A vous qui avez le courage de lire ce truc bizarre, sachez que puisque c'est écrit d'après mes propres rêves, il y a forcément des trucs chelous. Comme dans tous les rêves, vous savez, genre t'es dans un endroit, pi l'instant d'après dans un autre, enfin ce genre de chose. J'ai essayé de modifier le moins de trucs par rapport à ce que mon cerveau m'a pondu à l'origine, même si j'ai bien entendu un peu contextualisé les choses. Bon, en gros, faudra pas vous étonner si quelque chose semble étrange, c'est voulu ;)


De la boue jusqu'au pied, et des visages émaciés tout autour d'elle. S'ils n'avaient pas déjà la peau foncée, ils étaient couverts de crasse, les rendant noirs, noirs de suie, de terre humide, de poussière. Tous rassemblés autour de l'entrée du gymnase de ce petit village, tous agglutinés, attendant. Le seul bâtiment qui n'était pas sale, qui était neuf, qui avait été rénové récemment, en utilisant l'argent des villageois. Ce match de sport – aucun ne savait dire quoi, personne ne les avait prévenu – aussi leur avait prit leurs pauvres économies. Tous avaient le visage sale, et le visage terne. Mais au fond, pourtant, ils bouillonnaient de haine. Un petit groupe seul était propre, se dissimulant entre les maigres corps efflanqués, attendant. Faisaient-ils partie du village ? Aucune idée. Mais c'était eux qui avaient soumis le plan d'action pour que ces pauvres gens puissent prendre leur revanche.

Enfin ils arrivèrent, trempant dans la boue eux aussi, relevant leurs maillots pour ne pas les salir avant le match filmé. Un caméraman les devança, il ne devait pas filmer l'extérieur, il ne devait pas filmer la misère d'un lieu aussi sale pour un match d'inauguration aussi grandiose. Son devoir était de filmer l'arrivée depuis l'intérieur du gymnase, sans un regard vers le monde extérieur. Le présentateur parlerait de la boue comme d'une conséquence des pluies sur la terre agricole. Ils mentent bien, tous, de toute façon. Une fois que toute la riche procession fut entrée, et que la porte fut refermée, sans un regard pour la pauvreté cristallisée qui attendait à l'entrée, un gracieux pied à la jolie botte crotté retint le battant de se clore hermétiquement devant eux. Alors, un par un, ils entrèrent tous, silencieux comme la mort qui risquait de les prendre, et attendirent. Immobiles. Tous les sportifs et leurs accompagnateurs se trouvaient maintenant dans la salle principale. C'était le moment.

Certains prirent les escaliers pour monter aux gradins beaucoup se dirigèrent vers la sale. Armes en main. Seul, le groupe propre qui les aidait n'avaient pas d'armes à feu. Une longue épée pour le grand homme aux longs cheveux blonds et aux oreilles pointues, une rapière, pour la plus jeune, mais non pas moins grande, aux cheveux bruns et lisses en carré et portant des lunettes. Leur deux accompagnateurs avaient suivi les autres en haut. Et le carnage commença. Personne ne survécu parmi les gens riches. Il y avait du sang partout. Ce fut l'elfe blond qui se précipita en premier sur la porte séparant la salle principale du couloir, et sa magie elfique permit à tous de se laver. Alors les visages émaciés redevinrent plus clairs, même si toujours aussi bruns pour certains, et leurs vêtements redevinrent plus colorés. Plus de boue, plus de sang.

Pourtant ils ne devaient pas partir tout de suite. Ils devaient attendre que la police, appelée par une victime avant d'être tuée, n'arrive. Si les flics les voyaient sortir, ils sauraient par où les poursuivre. Ils devaient donc rester ici, les attendant. Pour les bloquer dans le gymnase et prendre une longueur d'avance. Ainsi fut fait. Quand les sirènes s'arrêtèrent de tourner et d'hurler sur le parking, ils sortirent tous par la porte de derrière. Et prirent la fuite en direction du terrain de course, et du grillage du fond. Cette partie-là n'était pas couverte de boue il faisait beau, le ciel était bleu, et l'herbe verdoyait de l'autre côté du grillage, recouvrant une pente avoisinnant une route périphérique de la ville. Le grillage était haut la fille et l'elfe l'escaladèrent d'abord pour ensuite aider les autres. Si peu étaient parvenus dehors... Mais des enfants se trouvaient là. Tous étaient pressés de partir les plus grands escaladèrent aussi vite qu'ils le pouvaient et se mirent à dévaler la pente, partant en courant vers des horizons qu'ils espéraient meilleurs. Certains restaient, les attendaient en bas du petit dénivelé herbeux.

