Elle était prête, sa valise était là, et la cage de sa chouette aussi. Elle s'assit sur son lit et regarda par la fenêtre, c'était la dernière année qu'elle allait passer là-bas, après ce serait terminé, il faudrait rentrer dans la vraie vie. C'était triste d'y penser et elle espérait ne pas perdre contact avec ses amis après. Tout à coup, Lily Evans se ressaisit, elle se leva et prit ses affaires, entreprenant de descendre au salon.
Elle eut du mal à descendre sa grosse valise ainsi que la cage de Lys, sa chouette. Elle croisa sa sœur dans l'escalier qui ne lui accorda aucun regard. Elle n'avait pas changé d'attitude, pendant toutes les vacances, Pétunia n'avait fait que l'ignorer, mais, après tout, cela était peut-être mieux ainsi. Cela faisait maintenant six ans que les deux sœurs ne s'entendaient plus, plus exactement depuis que Lily avait reçu la lettre qui lui annonçait qu'elle était une sorcière et qu'elle était inscrite à l'école de sorcellerie de Poudlard. Lily avait assez mal vécu cette distance avec sa sœur, mais avec les années, elle s'y était habituée.
Dans le salon, sa mère était devant la télévision en train de repasser, à la main. En effet de toute la famille Evans, Lily était la seule à posséder des dons magiques, elle était, comme on le disait dans son monde, une fille de Moldus.
Lily déposa ses affaires près de la porte :
— Papa n'est pas là ?
— Il est allé chez le voisin, il va arriver dans quelques minutes, lui répondit sa mère.
En effet juste après cela monsieur Evans était dans le salon :
— Ah, ça y est, tu es prête ? Bon, très bien, allons-y.
— Pétunia ! Ta sœur s'en va ! appela madame Evans.
Aucune réponse ne se fit entendre. Le père de Lily prit la valise et alla la mettre dans la voiture, tandis que celle-ci prenait Lys avant de sortir à son tour. Madame Evans les suivit jusque sur le perron où elle embrassa sa fille :
— Passe une bonne rentrée ma chérie, envoie-nous Lys pour nous raconter !
— Oui maman. Et... dis quand même au revoir à Pétunia de ma part.
Sa mère acquiesça tristement. Monsieur Evans démarra la voiture et Lily embrassa une dernière fois sa mère avant de le rejoindre.
Ils arrivèrent rapidement à la gare de King's Cross qui était bondée. Son père sortit sa valise du coffre et l'accompagna jusqu'au passage pour la voie 9¾ où il lui dit au revoir avant de la regarder passer à travers le mur de brique qui reliait les voies 9 et 10.
À peine Lily fut-elle passée de l'autre côté qu'elle se sentit dans son élément. Les parents accompagnant leurs enfants, les grosses valises sur les chariots, les animaux de compagnies, les élèves qui avaient déjà revêtu leurs robes de sorcier, et bien sûr l'habituelle locomotive rouge. Le nœud qui lui serrait le ventre avait aussitôt disparu, elle allait enfin retrouver sa maison et ses amis.
Elle se faufila au milieu de la foule et se hâta de monter dans le train afin de retrouver ses amies de Gryffondor, qui lui avaient atrocement manqué. Elle les chercha dans plusieurs compartiments et passa devant celui des septièmes années de Serpentards où elle reconnut Avery, Rosier, Lestrange, Wilkes et Rogue. Elle ne fit pas attention à eux et ils ne la virent pas passer. Elle passa ensuite devant le compartiment des Maraudeurs où à son grand regret elle ne passa pas inaperçue, car à peine James Potter l'eut vu, qu'il se leva d'un bond en se passant la main dans les cheveux :
— Salut Evans ! T'as passé de bonnes vacances ?
— Très bonnes Potter, car pour une fois je ne t'avais pas toujours derrière moi ! répliqua-t-elle en se tournant vers un autre des maraudeurs, Remus tu vas à la réunion des préfets ?
— Heu... non, je… je ne suis pas préfet-en-chef, s'excusa l'intéressé.
Lily ouvrit de grands yeux ronds sans comprendre. En cinquième année, Remus et elle avaient été nommés préfets de Gryffondor et, lorsqu'elle avait reçu son insigne de préfet-en-chef, il lui avait semblé logique que Remus soit également nommé :
— Mais alors qui ?
— C'est moi ! s'exclama fièrement la dernière personne à laquelle elle aurait songé.
— Potter !? Non, mais... ce n'est pas possible, c'est... c'est...
