Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent exclusivement à J.K. Rowling
Chapitre 1
« Le début ne laisse pas présager la fin »
Hérodote
La toile d'araignée humide se balançait lentement au rythme du vent, manquant à la moindre bourrasque de s'envoler et se désagréger.
La pierre depuis laquelle elle pendait était illuminée par endroit par le soleil couchant, la roche rendue humide à cause de la houle venant la frapper avec violence, envoyant des gerbes d'eau partout.
Une vague plus forte que les autres engloutie le rocher et la toile de soie partie avec, se scindant en milliers de particules.
Une gerbe d'eau me trempa avant que j'ai eu le temps de compter jusqu'à 2, et je me retrouvai à demie sonnée, dans une flaque salée, les vêtements collés à la peau et commençant lentement à gratter.
Une chouette passa au-dessus de ma tête, faisant soulever mes cheveux bruns et mouillés, et je me baissai par réflexe, regardant l'oiseau tournoyer au-dessus de l'amas de rochers sur lequel je me trouvais avant de voler vers la maison que l'on pouvait voir sur la falaise un peu plus loin.
Je me mis aussitôt en marche, courant presque, et arrivai en moins de 5 minutes à la maisonnette, la chouette tranquillement perchée sur le rebord de la fenêtre. J'extirpai de ma poche rendue râpeuse par le sel mon trousseau, à la recherche de la grosse clé rouillée ouvrant la porte d'entrée de la maison de campagne de mon père. Une fois à l'intérieur, je sprintai jusqu'à la cuisine, me jetant à moitié sur la fenêtre pour l'ouvrir, laissant entrer le volatil qui déposa sa lettre avant de repartir tout aussi vite. Je laissai la fenêtre ouverte si jamais Chowder – ma chouette – revenait de sa chasse. Je reconnus aussitôt le seau sur la lettre, et toute excitée, l'ouvris proprement et lus la lettre. Il y avait la traditionnelle liste de nouveaux livres à acheter :
- Le Livre des sorts et enchantements (niveau 5), de Miranda Fauconnette (cours d'Enchantements)
- Théorie des stratégies de défense magique, de Wilbert Eskivdur (cours de Défense contre les Forces du Mal)
Je trottai jusqu'au bureau de mon père, et toquai doucement avant de glisser ma tête dans l'embrassure de la porte.
Mon père était là, penché sur sa machine à écrire, terminant la nouvelle qu'il devait rendre pour le mois de septembre.
- J'ai reçu la lettre de Poudlard, annonçais-je.
Je le vis de dos relever la tête, et je l'imaginais mâchonnant son cure-dent en réfléchissant à la tournure de sa phrase, sans avoir écouté un seul mot de ce que j'avais dis.
Je rejoignis ma chambre dont la grande fenêtre donnait une vue splendide sur l'océan agité, et je me changeai, enfilant la première chose tombant sous ma main, en l'occurrence un jean et un tee-shirt du dernier groupe moldu à la mode.
Lorsque je retournai à la cuisine, Chowder était tranquillement perchée au dossier d'une chaise en bois, une lettre dans le bec que je récupérai délicatement tout en caressant la tête de l'animal qui ferma les yeux de contentement.
Je reconnus aussitôt l'écriture sur l'enveloppe – Le « R » de Ruthanna Hayward était unique - et me dépêchai de l'ouvrir, encore plus fébrilement que pour la lettre de Poudlard.
Chère Ruth,
Comment se passe tes fins de vacances ? Ton père ne travaille pas trop j'espère ! En Italie, tout va bien, il fait beau ! J'ai reçu ma lettre de Poudlard hier, j'irais au Chemin de Traverse le 25 à partir de 14 heures 30, est-ce qu'on s'y verra ? Répond-moi vite.
Bisous
Joy
PS : Passe mes amitiés à ton père
Je partis à la recherche d'un parchemin et d'une plume sur laquelle je griffonnai rapidement :
Chère Joy,
Ici, tout va bien. Tu as intérêt à tout me raconter de tes vacances quand on se reverra le 25. On se rejoint devant Gringotts, Ok ?
Milles baisers
Ruth
PS : Les amitiés sont passées
Je relis la lettre 3 fois avant de la glisser dans la même enveloppe que Joy, barrant mon nom, et mettant le sien à la place. « Joyce Hamlet ».
Joy partait tous les ans en voyage avec ses parents, dans différents pays d'Europe. Après avoir visité l'année dernière l'Espagne, ils avaient posés bagages à Palerme cet été.
Je confiai la lettre à Chowder qui s'envola aussitôt pour des terres plus chaudes et je me dépêchai de fermer la fenêtre avant de me remettre au travail pour finir mes devoirs de vacances le plus tôt possible.
OoOoOoOoOoOo
Ce qu'il y avait à savoir sur Joyce Hamlet, outre qu'elle écrivait extrêmement bien et était d'une intelligence redoutable, était qu'elle adorait se glisser dans le dos des gens pour leur sauter dessus et accessoirement leur donner la plus grosse frayeur de leur vie.
Lorsque j'arrivai devant la banque du Chemin de Traverse à l'heure prévue, je me plaçai de façon à pouvoir voir mon reflet et celui des gens passant dans mon dos depuis la fenêtre étincelante.
J'attendais là depuis plus de 5 minutes lorsque j'aperçus des cheveux sombres sur ma droite. Avec l'ombre d'un sourire, je me tournai vers la forme, avant d'être brutalement bousculée et de me retrouver sur les pavés rendus humides par le crachin londonien. Je cherchai à tâtons ma baguette que j'avais rangée dans ma poche pour être sûre de ne pas la perdre, et mes doigts s'enroulèrent autour, me rassurant aussitôt.
Je relevai lentement la tête, me retrouvant nez à nez avec Joy, et lâchait un cri de surprise.
Elle m'aida à me relever en riant, passant une main dans ses cheveux ailes de corbeaux qu'elle avait dû couper et qui lui tombait en cascades de boucles sur les épaules. Sa peau bronzée jurait affreusement avec mon teint de porcelaine.
- Surprise ? demanda-t-elle, moqueuse, en jetant des coups d'œil absent par-dessus son épaule.
- Surprise, marmonnais-je en suivant son regard, ne tombant sur rien en particulier.
Elle glissa sa main fraîche dans la mienne et me tira à sa suite en montrant du doigt les nouveautés visibles derrière les vitrines, s'extasiant devant les nouvelles robes avant de finalement aller jusqu'à Fleury & Bott, on nous achetâmes nos manuels.
- Il faut absolument que je te montre un truc, finit-elle par dire à 16 heures 45 après m'avoir traîné dans tous les magasins possibles et imaginables et avoir fini nos emplettes.
Elle m'emmena jusqu'à une terrasse où elle commanda deux boissons fraîches avant de sortir de sa poche une boite rectangulaire.
- Regarde ce qu'il y a dedans ! s'exclama-t-elle, tout excitée.
Je soulevai le couvercle recouvert d'un tissu doux et découvris à l'intérieur un dé à coudre légèrement plus gros que la moyenne, argenté, avec un blason doré gravé dessus, et une phrase en dessous.
- Dulce et decorum est pro patria mori, déchiffrais-je en faisant tourner le dé entre mes doigts. Qu'est-ce que ça signifie ?
- Aucune idée, mais on devrait trouver dans les livres à Poudlard.
- Tu l'as trouvé où ?
- Il y avait plein de monuments datant de l'Antiquité Romaine là où j'étais, et Danny a trouvé le dé dans un temple à moitié détruit.
Danny était le petit frère de Joy, qui rentrerait en 2e année à Poudlard. Il était extrêmement connu comme étant un voleur compulsif.
- Trouvé ?