Des enfants arrivèrent. Une gamine, peut-être cinq ans, pleurait car elle n'arrivait pas à monter. La brune à la rapière se mit à son niveau et lui sourit.

« Je vais t'aider : regarde, tu mets tes pieds sur mes mains et je te hisse jusqu'en haut. Après, tu sautes.

-C'est une mauvaise idée, Luca, intervint l'elfe.

-Ta gueule, Thranduil. »

La petite, toujours en larme, s'exécuta néanmoins et, une fois en haut, sauta tout de suite. Luca eut à peine le temps de lui crier « non ! » car elle avait toujours les mains encastrées dans les fentes verticales du grillage. La petite était déjà en l'air, et le temps que la brune se libère, elle eut à peine le temps de la rattraper les pieds de la gamine avaient violemment heurté le sol de toute ses petites jambes raides. Foutus, les tibias. Luca grimaça. Allons bon.

Une autre gamine arrivait. La brune lui donna les mêmes instructions qu'à la précédente, en lui stipulant d'attendre en haut qu'elle dégage ses mains. La petite l'écouta à la lettre Luca put alors sortir ses mains du grillage pour se préparer à la reçevoir. Les policiers arrivèrent à l'autre bout du terrain à ce moment là, et prise de peur, l'enfant sauta. Trop loin. Elle s'écrasa dans la pente, roula jusqu'en bas un petit tas de vêtements souillés de rouge. Luca leva les bras.

« Occupez-vous en, moi j'y arrive pas ! »

Puis, avisant les forces de l'ordre qui arrivaient, elle reconnut la touffe frisée et informe de Bellatrix Lestrange et, prise de rage, elle se mit à courir. La magie de Thranduil les retiendrait assez longtemps alors elle dévala la pente aussi vite que ses grandes jambes le lui permettaient et se rua vers le centre de la ville-vieille. Pour se faire, elle devait descendre cette pente, qui s'étendait bien sur quelques trois cent mètres. Cette rue débouchait sur un petit rond-point, Luca continua sa course en évitant les voitures qui passaient pour entamer sur la route qui était tout en face. Elle allait assez vite pour slalomer et sauter au-dessus des véhicules mais l'endurance lui faisait défaut, et une sirène criarde ains qu'un gyrophare au coin extrême de sa vision lui fit peur, aussi elle tenta d'accélérer encore. Tentant d'éviter la moto de police, elle dérapa, et le véhicule se retourna, sortant ainsi de la chaussée et se renversant sur le large trottoir de gravats, jusqu'au terrain vague qui se trouvait à côté. Luca était étendue là, toute proche, la tête lui tournant.

Deux policiers étaient sur la moto. L'un semblait évanoui l'autre retira son casque, et la brune reconnut Orochimaru. Son acolyte, avec les mèches de cheveux rouges qui dépassaient, était Sasori, sans aucun doute. Luca grimaça.

« Yo, Orochimaru. Tu vas me faire quoi ?

-Te laisser partir, soupira-t-il de sa voix graveleuse. »

Il lança un doux – doux?! – regard à Sasori et sourit doucement – horreur ! – avant de se retourner vers la brune, qui tentait de se relever à l'aide de ses bras.

« Comment ça ?