Les maraudeurs éclatèrent de rire tandis qu'elle n'en revenait pas, était-ce une blague ? À quoi jouait Dumbledore ? Potter était le dernier des élèves qui méritait d'être nommé préfet-en-chef, elle ne comprenait vraiment plus rien.
— Je vois... et bien pour une fois dans ta vie, tâche de ne pas être en retard ! conclut-elle avant de sortir du compartiment.
Certes, le fait que James Potter, le plus fauteur de trouble de l'école, soit nommé préfet-en-chef était une chose difficile à croire, mais Lily finit par se dire que leur directeur avait dû penser qu'avec ces responsabilités le Gryffondor deviendrait peut-être plus mature.
James quant à lui se rassit sur sa banquette, tout joyeux de voir que Lily et lui étaient tous deux préfet-en-chefs, car cela lui laisserait certainement l'occasion de se rapprocher de la rousse, à condition qu'elle ne passe pas son temps à lui crier dessus. Devant son air benêt, son meilleur ami Sirius Black se moqua de lui, ce qui eut le don de faire rire le dernier des comparses, Peter Pettigrow, tandis que Remus Lupin souriait gentiment.
Cependant, de son côté, Lily redoutait plutôt l'année qui s'annonçait aux côtés de James Potter. Depuis qu'elle avait fait sa connaissance en première année, elle n'avait jamais cessé de le considérer comme un voyou arrogant, plein d'assurance, au besoin permanent de jouer les m'as-tu-vu pour amuser la galerie. Mais, c'était surtout depuis leur cinquième année, c'est-à-dire depuis que le jeune Gryffondor avait commencé à s'intéresser à elle, que Lily ne pouvait réellement plus le supporter. En effet, depuis ce jour, il n'avait de cesse de lui demander de sortir avec lui à chaque fois qu'il la croissait. Malheureusement, il incarnait tout ce qui pouvait agacer Lily au plus haut point, elle avait donc toujours refusé ses avances, et l'insistance de son prétendant n'allait pas pour améliorer les choses. Au fil des années, elle avait fini par comprendre qu'il valait mieux pour elle qu'elle n'y fasse plus attention, au risque de perdre patience.
Elle avait perdu depuis longtemps l'espoir que l'âge le ferait grandir mentalement, et à en juger comme il lui avait sauté dessus dès qu'il l'avait vu, la majorité non plus n'avait pas eu d'effet sur son comportement. L'année s'annonçait donc comme toutes les autres, et le fait qu'il soit préfet-en-chef lui laissait supposer qu'elle n'allait sûrement pas avoir de répit.
Elle avançait le long du couloir à la recherche du compartiment, où se trouvaient les filles de 7ème année de Gryffondor, qu'elle finit par trouver vers l'avant du train, pas très loin de celui des préfets.
Il y avait : Alice Longain, une petite brune pleine de vie, qui restait la plus mature du groupe. Lily voyait en elle une très bonne confidente malgré le fait qu'elle ne soit pas toujours avec elles étant donné qu'en réalité, elle passait le plus clair de son temps avec son petit-ami Franck Londubat ; Elie Cater, toute fine, pas très grande aux yeux verts et aux cheveux courts colorés allant du rose pâle au noir brillant. Elie était en réalité une métamorphomage, don hérité de son père, ce qui lui permettait de changer son apparence comme elle l'entendait, ce qu'elle se contentait, en général, de restreindre à la couleur de ses cheveux. Elle était sans aucun doute la plus active d'entre elles, la plus folle et malheureusement la plus maladroite. Elle ne pouvait rester inactive plus de dix minutes et n'aurait pas hésité une seconde pour faire une bêtise. En d'autres terme, Elie aurait fait une parfaite Maraudeuse si elle n'avait pas eu Lily à ses côtés pour l'assagir. C'était celle avec qui Lily partageait le plus d'affinités, du fait qu'elle l'avait connue la première ;Mary Swan, elle, était à peu près de la même taille que Lily, c'est-à-dire de taille moyenne, en revanche elle avait des cheveux blonds et fins, tombant jusqu'au milieu du dos, et ses yeux étaient d'un bleu très clair. Elle restait la plus timide, et la plus discrète d'entre elles, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un grand cœur, et d'être prête à tout pour ses amies.
Lily ne prit pas le temps des retrouvailles, car déjà le train se mettait en route et elle ne voulait pas être en retard à la réunion, d'autant plus qu'il fallait que ça soit elle qui donne les consignes aux préfets de cinquièmes années et, qu'elle restait sceptique devant l'aptitude de Potter à gérer ce genre de choses.
