Après un long sommeil…
DISCLAIMER: Highlander et ses personnages appartiennent à Davis/Panzer Productions
Le personnage du petit garçon est une invention de Klewad, et je l'utilise avec son autorisation ;), mais là, il va être assez différent.
C'est la première histoire que j'écris sur Highlander, et elle est peut-être un peu bizarre…
Enfin bonne lecture !
Cela devait faire des jours maintenant que le Kurgan luttait pour émerger de cet étrange état de faiblesse et de somnolence . Il était engourdi, il avait mal partout, son esprit était confus et embrouillé. Par moments, il retrouvait un peu de lucidité, et puis il retombait dans des rêves sans queue ni tête dont il avait le plus grand mal à se sortir. Dans ces moments de délire il y avait des gens autour de lui, du mouvement, de la lumière. De la douleur, aussi, parfois. Les gens autour de lui parlaient entre eux, des fois le Kurgan pouvait saisir quelques bribes de phrases, mais les voix lui parvenaient confuses et assourdies comme à travers plusieurs épaisseurs de coton, si bien qu'il n'avait jamais su ce qu'on lui voulait. Puis toute cette agitation cessait, et quand il revenait vraiment à lui il n'y avait rien d'autre que le silence.
Et puis, il y avait eu ce cauchemar, le pire de tous. De nouveau, il y avait autour de lui des gens occupés à il ne savait quoi. Cette fois, le Kurgan avait décidé de les ignorer et avait voulu replonger dans le sommeil. Il ne savait pas au juste ce qui lui avait fait ouvrir les yeux mais il avait aussitôt regretté de l'avoir fait.
Un gamin tout de blanc vêtu était penché sur lui. Dans les dix-douze ans, maigrichon, pas très grand, la peau très blanche, les cheveux noirs. Un visage archiconnu, familier. Et pour cause, ce visage, c'est le sien au même âge. Excepté les yeux. Le Kurgan n'en a jamais vu de pareils. Recouverts d'une membrane blanchâtre, inexpressifs et presque sans couleur.
Et la peur lui avait soudain glacé le sang dans les veines quand il avait compris ce que devait être cet enfant. Un fantôme. C'est le fantôme de lui-même enfant qui se tient devant lui et qui le regarde avec ses yeux étranges, ses yeux de spectre. …
A son réveil suivant, le Kurgan avait l'esprit un peu plus clair. Les idées décousues commençaient à s'assembler en un tout cohérent, et la mémoire lui revenait peu à peu.
Son combat avec le Highlander est la dernière chose dont il arrive à se rappeler. A New York, au fond d'une ruelle crasseuse – mais non, ce n'était pas le même combat, de nouveau il mélange tout. Pendant son combat avec le Highlander, il s'était passé quelque chose, quelque chose de pas normal.
C'est lui qui a gagné et je suis mort.
Mais non imbécile, si tu étais mort tu ne serais plus là à te poser la question.
Tenter de remettre de l'ordre dans ses idées est un exercice épuisant. Bientôt le Kurgan retombe dans un sommeil profond.
Lorsqu'il revient à lui, cette fois, il est assez lucide pour s'intéresser à ce qui l'entoure. Une pièce blanche sans fenêtres, plongée dans la pénombre. Une pièce assez vide à part des placards métalliques le long du mur et des appareils médicaux. Il y fait froid, l'air sent le renfermé et le médicament. Et il est couché sur ce qui pourrait être un lit d'hôpital. Ou une table d'autopsie…
Où est-ce que je suis ? A la morgue ? Qu'est-ce que je fous là ?
Et c'est QUOI, ça ?
En essayant de bouger, de se lever, le Kurgan a découvert que de solides sangles bien bouclées le maintenaient prisonnier.
On ne ligote pas les morts, donc je ne suis pas à la morgue. Mais alors c'est quoi ce bordel ?
Le géant se débat furieusement pour se libérer de ses liens. Sans résultat. Et en quelques minutes, la fatigue revient, écrasante. Il voudrait continuer de lutter mais ses forces l'abandonnent.
Et merde, qu'est-ce qui m'arrive encore ? J'ai pas plus de force qu'une fillette !
Au moment où le Kurgan sombre dans le sommeil, il entend grincer la porte. Un filet d'air froid s'insinue dans la pièce. Et aussi une présence furtive…
Comme le petit garçon de son rêve. Mais ce n'était qu'un rêve. Un rêve idiot.
…Une voix. Une petite voix agaçante, qui peu à peu le tire de son sommeil.
« Réveille-toi ! … Tu m'entends ? Réveille-toi ! »
Quelqu'un qui le secoue, et ne veut pas le laisser tranquille.
« Laisse-moi, je veux dormir …
«Tu es en danger, il faut que tu t'en ailles !
« Je vais me rendormir et tout ça sera fini…
« C'est pas un rêve, et ils vont te tuer si tu restes ici !