-Nous faisons les mêmes choses, avec Sasori. Pas aider les gens en en tuant d'autres, juste les... Tuer. »

Un rire sadiquement amusé franchi ses lèvres blanches, et il fit un signe de la main à la fugitive pour lui ordonner de partir. Chose qu'elle s'empressa bien évidemment de faire, reprenant sa course de manière beaucoup plus lente. Elle s'engouffra dans l'enchevêtrement de petites et vieilles ruelles qu'était le cœur même de la ville-vieille. C'était une zone labyrinthique qu'elle connaissait, à peu près. Si elle savait où tourner pour trouver la petite source qui s'écoulait dans un vieux bassin de pierre, elle aurait été bien incapable de dire quelle ruelle rejoignait la quelle, et quelles étaient celles qui faisaient tourner en rond. Le soleil illuminait les vieux murs ocres couverts de moisissures éparses ainsi que le sol de vieilles dalles, et cette vision apaisa la brune. Elle alla directement à la fontaine, encastrée dans un mur, l'eau s'écoulant d'une gravure très travaillée jusque dans un bassin en arc-de-cercle dont le fond était le mur-même. Là, assis sur le rebord, se trouvaient deux vieux hommes aux yeux bleus perçants, qui sourient à Luca quand elle arriva.

« Ma petite ! Il y avait bien longtemps qu'on ne s'était pas vus !

-Et j'aimerais que vous continuiez à faire comme si c'était le cas, souffla-t-elle. Si on vous le demande, vous ne m'avez pas vue, d'accord, les amis ?

-Oui, bien sûr, mais pourquoi ?

-Euh... Longue histoire. Je vous laisse ! »

La fugitive s'assura d'un geste machinal que sa rapière était toujours bien accrochée à sa ceinture et reprit son trot dans les petites rues. Des voix, qu'elle reconnut comme étant celle de ses poursuiveurs, la forcèrent à accélérer, et elle descendit dans une étroite ruelle en pente. Là, sur le côté, se trouvait un escalier tournant en angle, qui ouvrait un trou dans le sol pour pouvoir se diriger c'est là qu'elle se dissimula, bien à l'abri dans l'ombre. Deux paires de bruits de pas passèrent au-dessus de sa tête, mais elle ne fut pas remarquée. Luca attendit ainsi, patiemment, qu'ils eurent disparu de sa vue et sorti de sa cachette. Courir n'était plus de mise, il lui fallait maintenant avancer lentement et prudemment, et essayer de dresser une carte mentale des lieux pour pouvoir se cacher.

« Thranduil, t'es où quand on a besoin de toi..., maugréa-t-elle. »

Plusieurs fois elle dût se cacher, et rester dissimulée pendant des temps chaque fois plus longs, prudence excessive – voire paranoïaque – oblige. Luca ne vit ainsi pas le temps passer, et quand elle repassa une fois devant la fontaine, elle fut surprise de ne voir qu'un seul petit vieux.

« Où se trouve l'autre ? »

Mais elle n'obtint pas de réponse. La brune continua alors son chemin, jusqu'à une place de taille moyenne, ouverte, qui donnait sur un vieux manoir appartenant à celui que tout le monde appelait le Chancelier. Elle se baissa, espérant raser le mur pour ne pas se faire remarquer, mais d'une fenêtre ouverte jaillit l'image d'un homme qui, silencieusement, lui fit signe de le rejoindre. La fugitive dégluti, et s'approcha à pas de loups de l'entrée de la vieille bâtisse, dont la porte s'ouvrit sur un domestique. L'endroit s'entait le vieux, mais pas le renfermé. Le vieux bois, la vieille pierre, les vieilles dalles, les vieux livres, la vieille poussière, et Luca appréciait cette odeur. Des escaliers de bois sombre descendit le Chancelier, vêtu d'un somptueux peignoir et la main gracieusement posée sur la rembarde.

« Ils ont enlevé l'une des fées de la fontaine, déclara-t-il simplement. »

Luca grimaça.

« Pourquoi ? Ces deux vieux n'ont rien fait.

-Ils interrogent tous ceux qui auraient pu vous connaître, ou ne serait-ce que vous voir.

-C'est de notre faute ?

-Oui.

-Merde...

-Suivez-moi. »

Il lui tourna tranquillement le dos et se remit à monter les marches. Suspicieuse, la brune le suivit quand même dans la cage d'escalier, observant le lieu. Elle aimait les endroits du genre, et ce cadre l'apaisait. Pourtant, au fond d'elle, sa paranoïa exacerbée par son statut de criminelle en fuite lui disait de ne pas avoir confiance en cet homme. Qu'elle ne devait avoir confiance en personne. Sauf aux deux petits vieux de la fontaine, eux ce sont des fées, mais bref.

Le noir l'enveloppa.