Elle marchait en direction du compartiment des préfets, tandis que le train s'ébranlait en prenant de la vitesse, quand la nostalgie la gagna à nouveau. C'était la dernière fois qu'elle prenait le Poudlard express en direction de l'école et qu'elle allait à cette réunion des préfets. Elle scrutait tous les compartiments ainsi que les élèves, peut-être pour essayer de graver chaque détail dans sa mémoire.
Arrivée devant le compartiment des préfets elle entendit crier son nom, mais n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait :
— Me voilà, clama James arrivé à sa hauteur.
Visiblement, il s'était pressé pour ne pas arriver en retard.
— Bien, je compte sur toi pour te surpasser Potter, je ne tiens pas à avoir un boulet pour compagnie durant toute l'année ! lui déclara-t-elle avant d'ouvrir les portes du compartiment où se tenaient déjà les préfets des différentes maisons qui semblaient tout intimidés.
— Bonjour à tous, je suis Lily Evans, préfète-en-chef en 7ème année à Gryffondor, et voici..., commença-t-elle en laissant James se présenter à son tour.
— James Potter, capitaine de l'équipe des Gryffondors et poursuiveur professionnel, dit-il tout fier.
— Et préfet-en-chef en 7ème année à Gryffondor, conclut Lily en lui lançant un regard noir, tandis que les élèves pouffaient et regardaient James avec admiration.
Il était vrai que James était admiré de nombreux élèves et que les quatre Maraudeurs étaient, sans nul doute, connus de toute l'école, cependant, le simple fait qu'il se fasse mousser à la moindre occasion exaspérait la jeune Gryffondor.
La réunion leur prit quasiment une heure et, au grand étonnement de Lily, James s'était bien tenu le reste de la réunion en participant à ses explications du règlement et du rôle des préfets.
Une fois terminés, ils retournèrent à leurs compartiments respectifs, le premier sur le chemin étant celui des filles, Lily s'arrêta la première, mais elle n'eut pas à rentrer pour s'apercevoir qu'il était vide :
— Elles doivent être dans le nôtre, signala James.
C'est à contrecœur que Lily le suivit jusqu'à celui des maraudeurs.
Ils venaient de passer devant cinq compartiments qu'il s'arrêta pour se tourner vers elle et lui lancer ce qu'elle aurait préféré éviter d'entendre :
— Dis-moi Evans, j'me demandais si tu voudrais sortir avec moi ?
Cette fois, Lily explosa, elle avait pris sur elle durant la réunion, mais là c'en était trop :
— POTTER ! se mit-elle à crier en levant les yeux au ciel. Quand est-ce que tu vas arrêter avec ça ! Tu n'as pas compris que c'est NON ! NON, NON ET NON ! Jamais je ne sortirai avec toi tant que tu auras cette attitude de gamin écervelé !
— « Tant que » ça veut dire que ça peut changer ? fit-il remarquer avec un grand sourire ce qui énerva encore plus la rousse.
Lily regretta immédiatement ce qu'elle venait de dire, si maintenant elle laissait de faux espoirs à James elle n'était pas sortie de ses soucis. Mais elle ne prit même pas la peine de répondre et se contenta de le dépasser d'un bon pas, s'inventant une ronde sans même s'arrêter devant le compartiment où se trouvaient leurs amis.
Elle était encore plus exaspérée qu'à son arrivée. En effet, James venait de confirmer ses idées, il n'avait toujours pas changé.
Après une demi-heure à faire des allers-retours dans le train en prenant bien soin de ne pas passer devant le compartiment des maraudeurs, elle finit par se décider à les rejoindre. Elle prendrait sur elle pour supporter la présence de Potter, mais elle souhaitait passer un peu de temps avec ses amies.
Arrivée là-bas, elle vit tout de suite que l'ambiance était gaie.
Peter et Sirius étaient assis près de la porte. Ce dernier racontait des blagues pour amuser les autres. Remus se trouvait juste à côté de Sirius et participait de temps en temps à ses blagues. Mary, en face, se faisait toute petite, près de la vitre, où elle souriait gentiment. Elie était assise à côté d'elle et ne se gênait pas pour remettre Sirius à sa place lorsque ses blagues étaient trop médiocres. À ses côtés se tenaient Cathy Jorkin et James, qui la taquinait, ne participant que peu à l'animation qui l'entourait.
Cathy partageait le dortoir des filles à Gryffondor, mais n'étant pas vraiment sur la même longueur d'onde qu'elles, elle ne restait que très rarement en leur compagnie. C'était une grande brune qui aimait surtout se faire remarquer, plus particulièrement des garçons. Visiblement, sa présence dans le compartiment n'était pas anodine, et Lily soupçonna que la jeune fille devait certainement faire partie de celles qui portaient un intérêt plus qu'amical aux maraudeurs.