« Ils peuvent toujours essayer si ça les amuse. Va jouer ailleurs et fous-moi la paix, t'es qu'une voix même pas réelle et je débloque… »
Mais l'autre insiste, aussi agaçant qu'un moustique. Si bien que le Kurgan finit par émerger complètement de sa somnolence. Pour se retrouver face au petit fantôme.
Qu'est-ce qu'il me veut ? Pourquoi est-ce qu'il est là ?
Des bribes de vieilles légendes de sa tribu lui reviennent soudain en mémoire, et ce n'est pas particulièrement rassurant. Quand les esprits se manifestent, c'est généralement parce que quelque chose les contrarie…
Bien sûr, au cours de sa vie, il a « contrarié » pas mal de monde. Voire pire. Mais qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour offenser cet enfant, ce fantôme de lui-même ? Vraiment, il ne voit pas.
Peut-être qu'il n'approuve pas ce que je suis devenu… Comme si j'avais eu le choix ! Et maintenant qu'est-ce qu'il va me faire ?
Un bruit dans le couloir détourne une seconde son attention. Le fantôme a disparu sans bruit à sa manière de fantôme.
Tant mieux…
Le Kurgan va replonger dans le sommeil quand la petite voix agaçante reprend :
« Tu m'entends ? Réveille-toi, il faut vite qu'on sorte d'ici !
« T'as pas bientôt fini ?! Je ne peux aller nulle part de toute façon, tu vois bien que je suis attaché. »
Déjà les petits doigts fantomatiques débouclent les sangles. C'est affreux ce qu'il a les mains froides !
Le Kurgan est libre maintenant… enfin, pas tout à fait. Il prend soudain conscience des aiguilles enfoncées dans ses veines… Il va tout arracher, les aiguilles, les tuyaux et tout, quand le gamin l'arrête.
« Non, attends. Pas comme ça, tu vas tout faire saigner. » Il décolle les sparadraps, retire les aiguilles avec précaution, et comprime la veine avec un morceau de coton. Les gestes sont précis, comme ceux d'un infirmier.
« Euh, merci…Où est-ce que tu as appris à faire ça ? »
Le gamin hausse les épaules
« Je les ai souvent vus faire, sur moi. »
Eh, attends une minute… Si je te suis bien, ils peuvent te voir, te toucher… Je ne comprends pas… t'es quoi comme genre de fantôme ?
Mais l'enfant ne lui laisse pas le temps de poser des questions.
« Lève-toi et viens avec moi…»
Lorsque le Kurgan essaie de se mettre debout, un vertige le prend et il retombe lourdement sur le lit.
« Oups… Je suis encore dans les vapes …
« Ne t'en fais pas, c'est les médicaments. Ça va passer…
« Comment ça, les médicaments ? Quels médicaments ?
« Des tranquillisants, pour te faire dormir. Le reste…je ne sais pas. On ne me dit pas grand-chose, tu sais ... »
Le tournis est passé, et le Kurgan réussit enfin à tenir debout, même s'il n'est pas encore très solide sur ses jambes. Le petit fantôme le prend par la main et l'entraîne à sa suite. Ils quittent la chambre et s'engagent dans un dédale de couloirs déserts. Des couloirs de béton gris, faiblement éclairés, avec des portes peintes en blanc et des canalisations qui courent sur les murs. Tout est plongé dans un silence feutré. Leurs pieds nus ne font aucun bruit sur le sol plastifié …
Tout baigne dans une atmosphère étrange. Le Kurgan commence à penser que cette fois-ci, il s'est peut-être fait tuer pour de bon, et qu'ils sont en route pour l'au-delà…
Il n'aurait pas cru que quitter la vie serait aussi paisible, surtout pour un guerrier. C'est si calme, si tranquille, presque…agréable.
Ils passent une lourde porte métallique, et entrent dans un autre couloir. Un couloir où il fait sombre et où coule un courant d'air glacé .
Encore un tournant, et brutalement, la galerie débouche sur l'extérieur.
Soudain le petit fantôme s'immobilise.
« Je ne peux pas aller plus loin. Il faut que tu continues tout seul. Pars, dépêche-toi… Surtout ne les laisse pas te rattraper.
« Eh, petit ? Si au moins tu me disais de quoi on doit avoir peur ? »
Mais l'enfant a déjà disparu dans l'obscurité…
Enfin de retour dans le monde normal.
Le Kurgan s'avance prudemment hors de la galerie, et regarde ce qui l'entoure. Dehors, c'est la nuit et il fait froid. Devant lui, un vaste espace dégagé, de vieux baraquements, un grillage défoncé, puis de la forêt. On dirait une ancienne base de l'armée à l'abandon.
Qu'est-ce qu'il fout là, pieds nus dans la boue glacée, vêtu comme le gamin d'une sorte de pyjama blanc ? D'ailleurs, d'où il sort, ce truc ?
Une porte qui claque. Des bruits de voix, assourdies par la distance. Dans le bâtiment d'où il est parti, l'alerte a été donnée.
Il n'est plus temps de se poser des questions. Il doit vite disparaître dans la nature, fuir ce repaire de fous furieux…