- Emprunté, disons… mais je l'ai récupéré.
Elle l'agita sous mon nez, fière d'elle.
- Et je sais qu'il n'est pas un objet moldu.
- En fait, si, ça sert pour coudre… murmurais-je en reposant le dé dans sa boite après le lui avoir arraché des mains.
- Il y a de la magie là-dedans, s'obstina-t-elle. Et je suis curieuse. T'es avec moi ?
- Mmh… éludais-je en relevant la tête en sentant la première goutte d'eau me tomber sur le crâne. Il recommence à pleuvoir.
- Il faut que j'y aille.
Elle rangea la boîte rapidement, attrapa ses sacs de provisions et me serra brièvement dans ses bras.
- On se voit sur le quai ?
- D'accord.
Elle me sourit avant de repartir, se mêlant aux autres sorciers. Avec un soupir, je jetai quelques mornilles sur la table avant de me diriger vers la cheminée la plus proche.
OoOoOoOoOoOo
L'une des choses que j'aimais le plus dans l'Ermitage – la maison de campagne de mon père – c'était que je pouvais y faire ce que je voulais sans avoir à me préoccuper des moldus, contrairement à notre appartement à Londres.
En effet, la maison tenait bien son nom : il n'y avait pas d'habitations à moins de 15 kilomètres alentour. Je pouvais donc m'entraîner sur mon balais autan que je voulais, faisant la course avec Chowder qui prenait plaisir à voler au plus près de la surface de l'eau, ce dont je m'abstenais après qu'une fois, l'année dernière, alors que je glissais à toute vitesse en évitant habilement les plus grosses vagues, mes genoux n'aient touché l'eau et m'ait éjecté de mon Nimbus 1001 qui avait miraculeusement survécu à l'atterrissage forcé et violent qui m'avais causé la peur de ma vie.
OoOoOoOoOoOo
La veille du retour à Poudlard, je passai la matinée à faire ma valise, pliant soigneusement mes vêtements et plaçant mes livres de façon à ce que la couverture ne soit pas arrachée, comme mon manuel de métamorphose à l'usage des débutants, en première année.
Après avoir tout fini sans trop d'effort, je descendis ma valise devant la porte d'entrée, laissant à mon père le soin de la ranger dans sa Chevrolet 1967 dont il était si fier et qu'il avait acheté lorsque son premier livre de plus de 300 pages avait été publié.
Je rejoignis la cuisine où se trouvait Chowder, sur une étagère, passant d'une patte à une autre comme une première année intimidée, ce qui me fis rire tandis que je proposais mon bras droit comme perchoir, l'autre occupé à tenir la cage du volatil.
Après avoir vérifié 5 fois dans chaque pièce que nous n'avions rien oublié – ce qui allait des vêtements, à la gazinière laissée allumée en passant par la baignoire à demi inondé – nous nous mîmes en route, mon père et moi à l'avant de la voiture et Chowder dans sa cage tentant de ronger les barreaux avec son bec sur la banquette arrière.
- Tu as fini ta nouvelle ? demandais-je pour détendre l'atmosphère.
Mon père jeta un regard au rétroviseur pour me regarder, et j'eus envi de lui faire remarquer que j'étais assise à côté de lui et non à l'arrière, mais je gardais sagement ma langue dans ma bouche.
- Presque. Il ne reste que la fin à écrire… mais je n'arrive pas à en trouver une satisfaisante.
- Raconte l'histoire, je pourrais peut-être t'aider ?
- C'est une histoire vieille comme le monde… un garçon vit à la campagne, avec ses parents, et il veut découvrir le monde. Un jour, il décide de partir, il emballe ses affaires et il part, en laissant un mot derrière lui pour demander à ses parents de ne pas s'inquiéter. Il dort sous les ponts et se nourrit des fruits qu'il trouve sur le chemin, et un jour, il rencontre une fille.
J'eus un sourire avant de tourner la tête vers la fenêtre pour admirer le champ en train d'être moissonné.
- LA fille, pas vrai ? Il y a toujours LA fille.
- Dans toutes les histoires.
- Et après ?
- Il lui propose de partir avec lui. Mais elle aime trop la ville, donc, pour lui faire plaisir, il décide de rester avec elle. Ce qui devait durer quelques mois devient des années, et elle finit par en oublier la demande de partir voyager de son amant. Ils se marient, ils ont un garçon, et il lui redemande une nouvelle fois de partir avec lui, en emportant leur bambin avec.
- Elle accepte ?
- C'est là que ça coince.
- Et pourquoi ça coince ? Elle l'aime, non ? Alors, elle n'a qu'à dire oui.
- Dormir sous les ponts avec un bébé n'est pas une bonne idée.
- Alors ils dormiront à l'hôtel.
- Ça n'était pas une histoire d'amour, à l'origine, expliqua-t-il lentement tandis que nous dépassions le panneau annonçant que nous entrions dans Londres, enclenchant le clignotant. C'est l'histoire d'un garçon qui veut découvrir le monde.
- Mais LA fille est arrivée, rappelais-je en me redressant dans mon siège, pressée de retrouver ma chambre, même pour une nuit. Et les amoureux finissent ensemble. Et ils se sont mariés, après tout.
- Les mariés ne finissent pas toujours ensemble, murmura-t-il gravement.
La température dans la voiture dégringola, et je vis distinctement un thermomètre affichant -10° s'agiter sous mon nez.
Ce fut Chowder qui rompit le silence glacial en hululant, ce qui me fit sursauter et me cogner la tête au passage. Je me tordis le cou pour jeter un regard meurtrier au rapace qui pencha la tête sur le côté, ses yeux comme des billes me fixant.
- On est arrivé, déclara mon père, et je me dépêchai de me détacher et de m'extirper de la voiture trop étroite à mon goût.
Je me dépêchai d'empoigner la cage de Chowder et de la monter jusqu'à l'appartement, au 4e étage, pour éviter que les voisins moldus ne se posent des questions en me voyant avec un animal de compagnie pareil, comme tous les ans depuis que j'en avais fais l'acquisition.
J'ouvris sa cage et la fenêtre de ma chambre par la même occasion, afin de l'aérer, et la chouette disparue rapidement dans le ciel bleu. J'entendis mon père plus que je ne le vis déposer ma valise dans ma chambre et repartir sans un mot vers la sienne.
J'ouvris ma malle et jetai dedans les quelques affaires égarées dans cette chambre-ci, tout en partant à la recherche de mon disque vinyle de David Bowie, et rapidement, Life on Mars envahit ma chambre.
OoOoOoOoOoOo
La dernière nuit avant de rejoindre Poudlard avait toujours été pour moi une nuit particulièrement : pour ma première année, j'avais passé une nuit blanche, allongée dans mon lit et serrant mon oreiller contre moi en imaginant le Poudlard Expresse et sa vapeur.
Pour ma deuxième année, je n'avais dormi que 4 heures, excitée comme une puce à l'idée de revoir mes amies et l'école.
En 3e année, j'avais dormi la nuit entière et complète, mais cela ne m'avait pas empêché de m'assoupir sous la douche, ce qui avait eu pour effet de me faire arriver en retard, mes boucles habituellement épaisses, aplaties par l'eau.
Et l'année dernière, j'avais souffert toute la nuit de brusques bouffées de chaleur et de panique, ce qui avait fini par quelques heures allongées sur le carrelage de la minuscule salle de bain, ce qui me fit récolter quelques courbatures et une mine affreuse.
Cette année, je fus tentée de rejoindre également une pièce plus fraîche et je choisis sagement la cuisine. Chowder n'était toujours pas rentrée de sa balade nocturne, et je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter – Tu imagines si elle s'est fait attaquée par une horde de pigeon ? avais-je lancé à mon père la première fois qu'elle avait disparu ainsi plusieurs heures – et ouvris donc l'étroite fenêtre, ce qui apporta également un peu de fraîcheur dans la pièce, ce qui était plus que bienvenu.