Il était vrai que James et Sirius avaient toujours eu du succès auprès des filles, et ils ne se privaient pas pour en profiter. Ils étaient assez beaux garçons et savaient se mettre en valeur. Remus, lui, était beaucoup plus discret. Ses robes usées, son teint pâle, qui lui donnait un air maladif, le rendait moins séduisant que ses amis. Quant à Peter Pettigrow, il se trouvait dans l'ombre de ses amis et il était rare que les filles le remarquent. Ses cheveux blonds et son visage rond n'avaient d'ailleurs rien de très attirant.
Mais le physique n'avait rien avoir avec le caractère de chacun. De tous, Lily avait toujours apprécié Remus. Lorsque ce dernier avait été nommé préfet de Gryffondor tout comme elle, elle avait eu l'occasion d'apprendre à le connaître. Elle y avait découvert un jeune homme assez réservé, mais au cœur énorme et très dévoué envers ses meilleurs amis. Lily n'avait jamais compris comment quelqu'un comme Remus pouvait s'entendre aussi bien avec Sirius et James. Ils semblaient tellement différents. Remus, sérieux, respectueux du règlement et qui travaillait dur, alors que Potter et Black étaient désinvoltes, insouciants et n'avaient que faire des règles.
En ce qui concernait Peter, elle n'avait pas vraiment d'avis. Il semblait se fondre dans n'importe quel moule et donnait l'impression, que si en réalité s'il se trouvait là, c'était uniquement parce que depuis leur première année ils avaient partagé le même dortoir.
Les filles n'étaient jamais vraiment restées en compagnie des maraudeurs, surtout parce qu'elles étaient loin de faire partie de celles qui les admiraient tant. Mais cela avait duré jusqu'en sixième année où Elie, pleine de fougue, avait commencé à passer du temps avec eux. De ce fait, il leur arrivait de se retrouver tous ensemble. Cependant, Lily, qui passait le plus clair de son temps à punir les jeunes hommes lorsqu'ils s'avisaient d'enfreindre le règlement, n'avait aucune envie de rester avec eux. Il lui était souvent arrivé de travailler avec Remus à la bibliothèque. Mais elle se refusait de passer un quelconque « bon temps » avec ceux qu'elle réprimandait tout le temps, et encore moins lorsqu'il s'agissait de celui qui passait son temps à la harceler.
C'est pourquoi, lorsqu'au cours des vacances elle avait reçu un hibou qui l'informait qu'elles étaient invitées à finir les vacances avec les maraudeurs, elle avait préféré refuser et profiter des derniers jours avec ses parents. D'autant plus que passer plus d'une journée en compagnie de Potter l'aurait rendue folle.
C'est un peu à contrecœur qu'elle constatait maintenant que ce séjour avait créé quelques rapprochements entre ses amies et les maraudeurs, lui faisant quelque peu regretter son refus.
À son entrée, le groupe cessa de rire pour se tourner vers elle :
— Alors ? Quels sont les ordres ? lança Sirius d'un ton encore plaisantin.
Lily leva les yeux au ciel et alla s'asseoir aux côtés de Remus, où elle ne pouvait que pleinement admirer James et Cathy.
Les plaisanteries reprirent leur cours tandis que Lily restait immobile tout en gardant bras et jambes croisés, en lançant des regards de travers à James, qui taquinait Cathy. Elle était mauvaise, il abusait et n'avait aucune limite. Il la dégoûtait tout simplement. Il osait lui demander de sortir avec lui et draguer une autre fille juste après, sous son nez. Il était sans scrupules. Ses sentiments se renforcèrent lorsqu'elle vit Cathy s'avancer lentement vers lui comme pour l'embrasser sans qu'il fasse quoi que ce soit pour l'en empêcher. Lily se leva d'un bond, ce qui fit sursauter Mary et Elie au passage, marmonna une excuse et sortit. En fermant la porte elle vit que tout le monde la regardait avec de grands yeux ébahis, à l'exception de Sirius qui lui lança un regard malicieux qu'elle n'aima pas du tout, mais peu lui importait, au moins elle avait empêché leur baiser.
Elle commença à marcher le long du couloir pour se calmer, mais malheureusement elle n'eut pas le temps d'atteindre le milieu du train, c'est-à-dire de passer devant une petite dizaine de compartiments qu'elle entendit crier son nom, décidément il n'allait pas la lâcher. Elle ne se retourna pas, ne voulant pour rien au monde voir la personne en question :
— Lily, attends !
