Bonjour à tous ! Ce texte constituait ma participation au concours "Contes et Légendes" d'Asianchoose, sur HPF. J'ai choisi un conte de Charles Perrault, assez connu je pense (mais bon, le titre donne déjà une assez bonne indication. Merci infiniment à Bevy pour ses précieux conseils, et à Api pour sa magnifique illustration - que vous pouvez voir en meilleure qualité sur HPF...

Et attention, il s'agit d'un UA ;)

Bonne lecture !


Il était une fois en Ecosse, un petit cottage qui semblait avoir assisté au commencement de notre monde. Ce petit cottage était en effet si vieux, que trois de ses murs avaient entièrement disparu sous le lierre, et que les ronces avaient envahi ce qui servait autrefois de potager. Mais le vieux sorcier qui vivait là deux mois par an n'en avait cure : le feu ronflant dans sa cheminée et le phénix qui le suivait comme son ombre lui suffisaient amplement. Tant qu'il pouvait tremper sa longue barbe blanche dans le lac jouxtant sa maison, et suçoter des bonbons au citron, que pouvait-il bien demander de plus ?

Ce jour-là, cependant, la maison était encore plus silencieuse que d'habitude. La lumière hivernale n'éclairait le salon que très faiblement, quand une flamme verte envahit l'âtre de la cheminée, recrachant un corps qui s'écroula par terre. Une deuxième personne apparut à son tour, trébuchant sur le corps qui était toujours au sol, tandis qu'un troisième individu regardait ses compagnons d'un air hautain.

Le premier arrivant, un jeune garçon aux cheveux bruns et ébouriffés, se releva en grommelant. Celui qui lui avait marché dessus, un grand rouquin aux larges épaules, le regarda faire en souriant, avant de sursauter quand la jeune fille élancée qui complétait le trio lui flanqua un coup de coude dans les côtes.

"Professeur ? Professeur Dumbledore ?" appela t-elle d'une voix forte tout en sortant sa baguette.

Un grand phénix doré apparut alors devant les trois jeunes sorciers, et pépia doucement en leur faisant signe de les suivre. Les deux garçons sortirent à leur tour leur baguette, et se mirent à avancer d'un pas méfiant. Après avoir traversé un long couloir, ils arrivèrent dans une chambre chaleureusement meublée, où les y attendait le phénix. L'oiseau s'était posé sur un perchoir en bronze, situé à côté du lit du vieil homme. Ce dernier se redressa péniblement, bien que ses yeux exceptionnellement bleus pétillaient exactement de la même façon qu'auparavant.

Harry devança ses compagnons qui s'étaient figés sur le seuil de la porte, et se pencha sur le vieil homme.

"Nous sommes venus dès que nous avons reçu votre hibou, Professeur. Est-ce que tout va bien ? Il s'est passé quelque chose ? Je savais que nous aurions dû vous laisser Crockdur, vous ne pouvez pas-" commença Harry à toute vitesse, mais Dumbledore l'interrompit en levant une main.

"Harry. Mes chers enfants," ajouta t-il en souriant à Ron et Hermione. La jeune fille laissa alors échapper un cri strident, et se précipita à son tour aux côtés de Dumbledore.

"Oh mon dieu, mais qu'est-il arrivé à votre main ?"

Dumbledore enfouit sa main noircie et brûlée sous les couvertures, avant de reprendre d'un air presque joyeux, "Eh bien, je suppose que je ne réussirai jamais à faire cuire correctement un gâteau à la citrouille ! Mais je ne vous ai pas fait venir ici pour vous relater mes... prouesses culinaires. Mes enfants," il leur fit signe de s'asseoir, "Je vais mourir."

"Quoi ? Ce n'est pas possible, vous n'avez que quatre-vingt ans !" s'exclama Ron après un court silence.

Hermione le regarda avec exaspération, bien que son visage ait brusquement pâli, "Ron, le professeur Dumbledore a-"

"Laissez, Miss, cela n'a que peu d'importance à présent," l'interrompit Dumbledore. Il jeta un coup d'oeil fatigué à Harry qui s'accrochait de toutes ses forces à sa chaise, "Je voulais simplement m'assurer que vous ayez tous les trois ce qui vous revient. Ne soyez pas étonnés, jeunes gens, je vous assure que rien ne me ferait plus plaisir que de vous laisser quelques-unes de mes possessions – et ce n'est pas ce vieux fou d'Alberforth qui viendra se plaindre ! Je tiens cependant à être enterré avec tous mes paquets de bonbons au citron," dit-il en les regardant sévèrement.

Ron cligna des yeux, Harry avait l'air de ne plus très bien savoir où il était et ce qui passait – seule Hermione acquiesça gravement. Dumbledore poussa un long soupir, comme si un grand poids venait de lui être retiré.

"Bien. A Miss Granger, je lègue bien entendu l'immense bibliothèque qui se trouve dans la pièce adjacente à celle-ci. Miss, je sais que nul autre que vous ne saura apprécier ces livres à leur juste valeur... A Monsieur Weasley, je lègue cependant toute cette petite maison et ce qu'elle contient, excepté la bibliothèque de Miss Granger. Je vous laisse seul juge en ce qui concerne l'avenir du cottage, vous pouvez le vendre ou le garder ! Quand à toi, Harry," fit-il en plongeant son regard dans celui de son protégé, "Je te lègue Dobby. C'est un elfe de maison qui m'était très dévoué, et je voudrais que tu prennes soin de lui."

Ils se jaugèrent quelques instants du regard, avant qu'un faible sourire n'atteigne les lèvres d'Harry.

"Bien sûr."

Le vieux sorcier ferma alors les yeux, soulagé, et ne les rouvrit jamais.

L'enterrement avait eu lieu en petit comité, et il ne restait plus Ron, Harry et Hermione dans le salon décoré dans des tons chaleureux. Ron et Hermione étaient penchés l'un vers l'autre, les coudes appuyés sur une table basse et discutaient avec animation de l'avenir du vieux cottage. Leur meilleur ami les regardait sans rien dire, souriant de temps à autre devant l'excitation de ses vis-à-vis. Mais la plupart du temps, son regard se perdait dans le vide, alors qu'il essayait de démêler l'écheveau inextricable de ses sentiments. Bien sûr, celui qui prédominait encore était la tristesse d'avoir perdu – une nouvelle fois – une personne qui lui était chère, mais la pointe d'amertume qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir commençait vraiment à l'agacer. D'un côté il se sentait mal à l'aise d'en vouloir au professeur Dumbledore de ne rien lui avoir laissé qu'il pourrait véritablement chérir – oublier était sa pire hantise ! Et de l'autre, il enviait à ses amis ce futur qu'ils commençaient à construire, un futur dont il ne faisait pas pleinement partie, il le sentait : Ron et Hermione avaient presque immédiatement décidé de garder le vieux cottage, de s'en faire un petit pied-à-terre qui les accueillerait lors des vacances d'été. Oh, Harry était ravi pour eux, bien sûr, et là n'était pas la question, mais il s'apercevait qu'il devrait maintenant faire son petit bout de chemin dans la vie seul, avec l'aide de ses amis, mais seul... Harry soupira. Un elfe ! Et en quoi un elfe était-il censé lui rappeler le vieil homme le plus malicieux qu'il ait jamais connu ?