Je remplis un verre d'eau froide et rajoutai 3 glaçons avant de me hisser sur le plan de travail, laissant mes jambes pendre dans le vide, tandis que la brise estivale agitait gentiment mes boucles brunes les plus légère.
Je secouais le verre, faisant tinter les glaçons entre eux avant de tout avaler d'un coup, en grimaçant tandis que je sentais un mal de crâne arriver, armé d'une casserole et d'une cuillère en argent.
Chowder revint aux alentours de 3 heures, alors que j'avais enfin trouvé le sommeil, affalée sur une chaise, la tempe appuyée contre la table en bois, ma main encore serrée contre le verre qui avait à présent tout perdu de sa fraîcheur.
La chouette me mordilla gentiment le lobe de l'oreille, me tirant de mes rêveries fiévreuses, et je levai une main pour lui lisser ses plumes aussi douces que du duvet en murmurant des paroles incohérentes, tandis qu'elle passait d'une patte à l'autre avec impatience, comme si elle attendait quelque chose de moi.
Je relevai finalement la tête, les yeux restant difficilement ouverts et l'esprit embrumé, pour voir le premier rayon de soleil se refléter sur le bec de Chowder et mon verre que je lâchai avec difficulté, les doigts raides.
Je me relevai et allai me prendre une douche revigorante, me donnant des claques légères aux joues pour me réveiller, tandis que je me glissais discrètement dans ma chambre pour enfiler mes vêtements moldus, en l'occurrence un jean et une chemise bleue claire.
J'entendis mon père dans la cuisine s'occuper du déjeuner, préparant les œufs brouillés et faisant frire le bacon. Je le rejoignis et mis la table tout en ramenant mes cheveux en arrière. Chowder s'envola de son perchoir et prit place sur le dossier de mon siège lorsque mon père me servit et je lui fis grignoter un toast tout en mangeant moi-même.
- Je dois aller voir mon éditeur ce matin, annonça-t-il tout en me servant un verre de jus d'orange. On prendra le métro et je t'accompagnerais jusqu'à la gare mais je devrais partir rapidement.
- C'est pas grave, le rassurais-je, Joy arrive souvent en retard mais Esther est toujours la première arrivée : ça lui évite de se retrouver au milieu de la foule.
Mon père approuva distraitement et je me demandai l'espace d'un instant s'il avait entendu ma réponse.
L'heure du départ arriva, et il insista pour porter ma valise tandis que je prenais la cage de Chowder après l'avoir au préalable libérée pour éviter les regards curieux des londoniens devant se rendre au travail par les transports en commun. Elle volait librement au-dessus de ma tête, s'arrêtant de temps à autre avant de disparaître dans le ciel nuageux pour réapparaître perchée sur un panneau.
Heureusement, l'appartement se situait près de la ligne de métro et nous nous retrouvâmes en une vingtaine de minutes à King's Cross St. Pancras, la station desservant la gare.
Il y avait peu de monde à cette heure-ci du matin, et je me frayai un chemin facilement entre les gens, jetant de temps à autre des coups d'œil au ciel pour repérer Chowder quand l'oiseau se déciderait à revenir, mais elle avait disparut.
Un groupe d'adolescents était regroupé devant le mur de brique servant à nous faire passer au quai 9 ¾, et je les reconnu comme faisant parti de la promotion des septièmes années de Poufsouffle. J'attrapais le bras de mon père par habitude et l'entraînais avec moi à travers le mur, nous retrouvant sur le quai où peu d'élèves étaient déjà présent.
- Bon, et bien…
Mon père n'avait jamais été très doué pour les au revoir. Il avait la main serrée autour de la poignée de ma valise, et me fixait avec gravité, droit dans les yeux.
- Oui… on se reverra bientôt… à Noël.
- Oui…
Il me sourit rapidement en jetant des coups d'œil par-dessus son épaule.
- Tu peux y aller. Tu vas être en retard, finis-je par dire, comme pour le libérer.
- Tu as raison.
Il fit un pas en avant et m'étreignis brièvement tout en me donnant ma valise. Il sentait l'eau de Cologne.
- Je t'enverrais des lettres.
Il me sourit, avec d'avantage de sincérité cette fois-ci et se retourna. Avant qu'il ne disparaisse au milieu de la foule qui se formait peu à peu, je l'interpellai :
- Papa !
Il se retourna, surpris.
- Pour la fin de ton livre… la fille accepte. Elle dit oui au garçon, et ils visitent le monde avec leur bébé, mais… en faisant des concessions. Tous les deux.
- Oh… d'accord.
- Bonne année, papa.
Je n'attendis pas sa réponse et empoignai la valise pour la traîner derrière moi jusqu'au train. Là, je parcourus tous les wagons à la recherche d'un compartiment avec une tête connue pour finalement le trouver, tout au fond du train.
- Tu joues à cache-cache ? lançais-je en entrant et faisant coulisser la porte avec difficulté.
Une adolescente était assise sur l'un des sièges, ses cheveux bruns et lisses coiffés d'un serre-tête rouge flamboyant. Elle m'adressa un rapide sourire, le genre de sourire que l'on voyait à la télévision dans les publicités pour du dentifrice, et croisa ses longues jambes fines que l'on voyait sous sa jupe qui s'arrêtait aux genoux, en caressant la chouette installée sur le rebord de la fenêtre laissée ouverte.
- Chowder ! m'exclamais-je en tendant le bras pour lui proposer comme perchoir.
- Cet oiseau n'est pas aussi stupide que ses congénères, il faut croire, déclara-t-elle en lissant sa jupe.
- Tu es là depuis longtemps, Esther ? demandais-je en m'asseyant en face d'elle pour permettre à Chowder de rester près de l'air libre.
- 15 minutes, pas plus… mon père m'a accompagné et il est repartit aussitôt, il avait à faire au ministère, apparemment.
J'hochai la tête avant de me tourner vers la porte du compartiment qui venait de coulisser, laissant apparaître un adolescent aux cheveux aussi noirs que le charbon et aux yeux tout aussi sombres, avec des dents étrangement blanches comparées à sa peau mâte.
- Je me suis tapé TOUS les compartiments, se plaignit-il en s'affalant à mes côtés. Esther, la prochaine fois, tu pourrais… je ne sais pas moi, choisir plus près ?
Le regard peu amène qu'elle lui lança lui fit aussitôt refermer la bouche et il se tourna vers moi.
- Et tes vacances, Ruth ?
- Bien, et toi, Matthew ?
Il partit alors dans un long discours dans laquelle il me raconta son été en partant du moment où il m'avait dit au revoir sur le quai et l'instant où il s'était jeté sur le siège à mes côtés.
Nous en étions au moment où il s'extasiait sur le tissu de la cravate du contrôleur qu'il avait croisé 5 minutes plus tôt lorsque la porte s'ouvrit une nouvelle fois, sur Joy et Tyler, qui était également mon meilleur ami, après Joy.
Joy engagea aussitôt la conversation avec Esther et Matthew se rabattit sur Tyler pour lui raconter ses fins de vacances, me jugeant « trop dispersée ».
La porte s'ouvrit au moment où le train démarrait, laissant entrer les 3 dernières personnes attendues : Drew, Jeffrey et Lucy.
Drew alla rapidement embrasser Esther avant de s'asseoir là où il restait de la place, tandis que Lucy s'installait sur les genoux de Joy qui l'avait pratiquement enlevée pour lui raconter la manière dont cet adorable première année lui était rentrée dedans et s'était excusé en l'appelant « madame ».