Elle ne répondit pas, mais quelqu'un l'attrapa par l'épaule, elle se retourna et colla une gifle à celui qui se tenait devant elle :
— Beuh... Lily... qu'est-ce que j'ai fait encore ?
— TOUJOURS LA MÊME CHOSE POTTER ! TU ME SOULES ! COMBIEN DE FOIS FAUT-IL TE LE DIRE !? T'ES QU'UN CRÉTIN SANS CERVELLE QUI PREND LES FILLES POUR DES OBJETS. JE TE HAIS, TU ME DÉGOÛTES ! LAISSE-MOI TRANQUILLE !
Cette fois-ci, elle avait laissé sortir toute sa rage qu'elle déversait, sans retenue sur le maraudeur. En cet instant, peu lui importait son image de préfète :
— Mais qu'est-ce que j'ai fait !?
— TU OSES ME DEMANDER ÇA ! ET CATHY ALORS ? TU CROIS QUE JE VAIS TE LAISSER TE PAYER MA TÊTE ?
— D'accord, je vois... T'es jalouse.
— ... pa... pardon ?
Lily sembla s'être pris une gifle à son tour.
— Ben oui ! T'as vu comme tu réagis, t'acceptes pas que je fricote avec une autre... ça s'appelle de la jalousie.
— Non, mais... ça va pas... je ne suis pas jalouse ! Certainement pas pour toi !
James fit un pas vers Lily qui recula contre la vitre du couloir, mais James avança un peu plus. Non, elle n'était pas jalouse, elle le détestait. Il était bien trop près, elle tenta de s'éloigner, mais il la retint :
— Pourquoi tu ne veux pas le reconnaître ?
— Potter, lâche-moi tout de suite ou je crie ! menaça-t-elle du ton le plus dégagé possible.
Mais les cris de Lily n'inquiéteraient personne, les élèves étant bien trop habitués à leurs disputes :
— JE NE SUIS PAS JALOUSE !
Elle ne vociféra pas plus longtemps, car sans qu'elle s'y attende James l'embrassa. Elle resta figée, ne le repoussant pas sous le coup de la surprise. Il était doux et délicat, rien d'arrogant ni d'avide. Elle se laissait faire quand la réalité revint. Il lui avait demandé et juste après il draguait Cathy et maintenant c'était à nouveau elle, elle se faisait avoir comme les autres. James Potter n'était pas sincère il tentait juste de la faire céder à son tour, Lily Evans, la seule qui lui avait toujours dit non.
Elle le repoussa violemment et il desserra son emprise pendant deux secondes, deux secondes qui suffirent à Lily pour se dégager complètement et lui enchaîner deux gifles :
— Tu es presque aussi pitoyable qu'un Mangemort ! Tu es capable du pire pour arriver à tes fins ! Ne t'approche plus de moi ! déclara-t-elle avant de tourner les talons à toute allure.
James ne répondit pas et une fois que Lily fût partie il s'affala par terre. Il s'en voulait, il n'avait pas voulu l'embrasser, seulement, il n'avait pas résisté. Elle était là devant lui, ses cheveux roux ondulés tombant sur ses épaules, son regard émeraude particulièrement expressif, qui le fusillait à tout moment. Et, pour couronner le tout, elle lui faisait une scène de jalousie, du moins c'est ce qu'il s'était dit, mais il n'en était plus tout à fait sûr à présent. Elle était tellement belle, et cela faisait si longtemps qu'il voulait être avec elle, si longtemps qu'elle lui disait non.
Depuis leur cinquième année où il ne cessait de lui demander de sortir avec lui, jamais une dispute entre Lily et lui n'était allée aussi loin. Il n'avait encore jamais osé l'embrasser et elle n'était jamais allée jusqu'à l'insulter de la sorte. Mangemort, elle l'avait comparé à un Mangemort, ses mots résonnaient encore à ses oreilles.
James sentit son estomac se nouer, qu'avait-il fait ? Il lui semblait qu'il ne valait rien, qu'il n'était bon à rien. Il était pitoyable. Jamais il ne s'était senti aussi mal.
Il est vrai que James avait toujours été heureux, gâté par ses parents si fiers de lui, qui lui accordaient tout, et gâté d'avoir des amis fidèles. Il était doué à l'école, avait du succès auprès des filles, il ne manquait de rien, sauf d'une chose, celle qu'il aimait. Seule Lily Evans lui avait toujours dit non, elle n'avait jamais voulu de lui, et c'était pourtant la seule dont il était vraiment tombé amoureux et pour qui il aurait donné tout ce qu'il avait.
