

- C'est un niffleur, ne put-il s'empêcher de la corriger. Il adore les bijoux, pièces et autres trésors, si bien que je dois à chaque fois l'empêcher de venir voler les gens ou directement dans les boutiques...

D'une main nerveuse, il vint fourrager dans la mèche rousse dissimulant en partie son visage constellé de tâches de rousseur. Voyant que la femme était assez proche pour lui tendre l'animal, il s'en saisit rapidement et entreprit de le chatouiller, forçant la bête à se vider de son butin. Une fois que cela fut fait, il prit sa valise qu'il gardait toujours avec lui, et y glissa l'animal mécontent. Il reporta à nouveau son attention sur sa silencieuse interlocutrice. Elle n'avait pas bougé, ses bras croisés sous sa poitrine, son attitude désinvolte et posée contrastant avec l'étrangeté de la situation. Elle ne semblait pas vindicative, seulement… Présente. Peut-être était-elle la propriétaire maintenant qu'il y pensait ?

- Je suis désolé... Pour votre magasin.

- Oh ce n'est pas un problème, puisque ce n'est pas le mien, déclara-t-elle d'un air entendu en secouant doucement sa tête.

- Oh... Je vois.

- Vous n'allez pas me demander ce que j'y fais ? s'enquit-elle en souriant d'un air bienveillant.

- Allez-vous me poser cette question également ?

Il évita la question.

- Ce que vous y faites me semble plutôt évident, dit-elle en désignant le petit chapardeur à présent dans la valise.

- Ce qui n'est pas votre cas, contra-t-il en avisant le bazar autour d'eux.

La lady ne semblait pas suspecte, enfin, pas totalement. Pas dangereuse en tout cas, mais le mage mieux que quiconque savait qu'il fallait se méfier de l'eau qui dort. Il aurait voulu lui demander ce qu'elle faisait là, en pleine nuit, dans une bijouterie, à lui faire la causette… Mais il aurait eu également à faire face à des questions… Et cet œuf de dragon dans sa valise ne pouvait se permettre le luxe d'attendre plus encore.

Un sourire indéfinissable étira les lèvres de l'inconnue.

- Voulez-vous savoir ?

Un silence étrange s'instaura entre eux, l'un observant l'autre avec une curiosité mal dissimulée. Newton ne reprit ses esprits qu'en entendant les sirènes de la police au loin, en provenance de l'extérieur.

- Vous devriez partir avant que la police n'arrive, souffla-t-elle avec douceur sans laisser le temps au mage de répliquer. Attendez d'être à l'extérieur pour vous téléporter. C'est une boutique appartenant à un sorcier, votre magie risque d'être détectée.

- Et vous ? s'entendit-il demander, comme s'il s'inquiétait.

Un nouveau sourire échappa à la jeune femme.

- Moi ? Je vais nettoyer ce petit... Désordre.

Elle agita sa main pour embrasser d'un geste la pièce. Façon très élégante de parler de son effroyable foutoir. Newton avisa autour de lui le capharnaüm tout en progressant difficilement vers la sortie, le verre adhérant aux semelles de ses chaussures. A distance raisonnable, la jeune femme l'accompagna jusqu'à la porte. Un coup d'œil à l'extérieur permit au magizoologiste d'appréhender la rue encore déserte.

- Vous êtes sûre que je ne peux pas vous aider, c'est moi qui ai provoqué ce bazar après tout... ? marmonna-t-il en jetant à nouveau quelques coups d'œil inquiets, à l'affût du moindre mouvement moldu ou sorcier.

La police ne tarderait sûrement pas. La voix aux intonations hypnotiques s'éleva dans son dos.

- C'est adorable de votre part mais j'ai quelques petites choses à finir ici, aussi vais-je m'en occuper, le rassura-t-elle. Bonne fin de soirée Monsieur Scamander.

Dans un éclair de lucidité, il se retourna tout en questionnant son étrange interlocutrice.

- Comment connaissez-vous mon n...

Mais il n'y avait plus personne derrière lui. A l'intérieur de l'échoppe, chaque chose avait retrouvé sa place : les bijoux sur leurs présentoirs, les vitrines sur leurs emplacements initiaux, tous les objets cassés - mobilier ou machine - réparés... Rien ne laissait trace de leur passage à lui et au niffleur. Ni à celui de cette étrange femme. Newton resta là au moins quelques bonnes minutes, son regard étonné fixé sur l'échoppe remise en ordre, à chercher du regard cette intrigante inconnue. Il se téléporta juste à temps, au moment même où la police investissait la ruelle au pas de course.

Ce fut la première fois qu'il rencontra l'inconnue aux cheveux de jade et à la voix aux intonations graves.