Nous en étions aux « Je ne fais pas si vieille ? Ça doit être parce que je me suis coupée les cheveux, les cheveux courts, ça vieillit, ma mère me l'a toujours dit… » lorsque Drew se releva en ouvrant la porte.
- Lucy, tu viens ? On a la réunion des préfets à l'avant.
- Vous êtes préfets ! s'étonnèrent Matt et Jeff.
- Tu n'es pas préfète ! s'écria Joy en se tournant vers Esther.
En voyant Lucy rougir, je la pris en pitié et me tournai vers ma meilleure amie.
- Lucy fera une excellente préfète, j'en suis sûre.
Joy me jeta un regard sceptique et lorsque je regardai du côté où se tenaient quelques secondes plus tôt Drew et Lucy, il n'y avait plus personne.
- Mince alors… préfet. On craint à côté, déclara Matt.
- Heureusement que ce n'est pas cette année que Drew devient capitaine de l'équipe de Quidditch.
- Il est remplaçant, railla Joy.
- Attrapeur remplaçant, intervint Jeff.
- Et attrapeur remplaçant quand l'attrapeur est Evan Smith, c'est extrêmement bien, ajouta Matt. Pas vrai, Ruth ?
J'haussai les épaules, ce qui déclencha un long monologue de Matt dans laquelle il parlait d'ingrats et de lâches.
Joy en était arrivée au point ou plus rien ne pourrait l'arrêter dans son envie de meurtre à l'encontre de Matt lorsqu'un bruit d'explosion couvrit sa douce voix, ainsi que des éclats de rire.
Il y eut ensuite un long silence, pesant, pendant lequel personne ne parla, ni ne bougea. Joy avait encore la bouche grande ouverte et le doigt accusateur. Jeff étant le plus près de la porte, ce fut lui qui l'ouvrit, avec précaution, passant sa tête dans l'embrassure, avant de vite la rentrer en se mettant debout.
Je vis alors passer devant la porte vitrée 4 serpentards qui avaient à présent une longue trompe grise au milieu de la figure. Les éclats de rire dans le couloir revinrent, plus fort encore que la fois précédente, et un adolescent s'avança jusqu'à être à la hauteur de notre compartiment.
- La trompe te va extrêmement bien, Avery ! hurla-t-il avant de tenter une imitation de barrissement plus ou moins réussi.
Il éclata de rire avant de se tourner vers un autre garçon qui venait d'arriver. Je les reconnu sans peine.
Le premier, avec ses cheveux noirs ondulés et ses yeux aussi gris que les miens, était Sirius Black, le fantasme de toutes les adolescentes.
Le deuxième était James Potter. Légèrement plus grand, il était l'éternel décoiffé, avec ses épis brun à l'arrière du crâne.
Ils étaient tout deux des gryffondors de la même année que nous, et nous avions les cours de sortilège, divination, astronomie et histoire de la magie en commun.
Avec précaution, je tendis la jambe, le bout de ma converse touchant la porte, la faisant coulisser sans faire le moindre bruit, sans quitter des yeux les deux gryffondors qui continuaient de rire, lorsque le battant se bloqua sans raison, émettant un son mat.
J'écarquillai les yeux avant de relever la tête, croisant le regard des deux garçons, et sans réfléchir, je donnais un grand coup dans la porte, la débloquant, mais Black l'avait déjà bloqué avec sa main. Avec un sourire suffisant, Potter entra tandis que son meilleur ami, les bras croisés, restait appuyé à l'embrasure de la porte.
- Alors quoi, c'est l'heure du thé et on n'est même pas invité ?
- Ce n'est pas l'heure du thé, répliqua Esther visiblement agacée.
- Alors quoi, les Brown ne prennent jamais le thé en avance ? intervint Black.
- Ce n'est pas parce que ta famille ne connaît aucune des règles de bienséance que c'est la même chose pour la mienne, Black, rétorqua-t-elle.
Matt siffla, admiratif, et sourit de toutes ses dents aux nouveaux arrivants, tout en s'affalant encore plus sur la banquette.
- Les femmes, de nos jours.
- Tout à fait d'accord avec toi, Dunst, ajouta Potter en donnant un coup de coude à Black qui fixait toujours Esther, l'œil mauvais.
- Je ferais attention à ce que je dis à ta place, Brown, il pourrait t'arriver un pépin.
Je vis à peine Esther attraper sa baguette et la pointer sur Black, mais Tyler m'attrapa par la taille par réflexe, me collant au dossier de la banquette pour m'éviter tout « sort perdu » tandis que Matt poussait des cris de ravissement en voyant Potter et Black attraper eux aussi leurs baguettes. Le compartiment me parut soudain bien plus petit et trop étroit pour qu'aucune personne ne soit blessée. D'un même geste, Tyler et Jeff attrapèrent leur baguette, tandis que Matt se relevait avec précaution, attrapant Joy au passage par les hanches, la faisant reculer près de moi tout en continuant de faire divers commentaire sur l'absence de sort.
- Vous comptez vous regarder longtemps en chien de faïence ? Il faut jeter des sorts ! Il faut du sang, et…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, car une autre personne entra dans le compartiment à cet instant là.
Je le reconnu comme faisant lui aussi parti du petit club de Potter et Black se faisant appeler « les Maraudeurs ». C'était le plus petit d'entre eux, un peu rondouillet, avec des cheveux clairs et fins et un regard humide.
- Duel ! hurla-t-il avant de sortir lui aussi sa baguette et de jeter un sort au hasard vers Tyler qui le bloqua sans problème, et Esther en profita pour le pétrifier.
Tout son corps s'immobilisa, et il retomba en arrière, bloquant définitivement la porte coulissante.
Le cri de Pettigrow avait retenti si fort que déjà de nombreuses personnes s'amassaient dans le couloir.
- Il est mort ! hurla une poufsouffle, d'une voix stridente.
Aussitôt, des murmures se firent entendre, et je m'avançai vers Peter pour le voir agiter les yeux furieusement, cherchant ses deux amis.
- Wormtail, pourquoi tu ne nous a pas laissé jeter le sort en premier ? demanda Potter avec gravité.
- Je pense que nous devrions te laisser comme ça pour te faire comprendre que nous passons les premiers, ajouta son meilleur ami avec un grand sourire de mannequin moldu.
Un voix grave s'éleva de la foule, et Peter se releva après que le contre sort ait fait effet.
- Moony, tu n'es qu'un rabat joie ! s'écria Potter d'une petite voix aigue et chouinante.
De la foule sortirent 8 élèves de 5e année, arborant tous leur badge de préfet. Les préfets de gryffondor, Remus Lupin et Lily Evans, étaient les plus proches, tenant chacun leur baguette à la main.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? s'écria cette dernière en jetant un regard furieux aux deux fauteurs de trouble.
- Il se passe que ces débiles de gryffondors ont déjà fait perdre des points à leur maison avant même de descendre du train, déclara lentement la préfète des serpentards, ses longs cheveux blonds coiffés en une maxi tresse reposant sur son épaule, dans l'ombre du mur contre lequel elle était appuyée, en parfaite réplique de Black.
Lorsque celui-ci s'en rendit compte, il se redressa et décroisa ses bras.
- C'est pas nous, s'écria Potter. C'est Brown !
- Esther Brown ? répéta le préfet de poufsouffle, incrédule.
- Elle même.
- Ne raconte pas n'importe quoi, intervint Drew.
- Tu dis ça parce que c'est ta copine.
- Et toi tu dis ça parce que c'est ta faute, répliqua Drew.
- Je dis ça parce que c'est la vérité. Tu crois vraiment que j'aurais jeté un sort sur mon ami ?
- Il n'y a qu'une folle comme Brown pour faire ça, renchérit Black.