Aujourd'hui, il avait dépassé les bornes et il ne comprenait pas ce qu'il lui avait pris.
Il avait les yeux fermés, la tête appuyée contre le mur. Il regrettait ce qu'il avait fait. Il entendit quelqu'un s'approcher de lui et il lui aurait dit de foutre le camp s'il n'avait pas reconnu la voix :
— Tu savais qu'il ne fallait pas.
— ...
— Elle n'est pas revenue parmi nous.
— Non, je l'ai trop énervé.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Elle a raison, je suis qu'un bon à rien, elle mérite mieux.
— James, ne te rabaisse pas à cause d'une fille qui ne veut pas de toi. Tu as prouvé maintes fois que tu étais quelqu'un de bien, et je peux t'assurer que tu es un ami en or. Ne me l'as-tu pas assez montré ? Simplement... tu sais que tu n'as jamais été vraiment... disons, délicat, avec Lily.
James ouvrit les yeux et regarda son ami. Remus avait toujours quelque chose d'apaisant, et ces mots qui auraient été blessants de la bouche de Sirius le raisonnaient.
— J'ai toujours fait n'importe quoi quand elle était là, c'est vrai. Juste capable de faire mon intéressant pour qu'elle me remarque, mais là, c'était différent, je l'ai embrassé... je sais pas ce qu'il m'a pris...
— James... depuis tout ce temps, n'as-tu pas encore compris que tu ne dois rien forcer ? Laisse le temps faire les choses.
Jamais James n'avait songé à renoncer au sujet de Lily, il avait toujours eu de l'espoir et ses amis avaient bien vite abandonné l'idée de le faire changer d'avis et de le raisonner. Mais, cette fois, c'était différent. Il ne voyait plus aucun espoir, c'était allé trop loin. C'était pourquoi il se rabattait sur la seule solution qui lui semblait raisonnable : tout compte fait, Lily et lui n'étaient peut-être pas faits pour être ensemble.
— Cathy ? interrogea James contre toute attente.
— Elle est avec les autres, elle a commencé une bataille explosive avec Queudver, répondit simplement Remus.
— ...
— Tu vas la laisser comme si de rien n'était...
— J'en sais rien.
— Tu n'as pas une petite idée ?
— Jolie, gentille...
— James, il ne faut pas que tu croies que si tu sors avec Cathy, Lil...
— Non Lunard ! Je ne me sers pas d'elle ! Si je laisse Cathy ça n'a rien avoir avec Lily, et si je reste avec elle c'est parce qu'elle me plaît et peut-être... que je serais plus heureux avec elle que je ne l'aurais été avec Lily.
— Ok.
— Retournons avec les autres.
Ils se levèrent et partirent en direction de leur compartiment.
— Merci, Lunard ! dit James en donnant une tape dans le dos à son ami.
Lily était retournée directement dans son compartiment, sans s'arrêter devant celui des maraudeurs. Elle était dans un état second et ne réalisait pas réellement ce qui venait d'arriver. Potter avait osé l'embrasser ! Comment avait-elle pu se laisser faire ? Elle ne voulait même pas penser à l'instant où elle avait trouvé ce baiser sincère, de toute façon elle préférait oublier ce moment tout simplement, mais elle savait qu'elle n'y arriverait pas.
Elle essaya de se changer les idées en sortant son livre de potions, mais les explications et les schémas qu'elle voyait lui passaient au-dessus, sans qu'elle puisse en saisir le moindre sens. Elle pensait à James, n'importe quelle fille aurait tout donné pour ne recevoir ne serait-ce qu'un baiser de lui, et elle, Lily Evans, le repoussait en l'insultant de la manière la plus blessante possible. Elle n'aimait pas Potter, elle ne l'avait jamais aimé, et elle ne l'aimerait jamais ! Jamais, c'était un peu absolu, peut-être que... Mais, Lily fut interrompue dans son combat intérieur par Alice, qui venait de rentrer dans le compartiment :
— Coucou ma Lily ! Ça va ?
Alice changea tout de suite de ton quand elle vit le regard flamboyant de son amie :
— Tu n'étais pas avec les maraudeurs ? questionna Lily en réponse.
— Non, j'étais avec Franck. Donc, à ce que je dois comprendre c'est encore Potter, le problème ? interrogea Alice en s'asseyant près d'elle.
— Heu… oui… avoua-t-elle, enfin c'était pire cette fois ! Je… il m'a embrassé dans le couloir et... et je l'ai traité de Mangemort, finit-elle par résumer.