- Toi, la ferme ! s'écria Evans en pointant sa baguette sur lui, apparemment en colère qu'un élève de sa maison se fasse remarquer avant même d'être arrivé à Poudlard.
- Il n'a pas tort, intervint doucement Lucy, pourquoi auraient-ils attaqué leur ami ?
- On ne t'a pas beaucoup entendu, Lupin, déclara d'une voix traînante le préfet de serpentard.
- Vous devriez poser la question à Peter, déclara-t-il d'une voix douce.
Je m'approchai avec précaution de la porte, Joy sur mes talons, pour voir Pettigrow lever un doigt vers moi.
- Moi ? Mais… commençais-je.
- Tu gâches tout l'effet de style, déclara Matt en me poussant sur le côté, laissant apparaître derrière moi Esther, qui avait encore sa baguette à la main.
- Tu es prise la main dans la baguette ! s'écria Potter, très fière de sa petite phrase que je jugeai d'un humour douteux.
- Toi aussi, tu as ta baguette à la main, Potter, lança Esther d'un ton hautain.
Aussitôt, je rangeai ma baguette que j'avais sortis dans la poche de mon pantalon, mais Black intercepta le geste du regard. Il se contenta malgré tout d'un sourire et d'un clin d'œil.
- On perd notre temps ici avec ces abrutis ! s'énerva la serpentarde, avant de partir, la foule se scindant en deux pour la laisser passer.
L'autre préfet de serpentard la suivit, accompagné de celui de Poufsouffle tandis que la préfète engageait la conversation avec une camarade de sa maison. Drew et Lupin s'avancèrent vers Black et Potter, tandis que je me faufilai hors du compartiment.
- Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ici, finalement ?
- Tu devrais tenir ta copine en laisse, voilà ce qu'il se passe, Monaghan !
- La ferme, Potter ! s'écrièrent en même temps Evans et Esther.
- Tu as du succès avec les filles, cette année ! s'exclama Black en riant avec Pettigrow.
- Oh, la ferme, vous deux… marmonna-t-il en rangeant sa baguette.
- Retournez dans vos compartiments, tous !
Je suivis prudemment Tyler et les autres à l'intérieur tandis que les Maraudeurs saluaient Drew et Matt.
- Ils sont vraiment cinglés, ces gars-là, s'exclama Matt avec bonne humeur.
- Avoue que tu rêves de leur ressembler, Dunst, railla Joy en s'asseyant près de moi.
- Je suis déjà comme eux !
- Alors pourquoi tu ne vas pas manger avec eux ? intervint Esther en sortant son déjeuner de sa valise. On serait moins serré.
- Ça ne te gêne pas tant que ça d'être serrée si tu te retrouves sur les genoux de Drew.
- Ça me gêne si je me retrouve à moins de 10 centimètres de toi, Dunst ! cracha-t-elle tandis que les autres éclataient de rire.
- Il faut que quelqu'un aille chercher à des friandises, intervint Jeff, j'ai rien pu amener de la boutique de mes parents.
Matt poussa un cri à faire peur et m'attrapa par les poignets, sortant de ses poches des gallions qu'il déposa dans mes mains, ordonnant aux autres de faire de même et me demandant de répéter après lui tout ce que je devais acheter, en le regardant droit dans les yeux, sans ciller.
- Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Baguettes magiques à la réglisse… m'exécutais-je.
- Va-y, go, go, go !
Il me poussa hors du compartiment et je faillis renverser toutes les pièces par terre, mais réussis à en sauver les trois-quarts que je fourrais dans mes poches tout en me jetant à genoux à la recherche des pièces manquantes.
- Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Baguettes magiques à la réglisse, Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Baguettes magiques à la réglisse, Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue… me répétais-je à moi-même.
Je m'interrompis lorsque je vis s'agiter une main sous mes yeux, tenant la dernière mornille manquante. Je tendis mes doigts et attrapai la pièce que j'envoyai rejoindre ses congénères tout en me relevant.
- Merci Lupin.
Celui-ci m'adressa un franc sourire, les mains dans les poches.
- Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard ?
- Tu as oublié Baguettes magiques à la réglisse.
- Tu as décidé d'apprendre toutes les sucreries d'ici notre arrivée à Poudlard ?
Je sentis le rouge me monter aux joues mais je marmonnais tout de même que Matt m'avait confié la « au combien importante mission de nourrir mes ingrats d'amis ». Il éclata de rire avant de regarder en arrière, vers le dernier compartiment du wagon.
- Mes chers amis aussi m'y envoient. Parce que je suis préfet.
- Je ne vois pas le rapport.
- Moi non plus, mais James ne voulait risquer de croiser Lily, et Sirius ne supporte pas de rester à une distance de plus de 5 mètres de James plus de 10 minutes.
- Et Pettigrow ?
- Pas Peter, se contenta-t-il de répondre avec un sourire mystérieux.
L'image d'un Pettigrow les bras chargés de sucreries s'arrêtant tous les mètres pour avaler une dragée surprise s'imposa soudain à moi.
- Pas Peter, confirmais-je.
De nouveau, il sourit avant de proposer que nous y allions ensemble, ce que j'acceptai aussitôt, devant passer par un compartiment rempli de serpentard avant d'atteindre le chariot du Poudlard Express.
- Alors comme ça, tu es préfet cette année, commençais-je pour faire la conversation tout en contournant un groupe de deuxièmes années occupées à ramper sur le sol pour des raisons connues d'eux seuls.
- Mmh…
- C'est bizarre, un Maraudeur préfet.
- C'est bizarre que Brown ne soit pas préfète, rétorqua Lupin avec un sourire.
- Lucy fait une très bonne préfète, il ne faut pas se fier aux apparences !
- Alors moi aussi je ferais un bon préfet.
Je m'arrêtais subitement en comprenant ses paroles.
- Je ne voulais pas te vexer…
- Tu ne m'as pas vexé, Hayward. Moi aussi j'ai été étonné en recevant le badge.
- Dumbledore n'aurait jamais mit quelqu'un à ce poste s'il n'était pas qualifié, déclarais-je.
- Tu trouves que Malefoy était qualifié à ce poste ?
Je m'arrêtais net, mon raisonnement ayant été bloqué par cet argument infaillible.
- Il était qualifié pour être un préfet SERPENTARD.
- C'est de la triche, là.
Enfin, nous arrivâmes devant la « dame au chariot », l'âme sœur de Matt.
- Qu'est-ce qui vous ferait plaisir les enfants ? demanda-t-elle en montrant les nouveautés.
- Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Baguettes magiques à la réglisse… lâchais-je sans reprendre ma respiration, en la regardant droit dans les yeux.
L'espace d'un instant, elle s'immobilisa, le bras en l'air, et il y eut un silence pesant. Je sentis le souffle de Lupin dans mon cou, en retrait, en crus même entendre les paupières d'un serdaigle faire un bruit étrange quand elles clignèrent.
- Chocogrenouilles, Dragées surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Baguettes magiques à la réglisse, répéta-t-elle lentement, avant de commencer à mettre le tout dans un sac en papier.
Je posai les pièces sur la tablette sans recompter la monnaie, et laissai Lupin acheter les provisions pour les Maraudeurs, tout en observant avec attention une grenouille fuir un chat, passant de compartiment en compartiment.
- Je déteste les chats, déclarais-je à voix haute.
- C'est mignon les chats, intervint Lupin que j'avais oublié.
- Je préfère les chiens.
- Je connais quelqu'un qui serrait flatté de le savoir.
- Tu connais un chien qui comprend le langage humain ?
- Quelque chose dans le genre.
Il me sourit de nouveau avant de m'ouvrir une porte conduisant au 5e wagon.
- A plus tard, Lupin.