Alice parut choquée, mais cela ne dura qu'un instant. Elle ne posa pas plus de questions, car elle voyait que Lily n'avait pas envie de retracer cette histoire, du moins pour le moment :
— Bon, on est bientôt arrivé il faut se changer ! lui dit Alice en souriant, pour changer de sujet.
Elles avaient commencé à revêtir leurs robes de sorcier quand Elie rentra en trombe dans le compartiment, pour venir prendre des nouvelles. Lily avait à peine ouvert la bouche que Mary, suivie de Cathy, rentra à sa suite, elle fit donc une moue qui signifiait qu'elles en parleraient plus tard. Tandis que les filles parlaient des vacances, Lily s'activa, participant peu à la discussion, et finit par sortir sans un mot de plus, une fois prête. Une fois arrivés à la gare, elles la virent sur le quai en compagnie des préfets, en train de leur donner des instructions. Ses amies voulurent l'attendre pour prendre une diligence, mais il commençait de pleuvoir et Cathy, qui était restée avec elles, manifesta son envie de rejoindre au plus vite les maraudeurs, ainsi les quatre filles s'embarquèrent sans elle.
Lily n'avait de son côté aucunement l'intention de faire le voyage jusqu'au château avec elles. En effet, elle n'avait pas vraiment envie de voir Cathy pour le moment, du moins, pas tant qu'elle n'aurait pas digéré l'événement. Elle se retrouva donc dans une diligence en compagnie d'Amos Diggory et quelques Poufsouffle, qui l'avaient gentiment invité à monter avec eux. Lily connaissait Amos depuis leur cinquième année lorsqu'il avait été nommé préfet de Poufsouffle. Bien qu'ils n'aient jamais été des amis proches, ils s'étaient toujours bien entendus. Amos tenta de faire la discussion sur le sujet des vacances, malheureusement Lily n'avait pas non plus envie de parler, ainsi, à peine la carriole fut-elle arrêtée, qu'elle sautait déjà de celle-ci pour remonter l'allée du château à toute vitesse, et pénétrer dans le grand hall pour rejoindre, un peu à contrecœur, ses amies déjà installées. Le plus dur fut de s'asseoir avec elles alors que les maraudeurs se tenaient juste à côté. C'est pourquoi elle se plaça tout au bout, le plus loin possible d'eux, plus particulièrement de James qui ne lui attribua aucun regard. Le reste du groupe parlait gaiement et cela la mit mal à l'aise, mais, elle n'eut pas trop à en souffrir, car les voix se turent lorsque les premières années rentrèrent dans la Grande Salle, suivant le professeur McGonagall, pour s'aligner devant la table des professeurs.
Lily ne souhaitait qu'une chose, rejoindre son dortoir pour se coucher et s'éloigner le plus possible de celui qui torturait sa conscience depuis bientôt une heure.
Comme toutes les années le professeur de Métamorphose était allé chercher le tabouret sur lequel elle installa le Choixpeau magique. La répartition commença, mais Lily n'était plus dans la Grande Salle, elle revoyait James l'embrasser, elle ne pouvait nier qu'elle avait aimé ce baiser et qu'elle n'arrivait pas à l'oublier. Si seulement il n'avait pas commencé l'année comme ça, la situation aurait pu tourner autrement. Elle aurait tant aimé que pour une fois il soit sincère. Mais ce n'était pas bon de penser tout cela, elle n'était pas amoureuse, et…
— Hé ! Lily ! Les plats sont servis !
Elle sursauta et vit Elie la regarder avec son regard inquisiteur rien qu'à elle :
— Ça va ? s'inquiéta son amie tout bas.
— Oui oui, je me suis juste égarée ! Ça doit être la fatigue ! rajouta-t-elle devant le regard insistant de son amie.
— Ok, ok ! répondit Elie d'un ton sous-entendant qu'elle savait pertinemment que ce n'était pas la raison de l'état de son amie, mais les explications attendraient.
Cependant, la fatigue était bien présente et ne cesser de réfléchir n'arrangeait rien. Elle remplit donc son assiette et commença à manger ce qui lui fit oublier ses cogitations intérieures, un moment.
Tout le monde était détendu grâce aux délicieux mets du banquet et les élèves ne pensaient plus qu'à rejoindre leurs lits douillets.
Lorsque les dernières traces de desserts et de jus de citrouille eurent disparu, le directeur se leva et le silence se fit parmi les quatre tables :
— Bien, après nous être tous régalés grâce à notre traditionnel festin de début d'année, je souhaiterais vous rappeler quelques points essentiels du règlement de l'école. Tout d'abord notre concierge Mr Rusard m'a demandé de vous rappeler que jeter des sorts dans les couloirs est interdit.