Il approuva avant de se glisser rejoindre ses amis, et je l'imitai.
- T'en as mis du temps, tu t'es perdue ?
- Tu n'as qu'un porc mangeur de friandise, Matthew.
Il m'arracha le sac en papier marron clair et le retourna sur la table, étalant le tout et choisissant une chocogrenouille.
- Et le grand gagnant est… Paracelse, annonça-t-il en tenant sa carte de sorciers célèbres.
- Tu ne l'as pas déjà en 6 fois celle-là ?
- Je vais la revendre à un gryffondor stupide.
- Parce que tu n'es pas stupide, toi, peut-être ?
- Je suis à serdaigle.
- Et alors ?
- Et alors je suis à serdaigle, ça veut tout dire.
- S'il y avait une maison pour les modestes, tu y serais à coup sur, Matt, intervint Jeff avant qu'Esther et Joy ne commettent un meurtre.
OoOoOoOoOoOo
Le voyage en train durait plusieurs heures, et j'imagine que c'est pour cela que des sorciers créèrent les cartes explosifs et les échecs. Le compartiment était enfumé après la victoire écrasante de Tyler sur Jeff et Matt qui ne s'en étaient pas encore remis. Drew et Lucy étaient retournés à l'avant du train avec les autres préfets, et Esther était en train de battre Joy aux échecs.
- Tu devrais faire avancer ton cavalier, Joy, commentais-je, l'esprit embrumé par toute cette fumée, la tête de Matt sur mes genoux et les pieds posés sur le corps inerte de Jeff sur le sol.
- On devrait ouvrir la porte vous ne croyez pas ? finit par demander Joy qui s'essuyait les yeux toutes les 30 secondes. On voit rien et je suis sûre que j'ai une irritation maintenant ! Ma vie est finie, je vais devoir porter des lunettes !
Sous le coup de la colère, et abattit son poing sur la tête de Matt qui se réveilla en sursaut.
- On est arrivé ?
- Ouais on est arrivé en enfer mon vieux !
Tyler se leva pour aller ouvrir la porte tandis que Jeff se hissait sur la banquette avant de s'y rouler en boule.
- Ça sent le cramé ici… Brown a encore raté un sort de lissage de cheveux ?
Nous nous tournâmes tous d'un même mouvement vers la porte pour découvrir la préfète des serpentards, Faith Wood, mon ennemie depuis le cours de botanique où j'avais accidentellement lâché une mandragore très énervée sur elle.
Alors que j'étais prête à répliquer vertement, une autre voix s'éleva dans son dos.
- Je me demandais quand tu viendrais pointer le bout de ton nez pointu, Wood.
Celle-ci se retourna et jeta un rapide coup d'œil dédaigneux au nouvel arrivant.
- Black… ton copain Potter n'est pas avec toi ? Tu l'as égaré peut-être ?
- Et toi tu t'es égarée par hasard dans un compartiment rempli de serdaigle ? Ils ne sont pas comme toi.
- Parce qu'ils sont comme toi ? Des vermines ?
Elle nous examina tous un par un, s'attardant plus longuement sur Esther et moi.
- Tu as raison… la fille d'une grande famille de traître à leur sang et une sang de bourbe…
Je n'étais pas une sang de bourbe, et Wood le savait aussi bien que moi, mais je ne pouvais rien répondre, ce qui semblait l'enchanter.
- Et toi tu es une abomination. On a tous nos problèmes, Wood, tu sais ?
J'attrapai le poignet de Tyler qui avait bondi sur ses pieds à l'insulte que m'avais lâché Wood, le forçant à s'asseoir tout en tenant Matt qui semblait près à exploser.
- Il me semble pas qu'on t'ait invité, Miss Je-sais-que-je-vais-passer-le-reste-de-ma-vie-dans-les-égout-avec-le-reste-de-ma-famille.
Black ricana et Wood sembla piquée au vif, et sortit sa baguette avant que j'ai pu compter jusqu'à 3.
- Tu compares ma famille à des rats, Dunst ?
- Les rats sont bien mieux que toi, Wood, ne les insulte pas, intervint Black paisiblement avec un sourire.
Elle renifla avec dédain avant de sortir en prenant grand soin de bousculer Black.
- Elle n'a pas tord, Miss J'insulte-les-animaux-plus-intelligents-que-moi… ça sent le cramé ici. Je pensais que tu prenais mieux soin que ça de tes cheveux, Brown… je me demande ce que va dire ton cher papa quand il te verra revenir avec une perruque.
- Et moi je me demande ce que diront tes parents quand tu rentreras avec une partie génitale en moins, répliqua-t-elle du tac au tac.
- Et elle en est capable en plus, renchérit Matt avec un grand sourire.
Il renifla avec dédain avant de nous expliquer que le préfet des poufsouffles l'avait envoyé annoncer à notre wagon que nous arriverions bientôt à la gare de Pré-au-lard.
- C'est l'heure de se changer alors, déclara Joy en se mettant debout avec souplesse. Les filles se changent en première.
Elle fit un signe de tête vers le couloir et Tyler, Matt et Jeff sortirent en bougonnant tandis que nous commencions à nous changer en bavardant. Une fois la robe de sorcier enfilée, nous sortîmes pour laisser la place aux garçons. Il n'y avait presque plus de bruit dans l'étroit couloir, tous les élèves s'étant enfermés dans leur compartiment, près à sortir le plus bruyamment possible en écrasant une vingtaine de pieds, dont les leurs, avec leurs valises.
- La 5e année, déjà, soupira Joy, ça passe vite. Dans 3 ans ont prendra un autre train.
Esther était sur le point de répondre lorsque toutes les lumières s'éteignirent, nous plongeant dans le noir. L'obscurité ne dura que quelques secondes, 10, tout au plus, avant que je puisse revoir mes amies. Nous eûmes un petit rire nerveux, et je jetais des coups d'œil partout à la recherche de l'origine de la panne, mais rien.
Le train commença à freiner et nous nous engouffrâmes dans notre compartiment tout en évitant la valise de Matt qui tombait du filet à bagage et atterrit avec dureté sur le sol, sans s'ouvrir cependant.
- Il a eut son permis où celui-là ?
J'éclatai de rire tandis que Tyler me passait ma valise et celle de Joy.
- Vous nous rejoignez dehors ?
Je vis Esther approuver distraitement avant d'être avalée par les autres élèves qui avaient tous l'air de souffrir de claustrophobie. J'arrivais enfin, avec la vingtaine de camarades que je ne connaissais pas et qui me portaient pratiquement, à l'endroit où toutes les valises étaient entassées. Du coin de l'œil, j'aperçus deux serpentards balancer dedans un gryffondor de deuxième année qui fut rattrapée in extremis par Lily Evans qui hurlait déjà sur les deux fauteurs de trouble. Je marchais à reculons pour m'éloigner de la foule, avant de tomber en arrière, atterrissant sur le béton de la gare. Une main énorme me sauva alors des pieds des autres qui avaient tout comme moi trouvé la sortie, mais d'une manière moins douloureuse.
- Fait attention à toi, ce serait dommage de te blesser dès le premier jour.
- Hagrid !
Le gardien des clés me fit un clin d'œil avant de me pousser vers le courant humain, le plus doucement qu'il pouvait j'imagine, mais dans la réalité, avec une brusquerie telle que je faillis m'étaler de tout mon long avant d'être subitement entraînée dans la foule.
- Ruth !
Joy était plus loin, assise dans l'une de ces diligences qui avançaient toute seule. Elle m'offrit un sourire étincelant et je courus la rejoindre, poussant même des premières années qui n'avaient pas l'air d'avoir compris qu'elles devaient suivre Hagrid. J'entendis des préfets hurler alors que je parvenais enfin à m'affaler aux côtés de ma meilleure amie.