Il marqua une pause et jeta un regard appuyé du côté de la table des Gryffondor, où quatre garçons affichaient des sourires lumineux. Lily sourit également à cette insinuation peu discrète, même si elle n'encourageait en rien leurs méfaits :
— Je signale également, pour les élèves de premières années qui ne seraient pas au courant, que la forêt interdite est bien interdite à tous les élèves de l'école sans exception !
Même regard du côté des Gryffondor :
— Sinon, comme chaque année auront lieu différents bals à l'occasion de la nuit de Halloween, du réveillon de Noël, de la St Valentin et bien entendu pour la fin d'année.
— Pour finir, j'aurais une nouvelle importante à vous annoncer.
Dumbledore avait pris une voix grave, tous les élèves comprirent que ce n'était pas une bonne nouvelle et la Grande Salle perdit son euphorie due au festin :
— Comme vous le savez, le monde extérieur se fait d'autant plus sombre que Lord Voldemort devient de plus en plus menaçant.
La majorité de la salle frémit, on savait que Dumbledore osait prononcer le nom du fameux mage noir, mais personne ne s'était attendu à l'entendre ici :
— En effet, Voldemort s'en prend de plus en plus à des sorciers issus de familles moldues, elles-mêmes, également victimes d'attaques. C'est pourquoi le Ministère de la Magie a pris la décision d'assurer la sécurité de ces familles en les plaçant sous la protection des Aurors.
— Malheureusement, les dispositifs de sécurité empêcheront probablement certains élèves de rentrer chez eux à l'occasion des vacances.
Un mélange de protestations et d'effarement fit bruit dans la Grande Salle, Dumbledore leva une main et le silence reprit sa place :
— Avant de nous quitter, je vous conseillerais juste de rester sur vos gardes, restez unis et surtout proche de vos amis, vous en aurez besoin !
— En attendant, faites attention à vous !
— Bonne nuit !
Ce ne fut pas sans bruit que les élèves se dirigèrent vers leurs salles communes respectives. Lily suivit ses amies, qui se dépêchèrent de sortir pour ne pas se retrouver dans la masse qui sortirait dans peu de temps. C'était aux préfets de guider les élèves de premières années jusqu'à la salle commune, comme elle le leur avait expliqué un peu plus tôt.
Lorsqu'elles arrivèrent au portrait de la salle commune de Gryffondor, Lily donna le mot de passe qu'on lui avait indiqué :
— Orange verte !
— Bonsoir ! Et, bon retour parmi nous ! leur répondit gentiment la Grosse Dame.
Elles rentrèrent dans la tour et virent que les maraudeurs les avaient devancés, probablement en empruntant l'un des passages secrets connus d'eux seuls.
Queudver avait déjà commencé une bataille explosive avec Sirius qui bâillait à s'en décrocher la mâchoire. Remus quant à lui était sur le canapé l'air rêveur alors que James, qui était à côté de lui, jouait avec son Vif d'or. Lily ne resta pas avec eux, car elle souhaitait plus que tout rejoindre son lit. Elle monta au dortoir sans leur dire un mot, suivie d'Elie.
Arrivées dans leur chambre, elles trouvèrent leurs affaires déposées sur leurs lits par les elfes de maisons. Lily se dépêcha de se mettre en pyjama et de se glisser sous ses draps sans rien dire. Elie fit de même de son côté, puis avant de regagner son propre lit elle vint s'installer auprès de Lily :
— Après une bonne nuit ça ira mieux ! essaya-t-elle de la rassurer.
— Oui, je pense, c'est trop d'émotions pour un jour de retour… puis… j'ai peur.
— Je sais. Mais ne t'en fais pas, le Ministère sait ce qu'il fait, et tu pourras toujours leur écrire de temps en temps !
En effet, Lily était perturbée par la nouvelle que leur avait annoncée Dumbledore, elle s'inquiétait pour ses parents, en plus du fait qu'elle n'allait pas les revoir de sitôt, elle qui rentrait habituellement chez elle pour les vacances :
— Oui, tu as raison.
Elle prit sa meilleure amie dans ses bras, lui fit une bise et lui dit bonne nuit. Elle se blottit sous sa couette, lança un petit bonne nuit à l'attention des autres filles qui avaient rejoint le dortoir à leur tour, et s'endormit en se disant que l'année était prometteuse d'aventures vue comme elle avait commencée.