- Ils sont cinglés ces mioches… ils ont peur qu'un méchant mage noir apparaisse et les détruise tous un par un s'ils ne sont pas assis en 1 minute 10 ?
Elle éclata de rire en secouant la tête, ses épaisses boucles noires se balançant au-dessus de ses épaules. Lucy nous rejoignit, ses cheveux blonds éclairant la carriole comme une faible bougie, suivit par une autre serdaigle de 6e année avec qui j'avais déjà échangé quelques mots dans la salle commune.
Le chemin jusqu'à Poudlard n'était pas vraiment long, et comme nous étions dans les premières diligences, nous pûmes rapidement rentrer au chaud. La lune commençait à apparaître derrière les nuages sombres, éclairant l'insigne de Lucy l'espace d'un instant.
Malgré notre avance, le hall d'entrée était déjà bondé. J'aperçus du coin de l'œil Faith Wood réprimander un serdaigle de troisième année. Elle croisa mon regard et m'adressa un étrange sourire avant de s'approcher silencieusement sans me quitter des yeux, et je reculai par réflexe, me laissant happer par la foule d'élèves, disparaissant de sa vue.
Enfin, je parvins jusqu'à la grande salle, où Tyler et Drew étaient déjà installés du côté de la table des professeurs au milieu de laquelle trônait Dumbledore avec ses éternelles lunettes en demie lune.
Je me glissai rapidement entre la table des serdaigles et des serpentards pour me laisser tomber sur le banc aux côtés de Tyler qui était en pleine contemplation du plafond. Je suivis alors son regard. C'était une nuit calme mais nuageuse, les étoiles quasiment invisibles.
Esther et Matt arrivèrent et s'installèrent du côté de Drew, tandis que Joy apparaissait soudainement à mes côtés avec un grand sourire après être allée saluer des connaissances.
- Je t'ai manqué ?
Je lui adressai un rapide sourire, battant du pied avec impatience, la fatigue commençant à se faire sentir, la faim également, comme le prouvait l'estomac de Matt et ses supplications.
« J'ai faim… » murmurait-il pour la 100e fois au moins à Lucy et Jeff qui étaient arrivés en bons derniers, lorsque les portes s'ouvrirent pour laisser passer McGonagall et les premières années qui nous regardaient tous avec de grands yeux.
Je me demandai alors si moi aussi j'avais cette tête là lorsque j'étais entrée dans la grande salle pour la première fois. Si l'expression sur mon visage avait fait pouffer silencieusement quelqu'un comme Matt était en train de le faire, et si l'on avait eu des préjugés sur moi. « T'as vu la brune là-bas ? 5 gallions qu'elle peut même pas lancer un alohomora. ». Est-ce que quelqu'un avait murmuré ça à son voisin, et est-ce que ce voisin avait tenu le pari ? Si c'était le cas, il devait sûrement m'apprécier. Je lui avais fais gagner 5 gallions sans m'en rendre compte.
Le cortège prit fin et les nouveaux élèves rassemblés cachaient pratiquement totalement le vieux chapeau posé sur un tabouret, mais de ma place, je pouvais l'apercevoir, en tendant le coup.
Je vis une fente apparaître dans le tissu, et la voix du choixpeau parvint jusqu'à mes oreilles, l'espace d'un instant, avec d'être remplacé par ce qui me fit penser au crissement désagréable d'une craie sur un tableau.
Je fermai étroitement les paupières en serrant les dents, mais le bruit continua. Dans la pénombre dans laquelle je m'étais plongée, je commençais à apercevoir de petits points, de couleurs vives et différentes.
Puis, le bruit cessa, et tous les autres avec. J'eus l'impression de m'être retrouvée sous l'eau, avec les vêtements collants et poisseux en moins. Je n'entendais plus rien.
Avec lenteur, je soulevai une paupière pour voir Esther regarder et écouter avec attention la chanson du choixpeau, comme tous les autres dans la salle.
Lorsque l'on est sous l'eau, on entend parfois des sons étranges, que l'on imagine sûrement. Des sons cristallins et apaisants. Lorsque ce bruit fut audible, je me tournai sans vraiment m'en rendre compte vers Joy. Celle-ci regardait dans le vague en se frottant le bout des doigts. Sa poitrine s'élevait calmement au rythme de sa respiration, ses cheveux ébène brillaient et étaient impeccablement coiffés, ses yeux océans étaient troubles, et la poche de sa robe de sorcières me happait toute ma concentration, me faisant même oublier de respirer. En retenant mon souffle, je tendis la main vers le renflement, mon avant bras tremblant.
Ce fut le tonnerre d'applaudissement qui me fit sortir de ma bulle. Elle éclata et je me retrouvai entre mes meilleurs amis qui applaudissaient un vieux chapeau. Les yeux hagards, je retirai ma main, la laissant tomber contre ma cuisse, molle et sans vie.
- Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Je commence : Abany Daniel !
Un garçon aux cheveux aussi sombres que ceux de Matt s'avança, le visage livide, et s'assit sur le tabouret avant que McGonagall ne dépose le choixpeau sur sa tête.
- Serpentard !
Je sentis mon cœur se serrer. Une répartition commençant par un serpentard ne pouvait être une bonne répartition. J'avais beau être dans la maison de la sagesse, j'avais moi aussi des préjugés, et mes camarades aussi, au vu des regards qu'ils s'échangèrent tandis qu'Abany allait s'asseoir à la table dans mon dos.
Mon attention ne revint totalement que lorsqu'un nom que je connaissais se fit entendre.
- Anderson Ruby !
- C'est la sœur de Mary, murmura Tyler.
Par automatisme, je cherchais cette dernière des yeux. Elle avait un an de moins que nous et jouait au poste de poursuiveuse dans l'équipe de serdaigle. Ruby était son portrait craché avec les mêmes cheveux châtains et les yeux verts en amande.
- Serdaigle !
J'applaudis avec les autres et Ruby alla s'asseoir entre sa sœur et son frère. La cérémonie continua lentement, les élèves se retrouvant répartis dans les 4 maisons.
- Zyzek Jake !
- Serpentard !
Je me tournai de nouveaux vers mes amis. Une répartition commençant avec un serpentard et finissant avec un serpentard…
- C'est les serpentards qui vont gagner la coupe cette année, marmonna Matt en contemplant son assiette désespéramment vide.
- Bienvenue à tous pour cette nouvelle année !
J'entendis Black et Potter répondre par des hurlements de joie et Matt et Joy cachèrent leur sourire dans leur main. Dumbledore prononça quelques phrases avant de finir par le désormais célèbre « Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! » et je sursautai lorsque Matt hurla en même temps que les autres. Je me souvenais de ma première année. Lorsqu'il avait prononcé ces 4 mots, je m'étais demandé si je n'avais pas pris le mauvais train conduisant dans un asile pour jeunes sorciers.
Le repas commença comme habituellement, chacun se servant en parlant de plus en plus fort pour couvrir la voix des autres.
- Ché toujours aussi bon ichi !
Esther prit un air dégoûté tout en se servant une part de tarte à la pomme tandis que Drew passait un bras autour de ses hanches, l'attirant à lui pour un chaste baiser.
Dumbledore se leva de nouveau, pour rappeler le règlement en regardant du côté de la table des gryffondors puis pour entonner le chant de l'école. Matt et Jeff avaient posé une main sur leur cœur, comme s'ils chantaient l'hymne de leur équipe de quidditch favorite.
Je chantais sur le même air que Joy qui me rappelait étrangement celui d'une chanson de Bob Dylan, m'amusant de l'expression sur le visage des nouveaux et des professeurs. Enfin, la chanson prit fin et chacun se leva.
- Il faut qu'on emmène les premières années ! me lança Drew par-dessus le brouhaha. A plus tard !
Je lui souris avant de suivre Joy, Esther, Tyler, Jeff et Matt jusqu'à la sortie qui semblait bouchée.
- Qu'est-ce qu'il y a encore ?
Je compris à mes dépends ce qui bloquait tout le monde au moment où j'arrivais dans le hall. Mon pied glissa et je me retrouvai sur le sol qui me parut étrangement froid et humide. C'est à ce moment que je compris qu'un idiot avec fait du sol une patinoire. Et il n'était pas très dur de comprendre qui était l'idiot en question, lorsque l'on voyant les Maraudeurs penchés à la rambarde d'un escalier, riants aux éclats.
- Je vais les tuer, grogna Esther en se relevant, tirant sa baguette de sa poche du même coup.
Rusard arriva alors en courant, son chaton, Miss Teigne, ballottée dans ses bras maigres, et il commença à hurler des obscénités avant de basculer lui aussi, tombant au sol à côté d'un groupe de premières années qui poussèrent des hurlements suraigus en voyant le visage du jeune concierge de plus près.
Tyler m'attrapa par le coude, me remettant debout, avant de me conduire vers les escaliers ou Potter et Black riaient toujours aux éclats tandis que Pettigrow fixait avec une avidité mal dissimulée Rusard tentant de se relever.
- On devrait peut-être y aller ? murmura Lupin avec douceur.
- Vous devriez peut-être, déclara Esther en pointant sa baguette sur Black.
- Vous là-bas, si je vous attrape… !
Je me retourna avec surprise pour voir Rusard au pied des escaliers nous fixant avec fureur. Je compris alors stupidement qu'il nous croyait coupable. Tout les 10.
- On s'casse !
Matt fut le premier serdaigle à réagir. Il attrapa la main d'Esther et la tira vers les 4 gryffondors qui avaient déjà gravis la moitié des escaliers, en appelant Jeff et Joy tandis que Tyler glissait sa main dans la mienne.
Nous arrivâmes dans l'un des couloirs principaux, où les tableaux étaient les plus grands, et dont malheureusement, les Maraudeurs s'étaient déjà attirés les foudres. De ce fait, impossible de se cacher, ils hurlaient tous à notre passage, aidant Rusard en lui indiquant où nous tournions.
- On est mort et c'est votre faute ! s'écria Esther en s'arrêtant, en furie.
- La ferme, Brown !
- Non je ne vais pas la fermer ! On n'est même pas ici depuis 5 heures qu'on se retrouve poursuivis par Rusard !
- Tais-toi !
- Sirius, on prend par là !
- Ça ne sert à rien !
- Mais la ferme !
Esther sortit de nouveau sa baguette, et Jeff et Tyler l'imitèrent, tandis que Matt et Joy soupiraient.
- Vous allez quand même pas recommencer ?
- C'est sa faute !
- Quoi ? Attend, qui est-ce qui a…
- Vous êtes vraiment des gamins.
Que ce soit Matt qui le dise rendait ça encore plus vrai. Matt était comme le grand frère que je n'avais jamais eu, l'éternel gamin. Et nous étions nous même des gamins, à nous chamailler et nous emporter pour des broutilles.
- Je vous attrape !
Nous nous retournâmes en même temps, comme un seul Homme, et il sembla étonné par le calme dont nous faisions preuve, mais il reprit bien vite contenance.
- Vos retenues vous seront distribuées ! cracha-t-il avant de disparaître, sa chatte nous fixant par-dessus son épaule.
Nous restâmes immobiles quelques instants, chacun dans ses pensées. Ce fut Potter qui rompit le silence, en murmura un « bon…. » embarrassé.
- On devrait retourner dans nos dortoirs avant de recevoir une autre retenue, déclara Lupin en regardant les chefs de sa petite bande qui approuvèrent avant de commencer à marcher, et sans réfléchir, je les suivis.
La salle commune des gryffondors était plus proche que celle des serdaigles, mais nous fîmes semblant de ne pas comprendre que nous y étions arrivés lorsqu'ils s'arrêtèrent au coin d'un couloir : les élèves n'étaient pas censés savoir où se trouvaient les salles communes des autres maisons. Evidemment, nous le savions, et eux aussi, mais ça faisait parti de ces choses dont on ne parlait pas.
- Bon… à plus tard alors.
- Bonne nuit.
- 'Nuit…
Je les saluais d'un geste de la tête avant de suivre les autres vers un nouvel escalier. La salle commune des serdaigles étaient celle la plus en hauteur, et les escaliers que nous devions emprunter pour y arriver avait la fâcheuse tendance de s'amuser à se déplacer.
Le portrait qui cachait la porte de la salle commune était celui d'une femme menue aux pommettes hautes et aux longues anglaises d'un brun soyeux ramenées en arrière, découvrant son long cou et ses épaules anguleuses.
- Mr Davies et Mr Hans jouent aux échecs sorciers tous les mardis soirs.
Mardi dernier, ils jouèrent 7 parties et chacun en remporta autant que l'autre. Ce soir là, il n'y eut aucun match nul. Comment est-ce possible ?
Je regardais alors Jeff qui lui aussi était de sang-mêlé.
- Ils se mettent aux énigmes moldus maintenant ?
- Faut croire…
Matt soupira, se plaignant qu'il avait mal aux pieds et qu'il en avait assez de ces énigmes stupides.
- Tu crois qu'elle compte les pat comme faisant parti d'un match nul ?
- Je sais pas, tu peux tenter, mais ça parait facile.
- Ça parait facile parce qu'on est des serdaigles ! intervint Matt. La bonne réponse c'est…
- Rien dans l'énigme ne dit qu'ils jouent l'un contre l'autre, intervint Esther calmement.
Le portrait s'ouvrit et Matt s'engouffra à l'intérieur avec plaisir. Dans la salle commune, ça sentait bon le vieux papier, pas cette odeur de moisissure caractéristique de la section « roman à l'eau de rose » de la bibliothèque, mais celle qui donnait envie d'attraper le plus gros livre et de s'endormir sur ses pages ouvertes.
Drew et Lucy nous attendaient, installés dans les fauteuils les plus proches des grandes fenêtres à travers lesquelles on pouvait voir le ciel.
- Vous en avez mis du temps…
- On a été poursuivis par Rusard, soupira Matt en se dirigeant lentement vers l'escalier menant aux dortoirs des garçons. Bonne nuit.
- Poursuivis ?
- Il a cru qu'on était de mèche avec les Maraudeurs… on a une retenue.
Drew sourit alors en desserrant sa cravate, avant de suivre son ami après nous avoir souhaité une bonne nuit. Nous montâmes tous et je retrouvai avec plaisir mon dortoir aux couleurs bleues et bronze. Mon lit était celui le plus proche de la fenêtre, entre celui de Joy et de Lucy, celui d'Esther se trouvant en face du mien.
Nous nous couchâmes en silence, et après un dernier « bonne nuit », chacun se glissa sous sa couverture. J'étais épuisée, et pourtant, je savais que je ne pourrais m'endormir sans avoir vérifié quelque chose. Je sortis en silence de mon lit, mes pieds tremblant au toucher du sol glacé, et avançais à tâtons jusqu'au tas d'affaire de Joy. Tout en veillant à ne pas faire de bruit, je fouillais la poche de sa robe, tombant enfin sur quelque chose de dur. Je l'extirpai de la poche, pour le contempler à la lumière lunaire. C'était le dé à coudre dont m'avait parlé Joy au chemin de traverse. De nouveau, il y eut ce bruit, semblable à celui imperceptible d'une personne mit sous respirateur. Alors, je remettais l'objet là où je l'avais trouvé.
